Chapitre 4
L'obscurité complète, à l'exception de l'halo de lumière dans lequel il se trouvait. Sven resta debout, tremblant, inquiet de ce savoir seul dans ce lieu qui lui semblait si vaste. Il balaya l'environnement de son regard, l'anxiété lui étreignant le cœur et l'empêchant de respirer correctement.
"C'est un cauchemar... un simple cauchemar..." il avait soufflé, et sa voix se répéta dans un écho moqueur.
Son esprit comprenait que c'était un cauchemar, mais il ne pouvait rien y faire. Il ne savait pas comment se tirer de là, comment s'éveiller. Il voulait se réveiller.
"Réveilles toi...réveilles toi...!"
La chaleur le gagnait, une chaleur étouffante qui lui faisait tourner la tête. Il prit de grandes bouffées d'air, ferma les yeux, essaya de reprendre son calme. Mais malgré les yeux fermés, il continuait de se voir, de se voir recroquevillé au centre de cet halo.
"Réveilles-toi... !"
Il sanglotait presque, suppliant qu'on le laisse quitter cet endroit, et son cœur semblait battre toujours plus fort, trop fort.
Il releva soudain les yeux, car instinctivement il avait su que quelqu'un se tenait là, face à lui, à l'observer. Sven hoqueta, resta pétrifié par la peur, alors que RHM le dominait de sa hauteur, le fixait d'un regard terne.
Il aurait dû être rassuré de sa présence, mais il n'en était rien. Sven savait qu'il y avait un danger, que quelque chose n'allait pas.
Il vit l'arme à feu braquée sur lui.
Il cessa de respirer.
Et il se réveilla en sursaut. La noirceur opaque laissa place à l'obscurité de sa chambre, le regard de RHM fut remplacé par son plafond vierge. Sven réalisa qu'il avait réellement cessé de respirer quand son corps le poussa à inspirer comme un fou, craignant l'asphyxie.
Il toussa, se redressa pour ne pas s'étouffer, passa une main sur ses yeux humides qui commençaient à le piquer.
Il cracha une insulte :
"Putain...!"
Il referma les yeux en essayant de reprendre le contrôle de sa respiration, l'esprit complètement confus. Il détestait rêver, il n'y comprenait jamais rien. C'était d'autant plus désagréable qu'il avait cette sensation affreuse d'avoir dormi à la fois trop longtemps et pas assez, se retrouvant dans un état de confusion et de nausée qui ne faisait qu'augmenter sa frustration et sa colère.
Il grimaça et quitta le lit sans réfléchir, se déshabilla par automatisme avant de finir sous l'eau glacée de la douche. Au moins cela le réveilla un peu mieux, même s'il n'avait pas repris tous ses esprits.
Il poussa un profond soupir. Au loin, venant de la chambre, il entendit son réveil se mettre à sonner. Cela le ramena un peu mieux à la réalité, et il sortit de la douche pour se sécher rapidement afin de s'habiller. La mission allait avoir lieu, bientôt RHM serait sur le terrain pour sauver Reginald...
Sven secoua la tête, essayant de chasser ses inquiétudes. Tout allait bien se passer, il n'y avait aucune raison que ça tourne mal ! Mais il avait beau se répéter que tout irait bien, qu'ils avaient pris toutes les précautions, le doute persistait, restait bien ancré en lui, dans son cœur comme dans son esprit. Le jeune homme ne voulait pas que ses camarades soient blessés, et encore moins que RHM le soit ! Alors pouvait-on vraiment lui tenir rigueur d'être si inquiet ?
Il finit par sortir de la chambre et se dirigea vers la salle de communication, espérant trouver un peu de réconfort auprès de Burt avant le début des opérations. Il aurait bien été voir RHM mais il se doutait que celui-ci devait être en plein préparatif, ce n'était pas le moment de le distraire.
Pourtant il n'atteignit pas sa destination, se faisant intercepter par Icepick qui paressait contrarié :
"Ah Sven tu tombes bien ! Rends-moi un service !"
Le blond n'avait même pas eut le temps de le saluer qu'il se retrouva malgré lui avec une pile de documents dans les bras, une pile si grande qu'elle lui cachait presque la vue :
"Je dois aller aider à l'armement, tu peux amener ça au bureau du boss ? Merci !"
Sven fut d'abord muet, regardant son camarade partir aussitôt. Puis il se sentit en colère : Icepick était gonflé, il aurait pu lui demander son avis avant de lui donner son travail ! Sven n'aurait pas refusé, mais ça aurait été la moindre des politesses !
Il grogna un peu, mécontent, et s'éloigna de sa route initiale pour se diriger vers le bureau de RHM dont il connaissait le chemin par cœur.
Au fond ça lui donnait une bonne raison d'aller voir son chef, même s'il n'était pas sûr de le trouver à son bureau.
Il soupira longuement, vraiment agacé. Il aurait préféré être avec Burt, plaisanter avec lui et se changer les idées.
Il arriva à destination, continuant de maugréer des insultes envers Icepick, et usa de son coude pour ouvrir la porte et pénétrer dans la pièce, qu'il trouva déserte.
RHM n'était pas là.
Sven se stoppa pour observer chaque recoin de la salle, sans pouvoir maîtriser la déception qui était venue serrer son cœur. Et en même temps peut être était-ce mieux comme ça, peut être ne valait-il mieux pas qu'il voit son amant, autrement son appréhension et son inquiétude n'allaient faire que grandir encore plus.
Il s'avança vers le bureau sur lequel il déposa les documents. Il observa la pile un instant, avant de se frotter la nuque :
"... peut-être que je peux ranger ça... ça lui fera moins de travail...?"
Il commença à regarder les documents, leurs titres, leurs donnés, juste pour savoir ce dont ça parlait. Puis il laissa la pile sur le bureau et s'approcha de l'étagère afin d'observer les rangements.
Ce qu'il n'avait pas prévu, c'était de tomber sur un cadre photo qui décorait le meuble. Il ne l'avait jamais aperçu avant, peut-être car il n'avait jamais eu besoin de s'approcher de cette étagère jusqu'à aujourd'hui.
La photo représentait les Toppats les plus importants du Clan. Bien sûr Reginald se trouvait au centre, la tête haute, le sourire orgueilleux. A sa gauche se trouvait Hanz, avec sa posture hautaine et son regard enflammé. Et à sa droite on trouvait RHM qui n'avait pas encore ses ajouts cybernétiques, qui était un peu plus voûté que les deux autres, qui cherchait presque à se cacher derrière son chapeau, comme s'il avait été agacé par la photo.
Et pourtant, à force d'observer, Sven distinguait presque un sourire de la part du roux. Un sourire très discret, mais qui était bien là, alors qu'il observait Reginald en biais.
Reginald et RHM étaient proches. Vraiment très proches. Beaucoup trop proches.
'Pourvu que Right ne te remplace pas' lui avait dit Hanz. Mais de qui se moquait-il ? Ce n'était pas lui qui allait se faire remplacer. Au contraire, c'était lui qui avait remplacé Reginald. Mais maintenant que celui-ci allait revenir...
"... tout va retourner à la normale..."
Cette courte relation avec RHM allait prendre fin. Bientôt il ne redeviendrait qu'un Toppat parmi tant d'autres à ses yeux. Au fond, il le savait... il savait depuis le début que ça ne pouvait pas durer.
Et pourtant cette réalisation venait de le surprendre. A quoi s'attendait-il exactement ? Vivre le grand amour, se marier et avoir beaucoup d'enfants ? Il n'était pas dans un film Disney.
"... putain..."
Il étouffa un hoquet, commençant à se sentir nauséeux, et passa une main sur ses yeux qui commençaient à le piquer.
"Putain, je suis trop con..."
Ce n'était pas le moment de fondre en larmes. Il n'était pas du tout au bon endroit pour ça. Et puis il n'était plus un enfant, il avait passé l'âge de pleurer pour des peines de cœur.
Il inspira pour se calmer, une fois, deux fois.
"Je vais bien."
Il avait essayé de parler à voix haute pour voir s'il allait craquer. Heureusement ça n'arriva pas, sa voix était même assez normale, à son grand étonnement. Il prit une autre inspiration, répéta une seconde fois "Je vais bien", et se détourna pour récupérer les documents et les ranger comme il souhaitait le faire dans un premier temps.
Malheureusement il se sentait trembler, juste soulever un dossier lui paraissait un calvaire tant il se sentait fébrile. Il avait l'impression d'avoir reçu un coup de massue qui l'avait complètement sonné.
Il était tellement sonné qu'il n'entendit pas la porte du bureau s'ouvrir.
"Sven ?"
La voix de RHM fut la seule source de bruit, et pour le jeune blond cela parut sorti de nul part. Lui qui était dans son petit monde, à se morfondre sur ses soucis, cette voix fut une telle surprise qu'il poussa un cri, se retourna vivement pour regarder son chef, et dans la précipitation il laissa échapper certains documents qui finirent sur le sol.
Il devint quasi livide, paniqué presque, ayant perdu le peu de volonté qu'il avait quelques minutes plus tôt. Il essaya de se répéter, cette fois dans son esprit "Je vais bien", dans l'espoir de se calmer face à son supérieur :
"C-Chef, je .. c'est... désolé, j'étais juste..."
Pendant qu'il bégayait il avait détourné le regard, s'était accroupi pour ramasser les documents, mais il se maudissait de vouloir pleurer à nouveau. Pourquoi la simple vue de RHM lui faisait perdre ses moyens ? Pourquoi était-il rentré maintenant ?
Il retint son souffle en sentant le cyborg s'approcher.
"... Sven, que fais-tu ici ? Tu m'as déjà rendu tous tes rapports.
- ... Je...J'ai apporté les dossiers de Icepick..."
RHM s'agenouilla à son tour, l'aidant à ramasser les dernières feuilles. Pourtant il ne laissa pas Sven se relever, venant lui attraper le poignet pour le retenir.
Le plus jeune eut un autre sursaut, regarda son chef sur le coup avant de fuir à nouveau son regard, la gorge sèche.
Cela fit froncer les sourcils au cyborg, qui ne lâchait plus son amant des yeux.
"... Sven... Que se passe-t-il ?
-... R-Rien...je... vous m'avez surpris..."
Mais RHM n'était pas dupe, Sven était bien trop nerveux pour que ce soit dû à de la simple surprise. Inquiet, il reposa les documents par terre et fit de même avec ceux que tenaient son amant, avant de venir attraper son menton de sa main libre pour l'obliger à le regarder.
Sven ne lutta pas malgré ses tremblements, il ne parvenait jamais à lutter face au plus âgé.
"... C'est à cause de la mission ? demanda doucement son chef. Tu es inquiet ?"
Sven s'étonna de la question, et RHM prit ça comme une réponse positive. Il glissa la main sur la joue du plus jeune et lui caressa tendrement :
"Tout ira bien... Nous avons étudié le terrain et les effectifs. La mission ne s'éternisera pas et tout le monde reviendra sain et sauf, moi compris."
Il lui offrit un sourire rassurant :
"Et je suis un cyborg, je suis résistant."
Sven hésita, mais que RHM cherche à le rassurer - et ça fonctionnait, après tout il était vrai que le plus jeune appréhendait la mission - le rendait heureux, le faisait doucement rougir et hocher la tête, sa respiration devenant moins chaotique.
Satisfait, le cyborg posa son front contre le sien :
"Bien. Je vais devoir y aller, mais pendant mon absence promets moi de prendre soin de toi, et de ne pas te rendre malade d'inquiétude, d'accord ?
-D'accord... Oui, Promis..."
RHM déposa un tendre baiser contre ses lèvres. Ce fut court, mais ce fut suffisant pour que Sven sente une douce chaleur s'emparer de lui et le faire sourire timidement. Son chef avait cette faculté de le faire jongler entre les émotions, c'était surprenant.
Ils se redressèrent tous les deux et Sven hésita à accompagner son amant jusqu'à la salle de téléportation. Mais il se rappela des dossiers qu'il devait ranger et cela le fit soupirer.
"... Chef...?
- Oui, qui a-t-il ?
- ... Je vais bien surveiller la station en votre absence, alors concentrez vous sur cette mission sans crainte !"
Le cyborg le regarda avec surprise puis se permit un léger rire, avant de venir ébouriffer les cheveux du plus jeune :
"Dis donc, c'est moi qui suis censé te rassurer, pas l'inverse."
Sven lui rendit son sourire :
"Non... On doit se rassurer mutuellement. On est égaux après tout."
Avant de paniquer :
"Eu, je veux dire, non, on est pas égaux, vous êtes le chef ! Mais, on fait partie du même clan et... enfin... je ne veux pas vous manquer de respect ou quoique ce soit, vraiment, je voulais dire..."
RHM le fit taire avec un nouveau baiser :
"Sven, j'ai compris, ne t'en fais pas."
Le plus jeune cacha son visage embarrassé derrière ses mains, gonflant les joues avec un peu de honte, car il avait la sensation d'être traité comme un enfant.
"D-Dépêchez vous d'y aller ! s'exclama-t-il. Plus vite vous serez partis, plus vite vous serez de retour !
- Très bien, très bien, je me dépêche."
Mais Right devenait accro à leur proximité et, une nouvelle fois, il revint auprès de Sven, cette fois pour déposer un baiser sur sa joue. Il se fit ensuite violence pour s'écarter et quitter la pièce, autrement il n'en terminerait plus d'embrasser son jeune amant.
Sven se sentait brûlant. Il fut surpris de se sentir soulagé en entendant la porte se fermer. Peut être parce que, si RHM n'était pas parti, cela aurait sûrement fini sur le bureau comme tant de fois avant. Malheureusement la situation ne leur permettait pas de faire l'amour comme ils l'entendaient...
Il souffla profondément, essayant de calmer les battements de son cœur. Mais maintenant était encore plus confus : RHM n'avait pas l'air de vouloir le laisser de côté, mais dans ce cas là, que se passerait-il quand Reginald serait de retour ?
=== ===
Il entendait le ronronnement des moteurs au travers des murs métalliques dans lequel on l'avait enfermé. Cela faisait un écho étrange, désagréable, qui le poussait à se recroqueviller dans sa cellule mobile pour essayer de plonger sa tête dans ses bras afin de couvrir le bruit. Reginald ne pouvait pas se boucher les oreilles, cette simple action était empêchée par les menottes qui liaient ses poignets et recouvraient ses mains. Des menottes un peu lourdes, et la fatigue qu'il avait accumulée depuis son arrestation ne l'aidait pas à les soulever.
Il sentait le véhicule tressauter, heurter des bosses ou des creux. La route devait être dans un piteux état. Il ne savait pas vraiment où le gouvernement l'emmenait, mais il devinait que sa prochaine prison serait pire que la précédente.
Sa lèvre le brûlait, elle était enflée, comme sa joue droite. On l'avait frappé le matin même, il ne savait plus pourquoi. On l'avait frappé de nombreuses fois ces dernières semaines. Les hématomes couvraient son corps, ses jambes, ses bras... Il avait également plusieurs plaies mais elles étaient cachées sous les bandages.
Et il avait des cernes, témoignages de ces nombreuses nuits blanches.
On l'avait interrogé, engueulé, menacé. Mais il avait gardé le silence, n'avait divulgué aucune information compromettante. Malgré son arrestation, il restait un Toppat. Même destitué de son titre de chef, il n'en était pas moins toujours un membre du clan.
"...C'est bien comme ça que je dois penser...hein Karl...?" murmura-t-il.
Sa gorge se noua, il ferma ses yeux qui commençaient à le brûler alors qu'il imaginait son homme de main à ses côtés. Il l'imaginait poser une main sur son épaule, le regarder en silence, mais sa simple présence aurait été un soulagement.
Cependant RHM n'était pas là. Personne n'était à ses côtés. Il était seul.
Le poids de la solitude était toujours plus pesant sur ses épaules.
Il n'avait pas été seul depuis longtemps. Lorsqu'il avait rejoint le clan Toppat, il y a de ça des années, il avait rencontré cette personne qui avait à jamais changé sa vie : Terrence Suave.
Terrence était charismatique, intelligent, fort. Il était un symbole, une personnalité que l'on craignait. La simple évocation de son nom faisait fuir les plus téméraires.
Reginald faisait partie de ceux qui le craignaient, mais au-delà de sa peur, il avait de l'admiration, un respect profond envers son chef.
Reginald n'avait toujours juré que par le pouvoir, la puissance. Il avait grandi dans une famille qui n'acceptait pas la défaite. Il fallait réussir, toujours réussir, être au sommet, manipuler, corrompre, pour s'enrichir et gouverner. Terrence avait paru comme l'exemple à suivre, et Reginald n'avait eu aucune hésitation à lui jurer fidélité, à devenir son bras droit.
Quelle cruelle erreur. Cruelle et stupide.
Terrence était violent, même avec ceux qu'il appelait "ses amis". Reginald se souvenait des coups, des bleus sur son corps lorsqu'il faisait une erreur. L'échec n'était jamais permis, et souvent il se demandait comment il avait pu survivre lorsque son supérieur se défoulait ainsi sur lui.
Au fond, il connaissait la réponse. Celui qui l'avait sauvé, qui l'avait porté tant de fois à l'infirmerie, qui s'était occupé de le soigner, c'était Karl... autrement dit, RHM.
Reginald se mordit la lèvre, ne parvenant plus à ignorer ses souvenirs qui se faisaient un plaisir de le torturer. L'époque où Terrence Suave gouvernait le clan était inoubliable, malheureusement.
Terrence savait manier les mots, les gestes. Il savait te rompre psychologiquement, te mener à tes limites. Il savait ce qu'il avait fait endurer à Karl, connaissait les abus qu'il lui avait fait subir.
C'est ce qui avait provoqué la colère, la haine de Reginald. Lorsque RHM, son collègue, son ami, avait un soir craqué dans ses bras, avait pleurer devant lui pour la première fois, Reginald n'avait pas pu l'accepter.
Sa fidélité pour Terrence avait volé en éclat...
Tout comme la porte du camion dans lequel il était enfermé. Le bruit du métal fracassé fit sursauter Reginald qui releva la tête, plissant les yeux devant la luminosité de l'extérieur. Puis passer la stupeur, il revint complètement à la réalité en sentant l'air frais de la liberté, en percevant les bruits de la nature... en rencontrant le regard de celui qu'il avait aimé et qu'il aimait toujours.
"...Karl...?"
Reginald était sans voix, incapable de croire que son Bras droit se tenait devant lui. Pourtant c'était bien réel, il en eut pleinement conscient en voyant Right entrer dans le véhicule, s'approcher de lui, poser une main tendre sur sa joue.
"... Heureux de te revoir Reg..."
Right tremblait presque sous l'émotion, tout comme Reginald, et il le prit dans ses bras délicatement par peur de le briser.
"... tu m'as manqué..."
La mission de sauvetage était un succès.
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