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9 - La Saint-Valentin - II

DEUXIEME ANNEE, février 1973

— Alors Vance, tu penses recevoir des chocolats pour la Saint-Valentin ?

Emmeline plaqua sa main sur la bouche trop grande de Sirius qui marmonna des sons étouffés. Argus Rusard était en train de tourner au couloir qu'ils venaient d'emprunter. Intelligemment dissimulés par la statue d'un chevalier, le concierge ne les remarqua pas. Quand il eut disparût, Miss Teigne sur ses talons, Emmeline s'écarta de Sirius.

— Tu te souviens quand j'ai dit qu'on ne devait absolument perdre aucun point à cause de nos manigances au début de l'année ? Ça incluait aussi de la boucler quand t'es hors de ton lit après le couvre feu.

Les joues rouges de colère d'Emmeline firent sourire Sirius. Comme à son habitude, il prenait les choses à la légère et riait de toute situation. La jeune fille lui donna un puissant coup de poing dans l'épaule qui lui arracha un grognement de douleur. Elle ricana à son tour puis tapota avec sa baguette sur la pierre du mur qui était légèrement plus colorée que les autres. Immédiatement, le mur disparut pour découvrir les silhouettes silencieuses de James Potter, Remus Lupin et Peter Pettigrow. 

— Vous en avez mis du temps, maugréa ce dernier en mettant un pied hors du tunnel.

Ils venaient de découvrir un nouveau passage secret qu'ils allaient pouvoir ajouter à leurs notes. C'était le deuxième depuis le début de l'année. Leurs escapades nocturnes promettaient d'être de plus en plus nombreuses s'ils finissaient par dénicher tous les secrets de Poudlard. 

— Black a failli nous faire repérer, chuchota Emmeline.

James leva les yeux au ciel tandis que Remus riait en silence. Il regarda sa montre et fit la grimace.

— Il est plus de minuit. On ferait mieux de rentrer.

Emmeline acquiesça. Ils avaient assez caracolé pour ce soir. Elle aimait beaucoup arpenter les couloirs de Poudlard quand ils étaient déserts, cependant elle savait quand il était temps d'aller se reposer. Sur le chemin, elle discuta avec Peter des cours du lendemain et fit promettre à James de faire son devoir d'Astronomie avant qu'il ne se chopât un zéro supplémentaire. Parfois, les garçons trouvaient leur amie autoritaire, et cela ne s'arrangeait pas avec les mois qui passaient. Elle gagnait en assurance et en caractère, ce qui ne déplaisait pas à James et Sirius qui avaient décelé son tempérament lors de leur première rencontre dans le Poudlard Express. Remus et Peter, plus discrets, se contentaient de la suivre aveuglément et d'écouter ses conseils avisés.

— Je ne sais pas comment vous vous débrouilleriez si je n'étais pas là, avait-elle un jour minaudé.

— Si tu n'existais pas, il faudrait t'inventer, avait raillé James.

— Attention, une porte Vance. Ta grosse tête ne va pas passer, avait ajouté Sirius.

Ils avaient tous été pris d'un fou rire, conscients qu'il y avait une part de vérité dans leurs propos. Cela faisait presque deux ans qu'ils étaient amis et ils vivaient des journées remplies de rires et de risques. Quand ils ne défiaient pas les professeurs, ils s'amusaient à tourner Rusard en bourrique et à explorer le château aux horaires les plus interdits. Emmeline se sentait à sa place parmi eux. Encore épargnée par les soucis de l'adolescence, elle profitait de sa jeunesse et avait pour objectif de remplir sa vie de magie et d'exploration. Elle prenait déjà des notes avec James sur les passages secrets et les raccourcis qu'ils dénichaient, dans l'optique de dessiner une carte détaillée du château. 

Emmeline était heureuse d'avoir rencontré ces garçons. Elle les considérait comme ses frères.

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DEUXIEME ANNEE, février 1973

— Quel est cet engouement pour cette fête ridicule ?

Emmeline releva les yeux de son devoir de Botanique pour observer des Première Année s'émerveiller devant les décorations placardées partout dans la Salle Commune des Gryffondors. Des guirlandes de coeurs roses et des pétales étaient étendues çà et là pour rappeler qu'aujourd'hui, c'était le 14 Février. La Saint-Valentin.

Profitant de l'absence de la quasi totalité des élèves, hormis ceux de Première et Deuxième Année, interdits d'aller à Pré-au-lard, Emmeline et Lily s'étaient levées tôt pour entamer leur devoir de Métamorphoses à rendre pour la semaine suivante. Les cours de la matinée avaient été banalisés pour permettre à tous ceux qui le souhaitaient de participer au déjeuner de l'amour, qui aurait lieu dans la Grande Salle. Des elfes allaient faire un petit spectacle tandis que des minuscules insectes volèteraient un peu partout en distribuant les cadeaux. Emmeline ne s'intéressait guère à la Saint-Valentin. Comme Lily, elle trouvait cela grotesque. De plus, elle était beaucoup trop jeune pour s'intéresser à qui que ce fût. Fille comme garçon ne suscitait aucun intérêt amoureux pour elle. 

— On sait tous que tu vas recevoir plein de boîtes de chocolats cette année encore Lily, fit remarquer Alina Jansen.

Lily rejeta sa chevelure rousse derrière son dos en balayant l'air de la main.

— Tu parles.

— T'as réussi à tous les manger l'année dernière ? demanda Emmeline. Je me souviens que t'en as eu un paquet.

Elle se souvenait des insectes qui s'étaient déposés devant Lily pour lui tendre les boîtes de chocolats et les roses provenant de ses admirateurs secrets. Il fallait dire que Lily Evans était une très jolie jeune fille, bien plus apprêtée et féminine qu'Emmeline qui se tenait voûtée sur sa table et posait des regards lourds sur les gens qu'elle croisait. Lily avait toujours eu plus d'élégance qu'elle. 

— Emy, les garçons ont fini !

Emmeline se leva pour rejoindre Remus qui était assis dans un fauteuil près de la fenêtre. En jetant un coup d'oeil vers le parc, elle remarqua James et Sirius revenir au château, le balai sur l'épaule.

— Tu n'as pas terminé ! s'exclama Lily, tandis qu'Emmeline rangeait ses affaires pour rejoindre ses amis. 

— On s'est mis d'accord, Lily. Ils quidditchent, je travaille. 

— N'empêche que, grâce à moi, tu travailles mieux.

— Je sais, merci Evans. 

Emmeline accorda une rapide étreinte à son amie et la salua avant de sortir de la salle commune avec Remus. En effet, après une discussion avec Lily au retour des vacances de Noël, Emmeline avait consenti à travailler et à réviser lorsque ses amis s'entraîneraient pour le Quidditch. Elle voulait naturellement s'améliorer et la jeune Evans lui avait assuré que passer du temps sur ses cours lui assureraient de meilleures notes. Elle n'avait pas eu tort : les devoirs soigneusement rédigés d'Emmeline démontraient son talent naturel pour la magie et son engagement auprès de ses professeurs qui la félicitaient grandement. Elle n'avait pas les facilités de James et Sirius, ni la grande intelligence de Remus, mais avec un peu de travail, elle se maintenait à niveau. De plus, ces sessions de révisions les avaient rapprochées Lily et elle. Discuter avec une fille faisait du bien et Emmeline sentait qu'en grandissant, avoir la rousse à ses côtés l'apaiserait dans certaines situations. Elle détestait cependant lorsqu'elles parlaient de vêtements et de garçons. Ce qui l'intéressait le plus, c'était d'échanger sur le monde Moldu, qu'elle connaissait un peu et dans lequel Lily avait grandi. Elle lui avait raconté comment elle avait découvert ses pouvoirs, comment sa soeur la fuyait quand elle faisait ses tours de passe-passe et comment sa rencontre avec Severus Rogue l'avait sauvée d'une folie certaine. 

Lily et Severus avaient une relation similaire à celle qu'entretenaient Peter et Emmeline. Amis de longue date, ils passaient le plus clair de leur temps ensemble et, face aux tempéraments de feu des filles, les garçons se faisaient plus discrets et mystérieux. 

Arrivés au bas des escaliers, Remus et Emmeline croisèrent James et Sirius, dégoulinants de sueur. Evidemment, le jeune Potter tenta d'enlacer son amie pour lui faire goûter à la "transpiration du mâle". Elle riait toujours quand Peter débarqua à son tour les oreilles rouges. Sirius lui fit un signe de la tête et le jeune Pettigrow acquiesça vivement en triturant la manche de sa robe de sorcier. Emmeline n'assista pas à l'échange, contrairement à Remus qui se questionna sur le secret des deux garçons. Peter semblait mal à l'aise. Même lorsqu'ils rejoignirent la Grande Salle pour le déjeuner, il était tout pâle. Dumbledore fit un discours sur l'importance de l'amour et des relations entre jeunes sorciers, puis les nappes roses des tables se recouvrirent de différents plats, plus appétissants les uns que les autres. 

Au moment du dessert, Remus décela encore plus le trouble de Peter qui ne savait plus où se mettre. Quand les insectes - qui ressemblaient finalement à de petites fées - apparurent par les fenêtres, chargés de paquets en tout genre, Peter se leva d'un bond, mais Sirius le tira par la manche pour le faire rasseoir.

— Ça va Pete' ? demanda Emmeline, inquiète.

— T'inquiète pas Vance, c'est le canard qui est mal passé. Mais il va terminer sa tarte à la citrouille quand même, n'est-ce pas ? Il ne faudrait pas rater les cadeaux.

— Imagine si tu en reçois un cette année Peter ! s'exclama James, sincère. 

Il n'eut pas le temps de répondre que plusieurs paquets tombèrent devant James et Sirius qui bombèrent aussitôt le torse. Ce n'était un secret pour personne que les deux garçons avaient de ferventes admiratrices. Emmeline remarqua deux Poufsouffles ricaner en regardant dans leur direction. Sirius, qui avait reçu de leur part des dragées de Bertie Crochue au goût pastèque - son préféré - leur adressa un signe de la main. Remus, Peter et Emmeline ne reçurent rien durant les premières salves, comme ils s'y attendaient. D'ailleurs, la jeune fille se leva de table pour aller regarder les cadeaux que Lily avaient reçus. Peter la fixa en train de s'éloigner, le visage figé dans une grimace. Une fée déposa alors un paquet sur l'assiette vide de Emmeline et James écarquilla ses yeux.

— Un cadeau pour Em' ? s'étonna-t-il.

— De qui ça vient ? demanda Remus, curieux.

James approcha ses mains du paquet, mais Sirius se leva d'un bond pour lui taper sur la main.

— Touche pas, c'est pour Vance !

James regarda son meilleur ami avec incrédulité. Il observa alors Peter se renfoncer dans le col de sa robe, les joues cramoisies. Le jeune Potter fronça les sourcils derrière ses lunettes rondes. Il s'apprêtait à ouvrir la bouche pour dire quelque chose, quand Emmeline débarqua pour se rasseoir avec eux.

— C'est quoi ce truc ? s'exclama-t-elle en découvrant le paquet.

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La Saint-Valentin est toujours pleine de rebondissements !!

Ecrit le 28 Juillet 2021, corrigé le 23 Novembre 2021 et publié le 19 Janvier 2022.

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