Chapitre 8
PDV Derek
Cinq jours plus tard, mon dernier jour à Savannah est arrivé. Durant ces quelques jours, j'ai suivi un emploi du temps assez chargé. Il me fallait en effet négocier de nombreux contrats concernant différents projets dans la région et ne pouvant faire l'aller-retour tout les jours, il me fallait donc un pied à terre ici à Savannah. Malgré la promesse faite à Gabrielle de la suivre tous les jours je n'ai pas pu le faire.
Quelques heures avant mon départ programmé en fin d'après-midi, sachant que je n'avais rien de prévu je décide d'aller voir Gabrielle au complexe. Après un rapide coup d'œil au différents plannings, je confirme mon idée et sors de ma chambre. Je me dirige vers la chambre de Christopher et tape à sa porte. Ce dernier m'ouvre rapidement l'air surpris.
- Tout va bien monsieur Crawford ?
- Oui très bien. Pourriez-vous me donner les clés de la voiture s'il vous plaît ?
Il attrape sa veste et me dit, tout en l'enfilant :
- Où voulez-vous aller ? Je peux vous y emmener.
- Je n'ai besoin que des clés. Restez ici !
Il sort les clés de sa veste et me les tend mais ne les lâche pas quand je tente de les prendre. Il les reprend et me dit :
- Je suis votre garde-du-corps je dois vous protéger.
Je pose ma main sur son épaule et lui répond :
- Je ne risque rien. Je vais voir une ancienne amie.
- Gabrielle, lâche t'il. Vous devriez éviter, vous faites du mal monsieur.
En entendant ce qu'il me dit, je soupire bruyamment avant de dire :
- Les clés Christopher.
Il soupire à son tour et me le donne à contrecœur.
- Je dis cela pour vous. J'ai bien vu comment vous étiez lorsqu'elle est partie.
- Merci pour les clés. Je serais de retour d'ici une heure, voir deux.
Sans prêter attention à ses dernières paroles, je tourne les talons en faisant tourner les clés autour d'un doigt. Quelques instants plus tard, je suis dans la voiture et me dirige vers le complexe. Au bout de dix minutes, j'y arrive enfin. À cette heure-ici le parking est bondé par les voitures des parents c'est donc pour cela que je galère quelque peu à trouver une place. Je finis par en trouver une assez éloignée de l'entrée principale mais qui finalement se trouve assez proche de celle de la bibliothèque. Juste avant de rentrer dans la bibliothèque, je passe rapidement une main dans mes cheveux afin de les décoiffer. Je me souviens que Gabrielle aimait toujours passer ses petites mains dans mes cheveux afin de les décoiffer. Je souris à ces souvenirs avant de respirer profondément et d'y entrer. Quelques groupes d'enfants s'y trouvent lisant tranquillement tandis que des lycéens travaillent de leur côté.
Je me dirige vers l'accueil où je suis reçu par une jeune femme rousse. Cette dernière tellement prise par son ouvrage ne remarque même pas ma présence. Je toussote légèrement ce qui fait lever son visage parsemé de taches de son.
- Monsieur Crawford. En quoi puis-je vous aider ?
- Excusez-moi, mademoiselle savez-vous si mademoiselle Fields est ici ? Je voudrais lui parler.
La jeune femme place une mèche de cheveux derrière son oreille avant de me dire :
- Euh, Gabrielle ? Elle a dû poser une journée en urgence.
Quand une femme pose une journée en urgence c'est qu'il y a un problème avec un de ses enfants. En aurait-elle un ? Et avec qui ? Quel âge a cet enfant ? Toutes ces questions se bousculent dans mon esprit. Je dois la regarder tellement bizarrement qu'elle me fais un sourire gêné. Elle sort un petit bout de papier et m'écrit une adresse avant de me dire :
- Voila son adresse ! J'espère qu'elle acceptera de vous recevoir cependant je ne pense pas que cela posera un problème.
Si seulement vous saviez. Je réprime un sourire narquois avant d'attraper le bout de papier et de lui répondre :
- Je vous remercie...
- Cassandra.
Je lui fais un rapide signe de tête avant de me diriger vers la sortie de la bibliothèque.
Je remonte rapidement dans la voiture avant d'entrer l'adresse dans mon téléphone. Je démarre et suis pendant une quinzaine de minutes les indications de ce dernier avant d'arriver devant une grande maison blanche. Je me gare et me dirige vers cette dernière. Le cœur battant, je frappe à la porte. Même si je sais qu'elle sera en colère, je lui demanderais à nouveau de m'écouter. Je me suis fait la promesse de le lui dire. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvre sur un homme roux qui semble surpris de voir un étranger sur le pas de sa porte.
- Vous êtes ?
- Derek Crawford. Et vous ?
- Oh ! Le fameux Derek, dit-il d'un ton dédaigneux. Sébastien Decker, son fiancé...
Ainsi, elle partage sa vie avec un autre homme. J'aurais dû m'en douter.
Il me tend une main et je la lui serre. Il me serre la mienne un peu plus fort que prévu sans doute pour me montrer qu'il sait qui je suis et qu'il ne me laissera pas m'interposer dans leur couple. Nous restons quelques instants à nous regarder avant qu'il ne me demande, d'un ton qu'il veut neutre :
- Sans vouloir vous offenser, que venez-vous faire ici ?
- Je viens voir Gabrielle. Est-elle là ?
Il me lance un regard noir et reste sans voix, semblant réfléchir. Au bout de quelques instants, il ouvre un peu plus la porte et me laisse entrer. Je le remercie d'un hochement de tête et entre dans la maison.
À l'intérieur flotte une douce odeur de gâteau. Mon regard se pose sur la décoration qui est plutôt simple et très bien rangée. Cependant quelques jouets se trouvant par terre trahissent la présence d'un enfant. Mon cœur se serre à l'idée de savoir que Gabrielle a complètement changé de style de vie et qu'elle a un enfant. Sébastien me regarde avant de dire :
- Attendez dans le salon, je reviens immédiatement.
Tandis que je me rends dans le salon, je l'entends se diriger vers une autre pièce. De nombreuses photos du couple trônent sur le pan de la cheminée ainsi que quelques photos d'une petite fille. Sur ces photos, Gabrielle semble heureuse. J'attrape une photo où elle est avec cet homme devant la Tour Eiffel. Comment elle regarde me rappelle douloureusement la façon dont elle me regardait. Des larmes me montent aux yeux mais je les réprime du mieux que je peux. Je repose le cadre doucement tandis que des petits pas se font entendre.
Je me retourne et aperçois une adorable fillette qui ne doit pas avoir plus de trois ans. Elle ressemble trait pour trait à sa mère sauf pour ce qui est de ses yeux qui sont verts. Elle s'approche de moi et me regarde tout en souriant. Sa bouche, entourée de chocolat, trahi son goûter.
- Moi c'est Victoria. Mais tout le monde m'appelle Vicky ! T'es qui toi ?
Je m'accroupis et sors un mouchoir de ma veste. J'essuie délicatement le chocolat autour de ses lèvres tout en disant :
- Je m'appelle Derek, un ami de ta maman.
- Elle ne m'a jamais parlé de toi.
Je continue de lui essuyer la bouche sans rien dire. Elle me sourit de toutes ses dents et me demande :
- T'aimes le gâteau au chocolat ?
Je souris à mon tour puisqu'il s'agit d'un de mes gâteaux favoris.
- Oui et toi ?
- J'adore ça !
Elle marque une courte pause avant de dire tout en écartant les bras :
- Maman en a fait un gros avant de partir ! T'en veux une part ?
Au moment où j'allais répondre, Sébastien réapparaît l'air contrarié.
- Vicky ! Tu ne devrais pas être dans la cuisine en train de goûter ?!
Il la regarde sévèrement avant de dire :
- Le goûter, c'est dans la cuisine !
- Désolée papa...
La petite me sourit de toutes ses dents une dernière fois avant de disparaître. Sébastien l'accompagne avant de revenir quelques instants plus tard.
Tandis qu'il me regarde remonter mes lunettes sur mon nez, il croise ses bras sur son torse avant de me dire tout aussi sèchement :
- Qu'est-ce que vous venez faire ici ?
- Je viens voir Gabrielle mais j'ai cru comprendre par la petite qu'elle était partie.
- En effet. Donc je vous demanderai de bien vouloir revenir plus tard...
- C'est important.
Il s'approche de moi et me dit d'un ton glacial :
- Je sais qui vous êtes et je ne vous laisserai pas détruire ma famille.
Je m'approche à mon tour et lui dit, sur le même ton :
- Qui a dit que j'allais détruire votre famille ? Je suis simplement venu parler. Rien de plus.
Tandis que nous nous regardons comme deux chiens de faïence sans rien dire, la porte s'ouvre et on entend distinctement des jappements ainsi qu'un joyeux :
- C'est moi !
Quelques instants plus tard, Gabrielle apparaît dans le salon, suivie d'un chiot. Voyant que je me trouve dans son salon face à son fiancé, elle en lâche son sac de surprise.
- Maman !
Victoria réapparaît et court dans la direction de sa mère qui la prends dans ses bras sans cesser de me regarder. Elle semble complètement surprise mais cependant une lueur d'inquiétude se lit dans ses beaux yeux marrons. Gabrielle repose sa fille quelques instants plus tard tandis que son fiancé s'approche d'elle et dépose un baiser sur son front. Elle lui sourit tendrement avant de s'approcher de moi, les yeux brillants de colère. On croirait voir une furie.
Elle m'attrape le bras et nous sortons de la maison sous le regard interloqué de Victoria. Tout en me poussant vers le perron, elle ferme la porte avant de se tourner vers moi, les yeux lançant des éclairs.
- Qu'est-ce que tu fais-là ?
- Je passais par là et je me suis dit qu'il fallait que je te passe le bonjour. C'est tellement impoli de passer près de chez quelqu'un sans le saluer, dis-je ironiquement.
Elle me donne une tape sur l'épaule, visiblement contrariée de ma présence ici.
- Comment as-tu eu mon adresse ?
- J'ai demandé à une de tes collègues. Cassandra, il me semble ! Tu lui passera mes amitiés.
Elle me jette un regard noir avant de répéter :
- Qu'est-ce que tu fais-là ?
- Je devais te voir.
- Ah oui ?! Et pourquoi ?
- Pour te parler de ce qu'il s'est réellement passé !
Elle me toise avant de me dire :
- Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas t'écouter !
- Je t'ai également dit que je te poursuivrai jusqu'à ce que tu daignes m'écouter.
Je m'approche un peu plus d'elle et pose ma main sur sa joue et lui murmure :
- S'il te plaît Gabrielle écoute moi, rien qu'une fois. Et après je te laisserais en paix, je te le promets. J'arrêterais de te suivre.
Sous mon contact, elle se met à frémir avant de se retirer rapidement. Elle jette des regards furtifs de chaque côté de la rue avant de me dire :
- Écoute, je vais être honnête avec toi. Cela va faire bientôt deux semaines que tu es rentré dans ma vie et je ne suis pas prête à t'écouter...
Je soupire et passe une main dans mes cheveux dans un geste rageur tandis qu'elle rajoute :
- Enfin pas maintenant. C'est encore beaucoup trop tôt pour moi. Je ne peux pas.
Une vague de soulagement emplit mon cœur. Je peux comprendre qu'il lui faut du temps pour pouvoir accepter de m'écouter mais je n'en suis pas pour le moins heureux. La vérité pourra enfin éclater au grand jour.
Quelques instants plus tard, Gabrielle pose une main sur mon bras et me dit :
- Je pense que tu devrais partir. Je dois m'occuper de...ma fille.
- Je comprends.
Je descend les quelques marches sans cesser de la regarder. La légère brise décoiffe légèrement ses longs cheveux et ses joues ont une douce couleur rose. Je réprime un sourire devant une telle beauté. Victoria apparaît dans l'encadrement de la porte et voyant que je commençais à partir, elle se rue dehors pieds nus et court vers moi, avec une part de gâteau au chocolat dans une serviette en papier. Elle me la donne avant de m'enlacer les jambes et de me dire :
- À plus Derek ! J'ai été contente de te voir !
Je lui ébouriffe les cheveux avant de la saluer à mon tour.
Je monte dans ma voiture et reste ainsi quelques instants sans rien faire. De l'endroit où je suis, je vois parfaitement la maison de Gabrielle. Cette dernière prend sa fille dans ses bras et la fait tournoyer en l'air avant de répandre plein de baisers sur sa figure sous les rires de cette dernière. Elle passe ses petits bras autour du cou de sa mère et elles rentrent ainsi dans leur maison. Une larme trop longtemps retenue coule le long d'une de mes joues rapidement suivie par plusieurs. Je tape de rage contre mon volant et laisse couler mes larmes. À ce moment précis, je regrette mes conneries passées et ce qui a conduit à notre séparation. Si je ne les avait pas faites, ce que j'ai vu aurait pu être quelque chose que j'aurais vu tous les jours. Victoria aurait pu être ma fille et nous aurions pu rester ensemble. J'allume le moteur et file à travers la ville, laissant couler ces larmes sans tenter de les essuyer.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro