Happy Thanksgiving
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Mon père était aux Urgences quand nous arrivâmes et je vis son teint perdre quelques degrés en voyant la tête de Brian. Sophie avait conduit la voiture du fils de Mary et je lui en étais assez reconnaissante, j'étais vraiment chamboulée.
-Tu me diras combien je te dois pour ton téléphone. Il est bousillé.
-Je voulais le nouvel appareil qui est sorti de toute façon, m'avait-elle répondu. Je vais aller dans un Apple Store dès que j'aurais rejoint Papa. Tu peux appeler Paul ?
Je l'avais fait et elle lui avait demandé si c'était possible de la déposer au bureau de son père plutôt que chez elle en revenant. Paul avait acquiescé, il nous suivait en voiture.
-Que s'est-il passé ? Sarah ?
-J'ai fracassé la gueule d'un dealer, fanfaronna Brian. Je pense que je pourrais avoir une médaille du gouverneur pour ça.
-Il était devant le lycée ? Il t'a parlé Sarah ?
-Il voulait que je le suive. Il a fracassé le téléphone de Sophie pour ne pas qu'elle appelle les flics.
-Où est Sophie là ?
Je lui fis signe qu'elle était à l'extérieur et il nous abandonna. Je le suivis de loin en laissant Brian au bon soin d'une infirmière.
-Tu es sûre et certaine que ça va Sophie ? fit la voix de mon père. Je n'en suis pas certain et je ne te laisserai pas partir si tu ne vas pas bien.
-J'ai jamais eu aussi peur de ma vie, avoua-t-elle la voix tremblante.
Je restai en retrait pour ne pas qu'elle me voie et parte. Elle avait besoin de parler.
-Il était totalement ailleurs John. Je l'ai déjà rencontré avant et je ne comprends pas comment Sarah n'a pas pu voir qu'il était complètement dingue.
-L'amour peut faire...
-Elle ne l'aime pas. Elle l'a jamais aimé. Elle voulait juste s'amuser un peu parce qu'elle préfère trainer avec n'importe qui plutôt que d'être toute seule. Elle avait envie de tester le fait d'être une autre. Je vous jure que j'ai essayé de lui faire comprendre qu'un truc allait pas, mais elle voulait pas m'entendre... Est-ce.. est-ce qu'il lui a fait du mal ce week-end ? souffla-t-elle. J'ai pas osé demander.
-Il l'a frappé et elle m'a dit qu'il avait essayé de l'étrangler aussi.
-Il l'a saisie par le cou tout à l'heure et j'ai vu de la terreur dans ses yeux. J'ai essayé de faire comme si ça m'affectait pas, mais.. vous croyez qu'elle va s'en remettre ?
-Je ne peux pas le prédire. Si je pouvais l'empêcher de faire de mauvais choix, je le ferai, mais je peux pas. Sarah est une fille entêtée. Elena était aussi comme ça. Elle pensait qu'elle n'avait besoin de personne. Elle ne se laissait pas approcher mais pour autant... elle dépendait beaucoup des autres.
-C'est parce que je vous aime et que tu m'as toujours dit que l'amour était l'une des choses les plus importantes de ce monde.
Ils sursautèrent et je me montrai.
-J'ai conscience que je me repose beaucoup sur les autres, mais c'est parce que j'ai peur du monde sans vous. Je sais pas ce que je deviendrai si vous disparaissiez tous et je sais que vous allez tous disparaitre un jour. Je profite juste du fait que vous soyez encore là. Mais vous avez raison, je suis trop dépendante des autres. Je le serai plus à l'avenir. Plus autant. Je vous promets que je ne me mettrai plus jamais dans une telle situation. Je vais retourner voir Brian.
Ce dernier était entrain de se faire chouchouter par une interne. Je la connaissais, elle était d'une gentillesse folle et Brian souriait beaucoup. Il était sous son charme et il l'était encore quand nous rentrâmes à la maison. Il s'affala sur la canapé, un sourire sur les lèvres.
-Elle était vraiment canon.
-Normal, elle était rousse.
-J'aime pas que les rousses, mais c'est mon délire en ce moment..
Il allait continuer mais Mary arriva et elle laissa tomber son sac à main au sol.
-Que s'est-il passé ?
-Il s'est fait agresser... par Wyatt.
-Nous allons porter plainte immédiatement. Lève-toi ! lui ordonna-t-elle.
-C'est déjà fait, Maman. On l'a fait avec John et ils ont dit que la plainte serait enregistrée sous 24h. Ne t'inquiète pas. Je vais bien. Je te le promets.
Son inquiétude creusa encore mon anxiété. Moi non plus je n'arrivais pas à m'en remettre.
-Sarah, quelle est cette marque autour de ton cou ?
L'inquiétude de Mary était désormais tournée vers moi et Brian fixa mon cou, blême.
-C'est rien. Je vais aller prendre un bain.
Je les contournais pour me détendre dans un bain. Mary vint me voir alors que je me déshabillai et elle fut choquée par le bleu sur mon corps.
-Si je le croise, je le tuerai pour ce qu'il t'a fait. On ne touche pas à mes enfants.
-Je préfèrerai qu'on ne le croise plus jamais. Tu sais ce que j'ai apprécié chez lui ? Il était libre. Je pensais à tort qu'on ne pouvait être libre qu'en étant comme lui. Je suis stupide. Vraiment. J'avais juste besoin de te regarder toi pour savoir ce que la liberté signifiait. Toi tu es une femme libre, tu es une femme décomplexée et je ne sais pas ce qu'il m'a pris d'aller voir un autre modèle alors que je t'ai toi sous les yeux.
-Tu sais quoi ? On va aller prendre la baignoire de notre chambre, elle est plus grande et j'ai une grande envie de papoter.
Je secouai la tête et je la suivis en m'enroulant dans une serviette. Elle utilisa des sels de bains dégageant une odeur gourmande, et des milliers de petites bulles me donnèrent envie de m'y plonger. Je vis qu'elle gardait ses sous-vêtements alors que je m'installais dans la baignoire.
-Tu n'es pas obligée. Ça me dérange pas de te voir nue, tu sais. Je sais comment est fait un corps féminin, plaisantai-je doucement.
Elle rentra dans le bain et elle entreprit de me laver les cheveux. Ce petit geste n'était rien, mais après tout ce que j'avais vécu, c'était devenu quelque chose d'énorme. Elle massa mon crâne et je me laissai faire. Elle avait des doigts de fée.
-Brian est un héros, j'espère que tu es fière de lui.
-Mon fils est une tête brûlée surtout.
Je lui racontai toute la scène, mais elle persista.
-C'est dans des situations comme ça que je sais qu'il est toujours un enfant. Il aurait dû éviter la confrontation. Alors oui, il l'a fait fuir, mais à quel prix ? J'ai souvent peur pour lui. J'ai toujours eu peur pour lui. Il a un caractère bien trempé et peut se mettre dans des situations inextricables. C'était très dur tu sais, d'élever un garçon comme lui. Il se battait beaucoup quand il était petit. Ça faisait rire son père et quand il n'a plus été là, Gyôsei, mon meilleur ami m'a sûrement caché la plupart des choses qu'il lui est arrivé.
-Wyatt a parlé d'un jour où il a frappé quelqu'un avec une batte de baseball.
-Je n'en sais rien. C'est possible.
Je voyais qu'elle était réticente à l'idée de me parler de la vie passée de son fils et je souris. J'allais le savoir mais pas tout de suite.
-Il avait tellement de colère en lui. Je n'ai pas su la canaliser entièrement. Je n'ai pas su le protéger.
-Comment était son père ?
-Alessandro ? Charmant, rieur, généreux, entêté, colérique, manipulateur et froid. Il était la Lune et sa face cachée. Il pouvait être doux une journée et dur, le lendemain. Il est devenu comme ça au fur et à mesure du temps...
Je vis passer une lueur dans son regard.
-Je suis désolée, mais je n'ai pas vraiment envie de parler de ça. Ça n'a pas été forcément une période facile de ma vie. Ni celles qui ont suivi.
-Et maintenant ? Tu es heureuse Mary ?
-Je crois que je ne l'ai jamais été autant de ma vie. Est-ce que tu as déjà ressenti ça Sarah ? La sensation d'être parfaitement à ta place ?
-Oui. Quand je suis avec vous ou quand je suis avec Sophie, Ray, Chuck...
-J'ai eu des nouvelles de sa mère dans la journée. Elle m'a dit que tes messages redonnaient le sourire à son fils.
-Il me manque beaucoup. J'ai hâte de le revoir et de le serrer contre moi.
-C'est un très gentil garçon. Je me souviens de lui quand il était tout petit et ça se voyait déjà qu'il serait un homme bien. Je...
On frappa à la porte et mon père passa sa tête pour nous prévenir qu'il était enfin rentré. Je vis à son visage qu'il voulait parler à sa femme et je lui demandai de bien vouloir se retourner, le temps que je sorte du bain. Je croisai Brian dans les couloirs et je frôlai son visage en grimaçant.
-Ça fait si mal que ça en a l'air ?
-Je trouve ça assez perturbant que tu sois dans une serviette encore mouillée, on parle une fois que tu seras habillée okay ?
Je ne pensais pas qu'il me suivrait dans ma chambre mais il le fit. C'était du Brian tout craché. Il s'allongea sur mon lit en détournant le regard le temps que j'enfile des sous-vêtements et une jupe. Il se redressa et son regard bleuté se posa sur mon flanc.
-Quel fils de pute. J'espère qu'il s'en remettra jamais. Comment peut-on frapper un être aussi délicat qu'une femme ?
-Il a défoncé la tête de Daniel alors... il n'était plus à ça, près. Depuis quand tu le connais ?
-Trop longtemps malheureusement. Je l'ai connu par un ami que j'avais...
-Spring ?
-Ouais, répondit Brian, Spring. On a fait quelques soirées ensemble. Il n'a jamais été mon pote si c'est ce que tu demandes. Mais je sais deux trois choses sur lui...
-Comme pour sa sœur décédée ?
-Non, ça je ne le savais. Je sais qu'il est doué en chimie, très doué même. Enfin, bref. Je crois que c'est mauvais de toujours ressasser le passé. Viens, approche.
J'attrapai un débardeur et je m'installais près de lui.
-Tu peux dormir avec moi ce soir. Directement je veux dire. Tu n'as pas besoin de faire semblant de venir dans ta chambre. Oh et demain pour Thanksgiving...
-Oui ?
-Je ne serai pas là, je vais le passer avec Alexandra et son père. Apparemment il s'est trouvé une copine et elle a besoin d'alliés.
-Tu vas le passer avec Maya !
-Qui ? Ah oui. Cheveux bleus. Exactement. Tu veux venir avec moi ?
Je secouai la tête. Je savais que j'allais être crevée et que j'allais sûrement aller me coucher tôt. Cela me fit un choc quand même. J'avais pensé que je passerai la journée avec lui. Au moment d'aller se coucher, je pris mon pyjama dans la buanderie et je partis me déshabiller dans la salle de bain de Brian. J'avais pris mon téléphone avec moi et je laissai la musique me détendre. J'avais une pommade à mettre sur mes ecchymoses et elle me soulagea. J'étais tellement prise dans la musique que je ne remarquai même que Brian était dans la chambre. Il était en train d'observer la nuit noire, assis sur le rebord de sa fenêtre. Il était en caleçon et en T-shirt Serpentard. Il passa dans la salle de bain et j'entendis l'eau de son robinet pendant que je m'installais sous les draps. Quand il sortit, il me contempla quelques secondes et eut un sourire un peu gêné.
-J'ai pas l'habitude d'avoir une fille dans mon lit avant que je l'y mette, avoua-t-il avant de s'installer.
-Y'a une première à tout. Moi j'avais jamais dormi avec un Serpentard avant.
Il rit, attrapa un livre et nous nous mîmes à lire chacun de notre côté, puis moi installé sur lui. Il lisait sur sa tablette et il pianotait sur mon bras. Je finis par me dégager pour éteindre la lampe de chevet, et lui changea la luminosité de son appareil.
-Je finis juste mon chapitre, murmura-t-il.
-Ça ne me dérange pas.
Il éteignit son iPad et se mit à rire.
-Tu sais quoi ? Heureusement qu'on avait fini le tournage avant de se faire amocher comme ça.
-Ça aurait accentuer le côté dangereux de notre liaison.
-Mais ça aurait été du plus mauvais effet pendant ton effeuillage.
-Je vais faire comme si je comprenais le mot. Bonne nuit Brian.
-Sarah.. avant que tu t'endormes, je voulais te dire que...
Je n'entendis pas la suite, le sommeil me rattrapa pour mon plus grand malheur. L'angoisse me reprit. J'étais en train de courir pour lui échapper mais il réussit à m'attraper. Je sursautai et je me réveillai, recroquevillée dans un coin de la pièce. Brian essayait visiblement de me réveiller sans se prendre un coup. J'étais en sueur et la porte s'ouvrit sur mon père. J'allais faire un malaise. C'était sûr.
-Viens dans mes bras.
Je m'y fourrais et nous descendîmes dans la cuisine où mon oncle sortit du pain et du saumon fumé. Il me fit un sandwich et attendit que j'en finisse une première moitié avant de caresser mon visage.
-Je suis pas sûre que m'apprendre à manger dès que je vais pas bien, ce soit cool pour mon équilibre.
-C'est moi le médecin ici. Quand tu seras ma collègue, tu pourras me parler de physiologie. Mais ce que je peux te dire c'est que tu étais en hypoglycémie et que je suis certain que tu te sens mieux là. Si tu savais à quel point j'ai peur pour toi Sarah, murmura-t-il. Quand je ne t'ai pas vue revenir samedi, j'ai cru qu'on m'arrachait le cœur, qu'on l'écrasait et qu'on le dispersait au vent. Je n'avais jamais connu ça de ma vie, pas même quand ta mère est morte. Je ne savais rien du tout et je crois que c'est le pire sentiment qu'on peut ressentir. L'ignorance. Je ne savais pas si je te reverrai un jour vivante. Mais c'est de ma faute.
-Non Papa.
-Si c'est de ma faute et celle de notre famille en général.
-Arrête de dire n'importe quoi. Je sais que j'assume pas plein de trucs mais je peux pas te laisser dire ça. Tu n'as rien à voir...
-Tu sais qu'il y a une sorte d'omerta autour de ton Grand-Père. Je ne veux pas entendre parler de lui et je ne t'en ai pas parlé énormément. Je t'ai juste dit que c'était un connard infâme, concrètement. Et comme je n'aurais pas pensé une seule seconde que tu te droguerais, je ne t'ai pas dit que je l'avais déjà vu consommer de la drogue. Je ne pourrais pas te dire quoi. Je l'avais trouvé encore plus pitoyable qu'il ne l'était déjà et je ne peux pas te dire si c'était la seule fois ou s'il était un consommateur régulier.
-Est-ce que tu crois qu'il y a une sorte d'hérédité ?
-La science ne le sait pas, Sarah, mais vu le dégoût qu'il m'inspire, je ne pense pas que tu aurais fait quoi que ce soit comme lui, pas vrai.
-En effet, répondis-je en passant une main sur son avant-bras.
-Et tu vois, j'ai aussi appris de ma Grand-Mère qu'il avait fait un petit séjour dans une clinique aux frais de ses parents, c'était après que je l'ai vu totalement déchiré. Alors je ne sais pas du tout s'il y a une hérédité mais je ne peux nier que ce n'est pas la première fois dans notre famille. Tu l'aurais su avant.. je ne pense pas que tu aurais pris ce risque.
-Papa. Regarde-moi. Tu m'as très bien élevée. Vraiment très bien et tu as su me préserver comme tu as pu de tous les travers de ce monde. Mais j'ai rencontré la mauvaise personne, je voulais savoir ce que ça faisait d'être une personne totalement différente, et il a réussi à me retourner la tête... enfin. Non. Je me suis retournée la tête toute seule et c'était la bonne aubaine qu'il ne m'en empêche pas. Je dois t'avouer que j'ai des trous de ce qu'il s'est passé samedi. Enfin... tout n'est pas ultra clair mais il y a une chose que je sais. Je l'ai pas fait parce que je voulais te faire payer quoi que ce soit, okay ?
Je me rapprochai de lui encore un peu plus si c'était possible et je le regardai droit dans les yeux.
-Tu es un Père merveilleux, continuai-je. Tu le montres tous les jours avec Brian, Tom et moi. Je sais désormais que je ne veux pas être cette fille. Une fille qui fume, sniffe, parle fort, qui fait la fête et des conneries. Je veux juste être une fille bien qui n'a plus peur la nuit, une fille forte qui pourrait retourner la frappe de quelqu'un et ne plus se sentir obligée d'avaler quelque chose pour avoir le sentiment d'aller bien. La seule chose que m'a démontrée cette petite période c'est que la drogue, ça règle aucun problème, ça en cause juste. Et je ne veux plus jamais me retrouver dans cette situation ou te faire subir ça. On repart à zéro d'accord ?
-D'accord. Plus de secrets... enfin plus de gros secrets. Je veux dire par là que tu n'es pas obligée de me raconter toutes tes frasques sexuelles.
-Promis. Je pense pas que j'aurais du mal, ajoutai-je en riant.
Il m'embrassa sur la joue et j'entendis du bruit derrière moi. Il y avait Brian. Je lui tendis la moitié de mon sandwich et il commença à le manger sans rien dire.
-Vous êtes sérieux ? Vous mangez en pleine nuit maintenant ? La veille de Thanksgiving ? Alors qu'on va devoir travailler toute la journée ?
-T'inquiète Mary, on sera opérationnel, mais je te ramène dans la chambre, tout de suite pour ne pas que tu sois fatiguée.
Il la souleva alors qu'elle était en nuisette et ils montèrent tous les deux. Brian passa sa main dans mes cheveux et m'embrassa sur la tempe.
-Tu veux bien me porter aussi ?
-Même pas en rêve.
Il finit par m'attraper en mode cromagnon et il remonta les escaliers rapidement avant de me relancer sur son lit.
-Dors, femme.
Il retira son T-shirt et se remit dans les draps. Il tapota à côté de lui pour me faire comprendre que je devais le rejoindreet je le regardai à travers la luminosité que la lune diffusait dans sa chambre. Je l'embrassai sur ses blessures, comme pour lui faire un bisou magique.
-Qu'est-ce que tu voulais me dire tout à l'heure ?
-J'ai oublié, murmura-t-il les paupières lourdes. Tu.. tu veux bien me prendre dans tes bras le temps que je m'endorme ?
Il n'attendit pas la réponse et posa sa tête sur moi. Je caressai ses cheveux et je finis par l'entourer de mes bras. Sa respiration tranquille me calma et quand nous nous réveillâmes le lendemain matin, j'étais en train de lui baver dessus et lui dormait profondément. J'avais méga la honte et je l'essuyai discrètement avant de me réinstaller.
-Y'a que deux solutions à ton geste, soit tu veux me tâter, soit tu m'as bavé dessus. Je préfère la première option.
Sa voix me fit sursauter. Il se frotta les yeux et il me remonta à son niveau.
-Est-ce que c'est moche ?
-Très laid. Je vais sûrement devoir te maquiller encore une fois.
Son sourire trouva écho dans le mien et il écarta ma mèche de cheveux de mon visage. Il n'avait pas besoin de me parler et je n'en avais pas envie non plus. J'avais juste un peu besoin de tendresse et la douceur de ce moment me rappela ce que j'attendais d'un garçon. J'avais voulu tester un être différent de Marc, je voulais une personne romantique et j'étais pas du tout bien tombée avec Wyatt. Il était tout sauf romantique. Moi je voulais des moments comme celui-ci. Des moments de pure félicité. Des moments où mon homme me regarderait avec un air aimant. Brian ne me regardait pas avec un air énamouré mais très doux.
-Est-ce que tu as mal quand je te touche ici ?
Il posa sa main sous mon haut, sur mon bleu.
-Non, pas quand tu le frôles juste.
-J'ai besoin de toi Sarah. J'ai besoin de l'adresse actuelle de Wyatt.
-Pourquoi ?
-Je connais deux trois gars qui le recherchent. Je les ai appelés pour leur dire qu'il était ici à Los Angeles et qu'il s'en était pris à ma sœur. Je ne l'ai pas dit à John ni à Maman, mais... Wyatt, c'est terminé pour lui, tu comprends. Pourquoi tu pleures ?
-J'ai été une super garce avec toi alors que tu es un mec adorable.
-Ne le répète pas, j'aime bien ma réputation de super connard. Et puis.. tu es ma sœur, non ?
J'acquiesçai et il se leva de son lit en s'étirant.
-Tu peux me trouver mon téléphone et envoyer un message à Alex pour lui demander si je dois ramener quelque chose chez son père ?
Je l'attrapai et je le fis. Je lus le dernier échange qu'ils avaient vu. Alex lui disait qu'elle avait hâte de voir le clip parce que Brian et moi avions fait un super taf et que c'était sûrement difficile de faire semblant d'être ensemble alors que ce n'était pas du tout le cas. Brian lui répondait que ce n'était pas si difficile parce qu'on ne se détestait pas tellement que ça et qu'on avait surtout beaucoup ri. C'était la vérité. Nous avions beaucoup ri tous les deux. J'envoyais son message et je partis me laver avant de me rendre dans la cuisine. Nous avions beaucoup de travail. Nous recevions ma famille pour Thanksgiving comme l'an dernier et ils avaient décidé d'arriver assez tôt pour aider à préparer le repas. Quand je vis mon Grand-Père, je baissai les yeux, mais lui me serra dans ses bras avec une force impressionnante. Tom s'arrêta en le voyant et il plissa des yeux.
-Vous aussi vous vous êtes pris un coup pour Sarah ? Je crois qu'on devrait former un club. Parce que moi l'an dernier, j'ai tapé sur quelqu'un qui avait dit un truc sur Sarah et Brian s'est pris une dérouillé d'après ce que je sais hier.
-Tom ! Surveille ton vocabulaire. Je suis désolée M. Evans.
Elijah sourit à ma belle-mère et entreprit de continuer la garniture aromatique sous la direction de mon père. Apparemment, les hommes avaient décidé de cuisiner et avaient interdit la cuisine aux filles, si elles comptaient user de couteaux.
-Maman ? Je suis présentable là ?
Je me retournai en même temps que Mary et je vis Brian dans un costume ceintré qui lui allait la perfection. Il était bordeaux. Je n'avais jamais vu un mec avec un costume comme ça... et ça lui allait super bien, ça lui donnait un côté un peu foufou.
-Basket, répondit Mary. Tes blanches.. et un T-shirt ? Vraiment ? Tu vas chez ton presque beau-père Brian. Tu pourrais mettre une chemise.
-J'allais le faire. Mais dans l'ensemble ?
-Ça ira quand tu te seras rasé. Tu n'as pas assez de poils pour faire une barbe alors... c'est un peu ridicule.
-Si tu m'envoies me raser à chaque fois, je vois pas comment je l'aurais ma barbe.
-Fais-la pousser pendant des vacances si tu y tiens, à un moment où tu ne seras pas obligé de sortir pendant trois ou quatre jours.
Je commençai à rire et Candice aussi. Brian sourit et tourna les talons. Moi je le trouvais très bien comme ça. Mary s'ennuyait et elle n'avait pas le droit d'aller en cuisine, aussi, elle attaqua la réserve d'alcool de mon père et me servit un jus de fruit à ma demande. Je n'étais pas prête de reboire de l'alcool, c'était certain.
-Les filles ont fait un travail spectaculaire, expliquait Candice. Tu aurais dû voir ça Mary !
-Je vais le voir ! Quand est votre spectacle déjà ?
-Début décembre, le mardi je crois. Il reste peu de temps à Tara pour faire le montage, mais elle a dit qu'elle y passait ses nuits et son temps libre et je crois que Brian l'aide beaucoup.
-Je fais quoi ?
Il s'était changé et il attrapa mon verre pour le finir. Je le tapai et il rit avant de me resservir.
-Tu aides Tara pour le clip ?
-Oui.
-De quoi il parle au juste ?
-C'est une surprise Maman. Tu ne veux pas gâcher une surprise pas vrai ? Tu vas vraiment l'être en plus.
Il me fit un clin d'œil et Candice qui était plus ou moins au courant d'une certaine scène se mit à rire sous cape. J'entendis des éclats de rire et quand j'arrivais dans la cuisine, mon père était avec ses gants, une aiguille et du fil.
-Tu es en train de recoudre la dinde ? Sérieusement ?
-Je parie que Sarah le fait mieux que toi ?! s'exclama Eric en pleurant à cause des oignons.
-Tu paries combien ?
-Mon salaire du mois prochain, lança Eric. Je suis sûr et certain de la supériorité des Evans sur les McAllister.
Mon père eut un sourire méprisant, attrapa le couteau et entailla la pauvre bête.
-Chérie. Approche. Ton oncle a envie de perdre son salaire de décembre.
-Je...
Eric m'attrapa par la main, me planta devant la dinde et commença à me masser les épaules, en invoquant l'esprit du clan Evans pour qu'il me vienne en aide.
-Pense au Noël de Giulia.
Ils étaient fous mais je n'avais pas le choix. Je me lavai les mains, les essuyai avec soin et je pris des gants. Les aiguilles de mon père était alignées et j'en pris une ronde.
-Grand-Père, tu peux mettre de la musique ? Photograph d'Ed Sheeran ce serait parfait.
J'aimais beaucoup cette chanson et son air m'aida à me concentrer. Je plongeai dans la peau de l'animal en sifflotant. Mon père travaillait de son côté et moi du mien. Je finis peu de temps après lui et mon père fit une photo pour l'envoyer à l'un de ses collègues. Ce dernier lui répondit que j'avais mieux bossé que lui et mes oncles jugèrent que j'avais récupéré le don de ma mère qui était d'être bien meilleure que mon père. Il ne dit rien, mais me demanda d'aller chercher son chéquier.
-Sauf si tu veux du cash.
-Un chèque, ce sera parfait, sourit mon oncle. En deux fois s'il-te-plaît.
Il donna le montant et mon oncle me tendit l'un des chèques.
-Tu as bien bossé ma petite. Tiens, c'est pour l'honneur de la famille Evans que tu as magnifiquement défendu.
-Je préfère que tu donnes ma part à une association de lutte contre la toxicomanie adolescente ou à un centre de désintox. Ce serait plus raccord avec mes pensées en ce moment tu vois.
Il hocha la tête et rangea le chèque. Je retournai auprès du piano et des filles. Giulia venait de descendre avec Tom et ils étaient en train de faire des dessins. Tom s'améliorait de jour en jour.
-John ? dis-moi, est-ce qu'il y a des médecins dans l'armée ?
-Oui chaton.
Tom posa son crayon pour en prendre un autre.
-Dans ce cas, plus tard, je serai un médecin militaire, parce que Grand-Père a toujours dit qu'il n'y avait pas de plus belle chose qui existe, à part Grand-Mère bien sûr, que de servir son pays.
-Il y a d'autres façon de servir son pays que de partir faire la guerre tu sais, répondit sa mère. On peut servir son pays... en participant à la vie politique ou même on peut servir son pays en se battant pour ses droits ou...
-Mais Maman, si les soldats n'avaient personne pour les guérir, ils ne pourraient jamais rentrer à la maison, non ?
-Oui, mais...
-Je vois pas en quoi c'est mal de partir soigner des gens qui se battent pour notre pays.
-Ce n'est pas mal, oublie ce que j'ai dit.
-Non, explique-moi.
Mary soupira et posa son verre.
-Est-ce que tu sais ce que c'est la guerre ? Ce n'est pas ce qu'on voit dans les films tu sais , Ou si c'est exactement ça mais en pire, parce qu'une fois que les soldats reviennent à la maison, ils ne sont plus comme avant. Pour beaucoup d'entre eux, les cauchemars perdurent. Et si tu crois que sur un terrain en guerre, ils font attention aux médecins ? ce n'est pas vrai. Si tu décides d'entrer dans l'armée, il faut que tu sois conscient que tu peux perdre la vie et ne jamais revenir.
-Tu biaises le propos Mary, répondit mon père en levant le sourcil. Si tu as vraiment envie de faire ça, Tom, on te soutiendra, quoi qu'il arrive.
Mary sourit mais je sus qu'elle avait envie de l'envoyer bouler mais qu'elle ne disait rien. Mon père le sentit parce qu'il quitta rapidement le salon. Est-ce qu'ils allaient encore se disputer ? Je profitai d'un moment de liberté pour aller avec les enfants à la boulangerie chercher la commande de Mary et quand je rentrai à la maison, je compris qu'il y avait un malaise en ne voyant ni Mary, ni mon père.
-Ils sont partis où ?
-Il y a une voisine qui avait besoin d'un truc et apparemment ta belle-mère est jalouse.
-Ah. Elle. Me regardez pas comme ça, c'est celle qui a dragué Papa là, au dernier barbeuc façon Desperate Housewives qu'on a fait. Depuis on les évite tous !
-Au lieu de dire n'importe quoi, va chercher une bouteille de rouge dans la partie « cuisine » de la cave de ton père.
Je levai les yeux et je filai vers le garage. J'étais presque rendue en bas des escaliers lorsque j'entendis la voix de Mary. Elle ne l'élevait pas, mais je connaissais ce ton assez dur. Elle était en train de lui passer un savon.
-Je ne sur-réagis pas, John. J'apprécierai juste que tu ne pousses pas l'un des garçons à se faire tuer tu vois.
-C'est quoi le véritable problème ?
-J'ai déjà perdu un homme que j'aimais à cause de la guerre, je ne veux pas en perdre un autre. Je ne vois pas où est le problème et il me semblait que c'était ton devoir de me soutenir, c'est tout.
Je décidai de me montrer à ce moment là et leur discussion cessa. Ils se mirent à sourire comme si de rien était et mon père retourna avec nos invités. Brian n'était pas là, il était parti plus tard dans la journée et je le regrettais énormément. Personne ne percevait le malaise entre nos parents mais moi oui. J'ai perdu un homme que j'aimais à cause de la guerre. De quoi parlait-elle ? ou de qui parlait-elle ?
Au moment du repas, je me rappelai que je devais confesser la raison pour laquelle j'étais reconnaissante. Je l'étais pour énormément de choses, mais je fus touchée par le remerciement de ma cousine Giulia, qui insista pour commencer. Elle sortit un papier de sa poche, tout chiffonné.
-Alors... je suis reconnaissante parce que oncle John et tante Mary m'ont offert une nouvelle poupée, Maria et qu'elle est devenue la meilleure amie de Julie. Ensuite, je suis reconnaissante parce que Tom est devenu mon meilleur ami de toute la Terre et que plus tard, on deviendra des gardiens de la galaxie. Je suis reconnaissante parce que je sais que Papa est heureux que je vive avec lui tout le temps et qu'il sourit très souvent maintenant, je suis reconnaissante aussi parce que Elijah m'a appris à faire des beignets et parce que lui aussi il est heureux, je suis reconnaissante parce que Candice et Grand-Père passent beaucoup de temps avec nous, je suis reconnaissante parce que Brian m'a appris à faire du roller et que c'est super cool et je suis reconnaissante parce que Sarah est sortie de l'hôpital saine et sauve et on est plus aussi inquiet pour elle. Voilà, j'ai fini.
-C'était de très longs remerciements, ça Giulia.
-Je les ai écris à l'école Papa. C'est à Tom de le faire ! Parce qu'on fait ça en ordre d'âge. Donc après c'est Sarah après... bah vous vous débrouillerez hein.
Quand ce fut mon tour, je repensai à ce qu'avait dit Giulia et je souris.
-Moi je suis pleine de reconnaissance de vous avoir, tous autant que vous êtes. Vous êtes toujours là pour moi, dans les bons moments comme dans les moments difficiles. Surtout dans les moments difficiles. Je vous aime, tous.
Le repas était un de mes petits bonheurs. J'avais l'impression que tout le monde était content d'être là et les rires commencèrent à fuser. Candice se chamaillait avec Eric et mon père, qui avait son air taquin sur le visage, preuve qu'il jetait de l'huile sur le feu juste pour s'amuser. Mary discutait mode avec Elijah et moi, je parlais avec mon Grand-Père. Plus exactement, je me réconciliais avec lui.
-Dis... tu viendrais avec moi sur le terrain de tir demain ?
-Je pensais que tu irais faire les magasins avec ton amie.
-Je ne suis pas sûre que nous soyons encore amies. J'ai été très méchante avec elle parce que je pensais qu'elle reviendrait, comme à chaque fois. Mais là, elle hésite. Alors... tu veux bien venir tirer avec moi.
-Volontiers. J'ai reçu un appel de mon ami, il parait que tu as fait des progrès.
-Pardon ? Lança mon père. Tu... tires ?
-Oui, j'ai commencé y'a un petit moment. Je te l'ai dit en plus ! Je t'ai dit que j'allais apprendre à dégommer des canards et tu as répondu « ne tue pas Donald ».
Mon père acquiesça, gêné de ne pas s'en souvenir avec précision. Au moment du dessert, alors que j'avais le ventre déjà bien rempli, mon téléphone vibra. Je repoussai la fenêtre de la cuisine et je pris mon téléphone dans la poche de ma robe. Tom m'interpella à ce moment là et je perdis ma notification.
-Il est dans ma chambre ! Va le chercher !
Je me tournai vers la fenêtre et j'appuyai sur mon application messages. C'était un numéro inconnu. Je l'ouvris et je faillis hurler. Il y avait une photo de moi, complètement nue, dans une pose plus que suggestive, les yeux embrumés. La photo était accompagnée de ce message Au Rodizio, 21h15. Wyatt. C'était lui, c'était une évidence. Mais c'était quoi cette photo ? Je ne m'en rappelais pas du tout. Où l'avait-il prise et quand ? Avais-je vraiment perdu l'esprit ? Cette vision me révulsa. Il avait fait des photos de moi, nue et je ne m'en souvenais pas. Je fermai les yeux pour calmer ma respiration. Il était 20h45. Je devais prévenir mon père. Je devais faire quelque chose. Un autre message arriva avec une autre photo. C'était un screen d'un message. Elle était pire que la précédente et ce message était destiné à Brian, je reconnus aussi le numéro de Sophie dans la barre du haut. Un autre message arriva, immédiatement, le screen d'un mail et je vis des adresses... harvard, yale... avec comme objet : Recrutement, Sarah McAllister. Le fils de pute. Viens seule ou sinon c'est envoyé. J'étais dans un cauchemar. Un putain de cauchemar.
-Papa ? appelai-je. Est-ce que... est-ce que tu peux me déposer chez Paul ? Ou est-ce que je peux prendre un taxi pour y aller ? J'ai besoin de lui demander un truc et tu sais comment sont les McDust avec les téléphones à Thanksgiving...
Paul était celui qui habitait le plus près du bar, je devais tromper la vigilance de mon père et c'était le seul moyen. Je savais que Paul avait aussi été invité à passer du temps chez Alexandra avec Brian. Mais ça, mon père l'ignorait.
-Je vais t'accompagner tout de suite.
Je filai à l'étage, direction le bureau de mon père. Il avait un coffre et depuis notre punition, il n'avait pas changé le code. Il y avait dedans des liasses de billets de 100$. Je savais que mon père les rangeait par 50. J'en attrapai 4 et je les fourrai dans mon sac à main. Peut-être que ça suffirait pour qu'il me laisse tranquille et pour racheter son téléphone et tout le reste. Je ne savais pas si j'étais en train de faire une connerie, mais Wyatt était prêt à bousiller mon avenir. Il allait le faire, c'était une certitude. Pourquoi lui avais-je donné mon nom ? mon adresse ? Pourquoi lui avais-je parlé de moi ? J'étais une sombre idiote. Mon père me déposa devant la porte des McDust et je rentrai dans le parc. Je lui fis un signe pendant que j'étais devant la porte. Je sonnai et Line vint m'ouvrir.
-Salut !
-Désolée de vous déranger, je dois juste poser ce livre pour Paul dans sa chambre et je repars tout de suite ! Papa est au téléphone avec l'hôpital dans la voiture, ajoutai-je.
Elle me fit entrer et je savais que l'étape 1 fonctionnait. Je filai dans la chambre de Paul pour poser le livre, je scrutai l'horizon depuis l'étage. Mon père m'avait dit que je devais l'appeler quand je voudrais revenir et il était reparti. Je remerciai Line et je courus vers le Uber que j'avais commandé avant de partir de la maison. J'arrivai devant le Rodizio avec une appréhension folle et mal au ventre. Je pris mon téléphone et je laissai un message vocal à Brian. Je lui expliquai la situation et que s'il voulait appeler ses amis pour les prévenir de l'endroit où était Wyatt, c'était le moment parce que je ne savais pas combien de temps il resterait. Je frappai à la porte et on me laissa entrer. Y'avait encore plus de monde que la dernière fois mais je n'eus aucun mal à trouver Wyatt. Il était en train de parler avec des hommes à la mine dangereuse. Ceci dit, lui aussi l'était. Je m'avançais vers lui et il me siffla.
-Emeraude, tu es vraiment belle dans cette robe, et ces pierres à tes oreilles ! Superbes !
-On a une affaire en commun, me semble-t-il. Tu peux demander à tes petites copines de partir ou tu veux te ridiculiser en public ? répliquai-je sèchement.
-Bandante et mordante. Je vous l'avais dit. Dégagez, siffla-t-il froidement.
Ses molosses se levèrent mais je ne dégageai pas mon regard de lui.
-Tu me voulais quoi ?
-Voyons Em, je ne pensais pas que c'était aussi difficile de joindre sa copine ici à Los Angeles.
-Je ne suis plus ta copine.
-Si tu l'es, répondit-il d'un ton glacial. J'ai même un film qui prouve à quel point tu es ma copine, à quel point tu le hurles même.
-T'es qu'une...
-Si j'étais toi, je ferai attention à tes prochaines paroles, Sarah.
Il brandit son téléphone et me le montra, le mail était prêt à être envoyé.
-Prends place, je te prie.
-Qu'est-ce que tu me veux sérieusement ? Je suis encore une enfant. Tu as un côté pédophile ou quoi ?
-Tu n'es plus une enfant Emeraude. Tu es majeure dans quelques mois. Assieds-toi bordel.
J'obéis parce qu'il avait monté la voix et qu'il me terrorisait, je devais gagner du temps pour que Brian arrive.
-Bien, tu veux boire quelque chose ?
-Non merci.
-C'est à dire ? siffla-t-il sèchement.
-Je vais prendre un jus de pommes.
Il se leva pour aller me chercher ma boisson et je vis distinctement la trace blanche sur la table. Il était stone probablement. Il était au bar. Je n'eus pas le temps de répondre au message que je vis de la part de Sophie que déjà, il revenait. J'avalais une gorgée dans mon verre et je repris mes esprits.
-Tu veux combien pour les photos et la vidéos et tout ce que tu as sur moi ?
-Qui te fait croire que c'est ce que je veux ?
Je sortis la première liasse de billet sur la table. Il voulait jouer ? Il fit mine de ne pas être intéressé et j'en sortis une seconde. Je m'arrêtai à la troisième.
-C'est un bon début. Mais ce n'est pas ce que je veux, Em'. Je te veux toi... je...
Son téléphone sonna et il grogna avant de répondre, il se leva et grimpa les escaliers jusqu'à l'étage où il sortit une clef de sa poche pour ouvrir. C'était donc là qu'il se cachait tout ce temps ? Je ramassai les billets dans mon sac et il me laissa toute seule un long moment. Je souhaitais aussi un bon Thanksgiving à Sophie et je finis par en avoir marre. Je me levai et je sentis le sol se dérober sous mes pieds. Je me rassis immédiatement. Ça... c'était pas normal du tout, j'avais l'impression d'être sous l'emprise de l'alcool. Je n'aurais pas dû venir. Je devais sortir de là. Wyatt revint à la table avant que je puisse faire deux pas vers la sortie.
-Il faut que j'aille aux toilettes, tu peux me les indiquer ?
J'espérais trouver un moyen de sortir de là. Ça l'arrangeait visiblement. Quand je marchais alors que je voyais le sol bouger, j'essayai de rester la plus droite possible. C'était très difficile mais quand j'y parvins, je m'affalais presque sur le lavabo. Je poussai l'une des portes et je m'assis. Il avait mis une drogue dans mon verre. Je pris mon téléphone et j'appelai Brian, il était en numéro rapide. Il décrocha immédiatement.
-Brian...
-Tu es où ? Tu es dans le bar ? Tu es avec lui ?
-Il m'a droguée, je me sens engourdie. Viens me chercher. S'il-te-plaît. Tout de suite.
-J'arrive, je suis pas loin, on a sauté dans la voiture après ton message. Tu restes loin de lui. Appelle John.. putain tu en as des mauvaises idées toi !
-Il a des photos de moi à poil, soufflai-je. Je voulais juste les récupérer avant qu'il ne les diffuse partout sur internet et ailleurs.
-On est en route. On est là dans 5 minutes grand grand max. Gagne du...
Je raccrochai en entendant quelqu'un rentrer.
-Emeraude ? tout va bien ?
-Oui, oui j'ai juste un peu mal au ventre, répondis-je dans un éclair de lucidité.
Je tirai la chasse d'eau et je sortis. Il était là. Je ne devais pas rester toute seule avec lui. Sinon, il pourrait me kidnapper. Mais il n'en décida pas comme ça. Il m'attira par le bras et me fit monter les marches.
-Non, je préfère rester en bas.
-Pas moi. Et puis tu as fini ton verre. Les clients n'ont pas besoin d'entendre ça.
Je n'avais pas la force de crier ou de me débattre. Il n'avait pas fermé la porte et il ne fit même pas mine de mettre un coup de clef dans la serrure quand il me fit entrer. Il y avait un bureau, un lit de camp. C'était tout. Très rudimentaire et très sale surtout. Y'avait de la drogue partout, mais je vis surtout le flingue en évidence. Je devais la jouer finement, mais mon corps ne répondait pas de manière alerte. Tout était un peu flou.
-Tu devrais t'asseoir bébé, tu as pas l'air bien.
-Je veux partir, réussis-je à dire.
-On devait parler, tu as oublié ?
Il m'attrapa par les hanches et me ramena vers lui sur le lit de camp. Il commença à m'embrasser alors que je voyais vraiment trouble. J'essayai de le repousser mais je n'y arrivais pas. Ses lèvres se posèrent dans mon cou et sur ma bouche. Il me parlait mais je ne savais pas ce qu'il disait. Je ne percevais que des bribes : on en a envie, je suis ta famille, je peux pas me passer de toi. Plus je sombrais dans l'inconscience, plus ses mains étaient baladeuses et moins il m'écoutait lui dire non. Mon cœur battait la chamade. Il touchait mes cuisses, sa main glissa dans mon sous-vêtement pour le dégager. J'essayai dans un sursaut de le repousser mais il grogna. Il se frottait à moi mais je ne pouvais rien faire. Rien du tout. Mes paupières étaient lourdes. Trop lourdes. Et ma main retomba mollement sur le côté. J'étais foutue.
***
Rhalala pauvre petite Sarah, va-t-elle s'en sortir finalement ? Vous ne le saurez jamais mouhahahahahahahahahahaahaha.
Je plaisante bien évidemment.
Je fais cette note de bas de page pour vous prévenir du calendrier estival - je l'avais promis dans Shhh- qui se déroulera comme suit :
en juillet : chapitres toutes les semaines
en août chapitre toutes les deux semaines (donc le 1e, le 15, le 29)
Pas de chapitre le 5 septembre (je suis en examen)
À partir du 12 septembre, on reprend un chapitre par semaine (si je ne suis pas en retard)
Quant aux commentaires, et MP, je ne suis pas certaine de pouvoir y répondre de manière régulière, je vais passer les deux prochains mois à réviser aussi n'en prenez pas ombrage si je ne vous réponds pas immédiatement.
Voilà j'ai fini, je vous souhaite un bon bronzage et de bons barbeucs, bref un bel été !
xoxo
M.
PS : L'instant creepy du chapitre a été sponsorisé par crazysheep,
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