Les pieds dans le plat
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-Alors tu as rendez-vous avec le mec de la grotte, celui qui t'a sauvé...
-C'est ça.
-Et c'est le même mec qui t'a ramené à l'aéroport.
Sophie avait l'air très perplexe et je pouvais comprendre que c'était très perturbant à entendre. Nous étions toutes les deux sur le parking du lycée à attendre notre repas du midi. Nous avions décidé d'utiliser le code secret du vendeur de burger de James. J'avais eu envie de profiter de ma meilleure amie toute seule. C'était méchant sûrement mais je savais que si nous sortions à l'extérieur du lycée, la chance pour que Cameron accepte était diminuée. J'avais l'impression d'être une vieille garce.
-Oui c'est lui.
-Je vais t'appeler au bout de trente minutes, je ne vais rien dire et tu me diras si tu veux que je vienne ou pas.
-Je ne pense pas que ce soit nécessaire mais oui, c'est une bonne idée ! Tu pourrais même venir à Santa Monica avec Cameron au cas où ? Et nous surveiller de loin ?
Sophie acquiesça vivement et je sentis un soulagement immense au fond de moi. J'allais avoir une alliée, une véritable alliée, prête à me défendre. Nous nous rendîmes dans le parc et nous trouvâmes un banc.
-Je te trouve très pâle Sophie.
-J'ai pas beaucoup dormi et j'ai mal au crâne.
J'observai ma meilleure amie.
-Tu ne serais pas...
-Enceinte ? Certainement pas non ! Tu sais que ça m'arrive parfois d'avoir des migraines ophtalmiques et je crois que je suis à la limite. Ajoute de la fatigue et du stress... je sais pas si je t'ai dit, mais ma prof de danse veut me voir demain après le cours. Je ne sais pas pourquoi et ça m'angoisse.
Je posai ma main sur elle pour la rassurer. J'étais certaine que tout allait bien se passer. Le matin, durant le cours d'Histoire, j'avais déterminé quelles étaient les meilleures amies de Chris en dehors d'Alexandra. Ce serait plus difficile de séparer la copine de Brian d'elle. Je devais donc commencer par les amitiés éphémères. Cette vengeance me donnait une force incroyable et m'avais fait comprendre une chose, je devais penser comme Chris pour l'anéantir. Elle était sans pitié et je devais l'être également. L'après-midi, j'avais deux heures de course et je n'avais pas envie. Mais c'était indéniable, la course me permettait de me vider l'esprit. Je n'avais que deux objectifs : détruire Chris et me faire apprécier de Wyatt. Le reste était superflu. Je courus un peu plus vite et je dépassai les Alexandrinettes. J'avais l'impression d'avoir des ailes. Je savais que c'était à cause de mon ange gardien. J'avais hâte de le revoir.
J'arrivais sur la grande plage à 15h30 précise. J'étais contente de moi. Je vis Sophie se garer non loin de moi et je filai à la plage. Je le repérai aussitôt. Il était assis de dos avec son blouson de cuir. Je le fis presque sursauter en posant mes affaires près de lui.
-Salut Sarah !
-Salut Wyatt ! Tu vas bien ? lui demandai-je en le serrant dans mes bras.
-Très bien. Tu as l'air en bien meilleure forme que la dernière fois.
-J'espère qu'aucune cata ne va troubler cet après-midi en tout cas.
Il se mit à rire et je l'observai à la lumière du jour. Il n'était pas beau à proprement parler. Pas comme Marc ou Chuck pouvaient l'être, mais il avait une profondeur dans son regard qui balayait ses imperfections. J'avais l'impression qu'il avait vécu plusieurs vies. Je me déshabillai, dévoilant mon maillot une pièce que j'avais gardé de mon shooting avec Betsy. Il me contempla et je lui tendis la main.
-Tu viens ? J'ai regardé la température de l'eau en arrivant et elle est tout à fait potable. J'ai envie de me détendre dans l'eau depuis le début de la journée.
Il garda son T-shirt mais retira son jean, dévoilant un maillot bleu pétrole et des jambes fines. Nous marchâmes jusqu'à l'eau en silence et il me fit comprendre qu'il avait envie de marcher un peu. C'était un bon moyen de s'habituer à la température de l'eau en réalité et je pourrais en profiter pour le sonder un peu plus.
-Tu n'as pas l'air d'être un habitué de la plage... dis-je en le voyant éviter des cailloux.
-Je suis pas habitué et j'ai peur de l'eau alors...
-Tu as peur de l'eau ? hoquetai-je avant de rougir.
-Quand j'avais 5 ans mon père m'a balancé dans l'eau depuis un bateau pour que j'apprenne à ne pas avoir peur. J'ai failli me noyer et j'ai fait en sorte de ne plus jamais approcher l'eau. C'est le maximum que je peux faire là, dit-il en me montrant la moitié de sa cuisse.
-Tu aurais dû me le dire...
-Je te le dis. Mais si tu as envie de te baigner, pas de soucis pour moi, ajouta-t-il en souriant.
Je souris mais j'étais un peu gênée d'avoir proposé un rendez-vous à la plage sachant qu'il n'aimait pas tellement ça.
-C'est assez dur de la part de ton père d'avoir fait ça...
-Mon père est un gros con et ma mère ne vaut pas mieux que lui. C'est pas pour rien que je suis loin de la maison de mon enfance.
-Tu as des frères et sœurs ?
Son visage se ferma une seconde et je crus avoir posé la question de trop mais son regard se fit serein.
-J'ai une sœur. Elle est morte quand j'avais 12 ans d'un cancer généralisé. Enfin plus exactement, elle était condamnée et elle s'est jetée de la fenêtre de notre appartement une nuit. Elle a trouvé la paix là où elle est.
Il me sourit et je compris d'où venait cette douleur dans son regard. Je l'avais reconnu immédiatement sans pour autant pouvoir mettre un terme dessus. C'était la perte d'un être cher. C'était ça. Je lui pris la main et je lui murmurai que j'en étais certaine.
-Je voulais pas te rappeler de mauvais souvenirs, désolée.
-C'est passé. Tu peux aller te baigner si tu veux !
-Oh non, je vais pas te laisser tout seul. Alors, tu te plais bien ici ? À Santa Monica ?
-J'aime beaucoup, je trouve que l'air est... tonifiant. Et puis mon boss est cool et tant que je fais mon taf, il me laisse travailler comme j'en ai envie. J'ai pas à me plaindre.
-Je t'admire. Tu es jeune et tu as trouvé ta voie. Tu n'as pas de stress à avoir quant à la fac que tu dois prendre ou ce genre de choses.
-J'ai eu la volonté de dire fuck, mais j'ai galéré ensuite pour m'imposer.
J'aimais sa façon de penser, même si je ne pouvais pas l'appliquer moi-même. Je me ferai piétiner par tous les McAllister du monde. Et ça en faisait pas mal mine de rien. Nous continuâmes notre balade et nous remontâmes à nos affaires. Sophie était toujours là, avec Cameron entrain de jouer aux cartes.
-Tu sais que je n'ai jamais fait de moto et que je meure d'envie d'apprendre ?
-Tu veux que je t'apprenne ?
Je secouai la tête avec véhémence et il se mit à rire. Il me demanda si je voulais apprendre ça immédiatement mais je refusais. Je n'avais que mon uniforme et ce n'était pas prudent. J'étais tout de même la fille la plus maladroite de la côté Ouest d'après mon cousin et j'étais certaine qu'il avait raison. J'avais réussi à me faire des cicatrices en faisant du roller, j'allais certainement me casser le bras en essayant la moto. Mon téléphone sonna et la tête de Brian s'afficha.
-Salut bonhomme, je suis à la plage, qu'est-ce que tu veux ?
-Tu peux aller chercher Tom ? J'ai un entrainement obligatoire qui vient de me tomber dessus et... je peux pas le faire.
-T'es chiant, je suis pas toute seule là.
-Et bien écoute, abrège ton plan cul et va chercher notre petit frère, s'il-te-plaît. Je pense pas que ce soit trop demandé. De toute façon, j'ai prévenu les parents que tu le ferais.
Il raccrocha immédiatement après. Il avait dit notre petit frère. Je levai les yeux au ciel et Wyatt eut un léger sourire.
-Tu dois y aller ? C'est pas grave, ça m'a fait plaisir de passer un peu de temps avec toi. La prochaine fois qu'on se verra on pourra parler plus longuement.
-Je suis vraiment vraiment désolée. C'est Brian, qui veut que j'aille chercher le petit à l'école. Il finit dans 35 minutes, j'ai juste le temps d'y aller. Mais sérieusement, on remet ça. Tu m'appelles quand tu veux et tu fixes le lieu.
-Ça marche.
Il commença à se lever mais je lui fis signe de rester.
-Ne t'inquiète pas, profite encore de l'air marin !
Je me penchai et je lui fis un bisou sur sa joue mal rasée. Il posa sa main un peu calleuse sur mon visage et ses yeux me transpercèrent. Il posa ses lèvres sur mon front et il me souhaita un bon retour. J'étais à peine remontée de la plage que Sophie m'appela.
-Tu rentres déjà ? C'est un connard ?
-Du tout. Mais je dois aller chercher Thomas parce que monsieur Brian ne peut plus le faire. Vous restez un peu à la plage ?
-Oui ! On se voit demain et tu me racontes tout.
Je raccrochai et je filai sur la route. Il avait perdu sa sœur. Je ne savais pas comment on pouvait s'en remettre. Je savais que je ne pourrais pas m'en remettre si je perdais Brian ou Tom. Ils étaient une partie de mon cœur. C'était indéniable. J'accélérai un peu et j'arrivai pile à l'heure devant l'école de Tom. Il courut vers moi avec un grand sourire sur les lèvres.
-J'ai eu un A+ en maths !
-Tu es meilleur que moi à ton âge, c'est clair et net Tom ! Je crois que ça mérite bien un gros cupcake ! Je ne sais pas si je te l'ai dit, mais y'a une boutique de cupcakes qui a ouvert près de mon lycée, et tu peux choisir ton propre topping !
-JE VEUX Y ALLER ! hurla Tom dans l'habitacle.
Je me mis à rire et je trouvai une place devant le paradis du cupcake. Il avait les yeux écarquillés et rien que de voir ce plaisir dans ses yeux ne me fit pas regretter ma décision. Je le laissai en prendre deux et il les attaqua à peine sorti de la boutique.
-Tu es ma sœur préférée.
-Je suis ta seule sœur en même temps.
-Justement ! Tu sais, j'ai pas aimé quand Maman et John se sont disputés l'autre fois. Ça m'a rappelé des disputes que Maman avait avant. Tu sais quand j'étais encore un petit garçon, elle avait des petits-amis et ils n'étaient pas très gentils. Il y en a un qui a giflé Brian tellement fort qu'il a été repoussé contre le mur.
-C'est vrai ?
-Oui. Brian a eu mal pendant des jours à son épaule après mais il m'a dit que c'était une blessure de guerre et qu'il en était fier.
-Tu as déjà eu affaire à un homme violent ?
-Tout le monde n'est pas aussi gentil que John, affirma le petit garçon sans pour autant répondre à ma question. Je sais que quand je serai grand et que j'aurais des enfants, je leur ferai jamais de mal. Jamais. Je veux être une personne bien tu sais.
J'acquiesçai avec un peu de tristesse. J'avais l'impression que son innocence aussi était partie, comme pour son frère mais contrairement à Brian, il avait réussi à se préserver.
-Et tu sais, Brian aussi il essaye d'être une personne bien. Mais je sais pas si ça va marcher avec Tara.
-Pourquoi ?
-Et bah, Tara et Brian ils sont gentils, hein, mais quand ils sont tous les deux, ils font des bêtises et Brian prend toujours tout à la place de Tara. Alors Maman est en colère et plus Maman est en colère, plus Brian devient insolent et ça s'arrête jamais.
Lorsque j'arrivais dans la rue, je vis Jay entrain de couper la haie de la voisine. C'était une femme d'une quarantaine d'année de style Desperate Housewives. Elle était entrain de mater Jay derrière ses lunettes de soleil de marque. Je me garai et je filai lui dire bonjour.
-Bonjour madame Daniels ! Vous avez engagé Jay pour couper votre buisson à ce que je vois.
Je vis le sourire grivois de Jay alors que la voisine bisait l'air autour de mon visage.
-Il est très sympathique.
-Je n'en doute pas. Je vais le laisser travailler alors !
Je lui fis un clin d'œil et je rentrai prendre un douche. J'attrapai une robe et j'entendis du bruit dans le couloir. J'entrouvris la porte et Jay passa près de moi.
-Jay, tu veux bien m'aider avec ma fermeture éclair ?
Je me tournai, décalai mes cheveux tandis qu'il remontait le zip.
-Il y a une des filles hier qui m'a demandé si j'étais ton petit-copain. Je dois t'avouer que j'en ai été flatté. D'ailleurs, j'ai vu les photos, elles sont super bien, c'était une bonne idée de demander à tes camarades de se mettre dessus.
-J'ai hâte de voir ça ! m'exclamais-je en riant. Ça te dit qu'on fasse un thé ou quelque chose comme ça ?
-Je vais prendre un chocolat. Je suis pas très thé comme Brian... ou toi. Moi de l'eau chaude aromatisée, très peu pour moi.
Je le bousculai et je me mis à rire tout en descendant les escaliers. Nous nous installâmes dans le salon pour jouer avec Tom au Monopoly. J'étais entrain de me faire ruiner quand Brian débarqua avec la tête en sang.
-Putain ! Qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'exclama Jay.
-Je suis hyper mal tombé au basket. J'ai besoin de ton aiguille magique Petit Bateau !
Il ramena dans le salon la trousse de secours de mon père et je regardai sa blessure au front. Au premier abord, ça avait l'air assez grave, mais une fois que je retirai le sang, je vis que c'était assez superficiel. Je désaffectai la plaie et je mis un pansement liquide. Je constatai que Brian était entrain de fixer mes lèvres ouvertes. Je croisai son regard et pendant un instant, j'eus l'impression de me noyer dans le bleu de ses yeux. Je coupai le contact.
-Tu n'as pratiquement rien, ça devrait être parti d'ici demain.
-Merci Sarah. Alors, bonne baisouille tout à l'heure ?
-Je te demande pardon ?
-Le mec que tu as rencontré à la plage... c'était un bon coup ?
-Je ne te répondrai jamais Brian. Je vais te laisser fantasmer sur mes capacités et moi-même.
Je tournai les talons et je sentis son regard sur ma nuque, jusqu'à en sentir des frissons. Lors de nos dernières vacances, il m'avait dit une chose juste, d'ailleurs, il n'avait pas cessé d'essayer de me le faire intégrer : je devais scotcher les autres sur place pour laisser un sentiment impérissable en eux. L'une des plus grandes qualités de Brian était son charisme à toute épreuve. Je voulais être comme lui. C'était clair et net, même si je ne voulais pas l'avouer devant lui. Je voulais laisser les moqueries, les rires des autres glisser sur moi. Non. Je voulais pouvoir les attraper au vol et leur renvoyer comme un frisbee. J'apprenais petit à petit mais j'étais encore trop faible. J'allais sur les réseaux sociaux et j'envoyais un message à la cousine d'Alexandra pour savoir si je devais aller la chercher pour la fête de Tara vu que je passais devant chez elle pour m'y rendre. Elle me répondit que c'était gentil mais qu'elle avait déjà un chauffeur.
Je m'allongeai sur le nouveau canapé de la salle de jeu et je fixai le plafond. Ma vengeance était en route mais je me mis à douter. Est-ce que cela m'apporterait le bonheur que je pensais ? Est-ce que Sophie n'avait-elle pas raison ? Maya était une gentille fille et je ne devais pas la pervertir pour asservir mes plus sombres desseins... Je secouai la tête. Ce n'était pas de la perversion. C'était juste un coup de pouce. Et Sophie avait tort. J'entendis la porte s'ouvrir et je vis la tête de Brian.
-Tu veux faire un billard avec Tom et Jay ?
-Non, je préfère rester comme ça à vous écouter. Merci.
Il hocha la tête et je suivis la partie des garçons. J'avais peur d'être devenue une garce malfaisante. Mon téléphone sonna et je vis la face de Duncan. Je pris mes écouteurs et je l'entendis grogner contre moi.
-Tu as fini ?
-Non. J'aime pas apprendre des trucs sur toi après mon père.
-Okay, je le ferai plus. Je suis sortie avec un mec, il est mignon. Je pense que tu aimerais le personnage. Que dire d'autres ? Mary et Papa se sont fâchés et ils se sont réconciliés aussi. Cameron a couché avec Sophie. Enfin plutôt l'inverse, vu qu'il était puceau. D'ailleurs à ce propos...
-Tu veux savoir le nom du mec que j'ai sodo...
-Non ! hurlai-je de rire. T'es con. J'en ai perdu ce que je voulais dire. C'était à propos de Yale... J'ai oublié... c'st pas grave. Par contre.. Ce serait cool si on pouvait dormir chez toi Brian et moi pendant qu'on sera sur la côte Est.
-Pour visiter le campus ? Avec plaisir. Je vais en parler à John pour qu'il soit okay aussi et qu'il te commande une ceinture de chasteté.
-Très marrant.
-Merci. Je cultive mon humour comme les radis.
-Avec beaucoup de boisson ?
-VOILÀ. Toi tu me comprends. Oh ! J'ai rencontré la petite Gisou. Elle est canon la petite. Si elle jouait dans un porno, ce serait l'étudiante intello avec la petite jupe écossaise et des lunettes, celle à qui on a envie de pincer et fesser d'un air pervers.
-Tu me dégoûtes. Je la connais et elle est hyper gentille. T'es vraiment sale Dundun.
-Je voulais entendre ton air de sainte nitouche. Bref, j'étais avec Ray et il s'est littéralement planqué derrière moi à la bibliothèque. Il est chou ce petit. On dirait un jeune premier. Pourtant il avait une copine.
-Il est choupinou comme tout. Ne va pas le pervertir.
-Ce qui se passe entre un senpai et son kôhai ne se dévoile jamais.
-C'est l'une des personnes que j'aime le plus sur cette planète et je l'aime comme il est. Tu as compris ?
-Vu que tu viens de parler en espagnol et de prendre un ton similaire à ma mère, oui. J'ai compris.. J'ai hâte de vous revoir tous et j'ai hâte de te montrer que mon université vaut vraiment le coup et pas seulement parce que ton meilleur ami est là-bas, mais parce que moi j'y suis.
-J'ai confiance en ton jugement, t'inquiète.
-Merci Sar'. Mon plan cul est entrain de sonner à ma porte. Je te laisse petite.
-On se voit... la semaine prochaine du coup. C'est fou, le temps passe beaucoup trop vite. Je t'aime Dundun. Amuse-toi bien.
Je raccrochai et je me sentis encore plus seule si c'était possible. J'avais besoin de parler à Ray. Il ne décrocha pas et je tombai sur sa messagerie. J'essayai avec Chuck et lui me répondit.
-Je te réveille ?
-Non tu me surprends à la sortie de mon bain, je suis toujours à poil si tu veux tout savoir.
Je balbutiai un désolée qui fit retourner Brian. Je savais que j'étais rouge. Je me levais pour aller dans mon jardin où je savais que je pourrais être tranquille.
-J'ai une question à te poser Chuck.
-Je t'écoute.
Je l'entendis jurer en français et grogner contre son « putain » de cousin.
-Désolé, je t'écoute.
-Tu n'es pas seul ?
-Mon cousin s'est fâché avec sa meuf, du coup il squatte dans mon nouveau chez moi et il laisse de la merde à trainer et je viens de me prendre les pieds dans un T-shirt ACDC visiblement non lavé. Bordel.
-Ah okay, je voulais savoir... si je demande à mon père de m'offrir un voyage à Paris pour Noël, je pourrais dormir chez toi ?
Il y eut un silence au bout du fil.
-Parce que tu pourrais aller dormir ailleurs que chez moi ? Tu connais d'autres gens à Paris ?
-En l'occurrence oui, mais je préfèrerai rester avec toi.
-Ma porte t'est ouverte. Celle de mon appartement, celle de ma chambre aussi. Tu n'as qu'à me donner les dates et je serai à toi.
-Corps et âme ?
-Ça fait un peu satanique, mais oui. Corps et âme. Si je n'étais pas un gentleman, je dirai même que tu peux user et re-user de mon corps quand et aussi longtemps que tu veux.
-Aussi longtemps ? Tu ne serais pas un peu présomptueux ?
-Il me semble que tu ne m'as jamais eu pour une nuit entière. Donc.. non. Je ne suis pas présomptueux, mais je t'invite à vérifier ça par toi-même.
-Serait-ce une proposition indécente monsieur Grasset ?
-Absolument mademoiselle McAllister. Il semblerait que je sois tout à fait disposé à vous montrer pourquoi, nous les français, nous sommes réputés pour être d'excellents amants.
Je laissai échapper un petite exclamation et mon imagination se mit à fourmiller.
-J'ai hâte de voir ça alors. Est-ce que la tempête médiatique s'est arrangée un peu avec l'autre connasse ?
-Oui, heureusement ! Apparemment le fait qu'Owen ait embrassé un mec dans un bar pour un pari fait la une. On m'a oublié.
-IL A FAIT QUOI ?
-Pari avec son cousin, il a été dans un fameux bar gay pour embrasser un type au hasard. La photo fait le tour des réseaux sociaux avec le titre : Owen, bisexuel ?
Chuck était vraiment hilare et cela me fit plaisir de voir qu'il allait mieux. J'étais certaine que j'y étais un peu pour quelque chose et cela me remonta le moral.
-J'ai un truc à te dire et c'est pas facile Chuck alors j'aimerai que tu ne m'interrompes pas, je n'aimerai pas que tu l'apprennes par quelqu'un d'autre que moi. L'autre jour quand j'étais à mon Senior Camping, j'ai été agressé par quelqu'un. J'ai cru que je n'allais pas m'en sortir vivante. Il se trouve que ce gars était le coloc d'un comédien engagé par une fille de mon lycée pour me pourrir la vie et j'ai une question à te poser. Est-ce que tu penses que je dois me venger d'elle ? Je ne l'ai pas impliquée auprès des parents pour justement ne pas bloquer une vengeance, mais je me demande maintenant si ce n'est pas entrain de me ronger et de me perdre.
-Tout dépend du mal que tu es prête à infliger à cette personne Sarah, mais je suis pas objectif. Tu t'es faite agresser ? Putain. Tu vas comment ?
-J'essaye de faire sortir le mal. De m'exorciser comme je peux, mais dire que je peux l'oublier... non. Je ne pourrais jamais l'oublier.
-Est-ce que... est-ce que tu veux que je rentre et que je vienne à Los Angeles ? Si tu me réponds oui... Je saute dans le premier avion et je resterai auprès de toi autant de temps qu'il te faut. J'ai repoussé mon semestre. J'ai le temps.. j'ai du temps pour toi Sarah.
-J'ai beaucoup d'affection pour toi Chuck et c'est gentil de proposer mais j'ai besoin d'aller mieux toute seule et d'apprendre à ne plus avoir peur toute seule.Sinon... le jour où tu ne seras plus là pour une raison X, je ne pourrais plus m'en sortir. Je dois apprendre à être une femme forte indépendamment des autres. Savoir que tu me soutiens, c'est bien suffisant, je te l'assure.
-Je te crois, mais je suis toujours une option, okay ? Mon fixe sonne.. c'est Mamie Charlotte, je dois répondre. On se rappelle ?
-Oui. Bises Charles.
Devenir forte et indépendante, comme Grand-Mère Amélia. Oui, ce serait mon objectif désormais. J'en profitais pour l'appeler mais je tombais sur son répondeur.
Salut Grand-Mère, c'est Sarah. Je ne sais pas si je te l'ai dit mais je suis la marraine du neveu de ma belle-mère et je voulais savoir quel genre de cadeau je devais lui offrir pour son baptême. J'aurais dû t'appeler avant, mais j'ai eu beaucoup de choses à penser dernièrement, je suis sûre que Papa t'a raconté, alors je ne vais pas... en parler plus maintenant. La cérémonie a lieu à la Toussaint, alors ça te laisse assez de temps pour me rappeler. Voilà, je t'aime Grand-Mère. Bises.
Ma belle-mère arriva à ce moment précis et je filai vers elle, elle avait l'air chargé.
-Comme je me suis dit que c'était presque notre dernière soirée tous ensemble avec Junior, je me suis dit qu'on pouvait manger asiat' ce soir. J'ai pris tout ce qui me faisait envie. John m'a dit qu'il passait prendre le dessert ailleurs ! Il devrait arriver dans pas longtemps. Tu as passé une bonne journée ? Tu as l'air heureuse en tout cas.
-Je viens de parler à Chuck alors oui, je suis heureuse. Je vais t'aider à porter et mettre la table... enfin on mange dans le salon ?
-Oui ! Je vais juste aller faire un coucou aux garçons et retirer mon corset.
-Tu sais Mary, je vois pas pourquoi tu te fais souffrir comme ça, dis-je en la suivant dans sa chambre.
-Parce que cette robe est faite pour que ma taille soit marquée du coup... je ne suis pas obsédée par mon poids. Mais...
Je n'avais jamais vu ma belle-mère aussi gênée. Je ne voulais pas la mettre mal à l'aise.
-Je travaille constamment avec des jeunes et je sens le poids de l'âge me frapper.
-Mary. Tu as à peine 40 ans, tu veux vraiment me parler de vieillesse ?
-Tu comprendras quand tu verras ton corps changer, que perdre du poids sera plus difficile et quand tu commenceras à avoir des rides.
Je devais la fixer bizarrement parce qu'elle se mit à rire.
-Avant de rencontrer ton père, je sortais avec un homme qui m'a trompée avec la babysitter de Tom. Elle avait à peine 20 ans. Et depuis...
-Papa ne te quittera pas pour une femme plus jeune. Il ne ferait jamais ça. Je pense même que l'adultère ne fait pas partie de son vocabulaire. Mais je peux comprendre.. ça t'a brisée. Quand j'ai choppé Marc entrain de baiser une meuf à Stanford, ça aussi, ça m'a détruite, mais je pense qu'on s'en remet.
-Il a fait quoi ? Quelle petite merde sérieusement ! Tu peux m'aider à le délasser.
Elle respira une fois désentravée et elle enfila juste un sweat de mon père sans mettre de soutien-gorge. Elle enfila un vieux legging et nous rejoignîmes les garçons. Mon père était arrivé entre temps et Mary se fourra contre lui. La soirée était hyper agréable. Être en famille était une chose fabuleuse et Jay riait comme un fou tout en goûtant certains plats pour la première fois. Une fois Tom couché, je m'installai entre mon père et Brian pour regarder Le Labyrinthe. Je savais que mon père avait l'intention d'emmener Mary voir la suite le lendemain soir en laissant Tom à Eric. Ma tête pencha vers Brian qui bougea son bras pour m'encercler. J'aimais beaucoup ce film et je devais bien avouer qu'il m'était arrivée de fantasmer sur Dylan O'Brien. J'avais supplié mon oncle qui connaissait son agent de m'emmener un jour où le jeune acteur serait là, mais il avait refusé. Mon oncle était loin d'être cool en réalité contrairement à ce qu'il faisait croire.
Je passai une nuit atroce étrangement où je me réveillai en pleine nuit, en sueur. Je finis par me pencher au dessus de ma cuvette des toilettes pour vomir. Mon estomac était tout retourné, j'avais des sueurs froides. Je savais reconnaître cette sensation. C'était la peur, une peur sourde. Je filai dans la chambre des parents mais ils étaient endormis l'un contre l'autre. Je ne pouvais pas les déranger. Je poussai la porte de Brian et je me glissai dans ses draps.
-Qu'est-ce que tu fais dans mon lit, putain ?
-J'ai rêvé de lui.
Il m'attrapa par les hanches et me rapprocha de lui.
-Il était sur moi, murmurai-je en tremblant.
-Je suis là. Tu peux dormir. Je le laisserai même pas s'approcher.
Je tournai la tête et je le vis parfaitement réveillé entrain de me fixer. Il se pencha vers moi, ferma mes paupières, posa deux baisers dessus en un geste protecteur.
-Je veille sur ton sommeil, ajouta-t-il en plaçant son bras sous ma tête. Tant que je serai là, il ne t'arrivera rien. Je t'en fais le serment.
Il ne tarda pas à se rendormir et quand je me réveillai le lendemain, il était toujours là, dans la même position. Il avait réussi à éloigner le monstre. Je n'étais plus seule face à lui. Brian était là, avec moi. Il fut réveillé par l'arrivée de Tom dans sa chambre. Notre petit frère s'arrêta et pencha la tête sur le côté.
-Dites, si vous vous mariez un jour, je vous préviens... je serai le témoin de celui qui me paiera le plus. Et si vous avez l'intention de ne pas me proposer d'être votre témoin, je vous boycotterai.
Brian lui lança un de ses oreillers avec une telle force que Tom trébucha au sol.
-Je serai le témoin de Sarah. Tu n'auras qu'à prendre Junior. MAMAN ! Brian ne veut pas que je sois son témoin pour son mariage avec Sarah !
-C'est pas gentil ça, répondit Mary en passant sa tête dans la chambre. Vous n'êtes pas fatigués de dormir ensemble ? Parce que sinon, on peut aussi déménager tes affaires dans la chambre de Brian ce sera plus simple, non ?
-J'ai fait un cauchemar, répondis-je. J'ai rêvé de mon agresseur et j'avais pas envie de rester seule.
-C'était une blague Sarah. Vous avez envie de pancakes ? Je suis d'humeur à faire des pancakes.
Nous acquiesçâmes et je vis Jay arriver au moment où Mary partit avec Tom. Il s'arrêta à l'entrée de la chambre et nous fixa.
-Je te hais Miller. 20 points pour toi.
-Quoi ? m'exclamais-je.
-Quand on met une jolie fille dans son lit, c'est 20 points, me répondit Jay.
-C'est pas une fille, répondit Brian avant de se prendre un coup de ma part, c'est Sarah. Une fille pour toi peut-être mais pas pour moi. Regarde, je bande même pas. J'aimerai bien que ma chambre ne devienne pas un putain d'hall de gare. C'est quoi ce délire ? Il manque plus que John.
Mon père passa sa main pour nous saluer et il se mit à rire dans le couloir. Je me levai pour lui sauter sur le dos.
-Tu me descends Papa ?
-Accroche toi petit trésor.
Il me laissa sur le plan de travail. C'était amusant et Tom trouvait très amusant que je sois assise à côté de son bol de céréales. Je passai dans la salle de bain du bas pour me laver et je revins en serviette dans le couloir.
-BRIAN ? TU PEUX ME PRENDRE DES SOUS-VÊTEMENTS DANS MA CHAMBRE ?
Je reçus une culotte et un soutien-gorge sur la tête.
-MERCI !
Je m'habillai en me rendant dans la buanderie où je savais qu'un uniforme m'attendait. L'odeur des pancakes me chatouillait les narines et je souris. Quand Mary était heureuse, c'était toute notre famille qui en bénéficiait. Je m'arrêtai une minute à l'embrasure de la porte. Ils étaient entrain de sourire, de rire et je voyais les petits gestes tendres entre ma belle-mère et mon père. Ils ne cessaient de se frôler et ils finirent par se regarder avec intensité. Voilà, c'était ça que je cherchais dans une relation. Un homme qui soit capable de me regarder comme mon père regardait son épouse. Un amour vrai et franc.
-Sarah, tu comptes rester debout longtemps ou tu vas enfin venir prendre un petit déjeuner ?
Je m'assis et j'avalai un peu de café dans la tasse de mon père. Il n'y avait vraiment que le petit déjeuner qu'on prenait dans la cuisine et c'était vraiment amusant ce côté décontracté. J'entendis un bruit du côté de la fenêtre et je vis mon oncle.
-Elijah, je te l'ai dit 100 fois, passe par la porte, grogna ma belle-mère.
-J'en profite tant que je suis encore souple, rétorqua mon oncle en enjambant la fenêtre. Cool des pancakes. J'en meurs d'envie. Toi, dit-il en pointant son doigt sur Jay, tu reviens quand tu veux montrer tes pectoraux dans mon magazine.
-Oui monsieur.
-Il est mignon, sourit mon oncle. Je voulais savoir si je devais venir prendre Tom après l'école ou si vous le déposiez directement chez moi ce soir.
-Chez toi ? Je pensais qu'Eric...
-Eric a eu une touche hier, alors je garde les petits, l'interrompit Elijah. Alors ? poursuivit-il en avalant un second pancake brûlant. Verdict ?
-J'irai chercher Giulia devant sa classe et ensuite on te rejoint !! s'écria Tom avant de rougir. Enfin...
-C'est un bon plan, sourit Mary. Par contre pour tes affaires Thomas...
-Je veux bien les apporter chez Eli, dis-je, mais uniquement s'il fait des churros.
-Vendu, répondit mon oncle. C'est parfait. Vous voulez venir aussi ce soir.
-Non, répondit Brian. C'est gentil, mais on va à une fête ce soir.
-Où ça d'ailleurs ? demanda Mary.
-Chez Tara.
-Ah.
Son exclamation laissa un petit blanc.
-Commence pas Maman. Sérieusement, ne commence pas.
-Je n'ai pas besoin de commencer, tu sais parfaitement où je veux en venir. Cependant comme tu m'as lancé sur ce sujet, autant vous le dire tout de suite, pas d'alcool. Pour aucun de vous.
-Tara ne boit pas, répondis-je.
-Ce serait bien une première, siffla ma belle-mère.
-Stop ! s'exclama Brian en se levant. J'ai compris, t'es mécontente qu'elle soit revenue dans ma vie, mais soyons d'accord, elle n'en partira pas et plus tu insisteras, moins tu auras de prise sur moi, compris ? Jay, on se voit tout à l'heure, faut que je passe à la bibliothèque.
Il attrapa son sac et sortit de la pièce. Jay s'excusa auprès de nos parents et il courut presque derrière Brian.
-Et après, c'est moi la drama queen. Eli, ne fais jamais de garçons.
-Hey !
-Sauf si il ressemble trait pour trait à Thomas.
-Tu t'es bien rattrapée, sourit le petit garçon. On va être en retard Maman, on doit aller prendre mon copain, tu n'as pas oublié.
-Je vais t'accompagner, répondit mon père. Dépêche-toi !
Tom courut en dehors de la cuisine et je vis la main de Mary trembler légèrement. Eli fronça un peu des sourcils et je compris que c'était le moment pour moi de déguerpir. Je les embrassai tous les deux et je filai chercher mon sac dans la cuisine. J'entendis la voiture de mon père partir et quand je descendis, la voix d'Eli me parvint.
-Tu sais, je ne connaissais pas Brian avant mais il est très équilibré... je ne sais pas si le ramener à une période autre est bien tu sais.
-J'ai peur pour lui. J'ai peur qu'il arrive quelque chose de grave. Tara et Brian sont capables du pire quand ils sont ensemble. Je sais que ce sont de chouettes gosses en plus, mais... ils font des conneries et je refuse qu'ils mêlent Sarah à leur frasque.
-Je crois que Sarah n'a pas nécessairement besoin de Brian pour se fourrer dans les ennuis.
-Sarah a suffisamment souffert dans sa vie sans que mon fils en rajoute une couche.
J'étais touchée qu'elle parle ainsi de moi et j'allais me manifester quand je l'entendis dire qu'elle avait déjà failli perdre son fils et qu'elle ne voulait plus jamais recommencer. Que voulait-elle dire ? Qu'avait bien pu faire Brian ? Durant le cours de chant de l'après-midi, je l'observai. Il avait l'air sur une autre planète, Tara était assise à côté de lui et quand elle posa sa main sur lui, il sursauta presque. Un demi-sourire barra son visage et il se mit à rire. Je me penchai vers Paul à côté de qui j'étais assis.
-Tu me fais confiance ?
-Oui.
-Alors tu acceptes de faire un clip avec Tara, Brian, Sophie et moi ?
Je lui expliquai rapidement le projet de la meilleure amie de Brian et il acquiesça. Il attrapa ma main et la fixa.
-Je ne connais pas cette bague. Ce n'est pas mon frère qui te l'a offerte, ça c'est clair.
-C'est... un excellent ami à moi.
J'aurais pu lui dire que c'était mon meilleur ami mais je ne voulais pas lui faire inutilement du mal. Ceci dit, j'aimais vraiment beaucoup ma bague.
-Un petit ami ?
-Non du tout, mais nous tenons beaucoup l'un à l'autre.
Tyler arrêta de parler et nous fixa tous d'un air navré.
-Vous n'êtes pas du tout concentrés. Vocalises. Tout de suite. Tenez vous, debout et droit en plus de ça. Bande de cornichons va.
Il venait de dire quoi ? Je sentis le rire me prendre et je pouffai de rire malgré moi. C'était un fou rire comme il ne nous en prenait que rarement. Je n'arrivai plus à respirer et je dus quitter la salle avant de me mettre à hurler. Je repris mon souffle dans le couloir et quand je relevai les yeux, je vis ma directrice.
-McAllister, que faites-vous dans les couloirs ?
-Je..
-Je l'ai autorisée à sortir, elle ne se sentait pas bien, madame, fit la voix de Ty derrière moi.
Ma directrice passa près de moi sans un regard de plus et je me tournai vers lui pour le remercier. Il me fit signe de revenir dans la salle et nous commençâmes nos vocalises. A la fin du cours, je vis Tara se rendre vers Tyler. Elle avait les mains croisées, elle n'était pas du tout sûre d'elle. C'était assez étonnant d'ailleurs. Je passai près d'eux et je l'attendis au dehors. Brian était avec Paul, Sophie était avec Cameron et j'avais l'impression que l'univers tout entier roulait dans le bon sens. J'avais l'impression que la petite distance entre Paul et Sophie était bénéfique à tout le monde. Elle était plus détendue, il l'était aussi et Cameron ne se sentait plus menacé par le beau blondinet. C'était probablement l'un de ses plus grands défauts : la jalousie. Ce n'était même pas de sa faute, il devait probablement être né comme ça et ça devait le ronger. Tara sortit de la salle en souriant très largement.
-On va faire un clip !! s'exclama-t-elle.
Elle sauta sur place et elle fit une petite danse de la victoire.
-C'est vraiment une très très bonne chose ! Je propose qu'on se voit dans l'après-midi, même via un Skype pour parler des chansons que vous voulez faire. Je ne pourrais pas vous laisser le dernier mot sur le script et le montage, par contre, je veux savoir vos limites donc on en parle demain ? J'aurais adoré papoter mais j'ai une fête à préparer et je suis tellement à la ramasse.
-Je vais t'aider Tar'.
Elle sourit à Brian et encore une fois, ils arrivèrent dans un lieu inconnu pour toutes autres personnes qu'eux. Je pris conscience d'une chose. Je n'aimais pas ça. J'avais réussi à atteindre Brian, mais ils me montraient qu'il y avait d'autres paliers, comme si le vrai Brian restait enfoui. Je grimpai pourtant depuis plusieurs mois et me rapprocher de son vrai lui était très difficile, impossible sans sa propre volonté, mais non. Ce n'était pas terminé. Je pensais être l'une de celles qui arrivaient le plus à le toucher mais non. Tara était là pour lui. Tara. Toujours Tara. Il croisa mon regard et je l'évitai.
-Sarah, on peut t'emprunter Bagheera ?
J'hochai la tête, lui tendis les clefs et je tournai les talons. Je ne pensais pas ressentir cette tristesse. Je sentis une main derrière moi et cela me fit retourner. C'était Brian. Je vis des regards se poser sur nous dans les couloirs.
-Qu'est-ce que tu as ?
-Tu t'ouvriras à moi un jour comme tu t'ouvres à Tara ? Ou c'est peine perdue ?
Il allait parler mais il referma sa bouche mal à l'aise.
-J'ai ma réponse.
-Sarah ! Le prend pas comme ça, enfin ! J'ai même pas eu le temps de parler ! Tu abuses là !
-Tu vas me répondre « non, c'est un jeu ». Mais parfois j'ai pas envie de jouer Brian. J'ai envie de te connaitre, c'est tout. J'ai l'impression que les autres te connaissent plus que moi.
-Queen Sarah est jalouse ?
Je me mis à rougir et il arrêta son petit air arrogant. Il regarda autour de nous et il releva mon visage.
-N'essaye pas de creuser en moi. Tu serais déçue par la personne que je suis. Et c'est la dernière chose que je veux. Pourquoi tu ne veux pas te contenter de ce que tu as ?
-Parce que Tara a plus.
Je me dégageai mais il me rattrapa et me traina dans les toilettes pour garçon en aboyant sur les plus jeunes pour qu'ils déguerpissent.
-Qu'est-ce que tu veux savoir ?
-Je veux juste savoir qui tu es. Je veux connaitre le Brian de Jay et de Tara.
-Ce n'est pas le même.
-Je veux connaitre tous les Brian. Je veux savoir qui tu es vraiment au fond de toi. Tes aspirations et tes rêves.
Il se tut, en proie au doute, puis son regard se fit implacable.
-Ta requête a été examinée et a été refusée. Débrouille-toi avec ce que tu as. Oh et dernière chose. La jalousie ne te sied pas du tout. Tu es beaucoup plus belle sans ce poison. Tu devrais t'en débarrasser avant qu'elle ne t'attaque.
Il me laissa dans les toilettes et j'entendis la porte se refermer derrière lui. J'avais fait une erreur en lui parlant ainsi. Je venais de me compliquer la vie encore plus et je ne savais plus comment faire pour me rattraper. J'avais l'impression de l'avoir perdu et ça me faisait mal. Très mal.
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