Syfia ~ 6
J'essayais de ne pas l'entendre crier mon nom, mais c'était dur. Je commençais à m'en vouloir de l'avoir laissé ainsi. J'avais tout masqué dont mon odeur, il ne me trouverait pas si je ne le voulais pas. Boris ne méritait pas ça, mais je devais voir pour moi-même. Je devais en être sûre, avant d'émettre une quelconque hypothèse.
Ce flux d'énergie que j'avais senti, je le reconnaissais que trop bien. Et je savais pertinemment que ce n'était pas de mon fait. Je savais aussi que le camp où j'avais été petite se trouvait ici...
Je courrais dans la forêt, suivant ce fil invisible de pouvoir.
- Je reprendrais ma taille normale au moindre problème, me prévint Ulo.
Lorsque j'arrivais là où toute cette énergie atteignait son pic, je me figeais.
Rien n'avait changé, des murs toujours aussi grisâtres, des barbelés... Ma prison était devant moi. Et Ulo n'avait qu'à se transformer pour n'en faire qu'une bouchée. Je posais ma main sur mon autre, l'empêchant de trembler. Je tentais de réguler ma respiration, mais la crise n'était pas loin et elle éclaterai...
Du mouvement se fit et une petite fille qui jusque-là m'était cachée, apparut sur le perron. Elle était dos à moi et ses longs cheveux bruns tombaient jusqu'à ses fesses. Elle devait avoir à peine dix ans, ses habits étaient déchirés et sa peau foncée. Je tendis l'oreille et fermais mes yeux pour comprendre ce qu'on lui disait.
- Tu es sûre que quelqu'un est rentré ? se pencha un homme à la voix grave sur elle.
- Oui...Oui, ma barrière a été franchie, lui répondit-elle avec la voix chevrotante.
Cette petite... elle...
Un coup de feu me chassa de mon constat. Là-devant moi, les yeux violets de l'enfant me fixaient et son doigt me pointait assurément.
Elle était comme moi et elle le comprit aussi. Me sachant compromise, je tâchais d'être visible en levant les mains en l'air. Une femme apparut alors derrière la fille et je faillis déglutir.
Elle posa ses longs doigts manucurés sur son épaule, forçant la fillette à baisser les yeux. Elle avait peur et je me fis la promesse de la sortir de là.
- Syfia... Quelle belle surprise ! Tu m'as manqué, s'adressa l'adulte à moi.
- Ulo, cache-toi jusqu'à ce que je te dise d'intervenir, ordonnai-je à mon dragon.
Il s'exécuta sans poser de questions et se dissimula à son tour. Seule la jeune fille pourrait le percer à jour.
- Maman... Tu ne m'as pas manqué, j'avais même espéré que tu sois morte, lui donnai-je comme réponse acerbe.
Elle ricana et intima les deux hommes à ses côtés de baisser leurs armes. Sa première erreur.
- Alors quoi... maintenant tu diriges cette organisation malsaine ? compris-je.
J'avais beau vouloir sortir d'ici au plus vite, je voulais des réponses sur ce qu'avaient fait mes parents tout ce temps.
- Exactement ma chérie, la couture ne me plaisait plus... C'était si peu payé. Mais ici, je n'ai qu'à juste trouver des enfants exceptionnels et c'est dans la poche ! me raconta-t-elle avec une réelle... fierté.
Ça me répugnait.
- Et papa ? osai-je demander.
Son visage ridé se crispa en une expression de dégoût.
- Ton père ne me servait à rien, alors je l'ai laissé vivre sa vie. Je crois qu'il est boulanger ou bien facteur. Qu'est-ce que j'en sais, il n'était pas intéressant.
Elle me dit ses mots en faisant tomber sur son autre épaule ses cheveux poivre et sel. Ses yeux bruns n'exprimaient plus rien d'aimant. Ma mère était méchante, mais maintenant c'était un monstre avide de pouvoir.
- Et regarde ce que j'ai trouvé ! Il y a plus de deux ans ! s'extasia-t-elle en appuyant ses ongles dans l'épaule de la jeune dragonnière qui grimaça à ce contact. Elle est comme toi ! Sauf qu'elle est docile et ne pose aucun problème ! elle soupira. Si seulement tu aurais pu être comme elle... Abattez-là, finit-elle son monologue.
Je me jetais à terre avant qu'une rafale de balles ne me touche. Je déversais mon pouvoir et disparut. J'entendis ma mère rager et obliger la petite fille à me trouver. Elle ne le voulait pas mais pour l'instant, elle ne voyait aucune échappatoire. Je donnais aux tireurs l'illusion de fondre et si ça n'avait pas marché sur Kenyan, parce qu'il avait connu plus grande douleur que celle-ci, contre ces humains c'était du gâteau. Ils s'écroulèrent, hurlants leur peine, et je souriais face à cela.
Je laissais mon odeur de nouveau visible, Boris avait besoin de voir ça, cette horreur, pour la faire disparaître de ses terres. Ma mère poussa l'enfant sur le bas-côté et prit l'une des armes. Elle tira dans le vide et une balle réussit à m'atteindre. Je me détachais de la douleur, arrivait jusqu'à elle et pris l'arme dans ma paume avant de l'écraser entre mes doigts.
Je redevenais visible et donnais un coup de tête dans celle de ma mère, qui tomba tenant son nez sanguinolent entre ses mains.
- Je ne te remercierai jamais assez de m'avoir appris à coudre... De m'avoir construit ainsi... Tu sais maman, c'est grâce à toi que j'ai cette vie maintenant. Et je ne l'échangerai pour rien au monde, sauf peut-être, pour te voir me regarder comme je te regardais !
La peur suintait de tous ses pores et son regard était le parfait exemple de celui que j'avais eu enfant.
- Tu me ferais du mal à moi ? Ta propre mère ! Tu..., je la coupais en fermant ma poigne autour de son cou, la soulevant du sol.
- Je n'ai pas de mère...
Et sous mes doigts, je fis craquer ses cervicales. Je la laissais retomber dans un bruit sourd. Et à mon tour, je m'accroupis, sentant l'acier de la balle couler dans mes veines.
Une main chaude se posa sur mon épaule et je sus qu'il était là.
- Boris..., soufflai-je la douleur montant jusqu'à me donner de la fièvre.
- Chut... ça va aller, je suis là, me rassura-t-il en m'embrassant le front.
Je levais les yeux et vit la seconde dragonnière de la vision, derrière un arbre. Je pris sur moi et tendis ma main vers elle. Avec une démarche peu assurée et méfiante, elle m'atterrit dans les bras, pleurant à chaudes larmes.
- Merci..., murmura-t-elle.
Je lui caressais les cheveux et souris contre sa joue.
- Fouillez le bâtiment ! Sortez ces enfants de là ! ordonna Boris à ses loups, ils avaient fait vite.
Puis il prit le menton de la fille dans ses doigts.
- Comment tu t'appelles ?
Elle le contempla, intimidée et me lança un regard furtif, demandant mon approbation. Je hochais la tête.
- Morgane...
- Très bien Morgane, tu vois le monsieur sans cheveux ? Il va s'occuper de toi, juste le temps que je me charge de Syfia. D'accord ? Il fait peut-être peur, mais si tu lui chatouilles le ventre, il deviendra adorable, la convint Boris.
Elle partit vers Aron et Boris en profita pour me porter dans ses bras et me mettre sur la banquette du carrosse. Il prit soin de me déposer délicatement et de fermer tous les rideaux. Il enleva le tissu qui l'empêchait de pouvoir me toucher, peau contre peau et observa la blessure à ma côte droite.
- Acier, conclut-il en passant la main dessus.
Un petit picotement fut la seule chose que je sentisse avant de m'endormir soudainement.
Je me réveillais dans une chambre d'hôtel, seule. J'étais en nuisette, je la relevais et ne vit aucune cicatrice là où la balle m'avait touché.
Je posais mes pieds à terre et regardais par la fenêtre. Nous n'étions plus au territoire des humains, ici la ville semblait flamboyante de richesse, il y avait de grand bâtiments.
Un frappement à la porte me sortit de mon analyse de l'environnement.
- Entrez !
Une petite silhouette se dessina à l'embrasure et je souris d'attendrissement en voyant Boris derrière, poussant Morgane à entrer.
Je revenais sur mon lit quand Morgane s'assit dessus aussi.
- Tu es enfin réveillée ! s'enthousiasma-t-elle les bras levés.
Je lançais un regard à Boris.
- Combien de temps ai-je dormi ? m'inquietai-je légèrement.
Il s'était adossé au mur, croisant ses bras faisant donc ressortir ses magnifiques muscles.
- Deux jours. Morgane tu peux nous laisser un moment s'il te plaît ?
- Oui Boris ! elle partit telle une furie en m'embrassant la joue, ce qui me surprit.
Une fois qu'elle fut loin, Boris se jeta sur le lit, puis sur moi et m'offrit un baiser des plus langoureux. J'étais heureuse dans ses bras. Lorsqu'il se détacha de moi, ses yeux étaient voilés d'une sorte d'inquiétude.
- Il n'y avait pas que de l'acier dans ton organisme. Tu te souviens de la drogue qu'a reçue Elya ?
Je hochais la tête.
- Je crois que tu avais la même dans le sang...
Je me pinçais les lèvres.
- C'est vrai que la durée de mon inconscient était bien trop élevé pour être naturelle...
Il s'allongea en soupirant et je le rejoignais, prenant soin de passer mes mains autour de son corps.
- Je vais devoir en plus des opposants à mon règne, gérer un trafic de drogue sur mon territoire... Je suis persuadé que c'est ce Stémis qui s'est enfuit durant la bataille, serra-t-il le poing.
Je passais ma main sur son torse, me créant un chemin au-dessous de son tee-shirt.
- Tu ne seras pas seul, lui assurai-je.
Ses yeux brillèrent et déjà sa main fit des ronds sur mon ventre.
- Tu n'as pas faim j'espère ? osa-t-il me demander.
- Juste faim de toi ! dis-je en mordant sa lèvre inférieure.
Ainsi, il comprenait encore mieux le message...
Le sexe avec Boris était toujours épuisant, ce fut donc avec beaucoup de fatigue que je m'étais préparée à dîner. Je retrouvais Morgane qui me regarda de ses yeux violets. Je pris place à côté d'elle.
- Comment tu vas ? lui demandai-je soucieuse de son état.
- Je...ça peut aller, me sourit-elle encore visiblement brusquée par son passé.
- Je sais ce que tu as vécu, je ferais tout pour que tu oublies tout ça, lui promis-je en prenant ses deux mains dans les miennes.
Elle me fixa intensément, avant que Boris ne fasse son entrée. Je la vis rapidement essuyer le coin de ses yeux alors que déjà Boris se mettait à sa droite.
- Où est Ulo ? interrogeai-je Boris.
Plus tôt, je n'y avais plus vraiment pensé... Il fallait dire que Boris savait me faire oublier bien des choses...
- Il est parti dehors, faire une balade ! me répondit Morgane en rougissant. Il est magnifique...
Je ris légèrement, ce devait être la première fois qu'elle voyait un dragon.
- Tu en as un toi aussi. Quelque part, un dragon t'attends.
Elle écarquilla des yeux.
- C'est vrai ? souffla-t-elle.
Mes lèvres s'élargirent encore plus.
- Oui. Et si tu veux, on pourra aller le chercher ensemble.
Je ne saurais déchiffrer ce qui passa dans son regard à ce moment, mais elle cessa de se réjouir, pourtant elle ne perdit pas son sourire.
- Avec Boris aussi ?
Sa voix était petite et le regard qu'elle me lançait, savait. Il savait que Boris n'était pas dans mes plans futurs.
- Pourquoi est-ce que tu parles encore. Allez mange petite curieuse, sinon tu ne grandiras jamais ! me sauva de ce mauvais pas le principal concerné.
Je le remerciais d'une œillade appuyée.
Le reste du repas se fit jovial. Aron parlait même beaucoup plus, comme si la présence de Morgane l'avait débridé. À ce que je voyais, cette petite avait eu un impact très positif durant mon absence.
Je me couchais apaisée, dans des bras masculins parfaits à souhait. Je n'avais pas peur de ce qui pouvait m'arriver maintenant.
Après tout je venais de passer par le pire.
J'avais tué ma mère et eut ma revanche sur cette organisation malsaine.
J'avais à mes côtés un magnifique loup qui me donnait tout l'amour dont j'avais besoin.
Je ne voyais pas ce qui pouvais m'arriver de pire.
J'avais déjà tout. Je n'en demandais pas plus.
À part peut-être de retrouver mon frère. Mais ça ce n'était qu'une question de temps.
J'étais heureuse.
* * *
Hello !
Arrivée vite expédiée d'un nouveau personnage : la mère de Syfia (Et Luc) on en parle ?
Et d'un autre nouveau personnage : Morgane ! La descendante si on peut dire de Syfia en tant que dragonnière ^-^ vous en pensez quoi ?
Syfia toujours aussi badass, soit dit en passant !😎
Ha quelle fin idyllique vous trouvez pas ? 😊
Je vais aller voir Avengers : Endgame, j'ai peur 😖🤞🏼 Souhaitez-moi bonne chance pour y survivre XD
Sinon je poste aujourd'hui car c'est l'anniversaire de ma petite Tynriss ! Bon anniversaire 😘❤
Des bisouuus♡
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