48. Confidence - VII
SEPTIEME ANNEE, décembre 1977
— Haha ! Hein ?
Argus Rusard bafouilla en découvrant les deux adolescents s'embrasser à en perdre haleine. Il sentit la honte d'être témoin d'un moment si intime l'accabler jusqu'à ce que Remus Lupin et Emmeline Vance se décollassent pour lui jeter un regard surpris.
— Levez-vous, vous deux ! C'est vous qui trainiez dans les couloirs ?
Emmeline acquiesça vivement et Remus baissa les yeux en rougissant. Il avait été surpris par la fougue d'Emmeline, même si elle était toujours la bienvenue. Au final, cela fut concluant puisque Rusard leur enleva vingt points chacun et les envoya se coucher, en leur faisant promettre de rapporter leur petite escapade amoureuse au directeur et de leur assigner une semaine de colle à chacun - évidemment séparés.
Quand ils repartirent au dortoir, Emmeline ne put s'empêcher d'éclater de rire.
— Tu as vu son visage ? Il était tout rouge.
Remus rit avec elle, convenant que la gêne de Rusard avait été drôle à voir.
— Attends, dit-il avant de donner le mot de passe à la Grosse Dame qui s'impatientait, à moitié endormie. Qu'est-ce qu'on va dire aux autres ?
— Bah qu'on a été pris et qu'on a réussi à le convaincre qu'on n'était que tous les deux.
— Ils n'y croiront jamais. Rusard sait très bien qu'on est toujours tous les cinq. En plus, il n'a pas essayé de savoir ce qu'on avait fait. Et on fait toujours quelque chose.
— On improvisera, assura Emmeline.
— Oui, improvisez donc, mais donnez-moi ce maudit mot de passe, maugréa la Grosse Dame.
— Nénuphar.
Le portrait s'ouvrit et les deux amis s'engouffrèrent dans la Grande Salle. Les trois garçons se tenaient près du feu et posèrent de grands yeux sur eux.
— Salut les gars, dit Emmeline en riant. C'était moins une.
Sirius les dévisagea étrangement, tandis que James fronçait les sourcils, surpris. Peter avait un sourire béat sur le visage.
— Quoi ? demanda Remus, inquiet.
— Je vous ai vu, s'exclama Peter. Quelle brillante idée ! Je n'ai jamais vu Rusard aussi embarrassé.
Emmeline se renfrogna. Nom d'un Eruptif. Il les avait vus ?
— Vous vous êtes embrassés ? s'enquit Sirius en faisant la grimace. C'est dégueu.
— C'était plutôt une bonne idée en fait, concéda James. Mais... ça ne vous a pas paru bizarre ?
Remus n'osa rien répondre. Son coeur battait la chamade dans sa poitrine. Emmeline se sentait vide. Son silence fut trop long pour être naturel. Elle avait été tellement prise au dépourvu qu'elle n'avait pas pensé à cette éventualité. Le sourire de Peter retomba alors et il pinça les lèvres.
— C'était une manière de détourner l'attention de Rusard de nous, n'est-ce pas ?
— Bien sûr ! s'exclama Emmeline, ce qui était la vérité.
— Mais ce n'est pas la première fois que vous vous embrassiez, comprit James.
Emmeline n'osa pas le regarder dans les yeux. Par Merlin, pourquoi n'arrivait-elle pas à leur mentir ?
— Pitié non ! s'écria Sirius. Vous deux ? Par Merlin, ça me dégoûte.
— Eh Black, on n'a pas besoin de ton avis ! rétorqua Emmeline.
Si elle voulait se rattraper, cette réponse n'était pas la bonne. Elle venait de confirmer qu'ils avaient une relation secrète.
— Merde les gars, on avait dit plus de secrets ! s'énerva James. C'est quoi ce bordel ?
— Ca nous est tombé dessus, couina Remus. On ne voulait pas vous le dire avant de...
Il hésita. Que pouvait-il dire sans avouer ses propres sentiments ? Que voulait-elle qu'il dévoilât ?
— Avant d'être sûrs que c'était du sérieux entre nous, termina-t-elle à sa place.
— Et c'est du sérieux maintenant ? demanda Sirius.
Voilà. La fameuse question qu'ils n'osaient pas se poser depuis un moment déjà. Remus et Emmeline échangèrent un regard, aucun d'entre eux n'osant avouer ce qu'il avait sur le coeur, brusquer l'autre s'il ne partageait pas son désir.
— C'est... compliqué, finit par répondre Remus.
— Par Merlin, jura James en se passant les mains sur le visage.
— Vous allez tout nous raconter, somma Sirius.
Ils étaient visiblement remontés. Peter n'avait plus dit un mot. C'était toujours compliqué pour lui de découvrir qu'Emmeline avait des relations avec d'autres personnes, mais là on parlait de Remus. L'un de ses meilleurs amis. Elle n'avait pu sortir avec lui parce que c'était son ami, or Remus aussi était son ami. Qu'avait-il de plus que lui pour gagner son coeur ?
— Allez vous couchez ! siffla une voix. Où vos petites cachoteries seront répétées à tout le monde. Marre de ne pas dormir.
Les Maraudeurs ne se firent pas prier et prirent le chemin des dortoirs. Avant d'entrer dans le leur, Sirius attrapa le bras d'Emmeline et de Remus.
— Demain, on a huit heures de route jusqu'à Londres. Vous aurez tout votre temps pour nous expliquer ce qui vous a pris de fricoter et pourquoi vous ne nous avez rien dit.
Emmeline acquiesça. Ils avaient raison d'être en colère. Elle retourna dans son dortoir en traînant des pieds. Elle les avait sortis d'un mauvais pas, mais leur avait menti durant des semaines, alors que les secrets avaient déjà mis à mal leur amitié.
— Ca va Emy ?
Emmeline s'approcha du lit de Lily dans lequel celle-ci s'était redressée. Quand elle aperçut la mine déconfite de son amie, elle fronça les sourcils.
— Vous vous êtes fait prendre ?
— Seulement Remus et moi, chuchota Emmeline. Et puisqu'on en est au confidence, Remus et moi on sort ensemble depuis cet été.
Lily resta muette.
— Nom d'une goule, souffla-t-elle.
— Notre procès sera demain dans le train. Rejoins-nous dans notre compartiment, tu sauras tout. Je suis crevée, je vais me coucher.
Elle déposa un baiser sur son front et se glissa dans ses draps sans remarquer que Lily était restée bouche bée dans son lit, complètement abasourdie par cette nouvelle. Mais en y réfléchissant bien, elle avait un peu deviné leur manège sans jamais oser se dire que deux Maraudeurs pouvaient fricoter ensemble. Elle aurait plutôt parier sur James et Emmeline. A l'évocation de cette éventualité, l'estomac de Lily se retourna. Elle reposa sa tête sur l'oreiller et se força à se rendormir avant que son esprit ne pondît d'autres sornettes telles que celle-ci.
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SEPTIEME ANNEE, décembre 1977
Ils les regardaient tous, le visage crispé, encore vexés de ne pas avoir été mis au courant. Emmeline et Remus ne savaient pas par où commencer. Ils n'avaient pas osé se retrouver tous les deux pour espérer discuter de cette affaire et se mettre d'accord sur la version des faits, de peur d'encore plus énerver leurs amis. Le petit-déjeuner avait été très froid. Sirius ne cessait de les observer, comme s'il essayait de comprendre comment ça avait pu lui échapper. James les ignorait tout simplement et Peter parlait de tout autre sujet sauf de ce qu'il s'était passé la veille. Une fois qu'ils furent installés dans le compartiment, Peter, Sirius, et James se tournèrent comme un seul homme vers les deux tourtereaux.
— J'ai pas dormi de la nuit, avoua James. J'ai besoin de savoir.
— Depuis quand ? s'exclama Sirius.
— Comment ? s'enquit Peter.
— Pourquoi ne rien nous avoir dit ? demanda James.
— Du calme, les réprimanda Remus.
— On va vous expliquer, promit Emmeline. Remus, tu veux commencer ?
Le garçon rougit. Etait-ce judicieux de se jeter à l'eau en premier ?
— Sois juste honnête, vieux, le supplia Sirius. Je ne sais pas où vous en êtes, mais plus de secrets.
— S'il vous plaît, ajouta James.
Tout le monde fut surpris par la politesse de James. Il ne suppliait jamais, pensait que tout lui était dû. Emmeline fut prise de nausée en se rendant compte à quel point ce secret les avait affectés. Elle ne savait même pas pourquoi elle ne leur avait rien dit. De peur de la juger ? Que cela cassât quelque chose entre eux ? Que Remus et elle fussent constamment épiés et qu'ainsi ils ne pussent pas vivre leur idylle comme ils l'entendaient ? Tant de questions sans réponses.
— Pour ma part, j'ai toujours eu une relation spéciale avec Emmeline. Je ne sais pas quand j'ai compris que c'était plus que de l'amitié.
Il marqua une pause pour lui jeter un regard fuyant. Il allait se livrer aussi bien à ses amis qu'à elle aujourd'hui.
— Peut-être quand tu as confectionné la potion pour que vous deveniez tous Animagus, ou quand à chacune de tes relations, je ressentais ce drôle de vide en moi, comme s'ils m'arrachaient une partie de moi en devenant si importants dans ton coeur. Ce dont je suis certain, c'est que le jour où tu m'as présenté la potion Tue-Loup, j'ai su que je ne pourrais pas rester dans l'ombre. J'ai rien trouvé d'autre pour te remercier que ce baiser.
Cette fois, ce fut Emmeline qui rougit.
— C'était il y a plus de six mois ! s'exclama James.
— Laisse-les terminer, le somma Peter, impatient de connaître la suite.
Soudain, la porte d'entrée coulissa et Lily apparut.
— Vous avez commencé sans moi ?
— Ils étaient en train de nous dire que leur premier baiser a eu lieu à la fin de l'année dernière, cracha James en se décalant pour laisser une place à la jeune Evans.
Elle s'installa sans dire un mot. Elle assassinait assez Emmeline du regard depuis le début de la journée.
— Continue, Rem', lança Sirius.
— Après, je ne sais pas. On se plaisait mutuellement et...
— Je vais prendre la suite, souffla Emmeline en posant une main tendre sur son bras.
Remus acquiesça et se réinstalla sur la banquette, le coeur serré. Il détestait cette situation.
— J'ai une relation bien différente avec vous tous, commença Emmeline. James et Sirius, vous êtes mes frères, Peter, je t'ai connu bien avant que la moindre once de magie ne se dévoile en nous. Quant à Lily, tu es ma meilleure amie. Sans toi, je serais sûrement devenue folle avec ces quatre lourdauds.
Lily esquissa un sourire et James se renfrogna.
— Avec Remus aussi c'était différent. Ni mon meilleur ami, ni mon frère, autre chose. Il m'arrivait de le regarder et de me dire qu'il méritait que le monde tombe à ses pieds, que personne ne pourrait lui faire du mal car il me passerait d'abord dessus. Quand j'ai... (elle s'arrêta en regardant Lily). Je me suis toujours sentie redevable envers lui, pour sa bonté, son soutien, la manière incroyable qu'il a de me comprendre. On partage la même sensibilité, le même coeur. Parfois, j'ai même l'impression qu'on partage la même âme...
— Oh..., fondit Lily.
Tout le monde la regarda avec de grands yeux ronds.
— Quoi ? s'étonna Emmeline.
— Emy, tu es en train de nous dire que Remus est ton âme soeur.
La jeune Vance, bafouilla, confuse. Le rouge monta à ses oreilles et elle se refusa à tenter un regard vers Remus.
— Non, dit-elle finalement. Pas vraim... laisse-moi finir.
Lily acquiesça en s'excusant de l'avoir coupée. Le visage de James semblait s'être détendu. Il décroisa les bras pour écouter plus attentivement.
— Je ne peux pas vous dire non plus quand ou comment ça s'est passé. Ca s'est juste passé. Je regrette beaucoup de ne rien vous avoir dit, mais quand on a commencé à se fréquenter, on était perdu. Je ne veux pas parler en son nom, mais personnellement, j'étais désorientée. Sortir avec un de mes meilleurs amis, j'avais déjà fait et ça s'était mal passé (elle jeta un coup d'œil à Peter qui se rembrunit). Je ne savais pas jusqu'où ça irait. Puis les semaines ont passé et je me suis dit que vous l'annoncer maintenant pouvait changer votre façon de nous voir. Peut-être qu'au fond, j'avais peur de votre réaction et que par amour pour vous, je décide de me séparer de lui.
— Elle a raison, ajouta Remus. On a été égoïste. On tient tellement à notre relation qu'on a préféré la protéger. Enfin, je veux dire que je...
— Non, on y tient.
Emmeline attrapa sa main et Remus et elle échangèrent un sourire. Lily souriait maintenant, touchée par ce qu'elle voyait. Peter soupira, se rendant à l'évidence. Quant à James et Sirius, ils restaient stoïques. Ils échangèrent un regard puis se tournèrent de nouveau face à Remus et Emmeline.
— Vous puez le cul.
— Black, gronda Emmeline. Parle correctement. En plus, ça n'est pas une histoire de sexe.
— Alors, c'est quoi ? demanda James. De l'amour ?
Emmeline resta muette. Elle détacha sa main de celle de Remus et se réinstalla dans le fond de son siège. Remus était immobile, ne sachant quoi dire.
— Arrête un peu James, le réprimanda Lily. Tu ne peux pas être simplement heureux pour eux ? Ils ne veulent peut-être pas parler de ça maintenant, devant tout le monde.
— Alors, vous êtes en couple ou pas ?
Silence de nouveau.
— Ca m'a l'air compliqué votre histoire, fit remarquer Sirius.
— Peut-être, admit Emmeline. On va à notre rythme, on n'a rien défini. N'est-ce pas, Remus ?
— Euh oui, bien sûr.
Le silence retomba de nouveau dans le wagon. Emmeline était à deux doigts de s'enfuir en courant. Elle voulait qu'ils acceptassent leur relation, elle ne pouvait pas perdre Remus.
— S'il vous plaît, dit-elle finalement. Ne nous obligez pas à...
— A quoi ? s'emporta Sirius en se levant. Tu crois réellement qu'on a si peu de coeur pour vous demander de vous séparer ? Ca ne m'enchante pas beaucoup, mais c'est seulement un temps d'adaptation. Je sais pas moi, je suis juste sous le choc. Remus et Emmeline, quoi ! Je... je ne m'y attendais pas.
— Et c'est compréhensible, admit Remus. Nous-même, on ne s'y attendait pas.
— Vous ne nous l'avez pas dit car vous appréhendiez notre réaction, donc ? questionna James. Vous pensiez qu'on allait vous faire une crise ?
— Comme celle que tu fais en ce moment ? fit remarquer Lily qui avait définitivement choisi son camp.
— On ne fait pas de crise, rétorqua Peter. On en a juste marre des secrets. D'abord Tallius, maintenant Remus.
— Je te rappelle vos réactions quand vous avez appris pour Tallius ? s'énerva Emmeline. Vous ne m'avez plus adressé la parole.
— On était des gamins, rétorqua James.
— Ecoutez, on est désolé, encore une fois, trancha Emmeline. Maintenant, soit vous nous traitez de connards, soit vous acceptez nos excuses et on repart de zéro.
— C'est trop facile, dit Peter, aigri.
Emmeline soupira et Remus baissa le regard sur ses doigts qu'il ne cessait de triturer. Quel fiasco.
— Bande d'imbéciles, dit Lily. Vous ne voyez pas qu'ils sont mal ? C'est leur vie privée, bon sang. Certes, j'aurais aimé être dans la confidence, mais je peux comprendre qu'ils aient eu peur. Ils vous ont expliqué qu'eux-mêmes étaient dépassés par les évènements. Vous imaginez si ils avaient dû gérer vos blagues douteuses, vos remarques déplacées ? Ils auraient dû s'éclipser pour vivre leur histoire et vous leur auriez reproché de vous exclure alors que vous avez toujours fonctionné en bande. Mettez-vous un peu à leur place !
Emmeline sentit son coeur se réchauffer en entendant les paroles si justes de son amie. Elle lui accorda un regard rempli d'amour et souffla un "merci" auquel Lily répondit par un sourire. James se passa une main dans les cheveux et Sirius scruta l'extérieur. Leurs traits se détendirent.
— Ok, on vous pardonne, annonça James.
Peter fut sur le point de s'exclamer, mais Sirius le fit taire d'un geste de la main.
— Je vous préviens, dit-il. Je ne veux pas de bécotage devant mon nez et vous n'avez pas intérêt à vous faire souffrir mutuellement où ça risque de faire exploser le groupe.
Remus et Emmeline échangèrent un regard, gonflés de joie. Remus frappa dans les mains des garçons, sauf de Peter qui boudait dans son coin. Il déposa un bise sur les deux joues de Lily puis retourna s'asseoir sans parvenir à contenir son soulagement.
— Merci les amis.
Emmeline se leva à son tour et se jeta sur James et Sirius en les enlaçant. Ils étouffèrent un cri en riant. Elle embrassa ensuite très fort Lily et déposa un baiser sur le front de Peter malgré son mauvais caractère.
Ils étaient tellement soulagés. C'était un grand pas pour leur relation. Car ni Remus, ni Emmeline n'avait oublié ce que l'autre avait avoué devant leurs amis. Ils étaient bien plus sur la même longueur d'ondes qu'ils ne le croyaient.
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Ahlalaaa, long chapitre ! J'ai bien aimé l'écrire ! Il était temps qu'ils avouent tout nos deux cachottiers ! Qu'en avez-vous pensé ? Trouvez-vous les réactions cohérentes avec les personnages, plutôt réalistes ou complètement démesurées ? Remus et Emy vont pouvoir avancer dorénavant ! Je vous réserve d'autres surprises ! On se retrouve dans les commentaires ^^
Ecrit le 15 Août 2022 et le 16 Août 2022, corrigé le 29 Août 2022 et publié le 21 Septembre 2022.
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