Chapitre 29
PDV Gabrielle
Après une courte nuit passée à pleurer dans les bras de Derek, je me réveille seule dans ma chambre d'hôpital. A peine ai-je ouvert mes yeux que je les referme à cause de la lumière présente dans la pièce. Même si elle n'est pas très intense, mes yeux sont sensibles à force d'avoir pleuré toute la nuit. Ce n'était pas tant la douleur physique qui m'avait pleurer mais plutôt la douleur d'avoir perdu mon enfant qui n'avait rien demandé. Je ne remercierais jamais assez Derek pour m'avoir consolée tout au long de la nuit. En entendant un grattement à la porte, je me relève du mieux que je peux tandis qu'un médecin rentre dans ma chambre, un air grave sur le visage. En voyant son air si grave, le venin de la peur s'insinue dans mes veines. Et s'il avait une grave nouvelle à m'annoncer ? Il s'approche de mon lit avant de me tendre une large main.
- Bonjour madame Fields, docteur Johnson. Je suis celui qui vous ai accueilli hier soir à votre arrivée.
Je lui serre la main tendue tout en le saluant. Quelques instants plus tard, sa main quitte la mienne et se pose sur son calepin.
- Je suis désolé pour la perte de votre enfant. Votre chute dans les escaliers a provoqué un décollement du placenta et malheureusement nous n'avons rien pu faire pour le sauver.
Je baisse la tête tandis que les larmes me montent aux yeux. Même si je n'avais appris que son existence que quelques heures auparavant, j'avais commencé à aimer ce petit être. Voyant que mes larmes commençaient à poindre le bout de leur nez, le médecin me dit :
- Cependant vous avez eu de la chance. Vous vous en sortez plutôt bien dans l'ensemble. À part quelques contusions et la perte de votre enfant, vous allez plutôt bien...
Alors que le docteur était en train de fermer son calepin, je me gratte la gorge avant de lui dire :
- J'avais une question...
- Posez madame, posez. Je suis là pour ça !
- Est-ce que je pourrais...
- ... Avoir d'autres enfants, me coupe t-il. Bien sûr ! Vous êtes en bonne santé et vous êtes encore jeune ! Je ne dis pas que ça sera facile mais vous pourrez en avoir d'autres.
Il me sourit faiblement avant de se diriger vers la porte.
Alors qu'il allait ouvrir la porte, le docteur se retourne à nouveau vers moi et me dit :
- J'oubliais de vous dire ! Il faudra que vous évitiez tout rapport sexuel d'ici vos prochaines menstruations. Il vous faudra également que vous preniez rendez-vous avec votre gynécologue pour que vous fassiez un check-up. Au revoir, madame Fields.
Dans un sourire, il me dit à nouveau au revoir avant de sortir de la chambre. Alors que le médecin venait tout juste de quitter la pièce, Derek apparait avec un gobelet fumant dans une main. Voyant cela, je souris à pleine dents. Ça me fait plaisir de voir qu'il m'amène une boisson chaude et j'en avais bien besoin. Il me tends la boisson que j'attrape rapidement avant de le remercier dans un murmure. Je pose mes lèvres sur le gobelet et bois une petite gorgée qui me brûle la gorge. Malgré le fait que Derek soit attentionné envers moi, je ne peux pas m'empêcher de penser à mon petit bébé que je ne connaîtrai jamais. Tandis que je soupire, Derek s'installe à mes côtés sur le lit avant de poser sa main sur mon genou. Le silence se fait de plus en plus lourd dans la pièce et je passe ma main dans mes cheveux dans un geste gêné. À mes côtés, Derek semble être en train de chercher ses mots afin de me parler et j'ai le pressentiment qu'il va me demander ce qu'il s'est passé. Il se racle la gorge avant de demander :
- Et qu'à dit le docteur ?
Je commence à me triturer les mains avant de lui dire d'une voix lasse :
- Tout va bien... À part la perte du bébé, je n'ai que quelques hématomes... Il m'a même dit que je pourrais avoir d'autres enfants...
Après avoir dit cela, je soupire profondément et regarde Derek qui semble avoir envie de me poser une question. Il a toujours les lèvres pincées quand il s'apprête à poser une question et j'ai la vague impression de savoir ce qu'il va me poser. Durant les moments où j'arrivais à me calmer cette nuit, je sentais qu'il voulait me poser cette question mais qu'il se retenait par pudeur mais également par tact et je le remercie pour cela.
- Derek.
- Hmpf.
- Derek je sais à quoi tu penses...
Il relève la tête et plonge son regard dans le mien. Après tant d'années, je commence à le connaître. Cette fois-ci, c'est sur à moi de me racler la gorge avant de dire :
- Je sais ce que tu vas me demander et je vais te le dire une fois et une fois seulement. Hier soir, dès que tu es partit nous nous sommes disputés. Il a dit des choses et je n'en pouvais plus. Je voulais le quitter au plus vite. Je suis donc montée tandis qu'il continuait de crier. J'ai enfilé mon manteau et ai récupéré mon sac de sport qui contenait les quelques affaires qui me restait à prendre, étant donné que le reste se trouvait déjà dans la voiture. Ne supportant pas que je m'éloigne durant une dispute, il m'a suivie et voyant que je partais il a voulu m'en empêcher. Je voulais récupérer Vicky mais il me barrait le chemin et je voulais avancer mais je reculais et ... et ...
Cependant au fur et à mesure que j'avance dans mon récit de ce qu'il s'est passé hier soir, mes mains se mettent à trembler et je sens des larmes qui commencent à poindre le bout de leur nez dans mes yeux. Voyant mon désarroi, Derek me prends dans ses bras tout en me murmurant des paroles réconfortantes. Je passe mes bras autour de son corps et le serre doucement tout en enfouissant ma tête dans son cou tandis que mes larmes se mettent à couler comme des torrents. Je n'arrive toujours pas à croire que j'ai perdu mon bébé. C'est tellement dur de savoir que je n'aurais pas la chance de le connaître et encore moins le fait que Vicky ne le connaîtra pas et n'aura pas pu jouer son rôle de grande-sœur. Nous restons ainsi quelques minutes tandis que je commence à me calmer peu à peu. Je sens Derek caresser mon dos tendrement tandis que mes larmes continuent de couler le long de mon cou et ruinent sa chemise. Quelques instants plus, je me sépare de notre étreinte et renifle bruyamment. Entendant cela, Derek sort un paquet de mouchoir de son pantalon et me le tends. Je le remercie doucement avant de me moucher bruyamment plusieurs fois.
Deux heures plus tard, alors que nous nous apprêtions à sortir de la chambre, on toque à la porte. Nous nous regardons se demandant bien qui cela pouvait être avant que je prenne la parole :
- Entrez.
Derek se retrouvent vers moi, l'air inquiet, tandis que je me met à respirer profondément. N'attendant pas notre autorisation, la personne rentre et quelle n'est ma surprise lorsque je me rends compte qu'il s'agit de Sébastien. Je soupire profondément, surprise du fait de le voir ici. L'air tout penaud, il rentre dans la pièce et se place devant nous. Dans un élan protecteur, Derek se place devant moi, me bloquant ainsi la vue, et lui siffle :
- Qu'est-ce que tu fous ici toi ?
- Je suis venu voir Gabrielle.
Sans me regarder ni même me demander mon avis, Derek aboie :
- Elle ne veux pas te voir. Dégage de là !
Contrairement à hier soir, il ne dit rien et se contente d'essayer de regarder derrière moi. Il continue d'un ton suppliant, tout en ne faisant comme si Derek n'était pas là :
- S'il te plaît Gabrielle... Il faut que je te parle... S'il te plaît...
- Et moi je te répète qu'elle ne veut pas te voir ! Donc dégage de là avant que tu t'en prennes une !
Sentant Derek en train de se mettre en colère, je pose ma main sur son épaule afin de le calmer quelque peu. Même si je peux comprendre que le fait qu'il soit là le mette en colère, je dois lui parler. Même si au fond de moi le revoir me donne la nausée, il faut que je mette un terme à notre histoire avant que cela ne parte trop loin. J'ai déjà perdu un enfant à cause de lui, je refuse de craindre pour ma vie si je reste avec lui. Je respire profondément avant de dire d'une voix douce, que je veux douce :
- Derek. Je t'en prie. Laisse le me parler.
Derek tourne sa tête dans ma direction et me regarde interloqué. Je soupire profondément et tente de lui faire comprendre qu'il faut que je lui parle mais visiblement Derek ne me comprends pas. C'est pour cela qu'il se retourne vers Sébastien avant de s'exclamer d'une voix forte :
- Pas sans moi ! Je reste ici ! Votre discussion aura lieu avec moi ou n'aura pas lieu du tout.
- T'es pas son garde du corps à ce que je sache, s'exclama Sébastien. Elle peut rester seule cinq minutes !
Je soupire devant le comportement des deux hommes tandis que Derek continue de s'exclamer :
- Avec ce qu'il s'est passé hier soir, je préfère rester avec elle. Si tu vois ce que je veux dire Sébastien !
Tandis qu'il dit cela, je vois Sébastien baisser la tête l'air coupable. À nouveau, je décide de poser ma main sur sur épaule ce qui provoque le fait qu'il se retourne à nouveau vers moi. D'une voix douce, je réitère ma demande. Il faut que je lui parle c'est important. Je ne peux pas partir sans avoir mis un terme à notre relation. C'est plus qu'important. Voyant et comprenant enfin que cela me tenait à cœur, Derek soupire avant de m'embrasser sur le front et de me murmurer :
- S'il y a la moindre chose qui se passe, appelle moi. Je serais juste à côté.
Voyant qu'il accepte enfin que je puisse parler avec Sébastien, seule, je me mets à sourire avant d'hocher la tête et de le remercier dans un murmure. Je sais que si cela n'avait tenu qu'à lui, il serait resté avec moi. Cependant, ce moment doit être privé puisque je m'apprête à le quitter.
Derek soupire profondément avant de quitter la pièce tout en marmonnant des choses inaudibles. Je réprime un sourire devant le regard médusé de Sébastien. Il se passe la main dans ses boucles rousses l'air complètement gêné avant de se racler la gorge et de dire :
- Les médecins m'ont dit que tu avais quelque chose d'important à me dire, que c'était à propos de ta chute et que toi seule pouvait m'en parler.
Je respire profondément avant de lui dire :
- En effet. Il faudrait mieux que tu t'assois.
Il tire le fauteuil près du lit avant de s'exécuter. Je préfère ne pas y aller par quatre chemins, quitte à le blesser. À ce moment précis, je m'en fiche d'être méchante. À cause de lui, j'ai perdu mon enfant. Je respire profondément avant de dire :
- Ma chute n'a pas seulement provoqué quelques blessures légères. Elle a aussi provoqué une fausse couche.
Il me regarde complètement abattu avant de me dire :
- Tu étais enceinte ?! Tu le savais ?
J'hoche la tête avant de dire à mon tour :
- Oui et je comptais te l'annoncer hier soir mais tu en as décidé autrement.
Il se lève d'un bond avant de me dire :
- Mais alors tu comptais me quitter tout en sachant que tu étais enceinte ?!
Je passe ma main sur mon visage avant de dire :
- Je comptais te le dire et je pensais que nous aurions pu trouver un terrain d'entente pour la garde de cet enfant.
- Ah oui ?! Donc tu comptais réellement partir avec mon enfant ?!
- Je viens de te dire que je comptais en parler avec toi, dis-je dans un soupir. Mais visiblement ça ne sers plus à rien puisqu'à cause de toi, cet enfant n'existera jamais...
En entendant cela, Sébastien baisse la tête avant de laisser échapper un gémissement. Il relève la tête, les yeux remplis de larmes avant d'ajouter la voix tremblotante :
- À propos de ça... Je suis désolé de m'être autant emporté hier soir... Mais j'étais en rogne que l'autre vienne chez nous avouer à Vicky qu'il s'agissait de son véritable père. Après tout, c'est moi qui l'ai élevé comme ma propre fille alors qu'elle ne l'est pas ! Je la connais mieux que lui ! Je ne vois pas pourquoi il aurait le droit d'interférer dans nos vies, juste sous prétexte qu'il est son père biologique et qu'il veut mieux la connaître !
Sentant une pointe de colère monter en lui, je lui répond :
- C'est son père biologique. S'il a envie de la connaître c'est son droit. Ce n'est pas comme si j'étais partie comme une voleuse avec son enfant, il y a trois ans de cela.
Je soupire profondément avant d'attraper ma main gauche et de commencer à la triturer, sans jeter un regard dans sa direction. Ma décision est prise et je suis absolument sûre de cette dernière. Je refuse de vivre dans la peur. Sans le regarder, j'enlève délicatement la bague de mon doigt et la dépose dans sa main, sans même y jeter un coup d'œil.
- Je suis lasse de nos disputes et regarde où ça nous a mené. Nous ne cessons de nous disputer à tel point que je commence à avoir peur de toi. Tu n'es plus toi même quand tu es en colère. J'ai peur pour moi ainsi que pour Victoria. Ce n'est pas vivable comme situation. Si nous continuons ainsi et que nous nous marions, je ne donne pas cher de notre mariage. Et c'est pour toutes ces raisons que je ne vois pas pourquoi nous resterions ensemble, ni même pourquoi le mariage aurait toujours lieu.
Des larmes apparaissent dans ses yeux et se mettent à couler le long de ses joues tandis que ses doigts se referment sur cette bague qui signifiait tout il n'y a encore que quelques mois. Même si ça me fait mal, je préfère mettre fin à notre relation maintenant plutôt que de mettre ma vie ainsi que celle de ma fille en danger. À cause de lui, j'ai perdu mon bébé. Je me lève et sans un mot me dirige vers la porte. Alors que j'allais récupérer mon sac à main, j'entends la voix rauque de Sébastien s'exclamer :
- Tu disais que tu m'aimais mais tu ne m'as jamais aimé pas comme tu l'aimes lui ! Au départ, lorsque nous nous sommes rencontrés, je suis tout de suite tombé amoureux de toi mais tu ne m'as pas aimé tout de suite. Tu m'as simplement utilisé dans le but de fournir un toit à ton enfant à naitre.
Je me retourne et lui dit :
- Je t'ai aimé à ma manière mais c'est vrai que je ne t'ai jamais aimé comme je l'ai aimé. Mais je t'ai aimé ! Tu as été d'un grand secours et tu as été mon roc pendant toute ma grossesse et pour cela je ne te remercierais jamais assez. Mais dorénavant, je ne veux pas vivre dans la peur que tu lèves la main sur moi ou sur Victoria. Je refuse de perdre à nouveau un autre enfant. C'est pour cela que je ne veux plus être avec toi. Merci d'avoir été là quand j'en avais le plus besoin...
Sébastien se rapproche de moi et me murmure un rapide « au revoir » avant de sortir de la pièce. En sortant, il manque de se cogner à Derek avant de grogne deux-trois mots et de partir. Je soupire profondément avant de sortir à mon tour de la chambre avec son sac dans la main et lui demande d'une voix douce :
- On y va ?
Il hoche la tête et attrape le sac dans un faible sourire avant que nous nous dirigions vers la sortie.
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