𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚝𝚛𝚎𝚗𝚝𝚎-𝚌𝚒𝚗𝚚
Bonne lecture !
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Peter passe au moins une heure le matin avant les cours et une heure le midi à la bibliothèque.
Ce n'est pas qu'il n'aime pas lire : quand les œuvres parlent de sciences ou de progrès scientifiques, il les dévore en un rien de temps. Les romans, il peut en lire aussi même si l'intérêt n'est pas le même, mais quand il s'agit d'ancienne littérature, là l'ennui le prend et manque de le faire s'endormir sur le champ.
Et s'il y a bien une chose qu'il ne comprend pas du tout, c'est toutes les interprétations qu'on peut tirer d'une seule phrase. En littérature, rien n'est jamais clair du premier coup, et même la place d'une pauvre virgule peut être analysée. Les professeurs lui disent qu'il ne sait pas faire le tri entre ce qui est important et ce qui ne l'est pas, en plus d'avoir une écriture pas terrible et des analyses trop terre à terre.
Un mot est un mot. Peter a déjà eu beaucoup de mal à comprendre certaines choses (comment remercier assez Twitter, qui lui a enseigné l'art du sarcasme ?) sur les interactions sociales qui ne lui semblaient pas immédiatement logiques, mais là c'est encore plus compliqué. Plus petit, il a dû copier un bon nombre de personnes pour apprendre la politesse, ou bien encore savoir lire l'atmosphère d'une pièce.
S'il veut s'améliorer en littérature, il n'a pas le choix : il doit étudier. Lire des ouvrages critiques, des guides sur l'analyse littéraire, des classiques pour les exemples. C'est épuisant et pas du tout amusant, et Peter finit toujours par faire quelques calculs sur une feuille volante entre chaque chapitre.
Ses notes ne sont pas catastrophiques, loin de là, mais il n'a aucune envie de laisser sa moyenne être affectée par quelque chose qu'il pourrait contrôler, mais qu'il ne fait pas par flemmardise. Ned lui dit qu'il est fou. Tante May lui affirme que ça ne serait pas bien grave. Tony lui avoue que lui non plus, il n'aime pas trop la littérature.
Peter tourne sa page, au moment même où son sixième sens lui murmure avec douceur présence, droite, debout.
En relevant la tête, son regard croise celui de MJ, et sa bouche s'assèche immédiatement.
— Salut, loser.
Elle plonge ses mains dans ses poches, et hausse un sourcil. Ses yeux glissent lentement jusqu'à la chaise vite face à lui.
— Je peux m'asseoir ?
« MJ, je suis désolé mais... je me sens pas bien aujourd'hui. Il vaudrait mieux pour toi que t'ailles ailleurs, au cas où je... »
La dernière fois, la fin du monde était à leur porte. La derrière fois, ses sens avaient essayé de le prévenir pendant des jours. La dernière fois, Peter a dit non.
— Je...
Il déglutit.
— Bien sûr.
Elle attend une seconde avant de bouger, et fait racler la chaise sur le sol pour s'installer. Ses yeux parcourent les livres, les notes et les documents étalés devant Peter.
— Tu faisais quoi ?
— Littérature. On a un commentaire pour la semaine prochaine, et je...
Il grimace.
— ... galère pas mal.
MJ ne lui a pas adressé un mot depuis son retour. Quatorze jours de cours complets, et pas un son à son égard. Il a pourtant à nouveau intégré le décathlon.
— Je peux t'aider.
— C'est vrai ?
Il ne demande pas tout à fait si elle peut réellement l'aider, car même si MJ est douée en sciences comme toutes les personnes de Midtown, elle possède les meilleurs notes en littérature de toute la promo. Non, ce qu'il demande, c'est si elle accepte réellement de l'aider lui.
Elle hausse vaguement les épaules.
— T'as choisi quel sujet ?
— Hm, celui-là.
Il tourne la feuille dans sa direction, avec le titre d'un texte entouré.
De près, Peter peut voir que les cheveux d'MJ ont poussé. Elle les attache toujours de la même façon, en arrière, mais sa mèche tombe encore devant ses cheveux et ceux-là sont plus longs. Elle n'a pas grandi. Elle n'a pas beaucoup changé.
MJ sent la lessive des laveries et la mandarine.
— T'as pas choisi le plus simple. T'y passerais moins de temps si...
Elle relève les yeux, et se renfrogne légèrement en croisant son regard.
— Ouais, crétin. J'ai compris. Bon, t'as fait quoi pour l'instant ? Un plan ?
Peter ouvre la bouche. Son esprit dérive lentement, il cligne des yeux. À cette heure, la bibliothèque est encore vide à part le vieille homme qui range les livres dans les allées : elle n'est pas très grande, mais les coins sont discrets et vides.
Il est tranquille.
MJ hausse un sourcil.
— Je suis désolé, répond Peter.
Ce n'est pas ce qu'il a voulu dire. Il a commencé à esquisser un plan bancale, avec les points importants du texte ; c'est ça, sa réponse. Les excuses, c'est juste la seule chose qui est sortie.
MJ l'observe, les lèvres serrées. Elle ne répond rien à ça.
— Ned m'a dit. Que tu pensais que j'étais...
— Mort ?
C'est presque hargneux, à ce stade. Elle semble regretter son ton, mais décide de se taire.
— Ouais. Je suis désolé. Je savais pas comment revenir, et comme déjà j'étais pas certain qu'avant tu... enfin que... on était sûrement amis, mais je...
Il rougit.
— Je savais pas si je te devais des explications. Si tu voulais... les entendre.
Le regard d'MJ s'assombrit un peu. Ce n'est pas discernable à l'œil nu, mais Peter se recroqueville sur sa chaise.
— Les mensonges que tu sors à tout le monde, Parker ? J'ai pas envie de les entendre, non.
Elle serre les lèvres.
— Je sais que j'ai sans doute pas à être énervée, mais je le suis quand même. Parce que, que tu le veuilles ou non, pendant un moment tu es vraiment mort.
Il déglutit, et secoue lentement la tête.
— MJ, j'étais juste... en réapparaissant j'ai eu...
Elle lève la main, et Peter met une seconde à comprendre que c'est son bras ganté, qu'elle pointe.
— Je sais, d'accord ? Je sais. En un claquement de doigts, c'est comme si tu étais parti.
Peter frissonne. Il la regarde, avec des yeux grands ouverts et une panique qui monte petit à petit. Il devrait essayer de la détourner, de lui dire non, c'est faux. De trouver une autre excuse.
Mais MJ sait.
Et un poids incroyable quitte ses épaules, aussi simplement que ça.
— Tu parleras de tout ça quand tu voudras, ok ? T'es revenu. C'est peut-être pas tout à fait pareil, mais t'es revenu quand même. Tu peux reconstruire quelque chose, t'es pas obligé de reprendre ce que restait. Et... et me force pas à dire des trucs comme ça à voix haute, utilise ta tête.
Elle rougit. Peter met un moment à comprendre, mais ses joues sont rouges depuis quelques minutes.
— Tu...
— Quoi ?
— T'étais triste ? Quand tu m'as cru mort ?
MJ cligne des yeux, avant de serrer la mâchoire.
— Va te faire voir, Parker. Bien sûr que j'étais triste, tu me prends pour quel genre de...
Sa voix s'abaisse longtemps, jusqu'à se prendre dans sa gorge pour disparaître. Lentement, ses yeux descendent jusqu'à l'endroit où Peter a courageusement posé sa main.
Sur la sienne.
Ils s'observent en silence.
Quand, au bout de longues secondes, elle se fait aucun geste pour se dérober, Peter l'impression d'imploser. Il n'a pas mal lu l'atmosphère. Il a envie de poser ses lèvres sur les siennes.
— Tu...
MJ se racle la gorge.
— Pour ton sujet, t'es pas très bien parti. Ton plan est trop générique.
Et très franchement, Peter ne peut s'empêcher de sourire comme un fou avant d'entrecroiser leurs doigts. Il l'écoute, attentivement, mais se fait tout de même déconcentrer par le battement frénétique à l'intérieur de sa poitrine.
Parce que ça, c'est une émotion. C'est un pas en avant. C'est quelque chose qu'il n'avait pas avant, mais qu'il a maintenant.
Peter inspire profondément.
Puis relâche tout.
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