Shrek et son Âne
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Brian était parti voir Tara et m'avait interdit de venir. J'étais prête à y aller mais il m'avait arrêté en plein milieu du couloir.
-Écoute. J'ai besoin de voir Tara seul à seul. C'est pas contre toi, mais ne viens pas. J'ai pas envie que tu sois dans les parages pendant que je suis avec elle.
J'avais accepté uniquement à cause de son regard qui me suppliait de lui laisser ce moment. Même Jeremy n'avait pas été la voir. En partant le 1 janvier il avait annoncé à Brian qu'il passerait la voir après lui. J'avais trouvé Jer très mature et sympathique sur ce coup. Même Brian en avait été touché. Et là... j'attendais avec impatience qu'il revienne pour avoir des nouvelles de Tara.
Je me redressai sur mon lit et je regardai par la fenêtre. Les Miller étaient tous repartis, Eric travaillait et avait laissé sa fille au bon soin de notre famille pour la fin de la semaine. Elijah et Mary bossaient également et mon Grand-Père était toujours dans la recherche de son futur chez lui à Los Angeles. Kylie, quant à elle, passait du temps dans l'atelier dont elle avait reçu les clefs de mon oncle Eric comme cadeau de Noël.
J'étais toute seule et personne n'était venue me voir encore. Papa avait accompagné Brian à l'hôpital et je savais qu'il allait en profiter pour faire une opération. Si Mary avait eu des vacances, il aurait refusé mais ce n'était pas le cas.
-Sarah ?
Je me tournai vers James et j'acceptai immédiatement lorsqu'il me demanda si j'étais dispo pour faire un tour avec lui. En réalité, Valentina lui fit les yeux doux pour sortir aussi et elle prit le bébé avec elle. Il dormait profondément dans la voiture et la main de sa mère le rassurait sûrement. J'étais montée à l'avant de la voiture et j'écoutai mon oncle parler à son épouse en espagnol.
-On va à la maison ? finis-je par demander en reconnaissant le traiteur près de chez moi.
-On pensait rendre une petite visite à Elena, me répondit Val. Ça fait longtemps que je n'ai pas été la voir et j'ai pas mal de choses à lui dire tu sais.
-Oui, moi aussi tante Val. Moi aussi.
Mon oncle attrapa son fils dans le porte-bébé et nous arrivâmes bientôt devant la tombe de ma mère. Je vis des fleurs fraiches et je levai un sourcil. Qui avait bien pu venir avant nous ? Je reculai un peu pour m'asseoir sur le banc pas très loin et laisser un peu mon oncle et ma tante avec ma mère. Enfin avec ce qui restait d'elle. Je m'étais fait la réflexion une fois de savoir s'il restait vraiment quelque chose d'elle après toutes ces années où si elle était devenue poussière. Pourquoi les humains avaient-ils besoin de se rattacher ainsi au corps humain ? J'avais pourtant l'impression d'être plus connectée à elle maintenant que j'étais face à son cercueil que lorsque j'étais chez moi alors qu'elle y avait habité durant des années. Je fermai les yeux une minute.
Je ne sais pas s'il réside grand-chose de toi maintenant dans tout l'univers. Mais je voulais te dire une chose Maman. Je suis en paix depuis que je t'ai vu tout sourire et heureuse. Je sais que tu n'as voulu que mon bonheur durant ton passage sur cette Terre. J'ai compris ce que tout le monde voulait me dire mais que je ne voulais pas entendre sous le prétexte que toi, tu m'en voudrais. J'ai été idiote. J'ai causé beaucoup de souci à tout le monde, mais je vais chercher un moyen de me racheter auprès de toutes les personnes que j'ai pu blesser. Je vais essayer de changer ma nature profonde qui me pousse à cacher mes erreurs sans les résoudre pour autant. Je te le promets. Je sais que si je te fais une promesse à toi, je la tiendrai.
Je rouvris les yeux quand je sentis une personne prendre place près de moi. C'était James qui posa sa main sur ma joue.
-J'ai entendu dire que tu avais vu notre Grand-Père et qu'il t'avait parlé. Je voulais te remercier pour ça. Pour avoir partagé ton expérience avec tout le monde. Je me dis désormais qu'un jour, dans très longtemps, je serai de nouveau avec lui. Quand je l'ai perdu, j'ai eu un trou béant dans mon âme qui a eu du mal à se refermer. J'étais jeune quand mon père est parti mine de rien et j'ai perdu le seul véritable père que j'ai eu dans la foulée. Ce que tu as révélé à John et bien... ça me donne de l'espoir. D'une part parce que je sais qu'il n'est pas tout seul et d'autre part parce que ça veut dire que tout ce en quoi j'ai cru toute ma vie a une part de réalité.
-Mais je ne sais pas s'il était auprès de Dieu ou pas, tu sais...
-C'est justement ce que je veux dire. Pour moi Dieu c'est pas un bonhomme sur son trône qui nous juge et nous dit ce qui est bien ou mal. Pour moi Dieu c'est la force qui nous unit les uns aux autres et qui nous unit à ce monde. Pour moi Dieu, c'est l'Amour et tu l'as dit toi-même. Ils baignaient tous dans le sentiment le plus pur d'amour que tu aies vu.
-Tu assimiles la foi dans les hommes à la foi en Dieu en fait.
-Pour moi c'est une de ses composantes, c'est même presque la même chose. On ne peut pas avoir foi en Dieu si l'on est pas capable d'avoir foi dans la personne qui est juste à côté de soi, de lui venir en aide, de l'aimer pour ce qu'elle est vraiment. Avoir foi dans notre monde et dans la nature profonde de l'homme qui lui permet de se surpasser, de changer ce qui est mal pour lui... Oui pour moi c'est indissociable de Dieu.
-Si pour toi, Dieu c'est le lien qui nous unit à l'univers, alors j'adhère totalement à ta théorie James.
-Mais encore une fois, ça n'engage que moi. J'ai essayé de transmettre ma vision des choses à mes enfants, mais s'ils n'y adhèrent pas, ça ne changera pas l'amour que j'ai pour eux.
Valentina se redressa et arriva vers nous.
-Je crois que c'est ta belle-mère qui est venue déposer ce bouquet sur la tombe d'Elena.
-Ah bon ?
-Elle m'avait dit qu'elle devait venir la remercier d'avoir veillé sur toi.
-Vraiment ?
Elle acquiesça et s'assit sur ma gauche. Je ne pourrais dire combien de temps nous restâmes assis là mais lorsque je me relevai, j'étais engourdie.
-Je meurs d'envie d'un chocolat chaud, ça vous tente.
-J'ai pas vraiment d'argent sur moi James, Papa m'avait sucré mon argent de poche, avant.
-Et depuis quand un McAllister fait payer une femme ? Je ne suis pas ton pote, je suis ton oncle. Je vais t'offrir un café ou un chocolat chaud avec une montagne de marshmallows et encore plus de chantilly par dessus.
-James, tu abuses sérieusement de parler de ça devant moi. Tu sais que je dois perdre du poids maintenant que j'ai accouché.
Mon oncle observa son épouse.
-Moi je te trouve parfaite comme tu es. Mais si tu veux maigrir, on fera un régime plus tard. Au printemps. Ou en été. Il faut trop froid là pour se passer d'un bon chocolat chaud et puis bébé Aonghas a le droit de boire du lait goût chocolat marshmallow chantilly. Il faut penser à lui aussi.
-Tu n'es pas croyable. Mais d'accord. Régime au printemps alors ?
-Voilà. Promis j'irai courir avec toi tous les matins.
-Ça me va. Ça veut dire que je peux cuisiner mexicain ce soir ?
-Depuis quand tu as besoin de ma permission pour faire quoi que ce soit ? Ma mère adore ta cuisine, Captain America devra s'y faire et Grand-Mère raffole de tes tamales. Sarah, on mange mexicain ce soir.
-Tu sais que je rêve de ta cuisine parfois la nuit tante Val.
Elle me sourit, embrassa son mari et partit devant nous pour aller démarrer la voiture.
-Comment avez-vous réussi à trouver un équilibre aussi parfait ?
-Avec de l'amour et du respect. Et puis... tu as vu ma femme ? comment ne pas aimer une femme comme elle, dis-moi ? C'est une beauté et quand elle semble l'oublier et bien je lui fais une piqûre de rappel.
Il s'approcha de la voiture, remit le bébé dans son siège et nous filâmes dans un café pour nous réchauffer un peu. J'étais à peine installée avec la tasse entre mes mains que j'entendis mon prénom. C'était des camarades de classe. Ils me saluèrent gentiment et je leur répondis sur le même ton mais en réalité, je me sentais oppressée. Je n'avais pas songé au retour au lycée. J'allais devoir y retourner. Retourner dans le lieu où j'avais failli perdre la vie. Je n'étais pas prête, très clairement. Mon regard se posa sur le noir abyssal de mon thé. Dans quelques jours, j'allais devoir fouler de nouveau les couloirs du lycée, affronter le regard des autres. Il fallait que je parle au Dr Cooper. Il fallait que j'en parle à Jer et à Brian. Tout le monde savait que nous avions été blessés. Je sursautai en sentant la main de Val sur moi.
-Tu veux rentrer ?
-Hum.. excusez-moi une minute.
Je pris mon téléphone avec moi et je me faufilai jusqu'à la sortie. J'appelai le Dr Cooper et son répondeur m'accueillit.
-Bonjour Dr Cooper, c'est Sarah McAllister, est-ce que vous pensez qu'on pourrait se voir avant la rentrée ? Je viens de me rendre compte de ce que ça impliquait et.. je suis terrifiée à l'idée d'y retourner. J'ai vraiment besoin d'en parler, même quelques minutes par téléphone. Hum, rappelez-moi ! Bonne fin de journée.
Je retournai auprès de mon oncle et de ma tante et nous rentrâmes chez Grand-Mère. Ils parlaient tous les deux et j'étais à l'arrière avec le bébé. Nous étions à peine rentrés que j'appelai mon père.
-Je suis lààààà ! hurla sa voix.
Si mon père était là, ça ne voulait dire qu'une chose. Brian était aussi présent. Je devais le trouver. Je me rendis dans ma chambre pour me changer et je frappai à la sienne.
-Bri...
Il n'était pas là. Je ne voyais même pas ses affaires. C'était étrange. Je rejoignis mon père et je lui trouvai un air très sérieux, un verre à la main et légèrement affalé dans un fauteuil à regarder la cheminée.
-Viens ici Sarah.
Il me tendit la main et je m'assis sur sa cuisse.
-J'ai quelque chose à te dire. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, il y a un souci avec ton amie Tara. Elle..
-Ils vont la réopérer ?
-Tara souffre d'amnésie...
-C'est pas très étonnant qu'elle ne se rappelle pas de la fusillade. Moi aussi j'ai des trous de mém..
-Non Sarah, tu ne comprends pas. Elle a une forme d'amnésie rétrograde particulièrement virulente. Elle ne se souvient de rien. Et quand je dis rien c'est rien du tout. Elle ne se souvient ni de son nom, ni de sa famille et encore moins de ses amis proches.
Le sang quitta mon visage.
-Et.. elle va recouvrer la mémoire rapidement ?
-Je ne pense pas non. J'ai pu parler à mes collègues et ce ne sera pas l'affaire de quelques mois. Il est possible que cette partie de sa vie soit occultée à jamais.
-Où est Brian ?
-Il avait besoin de marcher un peu dans le parc.
-Il faut que j'aille le voir, m'exclamai-je en me redressant.
-Non, répondit mon père en m'attrapant l'avant-bras. Je ne l'ai pas laissé se promener de gaité de cœur mais là, il avait besoin d'être seul pour faire le point.
-Papa, il faut aller le voir tout de suite, tu ne sais pas qui est Tara pour lui.
-Je le sais parfaitement. Je sais qu'il l'aimait profondément et c'est pour ça qu'il a besoin d'un moment de solitude. Je sais ce que ça fait de perdre la personne qu'on aime Sarah. J'ai... je donnerai n'importe quoi pour ne pas qu'il traverse ça. Je donnerai tout ce que j'ai, mais, là je suis impuissant.
Il avala son verre et le posa sur la desserte.
-Quand on est arrivé, il a été directement dans sa chambre et il l'a embrassé sur la joue. Ça l'a réveillée et elle a hurlé en le voyant. Elle était terrorisée de voir un inconnu dans sa chambre. Elle a fait une crise de panique et même sa mère n'a pas pu l'approcher.
-Mais ça va être quoi la suite ? Elle ne peut pas rester comme ça !
-Je suis absolument désolé de te le dire, mais ce n'est pas de mon ressort. Je ne suis pas son médecin et ce n'est pas ma spécialité. Il est possible qu'elle... soit prise en charge dans un centre selon ce que ces parents décideront. Tout dépendra du souhait des Byrd, mais il est certain et normal d'ailleurs qu'il prenne en compte uniquement l'intérêt de leur fille. Il va falloir être très présent pour Brian ma chérie et faire attention à lui.
-Tu as peur qu'il fasse une bêtise... murmurai-je.
-Si je me base sur ma propre expérience, oui.
-Mais Papa, Tara n'est pas morte elle..
-Je n'en serai pas si sûre à ta place.
J'entendis du bruit derrière moi et je vis Brian; Il avait un grand sourire sur les lèvres.
-Vous devinerez jamais ce que j'ai vu. Je viens de voir Ashley Benson. Oui Sarah, la Ashley Benson et vous savez la meilleure ? J'étais avec votre Grand-Mère et Ashley s'est arrêtée pour lui parler. Ta Grand-Mère connait mon fantasme, John. Je devrais peut-être larguer Alex pendant deux ou trois jours le temps de conclure, non ?
Il éclata de rire et se laissa tomber sur le canapé.
-Pourquoi vous me regardez comme ça ? Vous allez trouver ça étrange, mais je crois que je suis un peu libéré quand ma famille n'est pas là. Le Colonel a un peu tendance à me foutre les boules et Martin est tellement tombé amoureux de ton frère que j'ai cru qu'ils allaient finir par plaquer leurs hispaniques et se prendre un appart' à St Bart. C'était limite flippant. Mais maintenant que j'y pense, je suis aussi tombé en amitié avec Paul alors... Tu accepterais de faire une partie de PES avec moi John ? Tu peux participer Sarah, mais tu connais déjà pas les règles du football, alors j'ose pas imaginer celle du soccer.
-Je connais les règles du soccer. Tu prends un ballon, tu tapes dedans et BUUUUUUUTTTTT, hurlai-je.
-Sarah ! Peux-tu cesser de crier s'il-te-plaît ?
-Oui Grand-Mère Maddie. Bonjour Roger, je vous ai pas vu aujourd'hui ! Vous allez bien ?
Le nouveau mec de ma Grand-Mère acquiesça et mon père se leva pour aller avec Brian. Je le trouvais vraiment bizarre. Comment pouvait-il être aussi joyeux ? Durant le repas du soir, il était joyeux et quand son frère lui demanda comment se sentait Tara à la fin du repas et s'il pouvait aller la revoir, il s'arrêta et eut un sourire très doux.
-Elle.. elle va bien c'est l'essentiel Thomas. Mais, je ne pense pas que tu pourras la voir avant qu'elle se remette totalement.
-Et quand elle va se remettre totalement ?
-Je ne sais pas, mais je te promets que tu seras le premier à aller la voir.
-Est-ce qu'on peut lui faire des dessins ? Nos dessins ont guéri Sarah, elle nous l'a dit, affirma Giulia en se redressant.
-Oui bien sûr que vous pouvez lui faire des dessins, sourit Brian.
-Tu crois que le père Noël peut recevoir des lettres en dehors de Noël oncle John ? continua-t-elle.
-Je ne sais pas, tu en penses quoi James ? sourit Papa. Tu as toujours tes contacts en Laponie ?
-Évidemment, pour qui tu me prends ? Je vais envoyer un hibou chez la Reine des Neiges et à Prosper Youplaboum, le Roi du...
Rebecca poussa un cri et hurla de rire.
-Rebecca, aurais-tu perdu tout sens commun ? lui demanda sa mère sourcil froncé.
-Mais Maman, Papa a dit Prosper Youplaboum, ça veut dire que tu as PERDU LE PARI.
James plissa des yeux et il les ferma en réprimant son rire.
-Je ne vois pas de quoi tu parles.
-TU MENS, s'exclama sa jumelle. Tu as fait un pari avec nous, tu as dit que tu ne dirais pas Prosper Youplaboum, le Roi du Pain d'épices, pendant un mois. Et ça finit DEMAIN. Donc. Tu as perdu ton pari et tu dois faire tout ce qu'on veut maintenant.
-Désolé Papa, intervint Duncan. J'étais là et tu vas devoir respecter ta parole.
James lâcha encore une insulte dans une langue inconnue qui fait soupirer Amélia et il sourit.
-Très bien, mesdemoiselles, que puis-je faire pour vous faire plaisir ?
-Tu dois... attends. On fait une concertation.
Abigail et Rebecca se cachèrent sous la table de la salle à manger et quand elles en ressortirent, elles avaient une tête diabolique.
-Tu vas devoir jouer un morceau de piano.
-Bach, ça vous va ?
-Non, répondit Abbie. Tu vas devoir jouer la chanson principale de la Reine des Neiges.
-Et tu vas devoir chanter en plus, continua sa sœur.
-Vous ne préférez pas aller à la plage en France plutôt ? Ou allez au Japon ? C'est cool le Japon.
Elles secouèrent la tête et je vis le sourire ironique de mon père.
-Oui James, joue-nous « libérée, délivrée ».
Mon oncle se leva avec dignité après avoir demandé à Amélia s'il pouvait quitter la table. Mon père le suivit et je le vis dégainer son portable « pour la postérité ».
Je ne savais pas ce qui était le plus amusant. Voir mon père à deux doigts de pleurer de rire ou d'entendre mon oncle jouer à la perfection cette chanson. Je me tournai vers Brian et je le vis, les yeux dans le vague. Il souriait, comme tout le monde, mais ses yeux étaient purement inexpressifs. Je me posai près de lui et je lui fis un câlin tout simplement. Je ne voulais pas parler, mais juste lui faire comprendre que j'étais là, qu'il pouvait compter sur moi.
-Tu veux danser avec moi ?
-Tout de suite ? demandai-je.
Il acquiesça et il m'aida à me redresser. Lorsque James le vit, il changea le registre de sa musique et fit un air entrainant. Mary entraina mon père et Brian se pencha vers mon oreille.
-Je sais ce que tu es en train de faire et c'est pas la peine. Je vais bien. Je te jure que je vais bien.
-Malheureusement je ne te crois pas du tout.
-Tu devrais pourtant. Si toi tu ne me crois pas, personne ne le pourra.
Il me serra un peu plus fort contre lui et nous continuâmes à danser jusqu'à ce que Giulia me pousse pour prendre ma place. Non décidément, il n'allait pas bien du tout. Au moment de dormir et au lieu de rejoindre ma chambre, je l'attendis directement dans la sienne. Il eut l'air surpris de me voir mais cela ne l'empêcha pas de se préparer pour la nuit.
-Tu voulais quoi ?
-Tu ne m'as pas dit comment ça s'était passé.
-Vu que John t'en a parlé, je vois pas pourquoi il faut s'appesantir dessus. J'ai prévenu Jer mais je crois qu'il va y aller demain.
-Tu comptes...
-Y retourner ? Pas avant la rentrée. Je te rappelle qu'on est encore lycéen et qu'on a des devoirs à faire. J'ai une dissertation en espagnol et je comptais sur ta tante pour relire.
-Pourquoi tu refuses de m'en parler ?
-Y'a rien à dire Sarah. Elle ne se souvient de rien et je pense que le mieux pour elle c'est de rester tranquille et de se réhabituer un peu au monde autour d'elle. J'irai la revoir mais pas tout de suite. On était tous d'accord avec ça à l'hôpital. J'ai pas à revenir dessus et j'ai pas d'opinion à avoir dessus.
-À d'autres Brian, tu as une opinion sur tout, même quand on te la demande pas, mais là, non tu ne penses à rien ?
-Sarah. Lâche l'affaire, s'il-te-plaît. Tu le sens bien de retourner au lycée ? J'ai un peu d'appréhension personnellement alors que j'ai revu tout le monde à l'enterrement de Tyler. Toi ça doit être puissance 3000.
-J'ai laissé un message sur le répondeur de Cooper pour qu'on se parle avant d'y aller.
-Si tu as peur de quoi que ce soit, viens me voir. Je serai pas loin.
Je secouai la tête et je n'insistai pas sur le problème Tara. L'accabler plus qu'il ne devait l'être, c'était pas cool, mais je n'en avais pas terminée pour autant. Il se plaça dans son lit et je me mis à côté de lui. J'avais eu le temps d'enfiler mon pyjama et il se mit à rire.
-On dirait que tu as piqué le pyjama d'un vieil homme.
-C'est le cas. J'ai piqué celui de Papalister.
-Connasse va, se mit-il à rire.
J'avais réussi à le dérider et j'étais à deux doigts de me mettre dans son lit quand il m'arrêta.
-Sarah. Je préfèrerai que tu partes cette nuit. C'est pas contre toi, sauf que je comptais avoir un appel coquin avec Alex et concrètement, je vais avoir une main prise par mon téléphone et l'autre...
-Ne me dis pas des trucs pareils Brian c'est vraiment dégoûtant. Tu oublieras pas de demander à la bonne de changer tes draps surtout. Bon pal.. bonne nuit.
Je sortis aussi vite que possible et tout à coup, je me sentis seule. Je me rendis dans la chambre de mon cousin Duncan.
-Sarah, tu as cinq minutes avant que je m'envoie en l'air.
-Mais c'est pas possible, vous pouvez pas deux secondes arrêter dans cette famille ??
-Je ne sais pas de qui tu parles comme ça. Et je pense pas que l'intégralité de la famille s'envoie en l'air ce soir. Enfin nos parents c'est clair que oui, moi oui, toi non. Brian non. Aucun des petits, Amélia pareil, Grand-Mère ? Non je veux pas imaginer tout ça. Qu'est-ce que tu as poussin ?
-Rien. Écoute, c'est pas grave Duncan. Amuse-toi bien.
-Je peux annuler si...
-Non ! Vous repartez dans deux jours, profite de tes vacances. Je vais aller prendre un livre dans la bibliothèque.
J'errai dans les couloirs en pleine nuit et c'était flippant. Je n'avais pas allumé la lumière et j'eus l'impression que n'importe quel bruit pourrait me donner une crise cardiaque. Je vis de la lumière sous une porte et je la poussai. C'était les appartements de ma Grand-Mère. Elle était d'ailleurs en train de se coiffer pour aller se coucher.
-Sarah, entre ma chérie. Tu as l'air troublée.
-Je.. je peux rester avec toi cette nuit ?
-Et bien la dernière femme avec laquelle j'ai dormi, il me semble bien que c'était ma sœur. Installe-toi, je t'en prie.
Je m'installais entre les draps et ma Grand-Mère me rejoignit. Elle me demanda de lui expliquer mes soucis, mais je ne savais pas par quoi commencer.
-C'est Brian, il...
Une fois commencée, je ne pus m'arrêter. Tout tournait autour de Brian et encore de Brian. Amélia m'écouta sans m'interrompre.
-Je ne sais pas comment faire pour l'aider. Il est en train de se refermer, je suis sûre que c'est ça. Je le ressens au plus profond de moi.
-Fais semblant de le croire Sarah, quand il dit qu'il va bien. Il finira par lui-même par t'en parler et se confier à toi, mais tu dois le faire en douceur.
Je voyais qu'elle était fatiguée, aussi, je la remerciai de son conseil et je la laissai se reposer. Je fus réveillée par mon père très tôt le matin. Il était assis dans le fauteuil de la chambre de Grand-Mère en train de parler à Amélia.
-Papa ? Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je ne t'ai pas vue dans ta chambre tout à l'heure. J'ai paniqué.
-Papa, il est 6h45.
-Je n'y peux rien, c'est plus fort que moi. Je suis obligé de passer de temps en temps pour voir si tu es toujours en vie. Rendors-toi mon trésor.
-Trop tard, je vais aller prendre mes médicaments et on va se promener tous les trois ?
-Allez-y sans moi, j'ai du courrier auquel je dois répondre mes enfants.
Mon père acquiesça et une demie-heure plus tard, nous foulions l'allée du parc.
-J'ai oublié de te le dire hier Papa mais j'ai demandé à parler à Cooper avant la rentrée. Sinon je crois pas que je pourrais retourner au lycée.
-J'y ai pensé et j'ai demandé à ta directrice si on pouvait s'y rendre aujourd'hui, avec Cooper.
-On va au lycée... Désolée mais je ne peux pas. Je ne peux vraiment pas. Si c'est pour rester dans la voiture, c'est pas la peine.
-Sarah.
-Non. Non et non. Je ne veux pas y aller, je suis pas prête.
-Nous sommes mercredi, tu reprends les cours lundi, il faut vraiment que..
-Papa ! Je suis retournée en cours alors que je me suis fait frapper, qu'on m'a lancé des trucs à la figure et qu'on se foutait de moi dans les couloirs. C'est pas un caprice. Je suis pas prête.
-C'est justement pour ça qu'on doit y aller. Tu ne seras jamais prête Sarah. Cette frayeur restera en toi pendant encore longtemps, c'est celle-la même qui t'a fait sursauter pour un feu d'artifice, tu dois la combattre au plus vite.
-Tu ne peux pas me forcer à y aller.
-Si je peux et je vais le faire. Je ne le fais pas par plaisir mais parce que je veux que tu avances.
Je me tus. Ce n'était pas la peine d'essayer de parler quand il était comme ça. Il m'emmena après le petit déjeuner, histoire de bien me plomber ma journée et il arriva devant le lycée où Cooper monta dans la voiture.
-Salut Dr Coop.
-Tu n'as pas l'air ravie d'être là.
-Si j'avais refusé de venir, Papa m'aurait ligotée et balancée dans le coffre de la voiture. Pas la peine de sourire, il a littéralement dit ça à son frère tout à l'heure. Bon on y va ? Plus vite ce sera fait, plus vite ce sera terminé non ?
Je sortis de la voiture et je marchais vers le lycée avant de m'arrêter devant la porte d'entrée que je poussai. Il était désespérément vide. Il y avait des ouvriers qui travaillaient à l'intérieur et qui installaient des portiques de sécurité. Je me retournai vers mon père et Cooper.
-Je crois que je me suis montée la tête en fait. Je... je pensais que ce serait plus difficile mais c'est juste le lycée.
Je souris doucement et je m'aventurai dans les couloirs sans me retourner. Ils ne devaient pas voir que mon visage venait de pâlir et que l'idée même d'être là me donnait envie de vomir. J'allais jusqu'à mon casier et je vis des messages dessus. Je trouvais ça chou en réalité. Je l'ouvris et je vis une petite enveloppe sur mes livres qui avait sûrement dû être glissée par l'interstice du haut. C'était un message de Tyler. Vendredi soir, rendez-vous chez Macy's pour fêter la représentation ! Tyler. Ma main se mit à trembler. Tyler. Une vague de chagrin monta le long de mon torse. Je me retournai et je me fourrai dans les bras de mon père en pleurant. Le mot glissa de ma main et ma psy le ramassa. Je finis par me détacher de mon père.
-Désolée, je suis ridicule.
-Non, tu es triste Sarah. Montrer sa tristesse, sa colère ou sa joie, montrer son émotion, ce n'est pas être ridicule, argua fermement ma psy. Il fallait que ça sorte. Je crois que ça suffit pour aujourd'hui John.
Papa ramena ma psy à l'hôpital et je demandai à rester seule pendant ce temps au cimetière. Sophie m'avait dit exactement où était la tombe de Tyler. Elle était l'une des plus fleuries de tout le cimetière. Je m'arrêtai devant. Je n'avais rien du tout, pas une fleur, pas de quoi écrire un mot. J'étais juste là.
-Salut Ty. Je voulais vous remercier parce que vous m'avez appris quelque chose sur moi. Je ne dois pas avoir peur et je dois avoir confiance en moi. Chanter devant les autres c'était super dur et pourtant vous m'avez poussé à le faire. Je ne pourrais jamais vous exprimer ma gratitude autrement que comme ça.
Je commençai à chanter Back to Black d'Amy Winehouse parce qu'il avait dit un jour en cours qu'il adorait cette chanson. Je chantai avec mes tripes, avec tout mon cœur, avec toutes mes larmes. Je chantai pour Tyler, pour son talent et l'inspiration qu'il avait été pour nous. Je chantai pour que depuis l'endroit où il était, il m'entende et qu'il sache qu'il avait permis mon changement. Quand la dernière note retentit, je rouvris les yeux et j'essuyai mes larmes. Je me retournai et j'eus la surprise de voir mon père. Il était un peu plus loin, les yeux clos.
-À chaque fois que je t'ai entendu chanter Sarah, tu m'as rappelé que la vie avait un sens et que le monde était beau. Vraiment très beau. Tu me rappelles ta mère quand tu chantes.
-Moi j'adore quand tu chantes. Ne me regarde pas comme ça, c'est pas ironique du tout. Ta voix, elle me calme. Et ce que j'aime par dessus tout, c'est t'entendre parler après un dîner. Tu baisses toujours ta voix et elle me fait penser au bruit de la mer.
-Ta mère disait la même chose. On rentre à la maison ? J'ai besoin de prendre des affaires avant de repartir chez Grand-Mère.
Je n'étais pas retournée à la maison depuis des semaines et cela me fit tellement du bien de rentrer chez moi. Je passai dans les pièces quasiment une à une. Rien n'avait changé. Mon père grimpa les escaliers et je m'assis dans le salon. Je posai une main sur mon cœur. Mon père m'avait dit que ma jeunesse jouait en ma faveur et que dans quelques semaines, je pourrais de nouveau vivre comme avant. Sauf que je ne voulais plus vivre comme avant. Pas entièrement du moins. J'allais désormais être plus à l'écoute des autres, et je commençai avec mon père. Je lui posai des questions sur son travail et je lui demandai s'il enviait Aonghas à son frère.
-Sarah. Tu as vu mon âge ? J'aime profondément le petit Aonghas, je l'ai aimé à la minute où je l'ai vu, mais je suis trop vieux maintenant pour avoir d'autres enfants. Tu es trop vieille aussi pour...
-Line veut un autre bébé, tu l'as entendu, elle estime pas que Marc ou que Paul soient trop vieux. Pareil pour Nicholas et Adèle. Sophie est persuadée qu'ils vont avoir un bébé finalement. Alors toi... tu aurais pu en vouloir d'autres, sans pour autant en avoir je veux dire. Tu es bien portant, Mary aussi, vous avez de quoi les élever, alors si vous aviez envie de faire un bébé, il ne faut pas penser à Brian ou moi ! Et puis Tom est jeune lui... non vraiment.
-Sarah. Nous n'en avons même pas discuter avec ta belle-mère parce que c'était évident que nous n'en aurions pas d'autres. Nous avons trois enfants. Et dans quelques années, Brian et toi vous aurez aussi des enfants. C'est éprouvant d'être parent.
-Surtout avec des enfants qui se droguent et qui fuguent comme Brian et moi. Vous avez réussi à engendrer chacun une mauvaise graine, je comprends, plaisantai-je. Votre quota pour enfant raté est atteint depuis un moment.
-Des enfants ratés comme vous deux, on en veut tous les jours. Vous avez bon fond après tout.
Mon père se mit à rire et monta un peu le son de la voiture. Dès que du Green Day passait mon père tapait en rythme sur son volant. Il monta le son et nous nous mîmes à hurler cette chanson.
-Tu te souviens de la choré qu'on avait inventé quand tu avais 8 ans ?
Il lâcha son volant alors que nous étions dans la circulation et nous nous mîmes à danser tous les deux. Il m'ébouriffa les cheveux en riant et il garda mon visage dans sa main. L'amour qu'il avait pour moi était tel qu'il me réchauffa.
-Dis Papa, j'ai une question à te poser d'ordre médical.
-Tu veux me demander si tu peux reprendre une activité sexuelle alors que tu t'es faite opérer il y a trois semaines ? La réponse est...
-PAPA ! Je parlais pas de ça !
Mes joues se colorèrent instantanément et mon père eut un sourire entendu.
-Je disais que la réponse est oui. Tu as pu danser au 31 décembre, sans être spécialement essoufflée. Tu as marché avec moi et j'ai observé ta respiration. Il faudrait y aller doucement mais tu pourrais avoir des relations intimes. Par toi-même ou avec quelqu'un.
-C'est hyper gênant Papa.
-Tu m'as demandé mon avis médical.
-Je voulais juste savoir si c'était normal d'avoir des palpitations au niveau de la paupière parfois le soir.
-C'est très gênant, je confirme. Alors les fasciculations sont d'origine musculaire. Ça peut être dû au stress, à la fatigue ou à la nervosité. Ou un manque de magnesium aussi.
-Je prends toujours de l'eau enrichie au magnesium, ça m'étonnerait. C'est sûrement de la fatigue. Est-ce que tu pourras me conduire au lycée lundi matin ?
-Oui bien sûr, je l'avais prévu ma chérie.
Nous arrivâmes chez Grand-Mère et nous vîmes Brian avec des feuilles à la main, descendre l'escalier. Il avait l'air fatigué et il releva les yeux vers nous.
-Ah salut, alors ? C'était bien ta séance avec ta psy ?
-C'était intéressant, tu as avancé en espagnol ?
-Je ne suis pas du tout sûr de ce que j'ai fait, tu n'aurais pas vu Mme McAllister ?
-Laquelle ? ris-je. Il y a quatre Mme McAllister et trois demoiselles McAllister alors...
-Ta tante Val...
-Je suis là ! chantonna-t-elle en espagnol en arrivant avec son bébé. Tu as fini ta dissertation ? Très bien. Prends Aonghas, je prends les papiers.
Elle lui confia le bébé, attrapa le crayon qu'il avait coincé derrière son oreille et elle se rendit dans le salon du bas. Brian avait l'air paralysé et mon père attrapa son neveu pour lui permettre de descendre les escaliers. Il me frôla et je sautai sur son dos. Il lâcha un râle de douleur et je redescendis.
-J'avais oublié pour ton bras. Je suis désolé.
-C'est pas grave. Sarah ! Je vais bien. Ne me regarde pas comme ça. Viens on va faire des papouilles à ton cousin.
Valentina était assise dans un des fauteuils et elle hochait la tête doucement. Mon père pouponnait et quand le petit se mit à légèrement pleurer, il lui chanta une berceuse. Brian, assit au sol près de la table où nous venions de sortir un jeu de carte, le fixa un instant. Il était parti tellement loin... Il se reprit en secouant la tête et nous jouâmes. Je ne savais pas quoi faire pour l'aider.
-Où est James ? finit par demander mon père.
-Duncan et lui sont partis peu de temps après vous deux. Ils ont besoin de faire des choses à deux. C'est important pour un garçon de faire des choses avec son père.
Mon père acquiesça et la main de Brian se serra un peu plus.
-D'ailleurs, je me suis dit.. Paul et Ben vont à un match vendredi soir, vous devriez y aller aussi. Duncan, Tom, James, Brian et toi. Et peut-être Roger aussi s'il aime ça ? Passez un peu de temps entre mecs. Et nous on fera une girly.
-Volontiers si tu es partant Brian.
Ce dernier hocha la tête et le soir venu, il poussa la porte de ma chambre sans frapper. Il s'installa près de moi en silence.
-Est-ce que tu veux venir voir Tara avec moi demain ? J'aurais demandé à Maman de me déposer en allant travailler.
-Oui volontiers. Je ressens ta tristesse Brian et ça me fait de la peine. Mais tu sais, tu vas bientôt revoir Alexandra, pas besoin d'être aussi triste !
Il esquissa un sourire. J'avais compris qu'il ne voulait pas parler de Tara aussi, j'avais dit n'importe quoi.
-Tu sais l'autre jour, m'avoua-t-il, j'ai pas appelé Alexandra. J'avais juste envie d'être tout seul pour digérer. Ça allait pas aussi bien que je l'ai prétendu, mais maintenant ça va. Alors, arrête tout de suite d'être une éponge à sentiments négatifs inexistants.
-Si tu le dis, je te crois. Dis.. je suis la seule à avoir remarqué que Papa a perdu un peu de sa joie de vivre ? C'est pour ça que j'ai proposé la soirée entre mec. Je crois qu'il en a besoin pour avoir un petit boost.
-Tu trouves ? C'est possible oui. Tu crois que ça lui ferait du bien ?
-Oh que oui.
Je mentais ouvertement et Brian ne semblait pas le voir. Je voulais lui remonter le moral à lui et non pas à mon père. C'était pour ça que j'avais inventé cette histoire de match de basket et que j'avais envoyé un message à Ben pour le prévenir de mon mensonge. Il m'avait légèrement réprimandé puis m'avait confié qu'il allait appeler mon père pour l'inviter officiellement.
-Et toi Sarah ? Qu'est-ce qui te ferait du bien ? Depuis que tu es revenue, tu te soucies beaucoup des autres, mais tu ne te soucies pas de toi. Qui prend soin de toi Sarah ? Qui cherche ton bonheur, ton véritable bonheur ?
-Je n'ai besoin de personne pour ça, je peux le chercher toute seule. Par contre, je sais que mon bonheur dépend de celui de notre famille. J'aime quand les gens autour de moi sont émerveillés et heureux.
-Ça ne te manque pas d'avoir quelqu'un avec toi ? Un mec ?
-Pourquoi avoir un mec quand je t'ai toi ? T'es mieux qu'un petit copain, je peux te parler de tout et n'importe quoi et j'ai pas besoin d'être toujours à mon avantage. Bon c'est vrai que sexuellement avec toi c'est le calme plat et pour cause mais... je crois que je vais tester la méthode Sophie.
-La méthode So... Oh, je vois. Je ne pensais pas que tu étais une adepte de ce genre de choses. Demain après l'hôpital, je t'emmène dans un Sex Shop, je serai ravi de participer à l'achat de...
Je me mis à rougir et il se mit à rire.
-Tu pourras l'appeler Mini-Brian.
-Non, pas question que je m'achète un sextoy avec toi et pas question que je l'appelle comme toi en plus ! T'es malade mec !
-Ah mais tu sais, toutes les filles aiment maxi-Brian, tu ne pourrais pas être déçu avec mini-Brian. Alors ce serait un super prénom pour ça.
Il se redressa et attrapa sa tablette. Il se mit à chercher des références de sextoy et il me les montra. Je n'en pouvais plus de rire et lui non plus. Duncan passa la porte de la chambre et il plaqua la tablette contre lui.
-Tu as besoin d'un truc particulier ?
-Je vais chez une meuf, j'ai laissé son adresse dans mon secrétaire au cas où. Passez une bonne nuit !
Il nous fit un clin d'œil et nous recommençâmes notre activité. Il avait l'air de trouver ça aussi bizarre que moi. Il finit par la poser sur le côté et il me contempla.
-On a tellement grandi depuis quelques mois, tu ne trouves pas ? Tu te rends compte que tu m'as demandé l'an dernier comment faire l'amour avec Marc et que là, on regarde des sextoy pour savoir... je ne sais même pas pourquoi d'ailleurs.
-On a vachement grandi et on se fait plus confiance, c'est pour ça que j'aimerai savoir une chose. Si je voulais par le plus grand des hasards ressortir avec un mec cette année, tu penses que je devrais changer quelque chose en moi ? J'ai raté mes deux dernières relations alors je dois faire des choses mal, j'en suis sûre. J'ai remarqué des récurrences entre Wyatt et Marc.. ils m'ont trompée tous les deux par exemple, ils ont cru que je leur étais acquise alors... je dois avoir un problème sûrement. J'aimerais que tu me dises, je ne t'en voudrai pas du tout, je ne me mettrai pas en colère non plus.
-Quand un mec trompe sa copine, c'est jamais de la faute de la copine, quoi qu'il dise. Il essaiera toujours de trouver des excuses mais... c'est juste un connard. Un gros connard. Tu.. n'es pas responsable. Tu le seras jamais. Wyatt... c'était un trou du cul de première. Tu dois le rayer de ta vie, ta relation avec lui était anormale, il ne compte pas. Marc... c'est aussi un trou du cul mais de seconde classe, parce que je ne sais pas si on peut lui en vouloir d'être tombé amoureux ce débile. Quand on aime quelqu'un on est tiraillé entre sa copine actuelle et l'autre personne. Quand l'attraction sexuelle est telle que tu as du mal à résister à l'attrait de ses... lèvres et de son corps.
Son visage était tellement proche du mien que j'arrivais à sentir son souffle sur moi et je me sentis un peu mal à l'aise. Je ne savais plus où me mettre pour échapper à son regard.
-Je crois que je comprends ce que tu veux dire, sur l'attirance physique. Mais je suis sûre que je deviens horripilante quand je sors avec quelqu'un !
-Tu es amoureuse c'est tout. Tous les amoureux sont horripilants. Mais tu es une fille bien, tout le monde le voit en te regardant. Alors si tu restes comme ça, dès lundi, tu vas recevoir des propositions indécentes. Mais la prochaine fois, fais des recherches sur la personne au moins. Ton cœur a suffisamment été amoché ces derniers temps, prends soin de toi aussi.
-Je propose une chose... tu veilles sur mon cœur pendant que je prends soin des autres. Comme ça, on se surveille l'un l'autre.
-Comme Shrek et son âne, pouffa-t-il de rire.
-Connard. Je suis sûr que tu vas dire que je suis Shrek, je te vois venir avec tes grandes paluches.
-J'allais dire que tu étais plus l'Âne parce que tu passes ton temps à parler et que tu chantes aussi.
-Ou alors l'Âne c'est mon père parce que ta mère parfois c'est un vrai Dragon.
Il hurla de rire et tomba du lit. J'entendis un râle de douleur encore une fois et je l'aidai à se redresser. Je vis qu'il s'était fait plus mal qu'il ne voulait le montrer. Son visage était devenu pâle.
-Je vais te chercher un truc à prendre.
-Non ça va.
-Tu es à deux doigts de t'évanouir. Je vais juste prendre un verre d'eau. J'arrive.
-Sarah. Ça va, confirma-t-il d'un ton sec. Je vais juste retourner dans ma chambre.
-Je préfèrerai que tu restes. S'il-te-plaît. Je fais des cauchemars parfois et... j'ai pas envie de rester toute seule. Pas ce soir.
Il resta interdit quelques minutes et il rentra dans mes draps avant de se décaler à sa place habituelle. Je m'installai contre lui.
-Tout ça pour te dire Sarah que tu es une fille sexy et intelligente, n'en déplaise à toutes les Chrysalie Scott du monde. T'es une fille qu'on est fier de présenter à ses parents et je suis sûr qu'avec tout ce que je t'ai appris et ta génétique, tu dois être une déesse au pieu. Tu m'as dit un truc juste quand tu étais défoncée à la Weed. Tu m'as dit « quand on goûte à Sarah McAllister on a du mal à s'en passer ». C'était vrai Sarah. Moi en tout cas, j'ai un peu de mal à me passer de toi alors qu'on est amis.
-Moi aussi j'ai un peu de mal à me passer de toi Brian Miller. Ça me fera bizarre l'an prochain de ne plus pouvoir me faufiler dans tes draps comme ça. Je n'avais pas songé à toutes les choses qu'on laisse derrière soi quand on va sur un campus universitaire. Depuis que Papa m'a parlé des SAT et de la vie après le lycée, je me rends compte que c'est pas facile de quitter sa maison, surtout celle dans laquelle on a vécu toute sa vie et je...
Un ronflement de la part de Brian me fit arrêter. Il s'était endormi comme un bébé. Je souris et je l'embrassai sur le coin des lèvres. C'était l'une des premières fois où je le croyais quand il me disait que j'étais une fille bien, sexy et intelligente. Ça faisait tellement plaisir. Je le regardai dormir. Lui aussi était une personne bien, un gendre idéal. J'espérai qu'Alexandra serait capable de lui donner tout ce dont il avait besoin pour être bien... Ou alors... Je caressai légèrement la barbe qu'il avait commencé à se faire pousser depuis le nouvel an, est-ce que moi je pourrais prendre soin de lui ? Être son roc et sa boussole maintenant que Tara... était loin de nous ? Je soupirai et je me rappelai de la promesse que je lui avais fait à Stanford. Moi, Sarah Gabrielle McAllister, je te promets à toi, Brian Theodore Miller Teobaldo, de toujours te soutenir, te comprendre et t'aimer comme tu me soutiens, tu me comprends et tu m'aimes. Oui. Je devais être là pour lui, coûte que coûte.
***
Prochain chapitre
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