
Chapitre 6 [ Au pluriel ]
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— Tu penses qu'elle se réveillera ?
— Je n'en sais rien, mais j'espère pas.
— Tu n'as vraiment pas d'empathie.
— Je n'ai pas besoin d'en avoir pour qui que ce soit, signal le moi quand t'auras les informations nécessaires.
— Attends !
— Quoi encore ?
— Je fais quoi si elle ne nous rapporte rien ?
— Liam, tu me poses vraiment la question ?
— Non, je plaisantais..
— Et rappel toi, ne me dérange pas pour des choses futiles.
— D'accord..On se revoit ce soir.
Les voix résonnaient dans ma tête, le bruit du coup de feu était ancré dans mon cerveau. Mon corps entier me faisait souffrir le martyre, j'avais l'impression de me déchirer de l'intérieur. Les yeux fermés, je distinguais seulement la lueur de la lumière qui traversait mes paupières. Je voulais que tout s'arrête, qu'on m'emporte loin de ce monde.
Pourquoi mon corps se bat-il autant pour me maintenir en vie ?
Mon ouïe toujours fonctionnelle, j'entendis une porte claquer, suivis d'un souffle. Les souvenirs liés à cette porte particulièrement me revinrent en tête. Le gris poussiéreux qui la parcourait, l'homme qui y entrait et sortait, elle annonçait le début et la fin de mon enfer. Cette boucle était temporelle, la douleur ne cessait jamais.
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Hashley 12 ans, Westwood, États-Unis
Enfermée dans ma chambre je ne voyais que les quatre murs de celle-ci depuis 6 ans. Cet endroit me rassurait, le verrou de cette porte me réconfortait. J'étais allongée sur mon lit face au mur, la main de ma mère passait tendrement dans mes cheveux. Son geste doux me mettait à l'aise et m'apaisait dans ce lieu qui était censé être "chez moi".
— Hashley, je vais devoir aller faire des examens à l'hôpital demain.
Je m'attendais à ce qu'elle me parle de sa santé un jour ou l'autre. Elle ne s'alimentait plus correctement, son état de fatigue s'accumulait, son visage respirait le mal-être. Je n'étais pas aveugle, je voyais bien que quelque chose n'allait pas depuis un moment. J'admirai le courage qu'elle avait, malgré son environnement de vie elle ne montrait pas une once de faiblesse à mon petit frère et moi.
— Tu pourras t'occuper de Lewis jusqu'à mon retour ma chérie ?
— Oui..Tu reviendras vite ?
— Aussi vite que possible, me dit-elle en souriant.
L'affaissement de mon lit derrière mon dos disparu, ma mère s'était levée et s'apprêta à quitter ma chambre. Je me retournai pour la voire partir, mes yeux regardaient les siens remplis d'amour.
— Je t'aime fort Hashley.
— Je t'aime aussi maman.
Sur ces mots, elle partit et me laissa de nouveau dans ma solitude.
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Mes yeux s'ouvrirent tant bien que mal, ma vue était floue à cause de la lumière en direction de mon visage. J'essayais tout de même de distinguer où j'étais mais je ne reconnut rien de familier. Je tentais de bouger mes bras mais remarquais-je que s'était impossible. Assises sur une chaise, les mains attachées au dos empêchaient tous mouvements. Une migraine frappa ma tête et mes jambes étaient engourdies. Je regardai mon corps en esquivant du regard la lumière qui éblouissait mes pupilles, j'étais encore vêtue de la robe que je portais la veille.
Les yeux plissés je ne pouvais qu'attendre, la pièce était sombre, seulement une chaise vide était placée en face de moi. J'étais tellement épuisée par tous les événements que je ne réagissais plus à rien. La tête penchée vers le sol je remarquai que je n'étais plus chaussée de mes talons qui d'un côté me faisaient douloureusement mal.
— Tu es réveillée à ce que je vois.
Cette voix soudaine me surprise, le timbre de voix m'indiquait que c'était un homme. La pièce était assez sombre dans les coins pour que je ne puisse pas voir qui me parlait. La situation m'angoissait, la position dans laquelle je me trouvais m'effrayant.
C'est-à-dire un homme en toute liberté de ses mouvements, contrairement à moi assise et attachée sur une chaise.
Qui plus est dans la même pièce.
Je n'ai jamais porté ma confiance à personne d'autre qu'à ma mère et Jake, ma méfiance grandissait d'autant plus que c'était un homme. Je sentais son regard sur moi mais je ne remontais pas la tête par peur de défier la réalité qui se trouvait en face de moi.
— Tu ne dis rien beauté ?
À la deuxième parole de cet homme à mon égard, sa voix me parut familière, je connaissais cette intonation et le surnom qu'il me donna. Je cherchais dans mes souvenirs mais l'homme ne me laissa pas plus de temps et s'approcha de la source lumineuse. Mon cœur chuta, les souvenirs que j'avais oubliés de la soirée dernière dévalaient à la vitesse de la lumière.
La mission, Jake qui m'appelle, mon retard, ma panique dans les escaliers, le courant coupé, l'homme qui m'avait attrapé, son visage sévère ainsi que son arme pointée sur moi. Absolument tout me tombait en cascade et ma panique reprise de plus belle.
— Ça va ? T'as l'air d'avoir vu un fantôme.
La question de l'homme aux cheveux blonds que j'avais aperçu en dehors du casino et à l'intérieur au bar était la plus stupide qui soit. Il s'assit sur la chaise en face de la mienne et croisa les jambes, il décala la lampe de mon visage pour que je puisse sans doute mieux voir. Mes yeux s'ouvrissent plus facilement mais ma vision était toujours tintée de la lumière jaune qui m'aveuglait quelques secondes auparavant.
— Bon bah tu me feras signe que t'auras décidé de parler, me dit-il en baillant.
— Tu me veux quoi ? Répondais-je sur un ton tranchant.
Il me fusilla du regard et se rapprocha de moi.
— Je te retourne la question beauté.
J'étais rouge de colère, il me méprisait et je détestais cette sensation. Je le fusillai du regard en retour et répondis avec des jurons.
— Ferme-la et dis-moi qu'est-ce que je fous ici ? Vous êtes qui ? C'était ton plan depuis le début ? Où suis-je ? Pendant combien de temps j'étais endormie ?
— Doucement, déjà c'est moi qui pose les questions ici au cas où tu ne l'aurais pas remarquée. Il me montra de ses yeux mes poignets attachés au dos de la chaise.
— Je n'ai aucunement l'intention de répondre comme un petit toutou à tes questions alors que tu m'as kidnappé connard !
D'un geste rapide il sortit une arme à feu qu'il dissimulait sur lui et la posa sur sa cuisse. Mon corps se raidit à la vue de cet objet qui avait failli m'enlever la vie hier soir. Il aperçut mon comportement se calmer et en profita pour reprendre le fil de la discussion.
— Très bien, donc je me répète mais c'est moi qui pose les questions et ensuite je te laisserais peut-être m'en poser c'est clair ? Son sourire s'élargissait quand il vit que je ne protestais pas à ses consignes.
— Qui es-tu ?
Sa question m'étonna, il m'avait kidnappé mais ne savait pas qui j'étais ? J'en déduis que ce n'était pas dans ses plans ce qui me soulageais d'une manière ou d'une autre.
— Hashley.
— Hashley comment ?
— Hashley Johnson.
— Tu travailles pour quelle organisation ?
— Une organisation ? Tu te fous de moi j'ai la gueule d'être une salope qui tue des gens ? Cette question m'irrita encore plus en sachant toutes les actions inhumaines qu'étaient capables ces personnes.
— Ne m'obliges pas à ne plus être autant sympa avec toi Hashley parce que contraire à toi, moi je suis un salop qui tue des gens comme tu l'as si bien dit. Puis il remplit son arme d'un chargeur à balles et le reposa sur sa cuisse droite.
Les yeux rivés sur l'arme qui était à présent chargée je répondis :
— Je ne fais partie d'aucune organisation de ce genre.
— Pourquoi t'étais à la soirée ?
— Pour rien je m'amusais.
— Ah tiens tu t'amusais ? Dit-il en ricanant avant de tirer sur la gâchette de son arme.
— J'étais là pour une vente de stupéfiants, soufflais-je.
— Pour quelles raisons des dealers devraient se faire passer pour le groupe White ?
— Ça ce n'est pas à moi qu'il faut demander.
— À qui Hashley ?
— J'étais avec un ami, c'est lui qui nous a donné ce nom en guise de couverture. Mais comment savez-vous que j'ai utilisé le nom de cette famille pour entrer ?
— Tu te dessines sur la clavicule le chiffre 5 en chiffre romain et tu me demandes comment je l'ai su ?
Je me suis sentie stupide de ne pas avoir saisi plus tôt que le faux tatouage de Jake était en rapport avec le groupe White. L'homme en face de moi regarda la marque du chiffre à moitié effacée sur mon torse. Il continua son interrogatoire interminable.
— Enfin bref, qu'est-ce que tu as vu ce soir-là ?
— Qu'est-ce que j'ai vu ?
— Ne tourne pas autour du pot, qu'as-tu vu juste avant de t'être évanouie ?
— Je me suis évanouie ? J'ai dormi pendant combien temps ?
— Pendant au moins une demi-journée.
— Quoi ? Et il ne vous est pas venu à l'idée de m'emmener à l'hôpital bandes de malades ! Ma voix augmenta sans que je m'en aperçoive quand je prononçai ces mots folle de rage.
— T'as oubliée dans quel monde nous vivons ou quoi ? Reviens sur terre toi et moi nous ne sommes pas des personnes normales pour nous rendre comme si de rien n'était à l'hôpital. Je n'ai pas plus de temps à perdre avec toi alors dépêche-toi de me dire ce que tu as vu dans la pièce où t'es entré.
Nous discutons depuis maintenant un long moment, la lueur du jour avait disparu pour laisser place à la tombée de la nuit. Je n'avais aucun moyen de sortir d'ici de mon propre chef alors lui dire la vérité me semblait la meilleure option.
— J'avais une vente de prévue à cet endroit, le courant a été coupé au même moment, je ne savais pas pourquoi ni comment. J'ai paniqué quand quelqu'un m'a attrapé et m'a menacé de me tuer.
— Tu as vu son visage ?
— Bien sûr j'avais la lampe de mon téléphone qui nous éclairait, j'ai vu son visage quand j'ai essayé de me débattre.
— Putain..On est dans une grosse merde, dit-il les mains dans son visage, son expression faciale était exaspérée par ce que je venais de lui dévoiler.
Mais un mot en particulier retint mon attention, je pensais enfin qu'il allait me laisser partir après ma confession, cependant mon intuition me dit que je n'étais pas prête de partir d'ici.
— On ?
— Lui, toi et moi.
Son ton était plus que sérieux, il me regardait droit dans les yeux. Mais ce qui m'inquiétait actuellement était le fait qu'il m'inclût dans son "on".
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Encore un chapitre qui s'achève, merci d'avoir pris le temps de lire, j'espère que celui-ci aussi a été entraînant et sympa à lire !
N'hésitez pas noté et me faire part de vos avis sur ce je vous redis :
On se retrouve au chapitre 7 ;)
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