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Partie 3

Comme il était tôt, nous n'étions que deux attablés. En tête à tête.

J'avais remarqué que Jungkook n'était pas bien bavard à table. Je luttais encore une fois pour ne pas laisser mon regard traîner trop longtemps sur ses doigts qui maintenaient une pression suffisante sur ses couverts. Ses mouvements de mâchoire quand il mangeait. Son regard concentré quand il coupait sa viande.

— Cessez de laisser promener votre regard sur moi, vous me rendez toute chose. Mangez donc à la place...

Gêné d'avoir été pris la main dans le sac, je me munis de mes propres couverts pour commencer à déguster ce succulent plat qui nous a été concocté.

— Vous savez, Taehyung, vous n'avez jamais été très discret. Je sens toujours votre regard brûlant sur mon épiderme. Brûlant à m'en donner de la fièvre, me confia-t-il à la manière d'un secret.

Je relevais les yeux, figé.

Venait-il réellement de me répéter par deux fois que je lui faisais inexorablement de l'effet ?

— Que dois-je faire pour être discret alors ? Hm ? Dites-le moi, Jungkook. Partagez-moi vos secrets.

— Evitez de me regarder comme si vous alliez me manger à tout moment.

— Comment alors que c'est la seule pensée qui me traverse lorsque vous entrez dans mon champs de vision ?

— Mangez donc, je suis pressé.

Je riais légèrement dans ma barbe. C'était bien la première fois que je parvenais à rendre Jungkook ainsi, sans répondant. Si la panique avait pris possession de lui alors que je venais de trouver la chose à laquelle il n'avait pas de réponse, elle ne le rendait que plus mignon.

Pourquoi s'était-il incrusté ainsi dans mes pores ? Qui lui en avait donné la permission ?

***

— Jimin ! Tu m'as manqué, m'exclamai-je en sautant presque dans les bras de mon ami.

Celui-ci me rendit mon étreinte. Enfin jusqu'à ce qu'il voie Jungkook derrière moi.

— Votre Majesté, je ne vous avais pas vue, dit-il en se courbant plus bas que terre. J'espère que vous avez fait bon voyage.

Je me retournais en me rendant pas compte que Jungkook était resté en retrait. Je lui fis face mais rien qu'un silence nous séparait alors ne trouvant rien d'autre à dire, je rétorquais.

— Votre Majesté, monsieur et madame Kim ne devraient pas tarder. Vous devriez y aller.

— Vous débarrassez-vous de moi ? me chuchota-t-il à l'oreille.

Puis voyant que je souhaitais répondre, il ajouta, toujours à voix basse pour que je sois le seul à entendre.

— Je plaisante. Mais j'espère que j'aurais droit à pareille étreinte lorsque nous nous reverrons ce soir.

Il se redressa et annonça d'une voix forte qu'il s'en allait et qu'il nous laissait profiter l'un de l'autre.

Je fixais la porte désormais fermée alors que ses pas s'étaient évaporés dans les airs depuis quelques minutes déjà.

— Taehyung, tu es avec moi ?

— Quoi ? hein ?

— Ça fait bien 5 mins que je t'appelle. Tu vas bien ?

— Oui, oui. Ne t'en fais pas ! Petit cachottier, pourquoi ne m'as-tu pas dit qui tu étais réellement ?

— Tu le sais. Et avec Jungkook ? Il se passe quoi ? Tu te dois de tout me raconter !

— Ne change pas de sujet, Jimin.

Nous discutâmes durant tout l'après-midi. Jimin avait insisté sur le fait qu'il ne me parlerait plus je ne lui confiais pas toutes les moindres interactions que j'avais eues avec mon bel Apollon.

Et si l'expression boire les mots de quelqu'un était réelle, alors Jimin incarnerait aisément ces paroles.

— Tu l'aimes, conclut-il sans problème.

— Sans blague, Jimin.

— Il t'aime en retour et si ce que tu me racontes est vrai, il n'a jamais cessé de t'aimer intensément et chacune de ses décisions tournent autour de toi, Jungkook.

— C'est-à-dire ? Je ne comprends pas bien, développe s'il te plaît.

— Alors, hm. Déjà, j'ai toujours eu ma chambre en tant que valet et mon lit est super confortable. Mon petit Jungkook, ton amoureux se joue de toi, ses tenues inconfortables ne sont pas difficiles à enlever. Pour finir, il a toujours tenu à respecter ses heures de repas. Jungkook, il change et ment pour toi. Si c'est pas beau l'amour, alala.

— Oh...

— Comment ça juste « oh... » ? Aimez-vous et faites des enfants, mon dieu que vos cervelles sont lentes...

— Mais, Jimin, Jungkook est prince.

— Et alors ? Pourquoi s'imposer des frontières dans un monde où il est si difficile de vivre. Pourquoi se restreindre pour plaire aux autres alors que tu peux te plaire à toi ?

— Tu as raison, Jimin. Mais il faut que Jungkook le comprenne pour que cela marche...

Je continuais de fixer cette porte, comme si à chaque seconde qui passait, j'étais susceptible de voir, par l'encolure de celle-ci, la tête de celui que je convoitais passer.

— Quand est-ce que le rendez-vous avec Monsieur et Madame Kim s'achèvera ? questionnai-je Jimin en supposant qu'il s'agisse de clients réguliers.

— Mmmmh, ils ne durent généralement pas bien longtemps. A mon avis, ils sont déjà partis. Va voir dans la salle de réception, celle qui se situe au plus près de vos chambres pour en savoir plus.

— Tu es sûr que je peux te laisser ?

— Oui, oui, vas-y. Si je ne te laisse pas partir, tu vas détruire cette porte avec ton regard. Et je ne tiens pas à entendre tout l'étage gémir pendant que je dors.

Sans demander mon reste je m'en allais. Il était vrai que j'attendais Jungkook. Il n'était pas revenu alors que plusieurs heures s'étaient écoulées.

Des voix résonnèrent jusqu'en dehors de la salle de réception. J'entendis des rires et des cris à tout va. Je passai simplement ma tête dans l'écart de la grande porte et dus retenir un cri mélangé à un sanglot.

Que faisaient ma mère et mon père ici ?

Même si ma famille n'était pas pauvre, ils n'étaient pas non plus suffisamment riches pour pouvoir traîner avec l'aristocratie et la noblesse.

De plus, leur revêtement semblait coûteux, ils arboraient sur eux tout ce qu'ils n'avaient jamais pu se payer.

Je ne pris cependant pas le temps de davantage les détailler, je partis à pas rapides vers ma chambre.

Jungkook était en train de boire un coup avec mes parents.

***

Je me trouvais lamentable.

Je savais qu'en revenant en France j'avais bien plus de chance de les revoir.

Je savais qu'en revenant en France j'allais forcément recroiser leur route.

Mais pourquoi si tôt ?

S'ils savaient que j'avais des atomes crochus avec leur prince adoré, ils en péteraient une durite.

Mais je ne pouvais pas accomplir cette vengeance si Jungkook devait en subir les retombées.

Je me hissais sur mes poings.

Marre d'être passif.

Marre d'être faible.

Marre d'être une victime.

Il était temps que je reprenne ma vie en main, il ne fallait pas que je puisse m'empêcher de vivre à cause d'une paire de personnes.

Je leur vouais une haine profonde désormais. Mais je ne devais pas la laisser me submerger à chaque instant. Tout comme je devais accepter ce chagrin qui prenait possession de mon corps chaque fois que ma tête les rejoignait.

Il fallait que je fasse le deuil de cette relation passée. Que je ne la laisse pas entraver de quelque manière qui soit, mon avenir.

C'était inenvisageable.

Je me rendis à la salle de bain. Mes yeux étaient rouges, encore larmoyants. Mes cheveux hirsutes. Mes joues rouges.

Tout sur mon visage montrait que je venais d'avoir une violente crise de larmes.

Je fis ce que je pus pour masquer tout cela avec de l'eau et en me recoiffant.

Mais rien à faire, mes yeux s'évertuaient à rester rougis.

Même si cela restait léger, en y faisant un peu attention, on remarquait très facilement leur couleur non naturelle.

Mais je refusais de rester une seule seconde seul. J'observais par la fenêtre la trajectoire de la lune par rapport à tout à l'heure.

Il devait s'être écoulé une heure tout au plus.

***

Je levais le poing pour frapper trois fois à la porte désormais close. Il n'y avait plus ces éclats de voix. Je poussais légèrement sur la porte mais elle était fermée à clef.

Jungkook... où êtes- vous ?

— Taehyung ? Que faites-vous là si tard ?

Je me retournais au son de sa voix, la main sur le cœur. Il avait une serviette posée sur l'épaule et semblait transpirer à grosses gouttes.

— Taehyung, vous m'entendez ?

Seul un filet de lumière éclairait nos deux corps.

— Jungkook, aidez-moi, je vous en supplie. Aimez-moi correctement...

— Vous savez que je vous aime, Taehyung. Vraiment très fort, trop fort.

— Alors pourquoi ne l'assumez-vous pas alors ? m'emportai-je un peu, à fleur de peau. Pourquoi devons-nous nous cacher ?

— Taehyung... calmez-vous...

— Non, Jungkook. Je ne me calmerais pas et vous allez devoir m'écouter attentivement. Je ne suis pas fait pour rester calme. Cette passion qui m'étreint ne m'aide pas à rester calme. Je n'en peux plus de vos états d'âme. Que vous décidiez de chaque pas dans cette relation, nous sommes deux et vous devriez le savoir.

— Taehyung...

— Ne m'interrompez pas. Jungkook, je vous aime. Mais la vie n'est pas le moins du monde clémente. Je suis certes prêt à mourir pour nous. Mais êtes-vous prêt à me voir mourir parce que vous n'aurez pas su ce que vous vouliez ?

— Que voulez-vous dire ?

— Vous me rendez malheureux à ainsi jouer avec moi. Vous me rendez malheureux à boire avec mes parents. Vous me rendez malheureux à instaurer cette distance entre nous. Mais vous me rendez en même temps tellement heureux que je suis capable d'effacer tous ces malencontreux éléments. Jungkook, je ne sais plus ce que je veux...

— Suivez-moi, concéda-t-il tout simplement.

Il ne me laissa guère le choix. Il attrapa ma main d'un geste maîtrisé et marcha en direction de sa chambre. Puis il se posa simplement sur le lit.

— Asseyez-vous, Taehyung.

Je m'exécutai sans discuter.

— Je... j'ignorais que monsieur et madame Kim étaient vos parents...

— Quelle aurait pu être la probabilité, de toute façon.

— ... mais quoi qu'il en soit, j'arrêterais toutes transactions avec eux dès demain.

— Ne sacrifiez pas cela pour moi, vous vouliez simplement faire une bonne action. N'interrompez pas cela pour moi. Vous ne savez pas ce qu'ils ont pu me faire...

— Je savais que cette chose est suffisamment cruelle pour vous mettre dans cet état rien qu'en les entre apercevant. Je vous ai vu tout à l'heure, Taehyung. Et je ne permettrai à personne de toucher à l'homme de ma vie.

— Que venez-vous de dire ?

— Vous avez bien entendu, Taehyung. Je veux simplement que nous restions discrets. L'affaire de quelques semaines. Je veux organiser un bal masqué pour le retour du printemps dans deux mois et à ce moment-là, nous nous dévoilerons au monde, Taehyung. Je montrerai au monde que vous êtes mien uniquement et que je suis vôtre exclusivement. Maintenant venez dans mes bras, réclama-t-il en écartant largement ses bras.

Je me réfugiai donc dans cette chaleur réconfortante. Elle m'accueillait comme une maison ambulante, celle dans laquelle je me considérais toujours comme chez moi.

Je sentais sa main s'aventurer dans mes cheveux, je me fichais de tout à ce moment. Mes parents, le statut de prince de Jungkook. Tout disparaissait sauf Jungkook.

Je ne sus à quel moment j'avais arrêté de sangloter mais je remarquais que mes spasmes s'étaient calmés.

— Taehyung, je m'excuse de mon comportement. Je m'excuse sincèrement.

Nous étions désormais allongés sur le lit, lui plus haut que moi, ma tête nichée dans sa chemise. Alors je levais légèrement le regard vers le sien.

— Ne vous excusez pas Jungkook...

— Si, j'ai été voir Jimin. Je ne veux plus jamais que vous vous sentiez ainsi, Taehyung.

— Pourquoi as-t-il fallu que ce soit si compliqué ? Pour nous je veux dire...

— Je ne sais pas. Peut-être apprécierions-nous mieux les choses si elles sont plus durement acquises. Promettez-moi que vous me direz au moindre inconfort. J'ai besoin de vous savoir en sécurité.

Je n'avais aucune autre envie de me trouver nulle part ailleurs en ce moment même. Nulle part ailleurs que niché dans le cou de Jungkook me murmurant des mots doux.

Nous nous endormîmes ainsi, l'un dans les bras de l'autre. Sans même nous dévêtir au préalable.

Nous profitions seulement l'un de la présence de l'autre.

Notre seul contact nous suffisait.

Sentir les mouvements de sa main dans mes cheveux ralentir au même rythme qu'il tombait dans les bras de Morphée me suffisait.

Me comblait.

Alors si je pouvais en profiter jusqu'à la fin de mes jours, je considérerais cela comme une bénédiction.

Une récompense à mon dur labeur, à toutes les épreuves que j'avais traversé jusqu'aujourd'hui.

***

Je me réveillais à cause des rayons du soleil, ayant oublié de fermer les rideaux la veille au soir.

J'étirai ma nuque endolorie à cause de la position dans laquelle j'avais passé la nuit.

Je devais vraiment avoir été épuisé par ma nuit blanche pour ne même pas avoir eu la force de bouger cette nuit.

Le torse de Jungkook sous moi se relevait à un rythme régulier et ses paupières demeuraient closes.

Je me levais discrètement pour tirer les rideaux. Et retournais dans ma précédente position. Je n'avais plus la moindre envie de dormir.

Je fis en sorte que Jungkook soit plus confortable puisque même si Jimin m'avait fait part du contraire, ses vêtements n'avaient pas du tout l'air confortables. Je tentais tant bien que mal de retirer ses chaussures et son pantalon, tâche qui s'avérait finalement relativement simple puisqu'il n'y avait pas son buste à soulever.

Je m'arrêtais un instant pour l'observer et décider de la manière dont j'allais procéder pour l'extraire de ces morceaux de tissu.

D'une certaine manière, je parvins à soulever son torse pour le déposer sur mes genoux sans qu'il ne se réveille. Cela relevait du miracle.

Et alors que je tentais de comprendre comment sa chemise se retirait, un léger sourire se dessina sur les lèvres de mon amant.

— Vous êtes réveillé depuis tout à l'heure et vous osez déjà vous jouer de moi ma parole.

— Si vous saviez comme c'est marrant de vous savoir en train de vous battre contre vous-mêmes pour ne pas me réveiller.

— Quel vil amant vous faites, Jungkook. Je m'attendais à mieux de vous...

— Vous trouvez ? me murmura-t-il à l'oreille en me retournant sur le matelas sans aucun effort.

— Oui, et je trouve surtout que vous êtes bien entreprenant depuis notre premier contact. Qu'est-ce qui vous rend donc comme cela ?

— Vous, simplement vous. J'apprends à être taquin pour vous, j'espère que vous appréciez mes efforts.

— J'apprécie tout de vous, n'y a-t-il pas moyen de passer la journée au lit ?

— Hélas, non, mon cher et tendre. Je dois me rendre au déjeuner et rendre visite aux Kim afin de mettre un terme à notre contrat.

— Bon, d'accord... Attendez, maintenant que j'y pense, la nuit dernière vous n'avez pas pu faire votre toilette...

— Ne vous en faites pas, je me passerai une lingette humide sur le corps pour la journée mais vous êtes de corvée pour me récurer des pieds à la tête ce soir, Taehyung. Profitez-en pour vous reposer et nourrissez-vous correctement. Je vous veux en forme ce soir et les jours à venir, me dit-il d'une voix lourde de sous-entendus.

— D'accord. Bonne journée, Monsieur.

Il se retourna sur moi avec un regard en biais. Je savais ce qu'il signifiait. Je savais très bien ce que cela signifiait.

Mais où était donc passé mon Jungkook si farouche.

N'empêche que j'aimais cette nouvelle, j'aimais que cette facette diamétralement opposée à celle qui m'avait été montrée quelques temps auparavant sous le coup de la peur. J'aimais que dorénavant, il se sente suffisamment en confiance pour ne plus se restreindre comme il avait pu le faire.

Jungkook je serai heureux tant que vous le serez aussi.

***

Je profitais de cette journée seul pour faire un peu le ménage dans cette pièce à vivre. Même s'il n'y passait pas énormément de temps, je n'aimais pas rester dans un endroit pas parfaitement propre.

Et puis, cela me permettrait de le connaître davantage. Ne disons-nous pas qu'une chambre reflétait la personnalité de son hôte ?

La chambre aux premiers abords simple et confortable avait des détails qui ne passaient finalement plus inaperçus.

Un petit mur de dessins par-ci, des bouteilles d'eau parfumée par là, toujours dans les tons unis, visible seulement lorsque la volonté de les voir subsistait.

Jungkook m'avait paru en premier lieu comme quelqu'un de rangé et cette impression n'était pas mauvaise. Je n'avais rien à redire, seulement que sur certains points, nous nous ressemblions.

Une fois les quelques poussières enlevées et les rideaux ouverts pour faire entrer la lumière du jour, je me posais enfin sur le lit.

Profitez-en pour vous reposer et nourrissez-vous correctement. Je vous veux en forme ce soir et les jours à venir.

Je me remémorai ses paroles en tête et rougis instantanément en comprenant le possible double sens de ses mots. J'étais rapidement descendu dans les cuisines prendre quelques morceaux de pain et de la confiture. Sans jamais cesser de repenser à la fois où j'avais dû lui tartiner sa tranche de pain moi-même.

Je convins avec moi-même que le mieux était de rentrer manger dans la chambre. Je préférai être facilement retrouvable dans le cas où Jungkook me chercherait.

— Taehyung ? entendis-je en sentant quelqu'un secouer mon épaule. Vous m'entendez ?

Je battis faiblement des paupières peu content que l'on me réveille d'un si bon rêve.

— Jungkook ? C'est vous ?

J'observais par la fenêtre et remarquai que la nuit était déjà bien tombée.

— Combien de temps êtes-vous sortis ? Pourquoi ne rentrez-vous que maintenant ?

— Oh, vous avez mangé des tartines grillées ? J'espère que vous avez encore faim !

— Ne changez pas de sujet ainsi, Jungko-

— Nous devons y aller, la voie est libre, suivez-moi !

Je suivis Jungkook d'un pas discret et ce ne fut que maintenant que je remarquais son énorme sac à dos.

Je le suivis jusqu'à l'extérieur de palais et croisais Henri. Je lui accordais un de ces sourires sincères, qu'il me rendit avant de me tendre des rênes.

— Jungkook ?

— Mmmh ?

— Où allons-nous ?

Il avait la fâcheuse manie de ne pas me répondre. Il adorait cela. Et je n'avais d'autres choix que de subir. Sans broncher.

Je me contentais de le suivre jusqu'à ce qu'il décide qu'on s'arrête.

— Vous n'allez pas nous perdre cette fois, j'espère.

— Cela vous dit de nous perdre pour qu'on ne retrouve jamais nos corps ?

— Vous voulez me tuer, c'est donc cela votre plan depuis le début.

— Oui, Taehyung. Je suis navré, je suis un vampire et je vais m'abreuver de votre sang.

Nous partîmes tous les deux dans un fou rire, hilares de nos bêtises.

— Nous y sommes, accepta-t-il de me dire après un certain temps.

J'observais les alentours quand bien même ils étaient ensevelis sous la pénombre. Nous étions réellement perdus dans la nature à l'état sauvage. Ici, le silence n'existait pas, il y avait sans cesse des bruissements dans les arbres et les buissons ou des craquements de branches. Là où il y avait de la vie, il y avait du bruit.

Sans que je n'eus le temps de faire un mouvement pour descendre de la monture, je sentis un bras me tirer en arrière. Je me préparais mentalement, moi et mon fessier, à une rencontre fortuite avec le sol. Mais le bras de Jungkook me réceptionna par l'arrière du dos et ses lèvres m'accueillirent en guise de cadeau de bienvenue.

Là, à l'ombre d'un marronnier avec pour seul témoin, la si belle lune, nous étions en train de nous chérir à l'abri des regards. Nos corps, nos lèvres, nos âmes.

— J-jungkook, gémis-je à bout de souffle, quand la surprise passa.

Des bras dans mon dos me surprirent à nouveau. La surprise n'allait pas passer de sitôt.

— Que-, prononçais-je alors que mon corps s'éleva dans les airs.

Un doigt se posa sur mes lèvres pour que je cesse tout son. Alors, docile, je me tus. Et mon dos entra tout doucement en collision avec l'herbe.

— Ne dites rien s'il vous plaît, profitez simplement de ce moment magique, Taehyung.

Je l'écoutais, comme si je n'avais finalement pas d'autre choix.

J'étais comme pris dans un étau, entre deux biceps musclés, et au-dessus de moi, le visage de Jungkook se présentait à moi.

— J-jungkook, regardez le ciel ! m'exclamai-je en apercevant une pluie d'étoiles. C'est magnifique.

— Je n'en ai pas besoin Taehyung, les voir dans les reflets de vos beaux yeux me suffisent, se justifia-t-il en closant ses paupières.

Ses cils formaient son œil, il détendit ses traits et je ne pus empêcher ma main de saisir sa mâchoire pour l'approcher de mon visage et prendre enfin ce que je voulais. L'essence de ses lèvres sur les miennes.

J'étais en position de faiblesse mais je menais la danse. Une valse endiablée, encore. Mes deux mains agrippèrent fermement sa mâchoire devant moi pour en avoir plus, toujours plus et jamais trop.

Je ne pourrais jamais me passer de lui. Le manque n'existait pas tant qu'on n'avait pas goûté à la chose. Maintenant il était trop tard, j'avais sauté pieds joints dans le bassin. Et ce manque-là, plus que tous les autres, me tuerait à coup sûr.

J'étais tant pris dans l'instant, que je n'ouvris plus les paupières pour admirer le spectacle de la nature. Je savais puisque j'avais vu les étoiles flécher le ciel avant de me laisser submerger par l'obscurité.

— Jungkook, calmez-vous... Attendez, je ne peux plus respirer.

Mon vis-à-vis souleva sa tête une fraction de seconde pour me permettre de remplir mes poumons d'oxygène qui avait un goût bien moins délicat que les lèvres de mon amant.

Mais à mon plus grand désarroi, Jungkook ne revint pas à la charge alors que je sentais déjà ses lèvres prendre possession de mes clavicules.

— Allez, levez-vous. Nous n'avons pas fait tout ce chemin pour copuler sur ce plan d'herbe, n'est-ce pas, me dit Jungkook, les lèvres rougies, en me tendant la main. A en voir votre mine déconfite, c'était ce que vous attendiez, ne vous en faites pas, je réserve cela pour une futur proche. Monseigneur Taehyung, tout vient à point à qui sait attendre et je vous promets que vous ne le regretterez pas.

La frustration et ma fierté démesurée me firent me débrouiller par moi-même. Je faillis perdre l'équilibre une fois sur mes deux pieds mais je tins bon.

J'époussetai rapidement mon pantalon avant d'attendre.

Bêtement.

Longtemps.

— Suivez-moi.

Je le suivis.

Tel un pantin.

Comme si je n'étais que sa poupée et qu'il pouvait me manipuler à sa guise.

Nous descendions de ce « plan d'herbe » qui était en réalité une colline. Tout en bas de celle-ci se trouvait une rivière qui partait d'est en ouest. La noirceur de la nuit avait tout recouvert, mais je pouvais aisément apercevoir quelques installations.

— Allez vous mettre là, profitions de cet instant pour mettre tout cela à plat. Pour accoucher de cet amour qui ne demande qu'à naître entre nous. Je reviens.

Je compris au son de sa voix que c'était un ordre, clair et net. Je devais m'exécuter, alors je ne posais pas de questions.

Tout vient à point à qui sait attendre.

Si je n'avais pas ce besoin qui s'agrippait à mes tripes de savoir ce qu'il me préparait, je pense que je n'aurais pas été si docile. Mais malheureusement, la curiosité était un vilain défaut.

Et j'avais décidé d'être vilain ce soir.

En obéissant.

Paradoxale ? Oui.

Je m'assis à même le sol, et les premières notes de musique s'élevèrent autour de nous.

— Jungkook... Qu'avez-vous encore préparé ?

— Rien de moins que ce que vous méritez, Taehyung.

Pourquoi cet homme, jour après jour, s'avérait-il être la bonté incarnée avec moi ? Moi qui me sentais auparavant si seul, si seulement j'avais su qu'il ne fallait que d'une seule comète gravitant autour de moi pour me défaire de cette solitude.

D'une certaine manière, je me comparais aux planètes. Oui. Elles étaient si belles, si grande à notre échelle, mais potentiellement si banales à la leurs.

Etions-nous beaux aux yeux des autres si nous n'étions pas entier ? Parce que dorénavant je me sentais beau, à mes yeux, maintenant que j'avais enfin mis la main sur ma moitié.

Je sentais des larmes couler de mes yeux sans que je ne leur en donne la permission. Je m'étais pourtant juré de ne jamais plus laisser ce liquide lacrymal dépasser la barrière de mes cils.

Mais il s'agissait d'une occasion particulière, pour une personne particulière.

Alors je décrétai, que cette situation-là serait la seule dans laquelle je m'autoriserais à verser des larmes.

— Taehyung ? Vous pleurez ? me demanda Jungkook en s'étant au préalable abaissé à mon niveau.

J'ancrai mon regard larmoyant dans le sien et lui répondis sans une once d'hésitation.

— Oui, et c'est à cause de vous, Jungkook. Qui vous a autorisé à être ainsi parfait. A un tel point que ma seule vocation est de vous kidnapper et de vous mettre hors d'atteinte. Et de vous chérir jusqu'à la fin de mes jours. Jungkook, êtes-vous un sorcier ?

— Il se peut que nous soyons tous deux victimes d'une malédiction. Mais rien que par le fait qu'elle inclut votre présence, l'antidote irait au feu à l'instant même où il se présenterait à moi. Taehyung, vous avez certes un prince à vos pieds. Mais je me vois agenouillé face à un dieu, mon dieu et uniquement le mien.

Les musiciens, que je n'avais pas vu entrer dans mon périmètre, entamèrent une ode. Je ne saurais définir laquelle, peut-être même n'était-ce pas la première qu'ils jouaient. Je ne savais plus, tout s'était évaporé, l'univers entier s'était flouté pour ne laisser plus que Jungkook face à moi.

— Qu'attendez-vous pour me vénérer alors, prononçais-je pas le moins du monde perturbé par ses mots, enfin en apparence.

Si j'en croyais les images que la lune me permettait de voir, Jungkook affichait, en ce moment, un sourire en coin sur son visage.

— Pas tout de suite Taehyung. Je vous ai préparé quelque chose qui vous plaira sûrement. Je ne vous en dirai pas davantage mais vous saurez tout en temps voulu.

Soudain, un bruit attira mon attention vers les cieux. En restant sur ma position je levais les yeux et aperçus des éclats. Puis des applaudissements de la part de ces musiciens résonnèrent. Je les zieutasi lorsqu'ils retirèrent tour à tour leur masque. Lisa, Jimin, Namjoon, Seokjin, Yoongi et Hoseok se dévoilèrent à nous.

— V-vous ? Vous allez avoir ma mort sur la conscience, le savez-vous ?

Je m'en allais vers eux sans la moindre hésitation et les prirent tous dans mes bras en terminant par Jimin. Je sautais dans ses bras comme si je ne l'avais pas vu depuis des siècles.

— Vous m'avez tous manqué.

— Même nous ? demandèrent à l'unisson Namjoon et Yoongi en ayant sûrement remarqué ma légère peur que je ressentais à leur égard.

— Même vous, confirmai-je.

— Taehyung, regarde derrière toi, me conseilla Jimin.

Naïf comme je l'étais, je pensais qu'il parlait d'admirer les feux d'artifices qui n'avaient pas encore fini d'exploser dans le ciel.

Mais non.

L'image dans mon dos avait des allures de cartes postales.

Jungkook, un genou au sol.

Jungkook, un genou au sol, pour moi.

— Taehyung, je ne peux déclarer notre amour au grand monde mais je ne peux objectivement pas vous laisser libre. Nous devons attendre un peu avant de crier sur tous les toits que je vous ai enfin trouvé. Alors acceptez cette bague en guise de promesse. Celle que je tiendrais coûte que coûte. Que mort s'en suive si je ne respecte pas ces paroles. Mais je vous promets que je vous déclarerai mien avant même que nous n'entamerons notre première valse à ce bal. Je ne danserai qu'avec mon mari à mon bras.

Je ne parvenais pas à arrêter ces cascades qui dévalaient sur mes joues. Je n'arrivais pas à procéder à un seul mouvement. Je n'arrivais à rien. Figé dans le temps, figé dans mon corps.

— Taehyung, répondez s'il vous plaît, je commence à avoir une crampe.

Je faillis rire à cette blague, enfin, je rirais si je ne venais pas de recevoir une telle demande.

— Jungkook, en êtes-vous sûr ?

— Sûr depuis la première fois que je vous ai aperçu.

— Alors c'est un oui, que vous me le demandiez une ou mille fois, la réponse restera inchangée.

Je tombais à genoux et pris son visage en coupe.

— Ce sera toujours oui pour vous et non pour tous les autres.

Sans m'y attendre, Jungkook attrapa ma main gauche et passa un anneau sur le doigt prévu à cet effet.

— Alors portez cet anneau en gage de cette promesse, en attendant que je puisse vous décorer du diamant que vous méritez lorsque je vous sortirai de l'ombre.

Je tombai dans le creux de son épaule, mes jambes ne me tirent plus à cause de l'émotion. Mais avant de se joindre à cette étreinte, Jungkook fit un discret signe de la main dans mon dos.

Nous restâmes là, à genoux, dans les bras l'un de l'autre, un long moment, sans un mot.

***

Je regardais souvent cet anneau, peut-être insignifiant mais elle avait tant de valeur.

Je souriais en repensant à cette soirée.

J'avais peur que ce ne soit que de vulgaires songes.

Mais tout cela se concrétisa lorsqu'à mon tour, je lui offris un anneau.

Un qui ne payait sûrement pas de mine pour un prince tel que lui.

Mais un qu'il avait tout de même pris l'habitude de porter.

Tout ce qui vient de toi ne peut que me plaire.

Enfoncé dans ce fauteuil, je me ressassais en boucle cette soirée. Des non-dits aux feux d'artifices. Du trop plein d'émotions à la passion.

Nous étions tous les deux épuisés lorsque nous rentrâmes au château. La nuit avait élu domicile dans les cieux depuis des heures déjà. Nous connaissions tous les deux un trop plein d'émotions. Un besoin d'extérioriser tout cela.

Nous savions tous les deux que nous ne pouvions pas nous coucher ainsi. Il fallait que nous nous unissions d'une manière où d'une autre. De cette manière et pas une autre.

— Taehyung, j'ai besoin que vous me preniez, me confia Jungkook au bord du malaise. Tout de suite.

— Tout vient à point à qui sait attendre, Jungkook, répliquai-je avec un sourire en coin, en référence à ses mots de tout à l'heure.

Sûrement vexé par ma prise de pouvoir, Jungkook me repoussa du bout des doigts.

Alors que je pensais que Jungkook avait changé d'avis, celui-ci se débarrassa de ses vêtements, un à un, terriblement lentement. Je n'avais qu'une envie, l'aider en les arrachant, brutalement.

Mais je ne pouvais rien faire d'autre que de me contenir.

— Maintenant, vous pouvez me prendre, déclara-t-il une fois nu.

Sans même me laisser le temps d'admirer ses formes voluptueuses, ses courbes parfaites.

— L'avez-vous déjà fait ?

Non.

Alors, pour cette fois, je vénérerai votre corps de dieu.

Tout s'enchaîna si vite. Que j'eus à peine le temps de respirer.

Si l'instant d'avant j'étais sur lui, l'instant d'après je m'étais retrouvé en lui, puis sous lui.

Si au début je voulais faire les choses bien en le préparant correctement, je me rendis rapidement compte que j'adoptais un rythme qui ne laissait de répit à personne.

Aucun mot ne résonna dans cette chambre, uniquement une ode au plaisir. Une ode que je ne me lasserai jamais d'écouter.

— Merci Taehyung, je n'aurais pu rêver mieux, me confia Jungkook avant de clore ses paupières et de fuir dans le monde de Morphée.

Mes pensées revenaient sans cesse à cette union charnelle, à ces aveux silencieux. A ces « Je t'aime » imperceptiblement puissants.

J'avais tant envie de serrer Jungkook dans mes bras, de le libérer de ses obligations princières.

Mais je ne pouvais pas.

***

— Votre Majesté, m'avez-vous fait appeler ?

— Oui, Taehyung. Aimez-vous mon fils ?

Direct.

— Ne vous en faites pas. Si c'est le cas, je ne vous en tiendrai pas rigueur, me rassura-t-elle, une ride d'inquiétude sur le visage.

— Que se passe-t-il alors ?

— C'est que vous rendez mon fils si heureux que je souhaite vous cadenasser à lui pour ne plus le voir malheureux. Mais j'ai peur que lorsqu'il prendra la relève, il ne fasse pas les bons choix pour tout le monde.

— Me demandez-vous de partir, de manière polie ?

— Non, voyons simplement ce qu'il se passera. J'espère juste que vous ne profitez pas de sa position pour fuir quelque chose, ou quelqu'un. Taehyung, souvenez-vous. Personne est intouchable, pas même moi.

Elle venait de briser mon cœur rien qu'en formulant cette hypothèse.

— Vous pouvez disposer, me congédia-t-elle.

Je voulais tellement d'une mère comme elle, qui penserait toujours au bonheur de son enfant avant son honneur.

Madame Jeon...

J'aurais tant voulu vous avoir en tant que mère.

***

Le temps défilait tellement vite, pas plus tard que la veille, Jungkook avait terminé à distribuer les invitations pour le bal.

Je ne pouvais pas réaliser.

La semaine prochaine, cela fera quelques semaines que nous nous étions déclarés notre amour sous les étoiles, au milieu de ces promesses maladroites qui trouveraient leur réalisation dans un futur très proche.

Je ne pouvais pas réaliser.

La semaine prochaine, notre amour serait déclaré au grand jour, mettant un terme à ces mois de baisers volés et de « je t'aime » silencieux.

J'allais enfin pouvoir m'époumoner sur cet homme qui m'apportait tant chaque jour.

Le déclarer mien jusqu'à la fin de mon existence.

***

H-36.

Demain.

La soirée que j'avais si longtemps attendue allait avoir lieu demain.

Demain et pas un autre jour.

Ce jour était à la fois si proche que je ne pourrais plus faire demi-tour mais si loin parce tant d'heures séparaient de ce moment.

Je ne stressais pas, j'étais si excité.

Je voyais le personnel partir à droite à gauche mais je demeurais impuissant.

C'était désastreux. D'ainsi rester au lit au risque de me prendre un regard noir de la part de mon amant.

Fichue rhume.

H-30

Des dizaines de mouchoirs jonchaient le sol, mon nez lui ne s'en importunait pas. Mais il n'aurait pu y avoir pire timing.

Rester cloué au lit n'était pas une activité que je chérissais particulièrement, je devrais être aux côtés de Jungkook, qui courrait à droite à gauche pour préparer le bal.

Nous avions convenu que le thème de ce bal masqué serait d'ombre et de lumière. Les invités devraient s'habiller de couleur sombre pour contraster avec les jeux de lumière de la salle. Sauf moi. Je serais l'intrus démasqué, l'invité d'honneur tout de blanc vêtu.

H-24

Ma tête me faisait mal. Et à en croire l'état de mon nez, le reste de mon visage ne devait pas être dans un meilleur état.

Toc toc toc

— Entrez, je vous en prie, parvins-je à prononcer d'une voix faible.

La poignée s'actionna avant de laisser entrer la silhouette d'une personne que je connaissais bien maintenant.

— Madame Jeon... Il ne fallait pas vous déranger...

— Taehyung, je vous ai déjà dit de ne plus m'appeler ainsi. Je vous ai laissé me tutoyer mais n'en demandez pas trop.

En voyant qu'elle se rapprochait de mon lit, je couvris mon visage de ma main. Je ne voulais pas qu'elle se retrouve dans un état pareil au mien. Je sentais de la transpiration me couler des tempes et lorsque j'avais levé ma main, j'y remarquais des tremblements.

Madame Jeon posa son plateau sur lequel étaient posées une théière ainsi que deux tasses assorties. Elle ne tarda pas à poser sa main sur mon front.

— C'est étrange, vous n'avez pas de fièvre. Êtes-vous sûr de n'avoir rien attrapé ?

— O-oui. Je fais toujours super attention en hiver et cette année encore plus...

— Tenez, Taehyung, buvez ceci et reposez-vous. Je vais vous chercher un médecin.

— Mmmh, merci, madame. De tout ce que vous faites pour moi.

— Ne me remerciez pas, Taehyung. Tant que vous rendez Jungkook heureux, je vous considèrerais comme mon propre fils.

Et elle quitta la pièce après m'avoir susurré ces doux mots.

Cette femme tout comme son fils étaient des perles rares sur lesquels j'avais été chanceux de tomber.

Mes forces me quittèrent alors je tombais dans les bras de Morphée.

H-12

Je me fis réveiller par des papouilles dans les cheveux, celles-ci étaient délivrées par une main que je savais désormais reconnaître. Je voyais Jungkook assis au bord du lit en train de veiller sur moi.

— Comment te sens-tu, mon amour ?

— Mieux, beaucoup mieux. Merci de demander. M'avez-vous appeler 'mon amour' ?

Jungkook parvenait à me tutoyer depuis quelque temps mais de mon côté cela ne voulait pas sortir.

Cela renvoyait mon cerveau à notre ivresse amoureuse, à cette nuit dont je ne pensais pas la fin cruelle.

— Oui, y a-t-il un problème ?

— Non, pas le moins du monde. Quelle heure est-il ?

— Mmmh, presque dix heures. Il te reste un peu de temps pour te reposer. Fais moi une place dans mon lit.

— Mais je vous en prie, votre Majesté, lui répondis-je d'une voix solennelle.

Riant de nos bêtises, riant de nos instants de légèreté.

— Taehyung, ne veux-tu pas te reposer encore ?

— Non, dis-je, catégorique.

— Veux-tu manger quelque chose ? retenta-t-il.

Je ne m'habituerais jamais à ce tutoiement. Ce retour de tutoiement.

— Qu'avez-vous- qu'as-tu à me proposer ? me repris-je conscient que ce n'était pas un si grand pas dans notre relation.

Un éclair indéchiffrable était passé dans son regard lorsque je m'étais repris.

Maintenant j'étais curieux.

— Ah, mais, tout ce qu'il y a dans la cuisine. Il n'y a qu'à demander et je te ferai servir cela.

— Et si je n'avais pas faim de ce qui se trouve dans la cuisine ?

Je ne me sentais plus si malade là, d'un coup.

— Qu'est-ce qui t'intéresserait alors, hm Taehyung ? Dis-le moi et je suis à toi.

— Prends-moi dans tes bras, s'il te plaît.

Aucune hésitation.

— Taehyung, ne te rends pas malade de stress, s'il te plaît. Tout va bien se passer, ce soir.

— De stress ?

— Oui, mère a déjà eu les mêmes symptômes que toi avant son mariage avec père.

— Oh, il me semble n'avoir jamais vu votre père...

— Il est décédé à la guerre alors que je n'étais qu'un enfant.

— Te manque-t-il ?

— Non.

— T'as-t-il déjà manqué ?

— Oui.

— Comment l'as-tu oublié alors ?

— On ne peut oublier un être cher, seulement avancer avec ses souvenirs.

— D'accord. Je t'admire tant pour ta force, Jungkook.

— Je sais. Mais Taehyung, un jour tu te verras comme je te vois. Un homme fort, rempli de talents et d'une beauté surhumaine.

Je ne savais pas quoi lui dire, ce n'était dans aucun de mes scripts. Je ne connaissais que l'amour factice, écrit, tracé. Personne ne m'avait dit qu'en réalité il était inattendu, spontané et si beau. Ô combien je ne me sentais pas mériter tant. Ô combien je pensais qu'un homme de cette qualité se retrouverait avec quelqu'un de bien mieux que moi. Ô combien j'avais pensé qu'après avoir tant réussi dans ce métier que j'avais toujours affectionné, je n'aurais jamais plus de chance, pour rien.

H-6

Il ne restait qu'une poignée d'heures avant le début du bal, celui qui annoncerait la fin de ce secret, notre exposition à tous.

Avec Jungkook, nous étions restés dans le lit à discuter de sujets plus ou moins profonds. Nous avions partagé un repas et échangé des mots, encore.

Si ses mots pouvaient sembler insignifiants pour les autres, pour moi, ils étaient tellement lourds de sens. Si puissant que j'en comprenais même les phrases invisibles, et l'essence même de leur origine.

Je comprenais à nouveau que cet homme devant moi serait le seul à pleinement me compléter.

Je me sentais si chanceux.

— Taehyung ? Il faut que nous nous préparions si nous ne voulons pas arriver en retard.

— Mmmh, oui, bien sûr, lui répondis-je à moitié perdu dans le moment.

A contre cœur je me détachais de lui, je n'avais aucune envie de le lâcher même si ce n'était que pour une seule seconde.

H-0

C'était l'heure, je ne pouvais plus faire demi-tour. Jungkook à mon bras, je me sentais capable de dominer le monde. J'étais capable de tuer un homme de mes propres mains, d'avoir du sang dessus pour l'en préserver.

Quel genre de monstre me fais-tu devenir, Jungkook ?

— Messieurs, il va être l'heure pour voir de faire votre entrée. Les invités sont tous arrivés.

Comment faisait-il ?

Comment faisait-il pour être si confiant ? Si sûr de lui ? Avec son air supérieur et son humilité désarmante.

Mon corps entier se tendit alors que rien n'avait encore officiellement commencé. Je fermais mes mains en forme de poing et pressais mes ongles dans la chair à m'en faire saigner.

Ce n'était pas beau à voir.

Je sentais des gouttes de sueur me couler le long des tempes.

Je sentais des gouttes de sueur me coller à la peau.

Je sentais des gouttes de sueur prendre peu à peu possession de ma personne.

— Taehyung, respire, tout va bien se passer, me chuchota Jungkook d'une voix tendre à l'oreille. Tout est ok, tout sera ok tant que nous serons ensemble. Promis.

Les rideaux se levèrent, je commençais déjà à apercevoir le noir que formait les invités dans la salle de réception.

Je ressentais déjà l'angoisse de confronter des personnes qui n'aimaient pas les couples homosexuels.

Toutes les émotions survinrent d'un coup, tel un coup de massue. Celles dont je n'avais pas à me préoccuper quand nous étions seuls.

— Taehyung, calmez-vous, me rassura-t-il en s'éloignant de moi.

Il m'avait prévu qu'il y aurait quelques changements et j'y avais adhérés.

— Tu ne seras jamais seul, dans une dizaine de minutes, nous serons réunis pour l'éternité.

Je le laissais s'en aller. Mon prince tout de noir vêtu. Tel le Yin et le Yang, nous serions dans peu de temps à jamais réunis.

Je soufflais un bon coup pour reprendre mon souffle. Reprendre contenance. Reprendre possession de moi. Mon corps. Mon esprit.

Pourquoi ressentais-je déjà le manque ?

Pourquoi ressentais-je l'envie de lui courir après mon petit roi.

Ma moitié.

Ma partie complémentaire.

Mais il fallait, il fallait que je reste là.

Je le savais pour que tout se passe comme il avait été prévu.

— Monsieur Kim, votre entrée est prévue d'ici quelques secondes. Un conseil, respirez un bon coup et tout se passera si vite que lorsque vous le reprendrez, le plus dur sera déjà fait.

— Merci, Henri.

Je fermais les yeux une demi-seconde en tentant de visualiser ce qui se présentait derrière le rideau.

Et il se leva.

Mécaniquement, machinalement, j'avançais.

Une action à la fois, je me concentrais uniquement sur mes jambes.

Et quand je levais les yeux du sol que je regardais sans voir après avoir atteint le point qui me paraissait être là où je devais être, je m'arrêtais.

Et ce n'était que là que j'observais tout autour de moi.

A mes côtés, légèrement en retrait, je reconnaissais les membres du personnel, vêtus tous de blanc immaculé, comme moi.

Pile en face de moi, à égale distance du centre, je retrouvais mon prince. Mon roi. Avec son armée de personnes habillées en blanc derrière lui. Il m'accorda un sourire en coin, mais je ne pouvais voir l'expression de ses yeux, voilée par ce morceau de tissu. J'étais réellement le seul qui n'était pas masqué.

La musique se lança. Jungkook fit un pas dans ma direction et m'invita à en faire de même. Jusqu'à ce que nous nous retrouvions au centre de ce carrelage, de ce terrain de jeu, de ce damier.

— Puis-je dire échec et mat', si aucun roi n'a daigné tomber ? me questionna Jungkook, juste dans le creux de l'oreille.

— Ce ne serait pas un face-à-face illégal ? Un roi n'est-il jamais destiné à rencontrer son ennemi, à être si proche de lui ?

— Pas si tu fais tomber ma couronne, me répondit Jungkook, attentif à chacun de mes gestes.

Je levais la main pour attraper le rebord de ce bijou et sans que je m'y attende, la main de Jungkook se plaça dans mon dos et me renversa de sorte à ce que je sois dans une position perpendiculaire à la sienne.

— Echecs et mat', Taehyung, me souffla-t-il en me volant un baiser.

Cette soirée se poursuivit ainsi, très vite, chaque invité trouva dans le groupe en blanc, un partenaire de danse. Très vite, des dizaines de toupies noires et blanches tournèrent dans toute la pièce.

Depuis quand est-il indispensable de mater dans une partie de jeu ?

***

Quelque part, ailleurs.

Dans un autre monde, dans une autre vie...

— Taehyung, si vous vouliez bien sortir de vos pensées, cela m'arrangerait bien. Je ne sais pas ce que vous vous imaginez depuis peu dans mes cours mais je vous prierai de vous reprendre afin de redevenir l'élève modèle que vous avez toujours été.

— Oui, je suis désolé madame Yang, cela ne se reproduira plus.

Sa voix m'avait bel et bien sorti de mes pensées. Celles dans lesquelles cette réécriture de Roméo et Juliette m'avait transporté.

Oui je ne saurais dire quels sont leur nom. Puisque j'y avais soigneusement apposé le mien et celui de mon amant.

— Bien, que je vous y reprenne pas alors, fit Madame Yang en me grondant un peu avant de se retourner vers le reste de la classe. Bon, les élèves. Je sais que c'est une pièce de théâtre qui n'est pas communément donnée à lire. Mais c'en est une qui m'a beaucoup touchée et lorsque je l'ai vue au programme, je n'ai pas su y résister.

— Madame Yang, de qui est cette œuvre ?

— Elle est anonyme, probablement pour préserver la sécurité de l'auteur. Mais bon nombre de chercheurs pensent qu'il s'agit de l'autobiographie de ce Kim Taehyung.

Kim Taehyung.

Peut-être bien que je n'avais pas imaginé ces noms. Quoi qu'il en était, je replongerais certainement dans cet univers hors-du-temps.

Peut-être bien que ce bouquin était le portail vers un monde parallèle et j'espérais que dans cet endroit, quel qu'il était, Taehyung et Jungkook connaîtraient le même bonheur duquel je jouissais actuellement.

— Et, que se passe-t-il après tout ça, demanda un autre élève.

— Nous n'en savons pas plus que ce qui vous a été donné de voir, les enfants. Nous ne pouvons que supposer qu'ils aient pu vivre heureux jusqu'à ce que la mort les sépare. Ou bien que l'amour ait perduré même après cette fin présumée. Comme celui de Roméo et Juliette, qui a continué de briller pour réchauffer des cœurs amoureux.

— Je trouve que c'est une véritable ode à l'amour, madame. L'amour imposé par nos cœurs, qui nous fait devenir esclaves de nos sentiments. Je pense que monsieur Kim et Monsieur Jeon ont donné de l'espoir aux gens. L'espoir d'un amour au-delà de tout, du sexe en premier lieu, mais aussi des classes sociales.

Parce qu'il est important de préciser que l'amour ne réunit pas ce que les gens ont, mais bien ce que les gens sont.

***

— Jungkook, même si vous êtes le fléau de mon existence, vous êtes l'objet de tous mes désirs. Je vous en supplie, soyez mien autant que je souhaite devenir vôtre.

Main sur le cœur, cœur sur la main. Je lui faisais là mon énième déclaration, sans jamais m'en laisser.

— Qu'est-ce que je t'aime, petit con.


FIN


J'espère que ça vous aura plu.

J'ai pris tellement de plaisir à l'écrire...

N'hésitez pas à laisser votre avis !

A plus pour de nouvelles aventures, guys.

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