Chapitre II: Première rencontre
L'avantage d'arriver un vendredi, c'est que le lendemain c'est le week-end. Je me réveillai aux aurores, tandis que les filles dormaient encore. Sur la pointe des pieds, je cherchai ma trousse de toilette, qui était dans ma valise et je me rendis à la salle de bain. Après plusieurs minutes passées à démêler mes cheveux, puis à me brosser les dents, je retournai dans ma chambre pour m'habiller. Un jean slim, un tee-shirt blanc moulant à manches longues, mes tennis blanches et me voilà prête pour la journée. Je me rendis à la cafétéria pour prendre mon petit déjeuner, elle était déserte. Un bol de chocolat, deux tranches de pain à la confiture de fraise, ma préférée et un verre de jus d'orange pour bien démarrer la journée !
Comme les filles n'étaient toujours pas réveillées, je décidai d'aller me promener dans la magnifique forêt qui entourait l'école. Un petit sentier y était tracé, il était sept heures, et j'entendais les gazouillis des oiseaux. La petite brise dans les arbres me faisait frissonner. La forêt était magnifique, abritant une végétation dense, faîte de plantes épiphytes, de mousse, et d'immenses arbres de couleur, dont des pieds de tamarins. Après deux bonnes heures de marche, j'arrivai au bord d'un étang sauvage. La beauté de ce lieu me laissa bouche bée, j'apercevais au loin des montagnes de verdure.
Près de l'étang se trouvait un jeune homme accroupi, de magnifiques yeux noirs illuminaient son visage au beau nez droit. Ses lèvres pulpeuses et rosées s'ourlaient dans un sourire divin pour lequel j'avais déjà envie de me damner. Il me jeta un regard furtif, se releva et fila aussitôt à travers la forêt. Époustouflée par sa beauté, je m'assis pendant quelques minutes. Ma respiration s'accéléra, et je scrutais la forêt des yeux espérant vainement qu'il reviendrait. Je n'avais jamais été amoureuse, juste un flirt une fois au lycée de Paris, avec Stand Briard de l'équipe de football du lycée. Mais là, ce garçon c'était différent, et son coté mystérieux me plaisait encore plus.
Soudainement, la pluie se mit à tomber averse et l'orage gronda. Cela me surprit, car quelques minutes auparavant il faisait beau. En courant, je repris le chemin du dortoir. Il était midi quand j'arrivai enfin, après avoir glissé par deux fois. Mon tee-shirt et mon jean étaient maculés de boue, et je m'étais écorché le genou.
Arrivée à l'entrée, Hélèna se précipita vers moi, pour me demander ce qui s'était passé et comment j'avais pu me retrouver dans un tel état. En jetant un coup d'œil par la porte que je venais de franchir, je me rendis compte de quelque chose d'étrange. Ici il ne pleuvait pas et il faisait beau. J'expliquai alors à Hélèna que j'étais partie dans la forêt et que, surprise par une grosse averse, j'avais dû rentrer. Je ne lui avais bien sûr pas spécifié que je m'étais beaucoup enfoncée dans la végétation, et encore moins ma rencontre furtive avec ce bel Apollon.
Elle poussa une exclamation, me tirant de ma rêverie.
__ Dans la forêt ? Mais...mais... bredouilla-t-elle, il ne faut pas aller dans la forêt, et encore moins toute seule, tu aurais pu te faire tuer ou te blesser. Il y a des bêtes féroces et on dit même qu'il y a des tueurs en série.
Amusée, je lui précisai, que j'étais déjà au courant de ces folles rumeurs, en repensant à ce que m'avais dit ma meilleure amie, avant de partir et que je n'avais pas besoin de bêtes féroces ni de tueurs en série pour me blesser. D'un signe de la main je lui montrai mon jean déchiré et ma blessure au genou.
La voix paniquée et les yeux écarquillés elle me lança :
__ Jenny, promets-moi que tu n'y retourneras pas, c'est très grave, des gens ont déjà disparu là-bas.
__ Ah bon ? me résignai-je à dire, sans lui promettre quoi que ce soit, car j'étais bien décidée à revoir cet homme.
Sans insister, elle me raccompagna à notre chambre, et me laissa me doucher et me changer. J'enfilai un ensemble jogging gris cette fois-ci, avec un sous pull blanc. Mes baskets étaient trempées, je les nettoyai, et les mis sur le rebord de la fenêtre pour qu'elles sèchent. Après m'être séché les cheveux, je m'allongeai sur mon lit, et je réfléchis au brutal changement de temps, mais après n'avoir trouvé aucune explication plausible à un tel phénomène météorologique, je me mis cette fois à rêvasser à cet homme, à ses traits angéliques, à son regard froid et à sa démarche d'une souplesse presque féline. Qui était-il et que faisait-il là en pleine forêt ? J'étais certaine qu'il n'était pas de l'école, je l'aurais remarqué, même si ce n'était que mon deuxième jour. Et pourquoi était-il parti si brusquement ?
Quelqu'un frappa à la porte interrompant ma rêverie.
__ Oui, répondis-je.
C'était Hélèna.
__ Tu viens manger ?
__ Oui, j'ai une faim de loup ! m'exclamai-je de très bonne humeur.
Avec un sourire, elle m'accompagna à la cafétéria, mais ne prononça pas un mot. Étrange, car Hélèna, n'était pas du genre discrète à ce que j'avais pu voir hier soir.
Au menu il y avait de l'omelette avec de la purée de pomme de terre et des haricots verts filandreux. Rien de très appétissant pensai-je, je fis la moue, mais cette balade dans la forêt m'avait ouvert l'appétit à tel point que je dévorai le tout en quelques minutes. Hélèna se décida enfin à parler.
__ Tout à l'heure, tu ne m'as pas promis que tu n'irais plus dans la forêt.
__ Hélèna ne t'en fais pas pour moi, je suis une grande fille, raillai-je exaspérée.
__ Écoute Jenny, si je te dis ça, c'est ... parce que ma meilleure amie a disparu dans ces bois, et je ne l'ai jamais revue. Tu comprends ? murmura-t-elle, les larmes aux yeux.
Ne sachant pas trop quoi dire et n'ayant jamais été douée pour remonter le moral des gens, je lui tapotai maladroitement l'épaule.
__ Alors ? insista-t-elle.
__ Et bien je te promets de faire attention, mais je ne peux pas m'engager à ne plus jamais y aller, tout en pensant à cet homme.
Comment pourrais-je promettre une chose pareille ? Dans toute ma vie, rien ne m'avait jamais attirée à ce point.
__ Très bien, mais préviens-moi si tu pars, même si je préférerais que tu n'y ailles plus, d'accord ? grommela-t-elle.
__ Très bien, clamai-je, plus pour en finir avec cette conversation.
__ Au fait Jenny, tu peux m'appeler Nana si tu le souhaites, tout le monde m'appelle comme cela ici.
__ Entendue Nana.
Mon téléphone sonna. Je décrochai, ravie de cette diversion. C'était mon père. Il voulait s'assurer que j'étais bien arrivée à l'école, et que tout se passait bien pour moi.
Le reste de la journée, fut assez agréable, Hélèna et moi étions allées regarder les filles se faire écraser par les garçons, lors d'un match de basket amateur. Nous préférions, ne pas nous montrer trop ridicules, et après la défaite cuisante des filles, nous étions ravies de ne pas y avoir participé.
De retour dans notre chambre, Nana, se mit à lire ses messages sur son ordinateur portable, le dortoir étant équipé de la Wi-Fi. N'ayant pas d'ordinateur, je m'assis sur mon lit en regardant par la fenêtre. Mon esprit vagabondait, je pensais à mon père, à ma nouvelle vie ici et aussi à lui, cet ange inaccessible. Mais une forte brise glaciale, me fit frissonner et Nana me demanda de bien vouloir fermer la fenêtre. Je m'exécutai à contre cœur.
Hélèna ayant terminé de lire ses messages, nous sommes allées dîner. Ce soir c'était un peu plus appétissant : des pâtes à la tomate avec du filet de bœuf. Deux garçons, Ted Smith, grand brun à la carrure d'athlète et aux cheveux longs ainsi que David Moreau, légèrement plus grand que moi, les cheveux roux et la silhouette élancée, nous rejoignirent à table, et nous firent bien rire avec leurs blagues. A vingt heures nous avions fini de manger, et on regagna le dortoir.
Après une brève toilette, chacun se mit au lit. Ma nuit fut très agitée, je ne cessais de penser à LUI.
Le lendemain, je me réveillai vers neuf heures et regarda par la fenêtre, le temps était gris. C'était dommage car j'avais l'intention de repartir dans la forêt. Je me dirigeai vers la salle de bain, une fois ma toilette effectué l'image que me renvoyait le miroir me flatta. C'était celle d'une jeune fille longiligne dont les cheveux châtain clair se confondant presque avec le blond descendaient en cascade sur un dos couleur porcelaine. Ma robe resserrée à la taille par une fine ceinture de soie soulignait la finesse de ma taille et le crayon noir sur mes paupières faisait ressortir le bleu de mes yeux. Je m'examinai une dernière fois devant le miroir avant de regagner la cafétéria. David, le garçon que j'avais rencontrée pendant le dîner, me fit signe de le rejoindre et de déjeuner avec lui.
« Après tout pourquoi pas ? » songeai-je.
Je lui adressai un hochement de tête et allai me servir avant de le rejoindre.
Le petit déjeuner fut animé, David était un bavard, il nourrissait l'essentiel de la conversation, ce qui m'arrangeait. Après le petit déjeuner, je regagnai ma chambre en traînant des pieds à l'idée des cours que je devais réviser. Je m'allongeai sur mon lit et me surpris à savourer mon autonomie plutôt qu'à souffrir d'isolement.
Au bout de trois heures, des chuchotements derrière ma porte, interrompirent mon travail. C'était David et Ted qui se chamaillaient.
__ Qu'est-ce qui vous arrive ? demandai-je en ouvrant la porte.
__ Oh, rien répondit David embarrassé, on avait juste envie de discuter avec toi. Tu es vraiment sympathique et je t'apprécie beaucoup.
__ Merci, répondis-je, le rouge me montant aux joues.
__ Et si on allait manger ? m'empressai-je de rajouter avant que leurs sentiments ne reprennent le dessus.
__ Avec plaisir, affirma David en me tendant son bras pour m'y accompagner.
Hélèna était déjà installée à table avec Diana et Sarah, mes camarades de chambre.
Au menu il y avait du steak et des pommes de terre. Le repas s'acheva dans le calme, j'écoutais les bavardages sans vraiment y participer, mon esprit était tourné vers une seule personne, l'homme de la forêt. Plus les minutes passaient et plus l'envie de le revoir me submergeait.
Je quittai la cafétéria en courant, sous les regards ébahis de mes condisciples et regagnai ma chambre. Ma décision était prise, j'allais essayer de le retrouver. Un jean et un sweater à capuche blanc et me voilà prête. En passant par la cafétéria, j'interceptai Hélèna, pour tenir ma promesse, et l'avertir que je partais me promener dans la forêt. Avec une grimace désapprobatrice, elle accepta. J'inspectai les alentours afin de m'assurer que la voie était libre et je repris le sentier menant à l'étang. Le trajet me parut beaucoup plus long que la dernière fois. Arrivée à l'étang, je ne vis personne. Le temps passa, ma tension augmenta, mais il ne vint pas. Découragée, je m'abandonnais à un malaise tenace et guettais nerveusement le moment où il apparaîtrait, en vain. Une violente bourrasque de vent me fit reprendre la route pour l'école. Pourquoi le temps avait-il changé encore si brusquement ? Ce n'était guère le moment d'y penser car le vent fouettait mon visage avec tant de violence que c'en était douloureux. A quinze minutes à peine de l'école, le vent s'arrêta net, comme par magie. C'était vraiment étrange. Paniquée par ces changements brutaux, j'accélérai le pas et me mis à trottiner jusqu'au dortoir. Bien entendu, Hélèna m'y attendait.
__ Alors c'était comment ? s'enquit-elle immédiatement.
__ Bien, lui mentis-je.
__ La nuit commence à tomber, tu m'as fichu une de ces trouilles. Qu'est-ce que j'aurais dit si tu ne revenais pas ? Ou s'il t'était arrivé quelque chose ? Franchement je pense que tu ne devrais plus y retourner, en plus je ne vois pas ce qu'il peut y avoir d'intéressant, poursuivit-elle.
En hochant la tête je fis mine de compatir, bien qu'au fond de moi, mon cœur palpitait comme jamais. Si seulement elle savait pour cet homme angélique ! Mais après quelques minutes de réflexion, je préférai ne rien lui dire, ni sur cet homme, ni sur les changements brutaux de temps dans la forêt.
Le repas ne fut pas très long, l'incontournable jambon frites, fut englouti en quelques bouchées.
Après une bonne douche tiède, je me mis au lit et en secouant mon oreiller pour dormir, je sentis sous mes doigts, un petit morceau de papier sur lequel étaient inscrits trois mots dans une très belle écriture : « Ne viens plus »
Qui pouvait bien être l'expéditeur de ce mot ? Et surtout où ne devais-je plus venir? cogitai-je. Je repliai soigneusement le morceau de papier, et le glissai dans ma valise. Mon cerveau fut en ébullition cette nuit-là. Qui pouvait bien être l'auteur de ce mot ? Et surtout pourquoi ? Puis, je repensai aux deux fois où le temps avait changé si brutalement et me dis qu'il ne pouvait s'agir d'une coïncidence. A chaque fois, le phénomène, s'était manifesté au même endroit, à savoir au bord de l'étang, pourquoi ? Et surtout pourquoi à quelques minutes de l'école tout s'arrêtait-il ? Sur ces réflexions, qui ne donnèrent d'ailleurs pas grand-chose, je m'endormis.
Réveil difficile, à six heures trente, une petite toilette, un pantalon blanc et un haut à manches longues rouges et me voilà partie pour la cafétéria. David me rattrapa à la porte, hilare. Sûrement une blague que j'avais dû louper, pensai-je.
__ Alors comment ça va ce matin ? Pas trop dur le réveil ? s'écria-t-il.
__ Si, j'ai encore sommeil, ronchonnai-je.
Il pouffa et on prit notre place dans la queue. N'ayant pas très faim ce matin, je pris juste un chocolat chaud. Je patientai pendant que David se servait, puis je lui emboîtai le pas en direction d'une table où étaient déjà installés Ted, Hélèna et Diana. Une fois assise, je bus lentement ma boisson sous les bavardages incessants d'Hélèna et de Ted. David entama la conversation avec moi à plusieurs reprises, mais sans réponse de ma part, il arrêta et se mit à rire avec les autres.
Je regagnai le dortoir avec Hélèna, Diana et Sarah pour récupérer nos sacs de cours. Un coup d'œil à l'emploi du temps m'apprit qu'on avait deux heures d'anglais et deux heures de biologie ce matin-là. Je pris ma veste blanche avec moi car une petite brise soufflait dehors. David nous escorta Hélèna et moi, jusqu'à la salle de monsieur Styvel, le professeur d'anglais tandis que lui se rendait à l'étage pour un cours de français avec madame Rog.
Monsieur Styvel n'était pas là quand on arriva, et Hélèna et moi prirent place sur la dernière table du fond, près d'une grande armoire en bois et d'une fenêtre donnant sur le terrain de basket.
Le cours d'anglais se passa bien, c'était de loin ma matière préférée, du moins quand le professeur ne m'interrogeait pas.
Hélèna se rendit à son cours d'espagnol et moi à mon cours de biologie, qui était censé se trouver à l'étage, mais où ? Bonne question. Je croisai David et lui demandai de m'indiquer la salle de biologie. En réprimant un sourire, il me répondit que lui aussi y allait. Je le suivis jusqu'à une petite salle au fond du couloir, où la peinture des murs était d'un jaune ternie et où la température était glaciale. Resserrant mon pull, je m'installai aux cotés de David qui parut un peu trop ravi à mon goût.
Le cours portait sur le fonctionnement des centres nerveux. Heureusement que mon voisin de paillasse était doué pour cette matière, sinon je me serais fait ridiculiser. J'appréciais de plus en plus David, mais en tant qu'ami bien sûr. Cela dit, je n'étais pas sûre que les sentiments qui animaient David fussent en tous points identiques. Quand la cloche sonna enfin, je rassemblai mes affaires pour aller déjeuner. Glissant un bras derrière mon dos sans vraiment me toucher, David me fit signe de passer devant lui pour rejoindre la file d'attente de la cafétéria. Menu d'aujourd'hui : riz et poisson, beurk ! pensai-je, mais n'ayant rien avalé au petit déjeuner, je me forçai à manger un peu, sous le regard amusé de David.
Hélèna, Ted et David avaient cours de sport avec moi, l'heure suivante. On s'y rendit ensemble, mais Hélèna avait perdu son exubérance coutumière, et c'est en silence qu'on regagna le gymnase qui se trouvait dans le bâtiment de la cafétéria. La salle était assez grande, avec des petits gradins et un filet de volley était installé en son centre. Prise d'une bouffée d'angoisse à l'idée de jouer à un sport collectif, je rejoignis les filles aux vestiaires pour me changer.
À ma bonne surprise, le match se passa bien. Dans mon équipe il y avait Hélèna, Ted, David, mais aussi Stéphanie, une fille brune assez forte et Remy, un grand blond aux cheveux courts. Dans l'équipe adverse il y avait Marine, la fille blonde que j'avais rencontré le premier jour, Sandy, à peu près de ma taille, châtain clair aux cheveux bouclés, les jumelles Stacy et Sally, rousses, les cheveux lisses, Thomas, un grand acnéique aux cheveux noirs et Rohan un indien à la peau cuivrée et au corps musclé.
Nous avions remporté le match, surtout grâce aux talents des mecs de mon groupe, ce qui me mit d'excellente humeur pour le cours suivant, qui s'avérait être chimie. Seul Ted était avec moi sur ce cours. Il rejoignit un groupe de garçons au fond de la salle tandis que je m'installai auprès de Marine. Elle m'adressa la parole, mais fut vite interrompue par monsieur Rowley, qui était professeur de maths et de chimie. Le cours fut passablement ennuyeux.
De retour aux dortoirs, Hélèna, m'interpella.
__ Jenny, je peux te parler seule à seule ? murmura-t-elle.
__ Oui, bien sûr, répondis-je surprise.
La chambre étant occupée par les filles, elle m'entraîna dehors. On était rendues au niveau du sentier qui mène à l'étang, et sans le vouloir, elle marcha en direction de la forêt.
__ Je peux te poser une question ? chuchota-t-elle en rougissant.
__ Oui, qu'y a-t-il ?
__ Eh bien, est-ce que tu es intéressée par Ted, me demanda-t-elle en regardant ses pieds.
__ Par Ted ? répétai-je étonnée par sa question.
__ Oui, en fait, je vois que tu ne t'intéresses pas à David qui pourtant te poursuit ouvertement, et j'ai remarqué que Ted te lance souvent des regards intenses, donc tu vois ?
__ Écoute Nana, je te rassure, je n'ai l'intention de sortir ni avec Ted, ni avec David.
Elle parut reprendre force, et afficha un grand sourire, avant de se rendre compte qu'elle se trouvait dans la forêt, certes pas très loin de l'école, mais bon, on rebroussa chemin.
Piquée par la curiosité, je lui demandai si elle-même avait justement l'intention d'entreprendre quelque chose avec Ted, et avec un sourire timide, elle acquiesça, ce qui me fit sourire également.
__ Et toi poursuivit-elle, David n'est pas ton style ?
__ Non ce n'est pas ça, il est super gentil, et plutôt mignon, mais j'ai quelqu'un d'autre en vue.
__ Ah ! s'exclama-t-elle, les yeux remplis de curiosité et qui est-ce ?
Je décidai alors que le moment était venu de lui avouer certaines choses.
__ Et bien écoute, lorsque je suis allée me promener dans la forêt samedi matin, je suis tombée sur un petit étang sauvage, et ... j'ai vu un homme magnifique, on ne s'est pas parlé, mais c'est lui qui hante mes pensées jour et nuit, expliquai-je.
__ Génial ! s'écria-t-elle en sautillant sur place, et dimanche tu l'as revu?
__ Non, répondis-je dans un soupir.
__ Oh, ne t'inquiète pas. Me prenant dans ses bras, elle ajouta : je suis sûre que tu le reverras.
Ne sachant trop que faire, je lui tapotai maladroitement le dos, en lui répondant que je l'espérais. Mais je préférais ne pas lui parler des changements de temps brutaux, elle était déjà bien assez réticente à ce que je m'aventure aussi loin dans la forêt, que dirait-elle si elle apprenait une chose pareille?
De retour aux dortoirs, j'aperçus Ted et David assis dans la salle commune. Je m'apprêtais à la laisser afin de retourner dans ma chambre, mais David m'intercepta pour discuter. Je lui expliquai que j'avais des devoirs à faire, et il me laissa, la mine triste. Prise de remord à cause de sa tristesse, je lui pris le bras.
__ De quoi voulais-tu qu'on parle ? lui demandai-je avec un rictus.
Je m'assis à côté de lui à une table vide et on discuta des cours et de mon passé ... La mine réjouie, j'entrepris, de le congédier en douceur, de façon à pouvoir cette fois-ci véritablement faire mes devoirs. Il proposa de m'aider pour mon exercice de biologie, et j'acceptai avec plaisir, sachant que de toute façon je ne saurais pas faire mieux que lui en biologie. Après qu'il m'eût expliqué le procédé une bonne dizaine de fois en vain, il soupira d'un air moqueur et termina mes exercices de biologie, tandis que je faisais mes devoirs d'anglais. Au bout d'une heure, tout était fini, et c'est en pensant au temps que j'aurais perdu à faire la biologie s'il n'avait pas été là, qu'on s'est rendus à la cafétéria pour dîner. Le menu fut plus goûteux, avec un sublime hachis parmentier.
Hélèna et Ted nous rejoignirent à table main dans la main. Ma surprise fut telle que j'en avalai de travers une bouché de hachis ! J'adressai à Hélèna un grand sourire complice. Après le repas, je regagnai ma chambre, me mis en pyjama avant de m'installer dans mon lit. Dix minutes plus tard, Hélèna entra dans la chambre le sourire aux lèvres, sautillant comme une gazelle.
__ Il a dit oui, tu te rends compte Jenny ? s'exclama-t-elle avec enthousiasme.
__ Oui, c'est génial pour vous deux, alors comment ça s'est passé ? raconte-moi tout.
__ Je lui ai dit que je le trouvais super mignon, et que j'aimerais sortir avec lui et devine quoi ? lança-t-elle enthousiaste.
__ Il a dit oui ! supposai-je en haussant les épaules.
__ Exactement, je n'en reviens pas, Ted ! Le plus beau garçon du bahut, avec moi reprit-elle, toute guillerette.
La laissant dans sa joie, faisant juste quelques signes de tête en faisant semblant de suivre toute l'histoire, je repensai à LUI et à l'envie irrésistible de le retrouver dans la forêt, mais tout à coup, me sortant de ma rêverie Hélèna cria :
__ Tu m'écoutes ?
__ Heu...oui, bien sûr Nana, excuse-moi !
Essayant de me rattraper un peu, j'écoutai son histoire jusqu'au bout, avant de prétexter qu'il était tard et qu'on devrait se coucher. Déçue par mon manque d'enthousiasme, elle fit la moue, et éteignit la lumière. Je m'endormis rapidement cette nuit-là.
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