Sous les étoiles
La ville dans laquelle il nous mena était minuscule. Et il y avait peu de personnes. Nous avions filé sur l'autoroute 178 à travers un chemin escarpé et montagneux. Il y avait quelques arbres et j'avais l'impression qu'il nous menait dans le désert. Nous étions passés près du fameux lac dont Sophie nous avait parlé et il avait l'air splendide même si le soleil déclinait à vue d'œil. Mais il ne s'arrêta à Wofford Heights. Il continua encore quelques minutes et il s'arrêta devant une auberge avec une jolie devanture moderne.
-On s'arrête ici ? demandai-je.
-Je dois juste aller chercher quelque chose et je reviens, répondit Brian en laissant les clefs en place. Il revint quelques minutes plus tard avec une femme qui nous fit un grand sourire. Elle entra dans l'une des voitures garées sur le bas côté et démarra. Brian la suivit.
-C'est notre guide. Je vous avais dit que je vous réservais une surprise.
Nous arrivâmes près d'un parking assez bondé où nous descendîmes, nous étions rendus à destination. La femme nous attendait et Brian eut la délicatesse de prendre mon sac avec lui. Cameron fit la même chose et j'en profitai pour prendre le bras de Sophie. Ce que je vis me laissa sans voix et je m'arrêtai. Il y avait des maisons... dans les arbres et des gens sur des ponts en bois. Elles étaient splendides. On aurait dit des petites huttes. Les arbres étaient épais et de la lumière douce émanait de ses magnifiques cabanes. Nous nous enfonçâmes un peu dans la petite forêt et nous arrivâmes à notre gîte du week-end. Il y avait des marches en bois pour monter et des ponts en bois. Nous y montâmes et je me frayais un chemin vers Brian dans la maison. Notre guide nous expliqua que nous étions dans la partie principale de la maison. Il y avait le tronc de l'arbre à même la maison au centre. Une cuisine, une salle à manger et une grande terrasse. Notre guide nous expliqua qu'il y avait un étage où se trouvait deux chambres séparées. J'étais tellement subjuguée que je ne l'écoutais plus. Je n'en avais pas besoin. Je me rendis vers la petite terrasse et je vis de la verdure. C'était... d'une beauté à couper le souffle et en plus de ça, je pouvais voir le lac d'ici. Je me retournais quand j'entendis que pendant notre séjour, si nous le voulions, nous n'étions pas obligés de toucher terre. Il y avait des commerces dans les arbres, il suffisait de suivre les ponts. Je trouvais ça tellement cool !
Quand elle nous laissa, je pris mon sac et je montai à l'étage. Il y avait deux chambres effectivement et je pris celle de droite. Visiblement, Brian et moi allions encore partager notre lit. Il avait dû changer la réservation en sachant que Paul ne viendrait pas. C'était moins onéreux sûrement. Il y avait du bois partout et la construction respectait l'arbre sur laquelle elle était posée. On voyait même certaines branches former une voûte naturelle derrière laquelle des rideaux d'une blancheur virginale étaient disposés. J'avais l'impression d'entrer dans une hutte romantique. Une petite salle de bain était attenante avec une douche qui s'intégrait parfaitement à la décoration épurée. Le lit semblait particulièrement confortable et il y avait comme une moustiquaire par dessus. Il y avait une vue sur l'extérieur particulièrement belle et je voyais encore plus le lac d'ici. Je me retournai et je vis Brian. Il m'observait.
-C'est parfait. Je ne me doutais pas qu'un endroit comme celui-ci pouvait exister.
-Je savais que ça allait te plaire. Normalement j'aurais pris une chambre dans l'espace communautaire mais comme on était plus, je me suis dit que la petite maison tranquille se serait cool.
-Tu... comment tu peux savoir aussi bien ce que j'aime ? La tranquillité, la nature... c'est le plus bel endroit du monde, je pense. Vous avez changé la réservation en dernière minute pas vrai ?
-Le père de Paul s'en est occupé. Maintenant si tu veux dormir avec Sophie, ça peut s'arranger.
-Tu finirais par buter Cam, je crois si je te faisais un coup pareil. C'est bon, je vais pouvoir survivre. Merci de m'avoir menée ici. Merci beaucoup.
Je m'avançai vers lui et je le pris dans mes bras. Il lui fallut quelques secondes pour me rendre mon étreinte. Il me lâcha pour visiter. Il avait l'air content de son choix.
-Si tu veux, on peut se poser sur la terrasse pour que tu fasses tes devoirs ? Ensuite, on pourrait aller se promener, il parait que l'alimentation, ne ferme qu'à 22h.
-Ce serait super. J'ai pris mon sac avec moi. Il est en bas.
Sophie et son petit-ami étaient déjà installés entrain de s'embrasser. Brian les regarda un peu avec sarcasme et nous nous mîmes à l'écart pour travailler en paix jusqu'à ce qu'ils viennent nous rejoindre. Ce n'était pas très difficile à faire et à quatre c'était encore plus amusant. Ensuite nous nous promenâmes et nous fîmes quelques courses. Brian voulait cuisiner et je savais que c'était une bonne chose de le laisser faire. Pendant qu'il préparait un repas, j'en profitai pour prendre une petite douche. La nature me faisait face. J'avais l'impression de prendre une douche extérieure. Le confort et la rusticité, réunie en un seul endroit. Être loin de chez moi, être en paix avec moi, c'était tout ce que je cherchais et Brian avait pu me l'offrir. Il y avait un peu de wifi. Nous étions presque coupés du monde. J'appelai mon père et j'entendis du bruit autour de lui.
-Salut Papa, je voulais juste te dire que j'étais arrivée à bon port et que c'est magnifique.
-Ah cool ! On est au match, on vient d'arriver. Est-ce que Brian est près de toi ?
-Il cuisine comme à son habitude. Merci de nous avoir laissé faire ça. Tu as appris pour Ben et Paul ?
-Oui, ils vont à la pêche tous les deux et nous récupérons Line avec nous demain pour aller à la plage. Je suis tellement heureux pour Ben. Je me sentais vraiment mal pour eux deux.
-Moi aussi. Passez une bonne soirée, je te ferai plein de photos mon Papou.
-Passe une bonne soirée ma Choupi... oui c'est Sarah, Tom. Il te salue !
-Embrasse-le pour moi. Bises !
J'étais encore en serviette quand Brian monta. Je la resserrai autour de moi et il me sourit.
-Je peux y aller ?
J'acquiesçai et j'entendis quelques minutes plus tard l'eau couler. J'en profitais pour remettre ma robe corail et me faire une tresse sur le côté. Je descendis dans la pièce principale et je vis Sophie entrain de surveiller la cuisson. Elle m'entraina avec elle sur la petite terrasse.
-Brian est vraiment un super mec. Alex a de la chance de l'avoir.
-Je crois pas qu'il emmène Alex dans des endroits comme ça.
-Non, juste sa petite Sarah, sourit ma meilleure amie. En tout cas, merci. Ça devait être un week-end pour que tu le cuisines et tu m'as emmenée. C'est trop pipou.
Elle m'embrassa sur la joue et j'entendis un ricanement.
-Si vous vous roulez une pelle, je vais mourir avant la fin du week-end, ricana Brian.
Il avait une serviette dans les cheveux et il ne portait pas de haut. Il se dirigea vers sa casserole et je le suivis.
-Je me doutais pas que tu avais les cheveux aussi longs que ça.
-Je compte aller chez le coiffeur, les vacances sont finis. Je me coupe jamais les cheveux quand je suis en congé. D'ailleurs, je sais pas si je vais me raser.
Il me fit un petit clin d'œil et je lui souris. Pourquoi n'arrivions-nous pas à instaurer ce climat au dehors ? Je savais que la plupart du temps qu'il se moquait de moi, il ne le pensait pas. Je devais cesser d'être aussi susceptible. J'avais pris une résolution l'an dernier et je comptais bien la tenir. J'avais déconné avec la rentrée mais j'allais enfin aller de l'avant. Oui. C'était décidé.
-Ça manque un peu d'ambiance tout ça, continua-t-il alors que Cameron arrivait.
Il sortit son téléphone et mit un peu de musique latino avant de me tirer vers lui comme un malpropre. D'instinct, je mis mes pieds sur les siens.
-C'est notre tradition à Brian et moi, on finit toujours par danser pendant la cuisson. Vous pouvez aller vous promener tous les deux si vous voulez hein.
-Ce sera prêt d'ici 15 minutes. Allez faire un tour ! les incita Brian.
Nous restâmes tous les deux et nous continuâmes de danser un peu.
-J'ai la tête qui tourne, je vais arrêter. Il faut que je mette le tiramisu au frais. Celui que m'a rapporté Paul, précisai-je. Alors quoi de neuf de prévu pour ce week-end ?
-Je me suis dit qu'on pourrait faire de l'acrobranche soit le matin, soit l'après-midi de demain et qu'ensuite on pourrait profiter du lac. Ils ont prévu un temps splendide.
-Je n'ai jamais fait ça.
-Moi non plus. Et je présume que Ford non plus. Ce sera sa première fois dans beaucoup de domaines.
Il éclata de rire et secoua la tête quand il vit mon air renfrogné.
-Quoi ?! Avoue que je lui donne un cadre idyllique pour se faire dépuceler sérieux. S'il ne conclue pas dans un cadre comme ça, il ne le fera jamais.
-T'es dégueulasse sérieux.
-Sarah. C'est la vérité. Il est seul, avec sa copine, loin de chez eux, sans parents, dans un cadre romantique à souhait. Ce soir est le soir... si Sophie est consentante bien sûr. Mais voilà quoi. Moi j'aurais pas laissé filer l'occasion si elle s'était présentée.
-En fait je suis le test pour le jour où tu reviendras avec Alex ?
-Ça n'a rien à voir avec Alex. Je.. parlais du fait que lorsqu'on aime quelqu'un et qu'on a une désapprobation familiale au dessus de sa tête, on saisit les occasions de manifester de l'amour quand on est loin de chez soi. Si ce soir, il ne tire pas son coup, il ne le fera pas avant longtemps.
-T'es pas croyable ! Tu parles de romantisme et tu utilises des expressions comme « tirer son coup » ?
-Bah concrètement, vu qu'il est vierge, ce sera pas super pour Sophie la première fois alors... autant passer ce mauvais moment rapidement.
Je le regardais et j'eus l'impression qu'il parlait de lui.
-Tu étais si mauvais que ça ?
-Jamais je m'en vanterai. Jamais.
Il secoua la tête comme pour enlever cette image de son esprit et je me mis à rire avant de lui demander des détails.
-J'étais perdu. Je savais pas quoi faire. Mais elle était tout aussi paumée que moi. En fait, je me souviens surtout que j'étais hyper nerveux et en même temps, je me souviens que j'ai jamais autant ri de ma vie. Ça a pas été très long et je me suis rhabillé en 4è vitesse. J'aimais pas... mon corps à cette époque.
-Quoi ? Brian Miller ne s'aimait pas ?
-J'étais très mince... un peu comme Tom. Je faisais un peu de yoga et de Tai Chi mais j'ai commencé la muscu après. J'allais courir avec ma mère de temps en temps.
-J'aimerai bien qu'on aille courir tous les deux. J'aime bien le faire mais depuis qu'un gars chelou m'a suivie l'an dernier, je me sens pas... en sécurité quand je cours. Si on y va tous les deux...
-Ça me va.
-Je voulais te dire, je vais travailler sur ma susceptibilité. Et...
Mon téléphone sonna. C'était... Chuck.
-Je suis désolée, je dois répondre. C'est un de mes amis et il ne m'appelle jamais ? Il doit avoir un souci.
-Je vais préparer de la salade verte.
Je le remerciai et je remontai dans la chambre pour avoir de l'intimité. Je voyais les étoiles alors que je me penchais sur la balustrade en bois.
-Je suis désolé. Vraiment désolé. Je me sens comme une merde, je t'ai parlé n'importe comment. Je suis désolé, désolé, déso...
-Heureusement que j'ai amélioré mon français. Sinon je n'aurais rien compris.
Il se tut et je basculai notre appel vers un Facetime. Son doux visage m'apparut. Il semblait aller tellement mal. Il était sur une terrasse et la ville qui ne dort jamais faisait du bruit en arrière plan.
-Je n'arrive pas à me pardonner de t'avoir fait du mal comme ça. Je suis certain que tu as souffert de ce que j'ai dit. Owen m'a dit que tu avais refusé de lui parler et que Ray avait fait le déplacement jusque chez toi.
-C'est la vérité... Je comprends. Comment tu vas toi ?
-Mal ? Mais j'ai pas à faire subir aux autres ma mauvaise humeur, surtout pas à toi.
Il baissa les yeux. J'aurais pu lui faire la gueule de ne pas s'être excusé plus tôt mais Grand-Mère Maddie m'avait toujours dit qu'il ne fallait pas achever un homme à terre. Je ne l'avais jamais vu dans cet état là. C'était très perturbant pour moi. Son visage était fatigué. Dans la semaine, la presse à scandale avait relayé l'histoire de cette petite française. J'avais refusé de regarder et même Sophie n'avait rien dit. Elle n'avait même pas essayé d'aborder le sujet parce que c'était une amie parfaite. Mais les réseaux sociaux avaient tellement relayé l'info que je connaissais désormais le visage de la femme qui lui avait fait tant de mal.
-Tu veux que je fasse quelque chose en particulier ?
-Que tu me pardonnes ?
-Évidemment que je t'ai pardonné et que je te pardonne.
Il eut un sourire désabusé et soupira.
-Je me disais que ça pourrait être pire. Tu aurais pu faire la gueule.
Son petit rire me bouleversa. Vraiment. Il fallait que j'arrête d'être une éponge à sentiments. Je prenais tout sur moi avec une émotion anormale.
-Tu n'es pas chez toi ? Ce n'est pas ta chambre.
-Non, je suis en week-end. Attends, je te montre.
Il siffla en voyant les lieux et je revins sur moi.
-Ton petit-ami a bon goût.
-Je... ne suis pas avec lui. Je suis avec Brian et un couple d'amis.
Il parut surpris mais il sourit.
-C'est bien que tu te sois réconciliée avec lui depuis l'an dernier. Vous avez changé, c'est bien.
-J'essaye en tout cas, en début d'année c'était difficile mais j'en ai marre d'être moi. Je veux dire, j'en ai marre d'avoir des réactions d'enfant capricieuse. Je veux grandir. Je veux enfin être une adulte. Tu vois ce que je veux dire ?
-Profite de pouvoir faire des caprices tant que tu es encore mineure. Une fois que tu es à la fac, les parents sont vachement moins conciliants. J'aimerai que tu sois là avec moi, dit-il tout à coup après quelques secondes de silence.
Je ne savais pas quoi dire. Je lui souris et je baissai un peu les yeux.
-J'aimerais aussi être avec toi. J'aimerai tellement être avec toi là, tu as besoin d'un gros câlin, je le sais. Je le sens. Mais je suis loin de toi. Alors qu'est-ce que je peux faire Chuck ? Dis-moi et je le ferai.
-Vraiment ? murmura-t-il.
-Tout ce que tu veux.
-Reste mon amie. C'est tout ce que je veux.
-Tu seras toujours avec moi. Ici, dans mon cœur. Depuis l'an dernier, j'ai une partie de toi avec moi. Tout le temps. Toi aussi tu as une partie de moi avec toi. Ferme les yeux et imagine que je suis là. Est-ce que tu sens ma main dans tes cheveux ? Mon front contre le tien.
-Oui...
-À chaque fois que tu vas mal, je veux que tu te rappelles ce que ça fait quand on est tous les deux, qu'on peut parler à cœur ouvert et qu'on se sent... juste bien.
-Tu veux parler de quels moments ? Ceux où l'on rit ou ceux où on partage un truc de fou et de spécial. Seattle ou les Hamptons ?
-Ceux qui te permettront de te sentir bien au moment où tu en as besoin.
J'entendis la voix de Sophie et je mis fin rapidement à la conversation avec Chuck. Il n'aurait pas dû me parler de Seattle. Je fermai les yeux et j'eus l'impression d'être avec lui, dans cette chambre. Il avait raison. Chaque personne que nous aimions emportait une part de notre âme. Je souffrais quand il souffrait parce que Chuck avait une partie de moi avec lui, constamment.
-Sarah tu as fini ?
-Oui Brian, j'arrive.
Il était presque derrière moi et il me scruta avant de se gratter la tête.
-Tu n'as pas l'air d'aller bien. Ça va ?
-Oui oui. Est-ce que... est-ce que tu veux bien me prendre dans tes bras une minute ?
Il ne me répondit pas mais en deux pas il était devant moi et il me serra contre lui. J'avais besoin d'un contact humain après cette conversation. Je me sentais un peu triste, un peu sur ma faim. Je n'avais pas eu ma dose de Chuck. Ou du moins, la dose que j'avais eu avait le goût de l'amertume. Je ne pouvais pas faire grand chose à part prier pour qu'il se remette vite de sa déception amoureuse, et être une oreille attentive pour lui. Ma soirée se passa super bien. Cam était détendu et je ne l'avais pas vu aussi proche de Sophie depuis longtemps. Il riait avec Brian, je n'aurais pas cru cela possible. Après le dîner nous partîmes nous promener. Il y avait comme des torches qui illuminaient les petits ponts de bois. Nous marchâmes pratiquement jusqu'au lac, il y avait des familles encore présentes à regarder les étoiles qui étaient parfaitement dégagées. Je m'assis juste à côté de Brian après avoir trouvé un endroit à l'écart. Cam et Sophie continuèrent un peu à marcher autour du lac.
-Est-ce qu'on pourrait trouver un moment pour parler tous les deux ?
-C'est ce qu'on est entrain de faire...
-Okay. J'aimerai savoir ce que tu as fait. Une fois que tu as quitté Fairchild la semaine dernière. On en a jamais parlé. Moi je t'ai dit tout ce que tu devais savoir. Mais toi.. tu es resté muet. Alors que je suis partie plusieurs heures..
-Je suis retourné à la maison, John était là et je suis monté directement dans ma chambre. Maman est revenue pour nous dire que tu étais partie sans ton téléphone, qu'elle t'avait cherchée partout sans succès. Elle m'a hurlé dessus dès qu'elle m'a vue descendre les escaliers. Tu n'as jamais vu ma mère hurler, c'est pas beau à voir et je me suis pris une baffe monumentale de sa part. Je la méritais c'était clair et net. C'est pas le propos. Elle a dit à ton père ce que j'avais dit. Il a tourné les yeux vers moi et... je connaissais ton regard noir mais pas celui de John.
-Il est terrifiant.
-C'est le mot. Lui aussi avait envie de m'en coller une mais il sait se maîtriser. J'aurais probablement préféré qu'il me frappe. Il m'a dit en gros que s'il t'arrivait quoi que ce soit, je ne serai plus le bienvenu à la maison et que je n'avais pas intérêt à croiser son chemin. Son ton était... glaçant. Il ne m'a pas hurlé dessus mais je peux t'assurer qu'il y avait de la rage dedans, une rage implacable et froide. S'il t'était arrivé quoi que ce soit, je me le serai jamais pardonné et lui non plus. Il ne m'a plus adressé la parole après. Il a appelé ses amis et moi je suis parti pour essayer de te trouver et réparer mon erreur. Sauf que je l'avais déjà commise. J'ai croisé Sophie et je lui ai tout raconté. Sans rien omettre. Ta copine a une sacrée droite, tu sais ? Enfin bref, on t'a cherché partout et à chaque seconde qui passait, je me sentais un peu plus coupable.
-Tu es sûr de ce que tu avances ? Je n'ai pas vu Papa en colère contre toi.
-Il ne m'a pas adressé la parole de la journée et même le soir, au moment du dîner... Quand tu as dit que tu partirais sans te retourner, il m'a fusillé du regard et... il ne m'a pas reparlé. Il m'a plus ou moins dit qu'il me pardonnait depuis mais c'était des paroles en l'air. Ça a changé entre lui et moi. Je ne t'ai pas seulement ébranlée Sarah. J'ai perdu la confiance de John. Il est froid et distant avec moi. C'est normal, je sais. Je ne suis pas et je ne serai jamais son fils et je t'ai fait du mal.
-Je pensais pas que tu serais autant affecté par Papa qui te fait un peu la gueule.
Brian se tourna vers moi et je lus la réponse dans ses yeux. Il était dévasté.
-Je... n'avais pas compris que vous étiez aussi proches.
-Ma mère est sortie avec des mecs avant, plus ou moins longtemps, plus ou moins recommandables d'ailleurs. Mais John, c'est le seul qui parlait de moi comme étant son fils. Je pensais...
Il se tut et resta muet un long moment. Il regardait l'horizon.
-S'il y a bien une personne que j'aurais aimé avoir comme père c'est le tien. J'ai cherché toute ma vie quelqu'un comme lui et maintenant que je l'ai trouvé, je gâche tout.
-C'est de ma faute Brian. Si j'avais pas agi comme une gosse et si j'avais compris que tu plaisantais avec l'argent, je n'aurais pas...
-Sarah. On ne va pas revenir sur ça ! Tu n'es pas responsable de tout ce qui arrive, compris ? J'assume parfaitement, mais ce n'est pas pour ça que ce n'est pas douloureux.
-Écoute moi ! J'ai besoin de te parler. Arrête, de dire que tu es un con ou que tu es une personne mauvaise. Ce n'est pas vrai. Tu ne l'es pas. Pas plus que tu es parasite. Je ne me suis pas encore excusée pour ça et je veux le faire. Je suis profondément désolée. J'ai été dure avec toi. Beaucoup trop. J'ai été mesquine, j'ai été mauvaise et méchante et je le regrette comme tu as pas idée parce que j'ai insinué des choses fausses. Tu es un gars bien et depuis la semaine dernière tu me le montres tous les jours. Ne sois pas aussi dur avec toi Brian. Je t'en prie. Tu n'es pas un parasite. Tu as beaucoup d'importance à mes yeux et tu as beaucoup d'importance aux yeux de chaque membre de notre famille. Nous sommes une famille Brian, avec nos imperfections okay mais... Toi et moi on est de la même famille. On a pas de lien de sang mais ça ne change rien d'accord. On s'est fait du mal mais il est temps qu'on se guérisse tous les deux. Ensemble. Et qu'on redevienne comme avant... Voilà, là, le sujet est clos. Et pour avoir déjà eu Papa fâché contre moi dans ma vie, il va finir par revenir, laisse lui un peu de temps. Le souci avec Papa c'est qu'il est un peu vindicatif. J'aimerais vraiment t'aider Brian. Peut-être que tu devrais songer à parler avec lui.
-Il ne veut pas me parler Sarah. Écoute, je n'aurais pas dû te parler de ça. Tu as raison, le sujet Fairchild est clos. Ça te dit d'aller se dégourdir les jambes un peu ?
-Je propose même qu'on fasse la course, je vais gagner.
Je me levai rapidement et je me mis à courir comme une folle pour rejoindre Sophie. J'entendis le rire de Brian et il me dépassa à la dernière minute. Je devais parler à mon père mais je devais le faire sans que Brian me choppe sinon, il le verrait comme une trahison. Nous arrivions enfin à nous parler normalement, à cœur ouvert presque. Je ne pouvais pas risquer de perdre cette ouverture.
-Ça vous dit un bain de minuit ? demanda Sophie en commençant à se déshabiller.
-Toujours Harper, répondis-je en faisant la même chose.
Elle était en sous-vêtement, j'étais en culotte mais cela ne nous empêcha pas de nous donner la main pour sauter dans le lac. L'eau était froide, vraiment froide. Je poussai un petit cri mais je nageais un peu pour me réchauffer.
-Elle est délicieusement froide, si vous voulez venir nous rejoindre messieurs, lança Sophie tout en essayant de me couler.
-Je préfère largement vous regarder vous battre. Je mise tout sur Sarah.
-Pareil, répondit Cameron. Enfin, je mise sur Sophie !
Je réussis à la couler trois fois de suite avant de ne plus pouvoir tenir dans l'eau. Je me hissai à la surface au moment où deux types assez étranges passèrent. L'un d'eux me siffla et je vis Brian bondir de sa place, prêt à en découdre avec le gars qui venait de s'arrêter devant moi et m'empêchait de passer.
-Salut beauté...
-Dégage de là, vieux. On ne veut pas d'ennuis, grogna Brian.
-Hey calmos, vieux. J'te parle pas.
-Tu ferais peut-être mieux pourtant.
Brian me tendit son sweat que j'enfilai immédiatement et il bomba le torse tout en se plaçant entre lui et moi.
-Je t'ai dit de dégager. Ça voulait dire tout de suite. Si je te vois reposer ton regard sur elle, je te pète les dents.
-Parce que tu crois que tu me fais peur ?
-Arrête, il est ivre, ça sent d'ici. Viens, on rentre, dis-je en posant ma main sur Brian.
Sophie était sortie aussi de l'eau, venait de renfiler sa robe et avait la mienne en main.
-Oui viens avec moi poupée, tu vas savoir ce que c'est un vrai mec.
-Non merci.
Je tirai Brian par le bras pour que nous nous éloignions de cette menace potentielle mais visiblement, le gars ne voulait pas en démordre, contrairement à son ami qui semblait très gêné.
-Allez, contre 50 billets, tu me taillerais bien une p'tite pipe ? Je peux t'assurer que tu t'en souviendras toute ta vie, ma belle. Traine pas avec des gars comme lui. Viens avec un vrai mec.
Il venait de me dire quoi ? J'eus à peine le temps de percuter que Brian l'attrapa par le col et le souleva contre un arbre avec une force presque herculéenne.
-Qu'est-ce que tu viens de dire ?
-Miles ! Arrête ! lui intima son ami.
-Rien, répondit le dénommé Miles en grommelant.
Mon quasi-frère le lâcha et il retourna vers moi. Il était énervé.
-Rien si ce n'est que je veux une petite séance avec ta pute.
La lune brilla sur le visage de Brian. C'était de la colère à l'état pur. Ce dernier balança son coup de poing à la figure du mec et je sus que ça allait très très mal finir. Brian allait lui faire sauter une à une ses dents si on ne l'arrêtait pas. L'ami de Miles essaya de les dégager l'un de l'autre mais ils se battaient comme des chiffonniers. Brian avait l'avantage de ne pas être alcoolisé et il distribuait plus de coups qu'il n'en recevait. Le garçon se retrouva au sol rapidement et Brian le frappa deux fois de suite. Il aurait continué si je ne l'avais pas retenu par le bras.
-Laisse-le, il a eu ce qu'il méritait.
-Non. Il n'a pas eu le quart de ce qu'il méritait.
-Tu as fait une promesse à mon père Brian. Ne la brise pas. Laisse-le partir. Il ne recommencera pas.
Il attrapa le gars par les cheveux tout en maintenant son genou dans son dos.
-Présente des excuses. Tout de suite.
Le garçon marmonna un truc et j'hochai la tête, de peur que Brian ajoute encore son ADN sur son visage qui commençait à se violacer à vue d'œil. Brian se redressa et aboya à son pote de l'emmener loin d'ici. Il se redressa ensuite, m'attira à lui et m'entraina loin d'eux. Il était furibond. Je finis par l'arrêter.
-Calme toi Brian. Je te connais. Brian ? Tu m'entends ? Hey, regarde-moi !
-J'ai perdu mon sang-froid, ça ne se reproduira pas. Rentrez tous les trois, j'ai besoin d'être un peu seul là. Appelle moi si y'a un souci Cameron.
Son ton n'admettait aucune réplique et il s'éloigna un peu dans la forêt. Sophie m'entoura de ses bras et nous retournâmes dans la maison. J'étais inquiète pour lui. Je ne l'avais pas vu dégager une telle rage en lui depuis le concert où nous avions été avec Duncan. C'était effrayant de le voir frapper ce mec. Il allait s'en rappeler longtemps. Sophie ne savait pas quoi dire et au bout d'un moment je l'envoyais se coucher avec Cameron. J'allais attendre Brian toute seule après une bonne douche chaude. Il rentra alors que j'étais entrain de faire un thé.
-Désolé pour ça.
-C'est bon. Tu veux une tasse ?
Il acquiesça et je vis le sang sur sa main. Je l'intimais d'aller prendre une douche et je montais dans notre chambre. Il en sortit fumant et il se mit au lit directement en caleçon. Je lui tendis sa tasse avant de m'asseoir près de lui.
-Montre moi ta main.
Il se laissa faire et pour moi, il n'allait pas avoir mal mais je n'en savais rien. Il n'y avait pas de bleus comme avec Jay. Il était encore amer. Je me glissai au lit, juste à côté de lui.
-Brian ?
il tourna les yeux vers moi et je me redressai dans les coussins.
-Tu as besoin d'un câlin ?
-Non, ça va aller.
J'eus un sourire machiavélique et je me jetai sur lui, comme il l'avait fait à Kernville. La seule différence entre lui et moi c'est que je ne pouvais pas l'empêcher de bouger. Je m'assis juste sur lui et je m'allongeais, la tête sur son torse nu.
-Je peux savoir ce que tu fais ?
-Je te fais un câlin.
-J'ai plus l'impression que c'est toi qui en a envie.
-Chut et profite...
Je fermai les yeux et je me calai sur sa respiration profonde.
-Merci. D'avoir pris ma défense comme ça. Je suis contente que toi et moi on se soit réconciliés. On va pouvoir faire tourner en bourrique Tom. Ce sera drôle, tu crois pas ? Et puis par rapport à Papa, ne t'inquiète pas. Il t'aime profondément et il ne te retirera pas son amour. Tu as l'air très tendu. Retourne-toi, je vais te masser.
-Sarah, je...
Je me redressai et je passai mes mains sur son torse pour les emmener du côté de ses épaules. Il était raide.
-Je n'aurais jamais pensé qu'un jour la fille qui me masserait à moitié nue ce serait toi Sarah.
J'éclatai de rire et lui aussi, se dérida. C'était bon de le retrouver. Il m'inquiétait tout de même, surtout quand il me plaqua sur le lit et qu'il me retourna sur le lit.
-Tu fais quoi là ?
-Je t'apprends ce qu'est un vrai massage.
Il souleva le haut de mon pyjama et il me massa de manière énergique. Il se leva et je sentis un liquide tomber sur mon omoplate. Une délicieuse odeur de menthe poivrée m'envahit. Sa main remonta près de mon cou.
-Comment tu sais faire tout ça ?
-Le sport et ma mère aussi. Quand on était que tous les trois... elle était souvent fatiguée en revenant du travail, elle n'était pas bien dans sa vie amoureuse. Elle me demandait de la masser parfois.
-Vous êtes tellement proches tous les deux. Est-ce que ça te dérange que je me rapproche moi aussi d'elle ?
-Non.
Il massa mes jambes aussi et quand il eut terminé, j'étais tellement détendue que j'en pleurais presque. Je me fourrais contre lui et je ne tardais pas à trouver le sommeil. Je fus littéralement réveillée le matin par le chant des oiseaux. Je n'avais pas tiré les rideaux. Il devait être tôt. Je vis un petit rouge-gorge sur le rebord de la balustrade. J'attrapai mon téléphone pour le prendre en photo mais il s'envola avant. Je me glissai hors des draps pour ne pas réveiller Brian et je descendis me préparer une tisane. Il était près de 7h, mais la vue m'empêchait de retourner me coucher pour quelques heures de sommeil supplémentaires. J'appelai mon père. Il ne devait pas dormir à cette heure-ci. Je ne me trompais pas. Il me répondit immédiatement.
-Salut Choupi.
-Salut Papa, qu'est-ce que tu fais déjà debout ?
-Je me suis rappelé que vous n'étiez pas à la maison et je n'arrive plus à dormir. Tu tombes à pic.
-J'avais besoin de te parler en privé et de te dire un truc.
-Je t'écoute mon trésor.
-Ne fais plus la tête à Brian, s'il-te-plaît.
-Je ne...
-Papa. Pas de ça avec moi. Il m'a dit que depuis ma.. micro-fuite, tu ne lui faisais plus confiance et que tu étais distant avec lui parce que Mary t'avait tout dit. Et je le crois. S'il-te-plaît. Arrête. Il ne mérite pas ça. Il a fait une erreur mais je lui ai aussi balancé à la gueule des horreurs. Mary n'était pas là, elle n'a pas entendu. Je lui ai dit qu'il n'était qu'un parasite qui voulait s'accrocher à notre famille, dont il ne ferait jamais partie, pour avoir de l'argent entre autres. Il n'a fait que se défendre parce que je l'ai blessé. Je sais que j'ai agi comme si ce n'était pas le cas, mais...
-Oh Sarah... soupira mon père d'un ton un peu désapprobateur.
-Alors si tu le punis, punis-moi aussi mais ne sois pas distant avec lui. Il en est malade. Je te jure. Je veux devenir une personne bien et je vais tout faire pour m'améliorer, donne-lui aussi la chance de s'améliorer sinon il va aller de plus en plus mal. Et s'il va mal, j'irai mal aussi.
-Je ne comprends pas.
-On s'est réconcilié. Il m'a dit que tu ne lui parlais plus et Brian a besoin de se confier à quelqu'un. Il n'a pas voulu parler à Cooper l'autre jour parce que c'est à toi qu'il parle. Tu es son guide. Il se sent abandonné et il a besoin de toi... il a besoin de nous parce que nous sommes sa famille. J'ai vraiment déconné en l'insultant, tout comme il a déconné en m'insultant. Nos torts sont partagés, mais si on a réussi à mettre ça de côté, je te supplie de le faire.
-Je vais l'appeler et mettre les choses au clair avec lui.
-Il est très fragile en ce moment. Il s'en veut beaucoup. Fais attention à lui. Je ne veux pas perdre un autre membre de ma famille. Je l'ai fait suffisamment souffrir...
-Moi non plus ma choupette, je ne veux pas., murmura mon père.
-Sinon, on est dans un endroit magique. Hier, Brian a cuisiné et on a été se promener près du lac Isabella. Aujourd'hui on va faire de la l'accrobranche et on va aller se baigner. Tu sais j'ai dit que j'étais pas heureuse en Californie. Je me trompais. C'est le plus bel endroit du monde. Vraiment. Sinon, raconte-moi le match d'hier.
Il le fit et quand Sophie se leva j'étais toujours au téléphone avec lui. Elle attrapa mon téléphone et dit bonjour à mon père avant de me le rendre et de s'installer dans la chaise près de moi. Je mis fin à la conversation téléphonique et nous parlâmes comme à notre habitude de la vie et la conversation dériva sur Chuck.
-Il m'a appelé hier soir. Il avait l'air totalement désespéré le pauvre. Je ne savais pas qu'il pouvait être dans cet état là.
-C'est vrai ce que j'ai entendu dans la presse ?
J'hochai la tête et elle soupira.
-Je le connais pas comme toi tu le connais mais c'est un gars bien. Il ne mérite pas d'être trainé dans la boue comme ça. Enfin... après je dis ça mais toutes les fans des AWC ont eu envie de tuer cette fille je crois. Ça lui fait un bad buzz à cette fille.
-Il y a autre chose que je ne t'ai pas dit Sophie. Si je le sais, c'est pas parce qu'il me l'a dit. C'est parce que Ray est venu.
-Pardon ?
-Oui, le soir de la fête... la semaine dernière. Ray est venu et j'ai passé mon dimanche après-midi avec lui. C'est là qu'il m'a appris pour Chuck.
-Je comprends mieux pourquoi tu étais si bien cette semaine. Ce gars est tellement une perle. Vous auriez fait un joli couple tous les deux. So cutie cute.
-Tu as passé une bonne nuit ? dis-je sans répondre réellement à sa remarque.
Sophie leva les yeux au ciel devant mon air goguenard.
-Oui parfaite. On a dormi comme des loirs. C'est la première fois qu'il dort avec une fille qui n'est pas de sa famille. Il me l'a dit. Et non, on a pas couché ensemble, petite obsédée. Ça se voit que tu traines avec Brian hein. Déjà j'étais crevée et en plus de ça, ce n'est pas à moi de prévoir le genre de choses qu'il faut avoir et il n'en a pas. Mais ce n'est pas grave. En plus je pense que ça le gêne de faire ce genre de choses alors que vous êtes à côté. Avec Brian à côté surtout. Je veux dire, ils sont pas du même acabit.
-Tu dis ça parce que Brian a défoncé la gueule d'un mec qui m'a mal parlé ?
-Oui. Cam ne serait pas capable de faire ça. Et heureusement je dirai. J'ai pas besoin de ça. Je suis juste venue faire un café et l'apporter à mon homme, j'y retourne.
Elle m'envoya un baiser et je retournai aussi dans la chambre. Brian dormait profondément. Je posai une tasse de café près de mon côté et je retournai dans les draps avec un ebook. Le fils de Mary se retourna et il posa sa tête sur moi. C'était plus qu'étrange. Ça faisait donc cette sensation d'avoir quelqu'un qui dort sur soi ? Je le vis soudainement prendre ma tasse à café et en avaler une longue gorgée.
-Je comprends pourquoi Marc sort avec toi. Si tu lui fais du café après la baise... wow, il devrait t'épouser. Moi je le ferai en tout cas.
-Et comme je suis un super coup...
-Je te crois sur parole, je ne vais pas vérifier... sauf si...
-Non ! Mais t'es vraiment un taré ! Au lieu de dire n'importe quoi, j'ai une douleur dans le cou, tu devrais me masser.
-On va faire du Tai chi tout à l'heure si tu veux mais là, il faut que je me réveille un peu.
Il s'installa dans les draps et prit son iPad posé près de lui pour lire un peu. Je finis par basculer un peu sur lui pour continuer ma lecture.
-Est-ce que tu as lu Une place à prendre de JK Rowling ? me demanda-t-il soudainement.
Je secouai la tête, j'en avais juste entendu parlé mais mes connaissances s'arrêtaient là; Il se mit à sourire et il m'assura qu'il allait me l'envoyer parce qu'il aimerait beaucoup en parler avec moi. C'était donc ça le Brian sympa constamment ? Je le préférai largement et même s'il avait pété un câble la veille au soir, je le trouvais en globalité plus calme qu'avant. Son iPad se mit à vibrer et je vis la tête de mon père s'afficher. C'était une photo qu'ils avaient pris tous les deux visiblement. Je lui donnai mes écouteurs et il se leva du lit.
-John. Salut ! Il y a un souci à la mai...Ah.. attends. Je m'isole un peu, je suis avec Sarah.
Il sortit de la chambre et je mourrais d'envie d'aller épier sa conversation mais je n'osais pas le faire. Il y avait des moments où je devais le laisser seul. Je descendis dans la pièce principale et j'y trouvais Brian. Il avait l'air bouleversé lui aussi. Il me vit et il tourna les yeux, sûrement pour ne pas que je remarque les larmes qu'il avait. Il continua sa conversation depuis la terrasse pendant que je sortais le petit déjeuner. Je l'installais sur une table et je filai chercher Sophie. Elle était entrain de faire des mamours avec Cameron lorsque j'ouvris la porte à la volée.
-Cam, va falloir que tu me fasses une place, il faut que je parle à Sophie.
-T'es sérieuse ? hoqueta-t-il. Elle est sérieuse ? demanda-t-il en se tournant vers Sophie.
Cette dernière secoua la tête et je me faufilais entre les deux.
-Estime-toi heureux que je ne rentre pas dans les draps.
-Oh tu peux, tu sais, tant que tu y es. Juste pour savoir, tu fais ça à cause de Grey's anatomy ?
-Non, je le fais parce que c'est ma sœur et que Brian est entrain de pleurer Sophie.
-Quoi ? Oh non qu'est-ce qu'il a ?
-Il est entrain de parler avec Papa et ça me brise le cœur de le voir dans cet état là et je... Cam, tu vas où comme ça ?
Le petit ami de Sophie était entrain de quitter le lit.
-Je descends et vous laisse partir.
-Tu n'as pas entendu ce que j'ai dit ou quoi ? Brian est entrain de pleurer. Si tu le vois comme ça, tu vas te faire tuer. Moi je peux, je suis comme sa sœur mais toi... le seul truc que tu peux faire c'est aller prendre une douche.
-Oui madame.
Il se dirigea vers la salle de bain, sans un mot de plus.
-C'est quoi son problème ?
-Cam n'aime pas trop les commérages. Brian pleurant... je descendrai bien pour voir ça... il doit être trop choupinou.
-Tu sais que j'entends tout Sophie depuis la douche hein ! lâcha la voix de Cameron sous le jet d'eau.
-Oui oui mon chéri. Mais tu peux pas savoir l'effet que ça fait sur une fille de voir un mec pleurer.
-C'est un peu le stade ultime de la confiance tu vois, complétai-je en m'installant à la place laissée vacante par son petit-ami.
-Mouais, je suis pas convaincu.
Je levai les yeux au ciel et je me tournai vers Sophie.
-C'est vrai que tu en as collé une à Brian ?
-Évidemment. Il manquerait plus qu'il s'en tire après ce qu'il a dit. Mais après j'ai vite compris que j'avais besoin de lui pour te retrouver.
-Me retrouver ?
-La vraie Sarah. Celle qui est forte. Celle qui ne se laisse pas intimider par Chris ou toutes les autres connasses du lycée. Celle qui ferait tout pour les siens. J'avais besoin de te retrouver. Et je savais que Brian avait emporté une partie de toi et qu'il devait de te la rendre.
-Emporté une partie de moi ?
-Ton envie de te battre. Ta force. Il t'a sapé ta vitalité la dernière fois et il n'y avait que lui pour te la rendre. Alors, j'ai mis mon envie de lui rouler dessus avec ma voiture de côté pour que tu ailles bien. Est-ce que tu vas bien Sarah ?
-T'es mon âme sœur, je serai un mec, sérieusement, je te ferai l'amour là.
-Ça répond pas à ma question tu sais.
-Je vais bien. J'ai trouvé un ami en Brian et j'espère ne pas le perdre.
Je continuais de papoter avec Sophie jusqu'à ce que Cam sorte de la douche en serviette. Ce fut ce moment précis que choisit Brian pour frapper et entrer. Il avisa de ma présence dans le lit, du peu d'habits de Cam et il eut un sourire goguenard.
-Donc en fait je tourne le dos deux petites minutes et vous faites une partouze sans moi. Je retiens les mecs. Je retiens. Bien joué Ford, j'espère que tu as profité d'avoir deux bombasses dans ton lit, ça va pas t'arriver souvent si t'es un mec bien. Je viens de refaire du café si ça intéresse quelqu'un.
-Attends... tu viens de dire que je suis une bombasse !
-Non ! J'ai jamais dit ça.
-Si tu l'as dit Brian !
-Prends pas tes rêves pour des réalités McAllister.
Il referma la porte et Sophie gloussa face au regard désespéré de Cameron. Quant à moi, je suivis Brian et je lui sautais dessus alors qu'il était sur une chaise longue.
-Tu as dit que j'étais une bombasse et ça rebooste mon estime de moi, comme dirait Eric, alors... merci beaucoup. Je sais que je t'ai dit que tu pouvais être toi à la maison mais... je dois avouer que j'aime bien ta nouvelle version. Je sais que tu n'as que quelques mois de plus que moi mais j'ai l'impression d'avoir un grand-frère depuis qu'on est arrivé ici. Et j'aime bien l'idée d'avoir un frère fort et protecteur. En plus de Tom, bien sûr.
-Oui bien sûr. Tom est un chevalier de la table ronde.
-Non c'est un Mousquetaire.
Brian caressa mon visage et m'approcha de lui pour me prendre dans ses bras.
-Je veux bien être ton frère si c'est ce que tu veux Sarah. Mais autant te prévenir. Comme dans toute bonne fratrie, si j'ai envie de te piquer ton argent, de te faire des blagues vaseuses, de te poursuivre dans la maison en hurlant ou que j'ai envie de te dire que tu n'es qu'une vieille mégère, je le ferai.
-Si j'ai le droit de te dire que tu es qu'un branleur qui va devenir chauve à 25 ans et que je vais t'attacher à un arbre pour te laisser crever, ça me va.
-Marché conclu.
-Si nos parents venaient à divorcer, j'aimerai que toi et moi on reste une famille. Ou du moins qu'on reste ami ? Tu crois que ce serait possible ?
-Sarah. Si nos parents venaient à divorcer, ce que je crois pas vu la façon dont ils se la donnent, tu prendrais le parti de ton père, je prendrai le parti de ma mère donc non, on pourrait pas rester une famille non. Mais des amis, ça peut se voir. Alors... amis ? Fratrie ?
-Fratrie amicale ? Amis fraternels ?
-Et si on ne mettait pas d'étiquette et qu'on voit juste où ça nous mène toi et moi ?
J'hochai la tête et je remarquai qu'il avait eu le temps de se laver contrairement à moi. Je filai à l'étage et je redescendis en même temps que Sophie. Les deux garçons avaient attaqué le petit déjeuner.
Nous passâmes une matinée de dingue. L'accrobranche, c'était de l'adrénaline et de la bonne humeur. C'était assez effrayant au début mais après, il restait juste du bonheur. Brian allait beaucoup mieux et j'en étais ravie. Nous achetâmes des sandwiches pour le midi et nous nous installâmes près du lac Isabella.
-Merci Sarah, me fit Brian alors que nous étions tous les deux entrain de nager dans l'eau un peu froide du lac.
-De quoi ?
-D'être revenu sur tes paroles. J'attendais que ça vienne de toi spontanément et j'ai senti que c'était spontané. Je vais travailler sur moi moi aussi. Je ne l'ai pas fait depuis un petit moment et je n'aurais pas dû me laisser aller comme ça. Merci de m'en avoir fait prendre conscience. Et aussi d'avoir parlé à John. On va avoir une discussion tous les deux et... je pense que ça va aller mieux. Je sais que c'est de ton fait. Je culpabilise encore plus de t'avoir fait du mal parce que t'es sûrement la fille la plus altruiste de ma connaissance. Je regrette tellement.
-Faut apprendre à se pardonner. C'est ce que m'a toujours dit Grand-Mère Amélia. Tu n'es qu'un homme, pas Dieu. Je suis loin d'être parfaite mais j'aime pas voir les autres malheureux. Je veux pas faire aux autres... enfin tu vois quoi. J'ai pas envie d'en parler maintenant.On est quitte okay ?
Il s'approcha de moi doucement comme pour me prendre dans ses bras. Sauf que c'était Brian et qu'il en profita pour me couler. J'avais la bouche ouverte et je bus à la tasse. C'était ignoble mais j'étais hilare. Je le rattrapai pour lui remettre la tête sous l'eau avant de rejoindre Sophie. Elle ne m'avait pas entendu arriver et elle sursauta comme une folle. Je lui murmurai à l'oreille que je voulais me venger de Brian qui venait de me couler. Elle eut ce sourire si particulier qu'elle avait lorsque nous étions enfants. Elle était prête à faire une bêtise. Nous fîmes couler Brian à deux et ensuite nous nous attaquâmes à Cameron. Je percevais une certaine forme de délivrance dans les yeux du petit-ami de Sophie. Trainer avec un garçon lui faisait du bien. Depuis qu'il sortait avec Sophie, il trainait beaucoup plus avec nous et moins avec ses amis d'avant. Je me demandais dans le fond si Cam n'aurait pas voulu faire parti de la bande de Brian et Paul. Être un populaire parmi les populaires. Sophie me mit de la crème solaire dans le dos pendant que les garçons parlaient d'informatique.
Je trouvais vraiment que trainer avec des gens qui ne pensaient pas qu'à leur image lui faisait un bien extraordinaire. Je n'aurais pas imaginé Brian s'entendre avec Cameron au lycée alors qu'il était entouré de sa cour mais là, ce n'était pas le cas. Alors qu'il renvoyait un ballon égaré à un groupe d'enfants j'eus encore un aperçu de l'enfant qu'il avait été et alors même que je ne le connaissais pas, je me mis à haïr son père Alessandro Teobaldo. Je me mis à le haïr de toutes mes forces, de toute mon âme. Tous les amis d'enfance de Brian se rejoignaient sur le sujet. Cet homme l'avait fait changer, l'avait anéanti. C'était un crime que d'empêcher un enfant d'en être un, de briser sa confiance, ses rêves et ses espoirs. Il lui avait enlevé son enfance heureuse. J'avais l'impression que la situation s'était inversée. Brian m'avait emmenée à Kernville pour me faire prendre conscience que j'allais mal et cette année, c'était lui qui se confiait à moi. Je voulais le sauver, de lui-même s'il le fallait. Sophie m'avait dit qu'il m'avait pris ma vitalité mais j'allais la retrouver. Je m'en fis la promesse. Je deviendrais forte et je l'aiderais à aller mieux. Il m'avait dit que j'étais comme Emma Swann et j'allais l'être. J'allais lui donner une fin heureuse. C'était une nécessité.
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