Chapitre 10
Dans le ciel, le clair de lune inonda la cour du pavillon des rêves. C'était ainsi que le chroniqueur avait appelé sa demeure.
Bhohort s'était écarté de la tablée, laissant terminer le repas de ses compagnons paisiblement avec Cho. Il s'était installé sur les marches du perron, la choppe de bière à la main, qui avait été rempli au moins quatre fois au cours du diner.
L'ivresse, il ne la connaissait plus. Son corps ne réagissant plus à ce genre de chose. S' il avait été encore humain et vivant, il aurait bien voulu s'enivre à ce moment là. Il regarda sa bière tournée à l'intérieur au rythme du balancement de sa main. Il regrettait d'avoir eu de tels mots avec Idill. Le jeune homme n'était pas Akan. Il n'avait pas besoin de souffrance pour réagir. Bien au contraire.
Chacune de ses tentatives pour se rapprocher d'Idill avaient été un échec. Il ne savait pas y faire finalement. Pourtant il en avait eu des conquêtes, des amourettes, une fiancée à charmer, un homme à baiser. Mais Idill était différent. Toutes ses approches avaient avortés. Il était plus que maladroit avec lui. Et leurs caractères opposés n'arrangeait pas les choses.
- Vous z'etes là!!
Bhohort se figea à la voix. Il tourna la tête vers celui qui lui avait adressé la parole. Il se tenait là debout bon gré mal gré, la chopine à la main qui débordait de bière à chacun de ses pas. Bhohort reconnut vite la démarche d'un homme dont l'alcool avait fait plus que son effet.
- Tu es bourré ma parole! répliqua le chevalier.
- NNNOOONNN !!!!
Un ricanement et un soupire à peine caché, le trahissait encore plus.
- Bon sang, ce n'était pas la peine de te mettre dans un tel état...
Idill s'assit lourdement à coté de lui, et le fixa tout en lui disant :
- Z'est de votre faute za! Vous zêtes nul.
Bhohort se mit à rire jaune. Avec un seul mot, il avait résumé toute sa précédente réflexion.
- Bien sur... C'est toujours la faute du worgen,
- NON ! Z'est vous et votre fizut caractère! Et vos zales manies! et ...
Il s'arrêta brusquement.
- Quoi? demanda Bhohort
Son visage se déforma et des larmes coulèrent sur ses joues. L'alcool triste, Idill était donc ainsi. Il sanglota tout en continuant de fixer Bhohort.
- Ne me dis pas que c'est de ma faute si tu pleures, je suis désolé mais cette fois, j'ai rien ...
Sa phrase, il ne put jamais le terminer. Des lèvres chaudes s'étaient plaquées contre les siennes si froides.
Bhohort en fit tomber sa chopine de surprise dans les escaliers, et celle d'Idill la rejoignit quand ce dernier plaqua ses mains en étau sur le visage du chevalier.
- Idill, Idill , attends, dit Bhohort entre ses dents.
Il attrapa le guerrier ivre par les épaules et le décolla de force.
- IDILL! cria Bhohort décontenancé par le comportement du jeune roux.
- Pourquoi, pourquoi vous me refusez maintenant, alors que je me jette enfin dans vos bras, monsieur? murmura t'il tristement.
Idill s'accrocha alors au col du yukata de Bhohort. Désespéré, il posa sa tête contre le torse qui se laissait entrevoir entre les deux pans de tissu, et continua de pleurer.
- Je suis désolé, Idill, je ne voulais pas te vexer, mais... Vu ton état, je ne peux pas, je ne veux pas abuser. Tu ne contrôles rien, tu n'as pas l'esprit clair, tu ne sais pas ce que tu fais...
- J'AI BU PLUS QUE DE RAISON POUR PRENDRE MON COURAGE A DEUX MAINS! s'écria Idill
- Ton courage? Mais?
- Ne comprenez vous pas??
Idill se détacha de Bhohort. Il avait les poings serrés et la mâchoire contractée.
- Seline m'a dit ...
- Seline n'est qu'un idiote aussi, coupa Bhohort qui se tourna vers le sens des marches.
Il ne savait pas ce qu'avait pu dire sa sœur, mais tous les deux étaient vraiment des imbéciles. Bhohort, même s'il était un tantinet pervers, ne s'abaissait pas à " embêter " un homme soul. Les réactions sous l'alcool pouvait être amusant, mais pas dans ce contexte.
- Elle m'a dit comment vous me regardiez, et m'a fait ouvrir les yeux sur la façon dont je vous regarde, murmura Idill dans un souffle court.
Bhohort surpris, dévia la tête vers le jeune homme dont les larmes coulait en silence maintenant. Il passa négligemment la ample manche de son yukata pour effacer la trace humide de ses sanglots.
- Comment tu me regardes?
Cela avait été plus fort que lui, Bhohort devait poser la question, il devait savoir. Il n'y eu qu'un reniflement de la part d'Idill avant qu'il ne réponde.
- Vous connaissez mon admiration en vers vous, mais il semblerait que cela ne soit plus que de l'admiration, il y a quelque chose en plus. Et cela me fait peur. Je n'ai jamais ressenti cela jusqu'à maintenant.
Le guerrier s'arrêta deux secondes tout au plus, avant de baisser d'un ton, peut être honteux de se confier.
- Elle a vu mon rougissement quand je vous regarde, elle a vu l'embarras que j'ai à soutenir votre regard. Elle m'a servi verre après verre, montant un plan pour que j'aille vous parler, mais...Il semblerait que je ne sois pas très doué à cela, et puis vous dire quoi? Je ne sais pas, je suis si perdu. Je suis si...
Au fur et à mesure qu'Idill se confier, Bhohort se tendit. A chaque mot, il sentait son cœur bien que peu vaillant, se contracter d'angoisse. Le guerrier était en train se dessoûler ou bien concentrait il au maximum ses pensées, mais les mots étaient plus censés et les phrases plus longues. Pourtant la voix était frêle, pouvant se casser à tout moment.
Son instinct protecteur le poussa vers la tête rousse du jeune homme. Il monta ostensiblement sa température corporelle, et vint déposer un baiser sur le front de l'intimidé. Il y resta comme s'il voulait le marquer à vie. Quand il détacha ses lèvres de sa peau, il vit ce léger rougissement qu'il pouvait arborer. Ses yeux montèrent vers lui et le temps sembla se suspendre. Ils ne bougèrent plus de peur de briser cette ambiance si douce.
Malgré tout Bhohort tourna la tête, il se sentait épié. Il la vit, se tenant près de l'entrée, la main serrée contre son cœur, les yeux embrumés, puis elle baissa la tête et partit à l'intérieur. Sa sœur avait déclaré forfait, enfin.
- Monsieur?
Le chevalier revint vers celui qui l'avait interpellé.
- Ce n'est rien, dit il
Il caressa les cheveux détachés du guerrier, lissant quelques mèches à son passage. Idill l'observait avec bien trop d'insistance.
- Arrête de me regarder ainsi, tu vas me faire rougir, plaisanta Bhohort
Mais la plaisanterie n'était là que pour cacher un étrange malaise s'installer en lui. Lui qui avait si entreprenant, si j'en foutiste en vers le plus jeune, voila que maintenant il se posait trop de questions!
- Je croyais que c'était moi, le plus pudique de nous deux... murmura le guerrier
Idill pencha sa tête sur le coté, puis monta doucement ses lèvres vers ceux de Bhohort. A quelques millimètres de l'embrasser, il déclara :
- Monsieur, je pense que je vous aime.
Il en fallait pas plus pour que Bhohort rejoigne les lèvres d'Idill prêtes à l'accueillir.
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