____

Deux regards étaient braqués sur elle, attendant une réponse.
Mary ramena ses deux mains devant elle en posant une par dessus l'autre.
Qu'est ce qu'elle voulait faire maintenant ?
C'était une bien grande question qui se posait et elle seule pouvait y répondre et décider du futur.

Elle était partagée par deux sentiments. Celui de continuer et aussi celui d'arrêter.
Même si elle avait peu de souvenirs clairs à cause de sa fièvre et ses divagations, elle retenait qu'elle et William aurait très bien pu se faire tuer stupidement dans cette forêt.
De grand cœur, ce n'était pas de tomber malade une seconde fois qui l'inquiétait c'était de mettre William en danger.
Si Sara n'était pas arrivé à temps cela aurait été le cadavre de son ami qu'elle aurait découvert en se réveillant. Si elle se serait réveillée un jour.

Pouvait elle supporter de les amener une seconde fois dans un nouveau danger ? Pouvait elle prendre le risque de continuer leur voyage en sachant qu'un nouvel imprévu pouvait tomber ?

Non elle ne le pouvait pas.
Mais comptait elle tout abandonner et repartir vers Old Trail Town pour ainsi mettre aux oubliettes la nouvelle vie de liberté qu'elle voulait ?
Cela non plus elle ne pouvait pas.
Ils étaient arrivés jusqu'ici, ils ne pouvaient pas abandonner.
La jeune femme n'était pas du genre à tout lâcher si facilement par peur et appréhension.
Elle surmonterait les prochaines épreuves qui se présenteraient à elle. Ils le pouvaient.

Elle leva son regard bleuté vers William et ses yeux reflétaient toute sa nouvelle détermination.

- Je souhaite continuer, dit-elle simplement.

Sara hocha la tête avec un léger sourire tandis que le visage du blond était peint d'une profonde réflexion.

- William, reprit doucement Mary, je veux à tout prix me rendre chez ma tante malgré qu'il puisse arriver d'autre pour en m'en empêcher. Si toi tu ne veux pas continuer je ne t'en voudrais pas je comprends tout à...

- Bien sûr que je vais continuer avec toi ! s'exclama t-il. Je ne vais pas abandonner non plus.

Un sourire de gratitude prit alors place sur le fin visage de Mary. Son ami était d'une grande fidélité et cela lui réchauffait le cœur de voir qu'à chaque fois il tenait toujours à rester près d'elle.

- Vous pouvez rester ici jusqu'à que vous ayez repris assez de force, déclara Sara en s'adressant plus particulièrement à Mary.

- Merci, dirent les deux jeunes en même temps.

[...]

Mary était bien heureuse et se sentait enfin mieux d'avoir pu prendre enfin une douche convenable. Elle avait revêtu sa deuxième robe, la rose pâle.

Le reste de la journée elle aida Sara, même si elle était encore légèrement faible, à brosser les chevaux ou à faire la cuisine.
William avait de nouveau son expression de mécontentement.
Moins que quand il était vraiment en colère mais quand même. Il ne voulait pas que Mary se fatigue où qu'elle ne retombe malade.
Il semblait toujours être derrière à la rabrouer et suggérait qu'elle aille s'allonger pour se reposer.
Mais à chaque fois elle le repoussait gentiment, sous l'œil rieur de Sara, prétendant qu'elle était une grande fille et savait si elle n'allait pas bien.

William avait fini par laisser les deux blondes tranquille, qui ne semblaient pas avoir besoin de sa présence tant elle discutait avec intérêt ensemble. Après avoir tourné en rond dans la maison, il avait essayé de faire la lessive de leurs vêtements, sans grande conviction et sans grand résultats non plus. Il ne tenait pas à abîmer la robe bleue de son amie en frottant trop.
Il s'était donc résigner à aller faire une tour dans la forêt, au alentour de la maison, quitte à essayer de chasser.

Sara lui avait crié de ne pas trop s'éloigner quand elle l'avait vu partir fusil à l'épaule. Le jeune homme s'était donc donné pour ordre de rester à un périmètre raisonnable. A un moment il avait cependant stoppé ses pas, regardant l'horizon de la forêt qu'il avait décidé de ne pas dépasser. Comme si derrière cette ligne infranchissable se cachait un lieu redoutable, maléfique où pouvait résider un monstre. Et c'est à Joe que pensait le blond à cette instant. Il ne le s'était toujours pas sorti de la tête. Son regard se fit plus sombre et il fit demi tour pour être de retour au domicile dans les vingt minutes à venir.

[...]

Mary ne cessait de penser que le destin était décidément bien étrange. Il l'amenait à tomber sur des mauvaises rencontres mais aussi des très bonnes. Sara faisait partie des dernières. Elles avaient beaucoup parlé ensemble et la jeune fille trouvait en elle, en plus de sa tante Alice, un autre modèle de femme forte auquelle elle voulait ressembler.
Elle avait appris que le mari de la blonde était un médecin, parti pour quelque mois dans un état lointain pour administter ses soins à une personne assez importante à ce qu'elle avait compris.
Mais ce qu'elle retenait surtout c'était sa force mentale et son courage de rester seule ici pendant si longtemps dans cette petite maison assez isolé du village voisin. Mais ça ne rendait pas Sara pour le moins du monde. Se retrouver seul avec soi même était parfois quelque chose de bénéfique. Et puis avec son caractère quasi personne ne venait lui chercher des problèmes et de tout manière elle répliquait rapidement, sachant elle aussi manier les armes à la perfection.

Mais elle s'avouait bien que ces deux jours avec de la compagnie était une distraction qu'elle n'avait pas eu depuis longtemps.
Elle s'était prise rapidement d'affection pour ses deux jeunes. Ils sortaient assez de l'ordinaire pour elle et ils rendaient la maison un peu plus vivante.

- Vous avez un violon ? s'exclama soudainement William en posant son verre, son regard se dirigeant vers un point précis.

- Oui, répondit Sara en se levant pour aller le chercher, mais il sert plutôt de décoration que d'instrument. C'était un cadeau d'un ami.

Elle lui tendit et le blond le prit doucement entre ses mains.
Il avait toujours rêvé de savoir jouer parfaitement du violon. Sa mère lui avait appris une mélodie quand il était plus petit. Mais depuis qu'elle n'était plus là il n'en avait plus touché.

Ayant peu de souvenirs il posa maladroitement l'instrument sous son menton et tentant bien que mal de faire glisser doucement l'archet sur les cordes.
Un horrible son aigu se fit entendre, faisant grimacer les trois personnes dans la pièce.

- Oups, désolé, s'excusa William.

Il abaissa l'instrument en même temps que sa tête.

- Je vais te montrer, dit alors Mary tendrement.

Elle déplaça sa chaise de manière à être face à lui et plaça correctement le violon. Elle attrapa sa main et le guida dans ses gestes. Il réussit à produire quelques notes bonnes mais il s'arrêta, plaçant le violon dans les bras de son amie.

- Tu as l'air de t'y connaître, joue nous quelque chose, lui dit-il en souriant.

Elle rougit timidement mais finit tout de même par prendre l'instrument. Elle inspira avant de fermer les yeux et commença à jouer.

Ce fut une calme et agréable mélodie qui enveloppa la pièce.
William n'avait jamais vu la blonde jouer, il n'était même pas au courant qu'elle savait faire du violon. Si la musique ne dura pas plus de deux minutes, cela suffit à l'emporter loin d'ici, il la regardait les yeux brillants, ses deux mains posées sous son menton.

Il se sentait alors heureux d'être là avec elle, dans cette maison avec Sara. Ils avaient tous l'impression de se connaître depuis longtemps et partageaient une soirée des plus agréables.
Il n'avait rien à envier ou à espérer de plus en ce moment.

Alors pourquoi une idée de vengeance s'immisçait tout de même petit à petit dans son esprit ?