Partie 2
Les jours qui suivirent se passèrent plutôt bien. Jungkook était revenu comme nous l'avions convenu. L'ambiance n'était pas pesante mais plutôt joviale et amicale. J'aimais beaucoup cela. Il n'y avait pas un jour où nous ne riions pas des pitreries de Jimin et Hoseok. Il n'y avait pas un jour où nous ne charrions pas Namjoon pour sa maladresse. Il n'y avait pas un jour où j'avais pu tenter quelque chose avec Jungkook.
Pas un jour où nous nous étions adressés la parole en dehors du cadre professionnel.
Pas un jour où mon cœur n'avait pas battu la chamade à sa proximité.
Pas un jour où il avait daigné me montrer un signe de remise en question...
***
Trois jours plus tard, tout était prêt. J'avais tenu à ce que tout se passe très vite. Je ne souhaitais pas faire traîner les choses pour ensuite en souffrir.
— Bon, camarades, je sens que vous êtes prêts à vous produire devant un réel public. Je suis fier de votre investissement et de ce que l'histoire rend grâce à vous. Nous allons distribuer les prospectus. Mettez-vous par groupe de deux, je vais aller chercher ce dont nous avons besoin.
Je sortis et me dirigeais vers ma demeure à quelques dizaines de mètres. Je récupérais la pile de papiers que j'avais préparée en amont quelques jours plus tôt.
Rapidement, j'avais récupéré ce dont j'avais besoin et je m'étais rendu là où j'avais laissé le reste du groupe.
Au plus je progressais au mieux je me rendais compte que je n'avais pas tant de temps que cela à passer à leurs côtés.
J'étais triste parce que je laissais non seulement cette âme que la mienne avait su reconnaître partir mais j'avais trouvé en Jimin, Hoseok, Namjoon, Seokjin, Lisa et même Yoongi, des amis sur lesquels j'aurais su compter.
Ils allaient me laisser.
Et j'allais de nouveau me retrouver seul.
— Bien, vous vous êtes surpassés, je suis heureux de constater vos progression rapide, les félicitai-je pour leur investissement.
Pour cacher mon malheur.
Je balayais la pièce du regard, m'attendant à ce que celui que je convoitais soit dans le mien. Mais rien... Il me fuyait.
J'avais volontairement omis de mentionner leur départ, pas une seule personne n'avait daigné m'accorder cette information même si je l'avais en ma possession. C'était comme si... c'était comme si Jungkook comptait s'enfuir, s'évaporer dans le silence de la nuit...
***
La représentation finale allait avoir lieu ce soir. Un mauvais pressentiment serrait mes tripes depuis presque vingt-quatre heures. Mes mains tremblaient et leur moiteur ne voulait pas me quitter.
Je savais que ça allait être ce soir...
Mais je ne voulais pas me rendre à l'évidence.
Je montais sur l'estrade. J'observais la foule dans cette pièce pleine à craquer, mais je ne voyais rien. Je me saisis de mon micro pour annoncer la pièce qui allait se jouer devant eux. Mais je n'y arrivais qu'à moitié. Ma voix n'était pas reconnaissable à mes oreilles. Comme si je n'étais pas la personne qui parlait.
Comme si j'anticipais la perte d'une partie de moi.
J'observais mon propre corps comme si j'étais mort, en tant que spectre en dehors de mon corps...
Je me voyais plier le corps en deux face à ce public qui ne voyait pas mes maux.
Je les entendais applaudir.
Je les voyais applaudir.
Mais je ne les sentais pas applaudir.
Comme si tout n'était qu'un rêve.
Oui, c'était un mauvais rêve et lorsque je me réveillerais, tout irait bien.
Tout irait mieux.
La représentation avait été si belle. Tout était si parfait...
Éclairé de la lumière de Jungkook...
Cela me sembla paradisiaque.
Jusqu'à ce que l'appréhension ne me gagne.
Lorsque je me souvins que dans la pièce, Jungkook devrait embrasser Lisa. Tout comme Roméo embrassait sa belle.
Je savais que je ne supporterais pas cette vision.
Alors je sortis par la porte à l'arrière, préférant les attendre ici.
***
— Tae-Taehyung ? Vous êtes là ? me surprit Jungkook, à peine la présentation achevée.
— Je suis là, et vous aussi, mais plus pour longtemps, ai-je tort ? je prononçais ces quelques derniers mots à voix basse, de sorte à ce qu'il soit le seul à les entendre, et je m'assurais de correctement ancrer mes pupilles dans les siennes pour y repérer la moindre trace de mensonge. La moindre supplication.
Comme je m'y attendais, il n'y en avait pas.
Je n'y voyais rien.
Du vide.
Comme si des larmes allaient se former.
— J-je suis désolé, Monseigneur. Vous ne méritiez pas cela. Non, vous méritez quelqu'un qui vous aime autant que moi. Mais cette personne ne peut être moi... je suis désolé...
Je voyais ses larmes se battre contre la bordure de ses cils.
Les pulpes de mes pouces brûlaient d'envie de le câliner. Pour leur chuchoter que tout irait bien.
— Je suis terriblement désolé, Taehyung... de tant de choses. De ne pas pouvoir me faire pardonner... Je m'en irais ce soir. Ne gardez pas en tête l'image de mon visage larmoyant, je vous en prie. Pas quand vous m'apparaissez toujours avec un sourire éclatant à en faire jalouser les cieux.
Sans crier gare, il tourna les talons. Je restais pantelant. Les bras pendants. Regrettant de ne pas avoir agi. Regrettant de l'avoir ainsi laissé partir.
***
Taehyung, il faut que tu comprennes à un moment de ta vie que te cacher derrière la fuite ne t'amènera jamais à rien.
Je me répétais cette phrase en pleurant dans mon oreiller.
Comme quelques années auparavant.
Comme un lâche qui avait préféré fuir plutôt que de s'expliquer devant ses parents.
Comme un homme qui n'avait pas à fouler la terre aussi fièrement que je le faisais.
Maman, papa, vous me manquez tellement...
Je vous aimais tellement...
Pourquoi m'avoir rejeté de la sorte ?
Tout cela parce que j'aime les hommes et que je souhaite prospérer grâce à mon art.
Maman, papa, pourquoi Jungkook fait-il exactement la même chose que vous ?
Pourquoi en venais-je à les comparer ?
Pourquoi la peine me faisait-elle dire de telles immondices ?
Parce que, je savais au fond de moi qu'ils n'avaient rien en commun.
Je savais qu'ils devaient partir, sortir de ma vie pour y laisser Jungkook.
Je ne pouvais rester ainsi.
Je ne pouvais rester assis.
Alors j'agis...
Les yeux rougis, je me vêtis d'un pantalon et d'un t-shirt.
Je ne pouvais pas le laisser partir sans avoir tenté tout ce que je pouvais.
Et même au-delà de ce que je pouvais...
Il suffit de le vouloir suffisamment fort pour l'avoir, Taehyung chéri, me répétait régulièrement ma maman avant que je ne m'endorme.
Et je voulais Jungkook, à un point au-delà de l'imaginable, d'une force qui résidait habituellement dans le monde onirique.
***
— Jungkook, criai-je à cette fenêtre tout en y jetant des pierres. Je vous en supplie, ouvrez moi. Vous m'êtes indispensable et je n'adhère pas à vous laisser partir pour vivre avec des remords tout au long de ma vie.
Les volets s'ouvrirent suite à cet énième appel pour laisser apparaître mon Jungkook, sur le point de partir. La pluie battait son plein, mais, je restais là. A le supplier, presqu'à genoux de ne pas s'en aller. De ne pas me laisser.
— Taehyung, je vous en supplie. Le voisinage se plaint. Retournez chez vous, il est tard...
— Jungkook... vous n'êtes pas encore parti, n'est-ce pas ?
— Que me voulez-vous, au juste ?
— Jungkook, réfléchissez-y à deux fois avant de vous en aller. Je vous en conjure. Pensez à ce qui pourrait vous manquer ici, une fois que vous ne serez plus là.
— Je dois partir, c'est tout ce que vous devez savoir...
— Voulez-vous partir ?
— Non...
— Alors, restez ?
— Non, me répondit-il d'un ton plus sec. Je l'aurais fait si la possibilité, même la plus infime, se présentait à moi...
— Restez, s'il vous plaît.
Restez pour moi...
— Restez, pour notre amour... Jungkook, ne le laissez pas mourir alors qu'il n'a même pas pu voir le jour, cela ferait de vous un homme tellement cruel, vous ne pensez pas ?
— Mais monseigneur Taehyung, regardez-nous. Comment pourrions-nous vivre un amour dénué de tout tabou ?
— Eh bien, qu'avons-nous donc, Monsieur Jungkook. Je vous aime et vous m'aimez en retour, n'y voyez-vous aucun problème ?
— Le problème est que nous ne pouvons agir à notre aise. Le problème est que, si même Roméo n'a pu vivre auprès de sa Juliette. Comment Jungkook pourrait vivre auprès de son Taehyung ?
— Jungkook, écoutez-moi. Donnez-moi, je dirais, une seule soirée pour vous montrer vos torts. Pour vous montrer que l'issue à l'amour n'est pas uniquement le passage à la demeure de la Faucheuse. Je vous en supplie, une seule soirée, et puis, je disparaîtrai de votre vie, si tel est votre souhait.
Jungkook souffla un bon coup avant de me dire qu'il m'attendait en bas pour m'ouvrir.
J'étais si heureux que je me dépêchais, sans prendre la peine de me protéger de la pluie battante.
Je n'eus même pas à attendre plus d'une seconde que j'aperçus son regard timide ainsi que le reste de son corps juste derrière la porte.
Je ne tenais pas à davantage le détailler, et m'avançais de deux grands pas pour le prendre dans mes bras.
Je croisais mes deux bras dans son dos à la manière d'un étau.
Je nichais mon nez dans la courbe de son cou.
Je savourais chaque fragrance de son parfum pour le marquer au fer rouge dans mon esprit.
Il restait immobile dans ma prise, pétrifié, ne sachant quel mouvement opérer.
Il était vrai que cela faisait un moment que nous n'avions pas été si proches.
Je ne me rendis compte que maintenant d'à quel point mon corps était affamé du sien.
Il tenta de s'échapper de ma prise en gigotant entre mes bras.
— Non, s'il vous plaît Jungkook. Juste un instant...
— J-je vais juste fermer la porte. Installez-vous à votre aise.
Je sentais son corps svelte quitter le contact du mien pour se rendre dans mon dos.
J'entendis la porte claquer avant que ses pas légers ne le mènent à nouveau devant moi. Il ne reprit pas sa place initiale, laissant à la place quelques pas en nous.
— J-jungkook... Êtes-vous réel ? Je veux dire... qui êtes vous réellement ?
Il se figea devant moi. Puis une vague d'incompréhension ternit ses belles prunelles.
— Q-que voulez-vous dire ? Je ne comprends pas bien là, je crois...
— Qui êtes vous ? Vous êtes un homme tellement complexe et paradoxal que je ne saurais un jour vous cerner.
— N'en parlons pas maintenant, je vous prie. Allez prendre une douche avant, vous êtes trempé et risquez de prendre froid.
— Vous serez là à mon retour ?
— Je ne compte pas laisser mon destrier galoper alors que les torrents recouvrent toute la région, ce serait irraisonnable et contre-productif.
— Bien...
— Allez faire votre toilette, je vais ressortir le nécessaire pour cette nuit.
Je fis ce qu'il me dit et profitais d'une bonne douche pour me détendre.
Son eau n'était pas si chaude mais plutôt tiède.
Je pris garde à ne pas vider tout le sceau au cas où il souhaiterait se nettoyer.
Tout cela fut rapide...
Tout était si précipité dans ma vie...
Tous se hâtaient de quitter ma vie.
D'abord Jimin qui m'avait annoncé dans l'après-midi qu'à peine deux heures plus tard, ils partiraient tous.
A l'exception de Jungkook.
Je n'avais pas grand chose à mettre, alors je décidai de remettre les vêtements que j'avais mis pour venir.
Et je sortis de la salle de bain.
— Taehyung, tenez. C'est du linge propre que Namjoon a oublié. Vous savez comme il est tête en l'air ahah. Ce sera un peu grand mais bien plus confortable pour dormir.
— Merci...
Je retins de justesse mon interrogation.
Pourquoi n'êtes-vous pas tous partis ensemble ?
Espériez-vous secrètement que je vous retrouve ?
Ne sachant pas où me mettre après avoir bu, je décidais de simplement m'asseoir sur le canapé en attendant qu'il sorte de la douche.
***
J'étais gêné.
Je devais intérieurement penser qu'il ne m'ouvrirait pas.
Cela faisait bien une demi-heure qu'il m'avait rejoint sur ce canapé.
Une demi-heure que nous nous regardions dans le blanc des yeux.
Une demi-heure que la pluie berçait nos conversations silencieuses.
Une demi-heure que je cherchais à combler le vide qui nous noyait.
— V-vous avez faim ? me demanda Jungkook en brisant ce silence d'une petite voix.
— Vous auriez de l'alcool ? Je pense que nous en aurions tous les deux besoin.
— O-oui, je vais nous en servir... déclara-t-il en s'éclipsant dans une pièce attenante au salon.
N'avait-il pas déjà emballé ses affaires pour partir ?
Je m'adossais au dossier du canapé tout en pressant mes tempes à l'aide de mes mains.
— Taehyung...
— Oui, répondis-je en levant les yeux vers lui. Que se passe-t-il ?
— Aidez-moi à arrêter ce boucan dans ma cage thoracique en votre proximité. Ceci est bien la dernière chose dont j'ai besoin. Avoir un amoureux, murmura-t-il dans sa barbe.
— Pourquoi vouloir cela ? Ne vous ai-je pas suffisamment montré les bienfaits de l'amour.
— Si, c'est bien là ce qui m'effraie. Je ne tiens pas à connaître toutes ces choses positives alors que je sais qu'elles me seront enlevées un jour où l'autre.
— Expliquez-moi Jungkook. Je suis là pour vous écouter. Pour vous aider...
— Buvez, je vous en prie. Peut-être qu'enfin ma langue vous sera déliée et mon cerveau libéré de cette emprise. Buvons à votre santé, à notre santé. A notre santé dans une vie où nous aurions pu être ensemble.
***
— Taehyung... m'apostropha un Jungkook qui avait déjà vidé quelques verres...
— Hmm
— Tu te souviens de la nuit où nous nous sommes embrassés ?
Tu.
— Oui, bien sûr.
— J'y repense chaque soir...
— Moi aussi...
— Non, tu ne comprends pas... Je repense chaque fois à recommencer.
— Qu'est-ce qui t'en empêche chaque fois ?
— Tout.
— Et qu'est-ce qui t'en empêche maintenant, maintenant que nous sommes seuls?
— Rien.
— Alors, qu'attendez-vous, mes lèvres n'attendent que les vôtres, répondis-je narquoisement en utilisant en toute conscience le vouvoiement.
— Non, tutoie-moi, je t'en supplie. Je ne supporte plus la distance que tu nous imposes avec ce foutu vouvoiement de mes deux.
— C'est que vous devenez sauva-
Sans que je ne puisse prononcer un mot de plus, il fondit sur moi pour lier nos lèvres dans une danse endiablée. Mes mains se placèrent instinctivement sur ses hanches comme si leurs places avaient toujours été là. Enfoncé dans le canapé de Jungkook, celui-ci réduisit les derniers centimètres entre nos corps en approfondissant notre baiser.
S'il était d'abord penché sur moi, courbé en deux dans un angle inhumain, désormais, il se trouvait à califourchon sur moi. Ses pieds encadraient mon bassin tandis que ses doigts étaient agrippés au col de ma chemise, comme si je pouvais fuir à tout moment.
Comme si je pouvais fuir sans risquer d'y laisser ma vie.
Je perdis à nouveau la notion du temps, comme la première fois.
Tout était confus. La tension avait éclaté, la passion avait pris possession de nous.
Mais encore une fois. L'air nous manquait.
Putain.
Je me décollais à contre-cœur de ses lèvres pécheresses, de quelques millimètres à peine, à la frontière de la limite létale.
Mes doigts, quant à eux, restaient solidement enfoncés dans ses reins, tout comme ses jambes aux miens. Il avait déplacé ses bras pour les enrouler autour de mon cou, pour me garder au plus près de son corps.
— Je t'en supplie, Taehyung, ne t'arrête jamais.
— A tes ordres, mon ange.
Je laissais cependant ses lèvres seules tandis que les miennes partaient à la recherche de ses clavicules.
Du bout de mes lippes je laissais une traînée humide derrière mon passage. Il gémit d'abord de mécontentement de ne pouvoir s'unir à moi, mais bien vite il changea d'avis. Il rejeta sa tête en arrière pour que j'accède à l'entière partie de sa gorge.
Je crus devenir fou.
Je devins fou.
Fou de rage, fou d'amour.
Je profitai qu'il ait basculé son poids en arrière afin de me lever.
— Ta chambre ? grognai-je entre deux souffles.
L'animal sauvage en moi s'était réveillé face à la vulnérabilité de ma proie.
Presque sans délicatesse, je posais le haut de ce corps frêle sur le lit. De suite, ses cheveux s'étalèrent à la manière d'une auréole.
Mon ange.
Je posais mes avant-bras de chaque côté de son visage et sans laisser durer cette envie perdurer davantage entre nous, je scellais à nouveau mes lèvres dans un baiser passionné.
Sans douceur, sans secret.
Nous étions tous les deux mis à nus face à l'autre.
— Taehyung... je te veux si fort... gémit Jungkook, si bas que je crus mal avoir interprété ses paroles.
Il se redressa dans une faible mesure et retira son t-shirt.
Il offrit à mes yeux bénis la vue de ses abdos définis que je n'avais pu voir que de loin.
— Je ne peux t'offrir ce que tu me demandes mais je peux tenter de compenser cette frustration, Jungkook...
— Je le veux vraiment Taehyung. Fais-le avant qu'il ne soit trop tard, je t'en supplie.
— Non, Jungkook, tu n'es pas dans un état suffisamment lucide et moi non plus. Ne vivons pas avec des regrets.
Je ne lui laissais absolument pas l'occasion de riposter. Mes lèvres se positionnèrent sur son bouton de chair droit avant de le taquiner sans qu'il ne puisse réagir de quelque manière qui soit.
Ses doigts agrippèrent les draps sous lui, il se tordait dans le peu d'espace que mon corps lui laissait et ses lèvres laissaient s'échapper une succession de notes qui formèrent une mélodie que je ne pourrais jamais oublier.
— T-Taehyung, s-s'il te p-plaît... je suis prêt. Je veux que tu sois mon premier...
— Non, mon ange, tu n'es pas prêt. L'alcool te fait croire que tu l'es. Ne joue pas avec moi sur ce terrain glissant, s'il te plaît, lui répondis en replongeant sur son torse. Précisément sur le second téton que j'avais jusqu'alors laissé en paix.
***
Affecté par ces sensations nouvelles, Jungkook s'était assoupi sur ces draps en coton. J'avais pris soin de relever sa tête sur son oreiller sans le réveiller. J'avais relevé la couverture sur nos corps souillés par le plaisir pour nous cacher dans l'intimité de la nuit.
Par le faible de la Lune, le visage de mon amant d'un soir était éclairé. De ma main droite, je caressais ses mèches de cheveux hirsutes. Je me demandais de quoi il rêvait. A quoi il pensait. Ce que demain il ferait.
Jungkook... pourquoi avoir cédé ce soir, n'allez-vous donc pas partir, n'est-ce pas ?
Je n'arrivais pas à me résigner à m'endormir à mon tour. Bien trop préoccupé par ce qui allait nous arriver le lendemain.
Je préférais profiter de chaque moment qu'il nous restait.
***
Je pensais être suffisamment doux, mais un de mes mouvements dut le réveiller puisqu'une paire de pupilles chocolat s'ouvrit à moi.
Allongé sur le flanc, je sentis une faible poigne me retourner sur le dos.
Jungkook posa son fessier sur mon bassin, à la limite de mes cuisses. Il ne sembla pas mesurer la dangerosité de ses actes.
— Taehyung, n'ai-je donc pas rêvé ? Vous êtes bien là, n'est-ce pas ?
Le retour du vouvoiement me prit au dépourvu. Regrettait-il ?
Je pris quelques secondes avant de daigner lui apporter une réponse.
— Oui, je suis là mon ange.
Je me retins de justesse de dire que je serais toujours là, même quand il ne voudrait plus de moi.
— Taehyung, j'ai fauté. Je vous en supplie, pardonnez-moi.
— Pardonner quoi ?
— A moi, d'avoir abusé de vous.
— Vous n'avez rien f-
J'étais plus que consentant.
Mais je n'avais pas eu l'occasion de finir ma phrase que ses lèvres se posèrent faiblement sur les miennes.
L'humidité de ses larmes coulait entre nos lippes.
La saveur était celle d'un adieu.
D'un baiser d'adieu sous la pluie, comme dans les séparations que je mettais en scène.
— J-je vais aller me préparer. Oui, c'est ce que je dois faire. Me préparer, se répéta subitement Jungkook en se redressant.
— Vous avez à peine dormi 2 heures, Jungkook. Reposez-vous encore quelques heures, ce n'est pas raisonnable de sortir dans cet état.
— Vous m'avez déjà mis en retard, Monseigneur. Je dois vraiment partir. Merci pour cette nuit que vous m'avez fait passer. Adieu...
Il se précipita dans sa salle de bain en me laissant penaud dans sa chambre. Il n'y avait pas le moindre doute quant au fait qu'il regrettait, du moins en façade.
Comment avait-il pu me dire qu'il ne voulait plus de moi après avoir passé une nuit à mes côtés ? M'avait-il réellement dit qu'il ne voulait plus de moi ? Comment parvenait-il à prononcer ces mots de cette voix qui m'avait envoyé dans les limbes du paradis et des enfers alors que je sentais les frémissements de sa main à mon contact ? Je ne pouvais croire qu'il n'éprouvait en fait rien pour moi. Comme si je n'étais qu'une expérience à faire dans une vie et que quelqu'un d'autre l'attendait déjà dans son lit.
Comment ces mots pouvaient-ils dépasser la barrière de ses lèvres alors que je voyais les larmes se battre à celle de ses yeux ? Alors que dans ses prunelles j'y lisais une supplication, celle qui m'implorait de ne pas le quitter.
Alors, à ce stade, qui devais-je croire ? Ses yeux ou ses mots ? On disait pourtant que les yeux étaient le reflet de l'âme alors j'eus l'espoir que tout n'était pas fini.
— Taehyung, s'il vous plaît, partez, me supplia-t-il en voyant que je me trouvais toujours au moment endroit que là où il m'avait laissé quelques minutes plus tôt. Tout ce que nous venons de faire était une erreur. Que vous acceptiez de partir ou non, je le ferai. D'ici quelques instants, avant le lever du soleil, je disparaîtrai de votre vie, me confia Jungkook dans un murmure, à la manière d'un secret avant de balayer ses larmes avec l'aide de sa manche.
— Jungkook...
— Je vous en supplie, ne prononcez plus mon prénom ainsi. Oubliez-moi et ce sera bien plus simple pour nous deux.
— Alors vous pourriez m'oublier juste ainsi ? Jeter derrière vous toute notre histoire ?
— Non, je ne le pourrais jamais. C'en est certain. Pas quand l'empreinte de vos mots est déjà si profondément ancrée dans mon cœur.
— Pourquoi me dites-vous cela alors que l'empreinte de votre cœur se trouve déjà dans vos mots ?
— Ne compliquez pas les choses. Je vous en supplie, partez simplement.
J'allais accéder à sa requête quand une dernière chose me vint en tête.
— Jungkook, j'ai une dernière chose à vous demander. S'il vous plaît, je vous promets qu'après cela j'arrêterai.
— Je vous dois bien cela, Monseigneur...
Monseigneur...
Telle était la distance qu'il souhaitait nous imposer. Une politesse hiérarchique à base de Monsieur et Monseigneur à tout va.
Je voyais bien la crainte briller dans ses prunelles sombres, ses mains encore tremblantes témoignaient de la difficulté de son geste actuel. Etait-il à deux doigts de me plaquer au mur pour me demander de ne plus partir ? Parce que moi, oui. Mais je m'abstins.
— Êtes-vous un prince ? Le bâtard de la reine que tout le monde recherche ?
Il ne me répondit pas, cette fois. Non, son regard s'était rapidement dirigé vers ses pieds, sûrement pour que je ne puisse pas lire la réponse dans ses yeux.
— Bien, j'ai ma réponse. Souvenez-vous que je viendrai vous chercher, mon ange. Qu'importe les obstacles, je respecterai cette promesse quitte à y laisser mon dernier souffle. Faites votre devoir mais attendez-moi. Je vous en supplie, Votre Majesté, conclus-je avant de quitter la pièce d'un pas rapide.
Je dévalais les escaliers deux à deux. Je retenais quelques sanglots au fin fond de ma gorge, je les libérerais quand j'arriverais chez moi. Nous étions passés par toutes les émotions ensemble et son secret n'avait pas été un obstacle. Au contraire, je reconnaissais que son refus de me laisser atteindre la vérité consistait uniquement à me préserver. Cela n'avait rien d'une barrière puisque j'avais trouvé en lui, en eux une seconde famille, une famille de cœur qui m'était bien plus importante qu'une famille de sang.
Ce n'était pas ce secret qui causait mon immense chagrin. Non. Je ne lui en voudrais jamais qu'importent ses choix. Je souhaitais le soutenir dans toutes ses décisions, sauf celle de refuser d'écouter son propre cœur.
Je marchais dans la pénombre de l'aube. Le soleil se faisait paresseux, seule la Lune observait notre échange tumultueux. Je marchais lentement, me donnant un air normal alors qu'en réalité, mon cœur se brisait en mille morceaux à l'intérieur de mon corps. Le coup était mordant, douloureux.
Comme une première mort, qui se répéterait chaque jour jusqu'à ma mort, me rappelant que mon âme est incapable de survivre sans sa jumelle.
Mais je restais normal. Aucune émotion ne se lisait sur mon visage. J'étais juste ainsi, comme un mort-vivant.
— Taehyung, vous avez raison. Je vous aime aussi. Mais comprenez mes raisons, si j'avais pu, vous savez que je n'aurais jamais fait les choses ainsi. Jamais, se justifia Jungkook, à bout de souffle comme s'il venait de courir à mes trousses.
Ce qui devait être vrai. Il n'y avait aucune trace de mensonge dans sa voix, comme s'il m'avait confié ceci pour effacer tous ses regrets.
Je pris une profonde inspiration avant de répliquer d'une voix posée :
— Hélas, Jungkook. Nous ne construisons pas le monde avec des si à tout va. Je sors de votre vie en sortant de votre champ de vision, comme nous l'avions convenu. Je vous souhaite une bonne continuation votre Altesse, prononçais-je d'un ton que je souhaitais le plus neutre possible.
Et je disparus dans le silence de la nuit. Laissant derrière moi mon gardien de la paix.
***
Assis à ma fenêtre au deuxième étage, j'observais le village se lever alors que je ne désirais que me coucher, pour ne jamais plus me relever.
On disait qu'on ne vivait le pire qu'une fois dans notre vie. Une maladie incurable, la perte de la mère plus celle du père, bon cela comptait comme deux mais lors de la perte de l'un, l'autre suivait pas longtemps après, la mort.
Alors pourquoi avais-je l'impression de vivre cette douleur transcendante pour la seconde fois ? Pourquoi avais-je l'impression de me perdre moi-même une seconde fois ?
Au fond, qu'avais-je fait pour mériter cela ? Lui donner un morceau de mon âme pour qu'il la transporte à l'autre bout du monde.
Pourquoi ? D'abord vous, mère et père, qui m'aviez dégagé lorsque j'avais enfin osé vous confier mon secret le plus intime, une partie de mon âme que vous vous étiez contenté de jeter à vos pieds et de piétiner comme s'il s'agissait du plus grand péché humain.
Maintenant Jungkook.
Jungkook.
Je ne pouvais pas le laisser partir, non.
Il s'agissait peut-être de la seconde pire décision de ma vie, la première étant de confier mon homosexualité à mes parents.
Mais j'allais le suivre.
Je pris simplement une bourse assez pleine avec moi, cela allait suffire. Je m'assurais de fermer la porte de chez moi correctement. Et me dis que je ne reviendrais pas dans cet appartement tant que je n'aurais pas récupéré la partie manquante de mon âme.
***
Je ne savais pas ce qui lui prenait tant de temps avant de mettre les voiles. Mais je restais persuadé qu'il n'était pas encore parti, les lumières de son appartement étaient encore allumées.
Je savais que si j'avais tardé de quelques pauvres minutes, je l'aurais manqué.
Je savais que je n'allais pas être discret en le suivant à dos de cheval.
Mais je ne voulais pas être discret.
— Taehyung ! Ne vous ai-je pas dit adieu quelques heures plus tôt ? Que faites-vous là ?
— Jungkook, vous avez peut-être décidé de ne plus me voir mais ce n'était pas ma décision. Partez devant, ainsi vous ne me verrez pas.
— Vous savez que vous ne pouvez pas me suivre jusqu'au château ? Vous serez intercepté bien avant d'entrer sur le territoire.
— Au moins j'aurais essayé. Vous ne parviendrez pas à me faire changer d'avis.
— Bien, faites-vous discret alors, où ils vous embrocheront à peine vous dépasserez la frontière, se résigna-t-il d'une manière étrangement rapide.
Sans s'attarder davantage sur le sujet, la croupe de son destrier m'apparut et il se dirigea dans une direction qui m'était inconnue.
***
— J-Jungkook, quand arriverons-nous ? tentais-je pour la quatre ou cinquième fois.
Je m'attendais à de nouveau me confronter au silence, encore. Mais contre tout attente, il me répondit.
— Ne vous agitez pas tant, s'il vous plaît. Je peine à trouver mon chemin et si vous continuez, au lever du jour nous ne serions pas encore arrivés.
— Vous ne connaissez pas la route ? je commençais légèrement à paniquer.
— Non, habituellement je ne suis pas seul.
— Alors pourquoi ne pas être parti avec tout le monde ?
Il se figea quelques secondes avant de répliquer d'une voix claire et maîtrisée, à la manière d'un monarchiste :
— Je suis celui qui pose les questions ici, si vous n'êtes pas contents, vous n'avez qu'à rentrer, Taehyung.
— Bien, fis-je en marquant une pause. Je ne me ferai plus remarquer, ajoutais-je d'une voix lasse.
Quand arriverions-nous ?
***
Il n'y avait pas à dire, l'endroit était magnifique. Les murs en pierre, le pont en bois, les portes en métal. Pas un seul matériau ne manquait à l'appel. Tout était si majestueux, tout respirait la richesse. La majesté. Le respect.
— Bonsoir, votre Majesté. Laissez-moi prendre soin de votre fidèle destrier.
— Merci, Henri, lui répondit-il poliment.
— Tout le plaisir est pour moi, votre Majesté.
— S'il vous plaît, appelez-moi Jungkook. Tous ces titres me gênent énormément.
— Mais... votre Majesté... selon le protocole...
— C'est un ordre, l'interrompit Jungkook sur un ton plus sec.
Qui fendit l'air à la manière d'une ceinture.
— Bien votr- Jungkook. Bonne soirée Jungkook.
— Ah et Henri, j'oubliais. Occupez-vous de la monture du seigneur Taehyung s'il vous plaît.
— Bien. Bonne nuit, tout le monde est très heureux de vous retrouver. A demain !
Je descendis de mon cheval en confiant les rênes à ce fameux Henri. C'était un gentil homme d'une quarantaine d'années.
— C'était mon gouvernant lorsque j'étais jeune.
— C-comment ?
— Vous le fixiez d'un œil curieux depuis plusieurs secondes. Enfin bref, trêve de bavardage, nous avons fort à faire. Suivez-moi et ne dites rien. Allez juste en mon sens.
— Bien. Comment dois-je m'adresser à vous ? lui demandais-je, réellement perdu.
— Faites moi confiance, tout simplement.
Nous avancions sur le chemin qui nous menait à la grande porte en métal qui semblait peser une tonne.
— Pour éviter les attaques par balles ou explosifs.
— Hm ?
— Les portes, suivez donc un peu voyons.
— Oh, oui, bien sûr.
Le silence retomba aussi rapidement qu'il était parti. Je n'avais pas l'impression qu'il était gênant. Il était apaisant, toutes mes craintes s'étaient envolées.
Il me mena sur un couloir qui sembla aux premiers abords interminable. Mais au bout d'un temps qui me parut infiniment long, nous nous arrêtâmes tandis que Jungkook frappa trois coups secs sur la surface brillante en bois.
— Fils, vous êtes en retard, une voix sévère résonna entre ces murs.
— Je suis désolé, mère, répondit-il en s'inclinant tellement bas que ses genoux entrèrent en collision avec le sol.
— Pourquoi n'êtes-vous pas revenu avec les autres hier ? Et qui est donc ce charmant jeune homme à vos côtés ?
En me rendant compte que la femme parlait de moi, je m'empressais de me plier en deux comme Jungkook quelques secondes avant moi.
— C'est mon nouveau garde. Je tiens à ce qu'il me tienne compagnie en tant que valet le plus proche.
— Pourquoi cela ? Jimin ne vous convient-il plus ? A-t-il fauté ? Mérite-il d'être châtié ?
— Pas le moins du monde, mère. Il me semblait juste important que celui qui passerait dans ma chambre aussi souvent que nécessaire soit un homme en qui j'ai confiance. Et qui d'autres que j'ai moi-même choisi ?
— Bien. Bienvenue...
— Taehyung. Il s'appelle Kim Taehyung, mère.
— Bienvenue dans la famille, monsieur Kim.
— Merci, votre Majesté, répondis-je poliment après une énième inclinaison.
Je suivis Jungkook à travers les couloirs. Il connaissait les lieux et de ce fait regardait devant lui sans laisser quoi que ce soit troubler son ascension tandis que moi, j'observais chaque armoirie, vase et même bougeoir qui décoraient les murs.
— Jungkook ? l'apostrophai-je lorsque nous fûmes seuls dans ces couloirs. Que faisons-nous maintenant ? Que dois-je faire ?
— Ne parlez pas maintenant, attendez au moins que nous arrivions dans mes appartements. Ah, oui, j'oubliais. Tenez -vous droit, je vous prie.
— Bien.
J'avais l'impression d'obéir au doigt et à l'œil depuis tout à l'heure. Ce qui était en fait le cas. Je n'avais toujours pas intégré le fait que se tenait à quelques pas devant moi, le prince. La personne qui descendait de la personne la plus influente du royaume attenant au mien.
Le prince du royaume de France.
Mon royaume natal.
Nous arrivâmes après avoir traversé une multitude de couloirs à une porte en bois irisé. il n'y avait aucune inscription dessus si ce n'était une couronne simplement gravée à même la surface lisse. On dirait que l'imperfection n'était pas autorisée ici. J'avais remarqué qu'absolument tout était calculé au millimètre près, tout était aligné.
Je le suivis dans cette fameuse pièce, ses appartements. Le contraste de cette chambre si sobre comparé au luxe du reste de l'habitacle me surprit quelques instants.
— J'aime vivre simplement, se justifia Jungkook.
J'ignorais simplement sa remarque, ne sachant pas quoi dire de toute façon. Je préférais rentrer dans le vif du sujet tout de suite.
— Que suis-je censé faire ? Qu'entendiez-vous par 'valet de chambre' ?
— Rien de bien compliqué en mon sens. Vous devez veiller à ma sécurité, bien sûr mais votre rôle consiste surtout à nettoyer ma chambre, me préparer le petit-déjeuner ainsi que l'eau de mon bain, et... euh... m'aider à prendre mon bain aussi.
— Et lorsque vous n'avez pas besoin de moi, que dois-je faire ?
— Il n'y a pas un seul instant où je n'aurais pas besoin de vous, Taehyung.
Mon prénom sortant de sa bouche sortait si sensuel, comme si j'avais toute ma vie attendu qu'il fasse cela. Je faillis perdre mes moyens mais me contentai de me raccrocher discrètement au mur à mes côtés.
— Où dois-je dormir ?
— Il y a des appartements juste en face des miens. Mais le lit n'y est pas très confortable alors Jimin avait pris l'habitude de partager sa couche avec moi.
— Oh... fis-je en comprenant que je devais dormir proche de lui.
Il serait comme mon mets interdit, si proche mais à la fois si loin d'accès pour moi...
— Enfin, vous ne dormez avec moi que si vous le consentez.
— Y a t-il des dangers auxquels vous pourriez être confronté lorsque vous dormez ?
— Un prince est constamment en danger, Monsieur Kim.
— Alors je dormirai avec vous, dis-je d'une voix claire et sans qu'aucune opposition ne puisse être faite.
— Mais... êtes-vous sûr que c'est ce que vous voulez ?
— Vous m'avez dit vous-même que je devais assurer votre protection, Votre Majesté. Alors il est de mon devoir de m'assurer que vous ne risquiez rien, n'est-ce pas ?
— Bien entendu. Mais je voulais être persuadé que vous ne seriez pas gêné par cette perspective.
***
La nuit arriva rapidement, trop rapidement. Jungkook m'avait fait visité chaque recoin du château, en allant de sa chambre aux cuisines tout en passant par les différentes salles de réception.
Chaque région du château accueillait des personnes différentes pour éviter qu'un royaume, n'importe lequel ne puisse avoir les plans complets du palais. Simple mesure de sécurité.
Tous les couloirs se ressemblaient, aucun ornement ne différait, comme une valse, tout était calculé au millimètre près.
— Votre Majesté, tout est si grand. Comment pourrais-je ne pas me perdre ? l'avais-je interrogé sur un ton sérieux.
Il fallait à tout prix que je mette de la distance entre nous.
Jungkook avait haussé le sourcil à mon interrogation, ou bien était-ce pour le titre ? Je ne savais pas puisqu'il m'avait à plusieurs reprises demandé de ne pas prendre tant de pincettes.
— Vous n'aurez besoin que de parcourir qu'un certain nombre de couloirs, ne vous en faîtes pas. La majorité du temps vous ne serez pas seuls, je serai avec vous, Taehyung.
Je ne pus m'empêcher de penser que mon prénom glissait si bien sur sa langue...
Et des souvenirs revinrent dans ma tête, sans jamais me laisser un instant de paix.
— Bien, Votre Majesté.
Je m'étais replongé dans mes souvenirs pendant que Jungkook prenait le temps de se dévêtir. L'eau de la baignoire semblait à bonne température et voyant qu'il ne revenait pas alors qu'un moment était passé m'inquiéta un peu.
— Votre Majesté ? Tout va bien ? Voulez-vous de l'aide ? le questionnai-je en passant la tête pour l'encadrement de la porte.
N'obtenant aucune réponse, je réitérai, cette fois réellement inquiet.
— Jungkook ?
— Oui ?
— Vous allez bien ? fis-je en haussant les sourcils à sa réponse.
Faisait-il exprès de ne réagir qu'à son prénom ? J'étais intimement persuadé qu'il m'avait ignoré royalement lors de ma précédente tentative.
— Voulez-vous que je vous vienne en aide ? tentai-je.
— Oui, s'il vous plaît. Je n'arrive pas à me défaire de cette tenue inconfortable. Je crois qu'elle devient trop serrée pour moi.
Je n'avais pas besoin d'en entendre plus pour aller le voir. Il était parvenu à se débarrasser de son pantalon mais ses bras en l'air ainsi que son visage à moitié masqué par le tissu ne laissait pas le moindre doute quant à l'extraction de son haut.
Mes yeux dérivèrent une demi-seconde sur ses cuisses fuselées découvertes et je ressentis à nouveau cet étau autour de mes hanches.
Bon dieu.
Je secouais la tête pour me défaire de ces images et de ces sensations et m'empressai de l'aider.
J'attrapai deux pans de son vêtement et tirai dessus d'un coup sec vers le haut.
Il n'en fallut pas plus pour qu'il ne cède, et la force que j'y avais exercé était tellement forte que nous tombâmes à la renverse, sur le lit derrière nous. Moi sur lui. Mon visage à quelques centimètres du sien.
— J-je suis navré, m'excusai-je en me relevant, persuadé que mes joues étaient rouges pivoine au moment où je parlais.
— Ne vous en faites pas Taehyung. Merci de m'avoir aidé.
— Ne me remerciez pas, je ne fais que mon travail, lui répondis-je après avoir retrouvé une posture un peu plus digne. Et si vous alliez prendre ce bain avant qu'il ne refroidisse ?
— Euh. Oui oui bien sûr.
Je ne bougeais pas tandis qu'il se déplaça vers la salle d'eau mais dus finir par la suivre pour m'assurer qu'il n'avait pas besoin d'aide. Je me retournais quand il se dévêtit complètement et lui refis face uniquement lorsque je fus persuadé que son corps était complètement submergé par l'eau.
— Avez-vous besoin d'aide ?
— Non, ne vous inquiétez pas. Je vous dirai au besoin.
Alors, pendant aussi longtemps que son bain dura je dus lutter contre moi-même pour ne pas chercher à offrir à mes yeux ces morceaux de peau que je ne saurais voir.
***
Je ne savais pas combien de temps il s'était savonné et laissé relaxer par l'eau. Je savais juste que lutter contre ses désirs était la chose la plus difficile qu'il m'ait été donné de faire.
Je ne connaissais rien au quotidien d'un prince, mais ce qu'il me demandait semblait être gros. N'y avait-il pas un soupçon d'abus dans ses demandes ? Quoi que cela ne me dérangerait pas. Mais il était celui qui avait mis un stop à notre relation, alors pourquoi se montrait-il si entreprenant ?
J'étais allongé dans son lit avec lui, assoupi à mes côtés. Je m'étais mis à une extrémité pour ne pas empiéter sur son espace à lui. Mais j'avais beau fermer les yeux, je ne parvenais pas à trouver le sommeil.
Et cela ne s'améliora pas lorsque je sentis un souffle endormi dans mon cou. A ce contact inattendu, je m'étais même tendu. Sans même m'en rendre compte, j'avais cessé tout mouvement et ce fut bien pire lorsque son bras s'était naturellement posé dans le creux de mes reins.
Jungkook, êtes-vous conscient de ce que vous faites la nuit, dans votre sommeil ?
***
Je n'avais pas énormément dormi cette nuit. J'étais bien trop concentré à ne pas laisser cette érection grandir en moi. A ne pas me retourner pour finir ce que j'avais commencé quelques nuits plus tôt.
Énormément de mal.
Mais au moins, j'avais pu réfléchir cette nuit. Jimin était aussi au palais. Je ne l'avais pas encore croisé mais ça ne faisait que deux jours à peine que j'étais là. Il ne fallait pas me dire que j'allais revoir mon meilleur ami.
— Dites, Votre Majesté, puis-je voir Jimin aujourd'hui ?
Sa Majesté en question, dos à moi, soupira. Je le vis aisément à son mouvement d'épaules.
— Pourquoi cela ? Ma compagnie ne vous suffit-elle pas ?
— S-si, mais il me manque...
— Mmmmh, n'avez-vous pas peur de me manquer à moi, Taehyung ?
— Je- comment ?
— Ne vous en faites pas. Je vous mènerai aux nouveaux appartements de Jimin après le déjeuner.
— Merci beaucoup pour votre bonté, Votre Majesté.
— A l'avenir, Taehyung, appelez-moi par mon nom lorsque nous sommes seuls.
— Pourquoi ?
— C'est un ordre, Taehyung. Obéissez simplement.
— D'accord, votr- Jungkook.
— Mmmh, fit-il simplement en se retournant face à la glace pour finir de se coiffer.
Jungkook... comment faire afin que notre relation évolue ?
Si vous saviez le nombre de fois où je sens mon cœur faire des sauts impromptus en votre présence, à quel point ma peau rêve de toucher la vôtre alors que c'est quelque chose qui ne m'est pas autorisé. Votre proximité est autant une malédiction qu'une bénédiction. Autant un poison que son remède. Une lame à double tranchant sans laquelle je ne saurais plus respirer.
— J'ai fort à faire aujourd'hui. Enfin cet après-midi. Je dois rencontrer des grands seigneurs, apparemment ils auraient des terres à vendre et puisque je me suis lancé dans le projet de les acheter pour les offrir aux plus démunis, mère m'a laissé cette responsabilité. Mais étant donné que cette transaction ne requiert pas votre présence, je vous laisserai en profiter pour rendre visite à Jimin. Il me semble qu'il n'est pas bien occupé aujourd'hui.
— Bien, Jungkook. Êtes-vous sûrs que ma présence n'est pas nécessaire ?
— Oui monsieur et madame Kim sont des gens adorables. Ne vous en faites pas Taehyung.
Kim ? Ne vient-il pas de prononcer ce nom de famille ?
Non, ce n'est rien, il existe des dizaines de milliers de Kim dans le monde, hein.
C'est un nom commun.
— Vous allez bien Taehyung ? Vous êtes tout pâle.
— Oui, oui. J'ai juste très faim. Ne vous en faites pas...
— Allons manger alors !
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