L'affaire du couscous
Brian... je n'en pouvais plus de cet idiot. Non seulement il avait décidé de me faire une blague en retirant les piles de mon réveil, mais en plus de ça, il avait mangé tous les pancakes que j'avais gardé dans une boîte hermétique. J'étais hyper énervée et affamée. Tu n'as qu'à prendre des céréales. C'était ce qu'il m'avait dit. Je n'avais rien mangé du coup et je n'avais pas eu le temps de passer chez Starbucks. Joie. Même Sophie remarqua quelque chose n'allait pas.
-Tu as l'air pas bien Sarah.
-Je vais tuer Brian connard Miller surtout. Il me pourrit la vie sérieusement.
Tara se retourna, elle qui s'était mise juste devant moi.
-Il a fait quoi ?
-Il m'a volé mes pancakes.
Je me tapai la tête sur la table.
-Je vais le taper tout à l'heure si tu veux.
Ça faisait trois jours que nous avions fait sa connaissance et le nombre de fois qu'elle m'avait proposé de frapper Brian était impressionnant. Le pire, c'était que j'étais certaine qu'elle en serait capable.
-Oui, je veux bien, dis-je pour la première fois.
Dans le fond, je voulais savoir si elle était capable de le faire. Notre professeur de littérature arriva et mon cours débuta. Je louchais sur son café posé sur son bureau et je restais coincée dessus pendant quelques minutes. J'en voulais. Je sentais presque le Caramel Macchiato descendre dans mon œsophage. C'était horrible comme sensation.
-Sarah ?
-Pardonnez-moi, je n'écoutais pas. Vous disiez monsieur ?
Mon prof leva le sourcil et répéta sa question sur Tess d'Uberville. Je répondis en rosissant un peu. Je n'aimais pas lui déplaire. Il me demanda de rester à la fin du cours.
-Tout va bien Sarah ?
-Oui monsieur. Je suis désolée, j'étais en retard ce matin et j'ai pas eu le temps de prendre un petit-déjeuner. J'ai genre méga la dalle. Alors si c'est juste pour parler de ça, j'aimerai partir pour courir à la cafet me chercher un pain aux raisins.
-Allez-y. Ce n'était pas si important.
Je le remerciai d'un sourire et je filai à la cafet. Je tombais sur Brian qui se commandait un café au lait. Je lui touchai l'épaule en grillant la queue.
-Vous pouvez rajouter un pain aux raisins ?
-Et si tu faisais la queue comme tout le monde ?
-J'ai pas le temps. Je te rembourserai tout à l'heure. Pense à mon pauvre petit estomac vide Brian.
Il soupira et hocha la tête pour confirmer la commande.
-Rajoutez aussi une tablette de chocolat et un chocolat chaud si possible. Tu sais que ton cours suivant est annulé ? Je viens de recevoir un message d'Alex.
-Oh génial.
Je posai mon front sur son épaule et je pris mon pain aux raisins. Je m'assis auprès de lui sur la table. Il me tendit une des tasses de chocolat chaud et je le remerciai. C'était gentil d'avoir pensé à moi.
-Tu sais hier j'ai repensé à notre petit voyage à Kernville. On devrait se refaire un week-end comme ça juste tous les deux. Je sais que tu l'avais fait pour me faire parler de ce que je ressentais mais... je sais que c'est chelou mais j'ai l'impression qu'on s'entend mieux sans public.
-On verra Sarah. Je ne sais pas si j'ai un week-end de libre avant longtemps. Tu sais qu'à la mi-octobre, on a le fameux week-end camping, on a les vacances et...
-Okay okay, répondis-je un peu sèchement.
-Ce n'est pas un non définitif Sarah. J'ai beaucoup aimé moi aussi de passer un peu de temps seul avec toi. D'ailleurs, à ce propos, je voulais te dire que...
Il fut interrompu par la venue de sa petite amie. Elle posa son sac bruyamment et me fixa avec un sourcil levé. Sauf que je n'allais pas me laisser faire.
-Tu disais ?
-Oui, je voulais parler de... de ce week-end. Je crois que nos parents partent le vendredi soir. Tu pourrais demander à Eric quand il serait okay pour prendre Tom ?
-On va lui demander tout de suite.
Je l'appelai et je tombai sur lui rapidement.
-Dis-moi que tu ne t'es pas encore fait virer de ton lycée.
Brian lâcha un petit rire.
-Je suis sur haut-parleur avec Brian, on voulait savoir quand tu serais okay pour récupérer Tom.
-Vendredi soir, j'ai prévenu ton père que je prenais Tom ce week-end pour vous décharger pendant leur escapade-galipette.
-C'est sympa monsieur Evans.
-Je les garderai vendredi soir, Elijah les gardera samedi soir et je vous le ramène dimanche dans l'après-midi, ça vous va ? Vous aurez le temps dé décuver.
-C'est parfait Eric !
-D'ailleurs à ce propos... pas de drogue compris ? Parce que je peux gérer au tribunal des ados bourrés mais des ados drogués, je vous laisse pourrir en prison.
-Ça marche, rit ouvertement Brian. Ne vous inquiétez pas, je vais veiller à la chose.
Je raccrochai après l'avoir remercié encore une fois et je vis qu'Alex s'embêtait royalement.
-Tu as pris quoi comme option obligatoire Alexandra ?
Elle sursauta et avait l'air très surprise que je lui adresse la parole.
-J'ai pris chant pour pouvoir être avec Brian.
Je lui coulai un regard étrange.
-Tu as pris chant ? Tu chantes pas souvent pourtant ?
-Plus que toi, rétorqua-t-il, et pourtant ça t'a pas empêché de prendre cette matière. J'ai vu ton formulaire en déposant le mien tout à l'heure, ajouta-t-il en voyant mon air interloqué. Ça va être étrange, on est pas beaucoup à l'avoir pris. D'après ce que je sais, on sera quoi ? 15 grand max ?
-La plupart des filles de l'équipe ont pris danse, et les autres musiques tout court. Normal, c'est fait pour avoir des points en plus. Sinon chouchou, tu viens dîner chez moi ? Mon père ne sera pas là.
-C'est vrai ce que j'ai entendu dire ? lui demandai-je. Tes parents se sont séparés ?
-Je peux savoir qui t'a dit une chose pareille ? me répondit-elle sèchement. Il ne faut pas croire les rumeurs du lycée ?!
-Je voulais juste être sympa, c'est tout. Écoute, je vais vous laisser. Je présume qu'on se voit en fin de journée Brian. Merci pour le chocolat.
Je le finis d'une gorgée et je partis, en emportant mon pain aux raisins. Je trouvai Sophie errant dans les couloirs.
-Tu étais où ! Je te cherche partout depuis vingt minutes !
-J'étais avec Brian ! Tu es toute seule ?
-Tara est à la bibliothèque avec Cameron. Elle m'a dit qu'elle avait pris l'option vidéo. Tu trouves pas ça cool aussi !
-J'ai pas de don artistique. Je sais à peine prendre une photo correctement, tu sais. Mais ça ne m'étonne pas d'elle. En plus, elle est amie avec Brian...
Sophie leva le sourcil et je me sentis obligée de lui expliquer que Brian avait fait la vidéo d'Halloween de l'an dernier.
-Wow. C'est vrai que s'ils s'y sont intéressés tous les deux en même temps... ça explique des tas de choses.
Nous croisâmes Chris et elle nous méprisa du regard. Cette fille me sortait par les trous de nez. Elle avait été dire des trucs à Alex contre Brian et c'était un peu de ma faute. Je ne pensais pas que ça irait aussi loin. Je voulais juste l'emmerder elle, pas ennuyer Brian. Sophie et moi nous sortîmes sur une des tables du dehors pour profiter un peu du soleil de septembre. Ma meilleure amie semblait mal, je le voyais enfin.
-Qu'est-ce que tu as ?
-Cam n'a pas trop apprécié hier qu'on le plante pour aller à la plage dans l'après-midi. Et je crois qu'il me fait la gueule. Tu sais normalement le soir, on s'appelle pour se souhaiter une bonne nuit et là, il en l'a pas fait. Et quand j'ai essayé de lui en parler, il a filé à la bibliothèque avec Tara...
-C'est dur pas vrai ? D'entretenir une relation avec quelqu'un.
-J'avoue. Tu crois que je devrais faire un truc en particulier ?
-Tu veux dire quoi ?
-Je sais pas, j'ai l'impression que je suis entrain de le perdre. Et... je l'aime tellement Sarah. Je sais que j'ai été borderline avec Paul au début de ma relation avec Cam mais je l'aime vraiment profondément. Et quand j'étais en France, j'avais envie de lui parler et de le voir et... j'ai pas envie de le perdre Sarah. Tu crois que je dois coucher avec lui ?
-Non. Non je crois pas qu'on doive coucher avec quelqu'un pour le retenir s'il a envie de partir. Je pense qu'on doit coucher avec quelqu'un pour partager un truc. Je pense que si vous n'avez rien faire encore c'est parce que l'occasion ne s'est pas présentée... Tu sais ce que dirait Mary ? Tout vient à point à qui sait attendre. Je ne doute pas de l'amour que Cam a pour toi ma chérie. C'est juste que parfois c'est compliqué.
-Je t'aime Sarah.
-Je m'aime aussi.
Elle se mit à rire et voir son sourire revenir était le plus beau cadeau qu'elle pouvait me faire. Quand elle croisa son petit-ami dans les couloirs, elle l'attrapa par le col et l'embrassa avec fougue.
-Ce soir, tu dînes à la maison. J'accepte pas de refus, mes parents ne sont pas là. Tu peux même rester dormir.
Elle me faisait rire à être aussi autoritaire. Quand elle se retourna, Tara, Brian et Paul passaient justement. Je trouvais la main de Paul, qui tenait son sac, un peu trop serrée. Il croisa mon regard et notre discussion à Nola me revint en mémoire. Il se faisait violence pour ne pas gâcher le bonheur de Sophie et j'étais triste pour lui.
-Tara ! l'interpellais-je. Il parait que tu fais l'option cinématographie ?
-Ou, et chant aussi. J'ai vu qu'on pouvait cumuler ! Je chante pas très bien mais je pense qu'on a tous moyen de s'améliorer non ? Sauf si vous êtes tous et toutes des divas.
-Sarah est une diva, affirma Sophie en se détachant de Cameron. Elle a une voix hyper belle quand elle chante.
-Arrête ! lui intimai-je en rougissant.
-Mais c'est vrai, il faut savoir reconnaître ses talents. N'est-ce pas Brian ?
-Quoi moi ?
-Dis-lui qu'elle chante hyper bien ?
Brian me fixa d'un air goguenard.
-Elle chante divinement bien, dit-il avec une si grande ironie qu'on aurait cru voir ma Grand-Mère Maddie.
Je rougis encore plus et je vis son regard vaciller l'espace de quelques secondes.
-Non sérieusement, j'ai entendu Sarah chanter et c'est tout à fait potable. Tu aurais pas mal à apprendre d'elle ma Tara.
Ma Tara. Visiblement, ce n'était pas passé inaperçu auprès de Paul. Ce dernier leva légèrement le sourcil et posa un regard plus qu'étrange sur la jeune femme.
-Ma Tara, tu m'as pas appelé ça depuis le jardin d'enfant quand tu as balancé ta pelle dans les dents de ce petit con qui m'avait dit que j'étais un singe. Ça cache un truc. Accouche Teobaldo.
Brian se pencha vers elle et murmura quelque chose à son oreille. Tara pouffa de rire.
-T'es tellement sale. Je sais même pas pourquoi je t'écoute. Va te cacher. Oh au fait Brian !
Elle le tapa derrière la tête.
-C'est pour les pancakes de Sarah. C'est pas cool de faire ça.
Brian cessa de rire et je me jeta un regard tellement noir que j'en perdis quelques couleurs.
-Toi ce soir, tu vas te prendre une fessée. Tu le sais, n'est-ce pas ?
Il y eut un moment de flottement et Paul éclata de rire.
-Arrête de dire des conneries, on va être en retard, le coach voulait nous voir.
Ils s'éloignèrent en riant. Je les regardais s'éloigner en pensant que sous prétexte de rire, Brian allait vraiment me faire payer ce geste de sa meilleure amie. Je n'en doutais plus maintenant. Tara les fixa jusqu'à ce qu'ils ne soient plus dans notre champs de vision.
-N'aie pas peur. Sous sa couche de Grincheux, il a un cœur en or. Il ne ferait pas de mal à une mouche.
-Vu qu'il m'a déjà balancé un verre à la figure, je n'en suis pas si certaine.
-Il a fait quoi ? hoqueta-t-elle surprise.
Elle se referma et fronça des sourcils. Elle avait l'air très soucieuse.
-Je ne.. je suis désolée pour toi. Tu as l'air d'avoir une relation compliquée avec lui. C'est peut-être dû au fait que ton père est avec sa mère. Je ne pensais pas qu'il pourrait se montrer...violent.
-Non mais il s'est excusé pratiquement tout de suite après. Je crois que Brian fait certaines choses qu'il regrette après. Mais il a... tu vois... un capital de colère parfois à dégager de lui.
-Si tu avais vécu la moitié de ce qu'il a vécu dans sa vie, tu ferais la même chose. Tu sentirais ce besoin d'évacuer aussi. Je pense que c'est juste humain, ajouta-t-elle en un souffle.
-Et il a vécu quoi exactement ?
Bon, je devais l'avouer mon tact venait de s'envoler mais dans le fond, je mourrais d'envie de savoir ce qu'on me cachait depuis près d'un an. Il ne parlait jamais de sa vie d'avant, sauf pour certaines anecdotes. Lui n'avait pas eu le souci que j'avais, à savoir la mort de ma mère. J'avais toujours peur de blesser Mary en parlant d'elle... mais lui ? Son père l'avait abandonné 9 ans auparavant. Je pouvais comprendre qu'il n'en parle pas. C'était douloureux de perdre un parent mais la suite ? Je ne savais rien de celui qui vivait à un pallier de moi...
-Tu devrais lui demander. Tu sais, parfois pour avoir des confidences, le mieux c'est de demander à la personne concernée, directement.
-Il m'enverrait bouler, directement.
Ses yeux bleus me décontenancèrent quelques secondes quand elle s'adressa à moi.
-Je pense que tu es une fille bien Sarah. Mais ce n'est pas à moi de te révéler les facettes de Brian ou ses pensées les plus profondes. Et certainement pas au lycée. Tu as accès à sa vie intime, tu es la personne la mieux placée pour le connaître.. Brian n'est qu'un homme, ne l'oublie pas. Il a nécessairement besoin de se confier, comme tout le monde. Alors trouve le moyen ou fais le forcing.
Son téléphone vibra et elle s'éloigna, le combiné sur l'oreille. Faire le forcing ? Est-ce que je devais contraindre Brian à se dévoiler ? Je n'aimais pas cette idée de le forcer à me parler lui qui était tellement secret sur lui.. mais moi aussi je l'étais et il avait réussi à fendre mon armure à Kernville... Il fallait vraiment qu'on fasse ce week-end en tête à tête. Je pris mon téléphone et j'appelai Mary. Elle me répondit au bout de la troisième sonnerie.
-Il y a un souci au lycée Sarah ?
Ce fut la première chose qu'elle me demanda en décrochant.
-Non pas du tout, en fait j'avais envie de refaire un week-end avec Brian, juste tous les deux et je voulais savoir si tu étais d'accord ?
-Oui bien sûr. Pas celui-ci bien sûr, mais un peu plus tard, je suis totalement d'accord. Brian avait adoré Kernville avec toi, il me l'a dit plusieurs fois.
-Vraiment ?
-Ça pourrait être sympa comme tout si vous pouviez resserrer les liens. J'ai vu à quel point vous vous appréciez pendant les vacances.
-Apprécier, c'est pas le verbe que j'aurais utilisé mais je vois. Merci beaucoup Mary. Est-ce que je peux passer un peu à ton bureau tout à l'heure ?
-Tu serais la bienvenue ma chérie. J'ai une stagiaire qui m'a lâchée pile au mauvais moment, je suis sur les nerfs et tu sais comment je suis quand je suis sur les nerfs...
Elle émit un petit rire charmant alors que mes yeux s'écarquillaient. Ses pauvres collègues devaient subir le courroux du Dragon Mary.
-Je finis à 15h30, par contre j'ai laissé ma voiture à Brian jusqu'à ce que la sienne soit réparée.
-Je t'enverrai un chauffeur.
C'était ce que je voulais entendre. Je souris largement et je la laissai travailler. Je jetai un coup d'œil à mon uniforme et je savais ce que ça voulait dire. SHOPPING GRATUIT. Elle ne me laisserait jamais déambuler dans les couloirs de Fairchild ainsi. J'allais avoir des vêtements griffés gratuitement.
-SOPHIE ! l'interpellai-je. Je vais à Fairchild ce soir. Si tu veux un truc, je ferai en sorte de l'avoir pour partager mon butin avec toi.
-T'es sérieuse là ?
Je fis ma petite danse de la victoire au moment où des copines de Chris arrivèrent.
-Bah alors Troll Snot ? Tu essayes d'être gracieuse, tu crois que c'est en faisant la danse des canards que tu le seras ?
-Et si tu allais t'acheter un cerveau pour voir ? Tu n'en as pas marre d'être un mouton Fanny ?
-Je peux savoir pour qui te te prend morveuse ?
-Wow, morveuse, c'est un terme qu'on emploie plus depuis le jardin d'enfant. Mais bon, c'est probablement à cette époque que ton mental est resté.
-Ma pauvre McAllister, tu penses que tu m'atteins avec ton air pseudo supérieur ?
-Mon air n'est pas pseudo-supérieur, il l'est, pauvre idiote. Au fait, c'est vrai ce que j'ai entendu dire ? Il parait que tu as voulu faire de la chirurgie esthétique pour ton nez mais qu'on t'a refusé parce que tu n'as pas voulu te soumettre à une évaluation psychiatrique ? Tu avais peur de quoi ? Qu'on découvre que tu es une tarée ?
Je n'aurais pas dû la provoquer. Non. Parce qu'elle me jeta son soda à la figure. J'avais eu la présence d'esprit de fermer les yeux et cela ne piqua pas trop cette fois. Je rouvris les yeux et je vis Fanny se tenir la joue. Tara était juste à côté d'elle furieuse. Fanny allait répliquer mais Tara la fit taire en levant la main.
-Je sais pas qui t'es et je veux pas savoir qui tu es ou ce que je risque d'avoir levé la main. Tu sais pourquoi je m'en moque ? Parce que je suis pas une petite bourge comme toi et que si je dois te fracasser le nez, je le ferai, sans aucun souci. En plus de ça, si tu t'avises de me faire du mal ou d'avoir les moindres représailles, tu te mettrais Brian Miller à dos.. et crois-moi, tu ne veux pas te mettre un Miller à dos.
-Tu prends la confiance. Brian ne me ferait jamais rien, on est pote tous les deux.
-Tu veux parier ?
Tara avait l'air tellement confiante que je ne doutais pas une minute d'elle.
-Ne touche jamais plus Sarah McAllister.
-Tu me le paieras.
Fanny tourna les talons, suivie de ses copines. Tara se tourna vers moi et sortit un mouchoir de sa poche pour m'essuyer un peu les cheveux.
-Tu vas bien ?
-Merci, mais tu n'aurais pas dû faire ça.
-Je ne plaisantais pas. Si elle pense qu'une pouffe dans son genre me fait peur... elle se plante. J'ai rencontré des mecs vachement plus effrayants qu'elle dans ma vie. Tu devrais aller te passer un peu d'eau sur le visage, je pense. Tu as un vêtement de rechange pour remplacer ta chemise ?
Je baissai les yeux pour voir les dégâts. J'avais une trace marron dégoûtante sur moi. Super. Je me rendis dans les toilettes et je retirai ma chemise pour essayer de le sauver mais c'était peine perdue. Ça commençait à me gonfler très sérieusement. Je croisai le regard de Sophie. Ma meilleure amie retira sa veste.
-Mais qu'est-ce que tu fais So?
-Je retire mon pull pour te le donner. Il est super fin, tu le sentiras à peine. Et si j'étais toi, j'irai au pressing et je présenterai la note à Fanny directement. Ou alors tu préfères ma chemise ? J'ai pas d'affaire de rechange dans mon casier. Enfin pas de manière réglementaire.
-Merci So.
J'enfilai son pull avec un sentiment étrange. Sophie me regarda en souriant.
-Tu sais quoi Sarah ? Regarde-nous.
Je nous fixai dans le miroir et je vis juste que j'étais insignifiante à côté de la jolie blonde californienne bronzée juste à côté de moi.
-Tu vois ?
-Je vois rien du tout.
-Tu as grandi pendant les vacances ! Tu fais combien déjà ?
-1,68m ou un truc comme ça ?
Ma meilleure amie sourit largement.
-C'est quand la dernière fois que tu t'es mesurée ?
-Heu... J'avais 14 ans ? Tu sais.. tu étais là, on a fait ça chez toi !
Sophie leva les yeux au ciel.
-Tu me tues Sarah. Tu as une règle avec toi ?
Je sortis ma trousse et une règle. Elle prit un crayon de bois et fit une petite marque sur la porte des toilettes. Elle entreprit de mesurer la porte ensuite. Elle était totalement folle.
-Bon tu fais à peu près... 1,72. Tu as pris 4 cm.
-T'es sérieuse ? Non je te crois pas. J'ai jamais passé la barre des 70.
-Bienvenue alors ! rit Sophie.
-Tu as de la chance de ne pas avoir totalement fini ta croissance, confirma Tara. J'ai fait une radio osseuse y'a deux ans et pour moi c'est terminé.
J'étais abasourdie. Est-ce que ça voulait dire que lorsque mon père me disait « Tu as grandi », ce n'était pas simplement un effet de style ?
-Ça veut peut-être dire que je vais enfin avoir plus de seins !!
Sophie soupira.
-Tu sais, c'est pas non plus la panacée. Tu te fais mater par tous les pervers de la planète. Et puis le meilleur moyen d'avoir des seins c'est de grossir. Ma mère m'a dit qu'on prenait tout dans le décolleté au début.
-Je vais bouffer des burgers et si les gens me regardent bizarrement, je les mangerai aussi.
Je me mis à rire comme une tarée et des larmes sortirent de mes yeux. Ce n'était pas logique, c'était l'effet de mon agression passée. Néanmoins, je trouvais que je prenais les choses avec zen. Bon évidemment, le lycée n'était commencé que depuis une semaine et je m'étais déjà pris un truc dans la figure mais ça aurait pu être pire.
Le cours suivant me parut affreusement long. Ma prof de chimie était soporifique. Même Sophie souffrait. Elle dessinait en coin de pages. Paul était juste devant nous pour une raison X et il se balança sur sa chaise.
-Je vais à Santa Monica après les cours, vous voulez venir avec moi ?
-Je dois travailler avec Mary.
Il tourna les yeux vers Sophie.
-Avec plaisir. J'ai une envie de couscous, tu as pas idée.
Il se retourna complètement et je sus que je ne devais pas croiser son regard sous peine d'exploser de rire. C'était peine perdue. Dès que j'entendis un bruit étrange venir de Paul, je sentis le rire, telle une vague, me submerger. J'eus l'impression qu'il remontait le long de mon corps et je pinçais la bouche pour ne pas le laisser sortir. Les narines de mon nez commencèrent à se dilater. Il allait sortir contre ma volonté. Pense à un truc horrible. Un chat mort, ça c'est horrible. Pense à un chat mort.
-Pardon ? lâcha Paul... tu as un bien dit un...
-Couscous, oui.
Un éclat de rire sortit de moi sans crier gare. La prof s'arrêta de parler et m'interpella.
-Un souci McAllister ?
Je secouai la tête mais la main de Paul tremblait devant moi. C'était impensable, j'allais mourir. Je baissai les yeux et je sentais des soubresauts me prendre.
-McAllister, je vous ai posé une question, j'attends une réponse.
Je levai les yeux. J'allais lui rire au nez. Je devais faire un effort surhumain à ce moment là.
-Il n'y a pas de souci madame.
Paul s'était totalement retourné comme beaucoup et son petit sourire en coin me rappela notre enfance tous les deux. J'eus un petit sourire assez similaire au sien mais cela ne plut pas spécialement à ma prof.
-Vous resterez à la fin du cours.
-J'ai un rendez-vous madame.
-Vous préférez rester en colle ? J'ai cru comprendre que l'an dernier, vous aviez passé votre année de chimie en dehors du cours... Dois-je en conclure que vous avez l'intention de récidiver ?
Mon sourire s'envola aussi vite. Je mourrais d'envie de lui répondre. Ça me brûlait presque les lèvres. Je me contentai de serrer mon poing fermement. Tellement fermement que mes ongles s'enfoncèrent dans ma chair. Je la regardai avec une froideur toute McAllisterienne.
-Je ne préfèrerai pas madame. D'autant plus quand on sait que la personne qui a quitté le lycée après cet incident, ce n'est pas moi, mais madame Gordon.
Je ne voulais pas la menacer, et je savais que mes paroles pouvaient être compris comme telle.
-Sortez de cours et présentez-vous auprès de...
La sonnerie retentit et je fus la première debout. Je rangeai mes affaires et je partis avant qu'elle ne me colle. Il était hors de question que je reste une minute de plus au lycée. Je passai à mon casier et je filai dehors. L'air frais me fit du bien.
-Sarah ! m'appela ma meilleure amie alors que j'étais devant le lycée. Je suis désolée. C'est de ma faute, je vais lui expliquer pourquoi tu as...
-Non. Tu te serais faite coller. Comme Paul. C'est pas la première fois qu'on me prend en grippe, je vais m'en sortir. Je ne suis pas morte l'an dernier, c'est pas cette année que ça va le faire.
Ma prof passa juste derrière moi sur le trottoir. Elle avait des dossiers à la main.
-Je n'apprécie pas l'insolence mademoiselle.
-Et moi je n'apprécie pas qu'on me rappelle constamment cette femme horrible qui m'a mise à la porte de son cours sans aucune raison. Maintenant, madame, si vous ne voulez plus m'accepter en cours, j'ai passé un trimestre entier sans aller en cours et j'ai eu un A à l'examen final. Je préfère savoir immédiatement si ce sera encore le cas avec vous, histoire que je ne perde pas mon temps et que j'aille directement à la bibliothèque.
Mon professeur ne dit rien du tout. Elle se contenta de me contempler.
-J'ai connu votre mère. Je pensais en vous voyant que vous auriez plus pris d'elle que de votre père, mais je me trompais visiblement. Comme nous sommes en début d'année, je vous donne un sursis, mademoiselle McAllister, mais c'est la dernière fois. Faites encore montre d'une telle insolence en cours, et je peux vous assurer que vous passerez non pas mes heures de cours à la bibliothèque mais en retenue avec la directrice.
-Comme je ne suis plus techniquement dans l'enceinte du lycée, j'ai une question à vous poser. C'est mon père c'est ça ?
Je la regardai droit dans les yeux et je vis de la pure surprise dans ses yeux.
-Pardon ?
-Celui qui vous a largué ? Parce que je présume, si j'en crois le petit air... dégoûté que vous avez eu en parlant de mon père que vous avez eu une petite amourette sans aucune importance pour lui... À moins que ce soit avec mon oncle James... c'est ça bien sûr. James McAllister.
-Vous délirez mademoiselle et si vous pensez que je pourrais...
-Je ne pense pas grand chose de vous madame. Je ne vous connais pas. Mais vous non plus vous ne me connaissez pas. Vous savez l'an dernier, j'ai fait une dépression. Je suis toujours en dépression en réalité parce qu'on ne guérit pas d'un claquement de doigt. Et là, tout à l'heure, vous m'avez juste rappeler qu'une prof m'avait prise en grippe tout l'an dernier. Qu'aucun prof n'a vu ma détresse alors que j'ai pensé à me foutre en l'air. Même les élèves qui me détestent pourraient témoigner de son acharnement. Elle m'a collée alors qu'elle me refusait en cours le matin quand j'arrivais. Elle attendait que je sois sortie pour commencer son cours. Je me souviens une fois, elle n'a pas pipé mot pendant dix minutes, et j'avais à peine passé la porte qu'elle a commencé son cours. C'était une connasse et je n'ai rien dit à mon père parce que j'allais mal et que je devais déjà supporter le harcèlement dont j'étais la victime. Mais cette année, je vais mieux. Ne jouez pas à Gordon sinon vous risqueriez de ne plus jamais trouver un poste sur la côte Ouest. Et pour votre gouverne, mon père est la personne la plus saine qu'il m'a été donné de rencontrer. C'est un honneur d'être comme lui. Et vous deviez mal connaître ma mère pour penser ne serait-ce qu'une minute qu'elle ne serait pas dressée contre l'injustice.
Cela ne lui plaisait pas du tout et ses sourcils se froncèrent tout de suite.
-De l'injustice Mlle McAllister ? Vous avez éclaté de rire dans mon cours et quand je vous ai demandé de manière sous-entendu de vous calmer, vous avez fait preuve d'insolence. Cessez de croire que vous êtes toujours une victime Sarah. Vous étiez dans votre tort.
Je tournai les yeux et je vis le chauffeur de Eighteen. Je lui fis signe et il s'arrêta devant moi. Il sortit mais je lui fis signe d'attendre un peu.
-Et pour votre gouverne, continua ma prof, j'étais la voisine des Evans enfant, j'ai passé pratiquement tous mes après-midi avec eux pendant les vingt premières années de ma vie et j'ai même assisté au mariage de vos parents. Je connais parfaitement toute votre famille et c'est en parfaite connaissance de cause que je vous dis que la fibre rebelle des McAllister doit rester au fond de vous. Vous êtes une gentille fille studieuse Sarah, ça se voit immédiatement. N'essayez pas de devenir une personne autre. Oh ! Une dernière chose. Si je vous accorde ce sursis, c'est par amitié pour votre famille, pour ne pas que John m'appelle dès ce soir pour connaitre la raison de votre colle. Et comme je présume que vous allez faire une recherche sur moi en rentrant chez vous, autant vous faciliter la tâche, je suis sortie avec Eric Evans et je l'ai largué. S'il y en a un qui doit avoir une dent contre l'autre, ce n'est pas moi. Je ne vous retarde pas plus Sarah.
Et merde. J'avais tout faux. Je ne savais pas quoi dire... devais-je seulement dire quelque chose ? Je me dégonflai d'un coup et je la rattrapai par le bras.
-Je suis désolée. Je ne voulais pas paraître impolie et insolente. Je ne suis pas une pimbêche. Je ne recommencerai plus.
-Je sais Sarah. Vous avez eu des difficultés dans la vie. C'est la raison de votre seconde chance. Ne la gâchez pas. Vous avez du potentiel. Toute personne qui a vu vos notes à vos examens de l'an dernier le sait. Je ne me séparerai pas d'un élément aussi doué sans une très bonne raison. Ne me donnez pas l'occasion de la trouver.
-Oui madame.
Elle sortit une feuille de son paquet de livre.
-Voici votre punition. Vous me la rendrez à notre prochain cours et nous serons quitte.
Elle tourna les talons et avança vers une vieille voiture où elle se fourra avant de démarrer. C'était la feuille avec un gros problème.
-Attends... dit Sophie. Elle a largué.. Eric ? Tu crois que c'est...
-Oui, je crois que c'est elle la seule fille qui a largué mon oncle au lycée. Celle dont il nous rabâche les oreilles quand il a un peu trop bu. Je t'appelle tout à l'heure Sophie.
Je l'embrassai sur la joue et je me fourrai dans la voiture. Je me sentais mal. J'avais voulu jouer les filles cool et finalement ça s'était retourné contre moi. J'appelai Eric immédiatement.
-Tu as de la chance, je suis en déplacement. Que puis-je pour toi ?
-La fille qui t'a largué au lycée, elle s'appellerait pas Tabatha Craig par hasard ?
Il se tut et je sus que c'était la vérité.
-Ton père a tout balancé ?
-Non, c'est elle qui l'a fait. C'est ma prof de chimie. J'ai...
Je soupirai et je lui racontai ce qu'il s'était passé parce que j'avais compris une chose l'an dernier. Avoir un membre de sa famille qui savait ce qu'on vivait au quotidien, même s'il était loin, c'était une bonne chose.
-Sarah... je suis pas très fier de toi sur ce coup là. Tabatha a toujours été très pédagogue. C'est une bonne prof. Elle a eu raison de te remettre à ta place.Si tu espérais avoir mon soutien, ce n'est pas le cas.
-Non. Je voulais juste te prévenir et te parler de ma journée oncle Eric. Je sais que j'ai merdé et je sais faire la différence entre le bien et le mal. J'ai une conscience, je m'appelle pas Chrysalie Scott.
Il ricana et je me sentis rire aussi.
-Okay ma chérie. Tu lui transmettras mes salutations. La dernière fois que je l'ai vue c'était... à l'enterrement. Oh et donne lui mon numéro aussi, tant qu'à faire. Histoire qu'on se rappelle du bon vieux temps.
-Et si je te donnais son adresse du lycée tant qu'à faire...
-Ce serait encore mieux. J'attends ton mail ma chérie. Je vais passer sous un tunnel, ça va couper.
-C'était tout ce que j'avais à te dire. Bises Eric.
J'arrivai devant le building Fairchild avec un petit mal au cœur. Cette histoire me rendait malade. Il m'avait fallu peu de temps pour me faire remarquer alors que je voulais briller par mes notes, pas parce que j'étais une connasse de premier ordre. Je voulais changer et pourtant j'avais l'impression de refaire les mêmes erreurs que l'an passé comme si je n'avais pas réellement brisé le cercle infernal. Je passai par la porte tourniquet et je me rendis à l'accueil pour récupérer mon badge. Dès que je vis ma belle-mère, j'eus envie de me fourrer dans ses bras mais je ne pouvais pas le faire devant tous ses collaborateurs. Je n'avais plus l'âge de Tom pour faire ce genre de choses.
-Bonjour ! lançai-je à la cantonade.
Ma belle-mère tourna les yeux vers moi et me fit signe de venir l'embrasser. Je posai mon sac dans un recoin.
-Tu arrives au bon moment.
Elle examina la façon dont j'étais habillée.
-Tu vas aller dans la réserve me chercher un gilet mi-saison glamour mais pas trop. Et prends toi des vêtements aussi au passage. Ce sera plus agréable que de rester dans ton uniforme.
Je lui obéis aussi vite. J'avais hâte de m'en débarrasser. J'arrivai à la réserve et j'appelai la gardienne du temple des belles fringues. Elle arriva rapidement et se mit à rire en me voyant ainsi vêtue.
-Toi tu as grand besoin de moi. Allez, tu as de la chance. On a fait un shooting y'a deux jours et je pense que tu vas adorer.
J'adorai, en effet, et c'est avec plaisir que je remontai avec la commande de Mary. Elle approuva mon style du regard et prit le gilet dont elle avait besoin. Elle me fit balader d'étages en étages, de bureau en bureau jusqu'à ce que son fils arrive. L'une des grandes différences entre Brian et moi était sûrement le fait qu'il portait son uniforme avec classe alors que moi dedans, on aurait juste dit une saucisse dans un hot-dog. Il était installé dans le canapé de sa mère et quand je poussai la porte, il me fixa quelques secondes. Je posai le dossier sur le bureau de sa mère.
-Sympa ce jean noir, il te moule. Tu as presque l'air d'avoir un cul rebondi dedans. Même si bon... je ne vois pas comment tu pourrais en avoir un si tu ne fais pas des squats.
-Tu peux arrêter de critiquer mon physique ?
-Je pourrais, admit-il. Mais je ne le ferai pas, sinon comment je ferai pour t'agacer ?
-Je ne sais pas ce qu'il te prend depuis qu'on a repris les cours, mais je préférai le Brian de Nola. Tu n'aurais jamais dû le mettre au placard lui.
Je n'aurais pas dû dire ça. Son visage se ferma.
-Le Brian de Nola ne reviendra jamais Sarah. Autant t'y faire immédiatement.
-C'est dommage. Moi je l'aimais ce Brian là.
-On ne peut pas plaire à tout le monde, murmura-t-il.
-Tu pourrais au moins faire en sorte de me plaire. Je suis un membre de ta famille.
Il eut un sourire énigmatique et se redressa sur le canapé.
-Pourquoi tu veux que je te plaise ? Comme ça, ce sera plus facile pour toi d'admettre l'attraction que tu as pour moi ? Genre, si je fais en sorte que tu me désires, tu te sentiras moins coupable d'avoir des pensées obscènes pour moi ?
-T'es un grand malade.
-Je suis peut-être malade mais je te fais de l'effet, c'est évident.
-Absolument pas. Tu pourrais t'agiter à moitié à poil sur moi, ça ne me ferait rien du tout !
En quelques secondes il se retrouva pas si loin de moi, voir même très proche. J'en reculais presque sur le bureau de ma belle-mère. Il posa ses deux mains sur le bureau pour m'emprisonner.
-Tu mens très très mal Sarah McAllister, mais tu sais quoi ? Tant mieux. Je verrai toujours dans ton petit jeu comme ça.
Il était si proche de moi que je sentais son souffle sur ma joue.
-Tu sais quoi Brian ? J'ai l'impression que c'est surtout moi qui t'excite en vrai. Tu fais toujours ton possible pour être le plus proche possible de moi.
Il approcha ses lèvres de mon oreille gauche et presque instinctivement, je fermai un peu les yeux.
-Tu as tout faux encore une fois, je me suis simplement dit qu'en t'approchant suffisamment et en détournant ton attention, tu ne ferais pas attention à ce que fait ma main gauche.
Je rouvris brusquement les yeux et il avait mon porte-feuille à la main. Il l'ouvrit et subtilisa tous mes billets.
-Mais tu te fous de moi ?
-J'avais besoin d'argent pour payer le repas de ce soir. J'aurais bien demandé à ma mère, mais elle n'est pas là. Et tu sais ce qui est cool ? C'est que lorsque je rentrerai à la maison avec la bouffe, John se sentira mal et me remboursera. Merci pour tout Sarah.
Il éclata de rire et s'éloigna un peu de moi. Je fus prise d'une pointe de colère et je le poussai violemment.
-T'es le pire connard de la planète, mais vas-y, fais-toi plaisir, vole de l'argent. C'est bien tout ce dont tu es capable, non ? C'est facile de prendre l'argent des autres. C'est facile de me prendre mon argent que j'ai durement gagné...
-Durement gagné ? Meuf, ton père est millionnaire.
-Parce que tu crois que j'utilise l'argent qu'il me donne pour me payer des trucs ? L'argent que mon père me donne, je m'en sers uniquement pour faire des cadeaux à ma famille. Le reste c'est l'argent de mon babysitting et de mon jardinage. Mais bon, je ne vois pas ce que tu peux comprendre à ça. Le fait que ta mère ait épousé mon père te sert bien, hein sale parasite ? Profite tant que tu habites à la maison, tu n'auras jamais accès à autant d'argent dans toute ta vie.
Il semblait furieux contre moi, ses yeux me fusillaient du regard. Pendant une seconde, je crus qu'il allait me frapper. Je sentis le danger s'installer petit à petit en moi. Je regardai la porte pour savoir si j'aurais le temps de l'atteindre avant qu'il ne me fasse du mal.
-Je peux savoir ce que tu sous-entends exactement ? Wow. Quand je vais dire ça à ma mère... elle va adorer. J'ai toujours su que les gosses de riches étaient des gros cons, tu viens de m'en donner une illustration.
-Ta mère ? Je ne parle que de toi, mon gars. Ta mère est une McAllister par alliance, ton petit-frère sera bientôt un McAllister mais toi... toi tu seras toujours le parasite de la famille. Celui qui prendra l'argent d'une famille qui n'est pas la sienne.
-Tu sais McAllister, je n'ai jamais demandé à venir habiter avec toi. Et tu veux savoir la vérité ? Le jour du mariage de nos parents, j'ai proposé à ma mère de partir loin de ta famille et de toi. Mais elle a voulu rester. C'est pas mon cas. Dès que j'aurais 18 ans et finis le lycée, tu n'entendras plus jamais parler de moi, le comment tu as dit ? Parasite de la famille ? Pauvre conne.
Il me balança les billets à la tête.
-Garde ton précieux argent, Gollum. C'était juste une blague. J'ai jamais eu besoin d'argent pour me sentir important, contrairement à toi. Je suis important auprès des gens parce que je suis moi, tout simplement. Alors oui, heureusement que tu es riche pour que des gens s'intéressent à toi, mais ne te fais pas d'illusion, ils s'intéressent à ton compte en banque et c'est tout. Imprime-toi ça dans le crâne : Tu n'as aucun intérêt. Si je t'ai dit le contraire l'an dernier, c'est juste pour faire plaisir à John mais ... Tu veux vraiment faire plaisir à ton entourage ? Quand tu auras ton permis tir, retourne l'arme contre toi. Tu ne manquerais à personne aujourd'hui et on sera tous débarrassé d'une sale gosse.
-Brian Theodore Miller !
La voix de sa mère me fit sursauter. Elle était outrée et fixait à son fils avec une colère grandissante. Mais il ne l'entendait pas.
-Tu n'es pas une fille bien Sarah McAllister, pas la peine de croire l'inverse. Tu es une gosse pourrie jusqu'à la moelle et fade. Et tu auras beau mettre des fringues de luxes, d'user de tous les artifices que tu pourras te payer avec l'argent de ton père, ça ne changera pas qui tu es. Tu es mauvaise, tu es fausse. Alors écoute bien. Notre pacte de l'an dernier est terminé. Tu croyais savoir ce qu'était le harcèlement ? Tu n'as rien vu petite conne. Tu viens de te mettre ton allié le plus important à dos et j'arrêterai pas tant que tu seras pas détruite. Quand j'en aurais fini avec toi, il te restera qu'un seul choix à faire : le choix de l'arme pour arrêter ta misérable existence. Et tu sais ce qui est amusant dans tout ça ? Personne n'en aura rien à foutre, parce que tu es la chose la moins importante qui existe. On continuera notre petite vie tranquille bien après ta mort.
Il tourna les talons, raide et sortit de la pièce. J'avais pris chaque mot pour un coup et chaque coup m'avait fait me recroqueviller. Je tombai au sol. Je tremblais tellement que je ne remarquais pas mes larmes. Je pleurais tellement que je ne remarquais pas la présence de Mary juste à côté de moi. Mais quand elle me toucha, ça me fit l'effet d'un électrochoc. Je me redressai et je courus en dehors du bâtiment en prenant les escaliers. Je trébuchai dans les escaliers, mais je me redressai et je repartis de plus belle. Je ne sentais pas la douleur de mes mollets, je ne sentais pas la douleur de mes poumons. Je ne voulais plus rien ressentir. Jamais
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