chapitre 8
Idill courait à en perdre haleine. Un flot de sentiments parcourait son corps, torturant son esprit. Il n'arrivait plus à comprendre Bhohort. Le worgen passait d'une facette de sa personnalité à une autre sans crier gare.
Alors ce soir, c'était la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Il se doutait bien que le worgen avait eu beaucoup de malchances ces dernières années pour changer ainsi. A moins que sa rencontre avec lui, juste avant la bataille du Portail, était tombée sur l'un de ses bons jours.
Plus il en apprenait sur lui, plus il devinait que sa santé mental avait été malmené par le passé. Mais il n'était pas le seul. Chaque personne avait ses propres démons à combattre.
- Idill !!
Le guerrier se retourna à son nom, et le vit non loin de lui.
- Laissez moi tranquille ! Hurla t'il
Il accéléra pour essayer de semer le chevalier, et au détour d'un arbre immense, il bifurqua espérant le perdre. Mais c'était sans compter sur le destin. Une énorme racine qu'il ne vit point, dépassant du sol, lui fit un croche pied. Il trébucha sur l'obstacle, percutant de plein fouet le sol. Il eut juste le temps de se retourner pour s'apercevoir que Bhohort était déjà là.
- Assez !! Gronda Bhohort
Ce dernier s'était transformé en worgen, sûrement pour le rattraper plus facilement. Le lupin se jeta dessus comme un prédateur sur sa proie, empoigna ses deux bras qu'il prit soin de mettre au dessus de sa tête afin de l'entraver complètement pour qu'il ne puisse pas s'enfuir une deuxième fois. Le poids du corps du worgen l'écrasa complètement, le mettant encore plus sous pression. Sa respiration sifflait par le manque d'air provoqué par le chevalier.
- Arrêtez! geint Idill.
- Non! Il faut te faire examiner, la blessure sur ton torse n'est pas prendre à la légère même si c'est une vieille blessure...
- Arrêtez d'être ainsi... supplia alors Idill
Le worgen ne sachant pas de quoi il parlait, eut comme réponse un grognement encore plus fort. Idill craquait face à ce loup qui pouvait le dévorer d'un seul coup de mâchoire bien placé.
- Vous changez de comportement, je ne vous suis plus....Je ne vous reconnais plus... avoua Idill par désespoir.
Des larmes lui montèrent aux yeux, et coulèrent doucement le long de sa joue. Sa lèvre inférieure se mit à trembler de trop d'émotions.
- Je... ne vous reconnais plus...Vous n'êtes plus le Bhohort que j'ai connu au Norfendre, sanglota t'il
Bhohort, dont le souffle était encore saccadé par sa course avec Idill, le scruta quelques instants. Ses gros sourcils froncèrent, puis gronda :
- Ne t'avais je pas prévenu? Tu n'a pas entendu ces rumeurs qui circulaient sur moi! Je t'avais de ne pas t'approcher de moi, Idill Gantelor!!
Idill ferma les yeux, pleurant encore plus. Bien sur que oui, il avait entendu les rumeurs sur son compte, mais il en avait fait abstraction. Il avait le souvenir de son premier duel marqué à vie, qui le hantait depuis toute ses années. Et ce sourire qu'il lui avait adressé après le combat. Ce sourire qui ne s'effaçait pas de son esprit. Idill voulait revoir le Bhohort de la bataille du Courroux, pas celui qui était à présent sur lui.
- Que s'est t'il passé pour que vous soyez ainsi? murmura le guerrier
La pression exercée sur lui, disparut alors. Et le froid mordant des pattes du worgen se calmèrent pour disparaitre totalement. Ses mains furent libérés de l'entrave du chevalier et Idill rouvrit ses yeux, noyés de larmes. N'ayant plus son "adversaire" sur lui, il tourna la tête et trouva Bhohort assis, en humain. Le guerrier se releva doucement, puis nettoya d'un coup rapide de sa manche ses larmes, et renifla pour faire disparaitre les dernières traces de ses pleurs. Il détestait perdre le contrôle de soi. Cela démontrait qu'il était faible finalement.
- Idill... Nous avons tous nos croix à porter. Les miennes m'ont énormément transformé. Mon passé est lourd, et les années qui ont suivi ne m'ont pas aidé à m'arranger. Bien au contraire, je suis un vaurien.
Le chevalier se recroquevilla, ramenant ses genoux sous son menton. Il semblait subitement si vulnérable aux yeux d'Idill.
- Que s'est t'il passé? réitéra Idill
- Je...ne peux pas délier ma langue ainsi, comme a pu le faire Seline sur notre passé commun...
- Vous nous aviez entendu?
- Bien sur, jusqu'à ce que Piletombe m'informe qu'il y avait des Hozens à l'avant. A ce moment, j'ai voulu savoir si l'attaque viendrait aussi de derrière, et je vous ai quitté quelques secondes...
- Alors vous savez l'admiration que j'ai pour vous! Je vous défends, et vous! Vous vous comportez comme un idiot!
Bhohort tourna la tête vers Idill, puis lui sourit tristement. Le jeune homme se redressa, perturbé de le voir ainsi.
- C'est parce que tu me supportes que je te fais toute ses misères, Idill... Tu es mon garde fou. Je te pousse dans tes retranchements. Tu ne sais rien de moi, et c'est tant mieux. Un jour peut être je te raconterai mes déboires de ma chienne de vie.
Bhohort avait tenté un trait d'humeur, mais cela ne fit pas rire Idill
- Alors, vous n'avez pas confiance en moi...
- Comme tu n'as pas confiance en moi, répondit Bhohort
- Ce n'est pas vrai!
- Si...
- Mais enfin comment je pourrais avoir confiance en vous? Alors que vous m'embrassez à tout moment, sans sommation, pour ensuite être distant avec moi! A la rivière, vous m'avait collé vos babines froides, pour ensuite me laisser en plan, nu, et partir au campement comme si de rien n'était ! accusa Idill
Bhohort se braqua, puis émit un bref rire .
- Idill, si je m'écoutais réellement, tu serais à ma merci. Torturé de mes assauts répétés... De mes pénétrations brutales, de mes désirs ardents....
Le guerrier frissonna à chacun de ses mots. Le chevalier était en train de se déclarer d'une manière très... franche. Il plaqua sa main sur sa bouche pour empêcher de sortir un hoquet de surprise . Puis Bhohort grommela :
- De tout façon, il n'y avait que Akan* pour supporter mes assauts furieux, et cet imbécile, il aimait cela ...finit il par avouer
- Quoi?
Idill eut dû mal à encaisser l'aveu de Bhohort. Il était en train de lui raconter qu'il avait couché avec l'autre chevalier auparavant. Des images apparurent dans l'esprit du guerrier. Les deux chevaliers entremêlés, se livrant à des actes pervers, se caressant mutuellement, gémissant de désir incessant. Soudain, il sentit ses joues s'enflammer.
- Vu ta tête, tu t'ai carrément fait un film, répliqua le grand roux
- Non, mentit Idill
- On m'a fait pas à moi... qu'est que tu étais en train d'imaginer? Pervers...Ironisa Bhohort
Idill se releva aussitôt, essayant de cacher son visage. Il secoua la tête afin de se débarrasser des fantasmes de son imagination.
D'un coup, un corps lourd s'appuya sur ses épaules. Le froid ambiant l'envahit de nouveau, mais il n'était pas agressif. Idill sentit une tête se poser dans la courbure de son cou. Un souffle glaciale s'approcha de son visage, effleurant sa peau.
- Tu sais, je pourrais te donner en détail la nature de nos débats si tu le souhaites, susurra Bhohort
Idill sentit une nouvelle vague de chaleur gagner tout son corps. Il supplia en silence que Bhohort n'en dise pas plus, qu'il ne flaire pas que son cœur battait à la chamade à cause de sa dernière phrase. Comment son corps pouvait il réagir à de tels propos ?
- Idill, chuchota encore le chevalier
Le guerrier retint sa respiration, pour la bloquer complètement quand le grand roux décida de balader sa main sur son torse, parcourant le chemin de sa grande balafre.
- Si nous voulons avancer, nous devons nous faire confiance... Il faut que je sache ce qu'il s'est passé....
Idill se sentit abattu. Se confier pour lui, allait être une étape difficile, puisqu'il n'en avait jamais parlé auparavant. Puisque personne n'avait réussi à voir cette entaille jusqu'ici, si ce n'est Doucenuit. Il avait baissé sa garde le temps d'un bain, et le worgen avait réussi à voir sa plus grande blessure, qu'elle soit physique comme psychique.
Idill se libéra du worgen pour lui faire face. Il plongea son regard dans les grands yeux blancs brillants du chevalier, essayant de le sonder.
Pourrais je lui faire confiance un jour? se demanda t il
Bhohort lui adressa un sourire maladroit . Il voulait sûrement se racheter, mais ses méthodes n'était pas forcement les bonnes.
Idill répondit à son sourire d'un hochement de tête désemparé par l'attitude du chevalier et lui dit :
- Comme vous l'avez dit juste avant, nous avons tous des croix à porter, et j'ai aussi la mienne.
Mais au lieu de se confier, il préféra retourner tranquillement au campement, de peur que les filles ne s'inquiète un peu trop pour lui.
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