Syfia ~ 1
5 mois plus tard...
Les enfants jouaient gaiement dans l'étendue, qui était si grande qu'on ne pouvait pas la qualifier de jardin. Les fleurs étaient belles et poussaient depuis peu, ainsi que les fruits et les légumes.
Ce mois de Jin était assez doux, les températures supérieures à dix degrés refaisaient lentement leur apparition. Pour le plus grand bonheur de tous.
Vu que c'était la pause des cours que je donnais aux plus jeunes, je me prélassais au soleil. C'était l'une des nombreuses activités que m'avait confiées ma meilleure amie...ou plutôt devrais-je dire, ma dirigeante. C'était presque impensable que de l'appeler ainsi, et pourtant c'est ce qu'elle était devenue. Même si l'aide de son compagnon était la bienvenue, ou était-ce elle qui l'aidait ? Peu importe, tant qu'ils menaient Iré d'une main de maître, je ne voulais pas me poser plus de question.
Cela avait été difficile, on avait eu des pertes, mais la paix était revenue. Iré respirait de nouveau, et ses habitants respiraient avec elle. L'île était redevenue saine et paisible, même si certains étaient en désaccord avec le choix du dirigeant, le problème était vite réglé. Je faisais aussi ce genre de tâche à mes heures perdues, après tout Elya m'avait désignée comme sa seconde et sa conseillère. Et sans me vanter, quoique qu'un peu, je faisais très bien même parfaitement mon travail.
- Madame ! cria l'une des enfants du nom de Hope.
Cette petite avait choisi de rester ici, son père l'avait rejointe peu de temps après la fin du règne de Baltros. J'avais entendu dire qu'il était en prison pour vol et que le nouveau roi l'avait gracié et envoyé sur Iré.
La petite dragonnière de l'eau me regardait avec de grands yeux.
- Vous pouvez nous raconter comment vous avez découvert votre dragon ? demanda-t-elle timidement avant que les cinq autres enfants ne viennent prendre place autour de moi.
Je soupirais, visiblement ils n'avaient pas envie de s'exercer aujourd'hui.
- D'accord, finis-je par admettre. Je me baladais dans la forêt quand...
La journée passa si vite que déjà, je me retrouvais sur le chemin retour. J'aimais bien ces enfants et même si je ne les voyais que peu, il me redonnait le sourire aux lèvres. Je n'étais pas malheureuse, loin de là, mon frère allait bien, Elya allait bien, Ulo allait bien et c'était tout ce qui comptait...
Enfin, c'était ce dont j'essayais de me convaincre si un certain loup, maintenant sous le nom de roi ne hantait pas mes rêves...
Lorsque j'arrivais chez moi, je poussais un long soupir et vint me poser avec grâce et élégance sur le canapé qui s'affaissa immédiatement. Je fermais les yeux appréciant ce nouveau confort, je n'avais jamais baigné dans un tel environnement.
- Dure journée ? m'interpella une voix familière avant de me tendre un verre d'eau fraîche que je bus goulûment.
- Les enfants te pompent tellement d'énergie que tu ne t'en rends même pas compte ! lançai-je à Luc avant qu'il ne s'assied à mes côtés un sourire aux lèvres.
- Je suis sûr que tu aimes les voir quand même...
Touché, il savait que je mentais mais il n'allait pas chercher plus loin. Il savait que le simple fait de retourner sur Homus m'avait coûté, autant qu'à lui.
Je détestais cet endroit, et je doutais qu'un jour je puisse rien que le supporter. Même si maintenant, c'était Boris qui gouvernait, même si maintenant, les relations entre Iré et Homus étaient en bons termes, même si maintenant, j'avais d'autres souvenirs reliés à là-bas.
J'avais été une réfugiée sur Iré, une exilée de ma terre natale, mais j'aimais cette île comme jamais je n'avais aimé Homus.
Je me mis sur les fesses avant de tomber dans les bras de mon frère. Je respirais son odeur et m'endormis presque aussitôt dans ses bras. Il était mon encre, et il avait été notre sauveur.
Son courage, ce jour-là, restait gravé dans ma mémoire à jamais.
J'avais froid...pourquoi est-ce que j'avais froid ? Soudain, de l'eau s'infiltra dans ma gorge et me fit tousser. Je rouvris les yeux pour ne distinguer que de l'eau à perte de vue. Je commençais à paniquer avant que deux bras ne serrent mon ventre, un corps pressé contre mon dos.
- Tout va bien Syfia, je suis là..., me rassura immédiatement la voix de mon frère.
Je posais mes mains sur les siennes et réalisais qu'aucun de nous deux ne nageaient. Lorsque mon regard divergea jusqu'à mes pieds, je constatais que deux ailes, tout aussi bien des nageoires battaient autour de nous.
- Un dragon ! hurlai-je avec enthousiasme.
J'avais toujours voulu en voir un. Et mon rêve se distinguait à mes pieds.
- Oui Syfia, un dragon...le mien. On est sauvés Syf', on est sauvés..., répéta-t-il autant pour lui que pour moi.
Des gouttes salées se frayèrent un chemin sur mes joues, mélanges de joie et de soulagement. Luc nous avait sorti de cet endroit, oui...on était sauvés...
- Syfia...Syfia..., me sortit de mes souvenirs la voix d'Elya.
Je grognais, j'étais d'une humeur d'ours le matin. Un rire, elle osait se moquer de moi en plus.
- Quoi...? continuai-je sur un ton plaintif.
- J'ai besoin de toi.
- Évidemment comme si ça changeait, dis-je sèchement.
- Arrête un peu, il est déjà onze heures, sois reconnaissante que je ne t'ai pas réveillé plus tôt, me lança-t-elle usant de sa place supérieure à moi.
Je finis par ouvrir les yeux. Elle était magnifique, elle l'avait toujours été mais maintenant qu'elle en prenait conscience, aux yeux de son compagnon, elle brillait encore plus. Je me mis sur mes avant-bras.
- Je vous écoute, madame la dirigeante d'Iré, en quoi puis-je vous être utile ? me moquai-je ce qui me valu un léger coup sur le bras.
Elle m'expliqua brièvement que l'anniversaire de Kenyan approchait et qu'elle ne savait pas quoi lui offrir. Ainsi, aujourd'hui elle s'était éclipsée pour pouvoir faire des emplettes avec moi. En entendant le mot magasin, j'étais prête en à peine cinq minutes. J'aimais faire des achats, j'aimais surtout les vêtements, connaissant mon corps, le mettre en valeur était mon quotidien.
J'étais lucide vis-à-vis de mes atouts et les exhiber sans être vulgaire ni aguicheuse était l'une de mes passions, bien cachée cela dit.
Elya me demanda de faire une illusion de nos corps pour pouvoir se promener tranquillement, je m'exécutais. Nous fîmes plusieurs endroits mais elle ne trouva rien, contrairement à moi qui avais déjà acheté plusieurs tissus. Avais-je oublié de dire que mes vêtements étaient majoritairement fait par mes soins ? L'un des seuls apprentissages que j'avais gardé de ma mère.
On s'arrêta en demi-journée pour boire un verre dans une taverne.
- C'est quand son anniversaire ? interrogeai-je Elya qui avait adopté une tignasse brune et des yeux noirs grâce à mon pouvoir.
- Dans trois jours..., me répondit-elle en faisant la moue.
Je lui pris la main et la serrait doucement.
- Tu trouveras et de toute manière, je pense que t'avoir à ses côtés est déjà le plus beau cadeau qu'il puisse avoir.
Elle rougit en me souriant. Puis nous repartîmes dans des discussions sans queue ni tête, jusqu'à ce qu'elle trouve enfin son bonheur en fin de journée : un bracelet en lin avec un flocon noir.
C'était simple mais ça lui plairait. J'appréciais Kenyan et il était parfait pour Elya. Elle n'avait pas souri avec envie depuis si longtemps. Elle était heureuse et je l'étais avec elle.
Nous redevînmes nous-mêmes aux alentours de sa maison. Avec la place que j'avais dans la hiérarchie, je n'habitais qu'à quelques kilomètres de là, assez pour leur donner de l'intimité et pour être ici dans la minute en cas de soucis.
À peine étions-nous de nouveau Syfia et Elya qu'une ombre se dressa au-dessus de nous, avant de devenir notre dirigeant.
- Kenyan aurait-il paniqué en ne voyant pas sa chérie ? plaisantai-je pour éviter une quelconque dispute.
Il croisa ses bras contre son torse et eut un sourire en coin. Pas de cri aujourd'hui !
- En effet, mais j'ai à lui parler d'une affaire...importante. Merci Syfia de lui avoir fait faire les magasins, me fit-il reconnaissant.
S'il savait que c'était elle qui m'avait entraîné dans les rues...
- Il y a un problème ? fronça des sourcils mon amie en partant au bras de son conjoint, me saluant au passage.
Ils étaient...attendrissants à voir. Je n'avais pas eu d'exemple de véritable amour. Mes parents ne s'étaient mariés que pour le plan social et l'argent qui en découlerait.
Je chassais la pensée de mes géniteurs et me mis à courir entre les bois. Cela me faisait du bien, de toujours aller au-delà de mes limites. Le sport était vital pour moi, il m'avait permis de m'enfuir à de nombreuses reprises. La course plus particulièrement m'était bénéfique.
J'arrivais à ma destination en moins d'une quinzaine de minute, transpirante à souhait. Je m'écroulais au sol, à côté de la masse qu'était Ulo.
- Et bien, je suis heureux que tu aies pensé à moi aujourd'hui..., déclara-t-il contrarié, ne relevant même pas la tête.
Ulo était comme ça, jaloux et possessif mais le taquiner là-dessus était hilarant. Avec mon nouveau poste, je le voyais moins qu'avant.
Je m'agenouillais et lui grattais le derrière de l'oreille qui faisait ma tête.
- Je t'ai manqué tant que ça ?
Pas de réponse, il boudait, mais mon geste le fit doucement se détendre.
- Promis demain, je passe ma journée rien qu'avec toi, lui murmurai-je avant de le prendre dans mes bras autant que je le pouvais.
Je sentis son sourire dans mon esprit et il finit par se retourner, m'entourant de ses ailes et je me frottais à son museau. Ulo était jeune par rapport à d'autres dragons mais il n'était en rien moins puissant. Je n'avais croisé qu'un seul autre dragon comme lui, mais c'était si bref que je me demandais si je ne l'avais pas rêvé. Toutefois, aucun autre dragonnier ou dragonnière de la vision n'avait été découvert. J'espérais qu'un jour cela arrive.
Je restais une longue heure à somnoler auprès d'Ulo avant d'enfin retourner dans mon foyer. Luc n'y était pas, il était de mission de surveillance des côtes ce soir. Certains habitants d'Homus ne croyaient pas encore à la paix et s'aventuraient sur notre île de nuit. Luc était là-bas pour les discerner dans l'eau et les accueillir. Quant à moi, ce serait demain mon tour, en attendant je profitais du silence de la maison pour m'endormir.
Son regard était rouge sang, il n'avait clairement pas aimé ma flèche dans son épaule et quand bien même je me montrais courtoise à le soigner, il demeurait froid. J'avais l'habitude des personnes froides, Elya l'était même si depuis quelques jours, cela semblait changer, grâce à Kenyan.
Qu'allait avoir comme répercussion l'arrivée de Boris ici ?
Tout ce que je savais, ce que son regard ne me quittait pas...et qu'au fond, je crois bien que ça me plaisait.
Peut-être même un peu trop.
Je m'étirais longuement dans mon lit. Ce souvenir avait été court et tant mieux, car lorsque s'en étaient des plus érotiques, je devais prendre une douche bien froide dès le réveil. Et dire que je n'aimais pas ça était un euphémisme. Je m'habillais et partis déjeuner avant qu'une ombre ne se positionne en face de moi.
Un problème ? Celui d'hier ?
- Les dirigeants aimeraient vous voir d'ici vingt minutes, m'annonça-t-elle avant de s'évaporer dans les airs.
J'arrivais chez Kenyan et Elya en dix minutes seulement, je n'eus même pas besoin de toquer que la porte s'ouvrait déjà.
Je marchais rapidement jusqu'à la salle du trône. Ils y étaient tous les deux assis, vu l'heure matinale, j'imaginais que Kenyan irait se coucher après la nouvelle. Il n'y avait que moi, ce qui me rassurait un peu. S'ils me demandaient d'espionner quelqu'un, je le ferais avec plaisir, sinon je ne voyais vraiment pas ce que je faisais ici toute seule.
Je mis un genou à terre, signe de respect.
- Relève-toi Syfia, me sonna Kenyan.
Je le fis et les mains dans mon dos, d'une position droite, j'attendais leurs explications.
- Nous allons te confier une mission, continua-t-il alors qu'Elya ne disait rien à côté. Comme tu le sais Homus est un très vaste territoire et là-bas peu de personne croit en une paix. Nous avons donc choisis avec le roi Boris, dit-il un sourire dans sa voix, de t'envoyer à ses côtés pour montrer que nos deux pays sont en accords.
Mes yeux s'écarquillèrent...retourner là-bas, auprès de Boris, était-ce vraiment en train d'arriver ?
- Syfia, tu n'y resteras seulement jusqu'à ce que Boris trouve l'expérience concluante. Il faut faire un pas, et j'ai confiance en toi. Tu vas arriver à tous les charmer et leur faire comprendre que nous sommes alliés et non plus ennemis, tapa sur mes épaules Elya alors que je m'étais figée pendant qu'elle s'approchait.
Je reprenais petit à petit possession de mon corps et finis par donner mon approbation.
J'allais retourner sur Homus, chasser mes mauvais souvenirs pour de bons, mais j'étais encore en colère contre Boris.
Il ne m'avait pas retenu, ni même adressé un dernier regard après son discours. S'il ne m'aimait pas, ça ne servait à rien que je lui fasse la cour une fois arrivée.
Oui, je n'allais pas lui laisser le temps de se refaire une place dans mon cœur.
* * *
Hey !
On se mets directement dans le bain ça vous va ? ^-^
Pensez-vous que Syfia arrivera à prendre ses distances avec Boris ? N'empêche elle ne l'a pas oublié, il faut dire que c'est difficile aussi... connaissant la bête XD
Bonne idée cette alliance pour le peuple d'Homus ?
On se retrouve la semaine prochaine pour le même rythme qu'avec le tome 1, de un chapitre par semaine, le lundi ! ^0^
Des bisouus ♡
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