Chapitre 6
-Quelques heures avant-
~ Point de vue de Nam-Joon ~
Après plusieurs semaines de travail intense, nous avions enfin lancé la voiture hier. Nous avions tous été fiers du moteur que nous avions créé et nous avions également été surpris de l'enthousiasme avec lequel la nouvelle voiture avait été accueillie. Cependant, ce lancement annonçait plusieurs choses pour moi que je n'attendais pas avec grand enthousiasme. Premièrement, il y avait une réception en fin de soirée, aujourd'hui, ce qui ne m'enchantait pas énormément puisque je n'aimais pas particulièrement les réceptions. Deuxièmement, j'étais obligé de quitter la soirée plus tôt pour aller à une réunion entre amis, Yoon-Gi ne m'avait pas laissé le choix. Dernièrement, j'allais rencontrer le fils de M. Kim dans peu de temps et j'espérais que M. Kim le fasse le plus tard possible, ce qui, le connaissant, ne serait pas le cas.
Je stressais énormément pour ce dernier point. J'avais peur que ce soit un type horrible à qui je ne pourrais pas dire ce que je pense réellement ou, au contraire, que ce soit un mec adorable pour qui j'aurais sans doute un faible rapidement. J'ai un talent insoupçonné pour être attiré par des personnes qui me sont inaccessibles... Je ne peux pas être amoureux d'un fils d'un de mes collaborateurs ! Déjà puisque ce ne sera sûrement pas réciproque, et puis parce que M. Kim ne sera peut-être pas aussi ouvert s'il s'agit de son fils...
Ces derniers jours, j'avais fait les fonds de mon placard pour trouver une tenue mettable pour la réception de M. Kim. Yoon-Gi m'avait bien aidé même si dans son cas, il était tellement peu présent aux réceptions qu'il n'avait pas à changer beaucoup sa tenue. De plus, Ji-Min avait également passé du temps à chercher quels vêtements il pourrait mettre pour la soirée. Ce n'est pas parce qu'il nous accompagne, mais j'ai cru comprendre que Yoon était à l'origine de cette décision. Je n'ai pas bien compris pourquoi, bien que je pense que c'est parce qu'il déteste les karaokés à cause de mauvais souvenirs et qu'il n'aime pas non plus être sur son 31, donc Yoon a dû faire du chantage à son copain... par contre, je doute fortement qu'il s'agisse seulement de la tenue, les connaissant...
Mon meilleur ami vint le samedi juste après mon repas constitué essentiellement de nouilles instantanées et il entra sans même toquer. J'étais en train de regarder la télévision et je le dévisageai avec un air réprobateur alors qu'il me répondait d'une voix neutre comme s'il énonçait une vérité générale.
« Ne me regarde pas comme ça. Je ne toque plus parce que si je peux rentrer, c'est que tu n'as pas fermé à clef. Et si c'est ouvert, c'est que tu ne faisais rien de bizarre ou alors que tu es dans un état totalement présentable.
— Même ! Tu pourrais au moins toquer. Imagine, je n'étais pas habillé.
— Comme si ça te dérangeait réellement que l'on te voit torse nu. Tu n'es pas mal foutu en plus !
— Bah oui, ça me dérange ! Si ce n'est que toi, c'est rien. Mais si un de mes voisins de palier passe pendant que la porte est ouverte, je me sentirai gêné. »
Yoon-Gi haussa les épaules, puis il me jeta un regard assassin en voyant ma tenue.
« Je rêve ! Tu n'es même pas encore douché ! Et puis, c'est quoi cette tenue !
— C'est samedi et il est seulement 14 h. Cela ne fait que deux heures que je me suis réveillé ! Donc c'est évident que je ne me suis pas encore douché. Parce que c'est ton cas peut-être ?
— Je te rappelle que je vis avec M. Park Ji-Min. Il passe trois heures dans la salle de bain pour se préparer et il monopolise la douche pendant une heure et demie, ce qui veut dire qu'actuellement il y est. Donc je dois me doucher avant, c'est-à-dire le matin. »
J'acquiesçai distraitement puis je rétorquai calmement.
« Sans vouloir te vexer, je ne suis pas Ji-Min et je n'ai besoin que d'une demi-heure grand maximum pour me laver. De plus, je n'ai qu'un costume trois pièces à enfiler plus ma chemise. Ah ! Il faut également que je mette un nœud papillon.
— Tu n'as pas repassé ta tenue que je sache ! Il faut le faire puisque tes vêtements sont sans doute froissés et, en plus, ça prend du temps de le faire... (Il se tut pour réfléchir quelques secondes puis il soupira) En fait, c'est normal que tu ne l'aies pas fait... Tu serais capable de brûler tes vêtements quelques heures avant...
— C'est vexant, mais je suis forcé d'admettre que c'est totalement plausible. De plus, vous m'avez enlevé le fer à repasser et la table à repasser puisque c'était trop risqué que je les garde... D'ailleurs, si tu pouvais me les rapporter, ce ne serait pas mal. Je te promets que je ne compte pas les utiliser, mais si un jour quelqu'un en a besoin et que je suis dans l'incapacité d'entrer dans votre appart... »
Il fit une grimace et hocha la tête, d'un geste lent.
« Je vais les chercher... (Sa voix devint plus ferme) Par contre, va te doucher ! Et lave-toi les cheveux aussi !
— Pas besoin de me disputer, papy... Je suis un adulte moi aussi... »
Cependant, il ne m'entendit pas répliquer, car il était déjà ressorti. Je soufflai avant d'aller prendre ma douche. Je pensai à fermer le verrou de la porte de la salle de bain, puis je me déshabillai avant de rentrer dans la cabine. Je fis ensuite couler l'eau tout en réfléchissant à toutes les questions que je me posais. Je ne le faisais pas souvent, mais j'aimais me poser sous la douche pour réfléchir tout en me lavant. Dans ces moments-là, j'étais souvent nostalgique et cette fois-ci ne fit pas exception. Je pensais à la manière dont mes amis s'occupaient de moi et cela m'agaçait, mais je ne pouvais pas leur dire sans les blesser. Je n'ai pas l'impression d'être vraiment un adulte... ils me traitent, la moitié du temps, comme un enfant de six ans. Le reste du temps, ils s'adressent à moi comme leur ami, donc comme une personne de la même tranche d'âge. La seule personne qui m'a parlé normalement, c'est lui... et j'ai oublié son prénom, quel imbécile je suis ! Quand je disais que j'étais malchanceux, c'était surtout de ce genre de malchance dont je parlais... C'est sans doute pour cela que je ne suis jamais sorti avec qui que ce soit... Soit j'oublie le numéro que l'on m'a donné, soit la personne ne m'intéresse pas... que ce soit un homme ou une femme, ce genre de situation arrive toujours...
Pendant que je me lavais, Yoon-Gi revint et il me le fit savoir en toquant à la porte pour attirer mon attention.
« Je m'occupe de repasser tes vêtements et les miens. Quand tu auras fini de te laver, coiffe-toi et rase-toi. Ne me réplique rien ! Je sais que tu es grand, mais tu es capable d'oublier n'importe quoi, que ce soit quelque chose d'important ou non. Le jour où tu n'oublieras ou perdras rien, je me poserai la question de si je dois arrêter de te couver. Mais ce jour-là n'est pas encore arrivé et ne risque pas d'arriver tout de suite, donc... tu devras encore supporter ça un certain temps !
— Je sais... (Je continuai ma réponse en marmonnant pour être sûr qu'il ne m'entende pas) Je ne pourrais jamais vous rendre toute cette aide... Je ne peux pas non plus vous reprocher de m'avoir aidé... d'autres m'auraient laissé tomber pour moins que ça, mais, vous, vous êtes encore là... »
Bien évidemment, il ne me répondit pas et nous restâmes dans le silence jusqu'à ce qu'il finisse par allumer la radio pour écouter de la musique. L'un comme l'autre, nous n'aimions pas particulièrement les silences gênés, donc nous avions pris l'habitude de mettre de la musique. Yoon-Gi et moi étions des amis d'enfance, donc nous avions appris à nous connaître. J'étais, après Ji-Min, celui qui arrivait le mieux à décrypter ses émotions, ce qui n'était pas une mince affaire. De plus, nous avions appris à ne pas empiéter sur l'espace privé de l'autre sauf si cela était nécessaire. Ce qui expliquait pourquoi nous mettions de la musique lorsque aucun de nous ne voulait parler, comme cela, nous avions tout de même l'impression de partager un moment ensemble. De base, ni lui, ni moi n'étions vraiment faits pour s'entendre, donc il y avait quelques étincelles avant que l'on essaie de se connaître. En réalité, s'il ne m'a pas abandonné malgré toute ma malchance, c'est parce qu'il était redevable envers ma mère... même si je ne doute pas une seconde qu'il aurait également été à mes côtés sans cette redevabilité. Pour Ji-Min, c'est juste parce que c'est un mec adorable et super serviable – bien qu'il ait quand-même un sacré caractère – et il n'a pas hésité à seconder Yoon alors qu'il avait des études... Pareil pour Ho-Seok, c'est un mec génial et il m'a supporté alors qu'il peinait à boucler les fins de mois... Et je ne pourrais jamais rien faire pour leur rembourser tout ce temps qu'ils ont passé à me surveiller...
Je sortis de la cabine de douche et je séchai mes cheveux avec une serviette ayant accidentellement fait tomber le sèche-cheveux une semaine auparavant. Après, je me rasai et je me brossai les cheveux ainsi que les dents. Je sortis ensuite de la salle de bain tout en enfilant un caleçon propre et un peignoir. Yoon-Gi était en train de finir de repasser mon costume. Il s'appliquait avec soin pour éviter de brûler ou faire des plis en plus. Je pouvais le voir par l'expression de son visage, c'est-à-dire qu'il avait les sourcils froncés et la langue sortie. J'allai discrètement prendre mon téléphone pour le prendre en photo avant de l'envoyer à son petit-ami. Ce dernier était toujours très content d'en recevoir bien que je ne sache toujours pas ce qu'il en faisait. Je ne veux pas savoir d'ailleurs...
Je reposai mon téléphone, puis je manifestai ma présence d'un toussotement qui fit sursauter mon meilleur ami. Celui-ci ne fit que me jeter un regard noir puis il prit la parole d'une voix légèrement stressée.
« Ben c'est pas trop tôt, ça fait quasiment une heure et demie que tu es entré dans la salle de bain ! En attendant, j'ai fini de repasser ton costume et ta chemise ainsi que ma tenue. Tu veux mettre une cravate ou un nœud papillon ?
— Nœud papillon, sinon j'aurai l'impression d'être au travail. (Je soupirai) Je suis vraiment obligé de mettre quelque chose ?
— Oui... quoique... Mets-le et, au pire, tu l'enlèveras plus tard. »
J'acquiesçai et je pris mes affaires délicatement pour aller les enfiler dans ma chambre. Lorsque je fus habillé, je retournai dans le salon. Yoon-i avait eu le temps de mettre sa tenue et il était en train de nouer sa cravate. Il se retourna dans ma direction et il sembla être plutôt satisfait de la manière dont j'avais mis mon costume.
« Tu sais mettre tes costumes, maintenant ! Par contre, le nœud papillon, c'est pas encore ça !
— La ferme, Yoon !
— Il est passé où le « hyung » ?
— Te plains pas, tu sais très bien pourquoi tu n'y as pas eu le droit. »
Il ne répondit pas, mais le sourire amusé sur son visage parlait de lui-même. Je repris la parole d'une voix boudeuse.
« En plus, tu devrais être content que je sache enfin mettre un costume trois pièces sans rien déchirer.
– Ouah, bravo, je suis impressionné. (Il accompagna son ton sarcastique par des applaudissements peu convaincus puis il se rapprocha de moi pour relever mon col de chemise.) Bon, maintenant, il faut que je t'attache le nœud papillon...
– Je ne sais sincèrement pas comment Ji-Min fait pour te supporter à longueur de journée... »
Il me regarda avec un sourire mystérieux qui me fit froid dans le dos, tout en me passant une bande de tissu par-dessus ma tête, puis il la plaça au niveau de mon col de chemise.
« C'est parce que... (Il éclata de rire devant mon air effrayé) Je rigole ! Il ne me supporterait sans doute pas s'il n'était pas amoureux de moi.
— Amoureux ? C'est faible pour décrire ses sentiments envers toi... D'ailleurs tu n'es pas en reste... pour toi aussi, le mot amoureux est bien trop faible...
— Tu n'as pas tort. »
Nous continuâmes à discuter pendant que Yoon-Gi me nouait mon nœud papillon autour du cou puis il retourna dans son appartement pour voir dans quel état était son copain. Je m'assis sur le canapé avec un livre pour occuper le temps jusqu'à ce que l'on doive partir pour la réception. J'avais déjà lu le livre, mais j'adorais tellement lire que cela n'était pas très grave pour moi de les relire plusieurs dizaines de fois. De plus, je me doutais que mes amis allaient sans doute en profiter un peu avant de se quitter pour quelques heures. Enfin surtout Yoon-Gi... ça va être dur pour lui... Ou alors, il va se tapir dans un coin en se faisant passer pour un fils de riches et c'est encore moi qui vais me farcir les questions stupides... et le flirt des femmes mariées... elles n'ont aucune honte...
Vers 17 h, Yoon-Gi revint et il s'affala à mes côtés dans le canapé. Je parlai sans lever les yeux de mon livre.
« Tu vas encore râler après parce que ton costume est froissé. (Il me répondit d'un vague grognement) Tu verras Ji-Min après. Je vais essayer de ne pas passer trop de temps, mais je ne te garantis rien... De toute façon, tu peux toujours lui envoyer un message pour lui dire à quel point il te manque...
— Il va être occupé avec les autres... Ça me rend toujours triste de devoir le quitter... Il est tellement tout pour moi... C'est encore pire quand je dois aller à une réception. Ça me rappelle des événements dont je n'ai pas envie de me souvenir...
— Je suis vraiment désolé Yoongi hyung... Si ça ne tenait qu'à moi, je ne t'aurais pas demandé de venir. Je sais que tu n'aimes pas la foule... »
Il soupira avant de retourner dans ses pensées. Je le regardai et à sa posture, on pouvait deviner toute sa tristesse. Je ne sus pas ce que je pouvais faire ou dire pour le réconforter, donc je préférai retourner à ma lecture pour ne pas dire quelque chose qui l'attristerait encore plus.
~ Fin du Point de vue de Nam-Joon ~
~ Point de Vue Omniscient ~
Les deux hommes restèrent en silence pendant près d'une demi-heure, puis Yoon-Gi reçu un message de son cher et tendre. Celui-ci lui expliquait qu'il avait récupéré le « colis » et qu'ils pouvaient partir de l'appartement de Nam-Joon pour se rendre à la demeure des Kim. Les deux amoureux s'étaient mis d'accord sur le fait que Seok-Jin et Nam-Joon ne devaient pas se croiser accidentellement avant la fête, car cela compliquerait fortement les relations entre les deux. Seok-Jin ne serait pas aussi naturel et Nam-Joon refuserait d'avoir des rapports amicaux.
Yoon-Gi et son cadet choisirent également de prendre un taxi pour aller jusqu'au manoir. En effet, ils se doutaient que lorsqu'ils finiraient la soirée, ils seraient soûls, ce qui signifiait que ce n'était pas une bonne idée de prendre la voiture. Ils furent déposés devant le grand portail puis ils se dirigèrent vers l'entrée principale où un majordome se tenait droit à côté d'une table. Les deux hommes se présentèrent à l'employé qui cocha leurs noms sur la feuille des invités, posée sur la table. Ils furent ensuite accueillis par Kim Young-Jae et Kim Hyun-Ae, sa femme. Les quinquagénaires les saluèrent avec un sourire puis M. Kim prit la parole.
« Nam-Joon, Yoon-Gi, je suis ravi de voir que vous êtes venus. Je suis surtout surpris par ta présence Yoongi.
— Je comptais kidnapper Nam-Joon avant la fin de la réception, monsieur. Il était donc naturel que je vienne.
— Malgré cela, je doutais tout de même que tu te montres. Je suppose que c'est la seule réception de l'année où tu vas venir... »
Yoon-Gi haussa les épaules tout en répondant d'une voix mystérieuse.
« Nous ne savons pas de quoi l'avenir est fait, donc peut-être que je viendrai à d'autres réceptions cette année...
– Depuis le temps, je sais que tu trouveras une excuse pour ne pas venir. (Il rit avant de reprendre un air sérieux) Nam-Joon, il faut que je te parle avant que je n'oublie.
– Bien, monsieur. »
Hyun-Ae et Yoongi comprirent qu'ils devaient les laisser seuls et ils se dirigèrent vers le buffet tout en échangeant des nouvelles. M. Kim les regarda s'éloigner avant de prendre la parole d'une voix rassurante en voyant son cadet, crispé.
« Ne t'inquiète pas Nam-Joon. Tu n'as rien fait de mal. (Le plus jeune se détendit) Je voulais juste te prévenir que je t'avais arrangé une rencontre avec mon fils, Seok-Jin. Enfin, une rencontre professionnelle.
— Quand vais-je le rencontrer ?
— Demain après-midi vers 14 h ! Je me suis dit qu'il valait mieux que vous vous rencontreriez au plus vite, comme cela, vous pourriez vous arranger au mieux. D'ailleurs, comment as-tu prévu de t'organiser ? »
Nam-Joon retint un soupir de dépit et il répondit tout en réfléchissant.
« Je n'ai pas eu énormément le temps d'y penser, mais je pensais à un stage dans mon entreprise, enfin surtout à mes côtés pour que je puisse lui expliquer... Parce qu'une ou deux heures par semaine voire par jour, ce n'est pas vraiment bénéfique... Après, j'imagine que c'est compliqué vu qu'il a un travail, donc il ne peut pas le quitter pour plusieurs mois...
— C'est une bonne idée, mais je pense que tu devras en discuter directement avec lui pour qu'il te donne son avis. Je l'ai déjà prévenu, donc il sera là à l'heure.
— Il ne veut toujours pas venir, c'est ça ? »
Le quinquagénaire soupira puis il se ressaisit et il fit un léger sourire.
« Je continue à espérer qu'il vienne un jour, mais il trouve toujours une excuse pour être occupé...
— Vraiment ?
— Oui, il trouve le moyen de faire des soirées entre amis à chaque fois que l'on organise des réceptions en rapport avec le groupe... (Il haussa les épaules et il prit un air plus joyeux) Enfin bon, c'est pas trop grave. L'important est que cela va sans doute changer maintenant que sa formation se concrétise. »
Sur ces mots, il faussa compagnie à Nam-Joon et il alla saluer un autre invité qui venait d'arriver. Le jeune chef d'entreprise rejoint son meilleur ami qui discutait toujours avec Hyun-Ae. Cette dernière était au courant du couple que formaient Yoon-Gi et Ji-Min, car elle les avait aperçus en train de s'embrasser quelques mois auparavant. Sur le moment, elle n'avait rien dit puis elle avait fini par leur demander confirmation. La quinquagénaire les avait traités comme elle l'aurait fait avec un couple hétérosexuel. Depuis, elle demandait des nouvelles régulièrement à son fils puisqu'elle savait qu'il était ami avec Ji-Min. Par contre, elle était loin d'imaginer que Seok-Jin connaissait également Yoon-Gi vu qu'il ne venait que très rarement chez eux et dans ces cas-là, Jin s'éclipsait pour rejoindre ses amis – que ses parents n'avaient jamais rencontrés.
Vers 18 h 20, quand tous les convives furent arrivés, M. Kim les fit se regrouper autour de lui et il commença son discours. Young-Jae y remercia les collaborateurs d'avoir suivi le rythme endiablé qu'il avait imposé à ses employés ainsi que les invités d'être présents à la réception. Il parla pendant près de vingt minutes avant de laisser la parole à ses autres collaborateurs. Ceux-ci étant de la même tranche d'âge que M. Kim, ils avaient donc entre quarante et soixante ans. De ce fait, Nam-Joon les laissa parler avant lui, non seulement parce qu'il les respectait de par leur âge et leur expérience, mais également par admiration. En effet, ces chefs d'entreprise étaient de la même génération que ses parents et ils avaient réussi à monter leur société. Ce que le jeune homme ne savait pas, c'était que cette admiration et ce respect étaient réciproques. Les autres hommes étaient vraiment étonnés de la réussite de Nam-Joon qui avait réussi à faire de même à seulement vingt-quatre ans et sa société tenait sans problème depuis deux ans. De plus, ce n'était plus un secret pour personne que le jeune homme n'avait fait aucune étude, ce qui rendait sa réussite encore plus impressionnante. En effet, Kim Young-Jae l'avait embauché dès sa sortie du lycée et il lui avait appris tout ce qui lui permettrait de réussir dans le monde du travail.
Après les discours de tous les chefs d'entreprise, vers 19 h 10, les invités se dispersèrent dans les pièces du rez-de-chaussée en se regroupant avec les personnes familières. Yoon-Gi avait senti son téléphone vibrer dans la poche de sa veste pendant les discours, donc il s'éloigna des autres en se posant dans un coin le plus éloigné possible. Il avait la sensation voire la certitude qu'il s'agissait d'un message de son petit-ami et il ne voulait pas l'ouvrir avec des gens autour, car il y avait une grande probabilité pour que le message rende Yoon-Gi tout souriant. Malgré le fait que ce soit une bonne chose qu'il soit heureux, peu de personnes l'avaient déjà vu avoir une autre expression que celle je-m'en-foutiste qu'il arborait en permanence sur le visage. Cependant, le jeune homme ne s'attendait absolument pas à ce que Ji-Min lui envoie un sexto. La dernière fois, il lui avait bien fait comprendre que ce n'était pas une bonne idée qu'il recommence et le plus jeune avait été cloué au lit pendant deux jours, ne pouvant pas bouger sans ressentir une intense douleur dans le bas du dos. Mais il n'avait jamais recommencé, car il ne pouvait pas prendre des congés sur un coup de tête ou le jour même.
Yoon-Gi manqua de faire tomber son téléphone en lisant le message et, fait quasiment improbable, il rougit violemment. Il se tourna face au mur pour dissimuler sa gêne puis il relut le message avant de sentir une bouffée de chaleur et d'excitation parcourir son corps. Il expira et rangea son téléphone tout en grommelant d'une voix faussement furieuse.
« Je vais finir par le ligoter et l'emmener partout avec moi pour m'assurer qu'il ne le refasse pas. (Il reprit son sérieux avant de se persuader à voix basse) Je suis sûr que c'était un gage. C'est sûr ! Ça ne peut pas être autre chose. Ils sont totalement capables de lui demander ça... J'ai plus qu'à espérer qu'il ne touche pas à son téléphone quand il sera bourré sinon...
– Ça va, Yoon-Gi hyung ?
– Ah ! Nam ! Oui, ça va. Je croyais que M. Kim te présentait aux autres ? »
Le cadet acquiesça puis il lui répondit d'une voix hésitante.
« Ben... Ils voudraient également te rencontrer. Tu es le cofondateur toi aussi.
– Hein ?! Hors de question ! Je tiens à mon anonymat et puis je ne sais pas bien parler aux inconnus. C'est ton job de faire ça ! (Nam-Joon le prit par les épaules sans écouter ses plaintes et il le poussa gentiment devant lui, ce qui fit marmonner furieusement l'aîné) Non ! Je ne veux pas ! Débrouille-toi tout seul ! J'étais bien dans mon coin !
– Allons hyung, tu es trop rarement là pour pouvoir échapper à cette présentation. Ce n'est pas dit qu'ils te recroisent de sitôt. »
Yoon-Gi fut finalement présenté aux autres chefs d'entreprise qui sentirent qu'il était timide, donc ils se contentèrent de le questionner sur son âge et d'autres informations qui ne le mettraient pas dans l'embarras.
Une quinzaine de minutes plus tard, il retourna s'exiler dans son coin pendant que Nam-Joon se faisait aborder, à son plus grand dam, par les femmes présentes qui se mirent à minauder plus qu'autre chose. Le jeune chef d'entreprise y avait le droit à toutes les réceptions et soit elles essayaient de le mettre dans leur lit, soit elles essayaient de lui arranger un rendez-vous avec leur fille. Il refusait toujours gentiment, mais, au fond de lui, il avait envie de faire comme son meilleur ami et de les envoyer bouler. Seulement, il se devait de se montrer courtois avec elles, sous peine de représailles salées. En effet, elles faisaient partie des riches de la Corée du Sud et chacune d'elles avait parfaitement les moyens de faire des recherches sur ses parents. Dans ce cas, elles trouveraient rapidement sa mère pour aller lui demander directement si elle était d'accord que son fils aille à tel ou tel rendez-vous arrangé. Nam-Joon se faisait déjà rappeler à l'ordre tous les mois par sa mère pour trouver une fille. Elle était au courant que son fils unique était bisexuel, mais elle voulait absolument avoir des petits-enfants et elle estimait que l'adoption n'était pas vraiment une option facile. Cependant, au risque de la décevoir, Nam-Joon préférait attendre de trouver la bonne personne plutôt que de faire des rendez-vous arrangés à tout bout de champ. Il avait un petit côté fleur bleue qui amusait autant qu'agaçait sa mère. Cette dernière comprenait également par là que si la bonne personne était un homme, il n'en démordrait pas et ferait tout pour être avec lui même si elle était contre.
Le jeune homme se contenta donc de les écouter d'une oreille distraite tout en essayant de ne pas donner de faux espoirs aux dames encerclées autour de lui. Pendant ce temps, Yoon-Gi s'était trouvé un fauteuil et s'était assis dedans. Il avait sorti son téléphone et il jouait pour faire passer le temps. Il avait pensé à répondre au message de son petit-ami pour s'assurer de son état, mais il restait sans réponse jusqu'à présent. Ce n'est qu'une dizaine de minutes plus tard, qu'il reçut un nouveau message de Ji-Min. Malheureusement pour Yoon-Gi, le cadet était bourré et il n'avait plus beaucoup de retenue par message, donc il avait envoyé un autre sexto à son copain. Celui-ci manqua de s'étouffer en le voyant et s'efforça de reprendre une respiration à peu près normale avant d'aller tirer son meilleur ami des griffes des dames. Yoon-Gi réussit tant bien que mal à se faufiler entre les femmes et il attrapa son cadet par le col.
« Nam, on y va ! (Les femmes autour d'eux protestèrent) C'est urgent je n'ai pas envie que mon ange attende !
– T'es sérieux ?!
– Totalement ! Je le suis toujours sur le sujet. (Il s'inclina vaguement en direction des femmes regroupées) Au revoir mesdames. Nam-Joon et moi avons une soirée chargée, donc nous nous devons de vous laisser dès à présent. »
À ces mots, ils se dirigèrent vers l'entrée de la résidence et Yoon-Gi ne laissa même pas le temps à son meilleur ami de saluer M. Kim. Le plus vieux avait pensé à appeler un taxi avant d'aller chercher Nam-Joon. De ce fait, ils n'eurent qu'à monter dans le véhicule puis donner l'adresse à laquelle ils souhaitaient se rendre. Dès que le taxi se mit en route, l'aîné des deux retourna sur son téléphone sous le regard surpris du cadet. Ce dernier finit par questionner l'autre sur la raison de ce départ express.
« Hyung, tu peux m'expliquer ce que Ji-Min t'a dit pour que tu veuilles à ce point partir maintenant.
– Je pense que tu n'as pas envie de le savoir.
– Si, si je t'assure. C'est pour ça que je te le... demande... (Son visage prit un air presque choqué) Il t'a envoyé des nudes ?! »
Yoon-Gi haussa les épaules avant de répondre sans gêne.
« Non... pas des nudes...
– Des sextos alors... Il est sérieux ?! Ou alors c'est encore un coup de Ho-Seok ou Sun-Hi ?
– Tout à l'heure, c'était un gage. Mais là, Chim est bourré... »
Nam-Joon soupira, désespéré, avant de faire une moue agacée puis il comptait rétorquer, mais son aîné le prit de vitesse, en changeant de sujet.
« Au fait, j'ai oublié de te prévenir avant, mais on a invité un de nos amis que l'on ne t'a jamais présenté.
– C'est maintenant que tu me dis ça ? (Il expira une seconde fois puis reprit d'un ton plus calme) Il est supportable sous alcool ?
– Tu pars directement du principe qu'il sera bourré... Enfin bon, c'est pas faux. T'inquiète, il sait se tenir et puis, il ne devrait pas avoir beaucoup bu sachant qu'il doit encore rentrer chez lui après. »
Le cadet acquiesça avant de sortir son téléphone, qu'il avait pensé à prendre, pour envoyer un message d'excuses à Kim Young-Jae. Il lui expliqua que Yoon-Gi l'avait tiré dehors sans lui laisser le temps de le chercher. Il se doutait que le quinquagénaire ne lui répondrait pas forcément dans la soirée, mais il préférait le faire avant d'être éméché voire complètement bourré et d'oublier.
Vers 20 h 25, ils arrivèrent devant le bâtiment du karaoké et ce fut Yoon-Gi qui s'occupa de parler au réceptionniste. Cinq minutes plus tard, ils étaient devant la salle qui leur était réservée et Nam-Joon toqua avant de pénétrer dans la pièce. Son aîné entra à son tour puis referma la porte derrière lui.
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Bien le bonjour !
Que pensez-vous que sera la réaction de Nam-Joon et Seok-Jin lorsqu'ils seront présentés l'un à l'autre ?
Sinon j'espère que vous avez apprécié le chapitre.
Sur ce, à demain pour le chapitre suivant. ^^
P.S : Prenez soin de vous et essayez de ne pas tomber malade avant les fêtes. ^^
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