CHAPITRE 4 : EXPECTATION AND INTUITION « ATTENTE ET INTUITION »
« L'esprit intuitif est un don sacré
et l'esprit rationnel est un serviteur
fidèle. Nous avons créé une
société qui honore le
serviteur et a oublié
le cadeau. »
Albert Einstein
Point de vue Louka Walston, St Johnson Hopital, Polson, Mardi 3 Novembre 2020 , 5 h 00 .
Plus de quatre heures de temps qu'on était bloqués dans ce couloir de l'hôpital à attendre des nouvelles sur l'état de notre mère et franchement j'en avais marre, j'avais envie de tout casser. À part notre présence le corridor était désert, tous s'étaient endormis, y comprit Jenna, épuisée à force de pleurer. Marc Stanton, le shérif était rentré il y a deux heures prévenir sa femme et se préparer à annoncer la nouvelle à toute une ville. Même Mattheew, qui avait essayé de rester éveillé pour me soutenir et m'aider à canaliser mes nerfs, avait fini par sombrer et franchement j'aurais fait sûrement la même chose si je ne serais pas en colère contre le monde entier. Mon regard fut attiré par les bruits de pas dans le couloir, croyant d'abord que c'était le médecin, je fus vite déçu en voyant que c'était le shérif qui était revenu, les yeux complètement bouffi et rouge.
- Ne me demande surtout pas comment ma femme a pris la nouvelle car je n'ai pas pu aller la voir, j'ai été incapable de me résoudre à lui dire. Du coup je suis resté deux heures, comme un idiot et un lâche à regarder ce pont de malheur tout en me demandant pourquoi c'est tombé sur eux et devine quoi, j'ai toujours pas de réponse à te donner sur ça. Destin de merde sûrement. Dit-il en s'asseyant à côté de moi avant de se passer la main droite nerveusement dans ses cheveux noirs parsemés de quelques touches grises en tenant son képi de l'autre main.
Je ne répondis pas, mais je compris qu'il avait surtout passé ce temps-là à pleurer la mort de mon père qu'il considérait comme le frère qu'il n'avait jamais eu. Il était juste trop fier pour l'avouer, contrairement à moi qui n'avais plus de larmes à verser depuis longtemps, ce que tout le monde savait.
- Toujours pas de nouvelles ? Chuchota-t-il à nouveau afin d'éviter de réveiller tout le monde.
- Non toujours rien ! J'en ai ras le bol, je deviens fou.
- Je comprends, l'attente est le pire dans ces cas-là.
Inspirant un grand coup, il reprit.
- Je sais que c'est pas le moment opportun et si tu veux on peut faire ça plus tard mais il faudra que tu viennes avec moi à la morgue pour identifier le corps de ton père. C'est la procédure, cette tâche revient à un membre de la famille, normalement ça revient à ta mère de s'en charger mais je doute qu'elle soit dans l'état et la capacité de le faire dans les heures où les jours à venir. Et vu que je refuse de faire subir cette épreuve à tes sœurs, il ne me reste malheureusement plus que toi. Je pense sincèrement que tu partage mon point de vue sur cette dernière chose.
Abasourdi et terrifié à l'idée de faire face au corps de mon père sans vie, je fus incapable de lui donner une réponse pendant plusieurs secondes même si j'étais totalement d'accord avec lui. Hors de question que une de mes sœurs n'affronte une telle situation.
- Si tu veux on peut encore attendre, c'est absolument pas un souci. Tu me diras quand tu es prêt et on ira, ne te mets surtout pas la pression. Je peux m'arranger pour te faciliter la chose au maximum avec le médecin légiste, il n'y a pas de problème de ce côté-là. Je suis vraiment désolé, si je pouvais je t'éviterais ça et je le ferai à ta place mais c'est pas possible alors ...
- Non, c'est bon. Ça va aller, on y va. Dis-je finalement en me levant attirant par la même occasion l'attention de Mattheew en le sortant de son sommeil.
- Louka tu fous quoi ? Tu vas où ? Ça va ? Parce que t'es vachement pâle ! Me questionna-t-il les sourcils froncés et encore à moitié endormie.
- À la morgue, il faut que j'aille identifier le corps de mon père. Répondis-je.
À ma réponse qui eut l'effet d'un électrochoc sur lui, Mattheew se réveilla complètement.
- Ah merde, je veux dire, tu veux que je vienne avec toi pour te soutenir ? Histoire que tu sois pas seul devant ça. C'est pas rien quand même.
- Non merci, ça va aller. Stanton m'accompagne déjà. Je préfère que tu restes ici avec mes sœurs au cas où le médecin référent arriverait entre-temps et que je ne suis pas là.
- T'es sûr ?
- Ouais t'inquiète. Veille sur elle le temps que je revienne. J'en ai pas pour longtemps, je reviens vite promis.
- Ok, bien sûr, tu peux compter sur moi mec, mais surtout prend quand même bien le temps qu'il faut pour lui dire adieu, sinon tu le regretteras toute ta vie. Bonne chance et courage.
- Merci. Dis-je touché avant de m'engager en suivant le shérif en direction des ascenseurs.
Le trajet en ascenseur se fit en silence et lorsque les portes s'ouvrirent un froid glacial et mortuaire m'envahit de la tête aux pieds. Resserrant ma veste sur mon corps en fermant la fermeture éclair jusqu'au col, je m'engagea dans un long couloir où résonnait nos pas dans un silence inquiétant. Les mains dans les poches, je me préparais à affronter le corps de mon père sans vie, quelque chose que j'aurais préféré éviter même si il était de mon devoir en tant que grand frère de le faire à la place de mes sœurs afin de les protéger moralement. S'arrêtant devant une lourde porte blanche, Marc frappa avant d'entendre une voix l'invitée à rentrer. Entrouvrant la porte, Stanton prit la parole.
- Bonjour, on vient pour l'identification du corps de Daniel Walston.
- Bonjour, oui bien sûr, entrer, il est juste là.
- Louka, je te présente Patrick Carter, c'est le fils de John.
- Bonjour, on s'est déjà rencontré, non ? Demanda le médecin légiste.
- Bonjour, oui, c'était il y a cinq ans. Lui rappelais-je.
- Ah oui, c'est vrai, je venais seulement de commencer, c'était mon premier jour. Se rappela-t-il gêné de ne pas avoir fait le lien.
En entrant, j'avais fait face au fils de John Carter, le bras droit du maire. Âgé de 33 ans, il avait hérité, grâce à ces années d'études a Miami, d'un teint légèrement bronzé mais aussi de la carrure et du look d'un surfeur. Mais ce qui attira le plus mon attention fût la table derrière lui recouverte d'une fine bâche blanche. Suivant mon regard, Patrick alla alors se placer derrière celle-ci en voyant que je la fixais. Et comme si mon cerveau s'était mis en mode pilote automatique, mes jambes avancèrent sans que je ne puisse les en empêcher pour me retrouver en face de Patrick, la dépouille de mon père nous séparant. Le regard fixé sur le haut de la bâche, incapable de dévier mon regard de cet endroit depuis que j'avais vu la table, je me préparais à la vision qui allait suivre complètement terrifié avant de me rendre compte pour la deuxième fois de ma vie qu'il était impossible de se préparer à une telle chose, peu importe le temps que l'on pouvait disposer.
- Est-ce que tu es prêt ? Me questionna le fils à John tout en empoignant les deux coins supérieur du plastique.
- Oui. Dis-je en prenant à deux mains le peu de courage qu'il me restait.
- Je dois te prévenir avant tout que c'est pas beau à voir.
- Comment ça ? Que voulez-vous dire ? Lui demandais-je.
- Son visage à été gravement touché. Il se peut que tu ne le reconnaisses pas.
- Quoi ? Ça reste mon père donc je pourrais le reconnaître. Enlever la bâche ! Ordonnais-je en baissant mon regard vers l'endroit où se trouvait la tête de mon père.
Obéissant à ce que j'avais demandé en retirant tout doucement la bâche, la scène qui m'apparut fût insoutenable. Je fis face au visage de mon père en ayant un mouvement de recul qui me fit heurter le torse de Stanton qui posa aussitôt ses mains sur mes épaules pour me retenir et me soutenir. Sans quitter des yeux une seule seconde cette vision d'horreur, figé par le choc, j'observais un visage presque méconnaissable si je n'avait pas vécu toute mon enfance avec mon père. La tête en plus d'être tuméfié et complètement mutilée, était comme écrasée. Ses yeux encore ouverts mais sans vie complétait une peau d'un blanc tirant sur le bleu clair qui me fit froid dans le dos. Si je ne l'avais pas connu vivant, j'aurais eu du mal à imaginer que ce visage fût autre fois vivant et animé. Prenant une grande inspiration, je confirma son identité la gorge complètement nouée.
- Oui, c'est bien lui. C'est bien mon père, Daniel Walston. Affirmais-je d'un souffle tremblant.
- Très bien. Répondit Patrick.
- Attendez ! Dis-je en haussant légèrement la voix alors qu'il commençait à recouvrir le corps.
M'approchant à nouveau de la table en levant la main afin de fermer les yeux de mon père, cette dernière fut stoppée par le médecin légiste me faisant ainsi relever le regard dans sa direction.
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
- Et moi je vous conseille très sincèrement de très vite me lâcher. Le menaçais-je accompagné d'un regard noir.
- Laissez le faire. Ordonna le shérif d'une voix ferme avant que la situation ne dégénère.
Remerciant mentalement Marc pour son intervention, je continua mon action lorsque le fils de Carter me libéra la main. La posant délicatement sur les paupières ouvertes, je glissa ma main lentement pour les fermées tout en faisant mes adieux à mon père dans ma tête. Récupérant ma main doucement, Patrick rabattu le plastique presque aussitôt. Une fois le contact visuel rompu, qu'immédiatement je courus vers l'entrée de la pièce. Ouvrant la porte brusquement, je me précipita vers la première poubelle du couloir pour y vider tout le contenu de mon estomac.
- C'est normal, la première fois ça fait toujours cet effet. Me dit Marc qui m'avait rejoint entre-temps.
La main droite sur mon épaule, il me tendait un mouchoir en papier de l'autre. Le prenant, je me redressa et lui répondit.
- C'est justement ça le problème, on sait pourtant bien que c'est loin d'être la première fois, mais plutôt la deuxième, non ?
N'attendant pas sa réponse qui ne viendrait jamais de toute façon, je me dirigea vers l'ascenseur, Stanton sur mes talons.
À peine arrivé dans le couloir que j'avais quitté quelques instants plus tôt que je vis un médecin venir vers nous. Toutes les personnes présentes se levèrent, elles avaient dû se réveiller pendant mon absence. Me rapprochant de Jenna qui s'était mise à trembler de peur, j'entoura ses épaules de mon bras droit pour la serrer contre moi avant de questionner le médecin.
- Salut Quentin. Comment va-t-elle ? Demandai-je en craignant la réponse.
Un silence de plusieurs secondes où tout le monde retenu son souffle se fit entendre. On aurait pu entendre une mouche voler si on aurait pas été en hiver.
- Son état est stable. Lâcha-t-il enfin après un léger hochement de tête pour nous saluer.
À cette information, je bascula ma tête en arrière en fermant les yeux de soulagement alors que tout le monde soufflait d'apaisement.
- Néanmoins son état reste très préoccupant. Rajouta-t-il très vite, trop vite.
À ce renseignement, je redressa la tête pendant que tout le monde se mit à le fixer du regard, moi y compris.
- Hum ... , elle a plusieurs côtes cassées, l'hémorragie suite à une blessure à l'abdomen a été stoppée et soignée. Sa fracture à la jambe et au bras ont été opéré et tout s'est bien passé. Par contre, le plus inquiétant reste sa blessure à la tête. Le choc a provoqué un énorme hématome à l'arrière de celle-ci qui appuie sur une partie du cerveau. Une opération dans cette situation est inenvisageable, il faut voir si il se résorbe avec le temps. Étant donné qu'elle était déjà dans le coma en hypothermie, on va surveiller l'évolution et si il y a besoin on la replongera dans un coma artificiel afin que l'œdème diminue plus vite et qu'elle puisse mieux récupérer.
- Et combien de temps va durer son coma ou la résorption de l'œdème ? Questionnais-je.
- C'est la tout le problème, l'un comme l'autre, on ne sait pas, seul le temps nous le dira. Ça peut durer quelques jours, semaines, mois, année ou comme peut-être...
- Comme peut-être jamais. Complétais-je.
- Oui. Répondit à contre cœur le médecin avant d'ajouter. Je suis désolé, c'est une possibilité à envisager, mais nous avons le temps, il existe d'autres alternatives, on n'en ait pas encore là. Il faut rester optimiste.
- On peut la voir ? Demanda Jenna.
- Pas tout de suite, mais plutôt en début d'après-midi, vous devriez rentrer vous reposer on vous appellera si il y a du nouveau, ne vous inquiétez pas.
- Non ! M'interposais-je ou plutôt refusais-je aussitôt.
- S'il te plaît Louka, rentrons, on ne peut plus rien faire de toute façon. Intervenus Max.
- Mais ...
- Allez viens, s'il te plaît. Insista Tom.
Abdiquant, nous nous dirigeâmes tous vers la sortie après avoir salué Quentin et avoir rempli une fiche d'information sur ma mère à l'accueil. Une fois arrivé à la maison, j'aida Jenna et Milla à se coucher dans le lit de la plus grande avant de refermer la porte de la chambre tout doucement puis de descendre au rez-de-chaussée. Atterrissant dans le salon, les Smith et Stanton me fit alors part de leur décision une fois que je m'étais assis dans l'un des deux canapés d'angle que comportait le salon.
- On a décidé de se relayer de façon à qu'il y ait toujours un adulte avec vous. Histoire que vous soyez pas seul pour affronter tout ça. Aileen va donc rester jusqu'à ce soir et c'est Tom qui prendra le relais pour la nuit, ok ? Me demanda Marc.
Penché en avant, les jambes écartées et les avant-bras appuyant dessus, je hocha de la tête pour montrer mon accord tout en fixant le fauteuil de mon père en face de moi. Pendant qu'ils partaient tous de la maison excepté Aileen, je réalisa que plus jamais je verrai mon père assis dedans le soir, une jambe posée sur l'autre et avec sa pipe au coin des lèvres en train de lire son journal. Sortis de mes pensés par la femme de Max, je secoua de la tête pour revenir à un présent tout aussi douloureux.
- Quoi ? Demandais-je totalement à l'ouest.
- J'ai dit tu veux quelque chose à boire ? Me questionna gentiment Aileen.
- Non merci, ça ira, mais c'est gentil. Refusais-je a cause de ma gorge et de mon estomac noués.
- Voyons, c'est normal. Par contre, tu devrais aller dormir un peu, ça te ferait du bien.
- Oui tu as raison, j'y vais.
Me levant, je quitta le salon pour monter ensuite les marches afin de me rendre dans ma chambre. M'arrêtant en chemin au milieu des escaliers, je me tourna vers Aileen.
- Hé, Aileen !
- Oui ?
- Merci, Merci pour tout !
- De rien, c'est normal je t'ai déjà dit, allez zou, va dormir. Dit-elle d'un geste de la main me signifiant d'aller me coucher.
- Ouais, je vais essayer. Tu devrais toi aussi faire pareil, je te laisse choisir la chambre d'amis, tu as l'embarras du choix après tout.
- Oui tu as raison, il est bientôt six heures en plus, je te suis et merci.
- Normal, tu vas pas dormir sur le canapé après tout. À ma réplique, exprès similaire aux siennes avec ma pointe de sarcasme légendaire, je la vis lever les yeux au ciel sans néanmoins répliquer.
Reprenant mon chemin suivi de Aileen derrière moi, je m'engouffra dans ma chambre après qu'on se soit souhaiter bonne nuit. Je ne fis absolument pas attention, comme toujours, à la porte du fond, condamnée d'une barricade de planche clouée depuis maintenant quatre ans.
Point de vue Sayla Tonswal, Manoir des Free Spirit, Los Angeles, Mardi 3 Novembre 2020, 6h.
Après plusieurs heures à tourner en rond dans mon lit sans trouver le sommeil, je décida de me lever et d'aller courir le temps que les autres se réveille, ce qui me laissait deux bonnes heure. Enfilant une brassière de sport noir et un jogging large gris, je fixa mon arme à ma jambe droite en la recouvrant du pantalon pour la rendre invisible et enfila ensuite un gilet sans le fermer. Je fis une rapide queue de cheval basse avant de mettre une casquette et de glisser mes portables dans la poche gauche du jogging que je ferma puis je pris mes baskets et mon MP4 dans ma main droite.
Sortant du manoir sur la pointe des pieds, j'évitais de réveiller mes amis qui s'était endormis, une fois de plus, en bavardant devant la cheminée, je le savais grâce au ronflement bruyant digne d'un grizzli d'Oliver qui me fit malgré moi étiré un sourire au coin des lèvres. Refermant doucement la lourde porte d'entrée du hall derrière moi, je m'assis en haut sur la première marche, à droite, de l'escalier à double révolution en marbre blanc. Enfilant mes baskets puis mettant mes écouteurs, je sélectionna le titre Fight song de Rachel Platten avant de me lever et de descendre la cinquantaine de marches au petit trot. Je passa ensuite devant la fontaine à étage, en marbre blanc également, en haut de laquelle était surmontée une épée ou s'enroulait deux roses épineuses, le tout en fer couleur or. Nous avions trouvé cette décoration en creusant les fondations du manoir, une fois nettoyée et repeinte par mes soins, nous avions décidé de la mettre sur la fontaine. Je remonta enfin l'allée de palmiers, le début d'un parcours de deux heures sans m'arrêter alors que la chanson You can't stop the girl de Bebe Rexha débutait et m'accompagnerait tout le long de mon footing.
2 heures plus tard.
Revenant de mon footing, je rentra dans le manoir par la porte de la cuisine, sur le côté droit, afin d'éviter de faire du bruit au cas où ils dormiraient tous encore, ce qui était très probable, même totalement sûr. Transpirante, le souffle court, je retira mes écouteurs et posa mon MP4 sur l'îlot de la cuisine avant de mettre la machine à café en route. Sortant une tasse et le sucre, je me servis un café puis m'installa debout devant la grande baie vitrée style victorienne de la cuisine. Tout en observant le lever du jour éclairé de ses rayons le paysage magnifique du domaine, je repensa aux événements étranges de la veille, en me demandant ce que cela voulait bien signifier. J'espérais juste que ce n'était pas les signes qui me prévenaient que mon passé était en train de me rattraper sans que je le sache et qui pourrait menacer tout ce que j'ai durement construit ici en quatre ans. À cette pensée, je referma inconsciemment mes doigts sur la tasse tout en la serrant jusqu'à ce que les jointures de mes phalanges se mettent à blanchir. Ce fût l'arrivée de Susanne encore à moitié toute endormie dans la cuisine qui me sorti de ma terrifiante torpeur.
- Hé. Me salua-t-elle.
- Salut, t'as bien dormi ? Lui répondis-je en me retournant pour adosser mon épaule droite contre la baie vitrée et de passer ma jambe droite sur celle de gauche tout en buvant une gorgée de café.
- Ouais plutôt bien si on oublie les ronflements d'Oliver. Par contre, je ne te pose pas la question vu ta tenue. Je m'étais pas trompée, j'avais bien crue entendre la porte d'entrée s'ouvrir. Dit-elle en se hissant sur l'îlot après s'être servie un café qu'elle déposa à ses côtés.
Je souris concernant le sommeil agité d'Oliver, mais tira une grimace pour la suite.
- Tu as raison, j'ai dormie à peine deux heure de temps. Heureusement que c'était moi pour la porte d'entrée, par ce que n'importe qui peut rentrer sinon, personne ne s'inquiète, tout est normal !
- Oh, c'est bon la paranoïaque ! Si seulement tu savais, pensais-je tandis qu'elle continuait. Mais qu'est-ce que tu as ? Je sais que ta date approche, mais je suis persuadée qu'il y a autre chose. T'étais pas comme ça les années précédentes alors qu'est-ce qu'il y a d'autres, bon sang ? Dis-moi, je m'inquiète, tout comme le reste de la bande.
Plongeant mon regard vide d'expression dans ma tasse avant de le relever plein d'inquiétude dans celui de Susanne, je sus que je n'avais plus le choix que de parler. J'étais au pied du mur, je le lui devais pour toutes ses années de patience dont elle avait fait preuve, mais hors de question de trop en dire, je me devais de les protéger.
- Je sais pas, pour tout te dire je suis complètement paumée. J'ai l'impression d'avoir du mal à respirer, comme si j'avais un poids sur le cœur. À la fin de notre danse et pareil à la fin de la course, ma respiration a été jusqu'à se couper complètement tout en ressentant en même temps comme si on m'arrachait le cœur à main nue. J'ai l'impression d'être prisonnière de ma transe sans possibilité de m'en sortir, la preuve à chaque fois c'est soit toi et Kyle ou Alonzo qui me faites réagir.
Fixant son regard sérieux dans le mien, Susanne semblait hésiter, je sue alors que j'allais être loin d'apprécier ce qui allait suivre.
- Ah non pas ce regard. L'implorais-je.
- Quoi ? Ça t'es déjà arrivé, non ? C'est bien ce que je pense, c'est ça ? C'est pas la première fois, n'est-ce pas ? Quand c'était la première fois que t'as ressentie ça et pourquoi ? J'en suis sûre que tu sais ce que tout ça veut dire, mais t'as juste pas envie de te l'avouer, tu as trop peur pour ça. Alors ça signifie quoi pour toi ?
Détournant mon regard pour le fixer pendant quelques secondes sur le sol extérieur, je contemplais les pavés autobloquant blanc qui composaient toute la surface de la cour en réfléchissant à comment tourner ma réponse de façon à ne pas trop en dire. Je finis par rompre le silence en accrochant mon regard dans celui de mon amie pour lui répondre le plus honnêtement possible.
- Ce que je crains le plus au monde, je pense que mon passé me rattrape. Mais je sais pas d'où vient le danger, ni comment.
Hochant la tête en baissant les yeux avant de les relever, elle répondit.
- Ok, je vois. Attention, je te demande même pas de m'en parler de ton passé, je sais très bien que c'est au-dessus de tes forces. Mais c'est aussi grave que ça en a l'air ? Autant que je pense ?
- Oui. Dis-je en inspirant un bon coup avant de reprendre après une très courte pause. Très grave au point de tout détruire ce que j'ai ici. Au point que si jamais ça venait jusqu'ici, je devrais partir encore une fois, pour tous vous protéger.
- Oh quand même ! Mais t'oublie une chose, on ne te laissera pas partir. Oh ça non, tu peux en être sûre, on est une famille et en cas de coup dur on se serre les coudes, on reste soudé, ensemble on est inarrêtable. On est pas en sucre, on peut se défendre, t'oublie un peu trop vite je trouve dans quoi on a déjà trempé, tout comme Alonzo. De plus mon oncle peut nous aider et avoir le FBI de notre côté n'est pas rien tu sais, c'est loin d'être négligeable. On est intouchable et celui, celle où ceux qui s'y essaieront s'en casserons les dents tu peux me croire. Et puis si ton passé devrais te rattraper, j'en suis sûre que tu le saurais autrement que par de simples intuitions sans raison, ne t'inquiète pas.
- Personne n'est intouchable tu peux me croire. Surtout que je n'ai jamais su de toute ma vie qui était mes ennemis et si ils me retrouvent, je partirais, il est hors de question que vous soyez mêlés à ça. Il est impensable que vous risquiez d'être touché d'une façon ou d'une autre par ma faute, de plus vous vous êtes tous plus ou moins rangés loin du danger et Alonzo va fonder une famille dans quelque mois, alors ça doit être ça sa priorité maintenant et rien d'autre, il est donc inacceptable que vous retombiez un seul instant dans vos travers du passé en risquant votre vie pour moi. Si ils vous arrivaient quelque chose je ne me le pardonnerais jamais. Impossible que je prenne ce risque, vous comptez trop pour moi. Je préfère vous perdre en coupant les ponts, plutôt qu'il vous arrive quoique ce soit. Dis-je implacable, même si j'en doutais fortement, ils ont dû m'oublier avec le temps vu que je suis morte pour tous ceux de mon passé et c'est bien connu qu'on recherche pas des personnes mortes et enterrées.
- Mais ...
- Non ! Fin de la discussion ! De toute façon il faut que j'aille bosser, j'ai un moteur à changer et d'autres trucs à réparer sur la voiture que nous a amené le frère de Lou, hier. Et j'en ai bien pour toute la journée, crois-moi. Dis-je en lui coupant la parole afin de clore la discussion tout en me redressant et en traversant la pièce pour gagner la sortie, en posant au passage ma tasse dans l'évier.
- On est là ! On le sera toujours ! On est tes amis, non, je rectifie, on est une famille. On te jugera jamais et on sera toujours là les uns pour les autres, on te lâchera ni maintenant ni jamais, c'est une promesse éternelle. Jamais on te laissera tomber. Me dit Susanne au moment où je passais l'encadrement menant à la salle à manger puis au hall.
M'arrêtant immédiatement, je posa ma main gauche sur la chambranle de la double porte. Tournant légèrement ma tête dans sa direction, je lui offris un sourire de façade qui la convaincue à mon plus grand soulagement.
- Tout va bien, mais merci. Merci pour tout. Lui lançais-je émue. Puis je disparue de sa vision, touchée par ses mots.
Après m'être préparée de ma tenue de travail habituelle composée d'un top crop, d'une vieille salopette en jeans usée et de baskets montantes en cuir, je descendis les escaliers du hall. Passant devant le salon en enfilant ma casquette en tissu noire après avoir refaite ma queue-de-cheval, j'eus un sourire intérieur en entendant les garçons ronfler comme des ours, me rappelant par la même occasion quelqu'un. En sortant pour me rendre au garage, je ne pus m'empêcher de claquer la grande porte du manoir bien fort, ce qui provoqua alors à ma plus grande joie, des grognements et des menaces de torture ou de mort douloureuse en tout genre selon la personne. Tout en rigolant très légèrement, je me mise très vite à courir pour éviter qu'ils me rattrapent car sinon j'allais passer un mauvais quart d'heure, j'en étais certaine. Je n'avais aucune envie de risquer de finir dans la piscine d'aussi bonne heure, même si il n'y avait aucun risque. Ils n'y étaient jamais arrivés jusqu'à présent malgré tout leurs efforts, mais ne sait-on jamais, au cas où par une quelconque malchance cette fois ci ils réussiraient, mieux valait se montrer prudente.
Ouvrant le garage, les mains sur les hanches, je contempla le boulot qui m'attendait en pensant que c'était le meilleur moyen de ne pas penser à mes pressentiments. Et puis il fallait que je relativise, tout ça n'était que des angoisses doublées d'intuition irrationnelles comme au début de ma vie à L.A, rien de concret, il fallait donc que je me reprenne et sois rationnelle. De toute façon, peu importe ce qui pourrait se passer, je ne pouvais rien faire d'autre que d'attendre un signal qui me dirait de partir au plus vite pour protéger tout le monde. Sur cette bonne résolution, je me mise au travail sans savoir que ce signe arriverait bien plus tôt que je ne le pensais. Beaucoup trop tôt par rapport à ce que j'avais prévue pour dans un an.
Point de vue Marc Stanton, Mairie, Finley Spring, Mardi 3 Novembre 2020, 8 h 30.
Après que les enfants Walston étaient rentrés chez eux et que je sois passé au commissariat pour faire le point avec Charles et Lewis, je me rendis à la mairie. Parcourant le hall désert du regard, chose normal pour une heure pareil sachant que la mairie ouvrait à neuf heure, je monta ensuite directement en direction du bureau de mon meilleur ami et maire de la ville. Frappant, j'entendis une voix étouffée par la porte m'invitant à entrer. Abaissant la poignée, je pénétra dans la pièce pour trouver Lanson à son bureau après encore une énième nuit blanche. Me voyant, il s'empressa de se défendre en rebaissant aussitôt la tête sur ces dossiers.
- Salut. Je sais, je sais. Avant que tu dises quelque chose, pour ma défense mon assistante, qui es aussi ma femme soit dit en passant, est clouée au lit avec quarante de fièvre et du coup je dois faire son boulot. Se précipita de se justifier le maire, craignant que son ami ne lui fasse encore la morale sur le fait qu'il travaille trop. Mais devant le mutisme du shérif, il releva la tête en fronçant des sourcils étonnés de son silence, de son teint pâle et de son manque de sermon.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Il y a eu un accident, une voiture a sauté du pont pour se crasher quelques mètres plus bas dans la Skidoo Creek.
- Ah oui merde, j'ai entendu ça en effet. Ils en ont très vaguement parlé à la radio, tu sais si il y a eu des morts, des blessés ? Un mort sûr, si j'en crois le glas que Daniel a fait sonner en plein milieu de la nuit et quelqu'un de connu vu la durée de ce dernier.
- Un mort et une blessée grave. Répondis-je le visage fermé tandis que mes mains étaient dans les poches avant de mon pantalon pour masquer mes mains tremblantes à l'idée d'annoncer cette nouvelle a mon meilleur ami.
- Merde ! Franchement ce pont ne porte vraiment pas chance. Dit Lanson en baissant ses yeux sur les feuilles éparpillées sur son bureau avant qu'il se remette à écrire tout en ajoutant.
- Et qui c'était ? Ils venaient de quelle ville ? Surtout à cette heure-ci de la nuit !
- De notre ville, ils rentraient d'un dîner. C'est Daniel et Louise Walston qui ont eu cet accident. Annonçais-je complètement affligé, ne pouvant plus tourner encore plus autour du pot.
Cette information stoppa net Lanson Walter dans son écriture, croyant avoir mal entendu, il releva lentement son visage dans ma direction pour croiser mon regard qui ne cachait aucunement ma tristesse. C'est en me regardant droit dans les yeux qu'il comprit qu'il ne c'était pas trompé. Lâchant son stylo, il se recula pour s'appuyer, complètement accablé et déboussolé, contre le dossier de son fauteuil avant de prendre la parole, la main gauche sur la bouche et le regard dans le vide.
- Que c'est-il passé ?
Me dirigeant vers la porte-fenêtre à ma droite donnant sur la grande place sous le regard du maire. Je lui répondis après m'être planté devant cette dernière, lui tournant ainsi le dos, incapable de faire face plus longtemps à la tristesse de Lanson.
- Daniel a perdu le contrôle de la voiture en passant sur une plaque d'eau gelée venant de la colonne d'eau qui a éclatée à cause du gros gel de ces derniers jours. Il est mort sur le coup quand le côté conducteur s'est écraser contre la grosse pierre de la Skidoo Creek. Louise quant à elle a réussi à s'extraire de la voiture mais elle est à l'hôpital dans un état très grave. C'est mon fils et le tien qui ont donné l'alerte, par chance ils n'ont pas reconnu la voiture, je les ai fait partir pour éviter qu'ils n'assistent à une horrible scène, une fois à suffi pas besoin de renouveler l'expérience.
- Merde ! Cria Walter de rage en frappant un coup de poing sec contre le bureau.
Je resta stoïque, aucunement surpris ni par son geste, ni par le manque de douleur dans sa main droite suite à son acte. Dans le reflet de la vitre, je vis Walter plonger sa tête dans les mains, les coudes sur le bureau, en tirant les pointes de ses cheveux noirs.
- Mais attend, je comprends pas, on l'avait pourtant fait vérifier avant que l'hiver arrive et les experts nous avait dit qu'elle tiendrait largement jusque au printemps !
Baissant les yeux, je répondis.
- Ils se sont trompés visiblement.
- Sans blague ! Je peux te jurer qu'ils vont avoir de mes nouvelles ces incapables !
Après un silence de plusieurs minutes l'homme accablé laissa place au maire qui repris les choses en main. Après m'avoir chaleureusement remercié plusieurs fois d'avoir protégé son fils d'une telle vision alors que je lui assura que c'était normal et logique avant de balayer sa reconnaissance pour moi inutile d'un geste de la main, il décida de convoquer toute la ville afin d'annoncer la triste nouvelle. Il me proposa de tous les réunir soit devant l'église, soit devant la mairie. J'acquiesça au deuxième choix, le plus judicieux selon moi au vu des circonstances avant qu'il appel Éric Beer afin qu'il fasse de nouveau sonner les cloches afin de prévenir tout le monde.
Une demi-heure plus tard, toute la ville était réunie devant la mairie sur la grande place principale. Même Maude, la femme et assistante de Lanson avait fait l'effort de sortir de son lit et était venue malgré sa grippe en étant soutenue par ses enfants, Louis, Brenda et Romain. Lanson et moi descendirent alors dans le hall de la mairie afin de gagner le perron extérieur pour prendre la parole. Sauf que avant de sortir, je vis le maire se stopper, la main gauche figée sur la poignée, provoquant alors l'étonnement et les chuchotements parmi la foule l'ayant aperçue.
- Je peux pas ! C'est au-dessus de mes forces ! Je peux pas leur annoncer ça Marc. Je peut pas rendre la mort de Daniel, mon meilleur ami, mon frère, officielle. C'est impossible, c'est trop dur.
- Tu veux que je le fasse ? Lui proposais-je devant son désarroi que je comprenais et partageais.
Relevant son regard du sol, Walter hocha la tête, reconnaissant et soulagé que je le lui propose.
- Oui, s'il te plaît. Si ça ne te dérange pas évidemment.
- Aucunement, même si ça ne va pas être une partie de plaisir. Répondis-je en rassemblant tout mon courage en songeant que je n'avais de toute façon pas le choix. Un de nous deux devait avoir le cran de s'y coller et aujourd'hui ce serait moi, comme malheureusement trop souvent.
D'un hochement de tête respectif l'un envers l'autre, nous nous engageâmes sur le perron ou le vent glacial nous fouetta le visage. Voyant que je me mettais en avant alors que le maire s'était mis à l'arrière, à l'écart, la foule se tue, surprise. Normalement, c'était toujours Walter qui prenait la parole lors des convocations devant la mairie. Même lors de ce tragique événement il y a cinq ans auparavant. Soufflant un grand coup en croisant le regard interrogateur et inquiet de ma femme et de mes deux enfants, je me lança.
- Bonjour tout le monde. Tout d'abord, merci de vous être déplacé aussi vite après avoir entendu le son des cloches. Je sais que vous devez tous vous demander si cela a un lien avec le glas qui a sonné pendant très longtemps à minuit.
Voyant que tous les habitants hochaient la tête pour montrer leur accord. Je repris en me tournant à ma droite, vers l'élève de Daniel.
- La réponse est oui, c'est en effet bien le cas. D'ailleurs à ce propos, je tiens à te remercier Éric pour t'être levé à cette heure sans rechigner, et sans poser de question pour faire sonner les cloches.
Le garçon en question, âgé d'une vingtaine d'année, hocha légèrement de la tête pour dire de rien tout en portant sur son visage une tristesse profonde du fait d'avoir perdu son mentor. Par cette phrase, j'espérais égoïstement que les habitants comprendraient ou au moins les avoir aiguillés sur le bon chemin. Mais à voir les regards perdus et d'incompréhension qu'ils se lançaient tous, je sus que malheureusement tout le monde se posait la mauvaise question, a savoir pourquoi est-ce que c'était Éric qui s'était chargé de cette tâche au lieu de faire le lien que je souhaitais.
Tout Finley Spring savait pourtant que ça avait toujours été le pasteur Walston qui s'occupait de cette tâche. Peu importe qui c'était qui était touché, même si cette mort en question l'ébranlait comme il y a cinq ans ou que c'était un membre de sa famille comme il y a quatre ans. Même malade, comme quand le grand père de Quentin était décédé d'une crise cardiaque et que Daniel était alité par une grippe foudroyante, ce dernier c'était malgré tout levé pour aller sonner le glas. Il disait que tous ce qui touchait l'église et Dieu était de son devoir et que personne d'autre que lui devait s'en occuper.
Je fus sorti de mes pensées par les chuchotements des habitants dû à mon silence et a leur incompréhension devant ce que j'avais voulu leur insinué. Pourtant, ils auraient dû tous comprendre vu la phrase que Daniel avait dit à Éric il y a quatre ans et que toute la ville avait entendue. Quand l'adolescent avait dit gentiment qu'il aurait dû sonner le glas à sa place étant donné que cela touchait sa famille et qu'il n'aurait jamais dû s'infliger une telle chose, même si tout le monde savait que Daniel n'avait aucunement été touché de cette mort familiale. Le pasteur avait alors répliqué fermement, sans possibilité de riposter, que le jour où quelqu'un d'autre que lui ferait sonner ces cloches, se serais le jour de sa mort, malheureusement il avait tenu parole comme promis et aujourd'hui, en ce moment-là, personne ne semblait s'en rappeler. J'aurais voulu égoïstement qu'ils le comprennent d'eux même sans que je n'ait besoin de le dire à voix haute, hocher de la tête pour le confirmer aurait amplement suffi et aurait été suffisamment dur comme ça, pas la peine d'en rajouter. Je commençais sérieusement à avoir des remords d'avoir proposé de le faire à la place du maire. Je savais parfaitement pourtant que mon comportement était lâche, tout le contraire de ma personnalité, mais au vu des circonstances, c'était largement compréhensif je pense. Malheureusement je n'avais plus le choix, je ne pouvais plus faire marche arrière, c'était trop tard pour ça. Je décida alors malgré tout de me reprendre mentalement, ce n'était pas le moment de fuir ou d'avoir des remords, il fallait que je prenne mon courage à deux mains et que j'assume. Je poursuivis alors.
- Silence s'il vous plaît, merci ! Il y a en effet bien un lien entre ces deux événements. Hier soir, aux alentours de 22 h 30, mon fils et Louis, en rentrant de l'université où ils sont restés tard pour un exposé, on découvert une voiture dans la rivière Skidoo Creek. Le véhicule a chuté depuis le pont suite à une perte de contrôle à cause d'une grande plaque de verglas provenant de la colonne d'eau qui n'a pas supporté ces derniers jours de gel intense et à explosée, provoquant ainsi ce drame.
À cette information, la foule retient un cri d'effroi avant d'attendre impatiemment la suite dans un silence pesant. Le lieu de l'accident, en effet, n'était pas sans rappeler de mauvais souvenirs et rajoutait encore plus d'inquiétude parmi les habitants.
- Un homme y a perdu la vie et une femme est dans le coma. Non seulement c'est un événement tragique, mais aussi une perte incommensurable pour cette ville car la famille touchée, que je vous demanderais tous de soutenir et d'aider au mieux, est connue et respectée de tous ici. Un couple parfait aux yeux de tout monde et un modèle de Finley Spring. Ces personnes sont ... Daniel et Louise Walston.
À cette déclaration, des pleurs se mirent à retentir, d'autres restèrent silencieux quand à eux, trop choqué pour esquisser le moindre geste. N'y tenant plus, je m'empressa de descendre les escaliers pour rejoindre ma famille écroulée de douleur pour prendre dans mes bras ma femme, tout comme Lanson qui eu le même réflexe de son côté. Les deux femmes étaient anéanties, très proche du couple et en particulier de l'épouse de Daniel avec laquelle elles avaient grandis. Alors que je tenais ma famille dans mes bras, j'observa le spectacle désolant autour de moi. Toute la ville était désormais que pleurs et tristesse. Fermant les yeux pour échapper à cette vision horrible qui me serrais la gorge, je songea que les habitants et moi-même, mettrait beaucoup de temps pour accepter cette disparition et même après plus rien ne sera plus jamais pareil. Daniel Walston était, est et sera toujours l'âme de cette ville. Un homme bien, parti beaucoup trop tôt, tout comme une autre personne.
Point de vue inconnu, Place Principale, Finley Spring, Mardi 3 Novembre 2020 , 9 h.
Alors que tout le monde essayait de se réconforter et d'assimiler cette horrible nouvelle, personne ne fit gaffe à moi, cette personne à l'écart de la foule. Un sourire aux lèvres, je souriais, le plan était en marche comme je l'avais prévu et j'étais persuadé que mon pressentiment était vrai. Ce drame ne pouvait pas être une coïncidence, impossible, c'était trop similaire, trop gros pour y croire et j'étais étonné que personne ne fasse le lien, ni ne se rende compte des similitudes qui étaient pour moi trop évidente. Cet accident allait tout remué à mon plus grand bonheur, cinq ans que j'attendais ça, que j'attendais une telle opportunité. Et la mort de Daniel, j'en étais sûr, ramènerai quelqu'un du royaume des morts et ce retour permettrai de révéler tous les sombres secret de cette ville que je n'avais pas pu déterrer tout seul sans prendre le risque de me faire repérer. Plus que quelque jour, l'attente serait dure, mais en valait largement le coup, très largement. Après tout, j'avais attendu cinq ans, je n'étais plus à quelque jour près et ça me laisserais largement le temps de vérifier quelque chose et de disséminer un indice à l'intention de la revenante. J'en était sûr à présent, ce n'était plus une intuition, mais bien la réalité. Cet hiver serait bien l'hiver de toute les vérités. Et préparer vous bien, car personne n'en ressortira indemne. Je vous le promets.
30/04/2022 18h33
Publié le Samedi 30 Avril 2022 à 22h25
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Bonjour tout le monde, je suis contente de vous retrouver pour ce nouveau chapitre qui j'espère vous plaira, je voulais aussi vous prévenir que de petite modification concernant les dates et les heures de l'histoire seront publiés demain et lundi. Mais ce sera vraiment minime. Sur ceux je vous souhaite une bonne lecture, n'oubliez pas de liker, commenter et partager. On ce retrouve le 1 juin pour le chapitre 5. Merci beaucoup pour tout et à bientôt. Bye !
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