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La face cachée de la Lune

❉🎶

-Tu as maigri, lui dit-elle en lui tirant les joues. Et t'es toujours aussi pâle.

-Tout le monde n'a pas la chance d'avoir ton teint, Summer.

-Personne ne m'avait appelé comme ça depuis des lustres. Ça me fait vraiment plaisir de te voir Jeff. Je pensais qu'on se reverrait plus jamais.

-Et pourtant... le hasard fait bien les choses. Je ne sais pas si tu connais ma copine, Em'.

Il tendit la main vers moi et je me sentis plus forte en l'attrapant. Le visage de Tara affichait de la surprise à l'état pur et fit un geste avec sa main.

-Tu sors avec Sarah.

-Tu connais Sarah ?

-Évidemment que je la... oh la vache. C'était toi, le coup de la bagnole. J'aurais dû m'en douter, c'est tout à fait ton style d'user de ta batte de baseball comme la fois où tu...

-Où je ? Si je me souviens bien c'était toi !

Ils pouffèrent de rire et Wyatt m'embrassa sur la tempe. Il releva les yeux et sourit.

-MILLER ! rugit-il. Comment tu vas vieux frère ?

Il se précipita sur lui et le prit dans ses bras. Il connaissait Brian ? C'était quoi ce délire encore ? Quand ils se détachèrent, je fis un pas sur le côté... Je n'avais jamais vu Brian avec un visage aussi froid. On aurait dit qu'il était sculpté dans le marbre. Il n'y avait aucune émotion.

-Fais pas comme si tu me reconnaissais pas, Winter.

-Qu'est-ce que tu fous là ?

-Là avec toi ou là à Los Angeles ?

-Les deux putain ! Qu'est-ce que tu fous là ? Quelle était la probabilité pour qu'on se retrouve dans la même ville ?

-Si je te parle de hasard ? Tu me crois ?

-Non.

Wyatt éclata de rire et lui ébouriffa les cheveux, ce dont Brian avait horreur, je le savais.

-C'est le destin, Winter. Il ne manque plus que Spring pour que tout le monde soit là. Les quatre saisons, Vivaldi et toutes ses conneries, ajouta-t-il en riant encore.

-Il est mort.

-Il est là en pensée, souffla Wyatt. C'est bien suffisant. Je sens qu'on va beaucoup s'amuser. Viens par là.

Il l'attrapa par les épaules et je vis que Brian était profondément mal à l'aise. Il plissa des yeux en me voyant et je me retrouvais en face des deux mecs que j'avais embrassé la veille sans qu'aucun des deux ne le sache. C'était flippant.

-Rentre à la maison, toi, me lança-t-il d'un ton sec.

-D'où t'as vu que tu pouvais me donner des ordres et moi obéir comme ça ?

-On est en train de parler entre grandes personnes alors bouge de là, McAllister.

-Calm down, c'est cool que vous vous connaissiez tous comme ça. Deux vieux potes et ma copine. Parfait.

-Je fais plus que le connaître, c'est mon quasi-frère, Wyatt.

-Ta copine. Ta copine ? Tu te fous de ma gueule ou... ? me réprimanda directement Brian.

Son regard était implacable et me fit presque frémir.

-Attends, ce quasi-frère avec qui tu as tourné une moitié de scène de baise ? C'était Winter Miller. fit Wyatt en même temps que Brian. Intéressant. Heureusement que c'est terminé. J'aimerai pas savoir que tu pelotes ma meuf en cachette, Miller. Ne recommence jamais.

-Sinon quoi ? Tu vas me rouler dessus avec ton cercueil ambulant ?

Wyatt avait posé son bras sur moi et je m'étais rapprochée de lui. Je trouvais assez passionnant de les voir ainsi tous les deux mais ça pouvait finir mal, je le savais.

-Vous pouvez arrêter de faire les coqs et on y va ? Wyatt ?

-Va dans la voiture, j'arrive.

Je posai mon sac à l'arrière et je sautai par dessus la portière. Wyatt me rejoignit une minute plus tard et il m'embrassa encore une fois avant de démarrer.

-D'où tu connais Brian ?

-Je t'ai dit que j'avais passé du temps à San Francisco. On avait un pote en commun et on a passé un peu de temps ensemble. Je te l'ai dit, je me fais des potes partout où je passe. Je pensais pas les revoir là.

-Winter et Summer ?

-Summer est agréable à vivre, elle est chaleureuse. Winter est plus... froid, taciturne. Ils se complètent bien. Ils sont tellement faits l'un pour l'autre.

-Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

-Et bien... ils sont parfaits l'un avec l'autre et puis c'est pas comme s'ils ne s'aimaient pas. C'est de notoriété publique que Brian aime Tara de toute façon. Il l'a toujours suivi comme son ombre, toujours à la protéger, à la réconforter. Elle est tout pour lui.

-De notoriété publique ?

-À San Francisco en tout cas, y'avait pas de doute. Tout le monde le savait, sauf elle sûrement. C'est bien qu'ils soient enfin ensemble.

-C'est pas le cas, ils sortent avec deux personnes séparées.

-Les débiles. Il faut assumer parfois dans la vie. Assumer qui on est, et assumer avec qui on veut être. Tu n'es pas d'accord Emeraude ? Il faut être en accord avec qui on veut être et tout faire pour le devenir ? J'ai voulu être libre, sans aucune attache et j'y suis arrivé. J'ai 22 ans et je suis libre. Personne ne me dit quoi faire, quand le faire sans que j'ai décidé de me mettre sous les ordres de quelqu'un. Je baise avec toi parce que j'en ai envie et qu'on est bien ensemble. Personne ne nous a présenté ou fait en sorte qu'on soit ensemble. On est juste ensemble. Tu comprends où je veux en venir Em ?

-Tu es défoncé ?

-Je suis totalement stone, pouffa-t-il en me tendant son joint.

-Tu sais quoi ? Tu as raison. Santé bonhomme.

Je fumai et je laissai la marijuana faire effet. Je laissai ma tête en arrière et je m'endormis sur mon siège. Quand je me réveillai, il me fallut un moment pour déterminer où j'étais. J'étais chez Wyatt, dans son lit et j'étais manifestement pas très habillée.

-Je me suis dit que tu préfèrerais avoir des vêtements propres demain, fit la voix de Wyatt. J'ai tout mis dans la machine à laver. Tu as un T-shirt à moi et un caleçon en attendant.

-J'ai dormi longtemps ? demandai-je en me tournant dans le drap.

-Il est 21h.

-La vache. J'ai des devoirs à faire.

-Ouais. J'ai fait ton algèbre. J'étais pas mauvais en algèbre. Mon prof voulait que je fasse partie de l'équipe des intellos crétins. Du coup, j'ai fait tout ton algèbre. Par contre, j'étais une merde en dissertation, j'peux pas t'aider sur la tienne. Oh et j'ai fait ta chimie aussi.

-T'es adorable. Tu es bon en chimie ?

-Ouais. Quand j'avais à peu près ton âge, j'ai fait des cristaux meth dans le laboratoire du lycée pendant une nuit. Je m'ennuyais.

-T'es sérieux ?

-Ouais, très sérieux. J'ai planqué deux cristaux dans le bureau du directeur et quand je me suis fait virer en Senior Year, j'ai appelé les flics. Il a eu des problèmes. Je suis un connard, je sais, ajouta-t-il avant que je parle.

-Je savais pas que tu touchais à la drogue et encore moins que tu en faisais, hallucinai-je.

-C'est pas pour moi. J'ai fait ça pour le fun. Pour avoir un peu de...

-Sous ?

-Du tout. Pour me sentir vivant. J'avais 14-15 ans, j'étais con. Plus que maintenant, j'entends. J'étais obèse, j'étais mal dans ma peau et... je voulais qu'on me regarde avec respect et j'étais bon en chimie, grâce à ma sœur. Elle voulait devenir la future Marie Curie.

-Attends, toi... obèse ? T'es tout fin, on dirait que tu es un roseau.

Il s'approcha de moi et retira son haut. Il posa mes mains sur ses épaules et je sentis des rainures. Des vergetures. Il avait les mêmes sur le ventre.

-J'ai décidé de me reprendre en main. Non pas que l'obésité soit juste une question de laisser aller mais dans mon cas, oui. J'ai pris du poids après la mort de ma sœur et j'en ai perdu parce qu'elle aurait eu honte de moi. Alors j'ai fait du sport en intensif, je suis devenu végétarien. J'ai arrêté le sucre, le gras, le chocolat. Me regarde pas comme ça.

-Tu as vécu sans chocolat ? Tu as mon respect éternel.

-Tu es toute mince, tu n'auras jamais besoin de régime.

-J'ai trois kilos en trop.

-Ça tu vois Emeraude, c'est la phrase des gens minces. 3 kilos, personne ne les voit. Trois kilos c'est la différence de poids que tu as avant et après avoir mangé. J'avais 40 kg en trop.

-Attends... je viens de tilter, tu es végétarien ?

-5 jours sur 7 dont 3 jours crudivore, ajouta-t-il en s'asseyant près de moi. J'aimerai savoir une chose. Tu as aimé ça ?

-Ma journée ? C'était pas terrible.

-Je parle d'embrasser Winter. Tu as aimé ça ?

-Je ne peux pas dire si j'ai aimé ou pas aimé. Je suis restée assez indifférente.

Je m'approchai de lui et je collai mes seins à son torse.

-Tu veux vraiment parler de Brian ? Maintenant ?

Il m'attrapa assez durement par le cou et m'approcha de lui avant de m'embrasser. Il me recula très légèrement et tira sur mes cheveux.

-Miller n'a jamais été une personne stable. S'il t'emmerde, dis-le moi et je m'occuperai de son cas.

-Comme tu t'es occupé de la voiture de Chris, ricanai-je.

-Absolument. Et s'il essaye de nouveau de te toucher aussi. Pour un devoir scolaire, c'était pas grave. Autrement ça l'est. Tu m'as compris ? Il ne t'approche plus.

-C'est mon frère, Wyatt. Y'a rien de mal entre nous et y'aura jamais rien de mal entre nous. Ne sois pas jaloux.

-Je ne suis pas jaloux, j'ai toujours été clair sur ce point et tu étais d'accord aussi. Je ne suis pas partageur sur certaines choses. Je ne serai pas partageur avec toi. Tant que tu porteras ça...

Il attrapa sa plaque et me la remontra.

-Tu es à moi et à personne d'autres.

-Je n'ai jamais prétendu le contraire. J'ai l'impression que tu as envie de te disputer avec moi et moi j'en ai pas envie du tout. Par contre, je suis tout à fait disposée à te montrer à quel point notre relation est exclusive. Si elle l'est aussi de ton côté.

-Ça l'est. Je vais commander des pizzas.

Il me laissa toute seule et je pensais à ce que j'avais vu et compris. Ils se connaissaient tous les trois. Tara, Jeff et Brian. Je ne savais pas dans quelles circonstances ils s'étaient rencontrés et quels étaient leurs liens. Je n'étais pas idiote et je n'avais pas grillé tous mes neurones en fumant. On ne donne pas des surnoms affectueux à des personnes qu'on connait tout juste. Ils avaient de vrais relations les uns avec les autres et je comptais bien découvrir leur étendue. Je ne savais pas si je devais cuisiner Brian ou Wyatt ou Tara. J'allais le déterminer quand il m'appela pour savoir mes préférences. Nous nous blottîmes l'un contre l'autre et nous allumâmes la télévision. Il n'avait pas autant de chaînes que nous mais c'était sympa de regarder des sitcoms de temps en temps. Il attrapa une bière dans son réfrigérateur et je remarquai qu'il ne touchait pas à ma pizza non végétarienne.

-J'ai pas le droit d'avoir de bière moi ?

-Non ma belle, ce soir, ton foie se repose. Demain, on file tous les deux à une fête sur la plage, elle sera superbe et je pense pas que l'eau sera pas mal.

Je remarquai mon sac avec mes livres de cours sur sa table derrière. Il avait fait du cristal meth. Sérieusement, qui était ce gars dans le fond ? Je ne savais pas si je devais le fuir ou me rapprocher de lui pour apprendre de lui, de son indépendance, de son je m'en foutisme latent.

-Pourquoi tu me regardes comme ça ?

Il caressait ma cuisse et ne détacha pas son regard de la télévision.

-Qui es tu au fond de toi ?

-Je...

Nous entendîmes du bruit et Wyatt se retourna pour saluer son colocataire, il était avec une fille, une qui jouait dans sa pièce. Elle semblait affamée la pauvre et ils finirent avec nous sur le canapé. Il m'avait coupé dans mon élan et je lui en voulais de ne pas être arrivé cinq minutes plus tard. J'observai à la dérobée la fille. J'avais l'impression que je l'avais déjà vue avec ses longs cheveux blonds. La solution m'apparut. C'était la fille camée chez Patrick la Bique. D'ailleurs, elle sortit un sachet de coke et en étala sur la table, l'air de rien.

-Vous en voulez ?

Wyatt refusa d'un signe de tête. Je n'arrivai pas à détacher les yeux d'elle et de son visage ravi après avoir sniffé la fine ligne devant elle.

-Ne te gêne pas pour moi Emeraude.

-Non merci. Je me repose ce soir, tu as oublié ? J'ai envie d'aller me promener Wyatt ? Tu crois qu'on pourrait prendre ta moto et filer sur les routes ?

-J'allais te le demander, je pense qu'ils ne vont pas tarder à se la donner, murmura-t-il à mon oreille.

Je partis m'habiller avec les affaires que j'avais attrapé chez moi en prévision de ce moment.. Je devais sortir parce que je savais que je n'étais pas assez forte pour résister à la tentation de la cocaïne. Cette drogue m'attirait et je ne voulais pas céder. Je savais qu'elle aurait un mauvais impact sur moi. Nous descendîmes auprès de sa moto, juste après avoir ramassé mes affaires de cours. Il avait tout écrit au crayon de bois, c'était adorable. Il faisait un peu frais dehors et je me faillis frissonner alors que Wyatt montait sur sa moto. Il la démarra et je me collais contre lui à l'arrière. J'aimais beaucoup ça, sentir le vent sur moi et être contre un corps chaud comme le sien. Il m'avait passé son second casque et je me sentais à l'abri. Nous filâmes sur une petite route de campagne pour rejoindre le Will Rogers State Park. Il n'était pas ouvert mais Wyatt me fit passer par une faille pour que nous nous y promenions la nuit. C'était magnifique et nous étions seuls. C'était... le paradis. Quand nous vîmes une lumière de loin, nous nous précipitâmes dans les buissons fournis. Il plaqua sa bouche contre la mienne pour me faire taire.

-Je propose qu'on rampe jusque là-bas.

C'était une mauvaise idée, très mauvaise idée. J'avais envie de rire. Cela me rappelait les parcours du combattant que nous faisaient faire nos pères à Paul et moi quand nous étions petits. Nos pères avaient transformé, un jour, le jardin de la maison de Paul en un véritable parcours. Nous avions dû ramper dans la boue, sauter dans des pneus, grimper aux arbres et nous laisser tomber sur un trampoline. C'était du bonheur à l'état pur. J'avais gagné pratiquement toutes les épreuves et Benjamin avait demandé à Line s'ils pouvaient faire une fille. Et là... c'était presque ça qu'il me demandait de faire. Il était hilare lui aussi, je savais qu'il avait du mal à se maîtriser.

-Hey vous !

-Cours !

Je me redressai et je courus comme une folle avant de sauter par dessus la petite barrière et rejoindre l'endroit où nous nous étions faufilés. Je me retournai mais je vis que Wyatt s'était clairement fait prendre. J'allais aller lui porter secours quand je vis le coup qu'il asséna au gardien. Ce dernier se plia en deux et Wyatt ne s'arrêta pas là. Il le frappa deux autres fois alors qu'il était au sol. C'était d'une violence folle. Il courut ensuite vers moi et me prit la main. Ce n'était pas comme la fois où j'étais avec Duncan et les autres. Non. Je n'aimais pas ce type de violence purement gratuite. Je l'arrêtai et le repoussai un peu.

-Pourquoi tu l'as frappé quand il était au sol ?

-Pardon ?

-Il était au sol, tu n'en avais pas besoin.

-Tu sais quoi Emeraude, je trouve vachement chiante ce soir. Il m'avait attrapé, tu sais ce qui aurait pu se passer ?

-Oui, mais...

-J'aurais pu finir au poste de police et avoir des problèmes graves. Alors oui je l'ai frappé pour être certain qu'il ne puisse pas nous courser, j'ai rien fait de mal.

Il tourna les talons et traversa n'importe comment sur la route.

-Attends ! Me laisse pas là. Sérieusement ! Attends !

Il passa la porte d'un établissement et je me décidai à le suivre. Je ne pouvais pas rentrer toute seule. Je pris mon courage à deux mains et je le suivis à l'intérieur. Je n'allais pas rester toute seule dans la rue. Je le vis au bar, il se faisait servir une bière. Je le poussai avec humeur.

-Tu m'as laissée toute seule dans la rue, ça va pas bien dans ta tête ou quoi ?

-Je n'aime pas quand on m'engueule Emeraude et tu étais en train de le faire. Tu comptes plus que moi, tu comprends. Je devais te donner de l'avance bordel. Et parfois je fais des trucs cons. J'aime pas qu'on m'emmerde, Em. Si j'avais aimé ça, je serai resté avec mes parents.

-Tu peux me parler et te décharger sur moi... si tu me tapes pas.

-Je tape pas les filles.

Je pris son visage entre mes mains. Il me faisait penser à un enfant pour la première fois depuis que je le fréquentais.

-Viens, on s'en va.

-Et ma bière ?

Je sortis 20$ de ma poche et je les mis sur le bar avant de donner la pinte au gars à côté. Je lui pris la main et nous marchâmes dans la ville. Les gens nous regardaient parfois dans la rue, se demandant peut-être comment une fille à Papa et un mec comme lui pouvaient être ensemble. Il s'arrêta pour répondre au téléphone et j'observai notre reflet dans la vitrine. Je nous trouvais mignon ensemble. À la fois décalé dans le style et bien ensemble. C'était sûrement ça l'essentiel, nous étions plutôt bien assortis et nous nous entendions bien. Il y avait une exposition de nuit et nous nous y rendîmes. C'était... étrange. Je ne pensais pas qu'il pourrait aller dans ce genre d'endroit mais il regardait les œuvres avec délectation. En réalité, son style pouvait passer dans ce milieu artistique un peu fêlé. Je le voyais sous un angle totalement différent. Mon regard fut attiré par un tableau aux reflets bleutés. Je me dégageai de lui et je partis le voir. Ce tableau me rappelait les yeux des Millers. L'artiste avait voulu représenter la mer déchaînée. C'était magnifique. Je me tournai pour chercher Wyatt mais il avait disparu dans la foule. Je continuai la visite de l'exposition quand j'entendis son rire. Il était dans une pièce derrière en train de parler avec un type avec des lunettes à grandes montures. Wyatt me vit, lui serra la main et il repartit vers moi. Mon mec avait l'air heureux et il posa ses lèvres sur moi.

-Désolé de t'avoir mal parlé tout à l'heure. Parfois je suis un vrai connard.

-C'est pas grave, ça m'arrive aussi. J'ai pas été spécialement cool avec toi.

Nous restâmes quelques instants avant de repartir. J'étais fatiguée. Comment faisait-il pour tenir comme ça alors que j'étais crevée ? J'avais l'impression que le monde était à ses pieds.

-Sarah !

Je me retournai et je vis Maya. J'étais contre Wyatt et elle s'arrêta en le voyant. Mes yeux à moi étaient bloqués sur Alexandra Pilgrim et son père qui arrivaient vers nous. Je n'avais pas vu M. Pilgrim depuis longtemps. Je l'aimais bien. Il était sympa avec moi quand j'étais petite.

-Sarah McAllister ! À cette heure dans la rue !

-J'ai eu une permission spéciale monsieur Pilgrim.

Je souris et il esquissa un sourire. Il serra la main de Wyatt et ce que je vis dans la prunelle des yeux du père d'Alex était clair. Il ne l'aimait pas du tout.

-Je t'ai vu tout à l'heure devant Macy's. C'est ton mec Sarah ?

-Oui, en effet, répondis-je un peu sèchement à Alexandra. Désolée, mais il ne va pas falloir qu'on tarde à rentrer à la maison. On se voit demain !

Je tournai les talons et je soupirai d'exaspération. Super. Elle allait en parler à tout le monde. Je me retournai et je vis une sorte d'inquiétude dans le regard du père d'Alexandra. Je ne savais pas pourquoi mais par contre, c'était mauvais pour moi s'il venait à parler à mon père. Ce dernier comprendrait que je n'étais pas où et avec qui je devais être. Mais dans le fond... c'était peut-être ce que je voulais. J'étais curieuse de voir comment mon père prendrait la nouvelle de Wyatt et moi.

-Je commence à avoir froid, tu crois qu'on pourrait rentrer ?

-Tout ce que tu veux.

Il retira son blouson pour le mettre sur mes épaules et quand nous arrivâmes à sa moto, il refusa de le reprendre comme si le froid n'avait pas de prise sur lui. Je montai à l'arrière et nous filâmes sur le bitume noir. C'était amusant. Il ne rentra pas directement et nous passâmes par une route assez peu fréquentée, bordée d'arbres. Il faisait des zigzags pour me faire rire et plus mon rire était retentissant, plus ses écarts étaient grands. Il se rabattit sur le côté une première fois pour échapper à une voiture qui nous klaxonna et je sentis le rire me secouer. Il était fou et cette folie me plaisait énormément.

-Tends les bras, comme si tu étais la reine du monde.

-Tu es sûr ?

-Vas-y !

Je me levai légèrement pour le surplomber et je tendis les bras en hurlant de joie alors qu'il zigzaguait. J'étais sûrement tarée de faire ça. C'était peut-être les jours de cannabis qui se faisaient sentir. Il évita un écureuil et accéléra légèrement. Il roulait assez proche de l'autre côté de la route, mais je m'en moquais. J'étais libre et je voulais que le monde entier le sache. Nous fûmes éblouis par les phares d'une voiture juste avant un virage et il fit un écart au dernier moment alors que mes bras se rabattaient sur lui. Ma jambe passa à quelques centimètres seulement du capot. J'entendis un crissement de pneus et je me retournais alors que Wyatt s'arrêtait. J'avais le cœur battant et mon univers se brisa quand je ne vis que l'arrière de la voiture, le reste ayant été s'encastré dans un arbre sur le côté. Je m'éjectai de la moto et je retirai le casque.

-Em'.

Je me retournai mais je vis Wyatt en position de départ.

-Il faut qu'on aille voir.

-Non.

Il releva la visière de son casque.

-On ne peut pas faire ça Emeraude.

-Putain mais on a causé un accident là !

Il regarda autour de lui et je compris à son regard qu'il voulait redémarrer et laisser la voiture là, fumante.

-Remonte Em'.

-Non. Je ne fuis pas. Il faut qu'on appelle quelqu'un putain.

Il remit la cheville de sa moto et descendit alors que les mains tremblantes, j'étais en train de déverrouiller mon téléphone. Il me saisit les mains.

-Tu comprends pas. Si on appelle une ambulance, on va finir au poste et je peux pas finir au poste. Parce que tu sais ce qui arrivera ? Je vais être testé positif aux stupéfiants et ça c'est pas envisageable. On va me retirer mon permis et sans permis, je peux pas bosser meuf.

-Aux stup... Attends. Tu as pris quoi ? TU AS PRIS QUOI BORDEL ?

-De la coke.

Je revis le visage de la fille blonde et je sus quand il l'avait fait...

-Mais putain ! Ils... tu sais quoi ? Peu importe. Pars si tu veux, moi je reste.

-Ton père va venir te chercher chez les poulets ! c'est ce que tu veux ? s'exclama-t-il en m'attrapant par le bras.

-Ma mère est morte dans un accident de la route, hurlai-je. Je laisserai pas quelqu'un mourir comme ça. Jamais. Alors fuis si tu veux, mais pas moi.

Je me mis à courir vers la voiture. L'avant était totalement détruit et je vis du sang sur le tableau de bord. C'était une dame et elle n'avait pas d'airbag. Elle était inconsciente et le klaxon hurlait. Il y avait du sang partout. Je sentis la nausée me prendre alors qu'elle, elle ne bougeait plus. Je m'approchai et j'essayai d'ouvrir la portière avant, mais je n'y arrivais pas. La vitre arrière était entrouverte. Je pris un caillou, l'enveloppait dans le blouson en cuir et je démolis la vitre pour la débloquer. J'entrai dans la voiture à l'avant. C'était dangereux ce que je faisais. Il ne fallait pas déplacer une personne après un accident, mais je devais savoir si elle était vivante ou morte. Je devais chercher son pouls. C'était une chose que mes parents m'avaient appris à faire toute petite. J'avais les larmes aux yeux. Je les essuyai et je me penchai vers elle pour chercher sa carotide. J'avais besoin de concentration et d'un minuteur...

-Putain...

Je relevai la tête et je vis Wyatt. Il était illuminé par le phare de la voiture qui fonctionnait encore.

La voix de Wyatt était blanche. Je regardai mon téléphone, j'avais pas de réseau.

-Wyatt. Tu as du réseau ? Wyatt !

Il avait les yeux rivés sur la dame et il sursauta vivement. Il prit son téléphone et il secoua la tête.

-Retourne en ville et préviens une ambulance.

Il allait protester mais je lui ordonnai de le faire d'un ton sec alors que je demandai à mon assistant un minuteur.

-Il y a une voiture ! Je vais l'arrêter !

-Fais ce que tu veux, mais ferme la je dois me concentrer ! sifflai-je.

J'inspirai et je posai mes deux doigts dans son cou. Je devais compter le nombre de battements.. sauf que je ne sentais rien. Je positionnai de nouveau mes mains et je priai pour trouver ne serait-ce qu'un petit battement. Je ne pouvais pas la déplacer, je ne pouvais pas lui faire un massage cardiaque, je risquais de la tuer en tentant de faire quelque chose. Je t'en prie, mon Dieu, c'est le moment d'envoyer un petit signal là. Je sentis un battement, puis un second.

-Merci, murmurai-je en lâchant une petite larme.

Elle était en vie. J'entendis des voix et je vis la tête de monsieur Pilgrim. Il démolit la vitre de la voiture et me pria de sortir.

-Sarah. Sors.

-Mais...

-Sarah, la voiture est instable, elle risque de tomber dans le fossé. Tu sors, immédiatement.

Comme pour étayer son propos, je la sentis basculer légèrement et je me raccrochai au siège.

-On ne peut pas la laisser, elle est vivante ! J'ai senti son pouls.

Il réfléchit et me demanda de la détacher si je le pouvais. Je trouvais préférable de baisser le siège de la conductrice et je demandai à Monsieur Pilgrim d'ouvrir la portière arrière. Je me faufilai derrière elle alors que je sentais la voiture tanguer légèrement. Elle était en T-shirt et je passai ma main dans son dos, en prenant mon téléphone. Elle n'avait pas de bleu ou de fracture apparente. J'étais peut-être en train de faire une connerie mais je ne pouvais pas la laisser là. Je me collais à elle, je maintins sa nuque pour ne pas qu'elle bouge et je la basculai doucement. Mes yeux se posèrent sur elle. Putain, elle est enceinte. J'étais tétanisée.

-Dégage ses pieds, je la maintiens.

C'était plus facile à dire qu'à faire, mais je retournai du côté de ses jambes et il la tira doucement en dehors de la voiture. Je vis son sac et je l'attrapai. J'étais à peine extirpée du véhicule que ce dernier bascula dans le fossé. J'étais au sol et je regardai la victime. Elle était assez jeune , avec des cheveux assez foncés et n'avait pas repris connaissance. Elle avait une plaie béante à la tête et je trouvais une écharpe dans son sac avec laquelle j'essayai d'arrêter le sang. Je vérifiai son rythme cardiaque encore une fois et je relevai les yeux sans voir Wyatt pour autant.

-Où est...

-Ton mec est parti sur sa moto pour avoir un endroit avec du réseau, il a dit qu'il revenait te chercher, lança Alex. Tu l'as rencontré où ?

-À Stanford.

-Il étudie à Stanford ? Il a pas trop le profil non ? Attends.. Marc n'est pas à Stanford ? Tu sors avec un pote de ton ex ? C'est... trop marrant.

-Du tout, il ne le connait pas et l'a jamais vu. Écoute Alex, j'ai pas envie de parler de ça, okay ? Il a dit qu'il revenait quand ? demandai-je à M. Pilgrim qui tentait tant bien que mal d'avoir du réseau.

-Il nous a expliqué la situation et nous a demandé de rester avec toi jusqu'à ce qu'il soit là. C'est fou quand même de laisser une femme comme ça. Heureusement que vous êtes arrivés pour l'aider.

-Pardon ?

-Oui ! Il nous a expliqué que vous n'aviez pas vu l'accident mais que vous aviez dû arriver juste après les responsables. J'ai pas vu de voiture dans ce sens, ils ont dû faire demi-tour.

J'avais un goût acre en bouche et j'allais le détromper quand je me rendis compte que son rythme cardiaque chutait et que les battements de son cœur avaient cessé. Je commençai à faire un massage  et je demandai à Maya de compter comme mon père me l'avait appris. Quand Wyatt revint, je n'eus pas le temps de lui parler que déjà une ambulance arrivait. C'était des collègues de mon père et ils me fixèrent bizarrement avant de reprendre le relais et de l'embarquer avec eux. La femme nous jeta un dernier regard et je vis qu'elle était en train d'établir une connexion. Visiblement, elle pensait que j'étais avec Maya, Alex et son père. Ce n'était pas plus mal à vrai dire. Wyatt semblait un peu paumé parmi tout ce monde. La police était arrivée en même temps qu'eux et je me rapprochai de M. Pilgrim bien malgré moi.

-On va te ramener chez toi Sarah.

-Non, c'est bon, murmurai-je. Je vais rentrer avec mon petit-ami.

J'étais pas loin de Wyatt et je l'entendis décrire la façon dont nous avions vu la voiture accidentée. Je me rapprochai de lui avant de prendre la parole.

-Il n'y avait pas de réseau sur aucun de nos téléphones, je suis rentrée dans la voiture pour vérifier si elle était toujours vivante...

-Et j'ai voulu aller en ville quand j'ai vu la voiture des amis de ma copine...

-Et on l'a sortie avant que la voiture tombe dans le vide. C'est tout ce qu'on sait monsieur.

Je ne me sentais pas bien du tout face à ce mensonge et à chaque battement de cil, je voyais le sang de cette fille sur son tableau de bord et l'air apeuré de Wyatt à l'idée de se faire prendre. Je ne pouvais pas le livrer en pâture à la justice. J'espérais de tout cœur qu'elle pourrait s'en remettre, elle et son bébé... son bébé. J'en avais les larmes aux yeux presque.

-Mademoiselle, quel est votre nom ?

-McAllister. Sarah McAllister mais s'il vous plaît, j'aimerais que mon nom n'apparaisse pas parce que je suis mineure et...

Je sentis la main du père d'Alexandra sur moi et il m'écarta légèrement. Je ne compris pas ce qu'il dit mais le policier hocha la tête et nous laissèrent. Je ne savais plus ce que faisait M. Pilgrim comme métier mais apparemment, ça servait dans ce cas précis.

-Tu es certaine que tu ne veux pas qu'on te ramène ?

-Oui oui, merci monsieur.

-Envoie un message à ma fille quand tu es rentrée chez toi, j'aime pas te savoir dehors.

-Oui monsieur.

Il repartit en voiture et Maya, qui n'avait pas beaucoup parlé, me regarda pendant un petit moment. Je lui fis un signe quand mon regard se posa sur mes mains. Mes mains... J'avais du sang sur les mains. Je me mis à trembler et Wyatt me prit contre lui.

-On l'a tuée.

-Non, elle a été prise en charge et tu as dit qu'elle était vivante.

-Elle était enceinte, Wyatt...

-Em, regarde-moi Emeraude. Tu n'es pas responsable d'accord ? Tu n'as tué personne. Tu n'es pas responsable. Si y'en a un qui doit l'être ici, c'est moi. C'est moi.

Il me serra dans ses bras et je me mis à pleurer, sur le bord de la route. Il sécha mes larmes et nous remontâmes sur la moto. Il ne me ramena pas chez moi mais chez lui. Je ne jetai même pas un coup d'œil à son coloc sur le canapé et je me rendis dans la salle de bain pour retirer le sang séché. J'avais l'impression que ça ne partait pas. Je frottai, frottai, frottai encore.

-Em', je suis désolé, j'ai paniqué. Je vais aller voir les flics demain pour leur dire.

-Leur dire quoi ? Qu'on a fait les cons alors que tu étais sous l'emprise de la drogue ? Qu'on a peut-être tué quelqu'un ? tu n'as pas intérêt à te pointer là-bas. Je te rappelle que tu as tabassé quelqu'un. Écoute, je veux pas en parler, juste dormir. J'ai cours demain et je suis crevée.

Je passai à côté de lui et il me retint par le bras.

-Ne fais pas ça, s'il-te-plaît Em', murmura-t-il. On passait un bon moment.

-Oui c'est vrai. On passait un bon moment mais là, j'ai juste envie d'oublier.

Je me dégageai et je filai sous les draps dans sa chambre. Je ne me sentais pas bien du tout. Oublier, oui, je le voulais, plus que tout... je regrettais tellement. Ma mère était morte pour une bêtise pareille. J'avais failli tuer quelqu'un dans un accident de la route. Je me dégoûtais moi-même. La porte s'ouvrit et je vis l'ombre de Wyatt. Il déposa une tisane près de moi.

-Bois, ça te fera du bien.

J'en avalais une gorgée pendant qu'il utilisait son briquet pour s'allumer une cigarette.

-Tu n'as rien de plus fort ? fis-je.

Il hocha la tête et sortit un sachet de marijuana de sa table de nuit. Il était assez grand et il roula avec dextérité le papier à cigarette. Il me le tendit après l'avoir allumé et je laissai la drogue faire son effet et effacer le souvenir de cette soirée horrible. J'étais en train de planer au dessus des eaux, au dessus du tumulte, au dessus de ma propre vie. Ne plus rien ressentir, c'était le pied absolu mais le lendemain, la chute fut cruelle. Je me réveillai contre le corps de Wyatt. J'étais parfaitement nue et je ne savais pas du tout ce que j'avais fait. Je frissonnai et je me dégageai de ses bras avant de reprendre toutes mes affaires. Je devais rentrer chez moi. Je lui laissai un mot, comme la première fois que j'étais venue chez lui et je pris un taxi avec mes derniers billets. Mon taxi m'arrêta devant la porte des McDust. La chambre de Paul était plus haute que dans mon souvenir. Je ne pouvais pas grimper comme ça sans me faire avoir. Il était 5h30 du matin. Je me rappelai de ce que m'avait dit Marc cet été. Je contournai la maison et je pris la clef au dessus de la porte. Je l'ouvris, je me faufilai dans les chambres du haut. J'entendis le sifflement de la respiration de Paul dans sa chambre et je poussai la porte. Je me déshabillai et je me glissai dans son lit. Il se réveilla et se frotta les yeux.

-Sarah ?

-Tu peux juste me prendre dans tes bras et ne rien dire du tout ?

-Non, je m'appelle pas Brian Miller. Il se passe quoi ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Je lui racontai tout. Absolument tout, sans rien omettre à part la drogue.

-Écoute, tu as rien fait de mal Sarah. Sauf mentir à John pour passer du temps avec ton mec. Mais tu as peut-être sauvé cette fille, tu t'en rends compte ou pas ?

-Tu crois que je dois faire quoi ?

-Le dire à ton père, il finira par le découvrir et vaut mieux prendre les devants, non ? Maintenant, la seule chose à faire, c'est de te taire et de me laisser dormir. Tu peux rester dans mon lit, on a partagé un berceau, on peut partager un grand lit.

Je me recalai dans son oreiller et il me serra contre lui. Je refermai les yeux et quand je les rouvris, je vis Line McDust au dessus de moi.

-Sarah ?

-Salut.

J'étais toute seule dans le lit et j'entendais la douche. Apparemment Paul était en train de se laver.

-Qu'est-ce que...

-J'avais besoin de parler à Paul. Désolée, j'aurais dû prévenir.

-En effet. Tu prends toujours du café au lait au petit déjeuner ?

-Oui tante Line.

Ce surnom la fit sourire et elle sortit au moment où son fils ouvrit la porte de sa salle d'eau.

-Tu peux y aller. C'est moi où j'ai entendu ma mère parler ?

-Elle était là.

Il hocha la tête et je filai sous sa douche brûlante. Je me frottai à m'en faire mal et quand je sortis, j'étais rouge. J'avais mon uniforme et je descendis à la table des McDust. Benjamin leva un sourcil en me voyant mais il secoua la tête comme si c'était tout à fait normal. Je l'embrassai sur la joue et je me laissai tomber à ma place quand je venais chez les McDust.

-Tu as mauvaise mine. Tu t'es fâchée avec John pour venir ici ?

-Non. Il sait pas que je suis là.

-Je m'en doute, sinon j'aurais eu un message de ton père. Par contre, sache que je ne mentirai pas pour toi fillette.

-Je sais Oncle Ben.

-Mais si tu as besoin de te réfugier quelques jours ici, tu peux, tu as toujours ta chambre. Je préfère que tu fugues à la maison.

-Merci, j'oublierai pas.

Il me servit une tasse de café et ajouta un chouïa de lait avec un peu de sucre. Les McDust firent comme si je n'étais pas là et parlèrent même de la nouvelle copine de Marc avant de s'arrêter.

-Vous savez, je m'en moque un peu, vous pouvez parler de Marc. Sophie m'a dit qu'il était avec une fille gentille ! Est-ce qu'elle vous plaît Ben ?

-Elle n'est pas toi !

-Je suis une belle-fille parfaite, je sais, souris-je. Oh Paul ! J'ai oublié de te le dire ! Papa m'a commandé des places pour l'avant-première de Star Waaaaars ! Il m'a dit que j'avais le droit de ramener deux personnes et... j'aimerai que tu sois mon +2 !

-Impossible.

-Pourquoi ?

-PARCE QUE MOI AUSSI J'AI DÉJÀ MA PLACE.

Je lui tapai dans la main avec force et il se mit à faire la Marche Impériale avec moi. Line arriva dans la cuisine et soupira.

-Qu'est-ce que vous en faites comme bruit de si bonne heure !

-T'inquiète M'man, on repart tout de suite sinon on va être en retard. Bisous !

Il me fit signe de me lever et nous nous retrouvâmes devant la maison de Sophie. Il sonna à la porte et Nicholas nous ouvrit.

-Pile à l'heure pour le petit déjeuner, comme c'est étonnant ! Entrez !

Il nous laissa passer et je bousculai un peu Paul.

-T'es un pique-assiette en vrai.

-Mais non, le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée et vous mangez toujours des trucs vachement bons le matin alors que moi... biscotte pamplemousse. Salut Sophie !

Ma meilleure amie nous bisa la joue à chacun et nous nous attablâmes jusqu'à ce que Brian appelle Paul pour savoir s'il devait venir le chercher.

-Je suis chez Sophie, on passe te prendre Miller dans 15 minutes ?

Brian eut la surprise de me trouver dans la voiture mais il n'en fit pas la remarque. Il me regarda plutôt froidement même. Je ne savais pas ce que j'avais fait mais je le compris assez vite quand je vis que Wyatt m'appelait sur mon téléphone et que Brian fixait sa tête avec une pointe de colère. Je passai l'appel alors que nous arrivions au lycée.

-Tu as passé du bon temps hier pendant que je gardais Tom ? Ton père nous a filé de l'argent pour le babysitting avec charge pour moi de te le donner vu que j'ai dit que tu dormais dans ta chambre et que tu voulais pas être dérangée parce que tu étais crevée. Je te donnerai rien.

-C'est de bonne guerre, Winter.

Je voulais voir sa réaction et elle ne tarda pas. Il darda sur moi un regard furieux.

-Ne. M'appelle. Pas. Comme. Ça.

-C'était une blague, Brian. Je croyais que toi et moi on s'était arrangé.

-C'était sûrement avant que je me rende compte que tu étais indécrottable. On se voit tout à l'heure Paul.

Il sortit de la voiture et les deux autres me regardèrent.

-Winter ?

-Laisse tomber Paul.

Je sortis à mon tour de la voiture et je tombai nez à nez avec Chris qui détourna le regard et passa son chemin. Derrière elle se trouvait Tara et cette dernière parlait vivement avec Brian. Elle secoua la tête et leva les yeux au ciel.

-Elle est grande, elle sait ce qu'elle fait !!

-Oh vraiment ?

Je m'approchai d'eux et Brian souffla avant de partir en sens inverse. Je n'étais pas idiote, j'avais bien vu le signal de Brian me demandant de rentrer à la maison hier. Il ne voulait pas que je traine avec Wyatt. Il ne l'aimait pas tant que ça, alors que mon mec était content de l'avoir revu. Je devais en apprendre plus sur cette histoire, même si dans le fond, je savais que je prendrais toujours le parti de Brian sur Wyatt. Paul m'avait fait réfléchir quand il avait avoué n'avoir pas su concilier famille et vie sociale. Ma famille passerait toujours avant le reste. Toujours. Et Brian était ma famille. Je devais lui dire et lui faire comprendre que Wyatt était juste de passage dans ma vie et dans mon lit, que j'adorais Emmy la rebelle mais que Sarah la sage était toujours présente et le serait toujours.

Je fus surprise de voir tout le monde se diriger vers l'amphithéâtre. Je tournai les yeux vers Sophie et cette dernière me regarda avec inquiétude.

-Tu as oublié ? On a une intervention ce matin ? Encore le truc sur les accidents de la route...

Accident de la route. Je m'assis en bout de rang et je regardai avec effroi et colère envers moi-même le film qu'ils avaient préparé et les intervenants, les survivants. L'une était guère plus âgée que nous, elle était en fauteuil. Elle avait des cheveux châtains... comme la fille d'hier. C'était long en plus de ça. Désespérément long. Je n'en pouvais plus, je commençai à suffoquer. Je regardai autour de moi et je vis la porte pas loin. Je pris mes affaires et je sortis du gymnase.

-Mademoiselle McAllister, cette réunion est obli... Vous vous sentez bien ?

-Une minute s'il-vous-plaît Madame Coriscova.

Il y avait du sang, du sang sur mes mains, sur le volant, sur le tableau de bord. Il y en avait sur mes vêtements aussi. Pourquoi je voyais encore le sang ? Je pouvais sentir la présence de Paul n'importe où. Je me retournai pour le prendre dans mes bras.

-Sa mère est décédée dans un accident de voiture, expliqua fermement Paul. C'est peut-être trop pour elle. On revient dans une minute, madame.

Je me laissai tomber sur le sol.

-Ça finit dans cinq minutes, après tu files voir ton père, compris ? Et tu lui avoues tout. Je sais pas quoi te dire pour que tu ailles mieux, mais lui le peut.

Mon téléphone sonna, c'était encore Wyatt. Je l'ignorai et je suivis le conseil de Paul. Je lui empruntai sa voiture et je filai me confier à mon père, le seul vraiment en mesure de m'aider.

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