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Marché de Noël

Mon pied se détache du sol, alors que mon autre est encore en l'air. L'air quitte mes poumons pendant l'espace d'un instant, et je ressens le froid glacial qui m'étreint, alors que le ciel bleu semble s'éloigner de moi un peu plus chaque seconde. Je... tombe... mon bras se tend vers l'éther, tentant absurdement de m'y accrocher dans un dernier espoir bien vain. Mais rien n'y fait. Rien ne retient ma chute inexorable.

-Aïe!

-Fais attention lorsque tu marches. Il a gelé cette nuit. Me lance nonchalamment Emilie sans pour autant s'arrêter, tandis que je me relève difficilement du tas de neige qui vient d'amortir ma chute.

-J'imaginais pas que ça serait aussi gelé! Dis-je en frottant machinalement mon arrière train blessé. Tu aurais pu me retenir...

-Tu es plus lourde que moi, nous serions juste tombées toutes les deux. Fait-elle remarquer.

-Mpf... au moins j'aurais moins eu l'air bête.

J'évite les quelques regards qui fixent avec amusement les fragments de neige encore accrochés dans mes vêtements. Oui... après tout, nous sommes en plein marché de Noël, à moins d'une semaine de l'échéance, et tout le monde a l'air de s'être donné rendez vous ici. J'avais déjà entendu parler du « marché de Noël Strasbourgeois » mais dans mon imagination de parisienne, ça ne devait pas bien être différent de ce que la capitale peut proposer chaque année... quelle erreur! Jamais Paris n'a été aussi décorée et belle que ne l'est le centre de Strasbourg, et jamais les petites baraques alignées sur les champs n'ont eut le charme de ces dizaines de petit chalets de bois entassés sur places et allées, créant comme un deuxième réseau de rue dans la rue, et dans lequel se pressent moult touristes de toutes horizons - j'ai entendu bien plus de langues différentes que de phrases en français depuis que nous nous sommes engouffrées dans ce labyrinthe mercantile. Emilie mène notre promenade d'un pas vif et décidé, coupant la foule par la simple aura que dégage son expression presque hautaine liée à la beauté de ses traits et à la blancheur de sa chevelure - un détail qui ravit les nombreux visiteurs asiatiques, qui déchainent leurs appareils photos sur son passage.

-Tu as ton petit succès, à ce que je vois. Fais-je sur un ton qui laisse transparaître un peu trop de possessivité à mon goût, et que je regrette immédiatement.

-T'es pas vraiment en reste. Me fait-elle remarquer. Avec des cheveux comme les tiens, tu attire plutôt l'attention.

Je sais que je rougis, et ne peux rien y faire alors qu'elle est désormais face à moi. D'une main fébrile, je saisis une mèche sur mon épaule et en contemple longuement le rouge vif.

-J'y peux rien... au moins c'est dans le thème de la saison!

Mais lorsque je relève les yeux vers elle, mon regard croise sa poitrine toute proche de la mienne, dont le volume est amoindri par son épaisse veste et par la longue écharpe enroulée nonchalamment autour de son cou fin, et son visage m'apparaît finalement. Trop... trop proche... la buée qui filtre de ses lèvres s'emmêle avec la mienne, et ses longs cheveux se confondent presque avec la blancheur de l'arrière plan. Sa main, tendue, court un instant au milieu de mes mèches, avant d'en ressortir comme si de rien n'était, me laissant pantelante et subjuguée, tandis que l'ange se détourne et laisse réapparaître le reste du monde dans mon champ de vision.

-T'avais un peu de neige encore dans les cheveux. Dit-elle simplement.

Mais c'est bien insuffisant pour briser le sort qu'elle a lancé sur moi, et il me faut toute la volonté du monde pour me forcer à avancer dans ses pas au coeur de la cité en fête.

-Pourquoi sommes nous là, au juste? Demande-t-elle. Tu veux acheter quelque chose?

-Euh... ben de base, c'était pour visiter, mais si quelque chose me plaît je ne m'en priverai pas.

-Visiter... ce n'est qu'une sorte de gros centre commercial à ciel ouvert, non?

-Un centre commercial n'a pas ce charme.

Face à son air peu convaincu, je demande.

-Tu as déjà goûté du vin chaud?

-Hum... non.

-Quoi? Mais qu'as tu bien pu faire lors de tes précédents marchés de Noël? On ne peut pas aller à un marché de Noël sans boire une coupe de vain chaud!

-C'est le premier.

-Hein?

-C'est mon premier marché de Noël! Voilà, t'es contente?

-Pas... spécialement, non... je pensais juste que c'était... quelque chose de classique auquel toutes les familles vont au moins une fois.

Je tressaille sur le mot famille, tout en comprenant toute l'implication de venir dans un lieu comme celui ci. Finalement, c'est un lieu de communion familiale mais aussi de nostalgie... on repense à l'enfance, aux cadeaux sous le sapin, aux repas de famille, à tant de choses qu'Emilie, elle, n'a connu qu'après ses 13 ans... peu importe la vie de famille qu'elle ait pu avoir après, il semble évident qu'un sentiment de déconnexion apparaisse vis à vis d'une telle fête...

-Je crois qu'on a des choses à rattraper dans ce cas. Dis-je en lui saisissant le bras, et en l'entrainant à travers les ruelles.

-Hey! D-doucement!

-Tu rigoles? On a beaucoup trop de choses à faire avant la fin de la journée! Dépêche toi!

Je ne reçois pas d'autre réponse qu'un regard troublé, suivi d'un demi sourire résigné.

Je lui fais faire le grand tour. Des petites figurines sculptées aux santons directement importés de Provence, en passant par les décorations ou, évidemment, par la bouffe. Je ne résiste pas à l'envie d'acheter quelques guirlandes, dont les couleurs rouges et or égaient mon coeur. Je n'hésite pas un instant devant les têtes de chocos, en achetant une boîte complète, ni devant les marrons chauds qu'Emilie picore avec appétit. Chaque étape est une nouveauté, chaque nouveauté une étoile de plus dans ces yeux qui tentent de les cacher, et chaque étoile m'en apprend un peu plus sur celle que mon coeur a placée au dessus de toute autre. Ainsi, elle n'aime pas trop la foule; sa couleur préférée semble être le rouge, bien qu'elle m'affirme ne jamais avoir réfléchi à une question aussi stupide que de savoir « quelle couleur elle préfère ». Elle admire vraiment le travail que peuvent réaliser les gens avec leur main, s'attendrit devant chaque enfant qu'elle croise, et se crispe devant chaque costard. Elle adore le chocolat, les marrons et la noix de coco, mais semble détester le chocolat blanc. Chacune de ces informations est comme une pépite d'or arrachée à la force de mes mains aux roches gelées par le blizzard: je les range précieusement là où, chaque jour, je pourrai contempler leur éclat en toute sérénité. Ce sont mes trésors les plus importants, et que personne ne pourra jamais m'ôter.

Des pépites d'elle, scintillant au creux de ma main comme mille diamants.

Finalement, la dernière étape de notre odyssée nous mène à une petite échoppe au bout d'une rue. Juste devant elle, se trouve l'un de ces panneaux de bois peints dans lesquels on glisse son visage pour prendre des photos.

-Tu veux prendre une photo? Fais-je, souriant malgré moi en voyant l'image d'un prince et d'une princesse peints sur la plaque.

-Tu as quel âge au juste, 9 ans? Me rabroue Emilie.

-Allons allons jeunes gens, donnez moi votre appareil que je vous prenne. Propose la vieille femme tenant la petite échoppe, dont une douce odeur émane sans s'arrêter.

-Oh, vous n'avez pas besoin de...

-Vraiment? Merci beaucoup! Fais-je, coupant Emilie, ce qui me vaut un regard noir.

J'explique rapidement le fonctionnement de mon téléphone à la petite vieille femme, avant d'aller glisser ma tête dans un des deux trous.

-C'est ridicule. Grommelle Emilie, pourtant elle aussi à son emplacement.

-Voyons jeune fille, souriez! Pouffe gentiment la vieille femme. Même avec ma vue qui baisse, je vois très bien que ce n'est pas un sourire.

Prise de court, je sens Emilie qui se tend légèrement, cependant incapable de voir son expression.

-Un vrai sourire! L'encourage la vieille femme. Vous êtes complètement crispée... voila, restez comme ça...

Une longue pause a lieu, pendant laquelle la dame semble prendre plus de photo que la mémoire de mon téléphone ne le permette.

-C'est bon! Tout est dedans. S'exclame joyeusement la tenancière en s'avançant dans notre direction, et en me tendant mon téléphone. Vous savez... continue-t-elle, mais en s'adressant à Emilie. Je m'en doutais, mais lorsque vous souriez, vous êtes encore plus magnifique! Vous devriez essayer de sourire un petit peu plus...

-Comme vous l'avez dit, un sourire crispé et faux ne vaut pas un vrai sourire. Répond tout simplement Emilie.

-Dans ce cas, il faut apprendre à sourire. Apprendre à apprécier ce que la vie nous donne, et à ne pas laisser les tracas du quotidien nous la gâcher.

-Il y a parfois plus que des tracas du quotidien. Répond Emilie en détournant le regard, tandis que la vielle femme reprend sa place dans son stand, juste derrière la plaque de bois.

-C'est vrai... je vous sers un vin chaud chacune?

-Oui, s'il vous plait. Fais-je, espérant dissiper un peu l'atmosphère.

-C'est une recette toute particulière de mon invention, avec un assortiment tout particulier d'épices! Vente-t-elle sa boisson en en versant deux portions fumantes dans des gobelets qu'elle nous tend, avant que je ne sorte mon porte monnaie pour payer.

Emilie porte son gobelet à sa bouche et, après avoir soufflé plusieurs fois sur le liquide fumant, elle y trempe timidement ses lèvres, de peur de se brûler.

-Alors?

-Hum, c'est... c'est vraiment bon... ça réchauffe l'estomac et réveille les papilles. Je... ne m'attendais pas à ça. Avoue une Emilie un peu troublée.

La tenancière sourit.

-L'année dernière, je tenais cette boutique avec mon mari. Celle d'avant aussi, ainsi que celle d'encore avant et... oh, à vrai dire, j'ai perdu le compte il y a bien longtemps. Mais cette année, l'âge l'a emporté, et je me retrouve seule pour tenir l'échoppe.

Un silence tombe, puis un sourire se dessine sur son visage.

-C'est peut être parce que je suis âgée et que je me suis faite une raison, mais malgré son départ... je continue à sourire. Parce qu'il n'aimerait pas savoir que sa disparition me rend triste. Tout semble plus beau avec le sourire aux lèvres, jeune fille. Ne l'oubliez pas...

Emilie hoche légèrement la tête avant de reprendre une longue gorgée de liquide brûlant, et de tendre son verre avec un sourire un peu maladroit.

-Puis-je en ravoir?

-Bien sûr... c'est moi qui offre.

Et, tandis que la vieille femme verse son breuvage, mes yeux restent fixés sur la cicatrice qui paraît au poignet d'Emilie lorsque, son bras tendu, sa manche la laisse apparaître. Et je ne peux que me permettre de penser que, à côté des horreurs de son passé, la triste histoire de la tenancière semble bien peu...

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