45 - In extremis - VII
Eté 1977
Des sorts fusèrent de tous côtés. Il y eut des grondements et des râles puissants. Des claquements tonitruants résonnèrent aux quatre coins de la place et Emmeline ferma les yeux, terrifiée. Le silence retomba alors et une main se posa sur son épaule. Elle tressaillit.
— Relevez-vous mademoiselle.
Emmeline ouvrit les yeux et se retourna prudemment. Un visage amical était penché au-dessus d'elle. Il ne portait ni masque, ni cape noire. Un Auror. Il lui tendit la main et elle manqua de fondre en larmes en l'attrapant pour se relever.
— Vous allez bien ? demanda l'homme.
Emmeline acquiesça sans un mot, encore sonnée. Elle avait des blessures un peu partout et les douleurs commençaient à se réveiller. Elle se tourna pour voir ses amis. Quand elle remarqua Lily près d'un autre Auror, elle se jeta sur elle et l'étreignit avec force. Les deux jeunes femmes fondirent en larmes dans les bras l'une de l'autre. James boitilla jusqu'à elles et enserra leurs épaules. Les pleurs d'Emmeline redoublèrent en remarquant que son ami n'avait rien. Elle le frappa ensuite doucement à la poitrine et lui adressa un regard noir.
— Tu as failli te faire tuer, espèce d'imbécile.
James ne répondit pas et déposa un baiser sur sa tempe, les yeux brillants de larmes. Sa veste était en lambeaux et un verre de ses lunettes avait disparu dans les décombres. Les Aurors les dirigèrent vers les Médicomages. Plusieurs Mangemorts avaient les poings liés et reposaient, inconscients, sur le sol. Les adolescents retrouvèrent leurs amis près de la voiture médicale de laquelle sortaient les soigneurs. Peter serra Emmeline à l'en étouffer et Sirius tapota fortement le dos de James, heureux de le retrouver. Quand la jeune Vance se tourna vers le visage recouvert d'égratignures de Remus, elle se rua vers lui et ils s'étreignirent longuement.
— J'ai eu tellement peur qu'il te soit arrivé quelque chose, murmura-t-il à son oreille.
Elle mourrait d'envie de l'embrasser, de sentir ses lèvres rassurantes sur les siennes et de se fondre dans son odeur jusqu'à ce que son coeur calme ses battements effrénés. Cependant, ses parents hurlèrent son nom derrière elle et Emmeline se détacha de Remus pour les prendre dans ses bras. Ils lui murmurèrent des mots rassurants, avouèrent à quel point ils avaient eu peur, puis tous passèrent devant les Médicomages afin de soigner leurs blessures. Heureusement, tous s'en sortaient avec des plaies superficielles. James avait une entorse à la cheville et la plaie au flanc de Lily mettrait quelques semaines à guérir, or ils pouvaient se réjouir. Ils avaient survécu et s'étaient battu admirablement. La Gazette du Sorcier avait déjà envoyé ses meilleurs journalistes pour récupérer leurs témoignages et la fin de la journée fut occupée à répondre aux questions, d'abord des Aurors, puis des rédacteurs. Des photos furent prises et Emmeline se fit la réflexion qu'ils allaient retourner à Poudlard avec une sacrée histoire à raconter. Cependant, elle savait qu'elle n'en retirerait aucune gloire. Elle n'oubliait pas les corps de moldus éparpillés sur le sol, l'odeur de la poussière et la violence des partisans du Mage Noir. Son nom la faisait dorénavant autant trembler que les autres. Elle se promettait de ne jamais plus le prononcer et qu'elle emploierait dorénavant chacun de ses jours pour le vaincre.
Parce que cet homme et ses partisans avaient failli lui arracher sa famille et ses amis aujourd'hui. Emmeline voulait participer au combat. Elle avait encore un an à tirer à Poudlard, ensuite elle entrerait dans la bataille. Pour de bon cette fois.
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SEPTIEME ANNEE, septembre 1977
James revint dans le wagon en bombant le torse sur lequel brillait l'insigne de préfet-en-chef. Il avait reçu une lettre durant l'été du directeur Dumbledore qui le félicitait pour les résultats obtenus aux examens et son implication dans la vie de Poudlard. James Potter était ainsi l'un des deux préfets-en-chef et il était fier comme un paon.
— Crâneur, souffla Sirius avec un sourire en coin.
Emmeline repoussa la jambe que James avait posé sur ses genoux. Il émit une fausse grimace de douleur, comme s'il souffrait encore de son entorse.
— Ce n'est pas ainsi qu'on traite son préfet-en-chef, mademoiselle Vance. Une retenue !
— Les cours n'ont pas encore commencé, le défia Emmeline.
James soutint son regard avant de pouffer de rire. Son attention fut alors attirée par un groupe de troisième année qui jouaient des coudes pour pouvoir regarder à travers la petite fenêtre de la porte de leur wagon. Peter se leva en soufflant et tira le rideau.
— C'est le quinzième groupe !
— La Gazette ne parle que de notre mésaventure à Covent Garden cet été, maugréa Sirius. Il n'y a pas de quoi être fier.
Il souffrait encore de sa rencontre avec son frère. Il aurait aimé le faire changer d'avis, que les Aurors l'enfermassent à Azkaban pour qu'il revînt sur sa décision. Tout sauf ce combat qui les avait opposé.
— Tu sais qui est l'autre préfet-en-chef ? s'enquit Emmeline pour changer de sujet.
Assise à côté de Remus, elle lui avait sauté au cou en l'apercevant sur le quai de la gare. Sirius avait fait remarquer que la jeune Vance ne réservait pas le même accueil à Peter et à lui et elle s'était contentée d'un geste obscène pour le faire taire. Qu'il s'estimât heureux, elle n'avait pas embrassé le loup-garou devant eux, même si elle en mourait d'envie. Mais Remus et elle devaient encore garder leur relation secrète, le temps de savoir si ce qu'il y avait entre eux était sérieux, et s'ils étaient sur la même longueur d'ondes. Le reste de l'été avait été morose. Les parents d'Emmeline n'avaient plus voulu sortir dans le monde des moldus et avaient mis en place des dispositifs pour leur maison. Ils avaient peur. Emmeline faisait encore des cauchemars de cette journée. Parfois, les émotions qui l'avaient assaillie remontaient à la surface et elle frôlait la crise d'angoisse. Cependant, ce traumatisme renforçait sa détermination. Elle avait parcouru les plus gros grimoires de magie offensive et défensive et avait appris des sorts qu'elle comptait bien apprendre à utiliser une fois dans l'enceinte de Poudlard (elle n'avait pas encore dix-huit ans, plus que huit mois et elle pourrait utiliser la magie n'importe où). Elle s'était aussi renseigné sur les groupes contre Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, mais ils étaient trop rares et pour la plupart secrets. De plus, ses parents ne voulaient pas qu'elle s'impliquât davantage. Ce qu'elle avait accompli à Covent Garden leur avait suffit.
— Non, répondit James en fronçant les sourcils. Toi, tu sais ?
— Oui, dit-elle, satisfaite de le faire maronner.
— Dis-moi qui c'est.
— Surprise, James, surprise.
— Arrête tes mystères !
Emmeline mima une fermeture éclair sur ses lèvres avant de jeter la clé imaginaire par-dessus son épaule. Si James savait dès maintenant que Lily Evans était la seconde préfète, elle allait se gâcher le plaisir de voir sa mâchoire se décrocher quand elle serait annoncée devant tout Poudlard.
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En effet, le visage de James se décomposa quand Lily se leva à sa suite quand Dumbledore annonça le nom des préfets-en-chef de l'année. Il allait passer du temps supplémentaire avec elle. Les deux adolescents ne se supportaient pas et voilà qu'ils allaient devoir faire la loi de concert et passer plusieurs soirs de la semaine à arpenter les couloirs, juste tous les deux. Emmeline explosa de rire en silence. Sous la table, la main de Remus pressa la sienne et un frisson la traversa. Ils étaient à l'abri des regards et leur relation à Poudlard allait enfin débuter. Ils auraient plus de temps pour se retrouver, s'embrasser, découvrir jusqu'où ils étaient près à aller ensemble.
Les joues d'Emmeline s'échauffèrent. Elle ne devait pas penser à cela pour le moment. Son regard balaya la Grande Salle pour guetter les réactions de ses camarades quand son visage blêmit. A la table des Serpentards, Tallius Oregon avait les yeux rivés sur elle. Il était revenu. Une boule étrange se forma dans son coeur et elle dégagea sa main de celle de Remus. Celui-ci parut surpris. Quand il découvrit ce qu'Emmeline avait vu, son coeur se pinça. Ils avaient eu une relation très forte. Qu'elle avait cachée aussi, pour d'autres raisons. Et ça ne s'était pas bien fini. Pourtant, Emmeline avait beaucoup d'affection pour Tallius et le voir débarquer à Poudlard alors que l'année précédente avait été marquée par son absence puisque ses parents s'étaient rangés du côté du Mage Noir, était assez déstabilisant. Remus reporta son regard sur le directeur qui leur intimait de commencer le Banquet. Ils étaient tous affamés après cette journée dans le train. Remus observa longuement Emmeline jusqu'à ce qu'elle détournât le regard de Tallius et le posât sur le visage de son ami. Elle lui offrit un sourire rempli de chaleur et glissa sa main sur sa cuisse, qu'elle serra doucement. Ce simple geste suffit à rassurer le jeune Lupin.
Ils attaquèrent la nourriture et le repas fut rapidement ponctué de blagues et de rires, comme ils en avaient l'habitude. Remus se trouvait ridicule. C'était du passé. Emmeline n'aimait plus Tallius. Mais l'aimait-elle lui davantage ?
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Ouf ! Plus de frayeur qu'autre chose ! Les Maraudeurs sont sauf ! On entame donc la dernière année de leur cursus à Poudlard et quelle année ! Encore quelques chapitres avant que cette belle aventure ne se termine ^^
Ecrit le 14 Août 2022, corrigé le 29 Août 2022 et publié le 10 Septembre 2022.
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