Hurlevent , capitale humaine mais aussi de l'Alliance, était une ville où l'effervescence y était permanente. Mais celle-ci se trouvait l'être encore plus aujourd'hui. Comme si un vent de guerre s'était soudainement levé. Les soldats circulant dans les rues bondées d'habitants en était la preuve. Quelque chose se préparait mais personne ne le savait.

Officiellement l'Alliance n'était pas en guerre. Officieusement sur la mer, les combats navales faisaient rage.

Idill n'était pas dupe. Contrairement à la plupart des gens normaux, il savait que quelque chose  se tramait sur l'eau. Le port grouillait de champions prêt à en découdre, ainsi que des hauts gradées qui les accueillaient et les dirigeaient là où il fallait aller.

Il serra un peu plus la lettre qu'il tenait dans ses mains, jeta un dernier coup d'oeil vers le port, puis s'en détourna.

Il traversa rapidement la place de la Cathédrale, puis passa devant les travaux en cours pour restaurer ce que Aile de mort avait détruit, pour ensuite filer vers le quartier commerçant. A vive allure sur son cheval, il bouscula les badauds venus faire leur marché pour se frayer un chemin.

Alors qu'il jonglait entre les gens, il relut rapidement la missive brève et concis qu'il avait reçu :

De Rell Ventenuit

à Idill Gantenor

Héros ,

cette information doit rester secrète. Le point blanc a disparu.

Retrouvez moi au plus vite au Donjon.

S.I.7

Idill remit la missive dans sa poche de son pantalon, et donna un nouveau coup de talon afin que sa monture aille plus vite.

Le message datait de deux jours et Idill avait peur que Rell ne patiente depuis trop longtemps. Il savait pertinemment que l'elfe de la nuit n'aimait pas attendre, comme la plupart des agents du service secret de la couronne d'Hurlevent, le S.I.7.

Tout était une question de timing. Idill le savait trop bien pour avoir été quelques mois à leur service.

Il sauta de son cheval quand il atteignit les premiers escaliers du château, puis monta de quatre en quatre les marches menant au Donjon. Il prit le long couloir menant dans la salle du trône d'un pas pressé. A peine était il arrivé, qu'il entendit la voix du roi retentir dans la salle des commandements juste à coté et ce malgré les portes à demi closes.

Visiblement, il venait d'apprendre que son fils Anduin, "le pion blanc" avait disparu.

Idill s'approcha discrètement de la salle des commandements et resta sur le pallier après avoir pris soin de se cacher. Il observa le roi se tenant devant une grande carte représentant Azeroh et où divers pions étaient posés ci et là. Navires revêtis de bleu et d'or, infanteries et cavaleries  en tout genre, et ennemis drapés de rouge avec le symbole de la Horde. Tous tremblèrent quand le poing du roi frappa le bord de la table.

- Je dispose de 200 navires, et le seul qui ne répond pas à l'appel est celui de mon fils!

Idill avait rarement vu son roi dans une telle colère.

- Il devait revenir ici après son apprentissage auprès des draénei et du prophète Velen! et j'apprends qu'il a disparu! Il était sur un bateau battant pavillon émissaire! Il n'aurait jamais du être pris en chasse! s'exclama t'il

Une femme brune aux cheveux courts regarda avec insistance un elfe au long cheveux bleu nuit, qui semblait de marbre. Idill vit alors Rell Ventenuit. Comme à son habitude, il était imperturbable. Il était connu comme quelqu'un qui ne manifestait que très peu ses sentiments.

- Quels sont les derniers rapports que nous avons eu ? demanda le roi nerveux en jetant un coup d'oeil vers l'elfe .

Rell se dirigea vers une coupe magique, et l'image d'un homme d'un age avancé, qu'Idill reconnut comme étant l'Amiral Taylor, apparut. L'hologramme était parasité par de nombreuses interférences.

"La flotte aérienne de la Horde nous a fait perdre le cap...de nombreuses victimes. Nous avons échoué sur une ile non répertoriée. Mais le pion blanc est avec nous! Je répète le pion blanc est avec... ATTAQUE SURPRISE!! Demandons assistance! Si quelqu'un reçoit ce message!!!"

Idill ne savait pas d'où avait été transmis ce message, mais ce n'était certainement pas dans un lieu stable de magie. 

- Les nouvelles ne sont pas bonnes...

Le jeune guerrier sursauta au son d'une voix murmurante derrière son dos. Il se retourna brusquement, dégainant sa hache, mais une lame fine se posa sur son bras pour le stopper net dans son mouvement.

- Tu réagis toujours avec excès mon ami...

Idill resta sur ses gardes, quand l'étranger abaissa sa capuche pour laisser apparaitre un visage bienveillant. Il écarta les yeux, surpris de voir celle qui se cachait derrière la cape.

- Doucenuit! toi ici!

Il se précipita dans les bras de la belle elfe de la nuit qui l'accueillit avec plaisir. Un petit rire s'échappa de sa bouche. Le jeune humain se détacha rapidement de l'elfe, puis rougit.

- Pardon... Je n'aurai pas dû. Des fois, mes gestes sont plus rapides que mon esprit.

- C'est ce qui fait ton charme, Idill, et puis je le veux bien, car c'est toi... dit Doucenuit en remettant en place ses cheveux courts derrière ses longues oreilles, caractéristique bien connu des elfes de la nuit.

- Tu ne m'as pas répondu, qu'est que tu fais ici? murmura Idill alors que l'elfe raccrocha sa lame dans son fourreau.

- J'ai été appelé tout comme toi visiblement, répondit elle

 Elle fit un immense sourire à Idill puis continua :

- Et puis, je fais toujours parti du S.I.7 contrairement à toi!

- Oui, mais tu sais, tu es surement plus utile que moi au sein du S.I.7. La discrétion n'a jamais été mon fort... répondit Idill tout en se frottant le cou nerveusement.

- Oh oui, je me souviens trop bien de nos missions d'investigations. Pourtant Rell avait mis de grand espoir sur toi. Tu étais, après tout, le meilleur élève de Jarod Chantelombre.

Doucenuit ébouriffa les cheveux roux d'Idill tout en continuant de sourire. Il chassa sa main, d'un geste brusque, embêté d'être traité comme une petite chose et rattacha ses cheveux longs avec un lacet de cuir. Puis subitement , il baissa la tête, tout honteux.

- J'ai surement déçu Ventenuit, dit il

- Pas tant que cela, regarde, il t'a appelé!

Idill haussa les épaules et se retourna vers la salle des commandements.

Doucenuit vint se nicher à coté de lui, en s'accroupissant. Idill était de petite taille, et pouvait parfaitement se camoufler dans n'importe quels recoins, ce n'était pas le cas de Doucenuit. Les elfes étaient déjà grands de par leur race, mais la voleuse était encore plus grande que la moyenne.

Elle chuchota :

- Que sait on?

- Le pion blanc qui était sur un bateau émissaire, a été attaqué par la Horde.

- Rien de neuf alors?

- Je ne le savais pas contrairement à toi!

- Chut écoute! répliqua l'elfe en mettant un doigt devant sa bouche, signe pour faire taire Idill.

Tous deux convergèrent leur regard sur le roi faisant les cents pas dans la pièce.

- Votre majesté, la 7ème flotte est déjà en route! Mais il nous faudra plusieurs semaines avant que...dit la jeune femme brune.

- Amiral Rogers, Nous n'avons pas le temps!(coupa Varian) Ventenuit, Envoyez une troupe d'élites pour tenir ce nouveau territoire, et me ramener mon fils!!

- Nous avons commencé à faire le nécessaire, votre majesté, répondit Rell

- Bien. Amiral Rogers, Je veux que vous preniez Bruleciel, et conjointement avec Ventenuit vous allez partir au plus vite!

- A vos ordres votre majesté, répondit l'Amiral Rogers tout en s'inclinant.

Le roi sortit rapidement de la salle des commandements, mais s'arrêta brusquement au niveau d'Idill et de Doucenuit. Il adressa un regard noir sur le jeune homme, puis se retourna vers Rell en lui disant :

- C'est cela votre troupe d'élites? Cet homme n'est même pas capable de passer inaperçu?

Idill se mit debout d'un seul coup, et salua le roi :

- Votre majesté, je ferai tout pour trouver votre fils et vous le ramener sain et sauf!

Le roi fit quelques pas vers lui, comblant l'espace qu'ils avaient entre eux et de toute sa hauteur, il regarda le jeune humain. Ses yeux plissèrent, observant Idill de la tête au pied. 

- Vous êtes un guerrier, n'est ce pas?

Idill hocha la tête sans rien dire. Le roi faisait au moins trois têtes de plus que lui. Et il se sentit si misérable face à lui, qu'il se mit à déglutir avec grande difficulté. Même si il avait vu le roi à plusieurs reprises, jamais il s'était retrouvé aussi près de lui.

- Idill est l'un de nos meilleurs guerriers, mise à par vous, votre Majesté et je mettrais ma vie entre ses mains sans aucun doute, croyez moi, répondit Rell qui sortait à son tour de la pièce.

Le roi jeta un coup d'oeil suspicieux vers l'agent du S.I.7.

- De plus, vous n'avez pas vu notre agent, n'est ce pas? demanda Rell, dont un petit rictus se dessina sur son visage.

Le roi se retourna vers Idill, et scruta les alentours.

- Où est il?

- Je suis là votre majesté.

Doucenuit apparut comme par magie devant le roi, et contrairement à Idill, Elle dépassait le roi de quelques centimètres.

- Je vois! Avec elle dans notre troupe, nous aurons toutes nos chances pour retrouver mon fils, (répondit le roi d'un air satisfait) Ce pendant, j'aimerai que vous preniez avec vous quelques personnes dont je vous donnerai la liste des noms d'ici peu.  Je veux mettre toute mes chances de mon coté, et l'Alliance gagnera un nouveau territoire, avant que la Horde ne saute dessus!

Puis il s'éloigna à grands pas, avant de disparaitre dans les parties privés du Donjon, laissant sur place Idill, Doucenuit, l'amiral Rogers, et l'agent Ventenuit.

Idill baissa de nouveau la tête . Il avait été en surtension devant le roi, et maintenant qu'il était parti, Il éprouvait une grande fatigue nerveuse. Ses poings, qu'il avait serré pendant sa conversation avec sa majesté, se relâchèrent et il essuya une larme de frustration rapidement avant que les autres ne la voit. Varian l'avait jugé sur sa frêle apparence, comme pour la plus part des gens qu'il avait pu croiser dans sa courte vie. Et cela, il avait du mal à l'encaisser sans répliquer.

Il se souvint alors d'un épisode lors de la campagne du Norfendre. Sa rencontre avec un chevalier de la Lame d'Ébène. Lui aussi l'avait sous-estimé. Mais après un duel contre lui, il avait revu son jugement.

Idill pressa sa ceinture, tout en repensant à l'homme qui avait rendu son séjour sur les terres glacés du Norfendre un peu plus doux. Il se souvint de sa transformation en worgen et de sa grande surprise de le voir ainsi. L'homme s'était transformé pour lui sauver la vie lors de l'attaque du portail du Courroux et en retour, Idill avait pris sa défense, face à ceux qui l'avait pris pour cible, quand ils virent la bête qu'il était.

Après cela, le worgen avait disparu de la circulation. Il n'était même pas présent lors de la chute du roi liche. Idill n'avait retrouvé que ce prêtre dont l'attitude était bizarre, avec sur son dos, un Archidruide, prêt à tout pour lui. Hamza* ? pour le prêtre, et... Argus  ou Tarenn* pour l'elfe, si ses souvenirs étaient bons.

- Idill?

Doucenuit le tira de ses pensées.

- Allons nous préparer, l'Amiral Rogers veut qu'on parte demain matin, dès l'aube.

- Bien, dans ce cas, faisons nos bardages, et allons sauver le "pion blanc"

Doucenuit sourit puis tapota l'épaule du petit guerrier.

- Je vois que les mots du roi, ne t'ont pas atteint, et c'est tant mieux!

Idill lui sourit légèrement en retour, avant de se renfrogner quand celle ci avança devant lui.

Non, Doucenuit, les mots du roi m'ont fait mal, mais comme d'habitude, je passerai outre les réflexions sur ma personne.

* Voir L'Archidruide, et Death Knight