Eté 1977

Allongée dans son lit, Emmeline fixait inlassablement le plafond, le ventre tout retourné. Quand Remus l'avait serré contre lui pour lui dire bonne nuit, son corps s'était embrasé et son odeur de bois, masquée par son parfum lui avait chatouillé les narines. Depuis, elle ne cessait de penser à la caresse de ses doigts dans son dos quand il s'était écarté, au moment où leurs yeux s'étaient accrochés pour se perdre dans le regard de l'autre. Son haleine sentait le dentifrice à la menthe et elle avait remarqué une nouvelle cicatrice dans son cou. Malgré sa potion Tue-Loup, il lui arrivait de se battre avec d'autres créatures dans les bois derrière chez ses parents. Son bas ventre se tordit violemment quand elle se rappela leur baiser, le goût de ses lèvres sur les siennes, le son de leurs souffles erratiques. Emmeline ferma les yeux et étouffa un cri entre ses mains. Elle se leva d'un bond et s'avança vers la porte. Elle hésita, la main au-dessus de la poignée. La chambre de Remus était à quelques mètres à peine, mais Peter dormait avec lui. Emmeline aurait très bien pu dormir avec James dans son grand lit, mais madame Potter avait insisté pour lui céder la chambre d'amis afin qu'elle garde son "intimité de jeune fille". Elle poussa un juron ; si elle avait dormi avec James, elle n'aurait eu d'autre choix que de se tenir à carreaux. Etant seule, elle avait tout le temps du monde pour penser à Remus et à ce que ça ferait s'ils dormaient ensemble, dans son grand lit froid. Emmeline se maudit quand, soudain, la poignée s'abaissa. Elle resta immobile quand la porte s'ouvrit lentement. Remus apparut dans les rayons de la lune.

Il sursauta, les yeux brillants. Ses joues prirent feu tandis qu'Emmeline sentait ses jambes flageoler. Remus sembla entendre quelque chose son dos, un son qui ne pouvait échapper à son ouïe surdéveloppée.

"Peter m'appelle", articula-t-il en silence.

Emmeline le tira par le poignet et referma sa porte. Elle s'adossa contre elle et observa Remus qui se retourna lentement vers elle. Ses entrailles brûlaient, elle voulait lui sauter dessus et l'embrasser jusqu'à ne plus avoir de souffle. 

— Je suis désolé d'avoir paru distant aujourd'hui, dit-il dans un souffle.

Emmeline garda le silence. Elle déglutit puis prit son courage à deux mains :

— Moi aussi je m'excuse. On se parle des heures au téléphone, et voilà que quand on se retrouve face à face, on n'a plus rien à se dire.

Remus ricana doucement et Emmeline se fit la réflexion que c'était le plus beau son du monde. Ce qu'elle devenait guimauve. Elle se pinça l'avant-bras pour reprendre ses esprits et rejoignit son lit. Elle s'y assit puis se risqua à relever les yeux vers le regard brûlant de Remus.

— Viens, dit-elle, mais sa voix n'était plus qu'un murmure.

Il s'exécuta prudemment. Le matelas s'affaissa quand il s'installa face à Emmeline. Leurs pieds se balançaient dans le vide et leurs genoux se touchaient. 

— Je sais pas ce qu'il me prend, soupira Emmeline en rejetant ses cheveux dans son dos. 

Elle poussa un long soupir et regarda par la fenêtre. Les volets ne laissaient entrevoir que quelques images de l'extérieur : les maisons de Godric's Hollows, les rayons de la lune qui les illuminaient de sa lumière. 

— Je vais retourner me coucher, dit alors Remus.

— Non, s'empressa de dire Emmeline en lui attrapant la main.

Remus baissa les yeux sur ses doigts et les entrelaça à ceux d'Emmeline. L'électricité de la pièce était palpable, la température sembla monter en flèche et les visages des deux adolescents étaient désormais écarlates. Ils masquaient mal leur gêne.

Sans détourner le regard de leurs mains enlacées, Emmeline se laissa glisser vers Remus. Elle croisa ensuite son regard chocolat, et comme la dernière fois, ce fut comme une évidence. Ses yeux tombèrent sur sa bouche entrouverte et elle se lécha les lèvres. Remus le remarqua et émit une pression sur sa main comme pour lui faire signe de s'approcher. Ce qu'elle fit. Emmeline se pencha lentement vers Remus et il glissa son autre main sur son visage pour loger ses doigts dans ses cheveux courts. Ils avaient toujours cette couleur prune qui sublimait son regard de braise. Remus et Emmeline ne purent se retenir plus longtemps. Ils joignirent leurs lèvres dans un baiser charnel qui leur fit totalement perdre la tête. La jeune fille se redressa sur les genoux pour dominer Remus qui grogna quand elle caressa sa nuque. Ses mains à lui se baladèrent sur sa nuisette tandis que la fièvre les emportait. Emmeline s'écartait à peine une seconde pour reprendre sa respiration avant d'embrasser de nouveau le jeune Lupin comme si sa vie en dépendait. Il aimait son côté entreprenant et décida de lui rendre un peu la pareille. Remus fit basculer Emmeline sur le dos tout en continuant de l'embrasser avec ferveur. Elle émit un petit rire quand il écrasa son ventre.

— Désolé, souffla-t-il.

— Ne t'excuse pas, continue de m'embrasser.

Ces simples mots eurent l'effet d'une décharge électrique dans l'organisme de Remus. Il fut plus brutal dans ses baisers, sentant le loup en lui prendre le dessus. Emmeline sembla apprécier puisqu'elle suivait la cadence sans ciller. Elle glissa sa main sous son t-shirt pour sentir ses muscles rouler sous ses doigts. Quand elle sentit les multiples cicatrices qu'il cachait, Remus émit une pause. Il ferma les yeux, gêné.

— Je ne savais pas..., murmura Emmeline.

— J'en ai partout, dit-il d'une voix rauque. Désolé.

— Arrête de t'excuser Rem'.

Habituellement, elle aurait dit cela de façon sèche et autoritaire, comme elle en avait le secret, mais cette fois, elle était restée douce et pleine de tendresse.

— Tes cicatrices font partie de toi.

— Je les déteste, avoua-t-il.

— Et bien moi, je les adore, assura Emmeline. Je voudrais toutes les voir.

Remus sourit et caressa le visage d'Emmeline.

— Peut-être une autre fois.

La jeune Vance acquiesça. Ses lèvres lui suffisaient pour le moment. Elle-même ne se sentait pas d'aller plus loin. 

Remus roula sur le côté, la main toujours posée sur la taille d'Emmeline. Celle-ci caressait ses cheveux avec douceur. Leurs nez se frôlaient, leurs jambes étaient entrelacées et seul le son de leurs respirations erratiques brisaient le silence de cette nuit d'été. Un sourire éclairait leurs visages. Ils étaient bien dans les bras l'un de l'autre et leur coeur semblait s'être délesté d'un poids. Emmeline posa doucement ses lèvres sur celles de Remus puis chuchota :

— On devrait garder ça pour nous. Quoi que ça puisse être, je pense qu'on devrait attendre un peu avant de le dire à James, Peter et Sirius.

— Je suis d'accord, acquiesça Remus. Ça ne les regarde pas. 

Le sourire d'Emmeline s'élargit et elle se blottit contre le jeune Lupin. Ils fermèrent les yeux et s'endormirent. 

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Eté 1977

Le retour à la maison fut très difficile pour Emmeline et Remus. Ils avaient passé la semaine à s'échanger des baisers dans chaque pièce de la maison des Potter, dès qu'ils se retrouvaient seuls. Dans la salle de bains, quand elle sortait de la douche et qu'il prenait sa place, dans la cuisine quand ils étaient de corvée de vaisselle, dans le jardin tard le soir quand tout le monde dormait et évidemment, dans la chambre quand Remus arrivait à fausser compagnie à Peter pour rejoindre sa belle. Personne ne semblait se douter de quoi que ce fût, James occupé à s'inquiéter pour sa mère, Sirius à s'entraîner sur son balai et Peter plongé dans la Gazette du Sorcier. Ils mettaient l'humeur démesurément radieuse sur le compte des merveilleuses vacances qu'ils passaient tous ensemble.

Ainsi, Remus et Emmeline durent attendre trois longues semaines avant de se revoir. La jeune Vance avait, comme promis, invité ses amis à passer quelques jours chez elle. Ils dormaient ainsi tous les six dans la dépendance. Lily avait un peu hésité avant d'accepter, se sentant quelque peu mal à l'aise avec autant de garçons, mais elle n'avait pas vu son amie depuis un long moment et elle lui manquait. Ainsi, James, Peter, Sirius, Remus et Lily débarquèrent chez les Vance, le sourire scotché sur les lèvres. James en particulier, semblait très emballé par ce séjour en compagnie de Lily Evans et de ses meilleurs amis.

Le premier soir, ils s'engagèrent dans un tournoi de Bavboules qui en laissèrent certains en sale état. Le verre des lunettes de James s'était cassé et Sirius était resté dans la salle de bains pendant vingt minutes pour enlever l'odeur nauséabonde de la boule qui avait éclaté sur son t-shirt. La nuit était bien avancée que leurs rires résonnaient toujours dans la dépendance. Alors que Remus montrait les premiers signes de fatigue, Emmeline décida qu'il était temps de dormir. Le lendemain, ses grands-parents avaient proposé de les emmener voler hors de Londres. James et Sirius étaient déjà impatients de démontrer leurs talents grâce au Quidditch, mais Emmeline avait déjà prévu de leur rabattre le caquet avec des jeux bien pensés. 

— Attends James, je vais réparer tes lunettes, proposa Lily.

Tout le monde se tut tandis que la belle rouquine s'approchait du Gryffondor. James semblait avoir perdu sa langue. Elle approcha si près qu'il eut un mouvement de recul. Elle ignora ce geste étonnant et pointa sa baguette sur ses lunettes.

— Occulus Reparo, dit-elle distinctement.

Immédiatement, le verre reprit sa forme initiale et James se passa une main dans les cheveux.

— Merci, Evans.

— Pas de quoi Potter. 

Lily se glissa ensuite dans le lit qu'elle partageait avec Emmeline, situé à moins de deux mètres de celui dans lequel dormaient Sirius et James. Peter était étendu sur une couchette aux pieds de Sirius. Quant à Remus, il avait réussi à se placer non loin d'Emmeline. Ainsi, alors que les lumières s'éteignaient, les deux adolescents s'attrapèrent la main, à l'abri des regards. Ce simple contact suffit à les faire sourire. Emmeline était impatiente de se retrouver seule avec lui.

Ses lèvres lui manquaient. 

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Quels coquins cette Emmeline et ce Remus ! Une belle relation s'entame non ??? Lily et James sont bizarre, vous ne trouvez pas ? On se retrouve dans les commentaires ^^

Ecrit le 25 Mai 2022, corrigé le 11 Août 2022 et publié le 27 Août 2022.