CINQUIEME ANNEE, mars 1975

— Hé.

Emmeline releva la tête sur le nouvel arrivant et eut un hoquet de surprise. Que faisait-il ici ? Et pourquoi arborait-il un air si inquiet ?

— J'ai mis des plombes à te trouver. T'es rapide, dis-moi.

La haute silhouette s'installa à sa gauche et Emmeline ne quitta pas son visage du regard. Il avait un sourire timide sur les lèvres, chose peu habituelle. Le jeune homme passa une main dans ses cheveux coupés courts et soupira en s'adossant contre la citrouille. Il leva son regard vers le ciel, toujours silencieux.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda Emmeline, la voix rauque. 

Elle ne voulait pas d'autres remontrances, une seconde dispute qui l'enfoncerait et ferait de cette journée la pire de toute sa vie. Sirius tourna enfin son regard vers son amie et un maigre sourire fleurit sur son visage.

— Je viens pour m'excuser.

Emmeline manqua de s'étrangler. Elle desserra l'étreinte sur ses genoux et les croisa en tailleur avant de rajuster sa robe dessus. Il commençait à faire bon, mais ce n'était pas encore le temps idéal pour des promenades nocturnes en simple robe de sorcière.

— T'excuser ? répéta-t-elle.

Sirius Black ne s'excusait pas. Emmeline ne l'avait jamais entendu s'abaisser à une telle chose. Il considérait toujours qu'il avait raison et que ses actes n'étaient pas regrettables. Il assumait toujours ses paroles et ses actions, quitte à blesser les autres. 

— Remus nous a tout raconté. Ne lui en veux pas, on a insisté. Après ça, j'ai compris. C'est sûr que j'aurais préféré que tu t'entiches d'un Poufsouffle ou d'un Serdaigle, dans le pire des cas... Mais, je n'avais pas le droit de te crier dessus. Ça ne devait pas être facile de cacher cette relation.

Emmeline se contenta d'acquiescer, encore sidérée. Elle avait imaginé maintes fois le discours qu'elle donnerait à James et Sirius quand elle aurait le courage de les affronter de nouveau. Dans chacun d'eux, elle leur hurlait dessus et étalait tous les problèmes, mais également tout le bonheur que sa relation avec Tallius lui avait apporté. Elle s'était vu leur crier à quel point ils étaient de mauvais amis, qui ne la soutenaient pas comme ils le devaient. Cependant, toutes ses paroles s'étaient envolées au moment où Sirius avait ouvert la bouche pour s'excuser. 

— J'espère que tu pourras me pardonner et qu'on restera amis.

Emmeline vit de nouveau ses yeux s'embrumer. Elle détestait pleurer. Cependant, ces larmes-ci brillaient de joie. Sirius attendit sa réponse avec impatience, sans un mot de plus. Finalement, Emmeline déploya ses bras pour les enrouler autour du cou de son ami. Ce dernier la serra contre lui, heureux et le coeur battant.

— Merci Black, dit-elle simplement.

— Tu m'as manqué Vance.

Elle gloussa et Sirius se moqua une fois de plus de son rire chantant. Ils regardèrent ensuite les étoiles, en silence. Juste avant qu'ils ne décidassent de rentrer au château pour respecter le couvre feu, Sirius arbora une moue contrite.

— Il faudra sûrement un peu plus de temps à James, avoua-t-il. Sois patiente.

Emmeline acquiesça de nouveau, le coeur serré. Sirius était déjà une étape de faite, mais James avait paru si déçu qu'elle n'était pas certaine qu'il pût mettre de côté sa rancœur. Il était très fier et c'était un défaut qu'Emmeline détestait chez lui. Cependant, elle espérait de tout coeur que le jeune Potter suivrait son meilleur ami et pardonnât à Emmeline ce qu'il lui reprochait - quoi que cela fût.

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CINQUIEME ANNEE, mars 1975

Deux jours plus tard, Emmeline avait retrouvé le sourire, mais pas sa joie de vivre. James l'évitait toujours et c'était pesant pour tout le monde. Sirius avait essayé de le faire changer d'avis, mais il refusait d'en parler ou d'évoquer le sujet. 

Finalement, au cours d'Astronomie du soir, Emmeline décida que c'était à elle de faire un pas en avant. Elle mit sa grande fierté de côté et s'arrangea pour se retrouver en binôme avec James. Celui-ci resta glacial durant tout le cours et quand le professeur Sinistra demanda de ranger leur matériel, il s'éclipsa hors de la classe en vitesse. Emmeline resta fixée sur son objectif. Elle rangea rapidement le télescope et poursuivit James dans l'escalier. Or, il avait disparu. Elle sortit la carte de son sac, cependant elle n'était pas d'une grande utilité puisqu'elle ne lui indiquait pas la position de son ami. Emmeline entendit alors un bruit sourd et se dirigea vers une armure qui venait de perdre son épée qui avait glissé sur le sol. En regardant au loin, elle aperçut une porte s'ouvrir toute seule. Il était tard et les élèves de Gryffondors qui avaient assisté au dernier cours de la journée rentraient se coucher. Si quelqu'un la voyait ici, elle risquait une retenue. 

Emmeline poussa tout de même la porte pour pénétrer la salle vide. Du moins, en apparence, elle paraissait vide, mais Emmeline savait que James était là, dissimulé sous sa cape. Elle s'avança lentement jusqu'à une fenêtre pour observer la lune briller haut dans le ciel. Le cours avait porté sur les cycles de la lune et leurs conséquences sur Saturne. Ce soir, la planète gazeuse était visible, ressemblant en tout point à une simple étoile, mais reconnaissable si bien étudiée.

— Quand je t'ai vu pour la première fois dans le Poudlard Express, je me suis dit qu'entre nous, soit ça passerait soit ça casserait, commença Emmeline. Ensuite, au fil des années, je me suis rendue compte que tous les deux on se complétait. C'est pas mon genre de faire des déclarations, mais tu sais comme je suis sensible au fond. 

Sans lâcher des yeux la lune et ses cratères sombres, Emmeline continua son discours qui avait pour but de faire sortir James de sa cachette.

— On a vécu les meilleurs moments de notre vie ensemble et même si j'adore Sirius, Peter et Remus, ça a toujours été spécial avec toi. Je crois qu'au fond, je te considère comme le frère que j'ai jamais eu. Parce que ton humour à toute épreuve me réchauffe le coeur autant que ton arrogance me le glace.

Emmeline marqua une pause. Elle n'aimait pas les discours grandiloquents, mais aujourd'hui, elle devait mettre son égo de côté et tenter de récupérer son meilleur ami.

— Ça m'est tombé dessus comme ça, dit-elle alors d'une voix cependant plus hésitante. Tallius est un serpent de la pire espèce. Pendant des années, il a pointé mes défauts et il m'arrivait de complexer à cause de ses réflexions. Mais cette haine s'est transformée en quelque chose de différent. Quand je n'ai plus cessé de penser à lui, je me suis dit que je devenais folle, que je voulais lui faire la peau. Et la première fois qu'on s'est embrassé...

Elle retint son souffle. Se remémorer tout cela avait un effet apaisant. Sa rupture paraissait moins lourde tout à coup. Tout semblait plus simple.

— Mon estomac a explosé. Je sais pas si t'as déjà ressenti ça avec quelqu'un, James (c'était la première fois qu'elle disait son nom), mais c'est magique et effrayant. Encore plus effrayant avec un membre de la maison ennemie. Ce jour-là, j'ai fait le choix d'essayer. Pendant des mois, Tallius et moi on a galéré. On a beau n'avoir que quinze ans, vivre dans le secret et ne pas pouvoir parler de celui qui nous donne le sourire est infernal. J'ai plusieurs fois voulu vous le dire, mais la vérité c'était que vous n'étiez pas prêts à m'écouter. Parce que votre haine viscérale pour les Serpentards vous aveugle et brouille votre jugement. Je ne vous blâme pas, j'étais pareille. Cependant, j'avais toujours le maigre espoir que notre amitié était plus forte que n'importe quoi. Que rien ne pourrait nous séparer.

Tremblante, Emmeline se tut et commença à s'éloigner vers la porte restée entrouverte. James était toujours silencieux, elle ne savait même pas s'il était resté pour écouter l'entièreté de son discours. Au moins, elle avait dit ce qu'elle avait sur le coeur. 

Alors qu'elle s'apprêtait à tirer la porte pour l'ouvrir, celle-ci se referma brutalement. 

— Merde, murmura une voix à sa droite.

Emmeline resta immobile et balaya l'endroit d'où provenait la voix. Il faisait sombre et sous la cape, elle savait qu'elle ne décèlerait jamais James, pourtant quelque chose remua. La cape d'invisibilité fut rejetée en arrière et James apparut, les cheveux décoiffés et le regard brillant. Emmeline et lui se scrutèrent longuement sans un mot.

— J'ai été con, dit-il alors en la serrant contre lui. 

Emmeline, les yeux humides, s'accrocha à la robe de son ami enfin retrouvé.

— Promets-moi de ne plus jamais me faire la gueule comme ça, dit-elle.

— Et promets-moi de ne plus rien me cacher. Je suis désolé que tu te sois sentie obligée de nous dissimuler ça à Sirius, Peter et moi. J'ai mal réagi, je le sais, mais c'est bon j'ai compris. Je suis désolé, Em'.

Et ces simples mots rendirent cette journée merdique bien plus agréable tout d'un coup.

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Enfin !!! Ils se sont tous réconciliés et ces histoires sont derrière eux ! J'adore la relation entre James et Emy !!! Je vous retrouve dans les commentaires ^^

Ecrit le 9 Septembre 2021, corrigé le 24 Novembre 2021 et publié le 27 Avril 2022.