Une chaleur dans mon dos. Une main sur mon ventre et un visage niché dans ma nuque.

Je me réveillais dans la chaleur des bras de Taze et je me sentais bien. Cette plénitude, je ne l'avais ressenti qu'une fois, quand Kenyan m'avait lié à lui. C'était différent cette fois, c'était plus intime, plus intense aussi.

Je n'osai bouger, ne voulant pas briser le moment. Taze groga contre moi et resserra son étreinte, son sexe contre mes fesses commençait à durcir alors qu'il était encore endormi.

Je finis par me retourner et mon loup me poussa à embrasser Taze dans le cou. Ce simple baiser ne le réveilla pas, il fallait dire qu'on s'était bien épuisés toute la nuit. Je continuai mon exploration en passant ma main sur son torse.

Une morsure ici.

D'autres ailleurs.

Puis je lui embrassais la joue, et je sentis qu'il s'éveillait enfin, de partout.

- Le prochain c'est les lèvres ? me dit-il avec la voix enrouée d'une nuit peu reposante.

- Bonjour à toi aussi.

Il ouvrit un oeil et se repositionna légèrement pour que l'on soit l'un en face de l'autre. Il fit la moue et me tendit ses lèvres.

Je ris et cédai en l'embrassant. Il raffermit ses bras dans mon dos pour me tenir aussi proche de lui que je pouvais l'être.

Le désir qu'on avait l'un pour l'autre n'était pas redescendu comme en manifestaient nos érections, dressées entre nous.

Il approfondi notre baiser en passant sa langue sur la mienne tandis que je passais une main dans ses cheveux. C'était tout de même plus tendre que la veille, où il n'avait été question que d'assouvir nos pulsions.

- Ça te dit une douche ? me proposa-t-il d'un ton plus qu'évident sur ses intentions.

- Tu vas me passer un savon ? lui rétorquai-je dans la même ambiance.

Et nous riâmes avant de débouler dans la salle de bain où la température grimpa en flèche.

Taze était partit avec Lucia pour leur balade quotidienne et je descendis prendre mon déjeuner. Taze ne m'avait pas mordu alors je ne portais aucune trace visible de notre nuit mouvementée.

En bas, ils étaient tous présents et mangeaient gaiement.

- Quinn est le dernier à arriver pour une fois ! se moqua gentiment Dany et lorsque j'arrivai à sa hauteur il reçut une tape sur la tête.

- Au moins moi, je ne parle pas la bouche pleine, lui dis-je en retour et il me tira la langue.

Quelques minutes plus tard, Dany et Myriel furent appelés par leurs dragonniers respectifs pour une mission de nettoyage. Je me retrouvais donc seul avec Kenyan.

- Tu m'as l'air de bonne humeur. J'en conclu donc que ta nuit fut... plaisante, commença-t-il.

Je ne répondis rien et rougit.

- Et la tienne ? fis-je ne voulant clairement pas m'étendre sur mon coup d'un soir.

- Et du matin, se crut bon de rajouter mon loup.

Je l'ignorais.

Parce qu'après tout, ce n'était que ça non ?

Je devrais repartir sur Homus.

Taze resterait ici.

Et on redeviendrait des ennemis.

Non ?

Il ne fallait pas que je m'attache plus à lui. Alors oui, physiquement ça s'emboîtait parfaitement. Mentalement, ça collait aussi. Mais parfois, ça ne faisait pas tout. Car la vie était faite ainsi. Tout ne marchait pas à un moment donné et il fallait soit attendre soit abandonner.

Et avec Taze, il fallait ne pas espérer.

- On parle de toi là Quinn. Et pour ce que ça vaut, je suis content pour toi, me confia-t-il sincère.

- Ce n'était qu'une question d'une nuit, rétorquai-je sur la défensive.

Kenyan se recula légèrement et fronça des sourcils.

- C'est ce que tu crois ? C'est ce que tu veux ?

- C'est ce que ça doit être, lui claquai-je avant de prendre à mon tour le chemin de l'extérieur emportant un bout de pain avec moi.

Je ne voulais pas parler de ce qu'il se passait entre Taze et moi. On appréciait le moment présent. C'était tout. Ça ne durerait pas, alors autant ne pas s'y pencher dessus.

Sinon... ça ferait mal.

Et je n'avais pas replongé dans les plaisirs de la chair pour me tirer une balle dans le pied par la suite.

Je me changeai en loup dans la grange loin des regards indiscrets, posai mes vêtements en tas et sorti courir un peu.

La cohésion entre la faune et la flore en tant que loup était incroyable. C'était la liberté dans sa définition la plus pure. Mes pattes foulant l'herbe fraiche, mes poils effleurant le vent et la vitesse qui me faisait voler l'espace de quelques secondes. Plus de chaînes, plus de soucis, seulement la vie.

Je ne sais combien de temps je courru ainsi mais une décharge sur ma conscience de loup me fit faire marche arrière en direction de l'auberge.

Il y avait la présence de Boris sur le lien.

Boris était là ?

Comment allait-il ?

Que se passait-il sur Homus ?

Je passai par la grange pour prendre mes vêtements et arrivai devant une porte d'entrée complètement enflammée

Dany et Myriel en restaient plutôt éloignés, le feu n'était pas bon pour nous les loups.

- C'est quoi ce bordel ? s'injuria Myriel.

Soudain, la porte redevint normale et nous rentrâmes en trombe dans la pièce pour y voir l'aîné des Stras en compagnie du benjamin et des deux dragonnières.

Mes yeux brillèrent et mon loup coula dans mes veines pour venir saluer celui d'en face. La joie était telle que nous fîmes une accolade générale.

Revoir Boris et son loup était un petit remontant. Ça faisait du bien, il ne manquait plus que Miella et tous les loups auxquels je tenais, seraient présent.

Boris nous expliqua la situation, et l'urgence de notre retour me sauta aux yeux.

Nous devions rentrer.

Chez nous.

Pas ici.

Pas sur Iré.

Pas avec les dragonniers.

Pas avec Taze.

La soirée passa et lorsque je rentrai dans la chambre de Taze, il n'était pas là. À ce rythme, je ne l'avais pas vu depuis ce matin et notre interlude sous la douche.

J'avisai son lit mais finit par retourner à ma couchette et m'endormi.

- Debout, cria mon loup dans ma tête et mon instinct se réveilla en même temps que ma conscience.

Taze était au-dessus de moi, il avait la mine grave et sentait l'alcool. Je compris immédiatement qu'il n'était pas lui-même et voir qu'il noyait ses peines dans l'alcool ou la violence me terrifia tout comme ça m'énerva.

Je ne le connaissais pas. Et ça m'ébranla comme si on m'avait filé un uppercut.

- Que se passe-t-il ? amorçai-je une approche doucement mes mains sur ses joues.

Il me fixa et ne dit rien. Il se pencha et me mordit l'oreille, ma respiration s'accélèra et je posais une main sur son avant-bas. Puis, il m'embrassa avec possessivité, je gémis malgré moi à son baiser.

- L'affaire d'une nuit ? lâcha-t-il finalement le regard sombre.

Je compris la situation. Il devait avoir entendu ma conversation avec Kenyan ce matin.

- C'est la seule issue possible..., commençai-je mes explications.

Il jura avant de se relever complètement et de s'écarter de moi.

Mon cœur se serra, je savais que c'était la seule solution. Qu'il n'y aurait pas de "nous" envisageable alors qu'on avait des vies et des positions si différentes.

Peut-être dans une autre vie, aurions-pu voir où tout ça nous menait.

Peut-être.

Mais j'étais un loup, et lui, un dragonnier et la différence même de nos deux clans, créait ce fossé qui nous séparait.

- Taze, tu le sais aussi bien que moi...

J'étais assis et il me tournait le dos.

- Tu n'essaies même pas, me cracha-t-il.

Je soupirai.

- Ça n'apporterait rien que de la souffrance au final, expliquai-je.

Il se figea, se retourna et s'avança vers moi. Il posa ses genoux à terre, de chaque côté de moi et même là, je ne reculai pas, alors que je le devrai, que c'était ce que je devais faire.

- De la souffrance ? Vraiment ?

Il prit mon menton entre ses doigts et m'embrasa de nouveau, un baiser de frustration. Puis, il décrocha ses lèvres pour les passer sur mon cou.

- Je ne vois pas de souffrance dans tes yeux, remarqua-t-il en descendant l'une de ses mains vers mon entre-jambe.

Je le stoppai avant qu'il ne me touche là.

Avant que je ne craque.

Parce que je savais que j'étais faible face à ce genre de tentation.

- Arrête, murmurai-je.

Il laissa ses bras tomber le long de ses flancs et on se regarda. Moi, determiné, lui blessé.

Cette vue me fit mal.

Je ne pouvais m'être autant attaché à lui en si peu de temps, si ?

À moins que ...

Non.

On ne pouvait pas être des...

Je refusais d'y penser et décidai d'enfoncer le couteau dans la plaie.

- Boris Stras, l'héritier au trône est arrivé aujourd'hui. Je repartirai avec lui ainsi que Kenyan et les autres quand le moment sera venu, annonçai-je.

Taze baissa les yeux et eut un sourire aux esquisses de tristesse.

- Et tu ne te retourneras pas...

Plus une affirmation qu'une question mais j'acquieçai tout de même. Il passa une main sur son visage avant de ne plus rien exprimer. Pas de sourire, pas de regard espiègle.

- Est-ce que j'ai été un jeu pour toi ? me demanda-t-il.

- Est-ce que j'en ai été un pour toi ? lui renvoyai-je la question.

Et le regard que l'on s'échangea répondit pour le mot qu'on ne pouvait pas prononcé.

Non.

Il me prit la main et y déposa un chaste baiser dessus.

- J'ai apprécié chaque vue que l'on a partagé ensemble, déclara-t-il sans croiser mes yeux et il partit.

Je me remis sous la couverture et des larmes silencieuses s'écoulèrent sur mes joues.

Pourquoi vivais-je ces mots comme une rupture ?

Comme un adieu ?

Parce que ça l'était.

Et que je n'avais jamais ressenti ça avec mes coups d'un soir.

Parce que d'amoureux, je n'en avais jamais eu, et que Taze se rapprochait le plus d'un potentiel amant. Et que je l'avais perdu.

Volontairement.

Et ça faisait mal.

Ça s'effondrait en moi.

Mais c'était la bonne décision.

Plus tard, ça aurait été pire.

Peut-être que je ne m'en serai pas relever.

Je pleurai encore lorsque je m'endormi.

Les jours qui suivirent, je ne le vis pas ou peu, il ne dormait plus dans sa chambre.

Myriel était arrivée en sang et traumatisé, je n'avais plus pensé à Taze à ce moment-là, parce que je voyais que nous n'étions pas fait pour rester ici.

L'attaque sur Myriel le prouvant.

Je fermai la porte où cette dernière se reposait et rejoignis la mienne. Je soupirai, les derniers jours avaient été riche en émotions.

Et ça n'avait pas été des bonnes.

Je passais sous la douche rapidement et lorsque je revins, j'eus la surprise de voir Taze dans son lit.

Je souris malgré moi de le revoir et parti me coucher à mon tour.

~~~~~~~~~

Ça ne pouvait pas être tout rose...😔🤧

Des bisouuuus

Crip'

Prochain chapitre : Coût d'une vie (2/2)

Extrait :

Madeleyne revenait encore avec un oeil au beurre noir, ses vêtements encore plus déchirés qu'ils ne l'étaient avant qu'elle parte. Elle avait quelques coupures et morsures sur le corps. Elle ne me salua pas, ne me considérait pas. Seule une loi lupine l'obligait à me garder sous son toit.

Parce que j'étais son fils.

Elle avait oublié de prendre son cachet une nuit, trop éméchée et j'étais arrivé. Elle m'avait confié plusieurs fois avoir essayé de se débarrasser de moi, mais ça n'avait pas marché. Alors pour palier au problème, une fois que j'étais né, elle avait demandé au médecin de la débarrasser de ce qui la faisait concevoir contre une bonne liasse de billet.

Dans ce quartier pauvre, même les pires actes étaient monnaie courante pour se faire un peu d'argent.