- Non mais ce n'est pas possible... je m'en vais deux minutes, et ce petit arrive à se faire prendre par une bande de singes fous.

Piletombe, la goule de Bhohort dandina sa tête de gauche à droite, comme si elle était d'accord avec son maître. Elle gronda légèrement et Bhohort tourna la tête vers elle pour lui répondre :

- Non, Piletombe, nous ne pouvons pas les attaquer. Ils sont bien trop nombreux. Idill aurait encore son arme, je n'aurai pas dit non. Mais là...

Il vit au loin un singe s'éloigner avec la dite arme.

- Cet idiot l'a laissé sans protection.

Une nouvelle fois un autre grognement sortit de la mâchoire à moitié arraché de la goule, mais différent du premier. Comme si elle n'était pas en accord avec le chevalier.

- Ouais, ouais... je n'aurai peut être pas dû partir de la plage pour lui trouver de quoi manger. Mais c'est un humain, je te rappelle... Et je suis sûr qu'il aurait eu besoin de force après avoir nager ainsi.

La goule se tut mais son silence en disait long sur son mécontentement.

- Toi,  j'aurai pas dû t'invoquer. J'ai l'impression de me retrouver en face de....

Bhohort s'arrêta de parler, et des mauvais souvenirs remontèrent en lui. Les cheveux longs et crasseux de sa goule se transformèrent quelques instant en une magnifique chevelure, blanche et soyeuse, flottant au vent. Un visage se dessina, puis une grande demeure, en arrière plan. Elle se tenait là debout, le regardant avec des yeux suppliant. Par deux fois, il avait vu ce regard effrayé. La première fois fut quand ils avaient tous succombé à la malédiction. La deuxième fois,  il était seul face à elle, avec sa lame runique et maudite.

Un nouveau grognement le sortit de ses souvenirs.

- Non, ne t'inquiètes pas, ce n'est rien... répondit Bhohort contrarié d'avoir eu de tels images.

Il ajusta son arme dans son fourreau, et suivit discrètement le groupe de kidnappeurs.

-Pourquoi je suis allé chercher un morceau de viande dans cet jungle... (marmonna le chevalier). Tout ce que j'ai gagné c'est de devoir trouver un moyen pour délivrer le petit roux.

Ils marchèrent longtemps avant que le plus gros groupe s'arrêta pendant quelques minutes. Certains singes s'étaient enfoncés dans la forêt , pour en revenir avec quelques mets cueillis ou chassés . Ils ne donnèrent rien à Idill, qui semblait maintenant bien pâle.

Bhohort et sa goule les suivirent de très loin, de peur que l'un des singes ne les trouve et donne l'alerte. Ce que le chevalier ne voulait pas. Dans sa tête, il essayait de monter toutes sortes de plans pour délivrer Idill, mais le grand nombre de singes, l'empêchait de faire quelques actions que se soit.

La marche repris soudainement, quand le plus grand des signes hurla des ordres. Idill fut piqué de toutes parts pour qu'il avance. Il essayait de chasser les pointes de fer qui s'enfonçaient dans sa chair comme si il chassait des moustiques géants, mais sans grand résultat. Il se releva et pris le rythme du groupe.

Bhohort et Piletombe leur emboitèrent le pas. Le chevalier murmura à sa goule :

- Ils ont accéléré, je pense que c'est le fait que la nuit commence à tomber, mais pourquoi ne s'arrêtent ils pas afin de faire un camps provisoire ??

Piletombe ne répondit pas. Elle se contenta d'avancer comme un bon soldat.

Après encore une bonne heure de marche, le chevalier comprit alors pourquoi. La foret se désertifia , et laissa  place à une vaste clairière, constituée de petites et moyennes huttes.  Il y avait maintenant plus d'une centaine de ses macaques.

Les singes kidnappeurs, ainsi qu'Idill s'enfoncèrent dans le campement, et disparurent de la vue de Bhohort.  Celui ci fut contraint de s'arrêter. Le campement était bien entendu surveillé par des sortes de huttes de garde montées sur pilotis. Le tout  implantés tout autour du chemin principal.

Agacé, le chevalier s'assit d'un seul coup.

- On ne peut plus avancer sans se faire repérer...

Piletombe se posta à coté de lui et s'accroupit, imitant son maitre.

- Nous allons devoir attendre la nuit pour s'introduire dans le camps. Enfin...

Bhohort réfléchit puis regarda sa goule qui fixait l'ensemble des huttes.

- Non, juste toi... Tu iras dans le camps, et tu trouveras Idill....