Syfia ~ 3
Lorsque je fermais la porte, je me permis enfin de respirer. Je ne pensais pas être encore autant attirée par lui. Mais son nouveau statut et sa nouvelle puissance me faisait tourner la tête, et j'osais espérer qu'il ne m'avait pas relégué au rang de simple amie. Même si c'était la meilleure chose à faire, je ne le voulais pas. À vrai dire, je voulais plus qu'une simple amie ne pouvait avoir...
Je soupirais avant de m'asseoir sur le lit, ouvrant ma valise contenant tout mon matériel à couture.
Alors que je commençais à sortir quelques tissus, on toqua à ma porte. J'allais ouvrir et découvris Miella sur le seuil un sourire timide sur le visage.
- J'espère que je ne te dérange pas...
Une lumière traversa mon esprit et je la pris par le bras l'emportant dans ma chambre.
- Pas du tout ! Tu vas me servir de modèle ! m'extasiai-je les idées fusant dans mon cerveau. Enfin, si ça ne te dérange pas..., repris-je avec politesse.
À son tour, ses yeux s'illuminèrent.
- J'en suis ravie, je voulais qu'on aille se promener mais te servir de modèle est un bien meilleur divertissement !
- Tu...ne voulais pas y aller avec Tiphaine ? ne pus-je m'empêcher de demander alors qu'elle prenait place sur le lit pendant que je choisissais une couleur.
- Non, elle est...ennuyante, grimaça-t-elle.
Un sourire naquit sur mes lèvres, accompagné d'une petite fierté d'être de meilleure compagnie à la princesse que Tiphaine Mynidis. Je lui demandais quel type de vêtement elle voulait que je lui fasse et me mis au travail.
Nous discutâmes tout le long de mes mesures pour un bustier beige, et lorsque je commençais à couper le tissu, elle se confia sur son deuil. J'écoutais longuement essuyant ses quelques larmes. Puis elle changea de visage cachant sa tristesse par un sourire radieux.
- Et toi ? Une aussi belle femme que toi doit sûrement avoir quelqu'un..., m'embarrassa-t-elle alors que je plongeais la tête dans mes aiguilles.
- Je n'ai personne..., dis-je d'une petite voix.
Elle fit mine de réfléchir et ouvra la bouche avant qu'un frappement à la porte ne nous interrompe.
Boris rentra et je pus confirmer par le sourire placardé sur son visage, qu'il venait d'entendre ma réponse. Je me retins de me mordre la lèvre.
- Le dîner va être servi, et vu que vous êtes toutes les deux là, pas besoin de le répéter.
Je n'avais pas vu le temps passer. Miella partit la première, ne suspectant en rien le regard que me lançait son frère. À mon grand désarroi, il s'approcha de moi alors que je rangeais mes affaires pour ne pas les abîmer.
- Enlève ce sourire de ton visage, finissai-je par céder au silence qu'il avait imposé.
- Je n'ai pas envie.
Je soufflais et alors qu'il posa une main sur ma hanche, je le piquais d'une de mes aiguilles. Il retira sa main et je le dévisageais, gagnante. Il ne se laissa pas abattre et porta à ses lèvres le dos de sa main, dont coulait un léger filet de sang. Son geste sensuel réveilla mon désir aussitôt.
- Tu ne devrais pas faire ça...
Je détournais mon regard de lui et fermais ma valise. Lorsque j'étais de nouveau debout, son souffle dans le creux de mon épaule était chaud.
- Et pourquoi ?
Je n'allais pas me défiler et ce fut en me retournant contre sa mâchoire que je lui dis ces mots.
- Tu es le roi, et le roi ne sort pas avec une tueuse de loup comme moi.
Ne voulant pas céder à son regard, je me détournai rapidement et arrivai au buffet en moins de temps qu'il n'en fallait.
Il ne mit pas longtemps à nous rejoindre. Le repas fut silencieux, même si le regard que me lançait Tiphaine ne passait pas inaperçu.
Lorsqu'on eut fini et que Boris dut partir, elle finit par me suivre. Je m'arrêtai au seuil de ma porte et me retournai rapidement.
- Que voulez-vous Tiphaine ?
- Quelle est la nature de votre relation avec mon roi ? dit-elle de but en blanc.
Je ne pus retenir un ricanement, j'aurais dû m'en douter...
- En quoi cela vous intéresse ? répliquai-je calmement m'étonnant moi-même.
Elle s'approcha de moi et je baissais le regard.
- Je ne voudrais pas qu'une personne comme vous le manipule. C'est un roi et il ne peut pas s'abaisser à une relation d'un soir. Vous le comprendrez, j'en suis sûre, que son image ne doit pas devenir celle d'un coureur de jupon. Surtout avec une invitée "d'honneur", appuya-t-elle bien son dernier mot.
- Je n'ai pas cette prétention. Bonne soirée Tiphaine, mis-je fin à notre échange.
Je rentrais avec hâte dans ma chambre et lâchais un soupir. Cette...femme, bien que je ne l'appréciais pas, avait raison. Boris méritait une femme qui serait prêtre à devenir reine pour lui. Ce n'était pas mon cas, je ne le connaissais pas comme une partenaire devrait. Je ne savais de lui que son corps et ses prouesses au lit. Il n'était que l'histoire d'une nuit...bon de plusieurs nuits, mais ça ne changeait rien. À la fin, lui et moi, c'était impossible. Et il fallait qu'il le comprenne.
Demain, j'aurais une conversation sérieuse avec lui, mais en attendant j'allais prendre une douche et partis me coucher dans des draps soyeux.
Les rayons du soleil vinrent effleurer mes paupières et me réveillèrent lentement. Je m'étirais lâchant un son peu raffiné avant de poser mes pieds au sol. Alors que je me dirigeais jusqu'à la salle de bain, j'eus un sursaut en voyant un loup massif au pied de mon lit. Il semblait dormir, sa respiration était régulière.
Je levais les yeux au ciel, un sourire amusé aux lèvres. Si j'avais retenu une chose, c'est que le loup de Boris était plus extrême que ce dernier et le fait que je le rejette n'avait pas dû lui plaire. Il s'y ferait, il le devait.
Toutefois, et malgré les limites que je voulais m'imposer, je passais ma main dans son pelage. Il était doux, sa tête et sa queue était d'un beau marron tandis que le reste de ses poils étaient blancs. Il grogna mais ne bougea pas. Je continuais de laisser ma main se perde dans cette douceur pendant encore quelques minutes. Il ne semblait pas vouloir bouger. Une soudaine envie de vouloir me blottir contre lui me ramena à la réalité. Je me détachais en réprimant cette envie et pris quelques vêtements avant de m'enfermer dans la salle de bain.
Je fis une rapide toilette et m'activais à me refaire une beauté. Je coiffais longuement ma chevelure mauve qui finit en queue de cheval haute. J'avais beaucoup de volume et c'était souvent compliqué de donner une certaine contenance à toute cette masse. Je choisis une tenue similaire à celle de la veille mais avec moins de couche. Il faisait assez chaud ici, et mieux valait éviter de trop transpirer. Je me regardais de nouveau dans la grande glace et m'encourageais à la journée qui allait suivre.
Lorsque je sortis, le loup n'avait pas bougé d'un pouce. Je secouais la tête, quel feignant...et après on disait qu'il était roi. Je m'accroupis et grattais sa tête.
- Réveille-toi ! Et file d'ici, ce n'est pas ta chambre aux dernières nouvelles.
Il ouvrit un œil, et le referma. Il me provoquait ! L'idiot !
- Tu n'aimerais pas que j'utilise mes pouvoirs sur toi..., le menaçai-je.
De sa gueule sortit un souffle comme...un rire ! Le bougre, il ne payait rien pour attendre.
On toqua à la porte.
- Mademoiselle Tnis, êtes-vous réveillée ? Le déjeuner est prêt, me prévint un domestique.
- J'arrive, merci d'être venu m'avertir ! haussai-je le ton ne lâchant pas du regard le loup qui avait maintenant relevé la tête.
Je me levais pour aller prendre des chaussures, mais n'eus pas le temps de faire un pas, qu'un loup se mêla à mes pieds. Je lui offris un regard agacé mais il ne voulait visiblement pas arrêter son petit jeu. Il me lécha les pieds et je ne pus m'empêcher de rire. J'étais craintive des chatouilles et sa langue m'en offrait pleins.
- Arrête ! Arrête Boris ! finis-je par supplier en tombant le dos à terre.
- Tu veux que j'arrête ? s'aplatit sur moi l'homme plutôt que la bête.
Je n'avais même pas eu le temps de me rendre compte qu'il était redevenu un bipède, sa transformation avait été des plus rapides. Mais ce dont je pris le plus conscience, fut son corps nu au-dessus du mien et de son désir se pressant contre mon intimité.
Je plongeais dans ses yeux, tentant de contrôler mon envie de fondre contre ses lèvres. Il fit disparaître sa tête contre mon cou et commença à sucer la peau de cet endroit. Mon ventre se contracta, je voulais plus mais je...on ne devait pas, alors j'empêchais mes mains de le toucher. Quant à lui, l'une des siennes était posée sur ma hanche tandis que l'autre s'appuyait sur le sol à ma droite.
- Arr...Arrête, soufflai-je en essayant de reprendre mes esprits.
Mais c'est qu'il était très doué avec sa langue !
- Tu le veux vraiment ? grogna-t-il en se replaçant cette fois ses lèvres effleurant mon front, sa voix mélangeant l'homme et le loup.
Il s'appuya encore plus sur moi, me faisant clairement sentir son sexe dur dont j'imaginais le mien déjà prêt à l'accueillir. Je me mordais la lèvre.
- Oui..., dis-je dans un souffle en fermant les yeux.
Et sans un mot de plus, il redevint loup et s'enfuit par la fenêtre, me laissant enfin respirer. Je posais ma main sur mes yeux et serrais les cuisses. Il avait réussi en à peine une seconde à raviver toutes les sensations que j'avais eu pour lui. Je le désirais et ça me faisait mal de devoir le rejeter ainsi. Mais je me protégeais, je n'allais pas rester ici indéfiniment et autant ne pas rendre encore plus critique la séparation qui nous attendait.
Reprenant mes esprits, je rejoignis la salle où déjà Miella et Tiphaine étaient attablées. Tiphaine parlait à Miella qui n'était pas intéressée par ses dires, son regard s'illumina lorsqu'elle me vit tandis que celui de l'autre s'assombrit.
- Syfia ! Tu en as mis du temps ! se plaignit Miella.
- Oui désolé je...cherchais Ulo ! dis-je en voyant ce dernier sur l'épaule de Miella.
Quelle parfaite excuse il me faisait !
- Menteuse, c'est à peine si tu me remarques depuis que tu es avec Boris ! me bouda-t-il
Je me retins de lui tirer la langue avant de m'asseoir à côté de Miella, caressant au passage mon dragon qui je devais l'avouer n'avait pas occupé mon esprit depuis deux jours. Boris n'apparut pas de la matinée et tant mieux. Quoique son silence me peinait.
Je m'occupais à finir le bustier de Miella, papotant tranquillement avec elle.
- Syfia, est-ce que tu pourrais me montrer ton pouvoir ? me demanda-t-elle avec un grand sourire.
Je hochais la tête et mon pouvoir coula dans mes veines. La sensation, comme toujours, était rassurante et plaisante. J'aimais le pouvoir dont j'avais hérité. Je donnais au bustier de Miella, une longue jupe dont des fleurs poussèrent dessus. La chambre se transforma en un immense pré dont j'avais de nombreuses fois mis les pieds dedans à Iré. Miella avait la bouche grande ouverte et elle faisait tourner sa robe, la touchant. C'était presque réel, mais ça ne l'était pas. Je la laissais s'émerveiller et moi-même je profitais du calme de mon île. Iré ne me manquait pas encore, j'avais déjà passé des jours loin d'elle, mais l'illusion d'y être me libéra de toutes pensées.
C'était calme, très calme. Je dus y mettre fin quand je distinguais une présence derrière la porte. Dans mes illusions seule moi pouvait voir les deux côtés : la réalité et celle que je donnais à voir.
- C'était magnifique ! J'avais l'impression d'y être ! s'enthousiasma-t-elle.
On frappa, j'allais ouvrir.
Je me figeais sur place. Boris avait le regard tendu, énervé, à cause de moi, mais son visage restait neutre. Toutefois, je n'allais pas me laisser impressionner. Je me redressais et soutins son œillade.
- Qu'y a-t-il, votre majesté ?
Il prit une inspiration, il n'aimait sûrement pas que je l'appelle ainsi, mais après tout c'était son titre.
- On partira faire le tour d'Homus d'ici deux heures. Soyez prête, m'informa-t-il avant de passer un œil derrière moi. Miella, tu peux venir s'il te plaît, j'ai à te parler.
Et il partit, sans rien d'autre. Je ne devrais pas en être offensée, après tout c'est moi qui l'avait poussé à prendre ses distances, mais ça me pinçait le cœur. Miella s'excusa tout en me remerciant pour la robe et suivit son frère qui avait déjà disparu entre les couloirs.
Ce voyage allait être long, très long...surtout si je ne pouvais pas toucher l'homme dont je rêvais chaque nuit.
* * *
Hey !
Ça y est... le tour d'Homus va commencer ! Vous vous attendez à quoi ? ^-^
Et ce rapprochement entre Syfia et Boris, ça promets entre eux n'est-ce pas ? 😏 Même si cette dernière a légèrement rejeté ce dernier dans ce chapitre XD
Le loup de Boris... on en parle ?😍 je l'adore ! Il en fait qu'à sa tête XD
Des bisouuus♡
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