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13. Radio Guérilla (partie 1)

Toute la compagnie, à l'exception de Jasione, était rassemblée dans la cour intérieure de l'immeuble. Protégée par un préau, elle restait invisible pour l'hélicoptère qui apparaissait ponctuellement dans le carré de ciel bleu au-dessus des toits. La journée était déjà bien avancée : c'était le milieu de l'après-midi.

Barne tenait dans sa main un téléphone portable que lui avait remis Jasione. Il n'avait pas cherché à savoir, mais il était persuadé qu'il s'agissait d'un téléphone volé. Certes, il se sentait coupable de céder au cliché du nain voleur, mais il ne voyait pas d'autre explication au fait que Jasione ait pu leur en procurer un si rapidement – un autre que le sien, en l'occurrence.

Il braquait le téléphone face à lui, le capteur vidéo dirigé vers Carmalière qui était debout et fixait l'objectif.

— Chers amis, dit-il, bonjour. Je me nomme Carmalière, mais je crois qu'il est inutile de me présenter : depuis une semaine, on ne parle que de moi et de mes camarades sur toutes les chaînes. On nous a accusés de tous les maux, présentés comme des terroristes... on a organisé une véritable chasse à l'homme contre nous. Il est temps pour moi de vous donner notre version des faits.

Le magicien prit une profonde inspiration.

— Tout d'abord, sachez que chacun des actes violents que nous avons été contraints de commettre l'ont été dans des situations de légitime défense : la vidéo des caméras de surveillance de la BNPO qui a fuité a déjà dû vous en convaincre. Pourquoi, alors, ne pas nous rendre à la police ? Eh bien, parce que nous avons une mission à accomplir : il s'agit d'une quête de la plus haute importance qui nécessitera sans doute de violer encore une fois la loi. En effet, lorsque les pouvoirs en place deviennent tyranniques, la désobéissance civile doit devenir la règle.

Barne savait, en filmant cette intervention, que ce serait sur ce point que Carmalière aurait le plus de mal à convaincre une partie de son public. Lui-même, s'il n'avait pas été partie prenante de l'aventure, n'aurait pas accepté cette légèreté face à la justice. Cela ne lui facilitait pas les choses...

— L'incarcération injuste de notre amie Milia Piuli ne fait que renforcer notre conviction de devoir persister. Milia a été capturée alors que nous recherchions l'Épée des Serfs, un objet légendaire dont vous pourrez sans aucun doute trouver l'histoire sur Internet. Nous savons désormais que cette épée est réelle, qu'elle est parfois désignée par nos ennemis comme « l'Épée d'Émeute » et qu'elle est détenue par les instances orquogobelinesques de la Bourse de Grilecques. Cet objet est une relique majeure du patrimoine culturel populaire et revient de droit à la communauté des travailleurs de la Terre de Grilecques. Nous avons l'intention de nous introduire par la force dans la Forteresse de la Bourse de Grilecques et de récupérer l'Épée. Seulement, nous ne pourrons le faire sans votre aide. Déjà, dans toutes les provinces, des voix s'élèvent, des mouvements se forment, des manifestations ont lieu. Nous vous encourageons à continuer et à répandre ce mouvement jusqu'à la grève générale : pour la libération de notre amie Milia et pour notre libération à tous, nous les opprimés. Ce sera le seul moyen de faire entendre nos voix : nous avons là une occasion unique de renverser une bonne fois pour toute la domination des oligarques ultralibéraux qui nous asservissent, nous exploitent et nous plongent dans la précarité généralisée.

Iel reprit sa respiration.

— Nous invitons également chaque personne de la région de Dordelane motivée, révoltée et capable de se battre, à se tenir prête pour nous aider à prendre la Forteresse. Le combat qui s'annonce sera périlleux et ce ne sera que grâce à l'union de tous que nous aurons une chance de venir à bout des embûches que nous tendront les gardiens de l'oligarchie financière. Notre compagnie se compose d'une naine, d'une fée, d'un être humain, d'un gnome et de moi-même, magicienne. De même, partout en Grilecques, il est temps de mettre de côté nos différends et nos divergences culturelles ; il est temps de s'allier contre la toute petite minorité qu'est la classe dominante et qui fait tant de mal ; il est temps d'arrêter de subir, d'arrêter de se résigner, et de résister ! Exploités de tous bords, prolétaires, marginaux, misérables, serfs, esclaves, levez-vous et reprenez ce qui est à vous !

Malgré son habituel imperméabilité aux grands discours, Barne ne put réprimer une sorte de frisson en entendant les paroles de Carmalière. Il avait dans ses doigts un petit bout de technologie par lequel ces mots seraient bientôt entendus par des milliers, peut-être des millions d'êtres vivants sur la Terre de Grilecques. Il avait la sensation d'être l'une des ailes d'un papillon qui allait bientôt déclencher un cyclone d'une puissance inimaginable. La simple idée lui donnait le vertige.

Le magicien sourit et conclut son discours :

— C'était Carmalière, pour _Radio Guérilla_.

Il fit signe à Barne de couper et celui-ci, après une petite pression sur l'écran tactile, abaissa le téléphone.

— _Radio Guérilla_ ? demanda Barne en haussant un sourcil.

— C'était mon idée, signala Amélise. Je me suis dit que, quitte à lancer une révolution, autant le faire avec panache.

— Le reste du discours me semblait assez « panaché », remarqua Barne. _Radio Guérilla_, on dirait presque le titre d'un roman...

Amélise eut un petit rire.

— Si ça t'interpelle, alors c'est que c'est un bon titre. Crois-en mon expérience.

— Ton expérience ? répondit un Barne sceptique. Il faut savoir faire de bons titres pour être infirmière ?

— Je suis bénévole dans une maison d'édition associative, répondit la fée comme si elle énonçait l'évidence.

Ce fut Barne qui sembla amusé, cette fois.

— Quoi ? fit Amélise, sur la défensive.

— Ça vient donc de là, cette passion pour la typographie... Une maison d'édition associative... Des bouquins de syndicalistes, j'imagine ? « Le manuel du parfait petit militant » ou des trucs du genre ?

— Tu te rends compte que j'ai _autre chose_ dans ma vie que le militantisme, j'espère ?

— Non, sérieusement ?

Amélise comprit que Barne la taquinait volontairement et fit mine de lui mettre une petite baffe.

— Tu es un idiot ! On publie de la science-fiction, des récits qui parlent d'autres mondes, d'autres temps...

— Tu devrais publier l'histoire d'un groupe de pieds nickelés qui arrivent à lancer une révolution avec une simple vidéo enregistrée dans la cour d'un immeuble pourri, murmura Barne. On en aurait bien besoin.

Amélise le regarda dans les yeux. Même en ayant vu les manifestations spontanée à la télévision, Barne conservait un certain fatalisme ancré en lui par des années de morosité et d'« à quoi bon ».

— Ça marchera, lui affirma Amélise, confiante. Dès lors que nous aurons téléversé la vidéo, elle sera rapidement partagée, je te le garantis. Les chaînes d'information ne résisteront pas à la tentation de la diffuser, même s'ils la présenteront peut-être comme une vidéo de revendications terroristes : peu importe, le « mal » sera fait, et la viralité deviendra incontrôlable.

— Vous pensez que beaucoup de gens répondront à notre appel ? dit Pod.

— Les gens n'ont pas attendu que quelqu'un les y appelle pour descendre dans la rue, remarqua Carmalière. J'aimerais pouvoir nous attribuer le mérite d'avoir déclenché ce feu, mais en réalité, nous ne faisons que souffler sur des braises déjà bien chaudes.

Pod, qui était le plus technophile d'entre eux tous, se chargea de mettre la vidéo en ligne et en envoya le lien à plusieurs de ses amis. Les autres firent de même, Carmalière prenant soin d'inclure Soriame Palor, le président de la FNT, dans la liste de destinataires.

— Tout de même, murmura Barne, vous êtes certain que c'était une bonne idée de révéler nos plans pour la Forteresse ? Je veux dire... nous avons littéralement prévenu nos ennemis de notre arrivée. Pour l'effet de surprise, c'est raté.

— Les autorités de la Forteresse doivent de toute manière attendre notre arrivée, dit Amélise. Il ne faut pas être un fin limier pour comprendre que notre prochaine cible ne peut être que celle-ci. Nous ne leur avons rien appris dont ils ne se doutaient déjà. De toute manière, s'ils ont placé l'Épée là-bas, l'aspect « secret » est secondaire : c'est surtout le haut niveau de sécurité qui a dû motiver leur décision. Je doute qu'ils la déplacent même en sachant que nous arrivons : il n'existe tout simplement pas de meilleur endroit.

— Nous jouons cartes sur table, appuya Carmalière. Je reconnais que c'est gonflé et qu'avancer à découvert présente des risques, mais je suis persuadé qu'ils seront largement compensés par les avantages... à commencer par le soutien populaire, l'appui de la foule.

Pod avait les yeux rivés sur le téléphone et, au bout de quelques minutes, leva la tête avec un sourire.

— Déjà dix vues, dit-il. Il n'y a plus qu'à attendre...

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