Bonne lecture ! 

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En hauteur, tout est moins fort.

Les odeurs, les sons, la peur. Peter possède une bonne dizaine de raisons pour aller là-haut, pourquoi Spider-Man aime aller au sommet de la ville : il entend et voit tout, sans que ses sens lui hurlent « moins fort » « plus doucement » « arrête ». C'est si dur, certains jours, de continuer à faire comme si tout allait bien alors que son corps perçoit tout puissance vingt.

Alors, quand il a l'occasion de simplement se percher en haut d'un toit et de rester comme ça pour quelques minutes, il n'hésite pas. Il le fait, c'est tout.

— Peter, les radios de la police n'ont signalé aucun délit, crime, ou infraction depuis plus de quinze minutes dans ton quartier.

Les jambes dans le vide, son masque relevé au-dessus de ses sourcils, Peter observe le contre bas avec fatigue. S'il se base sur l'éclairage du ciel, il doit être bien plus tard que ce qu'il aurait cru.

— Karen ?

— Oui, Peter ?

— Quelle heure il est ?

— Il est actuellement 4H02.

— Merde.

Un immense soupir s'échappe de ses lèvres. Il aurait dû retourner dans l'appartement de tante May des heures plus tôt. Elle travaille de nuit, en ce moment, alors il ne la voit qu'un peu le matin avant qu'elle aille se coucher, et l'après-midi quand il rentre des cours et qu'elle n'est pas encore partie. May est encore jeune et pourtant toujours fatiguée, c'est une réalité qui le dérange au plus haut point mais Peter n'a jamais l'impression de pouvoir faire quelque chose de suffisant.

Il vend des photos de Spider-Man. Il bosse pour Tony Stark (entreprise mondiale, donc salaire moyen mais acceptable étant donné qu'un stage n'est généralement pas payé et que Tony lui fournit un costume à plusieurs millions de dollars). Il ramène un peu de nourriture dans le frigo. Il peut payer l'eau chaude.

Mais ce n'est jamais assez, car un appartement à New York, même dans le Queens, c'est cher. La nourriture est chère. Les factures sont chères. Les taxes sont chères.

Peter soupire.

— Karen ?

— Oui, Peter ?

— Combien de temps pour rentrer à la maison ?

Il y a un petit silence, puis :

— En considérant l'état de ta jambe, les travaux en ville, le fait que tu n'aies pas mangé depuis le matin, et ton niveau de...

— Karen.

— Approximativement treize minutes.

Les lèvres serrées, il laisse ses doigts parcourir la blessure qui parcourt sa cuisse, depuis le dessous de son aine jusqu'à la naissance de son genou. Le couteau a fait mal, quand il a pénétré sa peau. Peter peut dire ce qu'il veut, mais au final il reste humain : les mutants se soignent plus vite, mais les humains sentent la douleur.

Et même si la plaie, qui a pourtant beaucoup saignée, commence tout doucement à se refermer depuis le bas, Peter sait qu'elle l'aurait fait encore plus rapidement si... s'il avait dormi. S'il avait mangé. S'il n'avait pas passé son temps à combattre cette impression dérangeante que quelque chose hors de son contrôle se profilait.

Il soupire encore plus fort, et remet son masque sur son visage.

Juste en contre bas, Peter a tenté d'arrêter un pauvre vol de rue. Rien d'incroyable, il l'a déjà fait plein de fois, sauf que ce soir c'était à deux contre un ; un homme et une femme contre une pauvre adolescente qui rentrait très certainement d'une mauvaise soirée. Peter a vu ça, et a tenté de les arrêter. Il déteste les armes, mais n'a rien contre un bon crochet du droit quand les criminels le méritent (il est toujours obligé de se retenir, car nul doute qu'en y mettant un peu de force il leur casserait le crâne sans effort).

Alors il a entoilé l'arme à feu de l'homme, a demandé à l'adolescente de partir, et a conseillé à la femme de rester immobile. Il n'a aucune envie de frapper une femme. Alors il ne l'a pas fait.

Résultat : elle a tenté de faire diversion en se jetant sur lui, et en plantant une lame dans le haut de sa cuisse. Elle l'a fait glisser dans sa peau, en y mettant toutes ses forces, alors Peter a dû l'assommer. Appeler la police. Leur lancer chacun une toile, et partir vers le ciel sans attendre.

Puis, passer bien vingt minutes à regarder le vide, à observer une blessure se refermer lentement, et à attendre. Il a cours le lendemain. Il n'a pratiquement pas dormi la nuit derrière. Il attend, car il n'est pas encore prêt à enlever son costume, à s'allonger dans son lit et à redevenir ce bon vieux Peter Parker.

Mais au bout d'un moment, il finit quand même par se redresser. Ses pieds frôlent le bord du toit.

— Karen, tu pourrais me mettre le GPS ?

— Bien sûr, Peter. Si je puis me permettre, il faudrait tout de même faire examiner ta blessure à quelqu'un. Le couteau a endommagé une artère et cela pourrait...

— D'accord, Karen. Merci. Tout va bien, ça va guérir.

Il inspire profondément, juste avant de se laisser tomber dans la nuit. Son corps, lourd, chute à toute vitesse jusqu'à ce qu'il se décide à lancer une toile sur l'un des immeubles afin de frôler le sol.

— Comme toujours.

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