Chapitre deux - Zashiki
La pièce était grande, toute en longueur. Sur le sol, de longs et beaux tatamis. Les murs étaient composés de grands paravents en bois sombre laqué et de papier de riz de belle qualité, si fin que la faible lumière du crépuscule passait à travers. Un éclat orangé faisait chatoyer les murs et le sol, donnant un aspect chaleureux à l'endroit. De chaque côté de la pièce on avait installé de longues tables basses également en bois, peintes en rouge, où étaient déjà disposés dessus de magnifiques services à thé et différents mets sucrés. Sur le sol, de beaux coussins de soie rouge foncé. La pièce respirait le raffinement et le confort tout en restant simple et épurée. Namjoon s'y sentit rapidement bien.
Au fond du salon, au milieu des longues tables, trois personnes se tenaient debout, si proches les unes des autres que leurs épaules se touchaient presque. Les yeux écarquillés par la surprise, Namjoon reconnu rapidement les silhouettes des deux créatures éthérées qu'il avait aperçu fugacement sur le pont. Monsieur Tanaka s'avança alors dans la pièce, les bras légèrement écartés et un grand sourire aux lèvres. Il s'approcha au plus près des trois êtres qui ne le quittaient pas des yeux, un air poli et attentif sur leurs visages, tout en se retournant vers ses convives, les yeux pétillants.
- Messieurs, je vous présente les Geiko et Maiko de l'Okiya de Mme Ren. Voici Renkô, Suki et ... Yoongi.
Les sourcils de Namjoon se levèrent haut sur son front alors que sa bouche s'ouvrait légèrement. Les deux jeunes femmes et le jeune homme face à eux s'inclinèrent d'un même mouvement, les mains jointes sur les genoux et les tête baissées, un même sourire humble aux lèvres. Namjoon avait déjà entendu parler des Geisha. Des femmes que l'on pouvait décrire comme étant des artistes complètes, d'excellente compagnie, tout en beauté et en délicatesse. Il serait mentir que de dire qu'elles ne s'approchaient pas de la perfection. Et le jeune homme ne pouvait dire le contraire, ses yeux parcourant rapidement les silhouettes des jeunes personnes face à lui, subjugué par tant de beauté et d'élégance réunis en un seul individu.
Avec un petit rire, heureux de l'effet de sa surprise, Monsieur Tanaka invita ses hôtes à s'installer à leur table, leur indiquant que d'autres investisseurs devaient se joindre à eux pour profiter du moment et parler affaire. Il ne fallait tout de même pas oublier pourquoi ses invités étaient là et ce, même en compagnie de ces sublimes créatures. Pourtant, même si Namjoon ne l'oubliait pas non plus, il ne pouvait détacher son regard de ces silhouettes silencieuses et immobiles, alors même qu'il s'installait à sa place.
Renkô paraissait être la plus âgée et la plus à l'aise aux yeux du jeune entrepreneur. Le visage et le cou fardés de blanc, les joues, les lèvres et les paupières légèrement rosées et rouges, les sourcils et les yeux peints en noir, accentuant leur intensité par cette couleur sombre, la Geiko demeurait impassible. Aucune émotions, qu'elle soient positives ou négatives, ne transparaissaient sur les traits de son visage. Seuls ses yeux, puits sans fond de l'âme, semblaient animés, légèrement plissés sous la concentration, alors qu'elle observait furtivement les hommes face à elle. Ses cheveux noirs étaient tirés et attachés dans un sublime chignon traditionnel divisé en deux, chignon au milieu duquel apparaissait une étoffe blanche en soie. Ils étaient également ornementés de magnifiques peignes vert foncé, desquels pendaient de fines bandes de métal qui tintaient légèrement à chaque infimes mouvements de tête.
La jeune Geiko était habillée d'un magnifique kimono en soie vert pâle à motifs floraux, décolleté dans le dos. Il laissait apercevoir une nuque en partie fardé de poudre blanche, sa peau au naturel contrastant imperceptiblement, plus foncée sous la lumière jaunâtre de la pièce. Un obi blanc, habilement noué dans le dos, venait cintrer sa taille fine. Seules ses mains, aux doigts longilignes, et ses pieds masqués par des tabis, étaient visibles aux yeux des clients. Le reste de son corps était seulement deviné par leurs yeux inquisiteurs, enseveli sous les couches de soie et de crêpe de son kimono d'hiver.
Suki, au centre, paraissait un peu plus incertaine, moins à l'aise, debout au milieu de la pièce. Les joues rouges et le regard inconsciemment fuyant, elle n'osait poser ses yeux sur les visages avenants, quoique scrutateurs, des clients de la maison de thé. Elle était incontestablement plus juvénile sous son maquillage et sa coiffure presque similaire à ceux de sa grande sœur, ses lèvres peintes dans un rouge éclatant, étirées par un petit sourire timide. Elle tenait en main un magnifique shamisen, merveilleusement entretenu, le bois lisse et brillant, sur lequel elle posait fréquemment les yeux. Ses cheveux noirs également tirés et attachés en chignon laissaient apercevoir entre ses mèches une étoffe de soie rouge, signe distinctif des Maiko. Un sublime assemblage de fleurs en soie blanche, attaché par de discrètes épingles, pendait près de son visage pour en dessiner un peu plus le galbe. Le col rouge de son kimono contrastait fortement avec le blanc pur du tissu. L'étoffe était divisée en deux au niveau de la taille par un ravissant obi rouge, noué également dans le dos. Bien plus long que celui de Renkô, le bout du tissu touchait presque le sol alors que l'énorme nœud frôlait les omoplates de la jeune femme.
Cependant, Namjoon avait beau se forcer à ne pas le regarder, à ne pas se perdre dans les traits de son visage et dans les courbes de son corps, son regard revenait sans cesse sur le jeune homme. Debout calmement et silencieusement près de ses sœurs, il se dégageait de lui une prestance et une grâce à couper le souffle. Ses cheveux noirs étaient fins et lisses, assez longs pour encadrer le profil délicat de son visage, quelques mèches venant chatouiller sa peau d'albâtre, caressant de leurs pointes ses tempes. Et pour le jeune entrepreneur, le contraste entre le noir absolu de ses cheveux et l'ivoire de sa peau était saisissant.
Sur son visage, très peu de maquillage. Ses yeux charbonneux étaient légèrement maquillés d'un fin trait noir, étirant un peu plus son regard, et ses lèvres, ainsi que ses joues, étaient délicatement rosées. Le jeune Maiko portait un kimono peu ordinaire, à la fois masculin et féminin. Il était d'un noir profond, en soie et sans aucun motif, et seul le blanc pur de la doublure en crêpe était apparent au niveau de ses manches. Toutes en longueur, elles étaient plus larges que celles d'un kimono masculin, mais moins larges que celles de ses sœurs. Son col était également rouge, indication discrète de la pureté de la Maiko, et légèrement décolleté au niveau de sa nuque. Sa taille était cintrée d'une épaisse ceinture blanche nouée dans le dos qui, tout comme le obi de Suki, touchait presque le sol. Il portait également par dessus son kimono une longue veste en soie noire, subtilement brodée de magnifiques arabesques de fils blancs. Et tout comme les jeunes femmes près de lui, seules ses mains et ses pieds étaient visibles.
L'expression de son visage était pour Namjoon la chose la plus fascinante. Il se dégageait de ses traits un mélange entre la sérénité la plus totale et l'ennui le plus profond. Son regard sombre et intense perdait de son éclat, laissant place à un vide abyssal, quand ses yeux se fixaient dans le vague. Ses lèvres se tordaient quelques fois dans une légère moue et ses sourcils se fronçaient délicatement quand un son ou un rire plus sonore que les autres se faisait entendre. Tout en observant ces petits détails, Namjoon se fit la réflexion que jamais il ne pourrait se lasser de contempler cette beauté complexe que possédait Yoongi.
Un mouvement sur sa gauche le força à détourner le regard, se concentrant presque à regret sur son environnement. Il remarqua alors que d'autres hommes étaient arrivés et qu'ils s'étaient également installés autour des longues tables basses. Ils discutaient tous avec entrain, leur regards curieux et désireux se focalisant de temps à autres sur les silhouettes toujours aussi inanimées du fond de la salle. Namjoon n'en connaissait aucun mais il remarqua rapidement que Taehyung, assit près de lui, en parfait associé, discutait déjà affaire avec certains d'entre eux. Secouant doucement la tête, un léger rictus se formant sur ses lèvres, le jeune homme leva discrètement les yeux au ciel. D'après son entourage, c'était lui que l'on désignait comme étant un bourreau de travail et à cet instant, ça lui donnait envie de rire.
Une raclement de gorge discret focalisa tous les regards vers le fond de la salle. Renkô s'était avancée vers le milieu de la pièce, un fin sourire aux lèvres. Son sublime visage rayonnait sous la lumière tamisée des nombreuses bougies et lampes à huile dispersées dans la pièce. Yoongi se tenait près d'elle, dans une attitude similaire à la sienne, un petit sourire étirant ses lèvres alors qu'il parcourait de son regard la salle. Il ne s'attardait que brièvement sur les visages des quelques convives sans croiser un seul de leurs regards. Suki s'était installée un peu plus à l'écart, son shamisen sur les genoux, une partition installée sur un pupitre devant elle. Ses yeux étaient focalisés sur le dos de sa grande sœur, attendant un quelconque signe de sa part pour entamer le morceau. Un infime petit coup d'œil de la plus âgée et Suki plaça ses mains sur son instrument.
Dès les premières notes émises, le silence se fit. Seuls les frottements des cordes du shamisen et les respirations calmes et maîtrisées des artistes étaient perceptibles. Suki jouait, les yeux souvent fermés, perdue dans un monde de notes et de sons, alors que Renkô et Yoongi, côte à côte, effectuaient une danse gracieuse, habilement exécutée, toute en souplesse et en fluidité. Leurs gestes et la musique s'accordaient parfaitement. Quand le morceau ralentissait, que le bruit des cordes laissait place à un court mais profond silence, les gestes se faisaient plus lents, plus intenses. Mais quand les cordes étaient pincées plus fortement, que le son raisonnait presque désagréablement dans la pièce, les corps se mouvaient avec plus de fermeté, les gestes presque décousus, abstraits. Ils étaient hypnotiques.
Renkô était l'exact reflet de Yoongi, et inversement. Pourtant, le jeune homme était celui qui attirait le plus de regards. L'assemblée était subjuguée par ses mouvements naturellement gracieux et sensuels. Sa gestuelle, quant à elle, était aussi délicate et douce que pouvaient l'être les ailes d'un papillon, mais également aussi précise et acérée que le dard d'une abeille. Son énergie était presque animale, à la fois belle et sauvage, d'une pureté sans nom. Quelques fois, à travers le tourbillon de ses vêtements sombres, on parvenait à distinguer la peau laiteuse et attirante de ses poignets ou de ses chevilles, points d'ancrage au milieu de tout ce noir.
Puis tout stoppa. Les mouvements et la musique s'arrêtèrent dans un même ensemble. On entendit plus dans le bref silence que les discrètes respirations laborieuses des deux danseurs. Et le bruit revint dans la salle, à la manière d'une vague se fracassant contre un rocher : le public, envoûté, les yeux brillants et les lèvres étirées par des sourires de fauves repus, applaudit. Suki se releva lentement, son shamisen toujours en main, avant de s'avancer elle aussi face aux convives, près de Yoongi. Leurs dos droit et leurs joues un peu plus rosées qu'en début de soirée, de légers sourires aux lèvres, les trois artistes saluèrent, toujours mains jointes sur les genoux et têtes baissées vers le sol.
Le brouhaha des conversations reprit dès qu'ils se relevèrent, les discussions à présents centrées sur le spectacle qu'avaient offert les jeunes Geiko et Maiko. Renkô se dirigea sans hésiter vers Monsieur Tanaka, un doux sourire ourlant ses lèvres carmines, alors que celui ci lui faisait signe de s'approcher. Suki s'installa de nouveau au sol, ses doigts retrouvant rapidement leur place sur les cordes du shamisen, débutant aisément un nouveau morceau de musique. Leur tournant le dos, en pleine discussion avec Taehyung, Namjoon senti plus qu'il ne le vit le regard de Yoongi, ancré sur sa nuque. Il ferma un court instant les yeux, un interminable frisson se frayant un chemin le long de ses jambes, remontant sur toute la longueur de sa colonne vertébrale et faisant se redresser légèrement les courts cheveux de sa nuque.
Alors qu'il se retournait, il vit Yoongi avancer calmement vers lui, ses pieds caressant le sol plus qu'il ne le touchait, la démarche lente et légère. Tout en lui respirait la maîtrise et le raffinement et Namjoon ne pouvait détacher ses yeux de cette silhouette si désirable, si tant est qu'il l'eût souhaité. Le temps et l'espace semblaient disparaître alors que leur regards se figeaient l'un dans l'autre, la distance les séparant se faisant de plus en plus réduite. La respiration de Namjoon eût un léger raté lorsque Yoongi prit place près de lui, un agréable bruissement de tissus brisant le silence qui s'était installé entre eux. Yoongi baissa furtivement son regard vers la table avant de plonger derechef son regard dans celui du jeune entrepreneur, un léger sourire aux lèvres.
- Puis-je vous servir du thé, Monsieur ... ?
- Kim Namjoon.
- Puis-je vous servir du thé, Monsieur Kim Namjoon ?
Les yeux légèrement agrandis sous la surprise, Namjoon opina doucement du chef. La dernière phrase avait été dite dans un Coréen parfaitement maîtrisé mais Namjoon n'en était que partiellement surpris. Le visage de Yoongi avait ce quelque chose de typiquement Coréen, et son prénom était un important indice supplémentaire. La voix du jeune Maiko était à l'image de sa personne : grave et légère à la fois, où pointait de temps à autre une légère trace d'ennui, les mots s'étirant plus longuement à la sortie de ses lèvres. Un grand sourire vint fleurir sur les lèvres du plus âgé, dévoilant un alignement parfait de dents blanches, creusant de profondes fossettes dans ses joues. Yoongi se perdit distraitement sur les traits de ce beau visage avenant, ses pommettes se colorant légèrement. Reprenant sa contenance, il effaça son trouble d'un gracieux mouvement de tête, ses lèvres étirées en un parfait sourire alors qu'il se détournait de Namjoon.
Conscient du regard que celui-ci posait sur lui, lentement, le Maiko leva ses bras au dessus de la table. De ses mains aux longs doigts délicats, il repoussa doucement ses larges manches, ses fins poignets alors mis en lumière. De près, sous l'épiderme si fine du jeune homme près de lui, Namjoon apercevait les nombreuses arabesques fantasques de ses petites veines bleutées. Et chaque infime mouvement du poignet marquait délicatement sa peau de porcelaine de petites rides. Tous ces gestes étaient grandement attirants aux yeux du jeune entrepreneur. Mais encore plus que les quelques centimètres de peau visibles du jeune homme, c'était cet entêtant parfum qu'il dégageait qui lui faisait lentement perdre la tête.
Il avait, à l'instant où le plus jeune s'était installé près de lui, senti une chaude odeur d'agrumes. Un mélange entre la mandarine et le citron, sur fond de fleur d'oranger. C'était une odeur fraîche, puissante et légèrement acidulée. Mais elle s'était rapidement évanouie pour laisser la place à un parfum plus floral : une senteur de jasmin fraîchement cueillis, encore humide de la rosée matinale, mélangée à la rondeur du lys, embaumait agréablement l'espace de ses notes légères et naturelles. Namjoon respirait à plein poumons, les yeux imperceptiblement fermés, imprégnant tout son être de cette fragrance si étourdissante.
Quand le thé fut près, Yoongi tendit sa tasse à Namjoon, attirant sur lui son attention par un léger bruit de gorge. Leurs doigts se frôlèrent alors distraitement au moment où le plus âgé attrapait la magnifique tasse que lui tendait le plus jeune. La peau douce de Yoongi effleura doucement celle plus rugueuse de Namjoon. La sensation était surprenante et délicieuse. Elle provoqua chez le plus âgé de nouveau un long frisson, sa bouche se serrant fortement, empêchant un soupir tremblant de franchir la barrière de ses lèvres, ses yeux cachés par ses paupières closes. Posant précairement la tasse sur la table, il ferma rapidement son poing, ses doigts fourmillant encore sous le bref souvenir, désireux de toucher une nouvelle fois cette peau satinée, souple et si attirante.
Après quelques secondes d'incertitude, le silence régnant de nouveau entre eux, Yoongi se releva aisément et avec agilité. Il fut incapable de dissimuler le fin rictus qui étirait sa bouche alors qu'il posait ses yeux sur l'homme troublé et légèrement tremblant près de lui. C'était si facile finalement. Laissant courir discrètement le bout de ses doigts sur l'épaule du plus âgé, Yoongi lui lança un dernier regard avant de s'éloigner lentement, appelé un peu plus loin par un autre client qui désirait sa compagnie. Namjoon avait au creux du ventre une douce chaleur, ses doigts et son épaule le brûlant agréablement.
Les Geiko et Maiko de l'Okiya de Mme Ren étaient restées un peu plus de deux heures parmi les convives, papillonnant entre les tables, agrémentant les conversations de leur charmante et hypnotique présence. Mais alors que les hommes s'alcoolisaient de plus en plus et que les conversations se faisaient de moins en moins professionnelles, un vieil homme pénétra prudemment dans la pièce. C'était l'un des tireurs attitrés des pousses-pousses de l'Okiya, et par sa présence il rappelait qu'il était l'heure, pour les Filles et le Fils de Mme Ren, de quitter le banquet. Sobrement et élégamment, Renkô, Suki et Yoongi saluèrent une dernière fois tous les invités de Monsieur Tanaka avant de s'éclipser de la pièce, dans un doux bruissement de tissus.
Dehors, la neige n'avait pas cessé de tomber, recouvrant de sa pure et éclatante blancheur le sol et les toits de la ville. Les lampadaires de la maison de thé étaient la seule source de lumière des alentours, la nuit dissimulant dans son absolue noirceur le reste du voisinage. Seul le discret clapotis de l'eau du ruisseau était discernable un peu plus loin, la lune s'y reflétant paresseusement. Les rues semblaient désertes et le calme ambiant, après le bourdonnement incessant du salon de thé, était apaisant pour les Geiko et Maiko légèrement fatiguées. Renkô avait revêtu par dessus son kimono une longue et chaude capeline en laine d'un vert émeraude, à l'encolure entièrement recouverte de fourrure marron. Suki portait également une longue capeline en laine, d'un rouge éclatant, et au col haut, cachant presque la moitié de son visage. Le kimono de Yoongi était recouvert par un long manteau noir en laine, le col élégamment paré d'une épaisse fourrure toute aussi noire que ses cheveux.
Et alors qu'il allait rejoindre les deux jeunes femmes déjà installées dans le pousse-pousse, emmitouflées sous une épaisse couverture en laine, il se sentit légèrement partir en arrière, une de ses getas glissant du marche-pied. Ses mains battant dans le vide, il se prépara à la chute, à première vue inévitable, en fermant fortement les yeux, lèvres serrées et visage contracté. Mais avant qu'il ne glisse totalement, une poigne douce mais ferme l'attrapa au niveau du coude, alors qu'une seconde main se posait au creux de ses reins. Entrouvrant délicatement les yeux, Yoongi fut surpris de voir près de lui Kim Namjoon, emmitouflé dans son manteau, qu'il avait dû enfiler à la hâte, les boutons à moitié attachés, le souffle court et les joues plus rouges qu'à l'accoutumée. Baissant rapidement les yeux, sentant ses joues se réchauffer, le plus jeune expira tout l'air que contenaient ses poumons tout en se redressant lentement, les mains du plus âgé toujours sur lui.
- Merci.
La voix douce de Yoongi et son timide chuchotement ravirent une nouvelle fois le cœur de Namjoon. Il avait couru, délaissant rapidement un Taehyung surpris, puis enfilé à la hâte son manteau, attachant non sans mal ses boutons, dans l'espoir d'apercevoir une dernière fois ce jeune homme si intriguant. Un immense sourire prit place sur ses lèvres, ses fossettes se creusant une nouvelle fois, alors qu'il laissait sa main glisser du coude du plus jeune jusqu'à son poignet, caressant du bout de ses doigts, par dessus le chaud manteau de son vis à vis, son avant-bras. Son autre main resta bien en place derrière le dos délicat du jeune homme. Doucement, il glissa sa main sous la sienne, sa paume incandescente réchauffant la peau glacée de la Maiko, et l'aida à monter dans le véhicule. Sa main fermement posée sur celle de Namjoon, Yoongi, le rouge aux joues, s'installa près de ses sœurs, le souffle court. Le tireur du pousse-pousse s'élança alors, et leur peaux se frôlant une dernière fois, Namjoon relâchant à regret la douce main de Yoongi, celui ci se fit la réflexion, les yeux ancrés dans ceux du plus âgé, que finalement, ce n'était pas si facile que ça.
Kim Namjoon devint un être curieusement surprenant et un homme tout à fait charmant aux yeux de Min Yoongi.
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