La descente...
❉🎶 ❉
-Papa ? Je peux te parler ?
Je le trouvai facilement à la cafétéria du l'hôpital. Il parlait avec ma psy et je m'étais laissée tomber sur la chaise en formica.
-Sarah, tout va bien ?
-Non. C'est la merde. Je dois t'avouer un truc...
-Tu es enceinte ?
-Non Papa. J'étais pas à la maison hier soir. J'ai pas du tout passé la nuit dans mon lit. Je suis même pas rentrée à la maison après le lycée.
-Tu es sûrement la seule fille de la planète qui avoue à son père qu'elle a fait le mur alors qu'il ne s'en était même pas rendu compte, constata mon père calmement.
-C'est pas ça qui est merdique, Papa. J'étais avec.. un de mes amis, on est partis à Santa Monica et sur la route... On était en moto, il conduisait et on a pas vu la voiture qui arrivait en face et elle a foncé droit dans un arbre près d'un fossé pour nous éviter.
Mon père se redressa tout comme sa collègue.
-Ne me dis pas que vous avez fui, Sarah, gronda mon père.
-Je n'ai pas fui Papa. Je te le jure.
C'était la vérité et je vis du soulagement dans ses yeux. Je lui racontai en détail ce qu'il s'était passé et que ça n'arrivait pas à sortir de ma tête et que je ne savais pas quoi faire. Je fixai aussi ma psy.
-On va aller voir comment elle va déjà, répondit mon père.
Il avait besoin de réfléchir, je m'en doutais bien. Le Dr Cooper me prit à part un instant alors que nous marchions dans les couloirs.
-J'espère que tu as remarqué...
-Remarqué quoi ?
-Que contrairement à l'an dernier, tu as préféré en parler plutôt que de garder ça pour toi. Tu es sur la bonne voie Sarah.
Je secouai la tête et mon père s'arrêta au standard avant de faire un grand sourire à l'infirmière et d'attraper le dossier. Il garda un air serein pendant qu'il lisait mais je le connaissais. Plus il paraissait calme, plus il était bouillant à l'intérieur. Il était comme tous les McAllister. C'était quand on ne disait rien qu'il fallait s'inquiéter le plus. Il interpella un interne et lui demanda d'aller chercher son titulaire qui apparemment c'était occupé du cas tout en me faisant signe de le suivre. Le Dr Cooper était repartie. J'attendis à la porte de la chambre alors que mon père regardait le dossier près du lit.
-Salut Mini-McAllister, qu'est-ce que tu fais là ?
-Je l'ai sortie de sa voiture et je lui ai fait un massage cardiaque, je voulais voir comment elle allait.
-Tu peux entrer tu sais.
Je le suivis et il serra la main de mon père. Je les entendais parler de fractures avec des termes techniques et du fait qu'elle n'avait pas encore repris connaissance. Mais je ne voyais que sa jeunesse effarante. Elle ne devait pas être guère plus âgée que la copine de Keito.
-Et son bébé ? demandai-je d'une voix faible. Elle est enceinte...
Je vis mon père secouer la tête et je crus que j'allais faire un malaise. Mon père m'attira contre un fauteuil mais je ne pouvais pas quitter des yeux sa main inerte. Jusqu'à ce que je vois un mouvement.
-Elle a bougé.
Mon père avait disparu et le Dr McAllister venait de faire son apparition. Il se retourna avec son collègue et je la vis battre des cils. Mon père me fit signe de sortir de la chambre. Elle avait perdu son bébé. C'était de ma faute. Je glissai contre le mur. Non. C'était de la faute de Wyatt. Pourquoi diable faisait-il des choses pareilles ? Je secouai la tête. C'était notre faute à tous les deux. J'aurais dû le retenir. Il me rappela et je répondis.
-Putain Em' ! Tu répondais pas ! J'ai cru.. je m'inquiétais.
-Je suis à l'hôpital. Je devais voir comment elle allait.
-Tu t'es bien comportée hier, tu le sais. Je voulais te dire...
-Écoute, y'a mon père pas loin, je te rappelle.
Je raccrochai et je tendis la main quand ils abordèrent le thème du bébé, mais je n'entendis pas de pleurs ou de question.
-Vous savez...
Sa voix était affreusement jeune et fatiguée.
-Il était anencéphale. Je le savais et j'avais décidé de pousser la grossesse au maximum pour que ses petits organes puissent servir à des bébés qui pourraient survivre eux. Je m'étais faite à l'idée de le perdre. C'est juste... plus tôt que prévu.
-Vous vous souvenez de ce qu'il s'est passé ?
-Oui. Je me souviens.
Je cessai de respirer. Wyatt allait finir en taule. C'était évident. Je n'étais pas certaine qu'on puisse échapper à la prison avec des traces de coke, de marijuana et d'alcool dans le sang.
-J'ai conduit quasi non stop à travers les États-Unis ces derniers jours, murmura-t-elle d'une voix cependant intelligible. J'étais fatiguée... j'avais fait tomber le petit porte-bonheur que j'ai toujours dans ma voiture. C'est ironique pas vrai ? Il n'y avait personne sur la route et j'ai eu la connerie de me baisser pour le ramasser, il avait glissé sous ma pédale de frein... Quand je me suis relevée, j'ai vu qu'il y avait une moto en face de moi, que j'étais en milieu de route. Je me souviens avoir donné un coup de volant et, je ne sais plus.
J'étais en milieu de route.. Je lui envoyai un message pour le dire à Wyatt. Il était du bon côté de la route, lui. Je ne savais pas si j'étais soulagée ou pas.
-Vous savez si j'ai blessé quelqu'un ? demanda-t-elle avec angoisse.
-Non, répondis-je en me levant et en entrant. Non, vous n'avez blessé personne. On a cru que c'était nous qui vous avions blessé et votre bébé...
Elle tourna ses grands yeux bleus vers moi et je fus choquée par la bonté dans ses yeux mêlée à une pointe de résignation. Elle était jeune mais je voyais qu'elle avait vécu des choses atroces dans sa vie. Elle me tendit la main pour que la saisisse.
-Et vous êtes revenue ?
-Mon père m'a toujours appris à assumer mes actes. Je l'ai pas fait souvent dans ma vie, mais... je suis presqu'une adulte maintenant. Il est temps que j'assume.
-Ton père doit être fier de toi, souffla-t-elle. Tout le monde ne l'aurait pas fait. Je suis pas sûre que je l'aurais fait moi-même.
Elle tourna les yeux vers mon père et son collègue.
-Je présume que c'est vous, son père. Vous vous ressemblez. Tu t'appelles comment ?
-Sarah. Sarah McAllister.
-Kylie. Kylie Mathison.
-Kylie ? s'étonna le collègue de mon père. Je pensais que vous vous appeliez Ann...
-Oui, l'interrompit-elle. C'est mon nom officiel, mais tout le monde m'appelle Kylie depuis l'enfance.
-Sarah... tu peux nous laisser une minute ?
Je secouai la tête et je filai dans les escaliers. J'appelai Paul. Il était avec Sophie et je lui racontai absolument tout.
-Et il est où Wyatt là ? fulmina ma meilleure amie.
-Il travaille, je suppose, pourquoi tu utilises ce ton ?
-Il était sous influence pas vrai ? C'est pour ça qu'il a pas eu les couilles de tout avouer à la police ?
-Sophie ! Il n'était pas responsable d'accord, elle a admis que...
-Et alors, Sarah ! Sur le coup, il pensait que c'était lui et son réflexe a été de fuir et sauf preuve du contraire, c'est toi qui es à l'hôpital à ce moment précis. Pas lui. C'est un lâche.
-Arrête, je ne te permets de le juger.
-Je vais me permettre pourtant.
-Tu le connais pas comme moi je le connais, alors stop. Tu sais pas ce qu'il a traversé dans sa vie.
-Tout ce que je sais c'est que depuis que tu le connais et que tu couches avec, tu fais la fête toutes les nuits, tu bois et tu fumes du chichon.
-J'ai pas appelé Paul pour me faire engueuler, juste pour le prévenir de la situation. Si tu es pas contente, c'est pareil, c'était pas à toi que je voulais parler à la base. Tu n'es capable que de ça de toute façon. Tout le temps me reprocher mon comportement comme si j'étais la pire des filles de la planète. Et là tu vas encore dire que je fais ma victime pas vrai ?
-Bravo, le shit n'a pas grillé tous tes neurones, c'est bien.
-Et bien ce n'est pas le cas, Sophie Harper. J'assume parfaitement tout ce que je fais. Mais ce que je ne cautionne pas c'est qu'on me juge.. non pardon, que toi tu me juges comme si tu étais meilleure que moi. Que ma famille aînée me juge, pourquoi pas. Mais toi ? Tu te prends pour qui ? La sacro-sainte gardienne de la moralité adolescente ?
-Tu deviens méprisante quand on te met le nez devant tes propres erreurs Sarah. C'est une très mauvaise habitude que tu as prise et que personne n'a corrigé au fil des années. Sauf qu'il faut que tu grandisses.
-Alors laisse-moi le faire Sophie. À mon rythme et comme j'en ai envie. Et si pour ça, je dois faire toute sorte de conneries, laisse-moi.
-Je te reconnais plus.
-Peut-être que tu ne me connais juste pas.
-Ou tout simplement, je sais que tu n'es pas « Em » mais Sarah McAllister et que tu es sous l'influence de ce mec. Il te dirait de sauter d'un pont, je suis sûre que tu le ferais.
-Arrête de dire n'importe quoi, tu m'agaces. On se voit en cours.
-Si jamais tu reviens et que tu décides de ne pas faire l'école buissonnière, ironisa Sophie. J'en suis pas si sûre.
-Ton avis n'intéresse personne, en tout cas pas moi. Parce que si je commence à t'écouter, tu vas me dire de ne plus sortir avec Wyatt, je le sais. Et c'est pas à toi de décider. Bye.
Je raccrochai. Je ne voulais pas écouter Sophie alors qu'au fond de moi, je savais qu'elle avait raison. Mais il était hors de question qu'elle juge Wyatt sur l'heure qu'elle avait passé avec lui. Elle ne le connaissait. Elle ne connaissait pas sa gentillesse, son rire, sa beauté intérieure. Sophie était en train de dépeindre un monstre qui se servait de moi, c'était ce qui découlait de ses paroles. Elle ne voyait pas l'enfant en lui qui avait juste besoin d'un coup de pouce, mais moi je le voyais. Je ne pouvais pas le laisser. On aurait pu croire qu'il était ma bonne action de l'année mais c'était faux. Il m'avait sauvée, plusieurs fois et je lui en étais infiniment reconnaissante. Je lui devais de l'affection. C'était la seule manière pour moi de racheter ma faute. Celle d'être moi et de toujours me retrouver dans des situations rocambolesques. Aider les autres autant qu'ils m'aidaient moi, même si ça devait me détruire. C'était ma rédemption et personne ne voulait passer à côté de son salut.
J'avais compris ça cette semaine alors que j'étais au bord de la plage dans une fête où il m'avait emmené. J'avais un verre de whisky de mauvaise qualité mélangé à du soda à la main et la fumée sortait de ma bouche. J'étais dans un des sweats de Wyatt à fixer l'immensité de l'eau devant moi. J'étais en paix avec mon conscient, mon sub-conscient et toutes ces conneries. J'avais vu très clair en moi, même si j'avais été fortement aidée par quelques grammes de cannabis. J'étais une sale gosse de riche qui attendait toujours qu'on lui pardonne pour faire semblant d'avancer mais qui dans le fond n'avançait pas. Je ne savais pas comment faire pour avancer. J'avais l'impression d'avoir parcouru un peu de chemin depuis l'an dernier, mais je m'étais retrouvée dans le fossé de mes travers encore une fois. Je pouvais être mauvaise, entêtée et conne. C'était une certitude, mais j'avais la sensation qu'on ne m'écoutait pas autrement quand j'étais la gentille Sarah qui acquiesçait et était polie avec tout le monde... personne n'entendait ma voix quand j'ouvrais la bouche.
Ma véritable voix.
Cette voix qui exprimait à quel point j'étais paumée dans ce monde, à quel point j'avais peur de perdre encore un membre de ma famille, à quel point j'étais effrayée à l'idée de quitter la maison pour aller à la fac l'année prochaine, à quel point la pression d'être une McAllister et de devoir « réussir » dans la vie était lourde. Ma véritable voix... celle qui n'était pas guérie des brimades qu'elle avait subi mais qui faisait semblant que tout allait bien. Faire semblant. J'étais devenue une experte dans l'art de dissimuler la vraie moi, je l'étais tellement que je ne savais plus qui j'étais. Avais-je déjà été moi une seule fois ces dernières semaines, ces derniers mois, ces dernières années ? Quand avais-je été moi la dernière fois ? J'avais peine à m'en souvenir. J'avais été la Sarah qu'on voulait que je sois, pas celle que j'étais... ou alors... mon moi le plus profond avait-elle été forgé par ma famille ? Étions-nous seulement ça ? La somme de notre éducation sans rien d'autres ? Je ne pouvais pas m'y résoudre.
C'était sûrement pour ça que j'aimais autant mon alter ego, Em'. Elle, je l'avais choisie et elle me permettait d'explorer le monde sous un angle différent de celui qu'on m'avait toujours montré. Je ne pouvais pas être Emeraude à tout jamais, mais elle m'avait appris beaucoup en si peu de temps. Em m'avait appris qu'il ne fallait jamais rien prendre pour acquis et vivre l'instant présent. Elle m'avait appris à rire de tout et elle m'avait appris que je n'avais pas besoin de Sophie, de Brian ou de quelqu'un de ma famille pour m'amuser ou pour plaire. Elle m'avait appris la folie là où tout le monde voulait que je sois sage. Elle m'avait montré que j'étais pas si nulle que ça pour m'amuser moi qui avais toujours un gros complexe d'infériorité. Elle m'avait appris que parfois faire des gaffes c'était pas bien grave. Avec Em' je n'étais plus la fille chérie de mon Papa, celle qui pouvait claquer des doigts, bouder et faire la misère aux autres pour que finalement, on lui accorde tout, on lui pardonne tout. Em n'était pas comme ça. Elle, elle venait de se construire. Elle n'avait personne pour lui sauver la mise. Si elle tombait, elle n'avait que ses bras pour se relever. Le monde, elle devait le conquérir, il ne lui était pas offert.
Je m'étais rendue compte grâce à mon alter ego que j'en avais assez de cette vie quotidienne, un peu trop fade. Tout me tombait dans le bec. Je n'avais pas à me battre pour avoir ce que j'avais. Je voulais plus, tellement plus. Je voulais devenir une bâtisseuse. Je voulais soulever des montages, partir à la conquête de ma propre existence. Je voulais qu'on se souvienne de moi dans la famille McAllister comme Sarah, la Conquérante, celle qui avait fait de son existence une chose extraordinaire. Mais pour autant, j'avais conscience que je ne pouvais pas changer ma nature. Je ne voulais pas écraser les autres. Je l'avais fait avec Chris et ses copines pourtant et je n'en avais pas tiré la satisfaction que j'aurais pu avoir. J'avais ressenti de la pitié là où j'aurais dû avoir de la joie. Je savais désormais d'expérience qu'on ne pouvait pas se réjouir du malheur des autres, pas de manière permanente en tout cas... et moi je voulais atteindre un état de plénitude pratiquement inaltérable que j'avais quand j'étais Em. Je devais trouver un moyen de le transférer chez Sarah, sans substance illicite. Je m'étais découvert un côté aventurière et je voulais l'exploiter.
Depuis l'année dernière, je savais avec certitude quel métier je voulais tenter. J'avais commencé à rêver d'une vie où il y aurait deux docteurs McAllister. Je savais que je ne pourrais pas faire un métier où je n'aurais pas à me soucier des autres et de leur bien-être. Le bonheur des autres passaient avant mon propre bonheur. C'était sûrement mon plus grand problème. Je savais qu'à terme, je ne pourrais pas gérer. Chaque remarque que mon entourage me faisait à tort ou à raison d'ailleurs, montrait leur déception et je le prenais à chaque fois très à cœur, trop à cœur même. Pour ne pas leur montrer mon émotivité, je devenais condescendante et ils ne retenaient que ça.
Ils ne voyaient pas la douleur derrière l'orgueil, la souffrance et le manque d'estime de soi derrière l'insulte. Leurs déceptions entraient dans une salle mentale et rebondissaient contre les murs pour me frapper dès que la nuit venait ou que je me laissai un peu aller. Je devais trouver un moyen de d'ouvrir une bouche d'aération pour que cette déception coule de moi. Mais pour ça, je devais dénicher les bons outils. Je savais que je les trouverais, que je les créerais même, il me fallait juste un peu de temps. Un temps où personne ne viendrait me dire que j'avais un comportement de merde parce que je faisais des erreurs dont j'avais parfaitement conscience. Je savais que fumer du shit était une bévue, tout comme faire la fête toute la nuit et revenir le matin en cours sans avoir conscience de ce que je faisais. Je savais que j'allais avoir des trous noirs sur ma vie. Mais je revendiquai le droit de me planter, d'essayer, de me faire mes propres expériences de vie.
Mon père, ses amis, mes oncles... ils avaient tous pu faire leurs propres erreurs. J'en apprenais régulièrement et leurs expériences m'étaient utiles, je ne pouvais le nier, mais on leur avait donné la possibilité de le faire. Ils avaient bu, ils avaient baisé, ils avaient sûrement testé certaines drogues. Ils avaient appris à devenir des gens biens, là où ils voulaient désormais que je sois parfaite de manière innée. J'étais consciente de mes propres limites. Je ne pouvais pas faire le bonheur de Brian et de Wyatt en même temps. Je ne pouvais pas faire le bonheur de Sophie et être Emeraude en même temps. Ça me déchirait. J'étais embrouillée comme c'était pas possible, mais ça j'en étais certaine. Je voulais apprendre de mes propres erreurs et pas de celles des autres. Je ne progressais pas vite, c'était le moins qu'on pouvait dire, mais chaque coup que je me prenais me rendait plus forte, chaque course, plus endurante et chaque marque d'affection que je recevais en retour remplissait ma jauge de bonheur...
Cette année était ma dernière année de lycée, ma dernière en tant qu'enfant. J'avais quelques mois pour tester mes limites. Une fois adulte, ce serait beaucoup plus difficile. J'avais toute ma vie pour être sérieuse et une femme « bien ». Je pouvais m'octroyer un entracte dans le spectacle de ma vie, une pause dont j'aurais honte de parler à mes enfants mais qui nous feront rire Brian, Paul, Sophie et moi. Je nous voyais déjà, cocktail à la main dans le Penthouse de New York, nos enfants dans le parc, en train de nous remémorer Emmy la rebelle. J'en aurais besoin quand ma vie serait devenue morne et triste et que j'aurais besoin de me raccrocher à un souvenir d'une vie où plus rien n'avait d'importance. Je m'en rappellerai avec un sourire non feint quand j'aurais l'âge de Grand-Mère Amélia. Ce serait quelques minutes de répit à l'échelle de ma vie. Était-ce trop demandé ?
-Sarah ? Qu'est-ce que tu fais encore là ?
Mon père me trouva à la fin de mes cours de la journée devant la chambre de la Kylie Mathison. J'avais un bouquet de fleurs en main. J'avais échappé à l'interrogatoire de Sophie pour venir là.
-Je voulais lui déposer ça.
-C'est gentil de ta part. Elle n'a pas de famille en plus. Ça lui fera du bien de voir que quelqu'un pense à elle.
-Elle n'a pas de famille ?
-Non. Je finis dans une heure, si tu veux, on rentre ensemble ? J'étais venu en covoit' avec un collègue.
-Avec plaisir.
Je rentrai dans la chambre après avoir frappé. Elle dormait et ça m'allait. Je pris un vase, me rendit dans la petite salle d'eau pour le remplir et quand je revins, elle avait les yeux ouverts.
-Salut !
-Salut ! Tu vas mieux ?
-J'ai encore mal au crâne et je me sens engourdie. Je vais partir demain.
-Aussi près de ton accident ? C'est pas un peu dangereux ?
-Peut-être oui, mais j'ai pas d'assurance et je pense que l'argent que j'ai va payer les jours que j'ai passé ici et encore, je pense que je vais devoir trouver un boulot vite fait de ce côté du pays.
-C'est quoi ton métier sans être indiscrète ?
-J'en ai pas vraiment je viens de finir l'université. Je sais que j'en ai pas l'air mais j'ai 22 ans hein. Et puis je suis douée de mes mains. Je fais des tableaux et j'en ai vendu déjà dans une galerie à New York.
-Tu es New Yorkaise ?
-Une pure et dure enfin... une d'adoption mais quand on va dans une ville vers 3 mois, on peut considérer qu'on en fait partie non ?
-Oui, je crois, souris-je.
-Je suis née en Californie. À Pasadena.
-Et tu es revenue sur la trace de tes origines en laissant ta mère derrière toi.
-Oui, c'est l'idée, répondit-elle avec une dose de tristesse. Sauf que là, où elle est, elle ne reviendra jamais. C'est tout.
-Toutes mes condoléances.
-Ce n'est pas grave. Ça fait 14 ans, tu sais.
-Ma mère aussi est décédée quand j'étais petite. Est-ce qu'on s'y fait un jour ? demandai-je en m'asseyant sur son lit.
-Oui. Enfin... on fait avec. Tu veux la voir ? Elle est dans mon sac.
Je lui tendis et elle prit une photo. Sa mère était jeune dessus. Elle était magnifique même. Elle avait le même sourire que sa mère.
-Elle a l'air tellement gentille.
-Elle l'était.
Une infirmière arriva avec ses médicaments et je la laissai se reposer. Je me mis à traîner dans l'hôpital et mon père me rejoignit. J'eus la surprise de trouver Sophie chez moi en revenant.
-Tu comptes me faire la tête encore longtemps ? souffla-t-elle.
-Ça dépend, tu as l'intention de te comporter comme une pétasse longtemps ?
-Aussi longtemps qu'il le faudra pour que tu comprennes que je me fais du soucis.
-Dans ce cas, rentre chez toi Sophie Harper. Je...
On sonna à la porte et je partis ouvrir. C'était Wyatt. Chez moi. Je le poussai et je me décalai.
-Qu'est-ce que tu fais là ?
-Tu ne m'as pas répondu Emeraude.
-J'étais en cours. Tu sais le truc que tu as abandonné ?!
-Viens chez moi ce soir.
-Je ne peux pas. Mon père sait que je n'étais pas là et je... non pas ce soir.
-Cette nuit alors. Je t'en supplie. J'ai besoin de toi pour aller mieux. Ne me laisse pas. Tu m'as promis que tu étais à moi. J'ai pas réussi à penser à autre chose qu'à toi.
-Okay, soupirai-je. Attends-moi ici aux environs d'une heure du matin, on ira faire un tour, mais tu me ramèneras après.
-Promis. Merci, bellissima.
Il m'embrassa et retourna à sa voiture qu'il démarra. En me retournant, je vis Sophie. Elle était fâchée contre moi, encore une fois.
-Vous voulez tuer quelqu'un cette fois ?
-Occupe-toi de ton cul Sophie. Je t'ai rien demandé.
-Tu as raison, tu m'as rien demandé. En fait j'étais venue ici pour te dire que mon frère avait des nouvelles de Chuck. Mais tu sais quoi ? Tu n'as qu'à l'appeler, il t'en donnera lui-même. Du moins, s'il accepte de te parler et j'ai cru comprendre que c'était pas trop le cas.
Elle passa à côté de moi sans rien dire.
-Attends tu te fous de moi ?
-Et toi ? Tu ne te fous pas constamment de moi ?
Elle marchait vers sa voiture quand je sentis la colère me prendre. Je lui sautais dessus et nous nous éclatâmes sur l'herbe près de l'allée. Nous commençâmes à nous battre quand Brian nous sépara en me soulevant comme un malpropre.
-Lâche-moi ! Et toi, Harper. Je ne veux plus jamais te revoir chez moi. Prends tes cliques, ton air de princesse mal baisée et ta bien-pensance cruelle et tu fous le camp.
Je me dégageai des bras de Brian et je filai dans ma chambre pour appeler Chuck. Je m'enfermai et je tombai sur son répondeur.
-Chuck, sanglotai-je. Je t'en supplie. Réponds-moi. J'ai besoin de t'entendre, de savoir que tu vas bien. J'ai besoin de toi. Réponds-moi.
Je lançai mon téléphone et il atterrit sur mon fauteuil. J'essuyai mes larmes avec rage. Sophie avait été aussi mauvaise que je l'avais été avec elle. J'eus l'impression de suffoquer. Je devais partir. Partir. J'étais encore en uniforme. Je devais aller la voir. Mon père m'arrêta en bas des escaliers
-Je peux savoir ce qui se passe ?
-Laisse-moi.
-Non. Je ne te laisserai pas partir ainsi, me répondit-il fermement.
-Papa, sans vouloir te manquer de respect, tu aurais dû commencer à faire preuve d'autorité sur moi quand j'étais petite, maintenant, c'est juste trop tard. Laisse-moi passer.
-Non. J'ai toujours fait preuve d'autorité, mais je pense qu'une piqûre de rappel te sera utile.
Je voyais dans son regard que je n'allais pas pouvoir partir de suite et je lui fis la misère durant le repas du soir. Je ne pipai mot et je refusai de manger. Mon assiette resta vide.
-Autant te le dire, tu ne sortiras pas de table sans avoir mangé, Sarah.
L'heure du repas passa mais mon père ne flanchait pas. Il resta à côté de moi et me fixa. J'attrapai un fruit, je croquai dedans et je me levais.
-J'ai respecté la règle.
Je montai dans ma chambre en claquant la porte. Je sortis mes affaires de cours de mon sac et je vis un petit sachet d'herbe. J'avais dû le faire tomber avec mes affaires. J'avais un paquet d'Oreo dans ma chambre et j'en ouvris pour mettre un peu d'herbe dedans. Je savais ce qui se passerait si je devais l'ingérer. Le cannabis aurait beaucoup plus de puissance et d'intensité. J'allais planer et pendant longtemps. J'allais oublier pendant plus longtemps... Je devais cacher le sachet à un endroit où personne n'irait le chercher. Je vis ma boîte à bijoux et je le fourrai à l'intérieur. Non. C'était beaucoup trop évident, jusqu'à ce que je vois le livre de Brian, celui qu'il m'avait prêté. je pris un peu de scotch et je le plaçai sur la couverture à l'intérieur du livre. Je m'installai sur mon lit et je me mis à lire au moment où mon père arriva vers moi. Il ne devait pas me regarder droit dans les yeux sinon, il allait voir que quelque chose clochait. Je pris le parti de regarder mon livre.
-Sarah.
-Je suis fatiguée, j'aimerai dormir.
-Je peux savoir ce que tout ça veut dire ?
-Non.
-Sarah, tu ne peux pas constamment faire un pas en avant trois pas en arrière, tu comprends ?
-Sophie a des nouvelles de Chuck et refuse de me les donner tout ça parce que... je ne sais même pas pourquoi, C'est une salope. Je ne veux plus la voir. Enfin j'aurais été disposée à le faire d'ordinaire mais tu m'en as empêché. C'est un mal pour un bien. J'ai pas d'excuses à lui présenter à cette pouffe
-Exaspérante, tu es.
-Je ne suis pas Yoda Papa et toi non plus. J'aimerai lire en paix, s'il-te-plaît. J'irai m'expliquer demain avec Sophie, ajoutai-je. Si tu me laisses sortir du moins.
-Je n'apprécie pas ce petit ton avec moi jeune fille. Oh d'ailleurs, j'espère que tu as compris que tu étais privée de sortie jusqu'à nouvel ordre.
-Parce que j'ai arraché les cheveux d'une blonde ?
-Non. Parce que tu es sortie sans mon autorisation hier soir. Tu pensais que le sauvetage allait te sauver la mise ?
-Pour être honnête, oui.
-Tu te trompais. Mary et moi sommes d'accord sur ce sujet, tu..
-Mary et toi. Je comprends mieux ce regain d'autorité sévère. Hey Mary ! l'interpellai-je alors qu'elle passait sa tête dans ma chambre.La prochaine fois que tu veux me punir, ne passe pas par un intermédiaire... ou en tout cas, passe par un intermédiaire plus crédible.
Ma belle-mère déposa la tasse qu'elle m'avait apporté sur ma table de nuit et posa ses mains sur ses hanches.
-Je n'ai jamais eu besoin d'intermédiaire. Je ne sais pas ce que tu as ma chérie, mais ton comportement est anormal.
-Je me suis prise la tête avec Sophie et Papa refuse de me laisser ruminer en paix. Voilà mon problème. Je peux finir mon chapitre ou...
Ils se regardèrent et Mary prit la main de mon père. Je savais qu'ils allaient parler de moi et de mon comportement. Je souris. Je commençais à sentir les effets du shit, il était temps qu'ils partent. Je pris mes écouteurs, je me mis la musique à fond et je me mis à danser sur mon lit en culotte, les yeux fermés. J'étais toute excitée. C'était le pied intégral. Quand je rouvris les yeux, je sus ce que je devais faire. Je courus dans la chambre de Brian et je sautai sur son lit en riant.
-Qu'est-ce que tu fais putain !
Il était debout derrière moi en train de choisir un livre dans sa bibliothèque.
-Danse avec moi.
-Non.
-Alllllez !!! Danse avec moi.
-Non, Sarah. J'ai envie de dormir.
-Danse. Avec. Moi.
-Non.
-S'il-te-plait ?
-Toujours pas.
-S'il-te-plaît Brian ?
-Non.
Je me levai, je pris son baladeur et je laissai la musique envahir la chambre. Je me mis à danser debout sur son lit. Il me regardait comme si j'étais une grande malade.
-Sarah, descends de mon lit.
-Fais moi descendre pour voir.
Il m'attrapa par les jambes et je me mis à rire quand je retombais sur son matelas. J'enroulais mes jambes autour de lui et je souris.
-Tu te crois drôle ?
-J'adore voir ta tête exaspérée. Je trouve que ton air dédaigneux est un poil sexy et tu sais quoi Brian Miller ?
Je l'attrapai par les épaules pour me redresser. Sa main se positionna derrière moi afin que je ne tombe pas et je m'approchai de son oreille.
-Je préfère les mecs sexy.
-Et moi je préfère les rousses, alors dégage maintenant.
-Je suis sûre que tu préfères les Sarah McAllister mais que tu ne veux pas te l'avouer. Tu sais, nous autres, les Sarah McAllister, on est gentille, un peu chiante, mais plutôt... attachiante tu vois ? Une fois qu'on goûte on ne peut plus s'en passer. Un peu comme le sexe si tu vois ce que je veux dire, bien évidemment.
Il me lâcha mais je restai contre lui, en me servant de mes jambes pour me tenir.
-Tu débloques. Tu pourrais descendre ?
-Tu veux bien me faire un câlin avant que j'y aille ?
Je posai mes jambes au sol et je fermai les yeux un instant. Il y avait toujours de la musique et je me balançai d'avant en arrière.
-Je te l'avais dit que tu danserais avec moi, murmurai-je.
Je le poussai et je partis de sa chambre. Je m'arrêtai sur le chambranle.
-Brian. Si jamais il m'arrivait quelque chose, sache que j'ai envoyé un testament olographe chez le notaire de mon père. Je me suis dit que c'était plus simple comme ça. Je l'ai écrit et je l'ai fait signer par mes oncles en douce pour qu'il soit valable. Tu es dedans.
Je refermai la porte et je me rendis dans la cuisine pour prendre de quoi manger. J'avais faim. J'y trouvais mon père devant un verre, son téléphone sur l'oreille.
-Je sais Elijah. Mais n'essaye pas de me faire croire que tu n'as jamais couché avec une personne plus jeune que toi... Oui. 5 mois à peu près. Oui.
Mon père me fixa, son air était très sérieux. Je baissai les yeux et je pris mon repas du soir dans un tupperware pour le faire réchauffer. Il était toujours au téléphone.
-Tu ne manges pas dans ta cham...
Je ne l'écoutai pas et je montai pour dîner devant une série. Je m'endormis et je fus réveillée aux alentours de minuit et demi par Wyatt. J'avais une couverture sur moi et mon repas avait disparu. C'était sûrement mon père qui m'avait recouverte. J'avais pas été cool avec lui. Il fallait que je lui présente mes excuses.
-Quoi ?
-Vamos à la playaaaaa.
-Pardon ?
Il continuait de chantonner dans le téléphone. Ça me faisait rire.
-Tu sais ce que ça veut dire ? Toi et moi, on part en week-end.
-Quoi ?
-Prépare des fringues, habillées, peu habillées. Et un maillot de bain. Oui, il te faut un maillot.
Il était excité comme une puce.
-On est en novembre, on va se les geler.
-C'est pas pour la mer, c'est pour la pissssciiinnne. Allez, Em'. Viens avec moi. On va bien rigoler. Je sais que ton père sera furieux, mais tu sais quoi ? Au moins, tu auras vécu !
Vivre. Faire mes propres expériences de vie. C'était ce que je voulais.
-Des affaires habillées et décontract' ? Ça peut se trouver.
Il éclata de joie et je raccrochai le temps de faire mes bagages. Wyatt arriva une quinzaine de minutes plus tard et je lui lançai mon sac par la fenêtre. Je faillis attraper mon téléphone mais je le laissai sur mon fauteuil. Une journée sans technologie n'allait pas me tuer. Il me rattrapa dans ses bras et il me porta jusqu'à sa voiture. J'étais hilare.
-Alors ? On fait quoi ?
-On vit.
Il m'embrassa et démarra rapidement. Il mit de la musique et tapa sur son volant pendant que je chantais. Je lui racontai ce que j'avais appris de la femme de la veille au soir. Il écoutait et il se mit à sourire. Il se tourna vers moi alors que nous étions à un feu rouge et il caressa ma joue très doucement.
-Décidément, tu es faite pour qu'on se confie à toi.
Il reprit le volant et nous nous rendîmes dans un appartement sur le front de mer. Il me demanda de l'aider à décharger sa voiture. Il avait des pack de bières et une caisse remplie de bouteilles. C'était assez lourd mais quand son ami ouvrit la porte, il y eut des éclats de joie. Il faisait chaud à l'intérieur et je me sentis un peu... jeune. Ils étaient tous plus âgés que moi. Je glissai ma main dans celle de Wyatt. Il me présenta à tout le monde et une fois qu'il fut établi que j'étais avec lui, que j'étais encore au lycée, je me sentais mieux.
-Em' est super douée, elle deviendra une personne super plus tard. Plus que maintenant. Vous savez ce qu'elle a fait hier ? Elle a sauvé quelqu'un !
Je rougis alors que je voyais dans les yeux de Wyatt, une fierté incommensurable.
-C'était pas aussi extraordinaire que ça.
-Pas extraordinaire ?
Il raconta avec grands gestes la soirée de la veille, tout en buvant une bière bien fraîche. Chaque histoire avait deux versions. Celle de celui qui la faisait et celle de celui qui l'observait. Je ne m'étais pas vue aussi héroïque, aussi inconsciente, même. C'était de la pure folie de faire ça. Je n'avais pas réfléchi au fait que j'aurais pu être blessée. Je n'avais pensé qu'à la vie de cette personne dont je pensais être responsable de l'accident. Si j'avais fui, je n'aurais pas pu me regarder en face. Si j'avais fui, je n'aurais pas fait connaissance de cette fille au regard pétillant. J'étais une héroïne. J'étais Emma Swann. Em'. J'allais réécrire l'histoire. Le conte de fée aurait une fin encore plus belle et justement, j'en étais au moment de l'histoire où l'héroïne prenait du bon temps avant la tempête.
J'avalais tout ce qu'on me tendait et je dansais, comme si le monde entier était sur le point de s'effondrer.
-Em', on y va.
-Non ! Je veux rester ! Allez ! On reste juste cinq minutes. S'il-te-plaît !
Nous restâmes cinq minutes, pas plus et il m'attrapa par le bras. Je n'étais pas en état de lui refuser quoi que ce soit et il m'emmena sur la plage vers une autre fête.
-Tu connais tout le monde c'est pas possible !
-Pas du tout, mais je propose qu'on squatte.
-J'aime cette idée ! Ou alors, on reste un peu à l'écart et on se roule dans le sable en s'embrassant.
Nous récupérâmes du feu dans la fête pour aller à un autre emplacement dédié et je lui parlais comme j'avais rarement parlé.
-Tu sais Wyatt, je voulais te remercier de me permettre de faire tout ça pour moi, concluais-je. Je sais pas si tu sais, mais je me sens pas toujours moi-même. Parfois... j'ai l'impression d'avoir un masque, un costume et de jouer ma propre vie. Je sais que ça peut paraitre bizarre vu comme ça, mais j'ai vraiment cette impression. Et tu sais Wyatt... ça fait du bien d'être nue. Nue de toute pression, de tout sentiment. D'être juste nue. D'ailleurs...
Je me relevai et je commençai à me déshabiller, entièrement et je me mis à courir vers l'eau. Elle était glacée. Vraiment glacée mais je sautai dedans et je me mis à nager.
-Alors ? Elle est comment ? cria-t-il.
-C'est la banquise !
Il se déshabilla à son tour, jeta ses affaires et plongea directement dans l'eau.
-SALOPERIE DE BORDEL DE CUL ! hurla-t-il avant de rire. On est au Pôle Nord.
-Je t'avais prévenue !!! Viens que je te réchauffe un peu.
Il nagea vers moi et il m'attrapa dans ses bras. J'embrassai son épaule.
-Je suis dégoûté. J'ai une fille nue contre moi. Enfin, je veux dire, une bombasse intersidérale nue et je suis trop frigorifié pour tenter quoi que ce soit.
-Je couche pas sans capote. Comme dirait ma belle-mère, pas de capote, pas de sexe.
-S'il n'y a que ça !
Je gloussai quand il me souleva et qu'il me ramena sur la plage. Il rattrapa ses affaires, me passa son T-shirt et renfila son caleçon. C'était complètement con de faire ça, nous étions trempés. Nous remontâmes la plage en riant et nous retournâmes près du feu. Je n'avais pas remarqué la bouteille qu'il avait emporté de la fête dans l'appartement. J'en avalais une grande goulée et ça me brûla presque l'œsophage. Je lui retendis et il en avala une quantité similaire.
-On va chopper la crève.
-J'ai une idée. Rhabille-toi et suis-moi.
Je le forçai à se lever, je repris une gorgée d'alcool et mes limites s'envolèrent. Nous arrivâmes devant une maison un peu à l'écart. Je passai par dessus le portail et il me suivit jusqu'à la porte d'entrée où je sonnai comme une malade. Au bout de cinq minutes, personne ne m'avait répondu. Ça ne voulait dire qu'une chose. Je pris le téléphone de Wyatt pour faire de la lumière.
-Tu veux entrer par effraction Em ?
-Non !
Je regardai en dessous du nain de jardin. C'était un grand classique et je trouvais une clef. J'ouvris la porte et je jubilai.
-Attends une minute Wyatt. Suis-moi.
Je fis le tour de la maison jusqu'au disjoncteur où j'arrêtai tout le courant.
-Là, on peut entrer.
-Tu as coupé l'électricité Em'.
-Je sais. Je vais vérifier s'il y a d'abord des caméras de surveillance. Je veux pas finir en taule pour violation de propriété privée.
Il n'y en avait aucune, pas même sur les étagères ou cachées dans les vases. Je demandai à Wyatt de remettre l'électricité et je filai dans la première salle de bain pour attraper des serviettes et me sécher. Je l'appelai mais je ne le trouvais pas tout de suite. Il était dans le salon entrain de regarder les photos. Les volets et les rideaux étaient fermés. Personne ne pouvait savoir qu'on était là pour alerter le propriétaire. Mais cette maison sentait le renfermé. Elle n'avait pas dû être ouverte pendant des mois et elle ne le serait pas avant des lustres. Nous retirâmes nos affaires pour les faire sécher près des chauffages de la chambre principale que nous avions allumés.
-Regarde ce que j'ai récupéré tout à l'heure ?
Il sortit de son blouson un sachet avec des cookies et deux morceaux de brownie.
-Oh la vache, t'es un génie, j'ai faim. J'ai mangé en décalage et wow, ce cookie est juste parfait. Croquant, moelleux.
Wyatt avait récupéré des bougies et l'ambiance était romantique. Nous finîmes son paquet de gâteaux et je me sentis plongée dans une douce euphorie. Mes sens étaient exacerbés.
-Space Brownie.
-Je crois aussi, souffla Wyatt, sa bouche s'étirant en un grand sourire. La vie est trop cool.
-La vie est trop cool, répétai-je en ricanant bêtement.
La suite ? Je ne m'en rappelais pas vraiment. Je me souvins avoir enjambé Wyatt et nous avons fait l'amour, ou comme il le dit lui même souvent « baisé comme des sauvages ». Au petit matin, j'avais soif, j'avais la dalle et la sensation de m'être amusée comme jamais. Le soleil était à peine levé mais nous devions partir avant que le voisinage ne se réveille.
-Alors ? Quel est le programme du week-end ?
Il passa devant moi pour me tirer et je fus attirée par son sourire un brin moqueur.
-Un seul mot : Fieeeestaaaaaa.
Il se mit à courir vers sa voiture et il démarra une fois que je fus installée. Ce serait une bonne journée, une magnifique journée même.. Je me détachai, je me mis debout et je poussai un cri de joie. J'étais pleine de bonheur et j'espérais que ça allait continuer...
Mais je me trompais.
***
Dans le prochain chapitre, la descente continue... aux enfers.
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