33. Arania - VI
SIXIEME ANNEE, février 1977
Emmeline ne voyait pas la fin de sa glissade. Elle perdit sa baguette en route, étouffant les dernières volutes d'espoir qui la maintenaient à flot. Les larmes coulèrent rapidement sur son visage. Elle était terrorisée, n'avait aucun moyen d'appeler à l'aide et James était parti de l'autre côté, à des kilomètres de son emplacement. Si elle ne trouvait pas un moyen de se dégager de l'emprise de l'Acromentule, elle y laisserait sa peau.
Soudain, l'araignée géante cessa de la traîner sur le sol et Emmeline put reprendre son souffle. Elle s'écroula sur le sol une seconde, le temps de reprendre ses esprits, puis se retourna d'un coup sec pour faire face à son ennemie. Ses yeux la scrutaient avec délectation tandis qu'elle frottait ses pattes velues entre elles. Elle était plus petite que les Acromentules adultes et Emmeline en déduisit ainsi que c'était un bébé. Cependant, elle faisait déjà la taille d'un gros camion et la jeune Vance n'avait aucune chance d'en réchapper. Elle tenta de se redresser, en vain. Ses muscles étaient endoloris par la récente course folle et sa blessure au bras l'handicapait déjà pas mal. Il fallait qu'elle trouvât un moyen de sortir de cette embrouille. Or, l'Acromentule était affamée et déjà, elle se rapprochait de sa proie. Emmeline sentit une longue toile s'enrouler autour de ses chevilles. Même en se débattant, celle-ci s'entortilla de telle sorte qu'elle emprisonna ses jambes. L'araignée continuait d'empapilloter son dîner quand un rugissement retentit derrière Emmeline. Elle tenta de se retourner, mais ne discerna qu'une grande silhouette s'élancer et sauter par-dessus son corps pour atterrir sur la tête de l'Acromentule. Un combat acharné s'engagea entre les deux créatures. Emmeline s'empressa de se libérer de la toile en l'arrachant avec ses mains. Elle se releva enfin et piqua le sprint de sa vie. Elle retrouva sa baguette magique quelques mètres plus loin et lança des étincelles rouges dans le ciel avant de pointer la lumière devant elle et de slalomer entre les arbres.
Ce fut alors qu'un second rugissement retentit, plus craintif cependant. Quand la deuxième créature lâcha un hurlement à déchirer le coeur, Emmeline se stoppa dans sa course.
— Remus.
Ni une ni deux, elle fit demi-tour et s'élança dans le sens inverse. Elle ne pouvait pas laisser son ami entre les pattes de l'araignée. Elle comprit alors qu'il avait tenté de la protéger en s'attaquant à l'Acromentule. Même transformé, son grand coeur prenait le pas sur tout le reste. Emmeline arriva sur le lieu du combat et son coeur fit une embardée quand elle découvrit le sang qui coulait de l'abdomen de Remus. Elle tourna la tête de tout côté, espérant voir apparaître James et sa ramure puissante. Elle abandonna ses affaires et se changea en buse, mais ses blessures la ralentissaient. Elle survola l'araignée qui porta toute son attention sur le rapace qui tentait de lui crever les yeux. Cependant, elle se désintéressa bien vite d'elle pour charger de nouveau le pauvre loup-garou qui gémissait. Emmeline reprit forme humaine au pied d'un arbre et attrapa sa baguette avec fermeté.
— Depulso ! s'écria-t-elle.
L'Acromentule reçut une déflagration d'énergie qui la mit très en colère. Cependant, la formule ne fut pas efficace. Emmeline enchaîna les sorts de défense, mais aucun ne réussit à la repousser suffisamment pour qu'elle disparût. Elle se souvint alors d'une formule qu'elle avait lue dans un manuels, qui repoussait les araignées et les faisaient même fuir. Cependant, elle n'arrivait pas à se souvenir du second mot.
— Arania... Arania...
Elle poussa un cri de rage. Comment pouvait-elle oublier une formule dans un tel moment ? L'Acromentule avait une nouvelle fois envoyé Remus au tapis et ses yeux noisette fixaient le vide d'un air absent. Il était sur le point de perdre conscience et Emmeline était persuadée que l'araignée comptait en finir avec son ennemi. Soudain, un éclair de génie lui traversa l'esprit. Elle brandit haut sa baguette et sentit le pouvoir vibrer en elle.
— Arania Exumaï !
Un éclair lumineux s'éjecta de l'extrémité de sa baguette et frappa l'Acromentule de plein fouet. La créature poussa un cri plaintif en se relevant difficilement puis s'enfuit entre les arbres. Le silence retomba. Emmeline porta une main à son coeur pour reprendre son souffle. Plus loin, Remus était étendu sur le sol et sa poitrine se soulevait difficilement. Elle s'approcha lentement. Soudain, un magnifique cerf apparut et se rua entre la jeune fille et le loup.
— C'est bon James ! s'exclama Emmeline. Il est blessé, je dois m'occuper de lui.
Ses sabots claquèrent au sol et il recula lentement en examinant la situation. Emmeline approcha prudemment. Le museau du loup-garou se redressa et il retroussa ses babines pour grogner. Cependant, il soutint le regard de la jeune fille et se détendit. Elle tendit sa main face à elle et attendit durant de longues secondes. Finalement, la langue râpeuse de Remus lui chatouilla les doigts et elle sut que l'humain en lui avait repris le dessus.
— Le soleil va bientôt se lever, dit alors James qui avait repris forme humaine.
— Rentrez vous coucher, Peter, Sirius et toi. Vous avez un match dans quelques heures. Je vais raccompagner Remus à la Cabane Hurlante et finir de le soigner.
James hésita un long moment. Emmeline lui adressa un signe de la tête.
— Ça va aller, je te le promets.
James finit par accepter. Il insista cependant pour aider la jeune fille à soutenir le loup redevenu presque humain. Les blessures se dessinaient de plus en plus nettement sur son torse et Emmeline préféra détourner le regard pour ne pas sentir son coeur se serrer. L'angoisse lui tirait les tripes. Quand elle vit la Cabane Hurlante, le nœud dans son estomac se détendit. James aida Remus à s'installer sur le sol, au pied d'un lit miteux. Emmeline étala son nécessaire à soin sur la sol puis attrapa la main de James.
— Reposez-vous bien. Je vous donne des nouvelles, dès que je le peux.
Il la serra amicalement puis lui fit promettre de faire attention. Néanmoins, Remus reprenait peu à peu forme humaine. Hormis ses crocs et ses griffes, son corps d'homme avait repris ses droits. Emmeline posa une couverture mangée aux mites sur ses jambes nues et lui adressa un sourire.
— Ça va aller Rem', je vais bien m'occuper de toi.
Ses blessures étaient profondes, mais Emmeline tenta d'y faire abstraction. La respiration de Remus était saccadé et elle vit ses muscles trembler sous la fatigue. Emmeline s'occupa d'abord de sa lèvre fendue et du bleu sur sa pommette.
Il était dans un sale état. Cependant, l'alliage entre ses potions, son cataplasme et quelques formules de soin qu'elle avait piquées à Madame Pomfresh, permirent à Emmeline de calmer ses boursouflures et les égratignures qui maculaient son visage. Restait maintenant ces grosses plaies sur son torse. Quand elle les effleura du bout des doigts, des frissons parcoururent la peau de Remus. Celui-ci se racla la gorge.
— C'est pas joli.
— Comment tu te sens ? demanda Emmeline.
— J'ai l'impression d'avoir été piétiné par un troupeau de Centaures.
— Tu t'es battu avec une Acromentule.
— Vraiment ?
— Oui, elle a essayé de me bouffer et je crois que... tu as essayé de me protéger.
Remus acquiesça. Cela ne l'étonnait pas. Même transformé, son affection pour Emmeline Vance surpassait tout.
— J'imagine que tu fais partie de ma meute. Que le loup en moi te reconnait comme l'un des siens.
Les lèvres de la jeune fille se retroussèrent en un sourire satisfait. Elle préférait ne pas penser à ce que cette révélation signifiait réellement. Si l'autre partie de Remus ressentait cela pour elle, elle n'imaginait pas ce que lui ressentait. Et ce que cela réveillait en elle. En s'approchant pour soigner les blessures de Remus, elle sentit son souffle chaud caresser sa nuque et soulever ses cheveux prune. Elle tenta d'ignorer la chaleur qui s'empara d'elle et redressa le regard quand Remus poussa un petit cri de douleur.
— Désolée.
Leurs nez se frôlaient presque. Leurs respirations se mêlaient l'une à l'autre. Elle pouvait entendre leurs cœurs battre à l'unisson et leurs peaux se couvrir de frissons.
— Merci, dit alors Remus.
— Merci à toi, tu m'as sauvé la vie.
Il sourit et Emmeline sentit son coeur faire une embardée. Ce sourire craquelait les barrières qu'elle érigeait en elle. Elle risquait de sombrer d'un moment à l'autre. Et cela, elle ne pouvait se le permettre.
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Ecrit le 7 Février 2022, corrigé le 19 Mai 2022 et publié le 13 Juillet 2022.
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