Chapitre 7
Arrivé en haut des escaliers, Crâne Rasé ouvrit une porte qui donnait sur "l'abattoir", où étaient accrochés les corps des autres victimes. Il traversa la pièce pour rejoindre le séjour où ils nous avaient drogués à notre arrivée. Alaric était toujours allongé sur la table. Je fus soulagée, mais son teint cadavérique m'inquiéta. Mon bourreau me laissa tomber par terre, encore une fois. Je me réceptionnais mieux cette fois-ci, et le fusillait du regard.
— Qu'est-ce que vous voulez ? Vous allez me découper en morceaux comme mon ami ?
Il se contenta de sourire et s'accroupit, se mettant à ma hauteur.
— Si c'était je vouloir, moi te laisser en bas.
Il désigna la pièce derrière lui. Je frissonnait en m'imaginant à la place d'une des victimes.
— Et lui ? Vous allez le tuer ? Continuai-je en montrant Alaric.
— Il être contaminé par widjigò, donc mort bientôt.
Contaminé ? Je ne comprenais rien à ce qu'il racontait. Il se pencha pour humer mes cheveux, me faisant sursauter. Qu'est-ce qu'il faisait, ce malade ?
— Vous approchez pas de moi !
J'aurais aimé crier, paraître plus menaçante. Seulement, mes cordes vocales semblaient animées par leur propre volonté. Des tatouages ornaient une partie de son crâne, serpentant le long de son cou vers son torse. Des motifs tribaux et des dessins effrayants, sombres et oppressants. Le curieux mélange de ces associations me rendait nerveuse. Il sortit un petit canif de sa botte et trancha mes liens. La porte d'entrée s'ouvrit sur Grincheux, qui nous gratifia d'un sourire carnassier.
— Tu veux t'amuser sans moi, Wapiya ?
Crâne Rasé — Wapiya— se releva et toisa son acolyte.
— Pas pouvoir résister, mais je te laisser amuser aussi.
— J'espère bien.
Le plus grand des deux s'adossa au mur et croisa les bras, les yeux braqués sur moi. Wapiya me tira par les chevilles et me plaqua au sol. Il fit glisser son doigt sur ma clavicule, s'approchant de ma poitrine. Le cœur au bord des lèvres, je tentai de le repousser. Bien que plus petit que Grincheux, il n'en restait pas moins plus fort que moi. Je hurlais, frappant sa main qui descendait de plus en plus bas. Il me gifla en retour, puis cloua mes poignets au-dessus de ma tête. L'autre connard ricana.
— Coriace, la petite blondie !
— Aide-moi, au lieu de moquer de moi ! Tenir là !
— Sérieux, Wap' ? Tu peux pas t'en sortir seul avec une fillette ?
Le ton condescendant énerva mon agresseur. Ses joues rougirent et ses yeux m'envoyaient des éclairs. Pour autant, je continuais de me débattre, même si ça devait me coûter d'autres baffes. Hors de question que je le laisse parvenir à ses fins. Il se releva un peu pour déboutonner son pantalon, et je profitai de cet espace pour lui donner un coup de genou bien placé. Il me lâcha instantanément, et tomba sur le côté en gémissant de douleur. Il m'insulta, les mains sur ses parties. Je me redressai aussi vite que possible et fonçai vers la porte. Par chance, elle n'était pas fermée à clé. Je me précipitais dehors, le souffle court et le cœur bondissant dans ma poitrine. Je ne me retournai pas pour voir si Grincheux se lançait à ma poursuite, craignant de perdre du temps. Je passai le portillon et dévalait la pente sur ma gauche. Je manquais de trébucher à plusieurs reprises. Le vent fouettait mon visage, accentuant la brûlure de la gifle. Des branches basses entaillaient mes bras et mon cou, et un point de côté s'installa bientôt sous mes côtes.
Les arbres se resserraient autour de moi, formant un tunnel oppressant. Je pouvais entendre le bruit de mes pas sur les feuilles mortes, le rythme de mon souffle erratique, et le martèlement frénétique de mon cœur.
Un bruit derrière moi fit redoubler ma panique. Des branches craquaient, des feuilles étaient piétinées. Il se rapprochait. Je ne pouvais pas ralentir, pas maintenant. Ma seule chance était de le semer dans ce labyrinthe naturel. Je tournai brusquement à droite, en espérant que l'épaisseur du sous-bois me fournirait un abri suffisant.
Le terrain, devenu plus escarpé m'obligea à ralentir pour éviter de glisser. Une racine traîtresse attrapa mon pied et je chutais lourdement, m'écorchant les genoux et les paumes. La douleur était aiguë, mais je n'avais pas le luxe de m'attarder. Je me relevai tant bien que mal et repris ma course, boitant légèrement. Un gros chêne apparut sur le côté, je pris le risque de me cacher derrière. Il me fallait reprendre mon souffle. Régulant ma respiration, je me penchai légèrement pour voir si on me suivait. Je balayais les environs du regard. Personne. Soulagée, je fis néanmoins attention à ne pas faire trop de bruit. Il ne manquerait plus qu'ils arrivent au moment où je pensais les avoir semés. Je ne savais pas quoi faire. Je me retrouvai seule dans cette jungle abritant des créatures étranges et dangereuses, à la merci de cannibales violeurs. Finalement, je crois bien que j'étais mieux à la cave avec les autres. Nous étions tous ensemble, au moins. Depuis que je m'étais réveillée dans cet horrible cauchemar, je m'étais contentée de suivre le mouvement. Mais maintenant, je ne pouvais compter que sur moi-même. Je tentais de ne pas céder à la panique, il fallait juste que je réfléchisse. Dans un premier temps, il me fallait trouver un abri pour la nuit. J'avais encore du temps devant moi, mais mieux valait ne pas traîner. Après, il faudra que je réfléchisse à un plan pour libérer les autres, bien que je n'étais absolument pas certaine de pouvoir y arriver. Pour cela, je devais retourner à la cabane, et rien que d'y penser, je fus prise de tremblements nerveux.
Un craquement retentit derrière moi. Je me figeai, le pouls battant à vive allure. M'avaient-ils retrouvées ? Terrifiée, je n'osais pas me retourner. Que devais-je faire ? Rester sur place et prendre le risque d'être découverte, ou fuir et par la même occasion, déclarer ma présence ? Dans tous les cas, il y avait un risque. Un autre bruit, plus proche cette fois-ci, me fit sursauter. Je hurlai en voyant la même créature que celle qui avait attaqué Alaric. Elle sauta sur le tronc qui me faisait face, puis bondit sur le sol en m'observant de ses yeux globuleux. Pétrifiée, je ne pouvais que rester là et attendre l'instant où elle déciderait d'attaquer. Tournant en rond, elle griffa le sol et grogna. J'aimerais me lever et courir, seulement mes membres ne me répondaient pas, ils étaient paralysé. Du brouillard apparut non loin de la créature. Une épaisse fumée blanche tirant vers le gris. Au moment elle l'aperçut, elle courba l'échine et recula, non sans me jeter un dernier regard glaçant. Je sentais qu'elle voulait m'approcher, seulement, pour une raison inconnue, elle ne le fit pas. C'était comme si elle obéissait au brouillard. Qu'il était étrange d'ailleurs, d'en voir en plein soleil.
Une main me saisit brusquement par la nuque et me redressa sur mes jambes flageolantes. La créature grogna puis détala, s'enfonçant dans les bosquets. Quand elle disparut complètement, le brouillard s'évapora. Je n'eu pas l'occasion de me pencher sur cet étrange phénomène : Grincheux me plaqua contre le chêne et enroula ses mains autour de mon cou.
— C'est là que tu te cachais, petite fille ?
Son haleine chaude percuta mon visage, me tirant une grimace de dégoût. Il resserra son emprise, bloquant ma respiration. Je griffais ses mains, essayais d'éloigner ses paluches de ma trachée, mais c'était comme vouloir soulever du béton à mains nues. Impossible.
— Je te punirais bien, ici, au milieu des arbres, mais c'est pas très prudent de s'attarder dans les parages. On doit remettre ça à plus tard, susurra-t-il en caressant mon front. Dommage, j'aime bien le faire à l'extérieur.
Il me relâcha enfin, sans s'éloigner pour autant. Se baissant à mon niveau, il m'attrapa par les hanches et me jucha en travers de son épaule. J'aurais aimé frapper son dos de mes poings et l'injurier de toutes mes forces, mais je n'étais pas comme ces héroïnes de romans ou de cinéma. J'avais beaucoup trop peur des répercussions. Des larmes de rage et de dépit se formèrent au bord de mes yeux, mais je refusais de les laisser couler. J'avais assez pleuré pour toute une vie. Il ne parla pas le reste du trajet, qui me parut d'ailleurs beaucoup plus court. C'est que ce colosse avait de grandes jambes ! Quand il passa l'entrée de la cabane, une sourde angoisse me saisit aux tripes. Il me laissa tomber à côté de la table où reposait toujours Alaric. Wapiya sortit de la kitchenette, un sachet de glaçons sur ses parties. Comment avait-il pu trouver de la glace dans ce lieu sans électricité ? Et pourquoi je m'en souciais ? Il me jeta un regard empreint de rage et de honte.
— Tu retrouver ce salope ! Cracha-t-il à son comparse occupé à refermer la porte.
— Dis pas merci, surtout !
Ils se fusillaient du regard.
— Remet-là en bas, j'ai plus l'énergie de m'en occuper aujourd'hui. On verra demain.
Wapiya ouvrit la bouche pour répliquer, mais le regard lourd de sens que son 'ami' posa sur le sachet de glace l'en dissuada. Il se renfrogna, humilié.
— Toi payer, espèce de putain de blanche !
Il m'empoigna les cheveux et me tira en direction de l'arrière salle pour rejoindre la cave. Un grand fracas me fit sursauter. Grincheux empoigna son couteau en voyant débarquer trois hommes. La porte penchait d'un côté, brisée. Ils l'avaient défoncé. Wapiya me relâcha et sortit son flingue, celui avec lequel il avait tué la créature. Grincheux resserra sa prise sur le manche de son canif.
— Qu'est-ce que vous faites là, bordel ?
Un des hommes s'avança vers lui et pointa son arme.
— Ranges ça ! Ou le traité prend fin maintenant.
Le cannibal hésita, puis finit par se résigner. L'homme qui l'avait menacé ressemblait également à un autochtone. Ses cheveux fins, son torse nu, son pantalon beige ajoutaient à son charisme une touche désinvolte. Il croisa les bras et toisa d'un air irrité mes geôliers.
— Vous auriez dû apporter la marchandise il y a trois jours.
— On a eu des problèmes de livraison, Chogan.
Le dénommé Chogan haussa un sourcil.
— Je me contrefous de vos excuses, Makwa. Si vous ne respectez pas votre part du contrat, on ne le fera pas non plus. Nous, on peut tenir sans vos armes, est-ce que vous pouvez en dire autant ?
Grincheux gonfla les narines. Il échangea un regard avec Wapiya.
— Je dois récupérer les colis dans trois jours. Je vous livrerai ensuite. Je peux pas faire autrement.
Un des compagnons de Chogan leva le menton et ricana. Son crâne était à moitié rasé, laissant sur le sommet des cheveux plus longs et tressés. Des tatouages ornaient les côtés de sa tête et son cou massif. Il était plus baraqué que les autres, et contrairement à eux sa peau était blanche, bien que bronzée comparée à la mienne. Il devait passer ses journées à l'extérieur. Le dernier, posté en retrait un pied contre le mur, avait l'air de s'ennuyer profondément. Une longue tresse pendait sur sa poitrine. Il portait une veste sans manche en peau de bête, ouverte sur son torse également tatoué. Il jeta un regard d'avertissement à son ami. Chogan serra les dents et amorça un pas en direction de Makwa (personnellement, je trouvais que Grincheux lui allait mieux). Wapiya allait viser le dénommé Chogan avec son arme, mais il n'en eut pas le temps. Une flèche siffla près de son oreille et se planta sur le mur derrière lui. Il se retourna vers le blanc costaud et le fusilla du regard. Ce dernier, loin de se démonter, lui adressa un sourire narquois.
— C'est ennuyeux, dit Chogan d'une voix traînante. Votre cargaison est déjà prête, et le temps que vous veniez la chercher elle aura commencé à périmer.
Ni Makwa, ni Wapiya ne répondirent. Je profitais de l'occasion pour reculer en direction de la cave. Si je me faisais discrète, j'arriverai peut-être à descendre et essayer d'enfoncer la porte comme l'avait fait Chogan, et libérer les autres. Je me cognai contre un pied de la table, et tous les yeux se braquèrent sur moi. On pouvait repasser pour la discrétion !
Quelle idiote !
Les nouveaux venus me jugeaient avec un mélange de pitié et d'étonnement. Ils ne m'avaient pas remarqué, trop occupés à se quereller.
— Une nouvelle proie ?
Le ton condescendant de Costaud n'échappa à personne, décuplant la fureur de mes ravisseurs. Un muscle tressauta sur la joue de Grincheux.
— C'est pas vos oignons !
— Puisque vous êtes incapable de respecter les termes de notre marché, je pense que si, au contraire. Je ne peux m'empêcher de lier le retard de notre livraison à votre récente capture, souligna Chogan en m'analysant de ses yeux sombres. C'est étonnant qu'elle soit entière.
Il s'approcha de moi, faisant redoubler les battements de mon cœur. Je reculai instinctivement, les yeux agrandis par la peur. Et s'il était aussi fou que ceux qui m'avaient enfermé et agressés ? Il dut comprendre mon désarroi, car il leva les mains en signe de paix.
— Je ne vais pas te faire de mal, c'est pas mon truc de manger les humains.
Ça ne m'apaisa qu'à moitié. Il s'accroupit pour me faire face et me demanda mon nom d'une voix douce. Je répondis du bout des lèvres, les bras serrés contre ma poitrine.
— Okay, Perrine. Depuis combien de temps tu es là ?
— Euh, je.. Je ne sais pas trop... Ils nous ont enfermés en bas hier, je crois.
Il haussa un sourcil, surpris.
— Nous ? Mais combien vous êtes ? Cet homme fait partie de ton groupe ?
Il désigna Alaric. J'acquiesçai, puis lui racontai comment nous en étions venus à nous retrouver dans cet endroit, n'omettant aucun détail. Il ne m'interrompit qu'une fois pour me demander plus de précision, puis m'écouta attentivement. Les cannibales nous observaient avec hargne. Une lueur traversa les yeux de Chogan, comme si une idée venait de germer dans son esprit. Il se releva et toisa Grincheux.
— Où sont les autres ?
Wapiya fronça les sourcils.
— En quoi ça concerne vous ?
— Je ne te parle pas à toi, l'attardé. Reste à ta place.
Le cannibale serra les poings et le fusilla des yeux. Si un regard pouvait tuer, Chogan serait déjà mort.
— Dois-je répéter ma question ?
— Dans le sous-sol. Pourquoi tu veux savoir ?
— Va les chercher.
— Pardon ?
Makwa gonfla le torse, et scruta Chogan d'un air mi surpris, mi furieux. Ce dernier ne se démonta pas.
— Voilà comment ça va se passer : étant donné les circonstances, vous n'avez pas votre mot à dire, à moins que vous ne vouliez que j'aille voir votre chef et que je lui explique pourquoi vous avez du retard dans la livraison. Je repars avec la fille et son groupe. Un juste dédommagement, si tu veux mon avis.
L'espoir reflua dans mes veines. Bien que je ne les connaisse pas, et qu'ils pouvaient être aussi dangereux que les cannibales, ils s'étaient montrés humains et détenaient une sorte de pouvoir sur les deux connards. Argument non négligeable, car même si nous avions pu fuir par nos propres moyens, rien ne garantissait notre sécurité dehors, entre les créatures horribles et les cannibales.
— Tu dépasses les bornes, Chogan. On a eu que deux jours de retard. Arrêtes d'en faire toute une histoire !
— Retard à cause d'elle, répliqua-t-il en me pointant du menton.
— Peu importe ! Vous n'avez pas besoin des armes dans l'immédiat, je me trompe ?
Impassible, Chogan le dévisagea sans répondre.
— Pourquoi c'est si important pour vous ?
— Rien qui ne te regarde. J'ai passé l'éponge une fois, je t'avais prévenu qu'il y aurait des conséquences si ça se reproduisait. Assume, et va chercher les autres. Si tu refuses, notre partenariat s'achève ici et maintenant. Tu iras expliquer à ton chef pourquoi vous n'avez pas de vivres, et, à ce qu'on dit, c'est une personne clémente. Je suis sûr qu'il vous pardonnera.
La menace sous-jacente suffit à décider Makwa. D'un mouvement de la main, il ordonna à Wapiya d'obéir. Le dos raide et les traits crispés, il s'éloigna après avoir jeté un énième regard noir à Chogan. Pendant qu'on attendait, celui avec la longue tresse montra Alaric et demanda ce qu'il avait. Grincheux soupira.
— Un widjigò.
Le minuscule séjour fut subitement englouti par le silence. Les trois hommes échangèrent un regard entendu. Le blanc tatoué s'avança vers Alaric et sortit un couteau.
— Qu'est-ce que vous faites ?
— Ce qui aurait dû être fait depuis un moment. Pousse-toi, gamine.
Je m'étais jetée devant la table, protégeant Alaric de mon corps. Secouant la tête, j'agrippais le rebord en bois derrière moi.
— Vous ne le toucherez pas !
— Tu m'agaces, petite. Pousse-toi si tu ne veux pas être blessée.
Impuissante, je regardai Chogan et le suppliai.
— Ne le laissez pas faire, je vous en prie. C'est mon ami, il ne peut pas le tuer. Il a juste besoin de soins !
— Tu ne sais pas ce que tu demandes, souffla Chogan.
— Si, je sais ! C'est cet homme qui m'a secourue et qui m'a aidé après le crash. Il a une famille, des gens qui attendent son retour. Vous ne pouvez pas faire ça.
— Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il succombe à ses blessures.
— Il a tenu jusqu'ici. On peut le sauver, j'en suis certaine.
— Cho ?
Blanco se tourna vers son ami, attendant son verdict. Chogan expira longuement et ferma les yeux.
— S'ilvous-plaît, je ferais tout ce que vous voudrez. Mais sauvez-le, je vous en supplie, pitié, ne le tuez pas !
— C'est bon, Pez, va l'installer sur mon cheval.
Pez, ou le blanc baraqué, secoua la tête mais rengaina tout de même son couteau. Il me contourna pour attraper Alaric, le hissa sur son épaule puis sortit de la cabane. C'est à ce moment que Wapiya revint avec le reste du groupe. Wade passa devant lui et se précipita vers moi, il m'attrapa par les épaules et m'inspecta, soucieux.
— Tu vas bien ?
Incapable de parler, je hochai la tête. Il serra la mâchoire en avisant les griffures causées par les branches, passa un doigt sur ma pommette.
— Ils t'ont frappé ?
— C'est rien, murmurai-je en rougissant.
— On y va ! J'espère que c'est la dernière fois que tu nous obliges à nous déplacer, déclara sèchement Chogan.
Il sortit, suivi de Longue Tresse.
— Qu'est-ce qui se passe ?
Mike me regarda, attendant une réponse. Je lui expliquais que nous partions avec eux, et m'empressais de sortir à mon tour. Trois chevaux étaient attachés à la barrière. Je passais le portillon, attendis sur le côté que nos sauveurs finissent de ranger leur attirail. Les autres me rejoignirent, me bombardant de questions. Je me contentais de hausser les épaules, n'en sachant pas plus qu'eux. Je ne savais ni qui ils étaient ni d'où ils venaient, et surtout, pourquoi ils nous sortaient de là. Honnêtement, je m'en contre fichais. Tant qu'on pouvait quitter cet endroit et ne plus jamais recroiser ces sinistres individus, j'étais satisfaite. William rejoignit le cheval de Chogan, sur lequel reposait son ami.
— Rick !
Il soupira de soulagement et remercia nos sauveurs. Chogan s'avança vers nous.
— Je m'appelle Chogan. Voici Pez et Lenno, dit-il en montrant respectivement chacun des hommes concernés. Les personnes qui vous ont enfermés nous doivent une compensation, c'est pourquoi vous nous accompagnerez jusqu'à notre communauté, où vous serez en sécurité. La route est longue, et la nuit va bientôt tomber. Nous allons chercher un refuge pour y dormir et reprendre la route demain matin.
Il n'attendit pas de réponse et donna le signal de départ. Pez et Lenno menaient la marche sur leur monture. Comme Alaric était allongé sur le cheval de Chogan, il fit le chemin à pied, comme nous. Je me demandais où vivait cette communauté dont il avait parlé. J'espérais que nous serions mieux accueillis qu'ici. Tant qu'ils ne mangeaient pas de viande humaine, je pensais pouvoir les apprécier.
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