Cinquième chapitre
Hermione tenait sa plume entre ses doigts et la maintenait en l'air en réfléchissant. Elle voulait plus que tout répondre à cette personne qui lui parlait à travers ce carnet, mais elle savait mieux que quiconque à quel point les évènements pouvaient rapidement déraper. Un carnet pouvait tout changer. Ils en avaient eu la preuve avec celui de Tom Jedusor. Bien entendu, Hermione savait le mage noir trop intelligent pour recommencer ce petit stratagème une deuxième fois, mais dans ces conditions, la prudence était maître. Alors la Gryffondor posa sa plume contre le bois de la table et après avoir relu la phrase qui y était inscrite, décida de refermer le livre. Il serait trop bête de prendre des risques inutiles. Elle le mit ensuite à l'intérieur de son sac en se disant qu'elle allait devoir le jeter. Elle quitta la bibliothèque pour rejoindre Ron et Harry dans la salle commune, et Hermione ne fut pas surprise en se rendant compte que leur sujet de conversation n'était autre que les cours d'Occlumencie donnés par Severus Rogue lui-même.
Drago Malefoy était frustré. Cela faisait maintenant deux jours qu'il avait écrit à Granger via le livre noir, et il n'avait obtenu aucune réponse. Bien entendu, il n'en laissait rien paraître devant les autres Serpentard, et il donnait la parfaite illusion de maîtriser son jeu d'une main de maître. Cependant, si la Sang-de-Bourbe continuait à l'ignorer royalement, le jeu allait rapidement se retourner contre lui et il était hors de question que Drago Malefoy soit le premier à perdre. L'idée était même imaginable. Alors ce jour-là, alors que le blond s'ennuyait à un cours d'histoire de la magie dont il connaissait déjà le thème évoqué, Drago sortit le livre noir de son sac et le feuilleta pour voir si Granger n'avait pas décidé de répondre. Il pesta en constatant qu'il n'y avait rien de nouveau et il se mit à la maudire et à l'insulter intérieurement de tous les noms qu'il connaissait. Attendre après Granger était la chose la plus frustrante qui lui soit donné de faire. Ce jeu était une calamité en tout point.
- Alors, ça avance avec Granger ?
Drago tourna lentement la tête pour faire face à Blaise qui regardait le carnet que tenait le blond entre ses mains. Un sourire malicieux étira les lèvres de Zabini alors que Drago gardait un visage impassible.
- Et toi avec Patil ?
- À merveille. Très intéressante cette petite Patil... Ajouta Blaise sans se départir de son sourire. Plus intéressante que Granger je présume.
- Tu sais qu'elle risque d'en parler à sa sœur ? Quelles sont les règles dans ses conditions ? Demanda sournoisement Drago, espérant pouvoir prendre Blaise à son propre jeu.
- Je suis sur le coup... Répondit le concerné. Et tu n'es pas mieux avec Potter et Weasmoche, ces trois là se disent tout.
Drago se retint de grimacer à l'évocation du trio agaçant et, lui-même agacé par cette discussion, fit mine de s'intéresser pleinement aux paroles du professeur Bins. Il se mît ensuite à réfléchir pour se calmer. Il allait devoir résonner comme cette fille de moldu, le temps de quelques instants, pour comprendre pourquoi celle ci ne prenait même pas la peine de lui répondre. Elle avait forcément vu sa remarque puisqu'elle n'avait pas écrit dans le carnet depuis ce jour-là. Granger était intelligente, et Drago esquissa une de ses plus belles grimace de dégoût en pensant ainsi. Mais les faits étaient indéniables, et seul un idiot fini, ou le pire des trolls, ne serait pas en mesure de le reconnaître. Le blond réprima son envie de vomir, faussement exagérée, et posa ses yeux sur le carnet.
Il tourna habilement sa plume entre ses doigts fins en regardant la page vierge du carnet qui se trouvait sous ses yeux. Stupide jeu. Il le feuilleta de nouveau, tout en sachant pertinemment qu'aucun message ne lui était adressé. Perte de temps. Il laissa retomber son menton sur la paume de sa main et lança un regard désintéressé au fantôme qui continuait de déblatérer son cours, sans prendre la peine de vérifier qu'il avait bien l'attention de ses élèves. Stupide carnet. Quittant du regard le professeur translucide, il trempa le bout de sa plume dans l'encrier et commença machinalement à griffonner sur l'une des pages du carnet pour tuer le temps. Stupide Sang-de-Bourbe.
********
- Tu sais c'est quoi le pire dans tout ça ?
- Non, mais tu vas me le dire.
Hermione était plongée dans un des livres qu'elle avait emprunté à la bibliothèque, tandis que Ron était assis, ou plutôt, était avachi à ses côtés, la regardant travailler ou regardant les allées et venues des autres Gryffondor. Hermione n'avait même pas pris la peine de lever la tête suite à la question du rouquin, concentrée sur, selon elle, le point le plus important du livre.
- Je m'ennuie.
- C'est ça, le "pire" ? Demanda Hermione, la tête toujours baissée.
- Oui, c'est ça. Harry est en retenu, toi, tu as la tête plongée dans tes bouquins depuis des mois, et tous les autres traînent Merlin sait où dans le château, se plaignit Ron.
- Tu n'as qu'à prendre toi-même un de ces livres, et réviser. Ce ne sont pas les plumes magiques de Fred et George qui vont faire les examens à ta place.
- J'ai pas envie de lire. J'ai envie de faire du Quidditch.
Cette fois-ci, Hermione consenti à relever les yeux et esquissa un sourire en voyant la mine désabusée du rouquin. Il avait maintenant les deux mains jointes sur la table et sa tête reposait dessus. Elle regarda ensuite autour d'eux et constata qu'effectivement, la salle commune des Gryffondor était bien calme ce soir. D'où l'ennui grandissant de Ron.
- Penses à Harry qui ne peut plus en faire du tout, répondit-elle en reportant son attention sur son livre.
- Je suis sur que même lui s'ennuie moins que moi !
- Ron, il est avec Ombrage.
- Justement, il souffre donc il ne s'ennuie pas.
- Tu es libre d'aller le rejoindre, je pense qu'elle se fera un plaisir de t'accueillir. Tiens, tu peux me passer le livre qui est à côté de toi ? Demanda Hermione en tendant la main, le nez toujours plongé dans son manuel.
Ron marmonna en relevant la tête pour prendre le livre que la Gryffondor lui demandait et lui tendit, recevant des remerciements en retour. Il allait de nouveau laisser tomber sa tête entre ses bras lorsqu'il vit le petit carnet noir qui était dissimulé sous le livre qu'il venait de donner à Hermione.
- Je peux ? Demanda-t-il à la concernée en montrant le carnet du doigt.
Geste inutile, puisque Hermione hocha la tête sans même prendre la peine de vérifier de quoi il s'agissait. Il prit alors le petit carnet noir entre ses mains, commença à le feuilleter et fut déçu de n'y voir que les notes de la jeune femme. Des notes qu'il ne comprenait même pas puisqu'il s'agissait de Runes Anciennes. Il ne prit donc pas la peine de regarder plus en détail les mots qui se trouvaient devant lui, et passa juste à côté du message qui était destiné à Hermione. Machinalement, il continua à feuilleter le carnet, pour ne faire face qu'à des pages vierges. Puis, il stoppa son geste en voyant de nouvelles tâches sombres et se redressa en examinant ce qu'il avait sous les yeux. Il fronça d'abord les sourcils, puis il posa un regard craintif sur Hermione qui était toujours aussi concentrée. Il la regarda un instant, cherchant comment formuler sa question, et il se lança enfin, peu sur de lui.
- Dis, Hermione...
Aucune réponse de la part de la Gryffondor qui faisait à présent danser sa plume sur un rouleau de parchemin avec avidité. Ron en profita pour réfléchir de nouveau à la tournure de sa phrase.
- Hermione ?
- Hum ? Demanda la concernée sans un regard.
- Tu... Tu as des problèmes ?
À cette question, Hermione releva la tête et regarda Ron en fronçant les sourcils.
- Enfin, je veux dire... Tu vas bien... ou pas ?
- Je crois plutôt qu'en ce moment, de nous deux, c'est toi qui a un problème, répondit Hermione en souriant face à la gêne de son ami. Mais si ça peut te rassurer, je vais bien, pourquoi ?
Ron glissa de nouveau son regard sur le carnet ouvert qu'il tenait toujours entre ses mains avant de le reporter sur Hermione, dont il avait maintenant toute l'attention.
- Et bien... Tu dessines des choses étranges pour une fille qui va bien...
- Je dessine ? Je ne dessine jamais, Ron. Qu'est-ce que tu as à la fin ?
- J'ai trouvé ça... Dans ton carnet.
Il tendit alors le carnet noir à Hermione qui fronça de plus belle les sourcils en le reconnaissant. Elle le prit des mains du rouquin sans le moindre ménagement et regarda la page sur laquelle Ron s'était arrêté. Surprise, elle constata alors qu'une nouvelle page était tapissée d'encre et elle vit les dessins que Ron pensait être ceux qu'elle avait fait. La première chose qu'elle vit fut l'arbre. Mais pas n'importe quel arbre. Un arbre où était pendu un homme. Le dessin était sombre et grossier, un travail d'amateur. Elle quitta l'arbre du pendu des yeux pour glisser le regard un peu plus bas, où elle y vit un nouveau dessin. Dessin qui représentait cette fois-ci un balai, mais Hermione, qui n'y connaissait pas grand chose en balai, aurait été incapable de dire de quel balai il s'agissait. Elle releva brusquement les yeux sur Ron qui sursauta alors qu'il était entrain de scruter sa réaction.
- Ron, quel est ce balai ? Demanda Hermione en lui collant le carnet sous le nez.
- Euh... Il n'est pas très net... Mais je dirais que c'est le dernier qui vient de sortir. Mais... Pourquoi l'as-tu dessiné ?
Hermione ne répondit pas à la question de son ami et reporta de nouveau son attention sur le carnet. Juste en dessous du carnet, elle vit quelques coups de plumes. Un autre dessin était en cours, mais l'auteur avait visiblement été interrompu avant de le terminer. Elle regarda de nouveau l'arbre du pendu sous le regard inquiet de Ron.
- Ça va ? Souffla-t-il.
- Ron, détends toi. Je n'ai pas fait ces dessins.
- Alors qui ?
- Justement, je ne sais pas. Mais c'est sans importance car je vais le jeter.
- Pourquoi ? S'étonna le rouquin.
- Ginny Weasley et un carnet, ça ne te dis rien ?
- Attends, c'est pas comme si tu-sais-qui allait dessiner un balai quand même.
- N'y songe même pas, Ronald, on ne le gardera pas.
Ron commença à faire la moue, signe qu'il n'était pas de cet avis et il comptait bien attendre le retour d'Harry pour le rallier de son côté. Il croisa alors de nouveau les bras pour y enfouir son visage, tandis qu'au même moment, un peu plus loin dans le château, Harry Potter refermait la porte du bureau de Dolorès Ombrage, la main rouge et douloureuse.
- Un balai et un arbre du pendu ? Demanda Harry, étonné, après avoir rejoint ses amis et que Ron se soit empressé de tout lui raconter.
- Elle pense à Tu-sais-qui... Murmura Ron sous le regard noir d'Hermione.
- Je ne pense pas que Tu-sais-qui soit à l'origine de ce dessin, je pense au carnet qui s'est malencontreusement retrouvé entre les mains de ta soeur.
- Et bien dans ce cas, allons demander à un professeur, proposa Harry.
- C'est déjà fait. Je suis allé voir McGonagall, mais elle n'y a décelé aucune trace de magie noire.
Harry et Ron se lancèrent un regard avant de reporter leur attention sur le carnet que tenait fermement Hermione.
- Alors où est le problème ? Demanda Harry.
- Ne cherchez même pas, on ne le gardera pas. C'est n'est qu'un carnet égaré, il n'y a pas de quoi en faire toute une histoire. Puisqu'on ne sait pas à qui il appartient, le plus simple est de le jeter.
Harry et Ron n'avaient toujours pas remarqué la petite phrase qui lui était destinée, sous ses notes de Runes, et elle comptait bien garder ce petit détail sous silence. S'ils venaient à apprendre qu'une personne pouvait communiquer avec eux par Merlin sait quel moyen, ils seraient définitivement contre l'idée de le jeter. A cette pensée, Hermione rassembla ses affaires, laissant ses révisions là où Ron l'avait interrompu, et rangea le tout dans son sac de cours, sans oublier, bien sûr, d'y ajouter le carnet, avant de se lever.
- Tu vas où ? Demanda Ron en suivant ses gestes du regard.
- Me coucher. Vous devriez en faire autant.
Hermione n'attendit pas leur réponse et traversa la salle commune de Gryffondor pour ensuite emprunter les escaliers qui mènent aux dortoirs des filles. De leur côté, Ron et Harry n'avait pas bougés.
- Me coucher. Vous devriez en faire autant, répéta Ron en imitant grossièrement Hermione. Il y a des moments où elle ressemble encore comme deux gouttes d'eau à la Hermione de première année.
- Et toi tu ressembles encore au Ron grognon et têtu de première année, commenta Harry en examinant sa main rougit suite à sa retenue avec Dolorès Ombrage.
- Tiens au fait, qu'est-ce qu'elle t'a fait écrire cette fois ci ? S'enquit Ron avec intérêt.
- "Je dois cesser de m'agiter et de perturber les cours."
*****
Procédons par logique.
1. Ce carnet ne semble pas contenir la moindre trace de magie noire.
2. McGonagall avait l'air sûre d'elle et son verdict était sans appel.
3. En quoi une personne qui dessine un balai peut-elle être dangereuse ?
4. Mais pourquoi l'arbre du pendu ? A-t-il une signification ?
5. C'est forcément un élève de l'école.
6. Peut-être même un joueur de Quidditch.
7. Rien ne semble indiquer qu'il est dangereux de garder ce carnet, et de répondre à la personne qui se cache derrière...
Hermione, assise en tailleur sur son lit, ressassait dans son esprit les sept faits qu'elle avait énuméré concernant le carnet qui se trouvait de nouveau entre ses mains. Il avait l'air, en tout point, inoffensif. Sa raison lui dictait de le jeter dans le premier feu de cheminé qu'elle croiserait ou dans le lac noir, mais elle n'en fit pourtant rien. Elle ouvrit, au contraire, le carnet à la page de l'arbre du pendu et du balai et examina plus attentivement les deux dessins. L'arbre du pendu était celui qui l'intriguait le plus. Quelles pensées sombres et lugubres peut-on avoir à l'esprit pour faire un tel dessin ?
La Gryffondor se pencha alors pour attraper plume et encrier qui étaient dans son sac, au pied de son lit, et s'arrêta un instant devant la page du carnet, cherchant quoi écrire. Deux questions lui venaient à l'esprit. "Qui es-tu ?" et "Pourquoi l'arbre du pendu ?". Elle regarda de nouveau les dessins et après quelques instants de réflexion, laissa glisser le bout de sa plume sur la page, entre l'arbre du pendu et le balai.
"Pourquoi l'arbre du pendu ?"
Drago Malefoy ne se rendit compte que le lendemain, en fin de journée, que la Gryffondor avait enfin prit la peine de lui répondre. Non mais de quoi je me mêle, sale sang-de-bourbe ? De nouveau, il chercha quoi lui répondre. Mais répondre à cette... fille était plus difficile qu'il n'y paraissait. Pire encore, il devait se montrer poli envers elle, afin qu'elle ne se doute de rien. Il n'avait qu'à révéler sa haine et son dégoût envers elle, et elle serait alors parfaitement en mesure de découvrir son identité.
"Ce dessin ne t'étais pas adressé, contrairement au message sous ton cours de Runes."
En matière de politesse, envers une fille comme Granger, il ne pouvait pas faire mieux. Il fixa ensuite le carnet ouvert sous ses yeux et fut surpris de voir de nouvelles lettres apparaître quelques instants plus tard, pour former une phrase. Granger était donc penchée sur ce carnet en même temps que lui...
"Qui es-tu ?"
"Mon identité ne te concerne pas non plus."
"Sais-tu qui je suis ?"
"Je sais qui tu es."
"Alors si ton identité ne me concerne pas, pourquoi m'écris-tu ?"
Va pourrir en enfer, stupide sang-de-bourbe, et n'oublie pas d'emmener tes questions idiotes avec toi ! Il commençait à en avoir marre de répondre aux questions de cette fille, et il se demanda furtivement s'il en était de même pour Blaise, Pansy, Crabbe et Goyle. Mais il savait que ses camarades prenaient ce jeu plus à la légère que lui. Qu'il ne leur coûtait pas autant de parler à une sorcière qui est à des années lumières des principes de la famille Malefoy, à des années lumières de la famille de Sang-Pur par excellence. Mais malgré tout, il avait envie de gagner ce jeu, et pour le gagner, il le savait, il allait devoir arrêter de répondre avec autant d'animosité. S'il continuait sur ce terrain là, Granger allait certainement finir par se vexer, et l'ignorer de nouveau royalement. Non, il devait capter son attention. Mais comment capte-t-on l'attention d'une sang-de-bourbe ? Il relu alors la petite "discussion" qu'ils avaient eu et s'arrêta sur la première question de la Gryffondor. Il avait trouvé quel chemin emprunter pour capter son attention.
"L'arbre du pendu est un symbole."
Son interlocutrice ne répondit pas immédiatement, et Drago l'imagina réfléchir au symbole que pouvait bien représenter l'arbre du pendu. Il grimaça en l'imaginant et se retint de ne pas envoyer le carnet noir par la première fenêtre à sa disposition. Et si possible, qu'il tombe dans le lac noir !
"Je suppose que la définition de ce symbole ne me concerne pas non plus."
"Tu supposes bien."
Drago esquissa une nouvelle grimace de dégoût. Il lui coûtait tellement de reconnaître que la supposition était la bonne. Il lui coûtait de reconnaître quoi que ce soit qui soit en rapport avec Granger, Potter, la famille Weasley, les Sangs-de-bourbe en général, tout comme les autres maisons de Pourdlard, Gryffondor en tête. Agacé et lassé par ce dialogue, et surtout par Granger, le blond referma le carnet sans même attendre la réponse de sa "partenaire", carnet qu'il jeta ensuite sans ménagement au fond de son sac. Il en avait assez pour aujourd'hui, et ne voulait pas en supporter plus.
De son côté, Hermione restait perplexe. Qui pouvait bien être cet élève qui prenait la peine de lui parler, sans pour autant vouloir dévoiler son identité ? En quoi un arbre du pendu peut être un symbole ? De quel symbole lugubre peut-il s'agir ? Comment fonctionnait ce carnet ? Avait-il un doublon, un jumeau quelque part dans l'enceinte du château, dans les mains d'un élève qui souhaitait garder son anonymat ? Et surtout, pourquoi elle ? Pourquoi est-ce elle, Hermione Granger en particulier, qui se retrouvait en possession du carnet ? Était-ce volontaire de la part de son interlocuteur ? Était-ce lui qui avait déposé le carnet sur son lit, l'autre jour ? Ce qui, en tout cas, réduirait considérablement les recherches puisqu'il devrait s'agir d'un Gryffondor, et d'une fille pour qu'elle puisse emprunter les escaliers menant aux dortoirs. De nouveau, elle laissa glisser sa plume sur le carnet noir.
"En fait... Je ne vois pas pourquoi tu me parles."
La nuit était tombée et l'obscurité entourait sournoisement Poudlard. Assit sur son lit, Drago regardait en direction de l'une des fenêtres du dortoir, mais il ne voyait rien sinon la noirceur du lac, qui porte justement très bien son nom. Il lui est déjà arriver de voir les tentacules du calamar géant, et au fil des années, il s'en était rapidement lassé. Cet animal n'avait rien de captivant. Mais ce soir là, en regardant les eaux du lac derrière la fenêtre, le blond ne pensait pas à l'animal, mais à la dernière phrase de la sang-de-bourbe. Ici encore, elle avait visé juste, en insinuant à demi-mot qu'il n'avait pas envie de lui parler. Ce qui était exactement ça. Il le faisait pour gagner le jeu, mais en soit, parler à Granger était la dernière chose au monde qu'il avait envie de faire. Il pouvait tout aussi bien en rester là, ne plus répondre, et s'en serait terminé de tout ça. Mais Drago Malefoy avait sa fierté, héritée de son père, Lucius, et le jour où il capitulera devant une Sang-de-bourbe n'était pas encre prêt d'arriver. Il quitta alors les eaux sombres du lac des yeux et reporta son regard sur le carnet, posé en équilibre sur ses jambes croisés. Il commença de nouveau à écrire, rythmé par les ronflements de Goyle.
"Je ne vois pas non plus pourquoi."
Malgré l'heure tardive, Hermione était toujours dans la salle commune des Gryffondor, le nez plongé dans une de ses énièmes révisions. Moins d'un mois les séparaient des examens de fin d'année, et ce n'était pas le moment de flancher. Harry et Ron avaient même consentis à l'accompagner dans ses révisions, et à sa grande surprise, ils s'étaient lancés avec sérieux dans leurs révisions. Cette fois ci, sans grande surprise pour Hermione, elle les avait vu se décourager au bout de deux heures, et ils lui avaient souhaité une bonne nuit avant de rejoindre leur dortoir en se plaignant. Ron, lui, s'était plaint d'un mal de tête à force de lire, et Harry, lui, avait mal à la main à force d'écrire. Hermione les avait écoutés sans pouvoir se retenir de lever les yeux au ciel en souriant, et une fois seule, elle s'était accordée une petite pause. Elle sortit alors de son sac le petit carnet noir et l'ouvrit là où la discussion entre elle et l'inconnu(e) de Poudlard s'était arrêtée. En voyant qu'une réponse l'attendait, elle se redressa et fronça les sourcils en la lisant.
"Alors pourquoi continuer ?"
"Et pourquoi arrêter ?"
Hermione fronça de nouveau les sourcils au même moment où Drago souriait sournoisement. Faire tourner Granger en rond pouvait s'avérer être un bon passe-temps finalement. Il en regrettait presque de ne pas pouvoir voir les réactions de la Gryffondor à chacune de ses réponses. Hermione, elle, se posait de plus en plus de question, et se retrouver sans réponse la frustrait au plus haut point. N'existerait-il pas une formule permettant de dévoiler l'identité du réel possesseur de ce carnet ? Il faudrait qu'elle aille faire quelques recherches à la bibliothèque sur ce sujet. En attendant, elle allait devoir se débrouiller par elle-même pour trouver quelques pistes.
"Tu es élève à Poudlard ?"
"A ton avis ?"
Drago leva les yeux au ciel en répondant à la question si inutile de Granger. A ce rythme là, elle était encore bien loin de trouver son identité. Hermione, elle, prit la réponse de son interlocuteur pour un oui. Elle est était déjà sûre, mais voulait au moins avoir sa réponse pour être fixée.
"Quelle maison ?"
"A ton avis ?"
Si Drago était fier de lui et de ses réponses, Hermione, elle, commençait à être agacée. Parler via ce carnet était une vraie perte de temps, et elle avait bien mieux à faire, surtout en cette période d'examen. Mais pourtant, elle se mit à réfléchir et chercha la maison qui correspondrait le mieux à cet inconnu. La logique voudrait qu'il ou elle soit de Gryffondor, sinon comment aurait-il pu lui remettre le carnet ? Mais pourtant, elle n'imaginait pas un Gryffondor derrière ces mots. Étrangement, elle visualisait un ou une Poufsouffle. Elle tenta alors une dernière question.
"Quelle année ?"
"Première."
Première année ? Étonnée, Hermione relu la réponse de son interlocuteur pour être sûr qu'elle avait bien vu, alors que de son côté, Drago jubilait. Se moquer de Granger et lui faire croire n'importe quoi suffisait à prendre le dessus sur le dégoût qu'il avait envers elle, et il en vint même à se dire que ce jeu n'était pas si stupide, finalement.
"Tu n'es pas un élève de première année."
"Comment peux-tu en être aussi sûr ?"
"Un élève de première année n'aurait pas été capable de me joindre ce carnet sans se faire remarquer."
Le blond leva les yeux au ciel, agacé par l'assurance de Granger et il ne put se retenir de lui signaler en faisant de nouveau glisser sa plume sur les pages du carnet noir.
"Tu es trop sûre de toi."
"Parce que j'ai raison."
"Point pour toi."
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Je suis terriblement désolée pour le temps que j'ai mis à publier ce chapitre... J'espère qu'il saura vous plaire malgré ce long retard... :/
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