Chapitre 4
PDV Derek
Après avoir prononcé mon discours, je cherche Gabrielle du regard dans la marée humaine qui descend des tribunes et qui se dirige vers moi. Cependant à travers cette marée humaine, je n'arrive pas à la retrouver. Je descends rapidement du podium et me met à la chercher mais ce n'est sans compter les nombreuses femmes, toutes les plus charmantes les une que les autres, qui s'agglutinent devant moi. Je leur souris rapidement avant de les pousser gentiment et de suivre Gabrielle. Une fois les portes passées, je me met à marcher rapidement dans l'espoir de la rattraper. Le claquement des portes menant vers le parking se fait entendre, me donnant pour indication l'endroit où se trouve Gabrielle. Je me rue donc vers ces portes qui donnent sur le parking.
Alors que j'arrive sur ce dernier, j'aperçois la silhouette de Gabrielle au loin, se dirigeant à pas précipités vers sa voiture. Je crie son prénom et la voit se raidir avant de continuer son chemin sans m'accorder un regard. Je me mets à courir dans l'espoir de la rattraper mais elle est déjà rentrée dans sa voiture. Elle démarre en trombe et part sans me jeter un dernier coup d'œil. Je soupire profondément avant de passer une main sur mon visage. Elle n'a vraiment pas changé. Lorsque je l'ai croisé tout à l'heure dans les couloirs, j'ai cru rêver. Trois années se sont écoulées et elle est toujours aussi belle que le jour où elle partie. Je n'aurais jamais cru la revoir un jour. J'étais à la fois heureux et surpris de la voir ici. Comment aurais-je me douter un seul instant que je la retrouverais trois ans après ? J'aurais dû savoir qu'elle serait retournée dans sa région natale. Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ?
À contrecœur je rentre à l'intérieur du complexe où m'attendent toutes les personnes présentes depuis tout à l'heure. J'ai à peine posé le pied dans la salle qu'une jeune femme blonde s'approche de moi. Son teint de porcelaine est relevé par une robe de couleur claire tandis que ses cheveux sont attachés en chignon.
- Bonjour. Je peux vous aider ?
- Bonjour. Je me présente, Jane Decker.
Tout en se présentant, elle me tend une main toute fine que je serre délicatement.
- Si je me permet de vous déranger, c'est pour parler de ce complexe, dit-elle tout en montrant le gymnase de ses mains. Il s'agit d'une excellente idée d'avoir fait ça pour les enfants. Je trouve que l'idée de les pousser à continuer leurs passions qu'elles soient sportives ou culturelles est absolument formidable ! Qui sait peut-être que parmi les enfants qui se trouvent ici, se cache un futur Picasso ou un futur Mozart ?
Je lui souris avant de lui dire :
- Merci de votre avis Jane ! Je suis ravi que cela vous plaise !
Tandis qu'un serveur passe, je prends sur son plateau deux flûtes de champagne et en tends une à Jane qui me sourit de toutes ses dents.
Nous trinquons avant de boire une gorgée. Le liquide pétillant coule dans ma gorge tandis que Jane me dévore des yeux. Un photographe apparaît dans mon champ de vision et me demande l'autorisation de nous prendre en photo. Jane pose sa main sur mes omoplates et son parfum légèrement fruité parvient à mes narines. Je le respire profondément avant de poser ma main sur sa hanche. Le photographe nous prends en photo avant de disparaître aussi vite qu'il était apparu. Jane retire sa main avant de me demander :
- Je sais que vous devez avoir un emploi du temps plus que chargé mais je vais tout de même tenter ma chance. Voudriez-vous manger avec moi ce midi ?
Je lui souris avant de lui dire :
- Cela aurait été avec joie mais j'ai un repas prévu avec le maire de la ville.
Son sourire éclatant s'efface avant de réapparaître.
- Ce n'est pas grave, je comprends tout à fait ! Ce sera pour une prochaine fois dans ce cas.
Elle ouvre son sac et en sort une carte de visite qu'elle me tend. Juste en dessous de son nom, se trouve son numéro. Elle me sourit une dernière fois avant de tourner les talons, non sans un dernier sourire.
Jane est à peine partie que ma secrétaire s'approche de moi à grands pas, une pochette dans les mains. Elle me la tend avant de me dire :
- Voici le dossier que vous m'aviez demandé.
Je le regarde rapidement avant de le fermer d'un geste sec tout en lui disant :
- Je vous l'avez demandé pour ce matin dernier carat afin que je puisse l'étudier durant le voyage !
Elle baisse les yeux avant de me dire :
- Je sais et je m'en excuse. Il me manquait quelques feuilles que je ne pouvais pas avoir avant ce matin.
- Vous auriez dû vous arranger pour que ce soit prêt ce matin comme je vous l'avez expressément demandé, répondis-je d'un ton cassant.
Elle baisse la tête afin de cacher ses joues devenues rouges. Quelques instants plus tard, elle relève la tête avant de s'excuser encore une fois. Je soupire avant de la congédier. Je sors de la salle trop bruyante et me dirige vers la bibliothèque où je m'installe afin de le lire plus en détails.
Vers quatre heures de l'après-midi, nous rejoignons l'aéroport afin de retourner à New-York. De tout l'après-midi, je n'ai pas pu me sortir Gabrielle de l'esprit. Durant mes rendez-vous, c'était comme si j'étais présent mais sans être vraiment là avec les autres. J'écoutais sans vraiment écouter, je parlais sans vraiment écouter ce que je disais. J'étais tel un automate. Ce n'est qu'une fois assis dans le jet que je soupire profondément. Quelle journée ! Je m'en souviendrais toujours. Qui aurait pu dire que j'aurais revu Gabrielle après trois ans ? Je sors mon porte-feuille de ma veste de costume et en extirpe une photo de nous deux lors du mariage de Jace. Je n'ai jamais pu me résoudre à enlever cette photo de mon porte-feuille. Comme nous étions heureux à ce moment précis... La façon dont elle me souriait me plonge dans une profonde mélancolie. Maintenant, elle me regarde comme si j'étais une affreuse bestiole qu'elle se doit d'écraser. Comment avons-nous pu en arriver là ? Depuis son départ, je m'en suis toujours voulu de ne pas lui avoir dit ma part de responsabilité dans l'accident de ses parents et de la lui avoir caché. Mais maintenant que je l'ai retrouvée, je compte bien tout lui dire la prochaine fois que je la verrais. Je retournerais tous les jours s'il le faut à Savannah pour qu'elle daigne me parler. Tandis que ma secrétaire profite du silence régnant dans le jet pour lire un livre à l'eau de rose, je sors mon ordinateur afin de me sortir Gabrielle et ses beaux yeux étonnés de l'esprit.
Après deux heures de vol, j'arrive à New-York. Comme à son habitude, à cette période de l'année, le soleil est encore haut et toutes les personnes ne travaillant pas déambulent dans les rues, tout sourire, une boisson à la main. Tandis que nous nous dirigeons vers l'appartement de ma secrétaire afin de la ramener, cette dernière me dit mes derniers rendez-vous de la journée dont deux videos-conférences. Nous arrivons rapidement devant l'immeuble de ma secrétaire et celle ci me demande :
- Voudriez-vous prendre un verre avant de partir ?
Je lui jette un rapide regard avant de retourner mon regard sur mon téléphone. Je n'ai pas besoin de relever mes yeux que je sens le regard de Christopher posé sur moi, attendant ma réponse.
- Non je préférerais éviter. Je préfère être sobre lors de mes rendez-vous.
En disant cela, quelques souvenirs me ramènent trois ans auparavant. Les mois suivant le départ de Gabrielle, je ne faisais que boire. Je préférais noyer mon chagrin dans une bouteille de bourbon que de faire face à mes problèmes. C'est comme ça que je me suis retrouvé lors d'une réunion importante à moitié ivre. Cela ne m'est arrivé qu'une seule fois et je me suis juré de ne plus boire. C'est pour ça que je me suis jeté à corps perdu dans le travail et que rien n'était plus important que ce dernier. Le grincement d'une porte me sort de mes pensées. Ma secrétaire me regarde tristement avant de soupirer profondément. Elle acquiesce lentement avant de sortir tout en me regardant. La porte se ferme et Christopher démarre la voiture afin de se diriger vers Greenwich Village.
J'ai à peine posé le pied dans mon appartement que je suis accueilli par un tonitruant :
- Tonton !
Je pose mon attaché-case sur la petite table avant d'enlacer mon neveu. Je n'arrive pas à croire qu'il ait encore grandit. Il ressemble de plus en plus à son père.
- Salut Dylan ! Comment tu vas ?
- Bah comme d'hab hein ! Le maître est toujours aussi sévère...
- Tu verras c'est pour ton bien !
Il grogne un peu avant de partir rejoindre ma grand-mère dans le salon. Je passe une main dans mes cheveux avant de le suivre. Angélique est assise sur le canapé en train de boire. Dès qu'elle me voit, elle se lève et me prends dans ses bras.
Je la serre dans mes bras avant de lui dire :
- Mamie. Tu devrais t'éviter ces longs voyages...
- Bah, me coupe t'elle tout en posant sa main sur mon bras. Ce n'est qu'une heure en moins dans une journée alors dans une vie ce n'est que de la poussière.
Elle retourne s'asseoir et continue de boire son verre d'eau avant de me dire :
- Nous étions de passage à New-York pour acheter quelques affaires à ton neveu et nous nous sommes dit que cela pourrait te faire plaisir de nous voir. J'espère que l'on ne te dérange pas ?
- Je suis très content. J'ai simplement deux rapides videos-conférences et après je suis tout à vous.
- Bien, dit-elle avec un sourire. Je préparerai le dîner dans ce cas !
Mon portables se met à sonner et il s'agit de mon rendez-vous. Angélique comprend tout de suite et me permet de m'en aller. Je me dirige vers mon bureau et installe les quelques éléments avant de commencer mes vidéos-conférences.
Ce n'est qu'une fois l'heure du repas arrivée que je sors de mon bureau. Angélique ainsi que Dylan mettent la table tout en discutant de leur journée à New-York. Je me dirige vers ma cuisine et les aide du mieux que je peux. Nous mangeons dans la bonne humeur, Dylan me racontant ce qu'il faisait à l'école et en dehors. Après ce repas, l'heure étant avancée, je propose à ma famille de rester dormir. Je ne serais pas rassuré de les voir sur la route à une telle heure. Dylan, épuisé après une telle journée, s'endort sur le canapé quelques instants après que nous ayons quitté la table. Je le prends dans mes bras avant de me diriger vers sa chambre et de le coucher. Une fois posé dans son lit, il gigote légèrement avant de ne plus bouger. Je lui caresse les cheveux avant de sortir à pas de loups de la chambre.
Je rejoins Angélique dans le salon avant de m'avachir sur le canapé sous son regard courroucé.
- Ce n'est pas comme ça que je t'ai élevé ! Assis-toi convenablement !
Je m'exécute sans rien dire avant de lui dire :
- Tu sais, j'ai réfléchi et je pense qu'il faudrait mieux que vous veniez habiter ici.
- Et pourquoi cela ?
- Tu es une personne âgée. Même si tu as Dylan avec toi ainsi que quelques personnes à ton service, tu n'es pas à l'abri d'un danger quelconque ! Je serais beaucoup plus rassuré si tu venais vivre ici avec Dylan que dans cette grande maison.
- Si je fais cela, tu ne pourras plus ramener quelqu'un et faire je ne sais quelles cochonneries avec cette dernière, me répond t'elle avec un grand sourire.
Je lève les yeux au ciel tout en souriant malgré moi. Son franc parler m'a toujours impressionné même étant gamin. Nous restons silencieux pendant quelques instants. Ne supportant plus ce silence, elle me demande :
- Tout va bien ? Tu as l'air soucieux.
Je respire profondément avant de dire :
- J'ai revu Gabrielle aujourd'hui.
Suite à cette révélation, un bruit de verre brisé se fait entendre.
Le verre que tenait Angélique se trouve par terre. Je me précipite afin de ramasser les quelques morceaux afin qu'elle évite de se couper. Son visage est devenu livide, comme si elle avait vu un fantôme. Je lui redonne rapidement un verre d'eau tout en lui demandant :
- Ça va aller ?
Elle boit quelques petites gorgées avant de me dire :
- C'est plutôt à toi qu'il faut demander.
Je soupire avant de lui confier :
- Sincèrement, je ne sais pas. Je ne sais pas si je suis heureux de l'avoir revue ou si je suis surpris. Je ne pensais pas que je la reverrais un jour. Quand elle m'a quitté, j'ai cru mourir. Mais quand je l'ai vue, c'est comme si je pouvais respirer à nouveau. C'est comme si on me donnait une seconde chance. La chance de m'expliquer enfin sur ce qu'il s'est réellement passé cette terrible nuit.
Elle s'approche de moi et me serre contre sa poitrine. Elle me caresse les cheveux dans un geste tendre avant de me dire :
- Je vais te dire quelque chose. De toute ma vie, je ne t'ai jamais vu aussi heureux qu'avec cette fille. Elle savait faire ressortir un côté que peu de personnes connaissent réellement et pour cela j'étais contente. Elle te rendait heureux et c'était ce qui m'importait. Mais tu as comme qui dirait merdé avec elle. On te donne une seconde chance, la chance de t'exprimer et de lui dire la vérité. Elle la mérite bien. Saisit cette chance, ne la laisse pas te filer entre les doigts. Fais tout ce qui est en ton pouvoir pour la revoir et lui dire la vérité.
Elle me sourit et me caresse la joue avant de se lever et de me souhaiter une agréable nuit. Je fais de même et me dirige vers ma chambre. Je me déshabille avant de me glisser sous les draps. J'attrape une dernière fois la photo de mon portefeuille et contemple pendant quelques instants le visage rayonnant de Gabrielle avant de sombrer dans un sommeil profond.
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