𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚌𝚒𝚗𝚚
Bonne lecture !
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Une petite fumée s'échappe de ce que Peter essaye de souder avec minutie.
— Je te jure que si tu fais à nouveau exploser quoi que ce soit dans mon labo, je révoque ton droit d'entrée.
Des énormes lunettes de protection sur le nez, Peter relève la tête pour regarder Tony, de l'autre côté de la pièce. Il y a au moins deux immenses bureaux high-tech qui les séparent, pourtant il a l'impression que son mentor sait exactement ce qu'il est en train de faire.
Des bêtises, très certainement. Il n'est pas sûr de lui sur ce coup-là.
— Qu'est-ce que qui vous fait croire que ça va exploser ?
— Ça fait de la fumée, et ça pue le cramé.
— Ça prouve rien. On peut pas faire d'omelette sans casser des œufs.
— Ouais, enfin on peut essayer d'en faire sans péter toute la cuisine.
Il continue sa tache sur le circuit imprimé extrêmement compliqué sur lequel il travaille depuis des heures, mais soudain de petites gerbes électriques manquent de lui brûler les sourcils.
Tony Stark le regarde toujours, les sourcils haussés.
— Vous avez fait pire la semaine dernière ! Regardez ce pauvre DUM-E, il est encore tout chamboulé...
Une partie du robot est encore un petit peu abîmée, souvenir de vendredi dernier où Tony a essayé d'améliorer sa vitesse de propulsion en augmentant la puissance des chaussures de l'armure. Le feu a manqué de faire disparaître tous les précieux papiers de Peter, et DUM-E a passé vingt minutes à leur lancer de la neige carbonique dessus.
En entendant son nom, le robot tourne la tête vers Peter et la penche légèrement.
— Oui, bon robot. Ne me lance rien dessus, par contre. J'ai encore rien fait alors...
— Ce que je fais et ce que tu fais, ça n'a rien à voir.
— Ah bon ?
— Si je fais tout péter, raison de plus pour que t'évites d'en faire de même.
Peter sourit, amusé. Ce laboratoire, c'est le paradis pour n'importe quel féru de science : chimie, physique, mathématique, peu importe son envie il est certain d'y trouver son bonheur. Si Peter a envie de construire des trucs, il peut (des robots, des programmes, des logiciels, des armures, des améliorations), s'il a envie de faire des calculs pendant des heures, il peut. S'il veut jouer avec des produits pour créer de nouvelles substances utiles, il peut aussi.
Parfois, Peter a l'impression d'être dans un centre aéré pour geek.
— Je suis censé être la voix de la raison ?
— N'abusons pas. Au moins la voix... de celui qui ne fait...
— Rien de ce que vous feriez, et encore moins ce que vous ne feriez pas. Oui, je sais.
Il sourit.
— Mais... un nouveau circuit imprimé pour un ordinateur fait maison qui pourrait faire tourner trois fois le système de Karen, c'est quelque chose que vous feriez ou quelque chose que vous ne feriez pas ?
Il lève son circuit terminé avec un air de vainqueur, et Mr. Stark lève les yeux au ciel.
— Mouais, pas mal. Faudrait quand même vérifier que ça marche, avant de crier victoire.
— J'y compte bien. J'ai quelques pièces dans ma chambre que je pourrais ramener pour...
— Pourquoi tu prends pas des trucs ici ? Au cas où ça t'aurait échappé, j'ai une réserve à faire pâlir le président, et c'est seulement mon quatrième labo. Imagine tout ce qu'on peut trouver dans le premier.
Peter rit doucement : tard le soir, une fois dans son lit face au plafond, il peine à croire que Tony Stark passe plus de temps à la tour de SI simplement car c'est de là que Peter est le plus proche. Sa nouvelle maison, plus au nord de l'état, est pourtant bien mieux que ça, et c'est là que se trouve le premier labo, ainsi que toutes les dernières inventions de pointe.
— Oh, mmh, merci. C'est gentil. Mais je préfère...
Ne pas m'habituer à tout ça, ne rien garder de trop précieux, me débrouiller avec ce que je pourrais trouver dans la rue. Au cas où. Si jamais tout ça s'arrête. Si jamais sa présence devient plus un fardeau qu'un atout.
— Me débrouiller. C'est plus marrant comme ça.
Tony hausse un sourcil.
— Plus marrant, hein ? Si tu le dis. Petit malin, va.
Dans la poitrine de Peter, son cœur se serre. Comme à chaque fois : chaque fois que Tony Stark fait quelque chose qui donne l'impression à Peter qu'il est important. Qu'il est devenu autre chose que le gamin qu'on a ramené devant chez lui en limousine, et qui a cru qu'un milliardaire pareil lui ferait un câlin. Personne ne l'avait touché ainsi depuis la mort de son oncle, et Peter s'est senti comme un idiot pendant de longues minutes après être descendu.
Sur ce bord de trottoir, il aurait enlacé le premier inconnu venu.
Et à présent, Tony Stark l'attend presque une fois par semaine dans une immense tour, rien que parce que la présence de Peter n'est pas si insupportable. Il lui dit des choses comme « la ferme, petit génie » ou « t'es un malin, toi » ou « Pete, fais attention à toi ». Il l'a appelé le soir même quand Peter s'est pris une balle dans l'estomac deux semaines plus tôt : depuis, il a désactivé cette fonction chez Karen, mais entendre la voix de Tony Stark en essayant d'enlever une balle dans sa salle de bain était étrangement réconfortant.
— Monsieur, je me dois de vous informer que l'heure habituelle de départ de Peter est passée depuis trente minutes.
— Oh, soupire-t-il en croisant le regard de Tony. Déjà ?
Il jette un coup d'œil à son circuit imprimé.
— Je pourrais peut-être...
— Ne sois pas si gourmand, gamin. J'ai aucune envie d'avoir ta tante au téléphone.
— En fait, j'allais demander si je pouvais emmener ça avec moi.
Il sourit, car l'expression de Tony laisse échapper quelque comme « oh, ce sale gosse... ».
— Dépêche-toi avant que ton couvre-feu ne passe. FRIDAY ? Dis à Happy qu'il peut attendre devant l'entrée.
— Non ! Je veux dire, non, c'est bon. Ne dérangez pas Happy. C'est vraiment pas la peine.
Déjà debout, appuyé contre son bureau, Tony hausse un sourcil dans sa direction.
— Tu vas être en retard, dit-il simplement. Et on ne dérange pas Happy : il est techniquement payé pour ça. Et même si au début il te supportait pas, ça va mieux maintenant.
Peter fronce les sourcils.
— Il ne me... laissez tomber. Non, vraiment : y'a une station de métro juste à côté, qui m'emmène à deux immeubles de chez moi. Je... préfère prendre le métro, à cette heure-là y'a pas grand monde.
Il range ses affaires, attrape son sac à dos et son sweat-shirt, et fait en sorte de nettoyer son bazar : s'il laisse le soin à DUM-E de le faire, il sait parfaitement qu'il retrouvera (ou ne retrouvera plus jamais) ses petites inventions complètement brisées.
— Si tu le dis...
Tony croise ses bras sur sa poitrine et le regarde traverser la pièce.
— Oh, allez Mr Stark, qu'est-ce qui pourrait m'arriver ? Me faire racketter ? Agresser ?
Il sourit, et pose distraitement une main sur son estomac. Il a faim. Il a l'impression que ses yeux sont gonflés de fatigue. Ses muscles tirent légèrement, surtout dans ses jambes.
— Bonne soirée, dit-il. Et merci pour tout.
Il entend vaguement Tony lui répondre la même chose, juste avant que les portes ne se referment. Le trajet est rapide pour sortir, l'ascenseur (FRIDAY) sait à quel étage il descend (avant le rez-de-chaussée, histoire de pouvoir sortir discrètement) sans même qu'il ait besoin de le dire.
En partant, il jette un dernier regard à la tour pleine de lumière.
Et, après deux rues à peine de marche, il s'échappe sur le côté pour sortir son costume de son sac : quand il rentre, après une patrouille longue de plusieurs heures l'aube se lève à peine et il est là pour accueillir May quand elle passe la porte, avec une odeur d'hôpital et la fatigue de la nuit.
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