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Vide

-Katarina! Quand arrive ce dossier?!

-Je suis dessus depuis ce matin. Dis-je sur un ton morne.

-Il devait être sur mon bureau pour hier soir! S'écrie ma patronne sur un ton hystérique. Tu crois que nous sommes la pour nous amuser? Les clients attendent leur dossier!

-Je fais de mon mieux.

-J'espère bien, oui! Dans notre agence, nous n'attendons rien de moins que le maximum! Rappelle toi notre slogan, Katarina... l'excellence ou rien!

-Oui Madame.

Il y a quelques temps, j'aurai supporté son air supérieur, contredits ses conneries, je lui aurai expliqué que je ne pouvais pas faire l'impossible et livrer deux dossiers en deux jours - chose dont ma patronne est parfaitement consciente - mais je n'en ai tout simplement pas la force. Je ne ressens même pas de colère en l'entendant tempêter en sortant de mon minuscule bureau, je ne me sens même pas frustrée de voir le regard amusée d'une collègue passant devant l'encadrure de ma porte restée ouverte. À vrai dire, je me sens tout simplement vide, comme si la flamme qui m'animait s'était peu à peu affaiblie pour finalement s'éteindre dans l'indifférence générale. Mon coeur ne saigne pas, il est tout simplement inexistant, comme un trou béant creusé à même ma poitrine et dans lequel toute émotion ou sentiment se noie pour ne plus jamais refaire surface. La vie qui me semblait déjà fade est désormais vidée de tout sens, de toute substance, de tout intérêt. Je ne fonctionne plus que par automatisme: se lever, manger, aller au travail, reprendre le métro pour rentrer, acheter un jeu à gratter au tabac du coin, perdre, rentrer, écrire quelques page d'un roman qui me semble plus plat à chaque lettre que je couche sur l'écran ou le papier, sans savoir où je le mène ni où il me mène.

Finalement, je me glisse dans mes draps et laisse mon esprit s'endormir presque aussitôt. Disparus les longs tourments qui me prenaient à l'heure du coucher, fini les soirées torrides ou les réflexions profondes sur le sens même de la vie. Mes pensées sont aussi vides que mon coeur, et ne m'empêchent plus de dormir. Je ne suis plus qu'un fantôme qui suis le chemin d'une existence morne et monotone dans laquelle je semble me complaire sans trop savoir pourquoi. Ou plutôt... oui, je crois que je sais pourquoi.

Parce qu'elle a disparu.

Pas seulement pour moi. Elle semble avoir tout simplement disparu de la scène et du monde. Plus d'interviews, plus de sortie, plus de concerts, plus de réactions sur les réseaux sociaux, plus d'apparitions officielles... à peine sortie de l'oeuf de l'anonymat, Cheshire est déjà assassinée, telle une petite tortue s'offrant volontiers aux prédateurs au lieu de courir à un rythme effréné vers le couvert des vagues, l'abri de la mer.

Et, bien évidemment, cela vaut aussi pour moi. Après notre discussion, je pensais - j'espérais, même - avoir franchi un cap important. Je comprenais enfin un peu plus de son énigmatique personnage, et j'avais la sensation d'être enfin un peu plus que toutes ces groupies ayant fini contre sa peau nue. Mais quand elle a disparu, je me suis retrouvée incapable de la contacter à nouveau. La fenêtre d'internet était la principale porte ouverte vers son monde, et elle l'a fermée, tout comme son téléphone. Et me voilà abandonnée, à dépérir lentement d'un amour auquel j'ai eu pourtant tant de mal à croire.

Il fait nuit noire lorsque je finis enfin mon dossier. Je m'étire rapidement, et le pose sur le bureau de ma patronne - qui, bien évidemment, est déjà partie depuis longtemps. La longue écharpe que j'enfile autour de mon cou offre une bien piètre résistance au froid glacial qui vient me geler les os dès que je pose le pied dehors, me rappelant amèrement l'attente excitée que j'ai pu ressentir il y a quelques semaines dans l'espoir de recroiser celle qui seule a le pouvoir de réchauffer mon coeur. Malgré la température, pas la moindre once de neige pour ajouter un peu de féérie dans la morne grisaille parisienne. Le métro est plein, comme à son habitude, et les odeurs de crasse, de sueur et d'ennui viennent abreuver mon esprit plat et fatigué. C'est étrange, quand j'y pense... je dors plus que jamais, mais jamais n'ai-je été aussi exténuée, comme si un poids immense pesait chaque instant sur mes épaules, menaçant de me faire craquer.

Dans la foule suante des travailleurs rentrant chez eux, je sentis quelque chose se glisser contre mes fesses. Une main, inconnue, sale, perverse, profitant de l'anonymat du nombre pour assouvir quelqu'immonde pulsion. L'envie me monte de me retourner pour mettre une raclée à l'insolent, mais aussi vite que j'y pense, ma torpeur me reprends. À quoi bon lutter, après tout? Si je suis la cible aujourd'hui, c'est que je dois vraiment donner une image bien faible... c'est peut être ce que je suis devenu, finalement. Une pauvre fille aux rêves évadés, gaspillant son peu d'argent dans les jeux et se laissant faire par les pervers par lassitude autant que par couardise. Ma propre existence en vient à me dégouter, et ce n'est pas un sentiment nouveau pour moi. Cela fait juste... longtemps que je ne l'avais pas croisé. Comme un vieil ennemi qui profite de la première faiblesse pour refaire son apparition, une part de moi qui ne part jamais réellement et attend sagement son heure, tapie dans l'ombre de mon subconscient. J'aimerai lui résister, mais à quoi bon? La simple disparition d'une femme qui pourrait tout aussi bien être une inconnue me jette plus bas que terre. Comment pourrais-je faire face à quoi que ce soit d'autre?

Mon jeu à gratter n'est pas plus gagnant que d'habitude, et les marches qui mènent jusqu'à mon appartement me semblent infinies. Quand j'en pousse enfin la porte, ne m'accueillent que froideur et obscurité. La petite chambre de bonne semble tout aussi glaciale que l'extérieur, et seule la lumière de mon ordinateur déchire le noir absolu de la pièce. À pas lents et las, je m'approche du bureau sur lequel il trône, comme me narguant de venir le consulter. Tiens... un mail.

De mon éditeur. Il semble que, encore une fois, le manuscrit n'ait pas été à leur convenance. L'histoire ne leur plait plus. Il faudrait tout reprendre à zéro.

Ma main se serre sur le dossier de ma chaise, alors que je fixe durement l'écran. Peut être suis-je en train d'espérer que, si je l'intimide suffisamment, il accepte de cesser immédiatement cette mauvaise blague et de me rendre la vie si belle qui semblait commencer à se profiler devant mes yeux... amour, réussite, amis... je les ai tant rêvés, j'ai presque eu la sensation de les toucher.

Tout ce qu'il me reste désormais est le vague souvenir d'une inconnue accompagnée d'une fragrance mentholée, et la chaleur de mes larmes qui elle seul parvient à me réchauffer dans la froideur de l'hiver.

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