36. Riddikulus - VI
SIXIEME ANNEE, avril 1977
Les relations entre Emmeline et Severus ne s'arrangèrent pas. Elle ne pouvait lui pardonner ses insultes envers Remus, c'en était trop. James l'avait mise en garde, mais elle avait continué de se montrer agréable avec Rogue. Ce temps était révolu, elle n'empêcherait plus ses amis de l'embêter, elle n'essaierait plus de convaincre Lily de lui pardonner. Dorénavant, il se débrouillerait. Les nouvelles de la journée tombèrent dans les assiettes des élèves comme tous les matins et Peter se rua sur la Gazette du Sorcier avec avidité. Emmeline tenta d'éviter de pencher la tête sur l'article, mais les soupirs de son meilleur ami et les exclamations qui s'élevaient des tables voisines piquèrent sa curiosité.
— Il a assassiné dix familles de moldus en moins de sept jours ! s'exclama une Serdaigle.
James et Sirius échangèrent un regard et Emmeline attrapa le journal des mains de Peter. Ce qui y était décrit était affreux. Une pauvre grand-mère pleurait à chaudes larmes sur la photo au milieu de la page et témoignait du meurtre froid de son fils et son épouse. Se succédaient des informations macabres concernant les autres moldus touchés par les sortilèges inhumains de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.
La jeune Vance roula le journal en boule et se leva d'un bond, la main posée sur son coeur. Les prochains pouvaient être ses grands-parents. Elle se pressa dans les escaliers pour rejoindre la volière dans laquelle elle dénicha une plume et du parchemin pour griffonner une lettre à la va-vite. Elle devait s'assurer qu'ils n'avaient rien. Toute cette histoire la rendait dingue, elle avait peur pour elle, pour ses amis, pour ses parents, pour sa famille. Personne ne méritait ce qu'ils vivaient. Ses parents avaient plusieurs fois menacé de la ramener, mais Dumbledore était une puissant homme et ils étaient heureusement conscients que l'endroit le plus sûr était dans son école. Une rage s'empara de la jeune fille et des larmes coulèrent sur ses joues. Elle se hâta de les faire disparaître et attacha soigneusement sa lettre à la chouette de James qu'elle laissa s'envoler. Elle regarda l'oiseau s'éloigner, le coeur battant, priant pour qu'il revînt dans quelques jours avec des bonnes nouvelles.
Toute la journée, Emmeline resta maussade. Même les plaisanteries de Sirius ne réussirent pas à la dérider. Après les cours, elle préféra demeurer seule et s'isola à la bibliothèque pour avancer dans ses devoirs. Elle passa une heure dans les bouquins, à avancer ses recherches concernant la potion que Damoclès et elle concoctaient, puis elle disparut dans son dortoir sans dire un mot. Or, elle ne trouva pas le sommeil. Une heure passée, Emmeline avait toujours les yeux rivés sur le plafond. Prudemment, elle se leva et enfila un pull en laine par-dessus son pyjama, ainsi que ses bottes fourrées. Elle enfonça sa baguette dans sa chaussure gauche et descendit les escaliers en silence. La salle commune était déserte. Elle passa le trou de l'entrée et s'aventura dans les couloirs du château. C'était la première fois qu'elle sortait seule. Elle avait besoin d'air, de se vider la tête. Elle se dirigea à pas feutrés dans la Forêt Interdite, seulement éclairée de sa baguette. Ses bois la rassurèrent, malgré le souffle du vent qui rendait l'atmosphère menaçante. Contrairement à la plupart des sorciers, Emmeline n'était pas effrayée par la Forêt Interdite. Surtout depuis que Remus, James, Sirius, Peter et elle l'arpentaient sous forme animale. Ils avaient appris à vivre parmi elle et à comprendre ses créatures, si bien qu'ils n'en avaient plus peur.
Emmeline marcha durant deux heures, s'imprégnant des odeurs de mousse et essayant de deviner les chants qui résonnaient au loin. Elle se dissimula plusieurs fois pour ne pas gêner les Centaures et les autres créatures qui n'aimaient pas trouver d'humains sur leur chemin. Elle n'était pas prête pour une bagarre.
Alors qu'elle comptait rentrer dormir, Emmeline entendit un craquement dans son dos et pointa sa baguette sur le sentier pour l'éclairer. Elle ne le vit pas arriver, il la bouscula sans ménagement. Cette forme sombre, qui allait bientôt se transformer en son pire cauchemar. La panique la submergea. Elle tenta de se souvenir de ses cours de défense contre les forces du mal des années précédentes. Emmeline avait habituellement un grand sang-froid, mais l'Epouvantard qui lui faisait face l'avait prise par surprise. Elle trébucha sur une racine et sa baguette roula sur le sol, permettant à la créature de prendre forme.
Des ténèbres grossissantes apparurent devant ses yeux. Les volutes de fumée noires tourbillonnaient et menaçaient de l'engloutir pour la plonger dans l'obscurité, seule et en danger. La vue d'Emmeline se brouilla de larmes. Soudain, une silhouette se planta devant elle. La main de Remus se glissa dans la sienne et il la souleva de terre avant de la serrer contre lui. Du coin de l'oeil, Emmeline aperçut l'Epouvantard prendre la forme d'une pleine lune ronde et brillante. Remus n'hésita pas :
— Riddikulus !
La pleine lune se transforma en Souaffle qui retomba sur le sol en se dégonflant. La forme sombre de l'Epouvantard s'éclipsa dans un souffle jusqu'à disparaître. Remus attrapa le visage d'Emmeline et la força à le regarder.
— Tu vas bien ?
Elle tremblait encore, des sillons creusaient ses joues. Elle avait été idiote. Si Remus n'avait pas été présent, l'Epouvantard l'aurait noyée dans sa peur et son désespoir, elle aurait fini par perdre la raison. Emmeline se logea dans les bras de Remus et le serra jusqu'à l'en étouffer, profitant de sa chaleur et de sa sécurité. Elle se sentait saine et sauve, protégée. Agrippée à sa chemise, elle n'osait plus le lâcher de peur de devoir faire face à son échec, à sa honte. La grande jeteuse de sorts s'était défilée devant un Epouvantard, celle qui se vantait toujours de n'avoir peur de rien avait perdu ses moyens et commit l'erreur fatale de se promener dans la Forêt Interdite seule.
— On va rentrer, assura Remus.
— On est faibles, répondit Emmeline.
— Quoi ?
— On est faibles, répéta-t-elle en s'écartant.
Elle sécha ses larmes du revers de la manche et récupéra sa baguette sur le sol avant d'entamer la marche vers le château.
— Tu m'as suivie jusqu'ici ? demanda-t-elle soudainement.
— Je n'arrivais pas à dormir alors je suis descendu dans la salle commune. Je t'ai vu partir par la fenêtre. Je me suis assoupi, puis j'ai vérifié si tu étais rentrée. Comme ce n'était pas le cas, j'ai préféré venir vérifier. Je suis le préfet, la taquina-t-il.
Cela lui arracha un sourire et Remus fut content de lui. Il détestait voir Emmeline si vulnérable. Elle ne méritait pas de souffrir. C'était une femme forte et une sorcière talentueuse, rien ne devrait la tracasser.
— Pourquoi tu dis que nous sommes faibles ? s'enquit Remus tandis qu'ils sortaient de la Forêt.
Il abaissa sa baguette pour que personne ne vît la lueur du château. Il ne manquerait plus que Rusard les surprissent hors de leur lit à une heure si avancée de la nuit.
— Je parle de Tu-sais-qui, de ses disciples, de ses meurtres, de la peur qu'il inspire. J'ai peur Remus. On a tous peur. Les cours de Défense contre les Forces du Mal ne nous suffisent pas, pas en ces temps qui courent.
— Qu'est-ce que tu proposes ?
Le jeune loup savait très bien qu'Emmeline n'avancerait pas une telle chose sans un plan derrière la tête pour arranger ça.
— On devrait s'entraîner.
— Où ça ?
— Dans la Cabane Hurlante. Seulement nos amis les plus proches, des gens de confiance.
Remus resta silencieux. Il ne savait quoi penser.
— Qui nous entraînera ?
— On s'entraînera mutuellement. James est très doué pour les sorts offensifs, Sirius connaît des parades excellentes et Peter s'intéresse aux agissements de Tu-sais-qui. Je le soupçonne également de s'intéresser à la magie noire. Il doit connaître des astuces, et si c'est pas le cas, il sait à quoi nous avons à faire. Et connaître son ennemi est un avantage.
Ils entrèrent en silence dans le château et retrouvèrent la salle commune. Remus et Emmeline s'arrêtèrent devant le dortoir des filles et échangèrent un regard.
— Je te laisse y réfléchir Rem'. J'en parlerai demain aux autres. J'en ai marre d'avoir peur.
Remus acquiesça. Emmeline déposa un baiser sur sa joue qui laissa une trace rosée sur la peau du jeune garçon. Puis elle claqua la porte derrière elle.
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Un beau chapitre que j'ai pris plaisir à écrire ! Où vous êtes les lecteurs de Winse ? J'attends vos commentaires avec impatience !!
Ecrit le 17 et 24 Mars 2022, corrigé le 20 Mai 2022 et publié le 10 Août 2022.
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