La vraie liberté
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-Tu es sûr et certain que ça te dérange pas de garder Tom ?
-Pas du tout, répondit Eric, tout en attrapant le sac de Tom qui avait couru avec Giulia dans le jardin. On va beaucoup s'amuser même. On doit aller visiter un appartement pour mon père histoire qu'il ne squatte pas indéfiniment chez moi. C'est dérangeant pour ramener quelqu'un le soir, si vous voyez ce que je veux dire.
-Je pense que tu devrais être plus explicite, oncle Eric, dis-je en riant à sa folie.
-Ce que mon frère veut dire, répondit Elijah en débarquant derrière moi et en m'entourant de ses bras, c'est qu'il ne peut plus arrondir ses fins de mois en faisant des passes si notre belle-mère est dans les parages. Il y a des choses qu'on ne fait pas devant une dame.
Nous devions partir avec le reste de notre Famiglia pour visiter les universités. Tara était également de la partie avec ses parents. La veille, j'avais choppé ma directrice à la sortie des cours et j'avais versé de fausses larmes. Brian m'avait regardé d'un air goguenard mais il avait lui aussi utilisé un ton très mielleux, et avait réussi à la convaincre que nous étions de bons éléments pour le lycée. J'avais été dégoûté par l'attitude de ma directrice qui donnait plus de poids à la parole d'un performer qu'à la mienne. Mon père avait eu dans la matinée rendez-vous avec mon professeur principal et il lui avait expliqué le problème que j'avais eu ces derniers temps. M. Delaware avait posé son regard gentil sur moi et j'avais lu de la déception. C'était pire que tout. Il était mon prof préféré et mon père avait poussé le vice en lui demandant de le prévenir si j'obtenais moins d'un B+ dans une matière, seule limite qu'il considérait comme acceptable, sans quoi, il me changerait d'établissement et me ferait redoubler. Je me voyais désormais telle que j'étais réellement, une fille instable à qui on ne pouvait pas faire vraiment confiance. Je devais vraiment changer ça. Le vendredi était une journée pédagogique et personne n'avait cours. Nous avions décidé de partir le vendredi matin tôt pour visiter les universités et comme nous voulions en faire pas mal, nous avions posé Tom le jeudi soir chez Eric qui nous avait au passage invité à dîner. Mon oncle avait l'air au bout de sa vie et son petit frère l'agaçait grandement.
-Ta gueule Elijah.
-Qui fait des passes ?
Candice était magnifique au naturel et je ne comprenais pas pourquoi elle mettait autant de soin à se modifier quand elle sortait alors que les affaires de sport qu'elle portait à ce moment précis, lui allaient si bien. Elle s'arrêta une main sur les hanches, retenant son tapis de yoga.
-Eric, lança Elijah sous le regard courroucé de son frère.
-T'es pas un peu vieux pour traiter ton frère de pute Eli ? rit leur belle-mère.
-On est jamais trop vieux pour insulter son frère, rétorqua ce dernier. Hein ma salope ?!
-Elijah ! fit la voix de mon Grand-Père derrière lui. Peux-tu arrêter d'être vulgaire ?
Mes oncles soupirèrent en même temps et l'aperçu de ce qu'ils devaient être ado me sauta à la figure. Ils étaient totalement barges.
-Alors sinon Sarah, quelle connerie as-tu prévu de faire ce week-end ? me demanda mon oncle le plus jeune en sautant sur le canapé près de moi. Tu vas mettre le feu à Stanford ? Tu vas planter tout le monde pour prendre l'avion vers Macau et siffler des Tequila avec un Mexicain en pagne ? Ou alors tu vas juste essayer de ne pas chopper la chtouille dans une fraternité de UCLA ?
-Non, j'avais plutôt l'intention de visiter les campus et d'essayer de ne pas être sarcastique en voyant Marc avec sa nouvelle petite amie qui d'après ce que je sais est merveilleuse.
-C'est pas mal comme programme. Mais moi j'aurais essayé la fraternité de UCLA.
-C'est pas mon truc. J'ai vu trop de films chelous sur les fraternités pour essayer d'en intégrer une.
-Rho arrête. Tu changeras d'avis l'an prochain sur le campus de Harvaaaaaard.
-Elle ira à Yale, répondit Eric. Tous les aînés de la famille Evans vont à Yale.
-Ouais bah vu mon dossier scolaire actuellement si je suis prise dans une fac publique près de la maison, je serai contente.
-Il faut faire comme tout le monde, il faut lisser son dossier scolaire, répondit Eric. Bénévolat, sport. Il faut montrer que tu es motivée à y aller malgré ton passé de petite délinquante juvénile qui ment, se drogue, boit et tabasse des papys avec des dealers.
Il n'y allait pas de main morte et je me sentis rougir comme ce n'était pas possible.
-Eric, ça suffit, je pense qu'elle a compris. Nous n'avons pas besoin de lui ramener son erreur sous le nez à chaque repas de famille, siffla mon Grand-Père.
-Sauf que je n'ai pas vraiment eu l'occasion de lui dire ce que je pensais de tout ça. Candice et toi avez décidé de prendre le parti d'être gentils pour l'aider à surmonter son problème, soit. Mais c'est pas mon cas. Je suis fâché contre toi et je le suis d'autant plus que j'ai fait une promesse à ta mère sur son lit de mort, tu le sais pertinemment et ton comportement me fait faillir à cette promesse envers elle. C'est intolérable.
-On a pas voulu en rajouter une couche à Thanksgiving et ces derniers jours, mais Eric a parfaitement raison, continua Elijah sur le ton sérieux qu'il avait déjà pris pour m'engueuler l'année précédente. Vu que tu as l'air d'être redevenue notre nièce chérie, il est temps que tu saches ce qu'on pense vraiment. Tu n'as pas seulement mis la famille McAllister dans l'embarras, tu nous as aussi fait grand honte à nous aussi et si Elena était là, ton comportement aurait été une source d'une immense déception, probablement plus grande que celle que je ressens et elle est colossale. Et... non Papa. Laisse-moi continuer. Papa et Candice sont bien aimables de t'avoir pardonné après l'avoir laissé pour mort sur le trottoir et que tu t'enfuyais en courant. Moi je suis poli, je suis gentil, et je ne veux pas endommager notre famille plus qu'elle ne l'est déjà, mais je ne t'ai pas pardonné, pas encore. Ou en tout cas, il va me falloir longtemps pour te faire de nouveau pleinement et entièrement confiance.
-Pareil pour moi, intervint Eric. Tu as failli tuer notre père et j'espère que chaque fois que tu feras quelque chose de mal, cet acte te reviendra en mémoire pour te montrer à quel point tu peux dérailler loin. Même si visiblement ça n'a pas été le cas cette semaine avec ton renvoi.
-À ce propos Eric, je crois que je ne t'ai jamais remercié pour tout le temps que tu investis en moi, pour me sauver dès que j'ai un problème au lycée. Je te jure sur la tête de Maman que tu n'auras plus besoin de te déplacer dans le bureau de la directrice pour un problème que j'ai causé par mon comportement ou par mon imprudence.
-Laisse ma sœur là où elle est veux-tu, souffla-t-il. Mais soit, j'ai compris l'intention, je ne me pointerai plus dans le bureau de ta directrice pour sauver ta tête quand tu te crois au dessus des lois. Je serai là pour t'aider si tu te fais harceler de nouveau, mais pas si tu provoques tes propres problèmes. Tu es dans une période de mise à l'épreuve, compris ?
-Oui monsieur.
-Très bien, on arrêtera de parler de cette affaire quand je saurais comment vous avez fait pour pirater le système audio du lycée.
-J'ai lié une puce électronique à un logiciel et j'ai collé la puce sur les micros de l'établissement. Et j'avais le logiciel sur mon téléphone, j'ai pu tout activer à distance.
Mon père leva les yeux au ciel mais je vis son petit regard vers Eric qui voulait dire « ils sont malins ces abrutis ».
-Très bien. On mange du poulet ce soir. J'ai encore un peu de préparation à faire. Comme j'ai arrêté le vin...
-Depuis quand ? demanda mon père le sourcil levé.
-Par solidarité avec mon père qui ne peut pas en boire une goutte à cause des médicaments et de Candice qui a décidé de se faire une sorte de carême avant Noël.
-Je me suis juste dit que ce serait mon effort de l'Avent tout en réduisant mes dépenses personnelles en chaussures.
-Tu peux drastiquement le baisser ton budget chaussures. Je ne comprends pas ton attrait pour ça, rit mon Grand-Père. Mais apparemment c'est une caractéristique commune à beaucoup de femmes dans ma vie.
Je levai les yeux au ciel en même temps que sa femme et tandis que j'entreprenais d'expliquer à Daniel, pourquoi il fallait avoir une paire de chaque sorte de chaussures et en plusieurs couleurs, je vis Mary s'éloigner avec Eric dans la cuisine. Brian avait décidé de joindre sa voix à celle de mon Grand-Père pour m'embêter.
-Mais de quoi tu me parles toi ? Tu as des chaussures de toutes les couleurs. Je t'ai vu avec une paire de mocassins roses !
-J'assume la Mary Miller McAllister qui est en moi.
Mon père commença à se taper une barre de rire et il se leva pour rejoindre sa femme en s'essuyant les yeux. Brian avait réussi l'exploit de faire pleurer de rire mon père et je lui en étais tellement reconnaissante. D'ailleurs son regard venait de briller comme celui d'un enfant. Il reprit un air sérieux et quand Eric revint avec des boissons, il s'adressa directement à lui.
-Ne vous inquiétez pas pour Sarah. Certains partent avec des bagages plus conséquents pour l'université vous savez. D'ailleurs j'ai cru comprendre que tu allais faire du bénévolat à l'hôpital.
-Oui. Eric, j'ai besoin de toi pour un truc.
Mon oncle s'arrêta dans son geste.
-Tu as fait un excès de vitesse ?
-Non ! Pas du tout, j'aimerai monter une fondation et j'aurais besoin de statuts légaux pour ça. Je te paierai quand je serai majeure et que j'aurais accès à mon compte en banque.
-Une... fondation ?
-Oui. J'ai demandé à Grand-Mère de lever des fonds, mais je crois que si je créais ma propre fondation, je saurais exactement où va l'argent que je lui ai demandé de lever pour lutter contre la toxicomanie chez les ados.
Mon oncle me contempla et je voyais qu'il réfléchissait.
-Ça c'est une très bonne idée pour ton livret scolaire. Prendre une faiblesse comme force. C'est parfait. Je vais mettre un de mes collaborateurs sur le coup.
-Tu pourras ajouter Brian dans les statuts aussi ?
-Moi ? Pourquoi ?
-Parce que tu as plus les pieds sur terre que moi et je ne vois pas d'autres personnes capables de me tempérer comme toi tu le fais.
-Tu es en train de me dire que la fondation McMiller va voir le jour ? Je disais ça pour rire l'autre soir, tu sais, ajouta-t-il en souriant quand même. On passera à votre cabinet quand ce sera prêt alors, monsieur Evans.
Eric hocha la tête et je le vis se redresser en fronçant les sourcils. Il se rendit rapidement dans le jardin et j'entendis des pleurs.
-ELI, TU PEUX PRENDRE LA TROUSSE DE SECOURS ? cria mon oncle à son frère.
Je me levai pour le faire à sa place mais mon père arriva, attrapa Giulia dans ses bras et se rendit dans la salle de bain du bas. Quand elle revint, elle avait un pansement de la Reine des Neiges et elle courait de nouveau vers le jardin.
-C'est normal que tu n'aies que des pansements Reine des neiges ?
-J'ai laissé Giulia et Candice s'occuper de renouveler le stock à ma place, voilà pourquoi.
-J'espère que tu te couperas jamais en te rasant alors, rit Elijah. Sinon tu seras obligé de chanter : « Libéééérééééée, Délivrééééééeeeee, je ne mentirai plus jamaiiiiiiiis » et avec ton métier de roublard, on sait que ça peut causer un souci de dire toujours la vérité.
-Je ne mens jamais, je présente la vérité sous un angle différent.
-Je ne comprends pas, la vérité c'est juste la vérité, non ?
-C'est plus complexe que ça, Sarah. Ta vérité ne sera pas la mienne ou celle de ton père. Des mêmes faits peuvent être interprétés très différemment.
Je secouai la tête et je ne parlai pas beaucoup de la soirée. Je me contentais de manger et de les observer. Je m'en voulais de causer de la peine à mes oncles, eux qui avaient toujours été là pour moi. J'observai le visage de mon Grand-Père qui guérissait petit à petit. La violence de cet instant me percuta de nouveau. Je l'avais regardé se faire attaquer sans réagir. J'avais vu son sang couler et pourtant... je n'avais rien ressenti pour lui, pas même une once de pitié. Je pouvais être impitoyable. Ce constat m'effraya... je ne voulais pas devenir comme un vampire et faire taire mon humanité, c'était elle qui me rattachait à la vie et au monde autour de moi. Mon attention se concentra sur Giulia et Tom. Ils s'entendaient tellement bien tous les deux. J'étais contente pour ma cousine qu'elle se soit trouvée un ami aussi précieux que Thomas.
-Dis Papa, est-ce qu'on pourrait inviter Aela à la maison samedi après-midi ?
-Qui ?
-Michaela ! sourit Thomas. On l'adore Giulia et moi. C'est vraiment une badass.
-Thomas !
-Quoi ? C'est la vérité John ! Je te jure ! Elle a battu Jimmy au basket alors qu'il venait de dire qu'elle pouvait pas jouer avec nous parce qu'elle était une fille. Tout le monde la respecte maintenant. Si ça c'est pas une bad... une dure à cuire, reprit-il.
-Moi aussi je veux devenir une badass plus tard, affirma Giulia. Je veux que les garçons aient peur de moi dans la cour de récré, comme ça, ils essaieront pas de soulever ma jupe pour me faire honte.
-Pardon Giulia ? intervint mon Grand-Père.
-Y'a un garçon plus vieux qui fait ça dans la cour de récré avec des filles de sa classe. Elles crient et lui ça le fait rire.
-Je crois que c'est un pervers, fit Tom en levant les yeux au ciel. Tout le monde s'en fiche de ce qu'il y a sous les jupes des filles, sauf si tu es un gros pervers dégoûtant.
-C'est quoi pervers ?
-C'est un taré méchant.
-Ah oui alors c'est un pervers. Y'a plus d'eau pétillante dans la bouteille ! Oh Tom, je t'ai pas dit, on a une machine qui fait de l'eau pétillante, viens avec moi.
Lia attrapa la carafe en verre en forme de bouteille sur la table, et elle l'emporta dans la cuisine suivie de Tom.
-Tu pourras dire à sa maîtresse demain qu'il y a un gars qui soulève les jupes des filles ? lança Eric à Candice.
-Oui bien sûr. Me regarde pas comme ça Elijah, je suis pas la bonne de ton frère. Ça me fait plaisir de conduire Giulia à l'école.
-Tu es sa babysitter et en plus de ça tu es gratis vu que tu bois même plus son vin hors de prix.
-T'es bien content de trouver mon vin hors de prix quand tu veux réussir à pécho, non ? souffla son frère.
-J'ai juste besoin de mon sourire pour ça. Mais quand je veux obtenir un service, c'est sûr qu'un petit vin bien équilibré, c'est toujours utile. Quoi que tu fais référence à...
Son frère hocha la tête et Elijah approuva.
-En parlant de sexe, tu as conclu avec Tabatha ou tu t'es toujours comme un puceau face à elle ?
-Ah non. Sérieux, parlez pas de sexe et de ma prof dans la même phrase.
-J'ai pas l'intention de conclure avec Tab', on est ami depuis.. plus longtemps que je suis ton frère. On a jamais couché tous les deux. On avait un petit crush, surtout moi... on est sorti ensemble au lycée, elle m'a largué pour aller avec ce gros connard dégueulasse qui avait une tête de gland de lépreux et voilà quoi. C'est fini.
-Vous me fatiguez les enfants, soupira mon Grand-Père.
-Tu parles du gars qui avait deux ans de plus que nous non ? demanda Candice sans faire attention à la remarque de Daniel et en commençant à s'étouffer de rire. Tu connaissais pas ce type Daniel, confirma Candice. Ça va lui va vraiment très bien comme surnom. Comment elle a pu te larguer pour aller avec un type pareil ?!
-L'amour apparemment. Mais je pense que dans le fond, elle voulait pas détruire toute notre amitié en couchant avec moi, j'étais vraiment un petit con à l'époque.
-Si y'avait qu'à l'époque, soupira mon père avant de rire avec mon oncle.
-Je suis pété de rire McAllister. Vraiment. Haha. En tout cas, pour répondre à ta question, je ne fréquente personne en ce moment.
-Oh c'est normal, fit Giulia en remontant sur sa chaise et en posant la carafe d'eau pétillante sur la table. J'ai pas trouvé la personne idéale encore. Je cherche tu sais.
-C'est gentil, princesse, mais je peux chercher tout seul.
-Bah non. Sinon tu aurais déjà trouvé quelqu'un. D'ailleurs j'ai rajouté un truc dans la liste, il faut qu'elle sache danser. Comme Candice. C'est obligé.
Eric leva les yeux au ciel et sa fille continua de babiller avec Tom. J'étais vraiment fatiguée, mais moralement et j'avais envie de me reposer. Brian se pencha vers mon père alors que nous étions dans le salon avec un thé après le repas et ce dernier me fixa.
-On doit partir tôt demain matin, on va vous laisser. Merci beaucoup pour Tom, ça me rassure de savoir qu'il est entre de bonnes mains.
-On prendra soin de votre fils, n'ayez pas peur, répondit mon Grand-Père. Faites attention sur la route en rentrant chez vous et demain aussi.
J'avais toujours trouvé très touchante la façon dont mon Grand-Père prenait soin de mon père comme s'il était son garçon et je voyais bien dans sa façon d'être que c'était ainsi qu'il le voyait en retour. Son père bien aimé. Je serrai mon Grand-Père contre moi.
-Je te le jure, murmurai-je. Je ferai tout pour me racheter.
Sur ces paroles, je rejoignis la voiture où je ne tardai pas à m'endormir, emportée par un repas généreux et la conscience que plus personne ne me ferait du mal.
Le lendemain, alors que j'étais dans la voiture de mon père à côté de Brian, j'eus l'impression que j'allais à l'échafaud. Je n'allais pas pouvoir être acceptée dans une université, pas avec mon dossier actuel. Je ne savais même pas pourquoi je m'embêtais à aller les visiter.
-Sarah, je ne te trouve pas très causante !
-Papa, tu crois que je pourrais avoir un professeur particulier pour me rattraper dans les matières où j'ai baissé ?
-Si tu me payes, je t'aiderai.
-Tu coûtes trop cher pour moi Brian et tu as déjà des élèves en plus de ça. J'aurais bien demandé à Marc mais bon... c'est pas terrible je crois. Alors ?
-C'est une bonne idée que tu te remettes à tes études Sarah, sourit ma belle-mère. On cherchera ça quand nous serons à la maison ou demande à un étudiant que tu rencontreras ce week-end. Tu sais, ce n'est pas parce qu'ils vont dans des grandes universités qu'ils sont forcément fortunés.
-Oui, tu as raison.
-En parlant de ça, John. J'ai des élèves et je dois assurer leur tutorat, chose que je ne peux pas faire si je suis totalement privé de sortie, est-ce que le mercredi soir, ça te dérange que j'aille à la bibliothèque avec eux ?
-Non. Tant que c'est pour te cultiver, je ne vois pas d'inconvénient.
-J'ai vu qu'il y avait une exposition sur Akhenaton qui commence la semaine prochaine ! lâchai-je excitée. Il faut absolument qu'on y aille ! Je ne sais pas si Papa te l'a dit mais lui et moi, on est fan d'Égypte Ancienne. On a fait toutes les expos qui passaient en ville depuis ma naissance.
-Littéralement, Elena a eu des contractions pendant une expo sur Ramsès I.
-Et le Prince d'Égypte, je l'ai tellement regardé ! Alors ? On peut y aller ?
-Seulement si tu as un A à ton devoir de la semaine prochaine et à ton clip.
-Vous allez adorer, commença à rire Brian.
Il se secouait de rire presque et je ne pus m'empêcher de le suivre dans son délire. C'est avec des éclats de rire que nous arrivâmes à UCLA. En réalité, j'étais déjà venue une fois pour accompagner mon père à une conférence mais pas Brian. Il avait les yeux agrandis face aux bâtisses de pierres rouges. Mon père trouva une place sur le parking juste à côté du terrain de football. Mon père se tourna vers nous et nous confia nos téléphones.
-La meilleure façon de découvrir un campus c'est de se laisser porter. Je dois personnellement aller donner un dossier à un confrère, si on se se perd, on se rejoint ici. Compris ?
Il embrassa ma belle-mère et je lui attrapai le bras.
-Je peux venir avec toi ?
Quelque part, je n'avais pas du tout envie de me retrouver toute seule sur le campus sans lui. Il le comprit immédiatement puisqu'il fit signe à ma belle-mère. Nous pûmes parler tous les deux et je lui confiai que parfois, je me sentais perdue par rapport à l'avenir.
-J'ai peur de partir l'an prochain et je sais que c'est un passage obligé pourtant.
-Tu ne seras pas toute seule, tu sais. Tu vas te faire des amis et si tu vas de l'autre côté du pays, il me semble que tu as promis à Grand-Mère d'être là pour elle, non ?
-Je crois que tu ne comprends pas.
-Quand je suis parti m'installer à la fac, c'était en août et... j'ai demandé à James de rester dans ma chambre avec moi pendant une semaine.
-Sérieux ?
-Ouais. Mon coloc était pas encore là.
-Mais...
-J'ai fini par le laisser partir parce qu'on a été à une fête et que j'ai rencontré une fille. Mais je te comprends. C'est difficile de partir mais la fac... on ne te prépare pas à ça. Ça ne sera pas comme le lycée, je te le promets. Tu vas t'éclater en cours.
J'acquiesçai peu convaincue, et nous nous rendîmes dans le département où Papa était attendu. Il me laissa à l'extérieur et je vis des étudiants avec des sweat de UCLA. Je ne voulais pas aller dans cette université... qu'est-ce que je faisais là en réalité ? Je crus voir Sophie et j'hurlai son nom. C'était bien elle et elle traversa la route pour me prendre dans ses bras.
-Je crois que je vais assassiner mon père, sauve-moi. Pitié.
Je n'eus pas le temps de lui répondre que je vis Nicholas avec Cameron.
-Tu es toute seule Sarah ?
-Non ! Papa est à l'intérieur du bâtiment, je ne voulais pas l'embêter avec son collègue. Adèle n'est pas là ?
-Non, elle travaille aujourd'hui, je suis le seul à avoir pu bouger ce que j'avais à faire pour profiter de ma merveilleuse fille et de Cameron.
Il nous envoya pourtant dans le bâtiment en face pour rencontrer des étudiants et il attendit mon père. Tout le monde était unanime, cette fac était la meilleure. Un regard vers Sophie m'apprit qu'elle restait perplexe face à ce déferlement de compliments mais pas Cameron. Alors qu'il était en train de parler à un gars blond très mignon, je me tournai vers Sophie.
-Papa m'a dit que j'étais un bébé et il a dégondé ma porte de chambre. J'ai plus aucune intimité.
Je commençai à rire et elle me suivit après m'avoir tapée en me disant que ce n'était pas amusant.
-Si c'est assez marrant, je suis sûre qu'il a galéré à l'enlever en plus.
-Tu as pas idée.
Elle imita son père en train de soulever la porte et quand nos pères nous trouvèrent nous étions hilares toutes les deux. Nous retrouvâmes Mary et nous continuâmes la visite du campus. C'était un très bel endroit.
-Tu n'as pas un cousin dans le coin ? lâchai-je à Brian.
-Si ! Mais il est chez ses parents aujourd'hui, parait qu'il avait un truc à voir avec sa copine Olivia.
Je secouai la tête et je repris le bras de ma Sophie. Nous croisâmes devant l'une des bibliothèques Paul et sa mère. Paul avait l'air profondément agacé.
-Oh super, vous pouvez vous occuper de lui ? Je n'en peux plus. Monsieur a décidé de bouder pour une raison X. Et après on ose dire sur les femmes.
-Tu n'as qu'à demander à ton mari la raison pour laquelle je suis de mauvaise humeur.
-On s'en occupe, fit Brian en le tirant par le bras. J'ai rencontré une fille tout à l'heure.
-Comme c'est étonnant, lâcha Paul et... TARA ! hurla-t-il. ON EST LÀ.
Elle nous salua de la main et je remarquai qu'elle était avec son petit ami, Jer. Ce dernier semblait assez content d'être là, mais je ne pus m'empêcher de remarquer le sourire faux plaqué que le visage de Brian. Mon père plissa très légèrement les yeux, lui aussi avait remarqué visiblement le petit jeu du fils de Mary. D'ailleurs à la fin de la journée, alors que nous allions à l'aéroport et que Brian avait décidé de rester avec Paul et sa mère, mon père me demanda s'il y avait un problème entre Brian et Tara.
-Non, c'est juste qu'il n'aime pas Jer. Enfin, il aime Jer, mais pas avec Tara.
-C'est étrange.
-Non pas tant que ça, je crois que quelque part, Brian est toujours un peu amoureux d'elle alors...
-Brian n'a jamais été amoureux de Tara enfin, rit Mary.
-Je n'en serai pas aussi certaine, il m'a dit qu'il y avait un moment dans sa vie où Tara était la seule qui comptait pour lui.
Je ne voulus pas m'épancher sur le sujet car je ne pouvais pas trahir Brian. Je posai ma tête sur la vitre. La dernière fois que j'avais pris ce vol pour Stanford, Marc m'avait trompée. Je ne pouvais pas m'empêcher d'y penser une fois dans l'aéroport puis dans l'avion. J'étais assise toute seule du côté du hublot. Cameron et Sophie étaient entrain de se bécoter, Tara et Jer prenaient un vol plus tard, Brian et Paul riaient tous les deux, Line parlait chaussure avec Mary et Nicholas et Papa semblaient sur le point de pleurer de rire. Je ramenai mon manteau sur moi. J'avais rencontré Wyatt en allant à Stanford. C'était le début de la fin, mais je ne le savais pas encore. J'avais presqu'envie de pleurer. Je me levai pour me rendre dans les toilettes de l'appareil et les larmes se mirent à couler. J'avais tellement merdé ces derniers temps que je ne savais plus par où commencer pour me remettre sur pieds. Je passai un peu d'eau sur mon visage et quand je rouvris la porte, je vis Brian.
-Il se passe quoi au juste ?
Il me poussa à l'intérieur du cabinet de toilettes et je me retrouvai pratiquement contre le petit lavabo.
-J'ai pensé à Wyatt et à tout ce que j'ai fait. J'ai honte de moi.
-Viens par là.
La seconde d'après, j'étais dans les bras d'un Brian protecteur et doux. Je me détachai de lui et je vis distinctement le moment où il eut envie de poser ses lèvres sur les miennes. Il les fixait comme si elles étaient un bonbon particulièrement alléchant. Je n'osais pas bouger et lorsqu'une petite turbulence survint, je me retrouvai contre lui. Il posa son front contre le mien.
-Si je pouvais j'enlèverai ta peine, mais je ne peux pas. Tout ce que je peux te dire c'est que ça va passer. J'ai survécu à Wyatt et à ses promesses, tu y arriveras aussi. On retourne à nos places avant que nos parents ne se rendent compte de notre absence.
En revenant vers les premières classes, je vis Paul avec une fille brune à côté de lui. Il avait un petit sourire en coin et la seconde d'après, son visage était collé au sien. Brian en profita pour s'asseoir près de moi et pour me tenir la main. Mon père se retourna et me demanda si j'allais bien à la pensée de revoir mon ex.
-Non, pas vraiment. J'aurais préféré éviter la visite de cette université, mais je sais que c'est tienne. J'ai porté des sweat de Stanford toute ma vie et ce serait terrible d'écarter une excellente université juste pour un mec qui n'était même pas excellent au pieu en plus.
Mon père rosit, Nicholas Harper se redressa pour me regarder par dessus son siège et il interpella Line McDust assise de l'autre côté de l'allée
-Line ! Je pense que tu devrais avoir une discussion avec ton fils. Pas celui qui est en train de bécotter une fille dans le fond de l'avion, mais l'aîné.
-Marc ? Pourquoi ?
-Parce qu'apparemment...
-Nick ! lâchai-je, rouge. Ça se fait tellement pas ! Arrêtez sérieusement !
-Il a tellement brisé le cœur de notre Saranounette qu'elle n'envisage plus Stanford dans ses options.
-Il t'a envoyé un message ?
-Depuis que je l'ai insulté au téléphone ? Non, je crois pas.
-Je vais le fracasser. Je te le jure, je vais le tuer. Je lui ai dit de t'envoyer un message pourtant. On ne peut jamais compter sur les garçons, pas sur les miens en tout cas. Je vous ai pas raconté la dernière de Benjamin ? Il a invité sa mère à la maison pendant une semaine le temps qu'elle fasse je ne sais quelle convention hippie bobo à la con. Sa mère qui me déteste.
-C'est parce que tu étais une garce quand elle t'a connu Line, lâcha Nicholas.
-C'est pas vrai ! se défendit la mère de Paul.
-Arrête, on se rappelle tous comment tu as attiré l'œil de Benjamin. C'était à la fête de Sandra Owens, son ex. Tu as retiré toutes tes fringues et tu as sauté du toit directement dans la piscine pour répondre à un pari, tu es ressortie et tu as demandé à Benjamin de t'indiquer où était la salle de bain parce que tu étais je cite « toute mouillée, vraiment toute mouillée. » fin de citation.
-J'avais oublié ça. J'étais terrible à l'époque. Une vraie pétasse. Mais que veux-tu j'ai eu un coup de foudre pour Ben. Vraiment. Je l'ai vu la première fois lors d'un match quand vous étiez des Junior et j'ai su que c'était l'homme de ma vie.
-Comment on sait ces choses-là tante Line ? Qu'on est face à la personne avec qui on doit partager le reste de sa vie ?
-Le regard. J'étais assise au troisième rang et quand il a croisé mon regard, il s'est arrêté sur le terrain. J'ai réussi à le scotcher sur place et mon pauvre chéri s'est pris le ballon en pleine poire, ça l'a presque assommé. Quand il m'a embrassé la première fois, j'ai eu le sentiment que tout rentrait dans l'ordre et le jour de notre mariage, j'étais juste à ma place. Après tout n'a pas été tout beau avec Ben. Mais le véritable amour permet toujours de recoller les morceaux.
Nous devions arriver à Palo Alto quelques minutes plus tard et Brian serra ma main dans la sienne. Il la lâcha dès que Sophie montra le bout de son nez. Une fois à l'aéroport, je vis Mary s'arrêter, son téléphone vissé à l'oreille.
-John, je vous rejoins plus tard. Finalement, la mère de Tara qui devait les accompagner a un empêchement, et elle a envoyé sa fille et son petit-ami dans le premier vol, je vais les attendre.
-Ou alors on rentre et on revient les chercher ?
-Ils arrivent dans quarante minutes. Je vais les attendre.
-Je reste avec toi Maman.
Brian me tendit son sac et je le passai autour de moi avant de rejoindre Nicholas et Line. Je leur expliquai la situation et nous nous rendîmes à l'hôtel. Mon père s'était chargé de la réservation et nous nous retrouvâmes dans un hall luxueux. Il me tendit les clefs de l'une des suites.
-J'accepte que tu restes avec tes amis pour ce week-end. Mais vous ne faites pas n'importe quoi.
-Promis.
-D'ailleurs.
Il passa avant nous et il retira tout l'alcool du mini-bar, ne laissant que les jus et l'eau. Il m'apprit que les adultes étaient à la porte juste à côté. Il y avait quatre chambres et je m'installai dans celle avec des teintes dorées. Je me doutais que Sophie voudrait rester avec Cameron, même si j'avais entendu son père lui dire qu'il était hors de question qu'elle se comporte mal. Il sous-entendait par là, que s'il débarquait en pleine nuit et qu'ils étaient dans une position compromettante, il renvoyait Cameron immédiatement chez lui. Elle était saoulée.
-Tu sais qu'il ne débarquera pas ?
-Je te rappelle quand que je n'ai plus de porte chez moi ? Il va vraiment débarquer.
-De toute façon, on va probablement mater la télé et s'endormir sur le canapé.
Je me rendis dans le côté adulte et je trouvai mon père avec ses amis, assis sur le canapé, un verre à la main.
-Salut jeune Padawan.
-Salut ! Dites Nicholas, vous pourriez rendre sa porte à Sophie ?
-Attends... tu as enlevé la porte de la chambre de ta fille ? s'exclama Line. Mais t'es malade.
-Je te rappelle vraiment ce que nos enfants ont fait cette semaine ? Si on avait pas eu Amélia McAllister, on serait en train de leur chercher un nouvel établissement.
-Tu te souviens de ce que tu faisais dans ta chambre porte fermée quand tu étais ado ? Tu veux vraiment que ta fille fasse la même chose porte ouverte ?
-T'es une obsédée, les filles ne font pas... elles le font ?
Line acquiesça et Nicholas eut une grimace un peu horrifiée.
-Je vais lui remettre sa porte en rentrant. Non, je vais appeler Adèle pour qu'elle appelle quelqu'un pour la remettre. John, j'ai besoin d'un verre. Tout de suite.
-Moi aussi.
Il attrapa deux petites bouteilles de whisky, en lança une sur son ami qui avala son eau d'une traite et vida la bouteille dans le verre. J'en profitai pour me lever et quitter la pièce alors qu'ils continuaient de parler.
-Line, sois sympa, ne parle plus jamais de masturbation et de Sophie dans la même phrase. Je ne veux pas savoir ce que ma fille fait sous les draps.
-Je préserve son intimité, tu devrais me remercier. Pendant qu'elle fait ça, elle ne se roule pas dans l'herbe avec son petit ami.
J'ouvris la porte et je revins, avec le pass des parents dans notre suite.
-Nicholas va remettre ta porte parce que Line a sous entendu que tu te masturbais et que ça pouvait être gênant pour tout le monde.
-Bah c'est clair, oui.
Les garçons arrêtèrent de parler et se tournèrent vers Sophie. Paul eut un sourire de diablotin.
-Tu te masturbes ?
-Pas toi ?
-Là n'est pas la question...
-Si c'est tout à fait la question... oh attends, tu vas avoir une réaction de macho, je sens. C'est quoi ton problème ? Le fait que je sois une fille ? Mais d'où t'as vu que je laisserai quelqu'un savoir comment marche mon corps sans que moi-même je le sache ? y'a pas de mal à se faire du bien.
-J'en suis le plus grand convaincu. C'est juste que je pensais que tu étais du genre... pudibonde. Mais je ne veux pas faire débat.
Cameron leva le sourcil mais ne dit rien. Il était penché sur son téléphone et il finit par se lever pour se rendre sur la terrasse. Je savais que Brian avait emporté un jeu de cartes dans ses affaires, et nous étions en train d'y jouer quand il arriva avec Tara et Jer. Paul regarda sa montre et il s'étira.
-Je dois dîner avec Marc et ma mère. Il ne va pas tarder à arriver. Je vais aller prendre une douche. Amusez-vous bien sans moi les gosses.
Il se rendit dans la salle de bain et nous le vîmes repasser en serviette 10 minutes plus tard. Brian lui fit remarquer qu'il aurait pu prévoir ses affaires avant de passer dans la douche. Paul allait répondre lorsque sa mère arriva.
-Tu es sérieux ? Je dois rajouter l'exhibitionnisme à la liste des trucs que j'ai appris sur toi cette semaine ?
-Non Maman. Sinon, je ne serai pas en serviette mais à poil. Ceci dit, je ne veux pas filer des complexes à mes amis sur la taille de leur chibre. J'arrive dans quelques minutes.
Line exaspérée referma la porte et Paul se rendit dans sa chambre.
-Il vient de parler de la taille de sa teub à sa mère, hallucina Jeremy.
-Oui, répondit Sophie en riant.
Paul réapparut quelques minutes plus tard et fila pour rejoindre sa mère. Nous dinâmes tous ensemble dans le restaurant de l'hôtel. Nos parents d'un côté et nous de l'autre. Je n'avais pas faim du tout, aussi je pris les choses les plus légères qui pouvaient se faire. Mon père jetait de temps en temps un coup d'œil sur moi. J'étais la seule pas en couple de ma bande d'amis et je le sentais énormément là. Il fallait pourtant que j'apprenne à être seule. Brian se pencha vers moi.
-Tu n'es pas toute seule.
Pouvait-il vraiment si bien lire en moi ? Étais-je transparente aux yeux du monde ou seulement pour Brian Miller ? J'étais fatiguée et je restai dans la chambre alors que tout le monde sortait pour se promener. J'étais enroulée dans une grosse couverture, une tasse à la main à regarder la ville. J'avais décidé avec ma psy de faire une liste dans ma journée pour me donner une structure. Et là, j'avais déjà tout coché. J'avais confié mes doutes à mon père, j'avais eu une relation saine avec mes amis... et que devais-je faire une fois la liste terminée ? Ma vie avait pris un tournant lorsque j'étais venue ici la dernière fois. Si je n'avais pas pris cet avion pour rejoindre Marc, je serai toujours avec lui... ou du moins, je n'aurai pas su qu'il m'avait trompé. Je n'aurais pas eu une basse estime de moi-même. Je n'aurais jamais envisagé de sortir avec Wyatt. Je n'aurais pas été attirée par sa liberté qu'il me promettait. J'avais failli perdre mon âme, j'avais failli perdre la vie. Je ne voulais pas mourir. Je savais désormais parfaitement ce que je voulais dans la vie.
Je voulais être heureuse.
J'étais fin prête à laisser tous mes problèmes derrière moi. À me détacher de la souffrance, de la culpabilité, de mes travers. J'allais me remettre au patinage artistique, donner de mon temps aux autres, être une élève sérieuse, préparer mon SAT, aller dans une bonne université même non renommée et cesser le pessimisme. Cette fois j'allais m'y tenir. Je rentrai dans la suite, j'enclenchai de la musique, poussai le canapé pour dégager de l'espace et je me mis à danser, me rappelant de tout ce que Candice m'avait appris. La musique entra en moi, un sourire s'étira sur mon visage. J'étais bien. Quand je rouvris les yeux, je vis mon père. Il me fixait comme s'il me voyait pour la première fois. Je tendis les mains vers lui et il me fit tourner.
-Je vois dans tes yeux que quelque chose a changé.
-Je suis heureuse, Papa. J'ai décidé de vivre et de vivre bien en faisant le bonheur de mon entourage. J'ai compris que le destin a mis toutes ces embrouilles sur mon chemin pour que je me détache enfin de la culpabilité, de la honte, pour que je sois libre. La vraie liberté c'est d'avoir les moyens de rendre les autres heureux et de se rendre soi-même heureux. La vraie liberté c'est d'aimer. J'ai voulu être aimée toute ma vie, je ne voyais pas que je l'étais déjà. J'ai déjà tout ce dont j'ai besoin pour être heureuse. J'ai pas besoin d'excitant pour ça, j'ai pas besoin d'être une autre personne. Mon alter ego m'a juste permis de me découvrir. J'avais juste besoin d'ouvrir les yeux, d'ouvrir mon cœur et de voir l'amour tel qu'il est. J'avais juste besoin de te regarder Papa pour me rappeler du vrai visage de l'amour. Quand Maman est morte, j'ai cessé de te regarder, mais maintenant, je te vois.
-Tu es sûre que tu n'as pas pris de drogue ?
-Non, plus jamais. Je me laisse simplement de nouveau envahir par ton aura bienveillante. Je t'aime tellement, j'aime tellement la famille que tu m'as donné. Merci, merci, et encore merci pour ça.
Il se détacha de moi, embrassa mon front et nous remîmes le canapé avant de nous rendre côté adulte pour regarder Grey's Anatomy sur sa tablette. Nous ne relevâmes même pas les yeux quand Mary arriva avec Nicholas et Line. Ils avaient dû rentrer de leur dîner avec Marc.
-Tu as mis fin à une balade pour geeker ?
-J'ai mis fin à une balade pour assister à la mort tragique d'un élément phare de Grey's Anatomy, en compagnie ma fille chérie.
-Vous êtes hyper en retard sur cette série, vous vous en rendez compte ? lança Nicholas, alors que tout le monde sait qu'à la fin...
Il se prit un coussin de la part de mon père et je m'étirai.
-Je vais aller me coucher. Merci d'être resté avec moi P'pa.
Je saluai tout le monde et je retournai dans notre suite. Ils étaient tous affalés sur le canapé, un jeu de cartes installé. Une très longue journée nous attendait, mais je fus contente de jouer une partie de la nuit avec eux. Cam s'endormit sur le canapé, Sophie déclara forfait et se glissa dans la chambre attribuée à Cameron, Jer emporta Tara dans une des chambres, Paul rampa littéralement vers celle qu'il partageait avec Brian. Je posai ma main sur ce dernier et nous allâmes un moment sur le balcon. La lune était dégagée et portait sur la ville une pâle lueur.
-Merci de me soutenir comme tu me soutiens, de me comprendre comme tu me comprends, et de m'aimer comme tu m'aimes. Je sais que j'ai fait beaucoup de promesses Brian, que je n'ai pas toute tenue, mais celle-ci je veux la tenir alors écoute, fis-je en lui attrapant les mains. Moi, Sarah Gabrielle McAllister, je te promets à toi, Brian Theodore Miller Teobaldo, de toujours te soutenir, te comprendre et t'aimer comme tu me soutiens, tu me comprends et tu m'aimes. Je t'en fais le serment ici et maintenant.
-Tu es sous influence ?
-Non. Pas du tout. Je veux juste que tu saches que tu pourras compter sur moi.
Il hocha la tête et m'embrassa tendrement sur le front.
-Tu devrais aller te coucher, une longue journée t'attend demain.
Il avait raison et quand je me glissai dans mes draps, toute seule, j'étais pleinement heureuse. Je fus réveillée par Nicholas Harper.
-Nuit courte pas vrai ?
-Un peu oui.
-Tu es la dernière que je devais réveiller.
Je le compris quand je vis Sophie me sauter littéralement dessus pour me réveiller. Je me mis à crier et elle éclata de rire. Après un copieux petit déjeuner que je ne boudais pas cette fois, nous rejoignîmes Stanford sous un soleil brillant. Je fus la première à voir Marc. Je me dirigeai directement vers lui.
-Salut.
-Salut Marc ! Je voulais m'excuser pour le coup de téléphone. J'allais pas très bien et j'avais besoin de...
-Le passé est le passé.
-On est... de nouveau ami ?
-On ne l'a jamais vraiment été mais je veux bien être ton ami.
Je me serrai contre lui et il me frotta le dos gentiment. Je me détachai et je la vis. Sa nouvelle petite amie.
-Bonjour ! Je suis Sarah, la meilleure amie de Paul. Je suis ravie de faire ta connaissance.
Je ne ressentis rien, aucune rancœur, aucune jalousie. Si je pouvais désormais voir la copine de Marc sans être dégoûtée par la vie, ça ne voulait dire qu'une chose. Je grandissais, enfin. Je lui tendis la main avec la certitude que j'étais sur la bonne voie et le sourire chaleureux qu'elle me rendit me le confirma.
***
Coucou mes chatons, comme c'est l'Assomption aujourd'hui et que c'est férié, j'attends un déferlement de commentaires hahahahahahahaahahhahaha *rire diabolique*. Comme à mon habitude, je n'ai pas relu, mais pour ma défense, y'a mon neveu de 2 ans que je dois surveiller ^^
Next chapter :
Qu'attendez-vous de ce chapitre ?
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