La Grotte de l'Horreur
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Au bout d'une demie-heure, j'entendis Sophie se mettre à bailler.
-Il n'est toujours pas là ? Sérieusement ?
-Non. Il n'a pas dû avoir assez de cran pour ça. Je pense que je vais rentrer. En plus, ma batterie décline. Je raccroche et j'arrive ma Sophie.
Je raccrochai et je me redressai lorsque j'entendis un bruit sur ma droite. Je retirai mes écouteurs et je me levai totalement.
-Il y a quelqu'un ?
Personne ne répondit et je fis quelques pas dans la direction du bruit.
-Il y a quelqu'un ? répétai-je d'une voix un peu plus forte. Fred ? C'est toi ?
-Non. Ce n'est pas Fred.
Une silhouette se découpa dans l'obscurité de la grotte. Je ne la reconnaissais pas du tout.
-Qui êtes-vous ?
-C'est moi, Sarah.
Cette voix m'était totalement inconnue et je sentis un frisson me parcourir l'échine. Qu'est-ce que j'avais fait ? Tout le monde m'avait mis en garde et je n'avais rien écouté en bonne sotte que j'étais.
-N'aie pas peur. C'est moi. Choploviner876.
Il s'approcha de moi d'un pas chancelant et quand le visage de l'inconnu fut éclairé, je ne le reconnus pas non plus. Il était plus âgé que nous et je ne l'avais jamais vu au lycée. Jamais. Je sentis mon cœur s'emballer. Quand il me vit, il eut un petit sourire en coin et la voix de ma conscience me hurla de fuir.
-Vous devez faire erreur excusez-moi.
Il m'attrapa par le poignet et je pouvais sentir son souffle alcoolisé d'ici.
-Tu es pourtant Sarah McAllister, et tu es en terminale.
Bordel. Comment connaissait-il mon nom ?
-Si c'est une blague, elle n'est pas drôle. Lâchez-moi.
-On m'avait fait comprendre que tu serais farouche.
-Qui ? Qui ? m'étranglai-je.
Il eut un sourire énigmatique et sa bouche s'écrasa sur la mienne. Son haleine fétide se mêla à la mienne. Il me plaqua contre le mur sans que j'arrive à m'en défaire et une peur sourde me traversa les entrailles. Je m'agitai dans tous les sens et je finis par lui décocher un coup de pieds entre les jambes. Le choc le fit plier en deux et j'en profitai pour sortir de son étreinte malsaine. Il me rattrapa et me fit tomber au sol. Mon portable m'échappa et s'écrasa au sol lui aussi.
-Elle m'avait prévenue que tu serais comme ça, que tu te laisserais pas faire.
-Elle ?
-La fille qui m'a embauchée. Elle m'a dit que si tu me plaisais, je ne devais pas hésiter parce que tu étais une salope qui aimait ça. J'ai pas l'habitude de faire ça, mais toi... t'es tellement...
Il lécha ses lèvres, comme si j'étais une friandise.
-Je vous en supplie, laissez-moi partir.
J'en avais les larmes aux yeux. Mon portable avait volé au loin, j'étais toute seule, Sophie s'était probablement rendormie. Il me maintint au sol et je lui donnai un coup de boule avant de me mettre à crier. Avec un peu de chance, la cavalerie débarquerait. C'était peine perdue et je n'arrivais plus du tout à bouger. Il me ré-embrassa et je sentis que j'allais vomir en sentant ses mains sur mes hanches.
-Je vous en supplie, arrêtez. Je dirai rien, laissez-moi partir.
Chacun de ses baisers laissait une trace indélébile sur ma peau. J'avais l'impression de mourir un peu plus à chaque fois. J'entendis du bruit et je poussai un autre cri. C'était mon unique espoir. Je vis la dernière personne au monde que je pensais voir ici. Je me remis à me débattre. Le visage de mon sauveur se décomposa et il se précipita sur nous. Il attrapa le mec par le col et le propulsa loin de moi avant de s'installer sur lui et de lui asséner coup sur coup. J'étais en larmes mais je réussis à me trainer vers lui. Le mec au sol était à la limite de l'inconscient mais il continuait de le frapper. Je l'empêchai de continuer.
-Wyatt, arrête.
Il releva les yeux vers moi et il sembla me voir pour la première fois.
-Sarah ?
Il donna un coup de pied dans l'abdomen du mec, qui se redressa tant bien que mal avant de prendre ses jambes à son cou.
-J'avais pas vu que c'était toi, putain.
Il me serra contre lui.
-Est-ce que ça va ?
-Non. Ça va pas. Ça va pas du tout.
Je m'effondrai dans ses bras, consciente de l'horreur qui me serait arrivée s'il n'était pas arrivé à ce moment précis. Il me posa au sol et me caressa le visage.
-T'inquiète. Ça va aller. Y'a eu plus de peur que de mal, tu sais.
Ce fut à ce moment précis que j'entendis des voix. Ce fut à ce moment précis que je compris ce qui arrivait.
-Sarah ? fit la voix de Fred.
Il était flou à travers de mes larmes.
-Tu le connais ? me demanda Wyatt.
Je n'arrivais plus à dire un seul mot, aussi j'hochai la tête. J'entendis la voix de Wyatt mais il aurait pu dire n'importe quoi. Je n'avais pas compris un traitre mot. Je me redressai et je vis Fred avec Chris. Elle était là. Avec Fred. Toutes les pièces s'imbriquèrent dans mon cerveau d'un coup. La fille qui m'a embauchée. Elle m'avait fait un coup de pute. Ils étaient tous les deux penchés vers moi et Chris était horrifiée. Je pouvais le voir à la lumière de la lune. Elle essaya de me toucher.
-J'espère que tu es contente ? lâchai-je. C'était ce que tu voulais pas vrai ?
-Sarah...
-Me faire croire que quelqu'un s'intéressait à moi et montrer à Fred que j'étais une fille facile ? ajoutai-je en reniflant. Histoire qu'il soit bien dégoûté et qu'il ne veuille jamais sortir avec moi. Tout ça pour me cracher à la figure après que personne ne voudrait jamais de moi à moins de le payer ?
Elle ne dit rien du tout. Elle n'essaya même pas de se défendre. J'avais tapé dans le mille et je sentis les bras de Wyatt me serrer encore plus fort contre lui. Je ne pleurais plus, j'étais en colère. Vraiment en colère. Cette histoire aurait pu très mal se terminer.
-C'était une blague Sarah. Je pensais pas que... putain je suis désolée, je ne voulais pas que... Je ne pensais pas qu'il t'agresserait, c'est un comédien, il avait l'air on ne peut plus honnête, je te jure.
-Mais t'es une grande malade Chris, rugit Fred. Viens Sarah, on va aller voir ton oncle.
J'entendis d'autres voix et je vis Sophie débarquer avec Elijah. Je me dégageai des bras de Wyatt pour me fourrer dans les siens.
-Je peux savoir ce qu'il se passe ici ?
Je me retournai et je vis le visage de Chris. Elle était profondément blessée cette fois.
-C'est de ma faute monsieur, dit-elle avant que je puisse dire quoi que ce soit. J'ai voulu faire une blague à Sarah, et ça a dégénéré. La personne que j'avais engagé pour lui jouer ce mauvais tour l'a agressée et si ce gars était pas arrivé, ça aurait très mal fini. Je suis vraiment vraiment désolée.
Elijah me fixa et avant qu'il ne dise quoi que ce soit, Sophie était déjà sur Chris et la giflait de toutes ses forces.
-Tu t'es faite passer pour son admirateur secret pendant plus d'une semaine en lui payant des chocolats, tu lui as donné rendez-vous dans une grotte pour lui jouer un tour ?
-Je...
Sophie la gifla une seconde fois, puis une troisième fois.
-NON MAIS TU TE RENDS COMPTE DE CE QUE TU AS FAIT OU PAS PARCE QUE TU ES TROP CONNE POUR ÇA ?
-Je suis désolée !
-Ça ne suffit pas connasse !
-Sophie.
Mon oncle m'avait lâché pour s'interposer avant que Sophie ne continue à la frapper. Chris se mit à pleurer et je sus qu'elle était sincère pour la première fois de sa vie.. Wyatt quant à lui, ne savait plus où se mettre. Mon oncle se tourna vers lui alors qu'il ramassait un casque de moto.
-J'ai une dette envers vous, vous avez sauvé ma nièce. Si vous avez besoin de quoi que ce soit...
-J'ai pas fait ça pour ça. Je passais dans le coin et j'ai entendu un cri. Décidément à chaque fois que je croise Sarah, tu as un problème... J'espère que la troisième fois, tout ira bien pour toi. Je vais y aller.
-Wyatt...
Il posa ses lèvres sur mon front et il repartit de la grotte avant que je puisse l'arrêter. Les pleurs de Chris redoublèrent.
-Frederic, pouvez-vous ramener mademoiselle Scott à sa tente ? Je m'occuperai personnellement de votre cas demain matin. Si vous pensez que vous ne subirez pas les conséquences de vos actes, vous vous trompez. Vous avez vu ce que donnait un Evans en colère, mais je suis beaucoup plus hargneux que mon aîné. Hors de ma vue, petite conne.
Il attendit que nous soyons juste trois pour me prendre dans ses bras et me serrer à m'en faire mal.
-Mon Dieu, mais qu'est-ce qu'il t'a pris ? Je t'avais dit de ne pas aller dans cette grotte pourtant ! J'ai eu tellement peur. Merci mon Dieu. Tu n'as rien.
Je vis des larmes dans les yeux d'Eli et cela me bouleversa.
-Y'a eu plus de peur que de mal.
Sophie était un peu en retrait mais elle s'avança vers nous et je l'emmenais dans l'étreinte de mon oncle.
-Ce n'était pas la faute de Chris. Elle ne savait pas que ça allait dégénérer. Elle...
-Sarah, ne lui trouve pas de circonstances atténuantes. Elle n'a plus 12 ans. Elle est presque majeure et si elle ne sait pas qu'on ne fait pas ce genre de choses... tant pis pour elle. J'en parlerai à votre professeur et j'espère que le lycée prendra les mesures adéquates.
-Écoute moi Eli. Elle a agi comme une enfant et il faut qu'elle soit punie comme l'enfant qu'elle est. Ce n'est pas elle qui m'a agressée et elle ne devrait pas être punie en tant que tel. Elle t'a avoué ce qu'elle avait fait. Elle aurait pu nier. Faute avouée à demi pardonnée, c'est toujours ce que disait Maman.
-Tu es beaucoup trop bonne Sarah. Si on te demande ton avis, tu plaideras en sa faveur, mais moi, je ne le ferai pas. Je raconterai ce que j'ai vu et ce qu'on m'a dit. Allez, venez les filles. On rentre à la base.
Il nous ramena jusqu'à notre tente mais j'étais beaucoup trop mal pour dormir. Mon oncle revint quelques minutes plus tard avec une flasque.
-Tiens, bois un coup. Ça te fera du bien.
Je le fis et cela me brûla l'œsophage. Il la récupéra et nous souhaita une bonne nuit. Sophie était vraiment inquiète pour moi et elle me força à tout lui raconter. Elle était bouleversée.
-Je ne veux pas qu'elle se fasse renvoyer du lycée. Non. Tu sais pourquoi Sophie ? Parce que je vais me venger. Elle arrivera à embobiner tout le monde au lycée avec ses larmes. Il ne lui arrivera rien et elle m'écrira quoi ? Une lettre pour s'excuser ? Je veux qu'elle souffre. Je lui prendrai tout ce qu'elle a. Ses amies, sa réputation de fille cool et Paul. Et à la fin, elle saura que ça vient de moi. Je veux la ridiculiser. Pour ça, elle ne doit pas être renvoyée et j'ai besoin de ton aide Sophie. Tu veux bien m'aider ?
-Tout ce que tu veux. Je comprends ton petit discours auprès de ton oncle. La comédie a assez duré. Elle n'a pas sciemment engagé un agresseur sexuel, je suis d'accord, mais elle ne peut pas s'en sortir avec trois gifles et une heure de colle.
-On ne devra le dire à personne. Pas même à Cameron.
-Non. On se débrouille à l'ancienne. Toi et moi.
-On aura pas de seconde chance. Je veux qu'elle pleure toutes les larmes de son corps et qu'elle n'ait plus rien du tout. Et ce, avant les vacances de Noël.
-Ça nous laisse quoi... à peu près deux mois ? On va essayer de se reposer et on réfléchit posément à un plan. L'Opération Chris Out vient de débuter.
-Tu sais que ça fait presque l'Opération K.O.
-J'aime bien ce nom. Maintenant, dors Sarah. Tu as besoin de sommeil.
J'en avais besoin certes, mais je n'arrivais pas à le trouver. Le lendemain matin, j'étais très fatiguée. Je me rendis directement auprès de Chris. Elle était devant les accompagnateurs, la tête baissée.
-Chris ?
Elle se retourna et je lui fis un sourire pâle. J'étais la reine des hypocrites.
-Écoute, j'ai réfléchi et je sais que c'était pas de ta faute. Je n'aurais pas dû sortir et tu ne me voulais pas de mal. C'était juste un malheureux concours de circonstances. Je voulais te dire qu'en ce qui me concerne, cette histoire est derrière moi. Et j'en parlerai pas à mes parents.
-Sarah...
-Je te pardonne Chris. Je sais pas si le lycée va prendre des mesures, mais en tout cas, tu n'auras rien à craindre de moi. Et je vous demanderai de ne rien dire à mon père.
-Sarah, soupira mon oncle.
-Elijah. C'est l'un de mes amis qui lui a fracassé la gueule. Il risque lui aussi d'avoir des soucis pour ça. Aie confiance en moi. S'il-te-plaît.
Eli lut quelque chose dans mon regard puisqu'il hocha la tête.
-Je ne dirai rien à John. Ou Mary.
-Ou Eric.
-Ou Eric, ajouta-t-il à contre cœur. Okay, je dirai rien. Je trouve ça stupide, mais je ne dirai rien du tout.
-Je le fais aussi pour toi. Sinon, tous les parents remettraient en doute votre façon de nous surveiller. Vous, ça pourrait entacher votre carrière. Il ne s'est absolument rien passé. De toute façon, si on me demande, je nierai. Pas de victime, pas d'agression. Maintenant, désolée, mais j'ai faim, alors je vais manger des barres de céréales.
Je tournai les talons et je me rendis du côté des garçons, je croisai Fred. Il m'attrapa dans ses bras et me serra.
-Tu vas bien ?
-Heu... oui. Si tu pouvais ne pas parler de l'incident de cette nuit, j'ai pas envie d'en faire toute une histoire tu comprends ?
-Oui bien sûr. Enfin, tu devrais en faire toute une histoire.
-J'ai pas envie que Chris ait des problèmes parce qu'elle a fait une erreur et confiance à internet.
-T'es une fille gentille Sarah.
Il me sourit et je l'embrassai sur la joue.
-Merci d'avoir pris ma défense quand même. T'es un mec bien. Ne change pas ton grand cœur.
Je le contournai et je me rendis devant la tente de Brian et Paul. Je soulevai un pan et je me mis à rire. C'était les mêmes. Torse nu, à dormir à moitié hors de leurs sacs de couchage. Je pris mon téléphone et je mis le son d'une trompette. Ils se réveillèrent en sursaut et Brian me fusilla du regard.
-Salut ! Je voulais juste savoir s'il vous restait des boissons au soja chocolat ? J'en ai mis dans ton sac avant de partir Brian en prévision de ce moment.
-Tu te fous de ma gueule ?
-Moi aussi je t'aime. J'ai passé une nuit un peu pourrie. Au fait, mon MAS n'existe pas. C'était une vanne un peu pourrie faite par une connasse peu scrupuleuse dont je tairai le nom. J'ai toujours pas d'amoureux. DONC, j'ai encore plus de temps pour vous faire chier les mecs.
J'attrapai le sac de Brian pour retirer mes briquettes de soja chocolat. J'en pris une pour Sophie aussi et je retournai auprès d'elle. Alexandra m'arrêta au passage. Il n'y avait pas beaucoup de monde à cette heure.
-Je suis au courant de ce qu'il s'est passé et je voulais te dire que... j'ai pas participé à ça. Pas du tout.
-Je sais Alexandra. Je sais que tu aimes Brian plus que tout et que tu ferais rien pour le perdre. Tu le perdras pas tant qu'il ne m'arrivera rien... ou tant qu'il ne sera pas au courant de ce qu'il s'est passé hier.
Elle comprenait la menace. Elle n'était pas stupide et gentille Sarah était restée dans la grotte hier. Elle avait été plaquée au sol, attaquée, et elle n'avait pas réussi à se relever. Je trouvai Sophie entrain de se maquiller avec un petit miroir de poche.
-Tu sais que tu es pas lavée ?
-Je vais passer du temps avec Cameron histoire de lui faire gagner ce stupide jeu. Je ne peux pas aller dans la grotte. C'est pas possible.
-Tu es toujours d'accord pour m'aider ? Parce que je suis certaine qu'Elijah va prévenir James. Je lui ai fait promettre de ne rien dire à Mary, mon père et Eric. J'ai volontairement omis mon oncle. Il nous sera utile. Il m'avait déjà dit l'an dernier qu'il m'aiderait à l'anéantir. J'attends son appel. Tiens. C'est pour toi.
-Sarah. Tu sais quand je t'ai dit que je t'aiderai. Je ne tromperai pas Cam pour servir tes desseins. C'est ma seule limite.
-Pas besoin de toi pour qu'il trompe Chris. J'ai cru comprendre par son frère qu'il s'en était donné à cœur joie à la Nouvelle-Orléans cet été. Je veux que cette connasse comprenne qu'elle n'aurait jamais dû se frotter à la famille McAllister. Elle a pensé que j'étais faible... elle s'est trompée. Tu devrais rejoindre Cameron. Je m'occupe de nos bagages.
Sophie me lança un regard inquiet mais j'allais bien. J'étais déterminée et personne ne pourrait se mettre en travers de mon chemin. La haine et un désir inassouvi de vengeance m'animaient. Je rangeai nos sacs et je pris mes affaires de douche. Mon oncle me fit signe de venir vers lui.
-Suis-moi.
Il m'emmena un peu plus loin où il y avait une douche seule.
-Je fais le guet tu peux prendre ton temps mon petit trésor.
-Elijah ? Je voulais te dire... merci de ne pas avoir envenimé les choses. Je sais que tu avais envie de la frapper comme Sophie et c'est pour ça que tu l'as laissée faire d'ailleurs. Mais je te le redis. Il ne s'est rien passé de grave... enfin... ce n'était pas si grave avec le recul. J'ai pas envie de rester sur ça pendant longtemps.
-Tu me caches quelque chose et si je ne dis rien, c'est juste parce que je sais que tu vas craquer et finir par me le dire tôt ou tard. Je te laisse du temps et de l'espace. Mais je n'oublie pas.
-Tu veux savoir pourquoi je ne veux pas que tu le dises à Papa ? Parce que je n'ai pas besoin de lui. Tu étais là au moment où j'avais le plus besoin de toi, tu as dit et fait ce qu'il fallait au moment où il le fallait. Quand je suis avec toi, c'est comme si j'avais mes deux parents avec moi. Et puis... tu m'as dit l'an dernier qu'on était tous les deux des boulets et des losers. J'ai besoin de... régler ça par moi-même et je sais que tu es le seul de notre famille à pouvoir comprendre.
-La vengeance te soulagera sur le moment mais pas sur le long terme Sarah. Ceci dit... je sais que c'est une performer et qu'il ne lui arrivera pas grand chose au lycée. Tu veux qu'elle arrête ça une bonne fois pour toute... qu'elle comprenne que s'en prendre à toi ne sert à rien parce que tu gagneras toujours. Ton père ne comprendrait pas ça, c'est ça que tu veux me dire ? Pas plus qu'Eric ?
Comment arrivait-il à lire en moi ainsi ? J'hochai la tête parce que lui mentir m'aurait desservi. Il soupira longuement.
-Je sais que je vais le regretter mais je fermerai les yeux sur tes projets. Fais payer cette petite conne Sarah si cela peut t'apporter un peu de bonheur. Mais avant, j'ai des choses à te dire. Ne te fais jamais prendre et n'oublie pas que chaque acte a des conséquences. Ne va pas blesser quelqu'un d'innocent dans ta soif de vengeance. Et aussi, ne cherche pas à retrouver l'homme qui t'a fait aussi peur.
-Pourquoi ?
-Je m'en occupe. On ne s'attaque pas à la descendance de ma famille. Jamais. Tu peux dormir tranquille et considérer cet individu comme un homme mort. Va te laver.
Je l'embrassai sur le front, profondément. Je laissai l'eau couler sur mon corps et quand je l'appelai, Eli me fit comprendre qu'il était toujours là pour moi. Tu peux considérer cet individu comme un homme mort. Je savais d'où venait mon esprit belliqueux et vindicatif. Quand j'eus terminé de me laver, nous retournâmes au camp de base. Je racontai à Elijah la nuit d'avant, où nous avions tous couru dans les bois pour récupérer le trophée. Le taciturne oncle Eli avait laissé sa place au joyeux oncle Eli. Il riait tellement que pendant une seconde, je crus que toute cette histoire était derrière nous. Mais quand Chris passa devant nous avec ses copines, il posa un regard de pure haine sur elle.
-Fais comme si elle n'existait pas oncle Eli. Oublie son existence comme je vais oublier l'existence de ce gars.
Je vis des garçons entrain de me regarder et je me rendis vers eux.
-Vous avez un truc à me demander et vous êtes pas discrets.
-Est-ce que Sophie et Ford avaient... enfin... tu vois ?
-Non, jamais pourquoi ? Enfin pas Sophie en tout cas. Elle est du genre à se réserver pour le mariage, pourquoi ?
Ils s'esclaffèrent et un regard vers la tente de Cameron m'apprit que je ne devais certainement pas aller les déranger tout de suite. Je vis Paul entrain de bugger au loin. Je me précipitai vers lui.
-Tu as l'air d'être un zombie, dis-je.
-Toi aussi. J'ai plus de batterie sur mon téléphone, il est entrain de recharger, tu peux envoyer un message à mon père ?
Je pris mon appareil et j'appelai directement Benjamin avant de le tendre à Paul.
-Salut Papa ! Oui tout se passe bien. J'ai plus de batterie, c'est pour ça. Oui. Évidemment. Je voulais juste te souhaiter un bon anniversaire et je voulais te dire que je suis désolé. J'aurais pas dû te dire tout ça. Oui.. Non.
Paul baissa les yeux et je vis de l'émotion dans ses yeux. Il n'allait pas pleurer en public mais il en avait envie.
-Moi aussi je t'aime Papa. Salut !
Il me rendit mon téléphone et je pris sa main dans la mienne. Il était d'une douceur incroyable.
-On va se promener juste tous les deux avant qu'on parte ? Sophie est occupée avec Cam apparemment.
Il hocha la tête et enfila son sweat. Ses cheveux étaient mouillés, il devait être revenu de la douche apparemment. Nous nous éloignâmes un peu des autres en silence.
-Tu peux en parler si tu veux. De ce qu'a dit ton père.
-Il m'a présenté ses excuses. Écoute, j'ai un truc à te dire. Je sais que ça va pas te faire plaisir, mais je vais un peu moins traîner avec Sophie et toi à l'avenir.
-Pardon ?
-Je ne vais pas te mentir à toi. Je crois bien avoir des sentiments pour Sophie, des sentiments profonds...
-Sans déconner ! me moquai-je avant de me rendre compte qu'il était parfaitement sérieux, lui.
-Ça me fait du mal de la voir constamment avec son mec. Je sais que c'est complètement con, parce que d'un côté, ça me rend heureux de voir son bonheur mais... à petite dose, c'est suffisant. Je commence à en avoir marre de toujours être le fautif dans l'histoire, d'être l'incarnation de la tentation.
-Bienvenue dans le monde merveilleux des femmes, Paul.
-Cameron Ford se doute que je cache quelque chose et ça commence à déteindre sur sa relation avec Sophie. Alors je préfère m'éloigner pour lui laisser le champs libre. Je ne veux pas lui causer du tort ou lui dire de devoir coucher avec lui pour ne pas qu'il doute d'elle. Je suis pas assez fort pour ça.
-Je ne veux pas que tu souffres Paul. C'est tout à ton honneur de t'effacer face à ton adversaire. Mais tu ne crois pas qu'il vaudrait mieux que tu te déclares en fait ?
-Non. Je ne le ferai pas. Sophie est l'une des filles les plus merveilleuses que je connaisse. Elle mérite un gars bien et fort et je ne suis ni l'un ni l'autre.
-Tu as tort Paul. Ce n'est pas du tout l'image que tu renvoies.
-Je regrette de m'être comporté comme ça l'an dernier. Si j'avais été fort, j'aurais quitté Chris, surtout que notre couple battait de l'aile à cette époque et on aurait pas cette conversation, je crois. J'ai laissé tomber Sophie. Je ne la mérite pas. C'est pour ça que je ne lui dirai rien. Ça lui ferait du mal à elle aussi, et ça je ne peux pas le permettre.
-Paul. Va falloir que tu apprennes une chose essentielle, il faut apprendre à se pardonner. Tu as fait une erreur mais tu la regrettes tellement que ça te mine. Pardonne-toi et va de l'avant. Duncan dirait qu'il faut partir en quête de son propre bonheur. J'espère juste que tu t'éloigneras pas pour toujours, dis-je en marchant loin de nos camarades.
-L'amour s'éteint avec le temps. Je vais m'éloigner le temps d'aller mieux et d'ici quelques semaines tout ira pour le mieux.
-Je suis triste pour toi. J'aimerai pouvoir faire quelque chose.
-Comprends juste ma décision.
-Tu fais ça parce que tu es justement un homme bien. Tu préfères souffrir et t'éloigner plutôt que de faire du mal à la fille que tu aimes. Tu es un gentleman. Et si un jour, elle quitte Cameron et que tu es encore libre... je serai dans ta team.
-Paul et Sarah, les terreurs du berceau.
-C'est ça, dis-je en riant.
-Il s'est passé un truc entre Chris et toi tout à l'heure ? Parce qu'elle n'ose même plus te regarder. C'est elle la connasse dont tu parlais tout à l'heure ?
-Ne t'inquiète pas Paul, on a trouvé un terrain d'entente. Elle m'évite, je l'évite et tout le monde va pour le mieux.
Il ne me croyait pas mais comme je refusais d'en dire plus, il finit par abandonner la partie. Nous devions repartir vers 15h vers notre car. En attendant nous partîmes sur la petite île artificielle qui n'était pas si loin que ça. Nous avions loué des petites barques et j'étais avec Tara, Cathy, Sophie et Cameron qui avait, en bon boy scout, pris les rames. Cam et Sophie étaient plus amoureux que jamais et je voyais les garçons le regarder d'un air respectueux. Ils étaient stupides.
-Oncle Eli ! criai-je. Ça te dit de faire la course ? Le dernier arrivé fait la babysitter de Lia pendant trois semaines.
Mon oncle laissa les rames à ma prof, retira ses chaussures et son haut avant de plonger dans l'eau glacée.
-Je te laisse cinq minutes d'avance !
Je me déshabillai également et je plongeai avant de commencer à nager.
-Tu comptes y aller à cette vitesse ? me cria mon oncle. Ta Grand-Mère va plus vite que toi à la nage !
Je ne répondis pas à sa provocation et il me hurla qu'il arrivait. Évidemment, il me dépassa très largement et poussa le vice à m'attendre près du petit port. Il s'agrippa au ponton et remonta en faisant l'équilibre avant de retomber sur ses pieds. Mon oncle était l'une des personnes les plus souples de ma connaissance.
-Tu aurais pu me laisser gagner ?!
-Tu plaisantes ou quoi ? Eric me fait garder Lia tous les deux jours. À moi les soirées de libre ! Maintenant rhabille toi Sarah, avant que tous les ados en rut se jettent sur toi.
Il décocha un regard noir à tous ceux qui me fixaient.
-Je te retourne le conseil monsieur Muscle.
Il passa une main dans mes cheveux et me poussa dans l'eau. J'en avalais et je recrachai avant de remonter.
-C'est pour le manque de respect.
Je levai les yeux au ciel et j'attrapai sa veste pour m'enrouler dedans. Je ne voulais pas mouiller mes affaires. Nous arrivâmes tous sur une petite plage et je devais bien avouer que c'était super pour finir de me reposer. Je ne voulais pas l'avouer mais j'étais secouée par l'incident de la veille. Je le montrai largement lorsque Brian me sauta dessus alors que j'étais entrain de me bronzer et m'immobilisa au sol. Aucun son ne sortit de ma bouche. La terreur venait de me prendre. Je me mis à trembler et Brian ne partit que lorsqu'il fut arraché de moi par un Fred à la mine patibulaire.
-Putain ! grogna Brian. Mais tu te prends pour...
Fred ne l'écouta même pas. Il se tourna vers moi.
-Tu vas bien ?
-Oui, répondis-je d'une petite voix. Ça va. Je vais juste aller par là.
Je me redressai et je partis à l'écart des autres. Je devais reprendre mon souffle. Ça ne devait plus arriver. J'étais certaine que si je me persuadais qu'il ne s'était rien passé, ça ne m'affecterait plus. Mais je me trompais.
-Sarah ?
-J'arrive Brian. Laisse-moi une minute.
Il s'approcha et s'arrêta derrière moi. Je savais qu'il était là, mais il ne me touchait pas.
-Tu peux me laisser quelques minutes ?
-Non. Qu'est-ce qu'il se passe ? J'apprécie pas du tout que Fred ait une information sur toi que moi je n'ai pas. J'exige de savoir ce que c'est.
-Tu n'as rien à exiger Brian. Je ne t'appartiens pas.
Il m'attrapa brusquement par le bras et m'empêcha de bouger.
-Je te lâcherai pas tant que tu ne me diras rien.
-S'il-te-plaît. Lâche moi.
Il me fit un croche pieds et m'immobilisa de nouveau au sol. J'étais toute seule avec lui et je commençai à me débattre.
-Tu vas me dire ce qu'il se passe oui ou merde ?
Le visage de mon agresseur se substitua à celui de Brian et je sentis des larmes me brouiller la vue.
-Je vous en supplie, lâchez-moi.
Il me lâcha et je me roulais en boule. Inspire, Expire. C'est juste Brian. Il m'attrapa et m'enlaça.
-Dis-moi ce qu'il s'est passé, murmura-t-il. Je te protègerai.
-Tu ne peux pas cette fois, sanglotai-je. Tu peux me protéger du passé et de ses fantômes.
-Je te protègerai, répéta-t-il.
Je finis par m'agripper à lui et je lui racontai ma soirée. Plus j'avançais dans le récit et plus ses bras m'enserraient.
-Je vais les retrouver et je vais les tuer. Qui est le responsable de tout ça ?
-J'ai tout arrangé, c'est bon. Je pensais juste que ça passerait mais il va me falloir un peu plus de temps Brian.
-Tu as été agressée. Ce n'est pas arrangé. Il faut le dire à Elijah et à..
-Non, l'interrompis-je. Il est au courant. S'il-te-plaît, ne dis rien à personne. Déjà que... que je n'ai plus de petit-ami, je n'ai pas envie que mes amis et ma famille me regardent avec pitié.
Je me dégageai un peu de ses bras et je m'assis sur le sable pour regarder l'eau. Je ne voulais plus de pitié. Plus jamais.
-Tout est de ma faute.
-De quoi tu parles ? demandai-je.
-De ton admirateur secret. Tout est de ma faute et de celle de Paul. On voulait te remonter le moral. On a glissé des chocolats et des nougats dans ton casier les deux premiers jours après ta rupture pour te donner un nouvel espoir. Je pensais pas que tu essaierais de le retrouver et quand on a vu que quelqu'un prenait le relai, on s'est dit que finalement, un gars bien en profitait. C'est de ma faute si on t'a piégé et je m'en veux énormément Sarah.
Je me tournai vers lui. Il avait les poings serrés comme s'il essayait de s'enfoncer les ongles dans la peau. Je ne m'y attendais pas du tout. Mais pas du tout. Je m'approchai de lui et je fis comme avec Chuck. Je relevai son visage et je lui embrassai les paupières.
-C'est pas de ta faute. Au contraire. Tu as réussi. Tu m'as donné une distraction comme je n'aurais pas pu en avoir ailleurs. Tu m'as rendu le sourire, tu m'as rendu mes rêves. Pendant quelques jours, j'ai oublié Marc et ce qu'il m'a fait. Je ne te remercierai jamais assez Brian.
Nous étions proches l'un de l'autre. Je ne voulais pas qu'il souffre et je sentais sa douleur et sa rage. Je le pris dans mes bras et je le collais contre moi.
-Tu m'as apporté du bonheur. Je t'en dois une.
Je posai mes lèvres sur son front et nous collâmes nos deux nez. Il posa sa main sur ma joue et décala une mèche de cheveux ensablée.
-Je ne laisserai plus personne te faire du mal Sarah. Plus jamais. Je t'en donne ma parole. Tu me crois hein ?
Ses yeux brillaient face à la ferveur de ses propos. J'acquiesçai et il me redressa pour que nous retournions avec les autres. Il avait posé son bras sur moi et il m'ébouriffa les cheveux avant de me laisser avec Sophie. J'avais l'impression d'avoir fait face à un vrai déclic. Il venait de me sauver. Encore une fois. Je me sentais en sécurité avec lui comme si rien ne pouvait m'arriver.
Dans le car du retour, je me plaçais côté fenêtre. J'avais besoin de tranquillité et je fis semblant de dormir. C'était très pratique pour échapper aux questions d'Elijah qui m'envoyait des SMS toutes les trois minutes. Je finis par lui dire que je voulais dormir et il cessa de m'embêter. J'avais passé un week-end très mouvementé et j'avais besoin de repos. Je ne rouvris les yeux qu'une fois le car arrêté sur le parking du lycée. J'attendis que la plupart des gens sortent pour émerger de mon siège. J'étais à peine sortie qu'un boulet de canon me sauta dessus. C'était Tom.
-Salut ! Qu'est-ce que tu fais là ?
-Je suis venu avec Maman pour vous chercher.
-Tu as passé un bon week-end Tommy ? lui demandai-je en récupérant mon sac.
-Vendredi et samedi, oui. Mais aujourd'hui, John et Maman n'ont pas arrêté de se balancer des piques et de se disputer. C'était affreux, je savais plus où me mettre.
-Où est Papa ?
-Il est parti à l'hôpital, on l'a appelé. Mais tu dis pas que je te l'ai dit hein ?
Je secouai la tête et nous rejoignîmes Mary. Elle me serra dans ses bras en me demandant si j'avais passé un bon séjour.
-Oui c'était sympa. J'ai hâte de retrouver mon lit par contre.
-On doit ramener Tara chez elle, tu sais où elle est passée ?
Elle était entrain de parler avec un mec de l'équipe de Brian. Apparemment, ils avaient l'air très proche l'un de l'autre. Je partis la chercher et elle s'agrippa à mon bras.
-J'adore Jer'. Il est super mignon en plus avec ses tâches de rousseur. Il me fait penser à ma mère. Trop chou. Salut Mary !! J'adore ta queue de cheval !
Elle embrassa ma belle-mère et Brian apparut à nos côtés comme par enchantement presque. Il attrapa le sac de Tara, le plaça dans le coffre et il s'installa à l'arrière avec son petit frère. J'avais hâte de rentrer chez moi et de mettre ce week-end derrière moi.
Une fois dans ma chambre, je me déshabillai entièrement avant d'attraper mon peignoir et de me diriger vers la baignoire de la salle de bain de l'étage. J'étais à peine installée dans mon bain moussant que Brian entra sans frapper.
-Avoue, tu adores me voir à moitié à poil?
-Ou alors comme tu es comme une sœur, je m'en fous royalement de voir un morceau de peau.
-Bonne réponse. Tu voulais quelque chose en particulier ?
-Je n'ai plus de lames de rasoir, je tape dans la réserve.
Il se pencha et je lui demandai si cela le dérangeait qu'à l'avenir, je fasse du Tai Chi avec lui le soir. Il me contempla et secoua la tête. J'avais l'impression qu'il ne voulait plus me refuser quoi que ce soit. Je fermai les yeux pour inspirer l'odeur de mes sels de bain et les larmes que j'avais refoulé depuis l'après-midi avec Brian revinrent telle une vague. J'attrapai un gant de toilettes et je me mis à me frotter encore et encore jusqu'à ce que ma peau soit à vif. Chaque parcelle qu'il avait touché fut nettoyé, une fois, deux fois, trois fois. Je finis par sortir du bain et je ne me regardai pas dans le miroir. Je n'arrivais pas à le faire. Alors que je retraversais le couloir, j'entendis la voix d'Eric. Je refermai mon peignoir et je descendis les escaliers pour le saluer. Apparemment, il avait besoin de la machine à coudre de ma belle-mère. Giulia était dans les bras de Mary entrain de lui faire des bisous. Ma cousine se tourna vers moi et me fixa avec ses grands yeux bleus.
-Tu ne portes pas de culotte Sarah.
-Non en effet.
-Papa m'a dit qu'il ne faut pas faire confiance aux filles quand elles ne portent pas de culotte.
-Il a raison, mais je sors de mon bain, j'ai pas eu le temps d'en prendre une. Qu'est-ce que vous faites là ?
-Julie a déchiré ma robe préférée sans faire attention. Papa doit la réparer alors on est venu emprunter du fil à Mary parce que les Mamans, elles ont toujours tout dans leurs affaires.
-Ton Papa n'a pas tout ?
-Bah non parce que c'est un garçon et les garçons ils pensent pas à tout. Tu devrais aller t'habiller avant que Brian arrive.
-Pourquoi ?
-Parce que sinon, il va voir tes jolies jambes et il va avoir envie de t'épouser directement. Et j'ai pas de robe assez jolie pour ton mariage.
Ma cousine pouvait faire de ces réflexions stupides parfois ! Je me tournai pour me rendre à la buanderie et enfiler mon pyjama pilou-pilou. Quand je revins, mon oncle était toujours entrain de coudre et ça semblait le saouler au plus haut point. Mary finit par avoir pitié de lui et elle répara la robe à sa place.
-Vous voulez rester pour dîner ce soir ?
-Ça aurait été avec plaisir mais j'ai du travail ce soir et Giulia est punie.
Ma cousine baissa la tête, honteuse.
-Mademoiselle a joué avec des allumettes pour faire un dîner aux chandelles à ses poupées, alors qu'elle n'avait pas le droit de le faire parce que c'est dangereux.
-Mais j'ai demandé pardon, affirma la petite fille.
-Mais cela n'empêche pas la punition. Merci encore pour la robe Mary, ce serait top qu'on aille dîner un soir tous les deux.
Ma belle-mère sourit et il lui fit comprendre que son assistante appellerait la sienne. Une fois qu'ils furent partis, Brian pointa le bout de son nez et il se mit à parler rapidement en français à sa mère. Elle le regarda durement et ne répondit pas. Je me doutais qu'il lui parlait de la dispute avec mon père et qu'elle ne voulait pas en entendre parler. Visiblement, le rappel de mon père ne lui fit pas du bien et pendant le repas, je voyais bien qu'elle n'était pas si heureuse que ça. Elle abrégea rapidement la soirée pour se coucher et je me retrouvais seule avec mes démons. Je reçus un message de mon oncle James où il me demandait de me rappeler.
-Elijah m'a appelé.
-Bonsoir à toi aussi, oncle James.
-Je suis dans l'avion. On a que quelques minutes avant le décollage..
-D'où tu as le droit de téléphoner comme ça ? Tu as emprunté le jet Johnson ?
-Ouais. Le frère de Grand-Mère était dans le coin et il me ramène avec lui à Los Angeles. Je voulais te confirmer ce qu'a dit ton oncle. Eli a usé de son réseau pour retrouver le mec et je viens m'en occuper personnellement.
-Oh James...
-N'essaye pas de m'en dissuader. On ne s'attaque pas à la famille McAllister. Oh j'en profite pour te dire que je trouve débile que tu le dises pas à John. Mais par contre, je suis à fond pour la vengeance.
-Je t'aime James.
-Je t'aime autant que n'importe lequel de mes enfants. Je ne fais pas de différence entre vous. Tu auras des excuses de sa part et ensuite, il disparaitra à jamais de ta vie.
-Ça fait mafia. Tu vas pas le tuer, hein ? James.... ? James ???
Mon oncle se tut quelques instants.
-Sarah, je vais t'apprendre une chose essentielle qui je l'espère te servira dans la vie. Les gens qui ont réellement le pouvoir n'ont pas besoin d'user de violence physique.. Les gens qui ont réellement le pouvoir se font obéir tout simplement. Alors oui c'est vrai, entre la crainte et le respect, la frontière peut être très très mince. Mais si tu arrives à te faire respecter en étant une bonne personne, tu obtiendras plus que par la terreur. De surcroît, les gens qui ont réellement le pouvoir ont de l'influence parce qu'ils connaissent les bonnes personnes et qu'ils ont l'intelligence d'en user au moment où ils en ont besoin. Nous sommes tous les deux nés Mcallister, nous sommes nés avec le bon réseau, nous faisons partie du réseau. N'oublie jamais ça.
-Ça répond pas à ma question.
James soupira et se mit à un peu à rire.
-Je ne vais pas le tuer Sarah, mais je connais les bonnes personnes pour le mettre hors d'état de nuire.
-Ça me rassure pas plus tu sais, dis-je en riant un peu. Mais j'ai confiance en toi. Si tu me dis que tu n'auras pas de sang sur les mains, je te crois.
-Je n'en aurais pas. Je compte lui faire suffisamment peur pour qu'il décide d'aller de lui même s'enfermer dans un monastère tibétain.. Et si ça ne marche pas, un petit séjour dans le grand froid Canadien lui remettra les idées en place.
-Je t'aime toi et ton machiavélisme. Juste pour savoir, quand tu m'as dit que si je tuais quelqu'un, tu m'enverrais dans un pays sans accord d'extradition... tu étais sérieux ?
-Très sérieux. Je serai à Los Angeles dans quelques heures, déjeunons ensemble demain. Je te dirai tout ce que tu dois savoir.
Quand il raccrocha, j'étais heureuse et reconnaissante de faire partie d'une famille aussi soudée et unie, prête à tout pour venir en aide à l'un de ses membres. J'étais une McAllister et fière de l'être.
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