Nostalgie
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Brian m'avait réveillée au petit matin. J'étais endormie contre lui. Nous avions tous les trois une couverture sur nous. Ils avaient dû la tirer de l'arrière du véhicule sur nous.
-Ma mère m'a envoyé un message, elle se demande où on est. Je ne veux pas l'inquiéter.
Je me redressai et je m'étirai avant d'aviser du ronflement de Jay à côté.
-T'inquiète, je vais conduire, tu viens avec moi dans la voiture ou tu restes à l'arrière.
-J'arrive.
Il m'aida à descendre et je le fixai.
-Tu es en état de conduire ?
-J'ai conduit dans des états pires que ça. J'ai dit à ma mère qu'on était crevé et qu'on s'est endormi dans la voiture de Jay du côté de chez Doc.
-Je n'avais pas fumé depuis Wyatt et j'aime pas trop ça. Mais j'ai aimé être avec vous, cette ambiance.
-Je pense que c'est comme ça pour tout le monde. Enfin.. parfois, ça me fait du bien, ça me détend, mais j'évite justement. Je ne peux pas laisser une drogue me rendre heureux ou me faire du bien, c'est comme ça que l'on créé une dépendance. Jay le sait et c'est pour ça qu'il a arrêté. Je n'aimerais pas qu'il reprenne à cause de sa célébrité. D'ailleurs vu tes antécédents, tu feras attention à ce que tu mets dans ta bouche.
-Je ne prendrais plus jamais de cocaïne ou autre. De toute façon, je me souviens l'an dernier, j'étais en vacances dans les Hamptons chez Charles et on a été à une fête et mes amis m'ont empêché de faire des conneries, alors.. j'ai confiance en eux.
-Charles se drogue ?
-Non ! Je crois qu'il a déjà fumé d'où son surnom de Grass, mais il a arrêté depuis un moment. Je ne l'ai jamais vu prendre de la drogue en tout cas. S'il a envie de s'évader, il n'a pas besoin de ça. Il suffit qu'il prenne un instrument et il part ailleurs. Personne ne peut le rejoindre ou le toucher à ce moment là. Pas même moi je pense.
-La musique serait-elle son véritable amour ? se moqua Brian.
-Oui, je pense et je le dis très sincèrement. C'est sa passion. Sans musique, il n'est rien. Après les attentats de Paris, il n'a pas touché un instrument et il était... il allait tellement mal. Tu n'imagines pas à quel point. Je ne sais pas si tu l'as déjà entendu jouer du piano, mais... il a une sensibilité rare. Je pense même qu'il est meilleur au piano qu'avec sa guitare et il joue parfaitement.
-Tu penses que tu vas pouvoir compter sur lui ?
Je me tournai vers lui, surprise.
-Je veux dire, dans votre vie future. Les artistes hypersensibles peuvent être... assez peu terre à terre, tu vois ?
-Pas lui. Il n'est pas comme ça. Je pense que si je lui demandais, il arrêterait la musique.
-Je peux comprendre ça. Si j'étais à toi et que tu me demandais quelque chose, je le ferai pour nous. Mais je pense que c'est ton super pouvoir sur les hommes.
-Brian. Je pense que tu devrais arrêter.
-Arrêter quoi ?
-D'imaginer que toi et moi on sera un jour ensemble.
-Je ne peux pas Sarah. J'essaye de toutes mes forces mais je n'arrive pas à m'empêcher de rêver, tu vois. Le rêve, pendant longtemps c'est ce qui m'a aidé à tenir le coup quand des emmerdes arrivaient.
-Tu te fais souffrir, c'est tout.
-Au contraire. Je guéris. Parce que les rêves restent des rêves et qu'à un moment, je me dis que je suis ridicule, tu vois ? Laisse-moi un peu de mon rêve d'un nous. Parce qu'on ne sera jamais ensemble. Nos parents ne l'accepteraient jamais, même si on en avait envie.
-Papa ne dirait rien.
-Tu te souviens de la tête qu'ils ont fait quand je t'ai massé et qu'on est tombé de ton lit ? Tes oncles me défonceraient aussi. Je ne veux pas me faire lapider par les McAllister Evans, vous êtes trop.
Il croisa mon regard et nous éclatâmes de rire. Nous arrivâmes chez les Miller et Jay, qui manifestement s'était réveillé, m'ouvrit ma portière.
-Mademoiselle.
Il avait un air guilleret sur le visage.
-Va falloir que je me lave, je pue la débauche. Mon père va me foutre dehors avant même que je rentre chez moi.
-Trop tard, ton père est là, regarde.
Brian désigna Littlebee qui donnait le bras à Mary. Ils arrivèrent vers nous et Mary nous regarda.
-Vous avez abusé vous deux, c'est sûr et certain. Je vous rappelle que vous avez encore deux jours de cours derrière, hein ?
-Laisse les tranquille, ils ont le droit de s'amuser.
Littlebee regarda son fils.
-Tu sais quoi ? Ta copine a appelé tout à l'heure, elle a laissé un long message sur le répondeur de la maison pour expliquer en long, en large et en travers à quel point tu es un bon coup.
Jay passa par toutes les couleurs pour finir sur un rouge tomate.
-Je pense que tu devrais lui apprendre la différence entre un portable et un fixe. En tout cas, Holly n'arrête pas de rire depuis tout à l'heure. Bon moi je n'en ai jamais douté...Tu es mon fils après tout.
-Papa, n'en rajoute pas !
-Mais bon, si tu pouvais éviter de leur donner notre numéro à l'avenir, ce serait cool.
Jay ne savait plus où se mettre. Brian lui tapa dans le dos avec amour.
-Je serai flatté perso qu'on vante mes mérites sur un répondeur. Un truc du genre...
-Fais de mon corps un film, dont ton pénis est la staaaaar.
Les garçons me regardèrent tous d'un air choqué.
-Non mais je suis la seule à connaître ce film ou quoi ? Mary !
-Bien sûr que j'ai la référence. Je ne suis pas inculte, moi.
Elle leva ses sourcils d'un air amusant.
-C'était à peu près de ce style de toute façon. Je pense qu'on devrait rentrer pour que tu l'entendes. On se voit tout à l'heure pour un goûter ?
Mary embrassa son ami sur la joue et Brian tendit ses clefs à James Parkson Senior. Ils s'éloignèrent en voiture et nous rentrâmes chez les Miller. Je me sentais un peu vaseuse mais une douche plus tard, lavée de toute cette crasse, je me sentais mieux. Je m'enroulai dans une serviette et je vis mon père au loin dans le jardin. Il marchait dans le parc en compagnie de son beau-père. Je m'habillai en enfilant une robe légère. On frappa à ma porte et j'invitai la personne à rentrer.
-Sarah ?
Je ne me retournai pas en entendant Brian.
-Je voulais juste te dire que notre filleul est là. Martin et Natalia viennent d'arriver en mode surprise.
-Mon petit Aaron chéri. Tiens, tant que tu es là, tu peux accrocher le bouton en haut de ma robe ?
-Tu portes souvent des dos nus.
-C'est parce que j'ai la chance d'avoir une bonne tenue de poitrine, je peux me passer de soutien-gorge. Et puis en vrai c'est tellement agréable de ne pas avoir de soutien. J'adore cette robe, je l'ai piqué dans le dressing de Eighteen.
Il sourit et je partis rejoindre mon filleul. Il avait vraiment grandi et marchait déjà à quatre pattes. du moins, il tentait de le faire. Je le pris dans mes bras et il posa sa petite main sur mes lèvres.
-Tu es tellement beau, mon petit trésor.
-Mais pas autant que son père, fit Martin en m'ébouriffant les cheveux.
-Quel frimeur ! se moqua son épouse.
Cela me faisait plaisir de le voir. D'autant plus que je savais qu'il serait chez nous à Los Angeles dans une semaine. Je posai mon filleul au sol et il se précipita vers Mary. Cette dernière se pencha pour le récupérer et elle l'installa contre elle. Il posa ses mains sur son ventre. Ils se ressemblaient tous les deux.
-Ma chère Sarah, je te trouve encore plus rayonnante qu'avant, fit Natalia avec son charmant qu'avant. Est-ce d'avoir trouvé l'amour ? Mary m'a dit le plus grand bien de ton petit-ami.
-Il est super.
-Tu as des photos ?
Je sortis mon téléphone et je m'installais avec elle. Elle s'extasia devant Chuck.
-Il n'y avait pas des gars comme ça de mon âge quand j'étais jeune.
Martin jeta un coup d'oeil à mon téléphone. Il ne semblait pas impressionner du tout.
-Fais pas cette tête Martin, tu étais une brindille plus jeune. Il ne pouvait rien faire, même pas ouvrir un pot de confiture.
-Ta gueule la moche, lâcha-t-il à sa soeur. Toi à l'âge de ta fille, tu faisais le tapin avec ton string remonté jusqu'au front stoplait.
-Martin ! s'exclama sa mère.
Mary fit son offusquée mais je voyais qu'elle était hilare d'avoir piégé son frère. Ce dernier attendit que sa mère.
-Je vais te faire une balayette.
-La dernière fois que je suis tombée dans des escaliers enceinte, c'était pas terrible, donc oui, attends que je ponde et après je te prends quand tu veux mon gars.
-Parle pas de malheur, répondit son frère tout à fait sérieux. Je crois que j'ai jamais autant paniqué de toute ma vie. Et pourtant, je te rappelle que Natalia m'a largué une fois et que j'étais super mal, mais ça... parfois dans mes cauchemars, je te revois allongée, sauf que cette fois, tu as la nuque brisée et les yeux ouverts vers le plafond. Parfois je hais Alessandro pour ce qu'il t'a fait et d'autres fois, je le remercie pour Brian et Tom. Je ne sais pas comment je pourrais réagir si je le voyais. Je ne comprends pas comment tu as fait pour rester dans la même pièce que lui.
-J'ai pris sur moi parce que j'ai des enfants que j'aime et que j'ai mal agi envers eux. J'ai failli perdre Brian, alors que... c'est le premier petit être après toi Mar' que j'ai aimé de manière inconditionnelle. Toutes mes erreurs de parents, je les ai faites avec lui. Je pense que j'en ai loupé aucune. Mon petit bébé.
-Tu parles de qui ?
La voix de Brian claqua derrière moi et je ne me retournai même pas.
-Je parle de toi. Du fait que je t'ai aimé dès que j'ai su ta venue et que lorsque tu es né tu étais parfait. Mon petit bébé vagissant parfait. Bon, clairement, tu m'as gavé à ne pas dormir. J'étais exténuée mais je t'aimais. Tom était plus calme que toi.
-C'est le moins qu'on puisse dire, approuva Martin. Tu étais une terreur et une tornade.
-Je faisais toujours des bêtises quand tu étais là Martin, parce que ça te faisait rire et que je le voyais toujours. Aaron, viens me voir mon gros chaton.
Il souleva son cousin, le plaça sur ses épaules et il quitta la pièce. Martin et Natalia ne regardèrent même pas la direction qu'ils avaient tous les deux emprunté. Ma belle-mère regarda attentivement son frère.
-Je ne savais pas que tu faisais encore des cauchemars de cette nuit là.
-Je t'ai soulevé dans mes bras, j'ai cru que tu étais morte. Alors si, il va me falloir un moment pour la retirer de mon crâne cette idée fixe là. Je suis un peu fatigué, on bouge chez quelqu'un cet après-midi ?
-Chez les Parkson. J'ai fait des yeux doux à mon mari, on ne repart que très tard.
-Tu lui as agité tes nibards sous le nez, ouais.
-Je n'ai pas besoin de mes seins pour faire ce que je veux de mon mari. J'ai juste besoin de mon cerveau, tête de gland.
-On va lui demander, il arrive.
Il attendit quelques instants et Martin sauta sur ses pieds pour saluer mon père. Ce dernier sourit largement.
-Comment tu vas depuis la dernière fois ? Natalia, tu es toujours aussi magnifique.
Il embrassa Natalia d'une bise et s'assit à côté de son épouse.
-Tu rentres plus tard à Los Angeles ?
-Exactement.
-Elle a fait comment pour te convaincre ? Elle t'a agité ses seins sous le nez ?
-Pas du tout. Elle a agité l'intégralité de son corps de déesse sous mon nez.
-Son corps nu ou habillé ?
-Je ne répondrai pas, ce qui se passe dans la chambre à coucher d'un couple reste dans la chambre à coucher d'un couple.
-Ou est raconté autour d'une bière. J'avais raison. Elle t'a tapiné mec pour que tu fasses ce qu'elle veut.
-Tu ne me défends pas ?! s'exclama Mary, il vient de dire que j'étais une pute !
-Je ne me mêle jamais de réflexions dans une fratrie. Je ne peux pas savoir si tu ne lui as pas dit avant qu'il était une tête de gland par exemple ou une petite bite.
-Solidarité masculine de mes deux, marmonna Mary.
-Mary, fit la voix de son père. Ce n'est pas parce que tu es enceinte que tu as l'autorisation de parler n'importe comment dans cette maison.
Elle leva les yeux au ciel et tourna le visage vers son père qui venait d'arriver.
-Désolée Papa. John, tu peux te déplacer pour laisser mon père s'asseoir.
Le Colonel grommela mais mon père se leva aussitôt pour aller à côté de Martin. Mary se fourra dans les bras de son père. Elle lui prit même la main pour la poser sur son ventre. Le visage du Colonel s'illumina.
-C'est ta petite fille. Monsieur est en train de faire la sieste par là.
-Tu arrives à les reconnaitre ? demandai-je avec de grands yeux.
-Ils ont chacun leur caractère. Ton petit frère est calme, sauf la nuit. Mais il arrête de faire le zouave quand je lui parle. Par contre, ta soeur, c'est une terreur. Branle-bas de combat quand John est dans les parages.
-C'est encore une fille à son Papa, ça, ou je ne m'y connais pas, sourit Martin.
-J'aime bien les filles à Papa, fit mon père en me regardant.
-Heureusement que tu m'aimes.Sinon, je te jure, je vide ton compte en banque avant la fin de l'année scolaire.
-Bonne chance.
-Je pourrais acheter une île, fis-je en riant.
-Ça ne le videra pas pour autant.
-Je peux avoir une île alors ?
-Je n'ai pas dit ça.
-Si je te fais mes yeux de chat ?
-Je me souviens d'une fois où tu avais demandé à mon frère de t'acheter des lentilles pour avoir des pupilles de chat. Je n'en pouvais plus de rire. Tu te souviens ?
-Je les ai portés tout un week-end. Il pleurait de rire à chaque fois qu'il me croisait.
Mon père me lança un regard rempli d'amour. Il détourna le regard et son sourire s'élargit. Tom venait d'arriver avec Brian.
-Oh Nat', John m'a offert un collier de malade il y a deux jours, il faut absolument que je te le montre. Suis-moi.
Mary se leva et entraina sa belle-soeur avec elle. Je voulais profiter du temps absolument splendide qu'il y avait. Brian m'attrapa par le bras et m'embarqua dans la cuisine. Penny était en train de cuisiner, il attrapa un peu de brioche faite maison et nous partîmes dans le jardin.
-La beuh ça donne tellement faim. Je suis affamé en vrai. Je peux t'avouer quelque chose ?
Je tournai à peine les yeux vers lui quand il m'annonça d'une voix claire, un chouia gênée « J'ai eu un crush sur toi la première fois que je t'ai vue »
-Moi aussi.
Il sursauta comme un malade.
-Pardon ?
-Dans le café, tu veux dire non ? Quand tu nous as rencontré mon père et moi ? Je t'ai repéré moi aussi. J'ai même dit à Sophie que j'avais vu un mec top canon avant d'aller aux toilettes. Je t'ai vu directement. Toi et tes magnifiques yeux bleus. Tu étais vraiment canon avec ce petit je-ne-sais-quoi de plus que les autres. Une aura de mystère peut-être. Une aura tout court. En fait, on était arrivé avec Papa et il était stressé à mort. Il tapotait sur la table et je n'en pouvais plus de vous attendre. Je me suis levée et on s'est regardé directement toi et moi. Je ne sais pas si ça s'est vu, mais j'étais tétanisée. Je me suis enfuie aux toilettes.
-Pourquoi tu m'as rien dit ?
Je me tournai vers lui, vers sa voix un peu tendue. Il était devenu rose. Il était dans le flou total. J'esquissai un petit sourire. Pour la première fois, je me sentis dans la peau de Brian. Celle qui avait un secret depuis longtemps. Qui avait le véritable pouvoir. Je penchai un peu la tête.
-Tu m'as refroidi hyper vite. Tu m'as parlé méchamment et je me suis rappelée que l'apparence ne faisait pas tout. Tu étais du genre beauté froide tu vois ? Une parfaite statue de marbre. J'étais stressée de tous vous rencontrer et tu n'as rien arrangé. Je t'ai jugé. Mais moi aussi je t'ai repéré au premier regard.
-Pourquoi tu m'as rien dit ? répéta-t-il.
-Je.. je pense que je ne l'avais pas remarqué au premier abord, lui confiai-je profondément sincère. Il faut gratter pour connaitre le vrai toi, s'esquinter un peu les doigts. Tu as mis tellement de temps à me faire confiance Brian... Mais bon.. Tu es mon style de gars c'est indéniable. Tu as d'ailleurs énormément en commun avec Chuck. Tu as une passion pour la musique, tu joues, tu es très doux et tu es froid quand les circonstances l'exigent.. un chouia solitaire. Je pense que tu aimes entièrement aussi. Oui c'est ça. Tu es entier et quand tu fais quelque chose, tu y vas à fond !
-Mais ton coeur bat pour lui et non pas pour moi.
-Je vous aime différemment. Tu compteras toujours pour moi Brian. Toujours.
Je lui pris la main et je la serrai. Je ne pouvais pas faire plus. Je ne voulais pas l'encourager mais je savais qu'il avait besoin de réponse sur mon ressenti. Il me l'avait clairement dit la veille. Il me donna un autre morceau de brioche et nous nous parlâmes de tout, de rien, de l'avenir, du lycée et de ma peur de me retrouver loin des miens.
-Tu seras plus proche de James et de sa famille.
-Je n'aurais jamais eu les couilles de faire ce que tu fais Brian. De partir loin. Tu es courageux.
-J'ai.. quand j'ai passé les portes d'Oxford, au fond de moi, j'ai su que je devais y aller. Je me suis senti chez moi tu vois ? Alors je ne sais pas si ce sont les gênes de ma Grand-Mère qui se sont réveillés mais c'était le bonheur absolu tu vois ? Je suis chez moi là-bas. J'ai hâte de parcourir les couloirs. Bon, je ne sais pas encore où je vais loger mais... j'ai trop hâte. Je t'avais montré mes photos ?
Il se pencha vers moi, me lâcha la main et me montra ses photos d'Oxford. Il en avait pris avec sa Grand-Mère aussi. On nous appela pour venir manger et je commençais à sentir la fatigue me prendre. J'étais crevée en réalité et je finis par m'endormir, après le repas, sur une chaise longue en bois dans le jardin. Lorsque je me réveillai, j'avais mon chapeau posé sur la tête et je vis Penny en train de tricoter à côté de moi. Elle me sourit et me proposa une tasse de thé que j'acceptais après un hochement de tête.
-Je te trouve apaisée Sarah.
-J'ai fait un gros travail sur moi-même cette année. Brian m'a beaucoup aidée.
-Je voulais te remercier d'ailleurs pour Brian. Merci de l'écouter et d'être là pour lui. Il avait besoin de se confier à quelqu'un au quotidien. Junior est beaucoup trop loin pour lui. Tu lui as appris à s'ouvrir aux autres et à l'amour aussi. Il est changé depuis qu'il fréquente ta famille et toi. Je l'ai vu souffrir énormément quand il était plus jeune, mais maintenant, il n'a plus cette souffrance en lui.
Elle semblait soulagée et je vis ce regard qui était si semblable à celui de son petit-fils. Penny et Brian se ressemblaient.
-Moi aussi je l'ai trouvé libéré. Et il a vraiment hâte d'aller dans votre université.
-Richard et moi avons prévu de passer plus de temps sur la terre de mes ancêtres. Est-ce que tu aimerais nous accompagner lorsque Brian sera installé ?
-Avec grand plaisir. Vraiment ! La fan de Jane Austen que je suis, serait ravie de vous accompagner !
-Je le dirai à Richard. Tu vas adorer l'Angleterre.
-Comment avez-vous fait pour rester loin de chez vous ?
-Je suis chez moi partout où est mon mari, comme il est chez lui avec moi. Le lieu n'a pas d'importance.
-Vous avez déjà douté ? De votre couple ?
-Oui bien sûr, surtout quand on s'est fâché. Et on s'est disputé mais je n'ai jamais douté de son amour pour moi. Pas une seule fois. Je suis tombée amoureuse de lui dès le premier regard qu'il m'a lancé, je crois. Je m'en souviens encore. J'étais avec mon frère, nous étions dans un café pas très loin d'Oxford. Il est entré, j'ai levé les yeux et j'ai croisé son regard. Il avait un charme magnétique. Je n'arrivais pas à détourner les yeux. J'ai senti mon coeur s'emballer.Mon frère a fini par m'interpeller et j'ai réussi à quitter l'océan de ses yeux vraiment à regret. Je n'ai jamais rencontré un homme comme lui. Aussi charismatique, aussi beau. Et tu vois ce regard rempli d'intérêt, il me le lance tous les jours. Alors je ne doute pas de son amour pour moi. En plus de ça, c'est un homme vraiment merveilleux. Ses qualités compensent ses défauts. C'est une chose merveilleuse que d'avoir tous les jours l'impression d'être dans les débuts d'un amour.
-Penny ?
La voix de son mari l'interpella. Richard arriva vers nous deux et se pencha vers son épouse.
-Est-ce que tu sais où est mon exemplaire des Liaisons dangereuses ?
-Il me semble que tu l'as posé dans la véranda hier soir alors que tu lisais.
Il lui effleura les lèvres et je me sentis toute petite devant tant d'affection. Ils étaient ensemble depuis longtemps et pourtant, ils s'aimaient comme au premier jour.
-Votre histoire me fait rêver, dis-je à Penny quand Richard fut rentré dans la maison. S'aimer après autant d'année, c'est vraiment romantique. C'est vrai que j'étais petite lorsque ma mère est décédée et j'ai un souvenir de mes parents amoureux l'un de l'autre. Mais parfois je me demande si mes parents seraient restés ensemble s'il avait connu votre fille. J'ai de gros doutes sur ça. Est-ce que vous pensez qu'on peut avoir plusieurs âmes soeurs ?
-Je pense qu'on a une seule âme soeur, mais qu'on peut aimer d'autres personnes. J'ai aimé avant de rencontrer mon mari, très profondément même, mais cela n'a rien à voir avec ce que je ressens pour Richard, tu vois ? Je pense que ton père a aimé profondément ta mère et qu'au fond de lui, il l'aime encore et je pense qu'il aime également ma fille. Maintenant, est-ce que je sais laquelle est son âme soeur ? Je ne peux pas répondre à sa place. Il faudrait avoir son avis pour ça. Tu es en train de te demander si ton histoire durera toujours avec ton petit-ami ? Ne te préoccupe pas de ça. Vis ta vie simplement. Aime-le chaque matin comme au premier jour. Et si tu ne l'aimes plus, ne le fais pas souffrir.
-Vous avez raison.
-Je sais que tu as déjà des grands-mères mais si tu as besoin de moi, tu peux m'appeler d'accord ?
Je la remerciai et je restai un instant silencieuse. Je profitai du calme jusqu'au moment où Tom arriva en criant. Je me reçus une giclée d'eau dessus. Je poussai un cri et je vis Brian et Tom avec des pistolets à eau. Ils étaient trempés et je courus vers Brian. Ce dernier partit en courant et je le suivis. Je perdis sa trace alors que j'étais dans les bois et que je courais depuis dix bonnes minutes.
-Brian ? Si je t'attrape je te défonce ! hurlai-je.
Je m'arrêtai pour entendre un bruit mais à part le vent dans les feuilles, il n'y avait rien du tout. J'étais seule face à moi à la poursuite de Brian pour le taper. Je sentis le rire me prendre. J'étais perdue au Texas.
-Brian ? Sérieux, tu peux revenir maintenant ? J'ai envie de rentrer.
Je n'avais pas pris mon portable en plus. Comble de l'ironie. Je regardai autour de moi et je me fis la réflexion qu'il n'était plus du tout dans le coin. Je marchai au hasard en essayant de revenir sur mes pas. J'entendis du bruit et je me retrouvai face à une bande de mecs. Putain. Ils se tournèrent tous vers moi. Je ne me sentais pas du tout rassurée. Un sentiment glacé me parcourut. L'un des gars se leva d'un coup et se dirigea vers moi. Il avait un regard étrange, accentué par le cannabis. Il me fit penser à Wyatt directement.
-Je ne voulais pas vous déranger.
Je tournai les talons mais il m'attrapa par le bras. Sa main était froide.
-Tu nous déranges. Ça te dit de venir avec nous.
-Non merci.
Je me dégageai d'un geste brusque et je commençai à m'éloigner. En vain. Je sentais vraiment le danger.
-Viens.
Il me tira et je commençai à me débattre.
-Lâche-moi, hurlai-je.
Il me huma les cheveux et je me mis à trembler.
-Tu es trop mignonne.
-Lâche ma copine, tout de suite, Reese.
La voix de Jay retentit derrière moi et la pression sur moi se fit moins forte. Je me dégageai rapidement. La voix de Jay était ferme, il avait le buste en avant. Il arriva vers moi et il me tira brusquement. Je me retrouvai contre son torse et Jay passa son bras au dessus de moi, protecteur.
-Je savais pas que tu la connaissais.
-Si. Présente-lui des excuses pour l'avoir effrayée. Tout de suite.
Le garçon marmonna quelque chose et Jay m'emmena plus loin.
-Tu vas bien ?
-Oui, merci.
-Laisse moi deviner, Brian te courait après ou inversement et tu t'es perdue ?
-Ça se voit tant que ça ?
-On est pas loin de chez Miller, j'aime bien passer par là, heureusement.
Il ne m'avait pas lâchée. J'étais toujours contre lui et j'entendis ma voix. Brian était d'une pâleur à faire peur. Il s'avança vers moi et me serra contre lui à m'en faire mal. Il me souleva pratiquement du sol. Je sentis sa panique, son coeur battant.
-Sérieux Miller, je ne sais pas si tu es con ou si tu le fais exprès. On ne laisse pas une meuf toute seule dans le coin. Reese et sa bande viennent fumer là depuis leurs 12 ans. Tu le sais pourtant, grogna Jay.
-Je pensais que tu me suivais, murmura Brian à mon oreille sans prendre en compte l'intervention de Jay. J'ai eu peur quand je ne t'ai plus entendue jusqu'à ton cri. Je pensais que tu me suivais.
Sa voix se brisa.
-Je suis là Brian. Je suis là et je vais bien. Calme-toi. Calque ta respiration sur la mienne.
Je pris son visage en coupe et je le fixai.
-Je vais bien. On va rentrer à la maison, okay ?
Il hocha la tête et me garda près de lui. Nous arrivâmes à la maison des Miller et je vis tout le monde sur le départ. Visiblement, nous devions aller chez Jay. Brian était silencieux durant toute la marche vers la maison des Parkson. Je marchais à ses côtés et je finis par lui prendre le bras.
-Je crois que tu as des fangirls.
-Ah ?
-Tu sais quand on est passé à la télé hier ? J'ai vu sur twitter des meufs s'extasier sur toi.
Il s'arrêta en milieu de chemin et regarda sur son téléphone. Le sourire revint sur son visage doucement.
-Je suis magnifique il faut dire.
-Arrogance, bonjour !
-J'ai tout pour plaire. Je suis un beau gosse, je suis grand, je suis musclé. Je suis riche maintenant. Et je suis doué en sexe. Genre, très très doué. Regarde moi ses mains.
Il agita mes doigts devant moi.
-Imagine tout ce qu'elles peuvent donner comme plaisir aux femmes ?!
-Non merci monsieur.
Il éclata de rire et il me laissa pour rejoindre Jay qui marchait un peu plus loin. Il avait retrouvé sa bonne humeur et elle ne le quitta que brièvement au moment du départ. Il serra son ami fortement dans ses bras et je l'entendis le remercier pour m'avoir sortie de là.
-Je suis ton daemon, tu le sais.
Je les laissai seule et je montai dans le jet privé. J'étais éreintée après cette journée.. Après le décollage, je passai dans la chambre où je m'allongeai.J'avais envie de serrer Chuck contre moi, mais je savais qu'il ne serait pas là. Il me manquait alors que j'aurais aimé l'avoir à mes côtés à cet instant précis. J'aurais aimé sentir ses mains douces sur mon corps, sa bouche soyeuse sur mes seins. Je voulais sentir son coeur battre la chamade, voir son amour dans ses yeux. Je voulais que son odeur s'imprègne sur ma peau. Je voulais lui faire l'amour comme il me l'avait appris, avec patience, avec douceur, avec sensualité. La porte de la chambre s'ouvrit et je vis Brian apparaitre.
-J'ai envie de mater un film, tu veux le regarder avec moi ou tu veux dormir ?
-Installe-toi. Si je m'endors avant, tu ne m'en voudras pas, hein ?
Il secoua la tête et s'installa près de moi.
-Je voulais que tu me pardonnes pour ce week-end. Je me suis laissé emporter. Je ne t'importunerai plus avec mes pensées déviantes. Tu as raison. Je vais arrêter.
-J'ai surtout peur pour toi Brian.
-Je ne suis plus fort que j'en ai l'air. C'est juste qu'au Texas, parfois, il se passe des choses qui ne se passent nul part ailleurs. Tu m'embrasses dans une église, celle qui a vu le mariage de quasi tous mes ancêtres, par exemple.
-Tu baises alors que je suis sous le lit...
Il s'esclaffa.
-J'avoue. Et je dis ton nom. Putain. J'ai dit ton nom pendant un orgasme. Laisse-tomber. Je ne vais jamais m'en remettre. Tu sais qu'Alexandra et Maya ne se parlent plus ?
-Non. Je ne le savais pas. C'est assez triste qu'elle soit devenue si bête. Elle était si gentille avant. Tu te souviens quand Sophie était à l'hôpital ? Elle a proposé de lui envoyer des fleurs et tout. Totu ça à cause de Marc ?
-Marc ?
-Il sortait plus ou moins avec elle, du moins de son point de vue. Ils couchaient ensemble quoi. Et il l'a largué pour moi. Elle l'a mal pris.
-Sacré Marc, rit Brian. Incapable de garder son pénis plus d'une minute en dehors d'un vagin.
-Je te jure.
-Tu sais qu'avec sa copine c'est pas ça ? Genre, elle lui casse les couilles.
-Il l'a mérité. Il n'avait qu'à pas la besogner contre un mur pendant qu'on était ensemble.
-« Besogner », me singea Brian. Tu parles comme au XVIIIe siècle Sarah.
Je le repoussai et Brian prit son ordinateur pour mettre un film. Je ne le suivis pas du tout, mais je m'endormis, la tête posée contre son épaule. Une turbulence me réveilla tout à coup. Brian dormait profondément. Son iPad était toujours allumé et je surfais dessus. Brian grogna et se retourna en posant sa tête sur moi. Je pris l'un de ses livres et je me mis à rire. Mon père arriva quelques temps plus tard.
-On ne va pas tarder à arriver. Tu veux que je le réveille ?
-Non, c'est bon, merci beaucoup Papa pour ce week-end.. pour tout ça.
-Je remercierai mon parrain, rit-il.
Je réveillai Brian. Il avait des yeux endormis et il me sourit.
-On est arrivé ?
-Bientôt. On doit aller s'attacher.
Il se leva en mode zombie et ouvrit la porte. Je le rejoignis et nous nous assîmes l'un en face de l'autre. Tom était penché sur la table avec son dessin, tandis que mon père lisait tranquillement. Nous arrivâmes chez nous, dans le manoir McAllister. Il était tard et mon père se mit à soupirer.
-On rentrera demain matin seulement. Perso, je suis défoncé. Qui est contre ?
Il regardait son épouse en réalité. Elle hocha la tête et ils se dirigèrent vers la maison. Mon père la soutint et je compris qu'il l'avait fait pour elle. Elle était fatiguée d'un si long voyage. La maison était déjà chauffée et un feu brûlait dans l'âtre dans le salon.
-Quelqu'un est venu ici ?
-J'ai demandé au gardien de chauffer la maison et nos chambres. Nous resterons dans la même aile pour ce soir. Je vais aller préparer de quoi manger rapidement.
-Pas pour moi Papa, je n'ai pas faim du tout. Je me contenterai juste d'une boisson chaude.
-Sarah... tu ne peux pas aller te coucher sans rien dans le ventre.
-Je me sens pas très bien, un thé ou une tisane et j'irai mieux.
Je l'embrassai et je me rendis dans la cuisine pour faire chauffer de l'eau avant de monter. J'entrainai Brian avec moi pour lui montrer où était sa chambre.
-Tu es vraiment malade ou tu te sens grosse encore une fois ?
-Je me sens un peu barbouillée. J'ai décidé de m'aimer comme je le suis présentement, de faire avec ce que je suis.
Il hocha la tête et posa mon sac dans ma chambre avant d'aller dans la sienne. J'aimais tellement cet endroit. Il me rappela ce moment après la fusillade, ce Noël où tout le monde était là. Où il y avait tellement d'amour entre nous tous. Je retournai dans la cuisine pour me verser ma tisane et je remontai dans ma chambre pour dormir. Au petit matin, je remarquai que Tom était dans mon lit, fourré contre moi. Il dormait profondément et je pris toutes les précautions nécessaires pour ne pas qu'il se réveille. L'eau chaude acheva de me réveiller. Je sortis de la salle de bain et je vis Mary. Elle était déjà prête et elle réveillait Tom. Nous eûmes juste le temps de passer prendre nos uniformes à la maison et de les enfiler. J'avais noué mon bandeau dans les cheveux, celui qu'Alexandra m'avait offert. Sophie m'attendait déjà devant le lycée. Elle avait coupé de nouveau ses cheveux. Elle avait même fait un balayage qui la mettait vraiment en valeur. Elle me serra contre elle en évitant de trop me coller pour ne pas me renverser dessus le contenu de son gobelet
-Ça te dirait de venir dormir avec moi à l'hôtel ce soir ? Mes parents ont décidé de s'envoyer en l'air je crois et je veux pas assister à ça. J'ai besoin d'une soirée meuf. On pourrait dire à Cathy de venir avec nous ? Une girly impromptue ?
-Avec plaisir ! Je vais envoyer un message à Papa pour le prévenir.
Cathy arriva derrière moi et me sauta sur le dos. Je faillis m'écraser sur Sophie mais je tins bon.
-Tu viens avec nous à l'hôtel ce soir ?
-Si y'a du champagne et du caviar, je suis okay.
-On devrait carrément faire une réunion du Bennet's, lâcha Sophie. On commence par ça et tout le monde rentre chez soi, tu en penses quoi Sarah ?
Dès qu'elle avait parlé du Bennets, j'avais directement attrapé mon téléphone pour écrire dans notre conversation de groupe qu'une réunion avait lieu ce soir et que plus de détails seraient donné en cours de journée. Cathy avisa du message et sourit d'un air amusé.
-Demain, on finit officiellement les cours. Vous avez trouvé votre déguisement ?
-Oh que oui, dis-je en riant.
-Tu comptes encore nous ramener un Chuck de compagnie ?
-Non malheureusement, il est en tournée. Mais on aura le grand plaisir de l'avoir avec nous samedi pour la remise des diplômes.
-Tu sais que des filles sont venues me demander si c'était réel, ton couple et pas un truc uniquement pour faire chier Maya ? Je me suis permise de lui dire que vous étiez ensemble depuis longtemps.
-C'est pas faux. On couche ensemble depuis longtemps. J'ai trompé Marc avec lui d'ailleurs maintenant que j'y pense.
Même Sophie en recracha la gorgée qu'elle venait de prendre.
-Pardon ? s'étrangla-t-elle.
-A Seattle. J'ai couché avec lui alors qu'on commençait à se fréquenter avec Marc. On avait pas encore déterminé si on était dans une relation exclusive ou pas. Je ne sais pas si ça compte en tromperie ou pas, surtout que je lui ai dit et qu'il était en mode « balec ». J'aurais dû me poser des questions à ce moment là en vrai, ris-je.
Nous passâmes les portes du lycée et un sentiment étrange m'envahit. Demain, c'était le dernier jour des Seniors. Le dernier. Mon regard balaya le couloir et la nostalgie s'envola quand je constatai que tout le monde me regardait. Je faillis me mettre à rougir, mais je pris mon inspiration et je fis comme si de rien était. Je devais m'habituer au regard des autres. Je vis deux filles de ma sororité et je me dirigeai vers elle.
-Salut ! Alors votre week-end ?
Je savais qu'en leur parlant, leur popularité venait de grimper.
-Tranquille tranquille. On se voit ce soir, du coup ? me répondit la jeune fille qui se prénommait Samantha.
-Oui ! Je vais voir où exactement, mais on a besoin de parler d'avenir mesdemoiselles. Dites à vos parents que ça ne durera pas très longtemps. Vous serez rentrée pour le dîner.
Je m'éloignai d'elles et Maya se planta juste devant moi. Elle avait un papier en main qu'elle me tendit. Dès que je l'eus attrapé, elle tourna les talons. C'était la lettre de Chuck. Je la glissai dans la poche intérieure de ma veste. Il était temps qu'elle prenne sa place naturelle auprès de mon coeur. Nous passâmes près de la salle de musique et j'entendis un rire reconnaissable entre tous. Celui de mon oncle Elijah. Je poussai la porte et j'eus la surprise de voir un shooting. Mon oncle tenait l'appareil.
-Elijah ?
Il se tourna vers moi et indiqua à son mannequin qu'il pouvait faire une pause. Il m'embrassa sur la joue.
-Qu'est-ce que tu fais là ?
-J'ai demandé à ta directrice si je pouvais utiliser ton lycée pour un shooting et elle a accepté moyennant finance.
Il attrapa son gobelet de café et en prit une gorgée.
-On déjeune ensemble ?
-Avec plaisir. Un petit tête à tête comme autrefois ?
Il acquiesça et reprit tranquillement le shooting en donnant des indications précises. Cathy et Sophie étaient en train de mater les mannequins hommes sans s'en cacher.
-Je vous rappelle que vous êtes en couple.
-Et alors ? On a le droit de regarder non ? Tu crois que les mecs se gênent pour regarder les autres meufs ?
Sophie avait un regard amusé sur le visage. Ma matinée passa rapidement, c'était surtout un au revoir des profs, un dernier message pour notre vie future. Dès la fin des cours, je rejoignis Elijah. Il passa son bras par dessus moi et m'entraina jusqu'à une Corvette dernier cri.
-Cadeau d'Eric ?
-Il a perdu un pari, il m'a acheté une voiture. C'est la mienne. Elle est canon non ?
Il m'ouvrit la portière et nous filâmes dans un restaurant pas très loin du lycée. J'avais l'impression qu'il était un peu gêné à sa façon de triturer son plat dans son assiette.
-Tout va bien Elijah ?
-Oui oui, ça va.
-Tu peux me parler si tu as es problème. Je suis une adulte maintenant. Tu as besoin d'argent ?
-Non ! s'exclama-t-il. C'est juste que Tab' me fait la gueule et je ne sais pas pourquoi.
-Il s'est passé quoi ? Vous vous êtes disputés ?
-Non même pas. Je pense qu'elle est saoulée par quelque chose mais je ne sais pas quoi.
-Demande-lui. C'est le meilleur moyen de le savoir. Vous avez fait quoi la dernière fois que vous vous êtes vus ?
-On a picolé comme des trous et on a fini par s'endormir chez moi. Mais là.. je ne sais pas, elle ne me parle plus. Ça m'attriste. Je l'adore Tab, ça m'a rappelé mon adolescence et mon enfance. Elle était souvent chez nous tu vois ? Je n'ai plus beaucoup d'amis de cette époque alors qu'en j'en retrouve un, je suis heureux. Je me demande ce qu'elle pense de moi en tant qu'adulte, ajouta-t-il. Elle doit être déçue parce que j'ai pas trop changé. Ça doit être ça.
-Je ne peux pas répondre pour elle mais à mes yeux tu es.. tu es un homme bien et tu es un bon père aussi.
Je frôlai sa main et mon oncle la serra.
-Je t'ai parlé de ma mission de 6 mois à New York, non ? Je vais partir en janvier de l'année prochaine complètement.
-C'est une opportunité fantastique je trouve. Kylie resterait dans ton appartement ?
-Absolument. De toute façon, je me demande si je ne vais pas déménager.
-Pourquoi ?
-Je ne vais pas dire à ma fille de dégager et elle a besoin d'un peu d'indépendance. Enfin... j'ai le temps d'y penser.
Il tendit la main vers ma joue et la caressa doucement. Eli était une crème et je ne savais pas pourquoi ma prof ne lui parlait plus mais je savais que tout irait bien pour lui. Ils finiraient par se réconcilier quoi qu'il se passait. Je tournai les yeux un instant vers l'extérieur. J'allais renoncer à tout cela dans quelques mois. Les rendez-vous impromptus avec mes oncles et les petits restaurants de Los Angeles, les balades à Santa Monica... Une bouffée de nostalgie s'insinua en moi, coula dans mes veines et vint chatouiller la plante de mes pieds. Et pourtant... une pointe d'excitation naissait en moi. Une lueur d'aventure dans les regrets que je ressentais. J'allais rencontrer de nouvelles personnes, découvrir qui j'étais et qui je voulais être pour ma vie d'adulte. J'étais prête. Oui. J'étais prête.
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