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Paroles, Paroles...

❉🎶

J'étais choquée. Je m'étais enfuie dans ma chambre et je reprenais doucement mes esprits. Je devais absolument contacter Brian. Je me changeai pour retirer mon uniforme. Je me sentais à l'étroit. Je devais sortir. J'attrapai ma trottinette électrique et je filai. Je savais parfaitement où j'allais. J'avais mes écouteurs dans les oreilles et j'appelai Duncan alors que j'étais près de l'appartement où il logeait.

-Tu as récupéré Tom ?

-Ouais.

Je lui avais envoyé un message pour lui demander de le faire à ma place, mais je trouvais qu'il avait une voix assez étrange.

-Il se passe quoi ? Keith ?

-On est parti dans un café avec Brian et Thomas et leur père est arrivé. Brian était super surpris. Il est resté un moment avec nous.

-Tu es toujours avec Tom ?

-Il est en train de faire ses devoirs dans le salon, je suis sur le balcon.

-Et Brian ?

-Il est reparti avec son père, mais j'ai son adresse. Attends... c'est toi au bout de la rue ?

Il me fit un signe depuis le balcon et je répondis. Il m'ouvrit lui-même la porte de l'immeuble.

-Le père de Brian me dérange, me dit-il avant même de me saluer. Je ne sais pas exactement comment le décrire. Il... il est charmant, c'est clair, mais j'ai l'impression qu'il force un peu, comme s'il voulait à tout prix plaire. Après je peux comprendre, il n'a pas vu ses enfants depuis un moment, mais... Pendant un instant, il a regardé Tom avec les yeux d'un mec qui convoite quelque chose qu'il n'aura jamais. J'ai trouvé ça dérangeant et si je ne m'étais pas donné comme objectif d'être neutre, j'aurais pris Tom, assommé Brian et je l'aurais foutu dans le coffre de la voiture. Clairement. Pas un mot à Tom.

Je passai la porte de l'appartement et je souris à Tom.

-Désolée, j'ai pas pu écraser les couilles de Brian.

-Je l'ai fait moi-même. J'ai vu qu'il m'attendait devant l'école, je suis arrivé vers lui et je lui ai donné un coup de genou dans les couilles. C'est Duncan qui nous a séparé, sinon je l'aurais mis en miette. Et après on a parlé.

-Vous avez parlé de quoi.

-Il m'a expliqué, pourquoi il était parti. Je le comprends. Et.. Il est arrivé après. Brian s'y attendait pas, c'était pas un piège pour m'atteindre. D'ailleurs, Il était avec une dame au début. Il m'a dit qu'il était content de faire ma connaissance et qu'il comprenait ce que je lui avais dit la dernière fois. Il m'a posé des questions sur moi aussi. Sur l'école. Et... il a posé des questions aussi sur Papa quand tu es parti pour répondre au téléphone Duncan.

-Il a demandé quoi sur John ?

-Il a demandé ce qu'il faisait comme métier, s'il traitait bien Maman aussi. Je lui ai répondu que lui au moins, il l'avait pas abandonné enceinte et Brian m'a jeté un de ses regards qui tuent, mais j'en ai rien à faire.

-Alessandro a répondu quoi ? demandai-je un peu ébahie par la faculté de réponse de Tom.

-Il a dit que les choses n'étaient pas toujours telles qu'elle semblait l'être, et que ce n'était pas parce que nous n'étions pas ensemble qu'il ne pensait pas à nous. Je lui ai demandé comment il pouvait savoir que j'existais parce qu'il était parti techniquement avant ma naissance et il m'a dit qu'il m'avait aimé dès qu'il avait appris mon existence et que c'était suffisant.

-Tu en as pensé quoi ?

-Il a l'air gentil. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre Maman et lui avant ma naissance, mais, il est peut-être pas aussi méchant que je pensais. Grand-Mère dit toujours qu'il faut pas tout prendre pour acquis.

Je pris place juste à côté de lui et je lui ébouriffai les cheveux.

-Il ne te rebute plus autant qu'avant ?

-Je suis perdu. Brian le regarde comme s'il venait de retrouver son héros. Je l'ai jamais vu avec un regard comme ça. Il l'aime.

Tom était vraiment embêté et quand nous rentrâmes à la maison tous les deux, je compris que les filles étaient encore là. Mary semblait aller mieux et mon père, lui, n'était pas rentré. Quand il arriva, il paraissait fatigué.

-Je suis désolé mon amour, je vais devoir repartir. Je voulais juste vous embrasser. Vous allez bien les filles ?

Elles acquiescèrent et mon père partit se changer et prendre une douche. Mary monta un moment avec lui.

-Tu as vu Brian aujourd'hui Sarah ?

-Non Line. Il ne s'est pas pointé en cours. J'espère que demain, il viendra. Duncan l'a vu par contre. Il m'a envoyé son adresse. Vous pensez que je dois la donner à Mary ?

-Non, répondit Adèle. Ce n'est pas le moment. Si tu es okay pour garder Tom ce soir, enfin cette nuit, j'aimerai bien l'emmener à la maison avec moi. Je l'ai déjà prévenue, elle attend ton assentiment.

-Bien sûr que je suis d'accord. Tom et moi, on va sûrement dormir ensemble de toute façon. Si vous pouvez toutes les trois faire en sorte qu'elle ne s'en veuille plus d'être une victime, faites ce que vous avez à faire.

Je vis ma belle-mère descendre avec un sac qu'elle posa près de la cuisine.

-Sarah, est-ce que...

-Je vais l'emmener à l'école demain matin. Il ne lui arrivera rien, pas tant que je serai là. Vous pouvez partir tranquille. On va se commander des pizzas.

-Tu es sûre que ça ne te dérange pas ?

J'allais répondre mais j'entendis la voix d'Eric. Il arriva dans la cuisine avec des sacs de nourriture.

-Papa profite de la plus petite de ses petites-filles. Il l'emmène au restaurant et elle dort chez vous. Dooonc, je me suis dit que j'allais venir ici. J'ai ramené des tapas. T'es sur le départ toi aussi Mary ?

-Exactement, elle vient chez moi, répondit Adèle. Tu vas pouvoir garder les deux petits.

-Et Candice aussi apparemment. Je t'ai apporté une bouteille de blanc. Je voulais la boire avec John mais vu que tout le monde nous abandonne ou ne boit pas, il reste plus que toi et moi.

-Vendu. On garde les enfants Mary.

-Vous pouvez rester dormir si vous voulez, merci beaucoup.

Candice prit Mary dans ses bras et l'embrassa sur ses deux joues.

-Profitez bien les Mama.

-J'aurais préféré profiter de ta bouteille, mais je suis abstinente pendant encore un long moment. Jusqu'au sevrage des petits chatons McAllister.

Mon père arriva et l'embrassa dans le cou avant de la serrer contre lui. Il regarda la bouteille d'Eric et soupira bruyamment.

-Tu as piqué dans la cave spéciale en plus. T'abuses.

-On trinquera un autre jour tous les deux. J'ai des tas de choses à te raconter en plus sur mon week-end...

-Tu en dis trop, accouche Evans, répliqua Line. Je veux savoir moi aussi.

-J'ai rencontré une fille.

-Encore ? s'exclama Candice. Y'a rien de nouveau sous le soleil quoi. Eric qui rencontre une femme c'est un peu comme le soleil qui revient après le mauvais temps. C'est inéluctable.

-Déjà j'ai pas dit femme, j'ai dit fille.

-Tu joues dans la pédophilie ?

-Mais tu vas arrêter oui ? J'ai pas dit que je l'avais baisée.

-En même temps baiser les petites filles c'est un crime.

Eric leva les yeux au ciel et je vis un petit regard amusé entre Line et Adèle. Mon père et son épouse se regardèrent et je vis une trace d'un rire dans les yeux de Mary.

-Je disais donc que j'ai rencontré une fille, et elle ressemblait comme deux gouttes d'eau à Marga.

-Marga connasse ? demanda Line. Désolée Sarah. C'était l'ex de ton père. Une vraie pétasse. Donc, tu as rencontré la fille de Super Pétasse, et ?

-Sa petite-fille, Line. Marga a une petite fille de 9 ans. Et le mieux c'est qu'elle était là. Elle m'a vue et elle a fait semblant de ne pas me connaitre tu sais. Et là... mon Dieu, j'ai vu son mari. Vous vous souvenez du mec qu'on appelait Crevette dans l'équipe de basket...

-Non ?

-SI !

Mon père lâcha sa femme et mon oncle et lui hurlèrent de rire.

-Je te montrerai une photo de Crevette ma chérie, mais pas tout de suite, il faut que j'y aille. On se voit samedi, Eric. J'ai acheté le dernier Pokemon pour Tom, il arrive vendredi.

-Soleil ?

-Lune.

-Putain. Tu gères mon frère. Je suis là dès vendredi. Me regarde pas comme ça Line, on a joué aux tous premiers jeux Pokemon, on est des gros fans. J'ai essayé de ramener Giulia dans la secte, mais Julie aime pas trop Pikachu, il lui fait peur. J'essaye de lui apprendre qu'il y a des Pokemon plus doux. J'ai presque réussi à la convaincre.

-Tu te souviens quand on avait été à la Comicon, et qu'on avait déguisé Lia ? C'était tellement énorme.

-Ça a clairement participé à mon divorce, mais c'était génial. Je pense que j'aurais loupé un truc si ma fille devient pas une geek. Imaginez qu'elle devient une connasse comme sa mère là... Brrrr.

Mon père sourit et un quart d'heure plus tard, il ne restait plus que ma famille Evans et Tom. Pendant qu'Eric cuisinait, nous avions entrepris de jouer à la console. Candice très clairement nous écrabouillait Tom et moi. Mon petit frère avait enfin retrouvé le sourire. Je finis par me rendre dans la cuisine et je m'assis sur le plan de travail.

-Ça se passe bien avec Duncan au boulot ?

-Absolument. Je reconnais vraiment James et Valentina en lui, dans ses réactions, dans ses réflexions. Il est fait pour le monde des affaires.

-Je te rappelle que la famille de Val a fait fortune dans le pétrole, il est né dedans. Il t'a fait un brief pour ce midi ou pas ?

-Je ne lui ai pas demandé. Je pense qu'il faut agir avec des pincettes, ajouta-t-il à voix basse. Il ne faut surtout pas qu'on brusque Brian. Il est comme un animal blessé, il faut qu'il baisse sa garde.

-J'ai peur pour lui. J'ai vraiment peur. J'ai une amie qui l'a vu et... il fréquente de mauvaises personnes. Elle l'a vu en pleine nuit avec un mec chelou et une bouteille à la main. Je... j'ai l'impression qu'il fait exprès pour faire chier sa mère et ça m'agace de ouf. J'ai l'impression qu'il veut la détruire par son mauvais comportement. On se dirait dans un mauvais épisode de Gossip Girl. Le gosse de riche qui fait payer sa mère alors que putain, c'était pas de sa faute.

-Tu as des informations que je n'ai pas apparemment.

-Je suis désolé Eric, mais je ne sais pas si Mary souhaite que j'en parle. Tout ce que tu as à savoir c'est qu'elle a caché la véritable raison de l'éloignement du père de Brian pour les préserver. C'était peut-être pas le choix le plus... judicieux, mais elle l'a fait par amour.

-On n'éloigne pas un parent sans qu'il y ait un truc de grave. Je n'ai pas éloigné ma fille de sa mère par gaité d'âme. Je l'ai fait pour sa sécurité. Mary a forcément ses raisons. Tu n'as pas besoin de m'expliquer. Elle sait que si elle veut me parler, je suis là pour elle. Je lui ai déjà dit tout à l'heure par message. Je lui ai indiqué que je la représenterai si elle veut faire une action contre le père des garçons pour ne pas qu'il les approche.

-Et après on dit que les avocats sont des connards.

-Je suis un connard, mais pas avec les membres de ma famille. Tu es sûre que tu veux devenir médecin ? J'ai une place qui t'attend au cabinet Evans sinon.

-Pour le moment oui. Je... quand je vois Papa opérer, je me sens à ma place. Je pense que c'est ma voie. Et arrête de dire que tu es un connard, tu l'es pas. Tu fais des cas pro bono personnellement, tu les refiles pas aux stagiaires. Tu aimes aider les gens. C'est dans ta nature profonde je pense.

-Tu me vois presque comme un héros, mais je ne le suis pas Sarah. Je fais mon travail. Maintenant, j'y mets tout mon coeur, j'aime vraiment ce que je fais. Tu peux me passer la manique ?

Je lui en tendis une et il sortit du four un plat qui me fit frissonner. Il me ramena des années en arrière, quand ma mère était encore là. C'était elle qui le faisait jadis. Mon oncle me sourit et m'expliqua qu'il avait lui aussi besoin de réconfort.

Nous mangeâmes assez rapidement et les deux adultes sensés nous surveiller s'enfilèrent une bouteille de vin blanc. Ils se déridèrent tous les deux et je compris qu'il y avait beaucoup d'affection entre eux. Leur relation avait beaucoup changé depuis le mariage de mon Grand-Père. Ils avaient appris à se connaitre et se taquinaient comme une famille. Candice avait détaché ses cheveux, chose qu'elle ne faisait pas aussi souvent que je l'aurais aimé. Je trouvais qu'avec sa masse de cheveux un peu fou autour de son visage, elle était encore plus jolie.

-Candice, je te trouve super belle, lâcha Tom. Si j'étais plus vieux, j'aurais aimé être ton amoureux. Elle est jolie, hein Eric ?

-Elle est mariée à un Evans, tous les Evans ont bon goût, répondit Eric avec un sourire.

-Tu es sûr que t'es un Evans toi ? le taquina Candice, parce que ta dernière meuf là...

-J'ai épousé une femme exceptionnelle, mais elle n'était pas faite pour moi. Et je n'ai pas encore trouvé une femme à ma hauteur. Ou je ne suis pas encore à la hauteur de la femme de mes rêves.

-Giulia va t'en trouver une bientôt de toute façon.

-Elle essaye de me vendre à toutes les Mamans célibataires de l'école. Elle me colle la honte.

Il était encore assez tôt mais Tom partit se coucher. Il revint nous voir en pyjama et me demanda s'il pouvait appeler ses Grands-Parents Miller.

-Oui bien sûr. Tu peux aller dans le bureau de Papa, tu connais leur numéro ou tu veux que je te le redonne ?

-Non, c'est bon. Merci ! Bonne nuit !

Il fila et Candice reprit un air sérieux alors qu'on se déménageait dans le jardin.

-Tu nous caches un truc. Je l'ai vu quand tu es revenue avec Tom.

-Il a vu son père et ça l'a vraiment perturbé. Je ne pouvais pas le dire à Mary, elle était vraiment sonnée tout à l'heure. Tu en penses quoi toi Eric ? De ton point de vue de père ?

-Je ne sais pas. Je me dis qu'il a été éloigné pour le bien des enfants, mais... je ferai n'importe quoi pour Giulia. Pour la revoir, pour lui parler. Je comprends qu'il ait envie de voir ses enfants. Maintenant est-ce qu'il le fait de la bonne manière ? Je ne sais pas. Tu as l'air d'avoir besoin d'un câlin.

Mon oncle me tendit ses bras et je me blottis contre lui. Ils finissaient la bouteille sa belle-mère et lui. Ils se mirent à parler ensemble pendant que je somnolais. Mon oncle finit par me soulever pour m'emmener au lit et le lendemain matin, je me rendis compte que j'avais dormi d'une traite. Le lendemain, Eric était en train de chanter dans la cuisine. Je ne l'entendais pas souvent chanter mais visiblement, c'était une habitude chez lui, si j'en croyais la discussion qu'il avait avec Candice.

-Tiens cette fois tu chantes Sinatra ? demanda-t-elle en m'embrassant sur la joue

-Tu as un problème ?

-Du tout ! J'adore Sinatra. J'ai dansé mon tout premier gala de danse dessus.

-Je vais encore faire mon papa poule mais Lia veut faire de la danse l'an prochain, tu as de bonnes adresses ?

-Bien sûr que oui. J'ai hâte de la voir dans un petit justaucorps rose. Elle sera adorable.

-Tu es plus enthousiaste à son propos que Carla ne l'a été dans toute sa vie.

-Je ne serai jamais une Maman, alors j'en profite avec elle.

-Mon père ne serait pas contre être de nouveau parent. Même par adoption ou pas un autre biais.

-Oui enfin le coup de l'insémination... je trouve ça tellement... étrange.

Eric me lança un petit regard et je me mis à rire.

-On a un cousin qui a changé de sexe, expliqua Eric. Il est passé de gros connard à grosse connasse moitié hippie et mon... enfin ma cousine a pris une mère porteuse tout aussi conne qu'elle, inséminée avec son propre sperme congelé.. enfin toute une histoire. Donc question histoire cheloue, on est bon chez les Evans.

-Je l'ai jamais vue ? Même pas au mariage ?

-Non, elle était jalouse de toi, tu as un plus beau cul que le sien.

Candice eut un sourire en coin.

-J'apprécie le compliment, tu te tapes des cruches, mais des cruches bien gaulées. Ceci dit, arrête de mater mon cul, fiston.

Eric s'étouffa avec son café et Candice pouffa de rire. Elle accueillit Tom dans ses bras et l'emmena même à l'école. Je n'avais pas envie de retourner au lycée. Je n'avais pas envie d'affronter ça alors que Brian lui, partait à la dérive. Je n'avais pas envie d'enfiler cet uniforme, d'aller en cours, de continuer. Je reçus un appel de Charles alors que j'étais en voiture.

-Salut Charles, ça va ?

-Super bien. J'ai un truc à t'avouer...

-Tu as mangé du caramel beurre salé sans moi ?

-Non. J'ai appelé Brian.

-Pardon ?

-Oui, je sais que ça te pèse sur la conscience, alors je l'ai appelé. Je lui ai dit que j'avais eu vent que ça allait pas fort chez les McMiller en ce moment et que s'il avait envie de tout claquer pour un week-end ou pour une semaine, j'étais son homme et qu'on pouvait aller tous les deux où il voulait. En Californie, ou même à New York. Je lui ai aussi dit que je voulais pas savoir ce qu'il se passait et que je lui demanderai rien, sauf si lui avait envie d'en parler.

-Il a dit quoi ?

-Il a dit qu'il devait finir les cours avant mais qu'après un week-end entre mec ça lui ferait vraiment du bien. On doit voir ça plus tard.

-T'es un amour tu sais.

-Je sens que tu es inquiète et je n'aime pas ça. Au moins, s'il est avec moi, je sais que ça te soulagera.

J'avais une folle envie de le sentir contre moi pour l'embrasser et je lui en fis part. Il resta silencieux un instant.

-Moi aussi Sarah. Moi aussi. Je dois t'avouer que c'est dur de ne pas être là alors que c'est pas la joie chez toi.

-Je ne t'en veux pas, Charles. Il y a certaines choses qu'on doit régler chez les McMiller. Mais.. je ne sais pas trop par quel bout je dois commencer.

-Commence par dire la vérité. Tu m'as dit que Mary t'avait expliqué des trucs. Dis le à Brian, de manière crue. Il est grand, et il est franc. Si tu l'es avec lui, il appréciera et tu pourras lui dire n'importe quoi. Sois forte amore.

-C'est plus facile à dire qu'à faire. J'ai pas envie de lui faire du mal.

-Un jour, Owen m'a chopé et m'a collé une bande de cire sur le mollet avant de tirer. J'ai hurlé. Mais la douleur a finir par partir. C'est pareil pour Brian. Ça lui fera du mal, mais la douleur partira.

Je me tus un instant en imaginant la scène et j'entendis au rire de Chuck qu'il avait compris. Je ne pus m'empêcher de rire moi aussi.

-Vous les mecs vous êtes pas possibles. Bon j'arrive au lycée, on se reparle tout à l'heure.

J'eus la surprise de voir la voiture de Brian et ce dernier, entouré de ses amis comme si de rien était. Il me fit un signe de tête et je compris qu'il viendrait me parler plus tard. J'attrapai Sophie qui m'attendait pas le bras.

-Je suis une salope, Sarah. J'ai allumé Paul à mort et j'ai pas assumé. Et le pire c'est qu'il a continué à me câliner en me disant qu'il me forcerait jamais à quoi que ce soit et que je devais juste lui dire quand je serai prête. Et tu sais ce qu'il a ajouté ???? L'abstinence ça a du bon, quand c'est pour attendre la bonne personne. Il est pas adorable ?

-Paul est un petit ange, clairement. Comment allait Mary ?

-Je l'ai trouvé apaisée ce matin. Je dois t'avouer que j'ai pas trop suivi la raison pour laquelle elle était là hein.

-Tu promets de le répéter à personne, genre, vraiment personne ?

-Juré.

Je lui expliquai globalement ce que j'avais appris et le visage de mon amie se referma.

-La guerre c'est une horreur putain. J'avais vu des reportages sur le stress post-traumatique, mais connaitre quelqu'un qui a dû le subir chez un proche... c'est effroyable. Je les plains tous les deux. Je ne peux pas prendre parti pour l'un ou pour l'autre en fait. Je... enfin, c'est atroce ce qui lui est arrivé, mais... je pense qu'elle en a conscience aussi, du fait qu'il était malade.

-Elle se sent responsable et c'est ça qui la ronge. Je pense même qu'elle lui a pardonné sa violence en fait. J'aimerai bien savoir ce qu'il est advenu de lui n'empêche. Après la naissance de Tom. Genre, il a été dégagé pour aller où ? Le Colonel a suivi de près sa carrière militaire après... donc... je ne sais pas. Y'a un truc qui est pas clair.

-Demande au Colonel Miller, il sera le plus apte à te répondre.

J'hochai la tête et je vis Maya arriver dans la salle. Elle était au téléphone. Elle posa son sac et repartit dans le couloir.

-J'ai envie de dégager quelqu'un moi aussi, marmonna Sophie. J'arrive de moins en moins à la supporter. J'ai hâte d'être à la fin de l'année. D'ailleurs, tu es réquisitionnée tout à l'heure. Il faut qu'on aille voir la salle. Ton père a réussi à l'avoir pour notre bal - béni soit John- et je dois aller voir pour me faire une idée de la disposition et des décors.

-Tout ce que tu veux. J'ai besoin de me changer les idées. Je pensais aller au stand de tir, mais le bal c'est pas mal aussi.

Je souris à Paul qui venait d'entrer dans la salle, il ébouriffa les cheveux de sa copine et me tapa dans la main.

-J'ai dit à Brian ce que je pensais.

-Il a dit quoi ? demandai-je.

-Il m'a dit qu'il avait laissé sa colère parler, et qu'il enverrait un message à sa mère pour retirer les insultes qu'il a dit, mais que cela n'enlevait pas le fond du problème.

Je plissai des yeux et je me levai de salle de cours. Je me rendis directement dans celle de Brian. Il était en train de rire avec certains de sa classe. Je me plantais devant lui.

-Prends tes affaires. On file à Malibu.

-Tu veux faire l'école buissonnière. Toi. Sarah McAllister, tu es pleine de ressources.

-Tu me suis ou tu continues de parler ?

Il prit ses affaires, passa par la fenêtre ouverte et me réceptionna. Nous étions en extérieur et je filai vers sa voiture. Je tendis les mains d'un air impérieux et il me lança son trousseau. Je savais que mon père allait criser quand il apprendrait ce que j'avais fait. Je me mis à rouler, sans dire un mot à Brian.

-Ce n'est pas la route de Malibu.

-En effet.

-Tu me kidnappes ? ironisa Brian.

Je ne répondis pas et je roulai encore. Je finis par me garer alors que nous étions en pleine nature, pas très loin de Kernville. Je sortis de la voiture et j'attendis qu'il me rejoigne pour commencer à marcher vers une petite prairie avec un ruisseau. J'étais déjà venue ici plus jeune. Nous étions loin de tout. Il ne saurait pas comment revenir à la voiture. Je me tournai vers lui et je le fusillai du regard.

-Tu es un connard. Tu sais que ta mère, enceinte, s'est effondrée au sol sous la pluie quand tu es partie ? Tu le sais, ça ? Qu'elle n'a pas parlé, qu'elle n'a pas mangé, mais qu'elle a juste pleuré pendant toute la nuit ? Je suis sûre et certaine que ça te fait plaisir en plus.

-Ma mère est une dramaqueen, Sarah.

-Tu l'as insultée.

-Tu sais très bien que lorsque je suis en colère, je dis les premières choses qui me viennent à l'esprit. Je n'aurais pas dû l'insulter, mais je pensais tout le reste. Elle m'a bousillé Sarah. Tu imagines... Imagine que ta mère ne soit pas morte en réalité, mais que ton père l'avait éloignée de toi. C'est exactement la même chose. Elle m'a entendue pleurer toutes les nuits. Elle m'a entendue appeler Jay le soir. Elle... elle savait la douleur que j'avais en moi. Et elle m'a menti. Alors oui, j'appelle ça de la toxicité. Elle m'a menti putain. Elle m'a regardé droit dans les yeux et elle m'a dit que mon père ne reviendrait pas et qu'elle ne savait pas où il était.

-Tu n'as pas songé deux secondes qu'elle ne savait pas réellement où il était mais qu'elle savait juste qu'il n'était plus là ?

Il ouvrit la bouche et la referma.

-Arrête d'essayer de me manipuler. Je connais la vérité.

Il leva les yeux au ciel.

-Je voulais pas le croire tu sais. Vraiment. Quand il m'a dit qu'il avait été obligé de quitter la maison, je ne l'ai pas cru. Je lui ai dit d'arrêter de dire des conneries et que si c'était pour ça qu'il était revenu, c'était pas la peine. Mais... j'ai lu une pure sincérité dans ses yeux. Il était convaincu. Vraiment. Je... pendant le trajet, ça m'a... perturbé à un point dont tu as pas idée. Ma mère c'est mon héroïne tu sais.

Il s'assit sur un tronc d'arbre, prêt à se confier.

-Mais... elle a pas nié. J'attendais que ça, qu'elle me dise que c'était faux, qu'elle me dise qu'il mentait. Je voulais que mon héroïne reste pure tu vois. C'était tout ce que je voulais. Okay, j'ai été super brusque mais je voulais juste la vérité et je l'ai eu. Ils ont chassé mon père, mon Papa. Je l'aimais tellement. Je voulais être comme lui, je voulais être fort, je voulais être un mec bien. Et il est parti du jour au lendemain, en laissant un énorme vide en moi. Je m'étais fait une raison avec le temps. J'ai reçu une balle, mais la douleur à côté de ça. C'était rien. Je me sens comme un champs de bataille. Je me sens en ruine. Je ne sais plus vraiment à quoi m'accrocher. Alors, oui, je l'ai insulté et j'aurais pas du le faire. Je vais lui dire que je regrette les insultes mais.. je n'ai plus confiance en ma propre mère. J'ai pas envie de la voir, j'ai pas envie de l'entendre me mentir encore une fois. J'ai pas envie du tout.

-Tu es aussi brisé qu'elle. Tu devrais faire le premier pas.

-Non. Tu sais ce que j'ai fait en sortant de la maison. J'ai été acheté des cachetons et de l'alcool. J'ai acheté de la drogue parce que je me sentais désoeuvré. Encore plus que lors de la mort de Diego, de Jim et de tous mes potes. Et je me suis senti encore plus merdique. Connais toi toi-même et tu connaitras l'univers. Je pensais savoir qui j'étais, mais... Je suis un putain de déchet Sarah qui a grandi sur une pile de mensonge. Le château de carte de mon existence a pris un putain coup de mistral. Je ne sais plus qui je suis. Et je n'ai pas envie d'écouter Mary Miller.

-Est-ce que tu m'aimes Brian ?

Il sursauta, surpris et me fixa sans comprendre. Je m'accroupis juste à côté de lui.

-Je crois que tu m'aimes au moins autant que moi je t'aime. Ça implique que tu dois avoir confiance en moi autant que moi, j'ai confiance en toi. Je veux vraiment ton bonheur. Je veux que tu retrouves cette joie de vivre, je veux la revoir au fond de tes prunelles. Je veux que tu retrouves cette force qui te caractérise. Je le veux vraiment. Je sais que ce que je vais te dire va vraiment te faire du mal. Je ne veux pas te détruire un peu plus, je veux justement que tu te reconstruises.

Je me tus et je finis par m'asseoir juste à côté de lui. Je lui pris les mains.

-Un jour tu m'as raconté un de tes cauchemars, tu te souviens ?

-Sarah, je ne me rappelle pas de toutes nos conversations.

-Je vais te rafraichir la mémoire dans ce cas. C'était à Kernville... enfin tu me l'as raconté après, mais quand on était tous les deux, tu as rêvé que ton père te battait, qu'il te faisait du mal. Sauf que ce n'est pas à toi qu'il a fait du mal Brian. C'était à ta mère. Et je pense que tu as été témoin de ces scènes, sans que tu le remarques vraiment.

-Arrête tes conneries, ma mère, en femme battue ? C'est ce qu'elle t'a dit ?

-Non. Elle l'a minimisée au maximum. Elle a dit que c'était de sa faute, à elle, qu'elle n'avait pas réussi à le sauver de ses démons après son retour du front. Quand il la secouait, quand il la prenait brutalement par le bras, qu'il lui faisait des bleus, qu'il lui a tordu le poignet. Elle a toujours voulu lui chercher des excuses, pour toi et pour l'immense amour qu'elle avait pour ton père. Même quand il l'a étranglée dans ta chambre une nuit.. tout ce que j'ai compris de ce qu'elle m'a dit c'était qu'elle l'aimait tellement, qu'elle t'aimait tellement, qu'elle est restée.

-Mais de quoi tu parles ? souffla-t-il.

-Une nuit, il l'a étranglée avec une ceinture alors qu'elle était près de toi. Tu t'es réveillé et ça lui a sauvé la vie. Ton père... enfin, d'après ce qu'elle nous a dit, a souffert d'un stress post traumatique. Il avait des hallucinations, il faisait des cauchemars et il est devenu de plus en plus violent. Il a failli la tuer, plusieurs fois. Il l'a jetée dans les escaliers au moment de la naissance de Tom. C'est pour ça qu'il est né prématurément. Ton père la maltraitait et elle serait restée jusqu'à ce qu'il la tue.

Brian secoua la tête et se leva brusquement.

-Pourquoi tu me fais ça ? murmura-t-il. Pourquoi hein ?

-Parce qu'il faut que tu ouvres les yeux Brian. Si ta famille a éloigné ton père, c'est sûrement pour vous sauver. Tu n'aurais plus eu de mère, tu n'aurais plus eu de père. Elle aurait été comment ta vie avec un père meurtrier ?

-Ferme la.

-Non. Je ne me tairai pas. Il faut que tu vois la vérité en face Brian. Ton père n'est pas tout à fait le héros que tu as toujours connu.

Il commença à s'éloigner de moi, mais je le rattrapai et je l'empêchai d'avancer.

-Souviens-toi Brian. Je sais que tu as mis cette période de ta vie dans une petite boîte et que tu ne veux pas en sortir la clef, mais il faut que tu le fasses. Souviens-toi bordel.

-Fous moi la paix.

-Jamais. Quand on aime quelqu'un, on lui montre la vie telle qu'elle est vraiment.

Il essaya de me contourner mais je brandis mes mains pour l'empêcher de le faire.

-Souviens-toi, tu as forcément été témoin de quelque chose. La violence conjugale c'est pas forcément se faire fracasser contre les murs. C'est aussi des paroles violentes, méprisantes. Des gestes brusques envers l'autre.

-Arrête.

-Souviens-toi de la façon dont il lui parlait quand elle faisait quelque chose qu'il ne trouvait pas à son goût.

-Laisse-moi tranquille.

-Souviens-toi de la façon dont il l'attrapait. Tu aurais attrapé quelconque comme ça.

-Je ne veux pas t'écouter.

-Souviens-toi.

-Tu vas te taire oui ! vociféra-t-il en m'attrapant par le poignet pour me dégager de son chemin.

-Arrête, tu me fais mal.

Il se stoppa directement et fixa avec horreur mon poignet dans le sien. Je vis de la terreur passer dans ses yeux. Il me lâcha comme s'il m'avait brûlé et regarda sa main, mon poignet légèrement rougi. Il se souvenait. Il recula et s'enfuit en courant.

-Brian !

Je lui courus après. J'avais bien fait de mettre des petites tennis ce matin là. Nous étions dans un paysage assez montagneux. Brian passait par des chemins escarpés. Mais où allait-il ? Quel démon venait de le traverser ? Je mis un peu plus d'ardeur, mais je n'arrivais pas à le rejoindre.

-Brian ! hurlai-je.

Il ne s'arrêta pas plus et passa par un chemin totalement impraticable. Je finis par me prendre les pieds dans une racine et dévaler la pente. Je tombai rudement sur le chemin.

-Sarah !

Je sentis bientôt Brian près de moi. Il était en larmes, les yeux rougis.

-Je suis désolé, je suis vraiment désolé.

Il me redressa légèrement, me serra contre lui et éclata en gros sanglots.

-Je t'ai fait du mal, finit-il par dire.

-Non Brian. Je vais bien. J'ai un genou en sang, mais ça va.

J'avais aussi mal aux deux poignets et à la tête, mais je préférai le garder pour moi. Ce n'était pas le moment de me plaindre. Il me redressa et je me rendis compte que j'avais un peu mal à la cheville. Je grimaçai et il me ramena, en me portant à moitié, jusqu'à la voiture. Je n'étais pas perdue du tout dans les environs. Je m'assis à la place du passager, mais Brian ne démarra pas.

-Je ne peux pas revenir à la maison.

-Bien sûr que si.

-Non. Je ne pourrais pas la regarder en face. Maman. Je ne pourrais plus la regarder en face. Je.. je me souviens de.. ça.

Il regarda ses mains, tremblantes. Les larmes de Brian s'écrasaient dessus.

-Je me souviens d'avoir vu mon père la prendre comme ça. Comme je l'ai fait avec toi. Et je l'ai déjà entendu dire, Arrête, tu me fais mal. Je me souviens qu'elle.. elle avait une marque sur la pommette après la naissance de Tom. Elle la cachait avec du fond de teint, mais une fois je l'ai vue et je lui ai demandé ce qui était arrivé. Elle m'a dit qu'elle avait glissé dans la salle de bain après le bain de Tom. Je ne pourrais plus la regarder en face. J'ai... je me sens trahi par ma propre conscience, mon propre sens rationnel. Je me sens trahi par ma propre mémoire, répéta-t-il. Elle aurait dû me le dire. Je m'en veux, et je lui en veux aussi, à mon père. Il m'a manipulé. Il a porté la main sur elle et je l'ai cru.

Je posai ma main sur sa joue.

-Je l'ai cru lui, et non pas la femme qui m'a tenue la main à l'hôpital quand je me suis pris une balle et qui est restée toute la nuit à mon chevet. Je ne pourrais jamais me le pardonner Sarah.

Il démarra et ne décocha pas un mot pendant tout le trajet du retour. Je mourrais de faim, et j'avais mal à la tête et de la musique française passait dans la voiture de Brian. Encore des mots, toujours des mots... Les mêmes mots. Comme j'aimerais que tu me comprennes.. Rien que des mots... Que tu m'écoutes au moins une fois.. Des mots magiques, des mots tactiques...Qui sonnent faux. Je fronçais des sourcils et je sentis Brian accélérer.
-Tu te sens comment ?

-Un peu mieux. On va où ? Ce n'est pas le chemin de la maison.

-J'ai quelque chose à faire, répondit-il assez durement.

Il roula un moment, vers des quartiers de la ville où je n'aurais jamais mis les pieds. Sous aucun prétexte. Je ne savais pas vraiment où il m'emmenait. Mais je me doutais que ça avait un rapport avec son père. Il arriva devant un immeuble en pierre rouge. Il sortit, m'attendit et nous grimpâmes jusqu'au cinquième étage sans ascenseur. Je souffrais, je ne pouvais le nier, mais je me sentais investie d'une mission sacrée : empêcher Brian de tuer son père. Il semblait être dirigé par l'énergie du désespoir.. Il avait envie d'en découdre, de frapper quelqu'un et je craignais qu'il fasse une connerie face à son père. Il arriva devant une porte assez ancienne et tourna la clef dans la porte. Il y avait du bruit dans l'appartement, de la musique. Mais ce n'était pas tout. J'entendais très clairement deux voix. L'une appartenait à Alessandro et l'autre... Brian se tourna vers moi, les yeux un peu écarquillés. C'était celle de son Grand-Père, le Colonel Miller. Que faisait-il ici ?

-De toute façon, vous ne m'avez jamais aimé.

-Cesse donc de dire n'importe quoi Alessandro. Il est temps que tu grandisses un peu.

-Que je grandisse ? Vous m'avez éloigné de mon fils. Mary et vous m'avez empêché de nouer des liens avec mon autre garçon. Il ne me connait pas.

-Mary n'a rien à voir là-dedans. Elle ne savait pas du tout où tu étais. J'ai toujours refusé de lui dire.

Il y eut un silence.

-Je vous demande pardon ?

La voix d'Alessandro était tendue.

-Elle ne savait pas que tu étais dans le New Jersey. Si tu dois haïr quelqu'un dans cette histoire c'est moi. Uniquement moi. J'ai eu envie de te tuer lorsque j'ai vu ma fille inconsciente aux pieds de l'escalier, quand j'ai vu le sang, les marques sur elle. Et puis, j'ai vu ton regard. Tu avais perdu la raison. Tu allais la tuer Alessandro, c'est pour ça que j'ai pris cette décision. Il fallait que quelqu'un la prenne et tu n'étais pas en mesure de le faire. Ni elle d'ailleurs.

-Je ne voulais pas lui faire du mal, murmura le père de Brian.

-Je sais. Je connais parfaitement les effets d'un SPT. Je sais que ce n'était pas réellement de ta faute, mais ton traumatisme et la boisson... tu l'aurais tuée, sans vraiment le vouloir. C'est pour ça que je t'ai éloigné, que je t'ai envoyé dans le meilleur hôpital militaire que je connais. Pour la protéger et pour te protéger de toi-même. J'ai vu trop de gars finir par se suicider pour exorciser leurs démons après avoir détruit les leurs. Tu devais en guérir Alessandro.

-Elle était l'unique raison de me battre. C'est pour elle que je suis revenu d'Irak, que j'ai eu la force de remarcher. Pour elle et pour Brian. Ils étaient les amours de ma vie.

-Je n'ai jamais douté de l'amour que tu avais pour elle, ni celui qu'elle avait pour toi. Il suffisait de vous regarder pour le palper. Mais vous étiez dans une spirale infernale, Alessandro. Votre amour vous aurait détruit. Elle ne voulait pas que tu partes loin d'elle parce qu'elle avait peur de te perdre pour de bon et toi, tu avais tellement peur qu'elle refasse sa vie loin de toi... Tu avais tellement peur de tout perdre, comme tu as perdu ton ami. Vous étiez en train de vous faire du mal.

-Pourquoi vous me dites tout ça Richard ?

-Pour que tu comprennes et que tu me pardonnes. Je n'ai pas vu les signes de ton SPT, sinon, j'aurais fait en sorte que tu te fasses soigner dès ton retour d'Irak. J'aurais dû t'expliquer quand je venais te voir à l'hôpital, que tu étais là-bas, non pas pour te faire du mal, mais pour ton bien, pour le bien de toute ta famille. Je ne te déteste pas Alessandro, mais tu avais besoin d'aide. Tu devais te concentrer sur toi. Je suis certain que tu détestais la façon dont tu traitais ma fille au fond de toi. Tu n'aurais pas pu aller mieux avec elle. Et elle aussi, elle devait se concentrer sur elle-même. Se faire passer en premier pour une fois.

-Vous vous ne rendez pas compte à quel point je me suis senti seul et abandonné, souffla Alessandro après un instant de silence.

-Tu ne l'étais pas. J'ai suivi toute ta convalescence et... je sais que tu as toujours aimé la franchise. C'est pour ça que je t'ai dit la vérité quand elle a retrouvé quelqu'un, deux ans plus tard.

-Je ne vous avais pas cru, vous le saviez ? J'ai pris ma voiture et j'ai roulé à travers tous les USA pour voir ce type dégueulasse sortir de chez moi en tenant la main de mon fils que j'ai compris qu'on m'avait effacé. J'ai eu envie de me coller une balle dans le crâne. C'est pour ça que j'ai... que j'ai redemandé à partir après avoir fait tant d'effort pour aller mieux. Je voulais me faire tuer. Vous y aviez pensé à ça dans votre super plan Colonel ?

Ce fut au tour du Colonel de se taire.

-Tu n'as jamais été oublié ou effacé, finit-il par dire. Je... je sais que tu as du mal à comprendre, mais je ferai n'importe quoi pour mes enfants.

-Au contraire, je peux le comprendre, je ne suis pas aussi idiot. Mais j'essaye de vous faire comprendre mon point de vue. Oui, j'ai pété une durite après la guerre, oui, mon frère de coeur est mort et j'ai pas réussi à m'en remettre totalement. Oui, toutes les nuits, je rêvais de sa mort. Et oui, j'ai eu un comportement plus que déplacé envers votre fille, je lui ai fait beaucoup de mal. Mais je n'ai jamais aimé une femme autant que je l'ai aimé. Elle était ma rédemption et le fait d'être enfermé dans un hôpital sans aucun espoir de la revoir, ça m'a juste.. j'ai eu l'impression qu'on me retirait tout espoir.

-Tu ne te rends pas compte mon garçon que tu ne peux pas donner ce rôle à quelqu'un. Quel fardeau c'est d'être la rédemption de quelqu'un. Ta rédemption tu devais la trouver en toi. Parce que tu as cette force en toi. Et je sais que tu l'as trouvé.

Le père de Brian resta silencieux et Brian... ce dernier glissa au sol.

-Et pour ton information, si tu as pu retourner au front, c'est parce que j'ai usé de mon influence pour que tu y retournes. Je.. Je n'ai jamais été très doué pour expliquer les choses. Mais...tu n'as jamais été abandonné Alessandro. S'il t'était arrivé quelque chose, je les aurais prévenus et nous serions venus à ton chevet. Tu m'as donné deux petits enfants absolument fabuleux, je ne t'aurais jamais laissé livrer à toi-même. Je comprends parfaitement que tu m'en veuilles, mais je ne peux pas changer le passé. Je peux simplement faire en sorte que le présent soit moins difficile. Ma fille se sent responsable de tout ce qui est arrivé à l'époque. Elle se sent responsable de ce qu'il t'est arrivé. Elle souffre et savoir que son fils la déteste, ça la blesse. Alors déteste-moi, frappe-moi si tu en as envie, mais explique la vérité à Brian. Dis-lui que je t'ai envoyé te faire soigner contre ton gré, contre celui de ma fille. Mais dis-lui aussi, que je ne voulais pas pour autant vous séparer pour toujours. Ce n'était pas mon intention. J'espère que tu pourras réussir à nouer une relation avec tes enfants. Quand je les regarde, je te vois autant que Mary. Ils ont besoin de toi, même Thomas qui semble réticent à te rencontrer. Il a besoin de savoir d'où il vient. Je vais y aller. Il est temps que j'ai une explication avec ma fille. Que je lui dise la vérité.

-Avant que vous ne partiez Richard, j'ai une faveur à vous demander. Vous me devez bien ça je crois.

-Je t'écoute.

-Puisque vous m'avez fait surveiller ces 10 dernières années, vous devez être au courant de certains aspects de ma vie. Vous avez toujours des contacts à l'immigration ?

-Oui.

-Il faudrait que vous fassiez venir quelqu'un sur le territoire américain. Mes filles. Elles sont coincées en Irak, et je ne veux pas qu'elles restent là-bas. J'ai une vie de merde, je m'en accommode très bien, mais il faut les sortir de ce merdier. Vous pouvez m'aider ?

Brian bondit sur ses pieds et je ne pus l'empêcher d'y aller.

-Parce que tu as des enfants ? Y'a quoi d'autres que tu m'as caché, Papa ?

Je les suivis et je vis le visage d'Alessandro. Il n'était que surprise.

-Depuis quand tu es là ?

Son père se leva d'un bon de sa chaise, tout comme le Colonel.

-Je t'ai posé une putain de question, tu n'es pas capable de répondre. J'ai des soeurs cachées. Super. Quand je pense que tu en veux à Maman de...

-Alors premièrement, je ne suis pas ton ami, je suis ton père. Je ne tolèrerai pas que tu aies ce genre de vocabulaire devant moi, claqua la voix d'Alessandro. Deuxièmement, il me semble que tu devrais être en cours à cette heure-ci. Tu as déjà loupé ta journée d'hier. Les études c'est important, je te signale.

-J'ai plus 8 ans. J'ai mon libre arbitre. Alors ? Tu as des gosses en Irak ? Et tu en as fait quoi de la mère ? Tu l'as poussée dans les escaliers elle aussi ou c'était seulement avec ma mère ?

Le visage du père de Brian se ferma et les deux Teobaldo s'affrontèrent du regard. Brian, lui, avait envie de le fracasser, mais dans les yeux de son père, je vis simplement une profonde tristesse. Je connaissais le fils de ma belle-mère. Il était à un tournant et je ne savais pas du tout qui allait gagner.

***

Mes petits chats, c'est bientôt la fin de WTML, vous vous en rendez compte, pas vrai ? Je ne sais pas vraiment combien de chapitres il me reste avant la fin, mais promis, je vous tiendrai au jus !

xoxo

M.

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