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Après s'être bien amusés la veille, Jisung et Minho s'étaient rhabillés. Ils continuèrent leur marche au petit matin. À présent, l'après-midi touchait à sa fin, et toujours aucun building à l'horizon. 

" - Putain, ça fait un siècle qu'on marche... lâcha l'adolescent épuisé. 

 - Je sais, mais il faut continuer, on ne va pas rester éternellement dans la forêt, répondit Minho. "

Jisung, au bord des larmes, s'assit sur un tronc d'arbre. Il n'avait plus aucune force, et son cœur se brisait à l'idée de terminer cette aventure.

" - Sérieux 'Sung, faut que on se magne un peu là. Il ne reste plus de provisions, et puis je refuse de passer une soirée de plus dans cette forêt sinistre, insista Minho. "

Son interlocuteur ne bougea pas, fixant son chéri qui essayait de le lever. Son temps avec lui était compté.

 " - Sérieux 'Sung tu saoules là ! Tu ne peux pas avancer un peu ? J'essaye juste de nous aider là.

- Oui, mais je suis crevé là ! Je me suis assommé sur du béton et une certaine moto a failli m'écraser. "

Les pupilles de Minho se dilatèrent. La tension accumulée lui tapait sur les nerfs.

 " - Oh pardon, mais tu oublies que c'est en évitant de t'écraser, toi et ton imprudence, que ma moto s'est crashée. J'aurais très bien pu y passer d'ailleurs. "

Jisung, accablé, se leva en soupirant. Rester avec cet homme, si différent et inaccessible, lui faisait mal. Autant écourter les adieux, et poursuivre sa propre route. Il entendit son cœur se briser en déclarant :

" - Tu sais quoi ? Le mieux est que je continue tout seul. C'était mauvaise chose, je pense, que tu me rentres dedans... dans tous les sens du terme. "

Minho, choqué des paroles qui résonnaient encore, sentit son propre cœur se fissurer.

" - En effet, Han Jisung, je ne vois pas pourquoi je m'encombres autant. Ravi d'avoir fait ta connaissance. "

Minho lâcha le bras de son amant, le contempla une dernière fois avant de tourner les talons. Ses yeux se mouillèrent, sans jamais se retourner.

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Au bon d'un long moment à errer, Minho s'accroupit sur le bord de la route. Immobile, tête basse, il se remettait pleinement en question.

Nom de Dieu, pourquoi avait-il fait ça ? Abandonner l'homme, du moins le garçon de sa vie, dans cette forêt. Lui, si dévoué, si vulnérable, il l'avait traité d'encombre ? Quelle folie !

Minho ne put rester en place plus longtemps. Ses jambes accélérèrent, toute fatigue envolée. Il fallait qu'il retourne chercher Jisung. Qu'il s'excuse comme jamais, qu'il l'embrasse pour toujours.

C'est en courant le long de la route qu'il croisa une voiture. Le brun lui fit aussitôt de grands gestes, pour stopper le véhicule. Le conducteur en sortit, l'air plutôt contrarié.

" - Hé ! Vous allez bien ? Que faites-vous là ? "

Minho lui conta sa mésaventure, dans les grandes lignes. Son interlocuteur, intrigué et touché, proposa de l'emmener à Jisung, puis de les raccompagner en ville.

" - Merci infiniment... Monsieur.

- Appelez -moi Chan. "

Le moteur démarra. L'amoureux éperdu souffla de soulagement depuis la banquette-arrière.

" - Vous avez l'air particulièrement concerné par ce garçon, lança Chan, qui l'observait dans le rétroviseur. "

Minho rosit et acquiesça, surpris de cette analyse si transparente. Un violent coup de frein dissipa sa rêverie. Il reconnut bien vite le petit corps gracile, au bord du bitume.

" - Jisungaaaaaaa !

- T'as failli encore m'écraser imbécile, répondit le plus jeune, assailli de baisers. "

Il écrasa une larme malgré tout. Son angoisse fondait comme une glace au soleil.

" - Ne me laisse plus jamais seul hein ? 

- Promis. Sale gosse, va. "

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Chan les déposa aimablement devant la résidence de Minho. Ils entrèrent, épuisés, bien que Jisung ne cessa d'observer les lieux.

" - On dirait que tu n'as jamais vu un appart meublé ! C'est bientôt le tien aussi, promis. "

Jisung fondit à nouveau dans le cou de son chéri. Ils ne se lâchèrent plus.

" - Je suis tellement désolé, tout est de ma faute. J'ai été si têtu et imprudent... 

- C'est bon, ne t'en fais plus de rien. Tu restes avec moi, déclara le brun en embrassant sa nuque. "

Ils s'allongèrent sur le canapé en s'échangeant des caresses, des baisers et des mots réconfortants. Ils en avaient besoin.

" - Je t'aime, Han Jisung.

- Je t'aime encore plus, Lee Minho. "

Soudain, ils entendirent un étrange bruit dehors. Minho jeta un coup d'œil par la fenêtre. Ce qu'il vit derrière le rideau glaça le jeune homme. Plusieurs voitures de police s'alignaient juste devant chez lui.

" - Que se passe t-il ? demanda Jisung. "

Son amant ne répondit pas et commença à barricader la porte, en déplaçant des meubles.

" - 'Sung, va dans la salle de bain, passe par la fenêtre et cours loin. Ils sont là pour toi.

 - Mais de qui, bon sang ? "

Jisung n'eut pas le temps d'en demander plus. Quelqu'un toqua fort à la porte en hurlant : " Police ! Ouvrez ! "

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Les voitures clignotantes encerclaient la résidence. Jisung rejoignit Minho dans le salon à toute vitesse. Tous deux contemplèrent, interdits, la porte vibrante sous les coups.

" - Police ! Ouvrez ! "

L'adolescent s'agrippa au visage de son aîné, en proie à la terreur.

" - Ils sont sous toutes les fenêtres, je ne peux aller nulle part ! Et puis... Je peux pas y retourner, larmoya t-il, dans ce foutu camp. Je veux rester avec toi... "

Soudain, une idée germa. Un plan terrible, qui le ferait échapper à son père, pour le restant de ses jours. Il ravala ses larmes.

" - Minho j'ai un plan, écoute-moi. Laisse entrer les flics, et dit que je suis un cambrioleur, qui a tenté de t'agresser.

- Quoi ?!

- Avec ça, c'est la case prison direct, pour un an minimum. Quand je sortirais, mes 18 ans passés, mon père n'aura plus d'autorité.

- Mais t'as perdu la tête ?

 - Je préfères encore la prison au camp. Au moins, je serais là-bas contre la volonté de mon père. Quand tout sera fini, je te rejoindrai, et on vivra ensemble pour toujours... "

Minho retenait ses sanglots. Il n'avait pas le droit de faiblir. Malheureusement, il comprenait l'avis de Jisung. Celui-ci l'embrassa une dernière fois en soufflant :

" - Allez, je t'en prie Minho. Je suis qu'un délinquant après tout... Mais à ma sortie, je serais un homme libre. "

Il tomba à genoux. La porte s'ouvrit avec fracas.

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" - Mains en l'air ! "

Les deux amants obéirent, l'un à genoux devant l'autre. Un policier s'avança.

" - Nous avons été informé, par un résident voisin, que Han Jisung se trouvait ici. Il a été aperçu par votre fenêtre. "

Il se tourna vers Minho, qui se composait un visage rigide.

" - Vous êtes le propriétaire de l'appartement, Mr. Lee... Pourquoi ce garçon, recherché depuis des jours, se trouve chez vous ? "

L'intéressé prit une expression sévère, saisit la nuque de Jisung à ses pieds.

" - Voyez-vous, cette petite raclure est entrée chez moi par effraction. Par chance, je suis arrivé avant qu'il me vole. Le dialogue n'a pas marché, et il a même essayé de m'agresser ! "

Sa voix tremblait légèrement sous la pression. Il ne devait prononcer rien de suspect. Le policier haussa un sourcil, alors Minho en rajouta une couche.

" - Je viens juste de réussir à le maîtriser, déclara t-il en bombant le torse. Merci aux cinq ans de taekwondo... Enfin, merci surtout aux voisins observateurs, qui vous facilitent la tâche. "

Le policier changea de couleur, mais garda son sang-froid.

" - Eh bien, Mr. Lee, permettez-nous de faire notre métier jusqu'au bout, et d'arrêter Han Jisung. "

Le garçon, tête baissée, fut menotté de dos comme un grand criminel. Minho se retint de craquer. Le cortège des policiers reflua de l'appartement, satisfait de leur proie. Soudain, une voix retentit dans le couloir.

" - Laissez-moi passer ! Laissez-moi passer, bande d'incapables...  "

Un homme trapu déboula dans le salon, des officiers sur les talons.

" - C'est mon fils, merde ! Laissez-moi le voir. 

- Pap- ... Père ? "

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