Dress me up
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Michaela est vraiment la fille la plus cool de la Terre. Je suis super content qu'elle soit venue habiter ici.
J'aidais Tom à faire un papier cadeau pour l'anniversaire de sa copine. Nous étions dans sa chambre et j'étais de corvée pour que ça ressemble à quelque chose. J'entendis Brian frapper à la porte et son rire.
-Il est moche ce papier cadeau. Je vais le faire.
Brian me poussa et reprit les ciseaux. Il n'avait plus les stigmates de la super fête et même moi, après un peu de sommeil, j'allais beaucoup mieux. C'était sûrement sa mixture magique. Brian me demanda le ruban et il finit d'emballer le cadeau.
-Elle va adorer ce jeu de fléchette, c'est une super idée.
-C'est une idée de Duncan. Il a dit que les filles cool aimaient jouer aux fléchettes.
-Il a précisé qu'elles devaient être à moitié nue et éméchée ?
Tom se mit à rire et il attrapa le cadeau pour le poser sur son bureau.
-Oui, il a ajouté ça et Papa l'a tapé derrière la tête en lui demandant d'arrêter de dire n'importe quoi. Dis Brian, tu as pu parler à ton père après le match ?
-Oui, tout à fait.
-Et il a dit quoi ?
Brian regarda son petit frère droit dans les yeux.
-Il m'a dit qu'il était fier de moi et il m'a demandé de prendre soin de toi aussi. Il doit repartir vers sa base cette semaine. Il voulait attendre la remise des diplômes mais il ne pouvait pas le faire. Je pense qu'il veut vraiment s'amender et je pense que John ne t'en voudrait pas si tu voulais apprendre à le connaître un peu.
-Papa me l'a déjà dit ça. Mais je me dis que je ne peux pas.. je suis partagé en fait. J'aime être un McAllister tu sais. J'aime quand Papa dit que je suis son fils et j'ai l'impression de le trahir.
-Tu le feras pas. Je vais te dire un truc. John et toi vous vous êtes choisis. Y'a rien de plus fort que ça. Vous êtes la famille l'un de l'autre parce que vous l'avez voulu. Rien ne pourra enlever ça. Rien du tout, tu comprends ?
-Mais... il t'a fait tellement de mal et à Maman aussi. Je n'ai pas envie d'oublier ça.
-Il ne faut pas oublier, on ne pourra jamais l'oublier, mais.. on peut aussi essayer de mettre la rancoeur de côté pour aller de l'avant. On change de vie toi et moi, Thomas. On va enfin de l'avant, alors il ne faut pas rester sur le malheur passé. En ce qui me concerne, j'ai bien envie de connaitre les filles d'Alessandro. J'ai envie d'être là pour elles si elles ont besoin. Je veux faire partie de leur vie. C'est plus le même gars que celui qui buvait et qui était malade. Il essaye de faire des efforts, jour après jour. J'ai souvent dit qu'on ne changeait pas, mais je me trompais Tom. Alors si tu as envie de le connaitre autant que moi j'ai envie de le connaitre, je pense qu'on pourrait faire ça tous les deux. On aurait moins peur, à deux, non ?
-Oui mais moi je le considèrerai jamais vraiment comme mon père, tu le sais, hein ?
-Oui Tom. Je le sais parfaitement.
-Je voulais mettre les choses au clair. Vous m'appellerez l'an prochain ?
-Bien sûr. Et je vais monnayer avec Maman pour que vous veniez tous en Angleterre à Noël.
Je souris et je finis par me lever. Je ne voulais pas penser à cet avenir où nous serions tous dispatcher. Sophie avait raison. Je ne savais pas si j'en avais envie moi non plus de mettre fin à cette petite parenthèse dans ma vie qu'était le lycée. Je sortis et je filai dans le boudoir de Mary où elle se faisait masser les pieds par mon père pendant qu'elle tricotait.
-C'est vraiment gentil.
-Tu portes mes bébés, je pense que je peux te masser les pieds, repasser tout le linge, voir faire la cuisine tous les jours. Salut Sarah !
-Je voulais parler à Mary de ma robe pour le bal.
-J'ai eu des idées dès que Line m'a montré les croquis de mon fils. Un thème de contes de fées. C'est tellement chou. Par contre, c'est quoi le budget de votre lycée, vous n'avez pas un peu des rêves de grandeur ? Vous payez une décoratrice d'intérieure ? Vraiment ? Où sont les décorations en kraft et faites maison ?
-Papa a filé un chèque.
Mary sourit et jeta un coup d'oeil à son mari. Ce dernier la fixa innocemment.
-J'ai simplement suggéré au conseil des parents que nos enfants avaient vécu des éléments traumatisants et qu'on pouvait peut-être leur donner un coup de pouce financier pour avoir un bal de promo de malade.
-Tu as bien fait, je vais pouvoir exprimer mes idées de grandeur avec Sarah pour sa robe. Tu pensais que c'était la misère l'an dernier pour ton ta première soirée avec Ray ? Tu ne m'as pas vu pour un bal de promo. Il nous reste quoi, deux semaines ?
-Oui, m'dame.
-Je te jure, tu vas être divine. J'espère que tu aimes être en talon par contre, pas question que tu n'en mettes pas pour ton bal. Et pour les bijoux..
-J'aurais mon mot à dire ?
-Même pas en rêve.
Mary se bidonna toute seule et mon père me regarda en riant lui aussi.
-Par contre John trêve de plaisanterie. C'était l'idée duquel de vous trois entre Nicholas, Ben et toi de mettre des saladiers de capotes dans les chambres d'amis.
-C'était la mienne. Tu connais ma philosophie. Pas de sexe sans latex, sauf dans un couple marié et consentant. Je connais les ados, j'en ai été un. Je me suis dit que tant qu'à faire, autant qu'ils ne choppent pas des maladies en baisant après un match. D'ailleurs, rien à voir mais le week-end prochain, je ne serai pas là.
-Quoi ? Tu vas où ?
-Je vais en Europe. Il y a une conférence à Londres et j'aimerai que tu viennes avec moi Mary. On partirait vendredi, on reviendrait mardi.
-J'ai un travail tu sais ?
-Tu n'as pas des gens que tu pourrais voir à Londres qui pourrait justifier que tu travailles de là-bas ? Tu m'as dit que tu adorais Londres et...
-Je vais me débrouiller. Il y a de jeunes créateurs que je pourrais visiter. Je vais arranger ça. Par contre, c'est toi qui paye. Je ne ferai pas de notes de frais.
-J'ai demandé à James s'il pouvait me prêter un de ses joujoux et il a accepté à condition que je lui ramène un cadeau. On a un jet de la société. Tu peux dire à ton assistante de venir si tu veux.
-Je t'aime tu sais ?
-Ouais je m'en doute. Tu me mates souvent quand je passe.
Mary fit son offusquée et cela me fit beaucoup rire. J'attrapai du vernis pour me faire les ongles et je finis par m'endormir alors que je regardai ma belle-mère tricoter une couverture. J'avais vraiment besoin de dormir visiblement et lorsque je me réveillai le lendemain, je vis des messages de Ray. Mon ami me manquait, je ne lui avais pas parlé depuis des lustres. Je n'arrivais pas à tomber sur lui, ni lui sur moi. « Tu peux me rappeler ? C'est urgent. » Je me redressai sur mon lit et je collai le combiné à mon oreille. Je tombai directement sur lui.
-Ray ?
-Mon chien, il a été percuté par une voiture, renifla Ray.
-Quand c'est arrivé ?
-Tout à l'heure. Il a échappé à la surveillance de mon père et... Je ne sais pas s'il va s'en sortir. Putain.
Ray se mit à pleurer et des larmes commencèrent à me piquer.
-Il va s'en sortir. Je ne peux pas te le promettre, mais je vais prier pour vous deux.
-Je ne peux pas imaginer ma vie sans lui. Je l'ai depuis 6 ans. Je l'ai connu quand il était tout petit. Chuck ? Qu'est-ce que tu fais... merci, c'est sympa, bro.
-Chuck est là ?
-Ouais. Il vient d'arriver. Je te le passe.
J'entendis la voix Chuck.
-Tu prends soin de lui s'il-te-plaît.
-Je suis là pour ça. J'étais pas loin, je suis venu dès que j'ai su.
Je sentais une émotion dans sa voix que je ne lui connaissais pas. Je ne voulais pas lui prendre plus de temps avec Ray, mais je me promis de lui redemander à l'occasion. Mon père tilta directement qu'il y avait un problème.
-Le chien de Ray a été percuté par une voiture.
-Pauvre animal. Je me souviens quand notre chien est mort à James et moi. On en a pleuré pendant deux jours entiers. C'était au moment où mon père est parti de la maison en plus. Une horreur. Enfin bref, j'espère qu'il va s'en sortir. Brian, je pense qu'il va vraiment falloir qu'on emmène ta voiture chez le garagiste, il déterminera si on peut en faire quelque chose ou pas.
-Non ! Je l'ai toujours réparée seul !
-C'est pour ça qu'elle tombe en ruine, soupira sa mère. Écoute ton beau-père.
-Mais j'y tiens à ma voiture. Tu as économisé des mois pour me la payer. Je n'ai pas envie de l'envoyer à la casse.
Papa pencha un peu la tête sur le côté.
-Écoute, je vais demander à un ami garagiste de venir, il va essayer de savoir exactement ce qui déconne et tu pourras aviser par la suite si on arrive à trouver les pièces. Je peux comprendre. Personnellement j'ai encore ma première voiture.
-Vu ton âge, on est d'accord, par voiture, tu entends une charrette hein ?
Il me jeta sa serviette à la figure et Tom se mit à rire.
-Elle est dans le manoir McAllister. C'était une Ferrari, une F40.
-T'es sérieux ??? s'exclama Brian.
-Je te le jure. C'était pas si longtemps après le divorce de mes parents. Mon père ne m'avait pas souhaité mon anniversaire cette année là, pas même un message et je l'avais vraiment mal pris. Je l'avais dit à mon frère. Et comme mon frère est une perle de frère, il en a fait part à mon Grand-Père. Une semaine plus tard, il me l'a offerte.
-Je suis sûr que tu as choppé à mort, fit Brian.
-Brian ! s'exclama Mary.
-Et comment. Toujours est-il que j'y prenais grand soin. Je... peux comprendre. Je vais en sorte que tu la gardes longtemps.
-Je pourrais conduire ta Ferrari ? demanda Brian les yeux brillants d'excitation.
-Je te passerai les clefs. On part ta mère et moi le week-end prochain, tu n'auras qu'à nous accompagner là-bas et repartir avec.
-Trop cool, merci John.Attendez... vous partez ?
-Oui, John m'a convaincue. On va à Londres.
-Alors que tu es enceinte ? Tu veux que mes frère et soeur naissent sur le sol britannique ?
-Alors d'une, ils ne vont pas naitre tout de suite, et de deux, ma mère est anglaise. Je suis moitié britannique.
-Je suis quand même très européen mine de rien. Thomas !
-Oui ?
-Chuck m'a invité pour un week-end et il m'a demandé si tu voulais venir aussi avec nous. En mode, beau-frère apparemment.
-Il prend la confiance, répliqua Tom en levant un sourcil.
-De ouf.
-Je suis okay. Comme ça on pourra tester s'il est assez bien pour entrer dans notre famille.
-Exactement, et si on le juge pas assez bien....
-On le balance depuis le pont de San Francisco.
-Toi tu es mon frère Thomas.
Ils se tapèrent dans la main, pendant que je les fixai interdite.
-Il t'a demandé ça quand ?
-Samedi soir ? Quand il m'a téléphoné pour me féliciter pour le match ! Tu croyais pas qu'il m'avait appelé juste pour toi hein ? Parce que c'est pas le cas.
Brian prit son téléphone et son sourire se figea un peu.
-Excusez-moi.
Il se leva et s'éloigna dans le jardin. Depuis que nous étions dans la nouvelle maison, nous prenions nos petits déjeuners dans le jardin la plupart du temps. C'était très agréable. Brian se retourna et fit un signe à son frère de venir. Tom s'essuya la bouche et il arriva. Brian se mit manifestement en haut parleur et Tom finit par revenir.
-Il y a un problème chaton ?
-Oh, c'est Alessandro. Brian vous expliquera mieux que moi.
Je me tournai totalement en voyant Brian arriver. Je lisais son trouble et je sus ce qu'il allait dire avant qu'il ouvre la bouche.
-Il doit repartir aujourd'hui. Enfin ce soir. Je... je ne m'y attendais pas. Je pensais qu'il restait plus de temps, mais il a été appelé hier.
Je regardai mon père avec insistance.
-Si tu as envie de passer la journée avec ton père, je vais faire un mot au lycée pour t'excuser.
-Non, je te remercie John. Il va être super occupé.
-Brian. Tu ne sais pas exactement quand tu vas le revoir et il va sûrement repartir au front dans pas longtemps, fit Mary. Je vais appeler le lycée.
-Juste pour cet après-midi alors. Tu veux que je passe te prendre Thomas ?
Tom tourna les yeux et regarda mon père.
-Papa ?
-Tom, si tu as envie d'aller dire au revoir à Alessandro, je n'y vois aucun inconvénient. Tu n'as pas besoin de ma permission, on en a déjà parlé.
Il hocha la tête et je vis une pointe de chagrin dans les yeux de Brian. Il sourit à sa mère.
-Je vais bien, c'est juste que... j'avais pas ressenti ça depuis longtemps. J'avais oublié le goût amer de l'inquiétude, mais je ne suis plus son seul enfant désormais. Il doit retourner auprès de ses filles, je comprends. Je ne pense pas que je le reverrai de si tôt. Je vais partir en Angleterre.
-Si tu as changé d'avis pour Oxford... commença doucement mon père.
-J'en rêve depuis toujours mais c'est dur de quitter sa famille. J'espère que tout se passera bien et que j'arriverai à m'intégrer.
-Je vois pas pourquoi ça...
-Je serai un immigré, Sarah, me répondit-il assez durement. Les gens ne sont pas toujours tendres avec les étrangers.
-Ouais enfin bon, t'es américain, avec une grand-mère anglaise. Tu parles la même langue, tu as le bon passeport. Et en plus de ça, tu as une Sarah McAllister. Et tu sais quoi ? Si quelqu'un te fait une remarque, je demande à James de m'affréter jusqu'en Angleterre et je les défoncerai. Ça va faire Kaboum à Oxford, c'est moi qui te le dit.
Il me regarda et soupira longuement en roulant des yeux.
-Elle pense qu'avec ses biscottos, elle va pouvoir vaincre la xénophobie.
-Mes biscottos sont suffisamment gros regarde.
Je bandai mon bras et Tom pouffa de rire. Même mon père commençait à se mordre l'intérieur des joues pour ne pas rire.
-Mary ! Viens à mon secours, ils se moquent de moi.
-Brian, John, Thomas. Arrêtez de vous moquer de Sarah. Puisque c'est comme ça, ce soir, elle et moi, on ne sera pas là. Ni pour le dîner, ni pour la nuit. Vous l'aurez bien mérité.
Mon père fit son offusqué mais je compris que c'était une manière de Mary de lui faire comprendre qu'ils devaient avoir une discussion entre hommes. Je promis à ma belle-mère de passer la prendre à son travail et je filai au lycée. Je trouvai là-bas Sophie en pleine discussion téléphonique. Elle semblait furieuse et ressemblait tellement à son père que cela me faisait un peu flipper.
-Je vous rappelle, à toutes fins utiles, qu'un contrat est un contrat... Et alors ? Je... Je ne vous permets pas de me parler sur ce ton, s'offusqua mon amie.
Elle regarda à son téléphone. Manifestement, son interlocuteur venait de mettre fin à l'appel. Elle me regarda.
-Mais quel bâtard de merde.
-Salut à toi aussi Sophie, ça me fait plaisir de te voir !
-Le traiteur vient de m'envoyer chier pour le bal. Je pourrais jamais trouver un truc bien. Putain.
Elle était tellement fâchée que je vis des larmes poindre dans le bout de ses yeux. Sa colère passa rapidement à la tristesse.
-J'avais promis de faire le bal le plus spectaculaire qu'a connu le lycée et il vient de me niquer mes projets et le pire, c'est qu'il m'a dit que j'étais qu'une ado et que la prochaine fois, il voudrait parler à un adulte.
-Appelle ton père, il va régler le problème en deux secondes.
-Je vais appeler Benjamin surtout. Tiens, en parlant du loup.
Je me retournai et je vis Paul sortir de la voiture de son père. Je me dirigeais vers elle avec Sophie. Elle semblait déterminée. Elle se pencha dans l'habitacle.
-Oncle Ben ? demanda-t-elle. J'ai besoin d'un avocat.
-Encore ? s'exclama le père de Paul en se frappant le visage.
Il sortit du véhicule, m'ébouriffa les cheveux. Sophie lui expliqua la situation et le fait que le traiteur ne voulait pas rendre l'avance donnée.
-Ça t'affecte beaucoup, n'est-ce pas ?
Je n'avais pas souvent vu du découragement sur le visage de Sophie, mais elle secoua la tête, désespérée.
-Je vais foirer le bal de promo juste. Je ne sais pas du tout comment faire.
-Je vais m'occuper de lui, tu m'envoies un mail avec la facture et les détails. Je vais aussi appeler Line, elle va voir pour le traiteur. Sophie ? Ça va s'arranger, okay ? Ne t'en fais pas.
-Je vais essayer en tout cas.
-Est-ce que j'aurais le plaisir de voir ton beau sourire avant de partir travailler ?
Il se fit un peu timide et Benjamin partit. Paul entoura Sophie de ses bras et elle se laissa câliner. Chuck me manquait et je pris mon téléphone pour l'appeler avant les cours. Il me répondit aussitôt.
-Comment va Roscoe ?
-Ils le gardent sous oxygène durant les prochaines heures, ils ne peuvent pas se prononcer.
-J'ai l'impression que ça te touche particulièrement.
-J'avais un chat quand j'étais enfant et il a été percuté par une voiture. C'est moi qui l'ai retrouvé après des heures de recherche et il est mort dans mes bras. J'avais 7 ans.
-Ça devait être affreux.
-Plutôt oui. Ma mère a refusé que j'ai un autre animal par la suite. J'ai pleuré pendant des jours. J'étais hyper mal. Je n'y avais pas pensé depuis des années. C'est le fait de voir Ray comme ça. Un animal pour un enfant unique c'est...
Il n'arrivait pas à trouver les mots, mais j'avais parfaitement compris ce qu'il voulait dire et j'en fus encore plus désolée pour Ray.
-Je te préviendrai de l'évolution des choses.
-Je veux bien oui. Tu embrasses Ray de ma part, s'il-te-plaît, et si ça ne va pas mieux et que son chien vient à décéder, tu pourras venir me chercher à l'aéroport ?
-Tout ce que tu veux. Mais je ne suis pas sûr que ton père accepterait que tu viennes.
-Je m'en moque de mon père. Je suis majeure. Je n'ai pas besoin d'avoir son approbation pour venir soutenir mon ami, ou encore pour venir passer du temps avec toi.
-Si tu viens, je serai là. Je te le promets.
Je dus le laisser alors que j'aurais voulu rester au téléphone avec lui. Rien que le fait d'entendre sa voix m'apaisait. J'avais pu lui parler de Brian et il m'avait dit de rester à ses côtés le plus possible. Si tu es autant un baume pour lui que tu l'es pour moi, alors tu dois rester avec lui. Il avait totalement raison et lors de la pause de la matinée, je me rendis auprès de lui. Brian était en mode tête de con populaire et il ne m'accorda pas un seul regard. Sa copine était avec lui et ils paradaient. L'élection du Roi et de la Reine approchait mine de rien et je savais qu'ils faisaient leur possible pour gagner. Je n'avais pas envie de m'abaisser à faire la queue auprès de sa cour pour pouvoir parler à sa Majesté Miller. Il ne voulait pas m'approcher, tant pis pour lui. Je bifurquai et je me retrouvai dans les toilettes du premier étage. Je me lavais les mains lorsque j'entendis la voix de Maya venir d'un cabinet de toilettes.
-Non Maman. Écoute, je ne peux pas garder le petit ce soir. Je dois aller chercher une robe pour le bal... t'es sérieuse là ? Mais... okay, deux heures pas plus. Très bien. Salut. À ce soir.
Je me réfugiai dans un des cabinets pour ne pas qu'elle me voit. Je laissai la porte légèrement entrouverte. Elle avait tellement changé depuis la première fois que je l'avais vu ou même depuis le début de l'année. Qu'avais-je pu faire pour qu'elle devienne comme ça à mon égard ? J'avais toujours été gentil avec elle. Certes, j'avais voulu l'utiliser, mais finalement, qui avait utilisé l'autre ? Qui était la plus manipulatrice des deux ? Je n'avais pas voulu voir la fameuse vidéo, mais peut-être que je devais la demander à Ray. Ray... J'aurais voulu être là avec lui. Pouvoir le consoler lui tenir la main et lui rappeler que je serai là, quoi qu'il arrive. La vérité c'était que je me considérais comme une piètre amie pour lui. Il avait sauté plus d'une fois dans un avion pour venir me voir, pour me soutenir, pour me rappeler son amitié inconditionnelle. Et moi ? Qu'avais-je fait pour lui ? Quand il était perdu à cause de Maeva, j'avais mis Jay sur sa trace pour le retrouver, mais autrement ? Avais-je déjà tout abandonné pour l'aider ? Je n'en avais pas le souvenir.
Maya était enfin sortie des toilettes et je me retrouvai rapidement devant la glace à m'observer. Est-ce que ma mère aurait sauté dans un avion pour une de ses amies ? J'en étais certaine en réalité. Elle était plus courageuse que moi, c'était indéniable.
-Sarah ? Je savais que tu étais là. Tout va bien ?
-Oui, répondis-je à Sophie en ne cessant pas de m'observer dans le miroir. Tu ne trouves pas que je ressemble de plus en plus à ma mère ?
-Physiquement oui, mais mentalement, je vois ton père. Parfois, elle me manque ta mère. Elle était tellement gentille. J'avais l'impression qu'elle nous laissait tout passer.
-Le nombre de gâteau qu'on a pu faire en en foutant partout.
Sophie se mit à rire et nous sortîmes des toilettes toutes les deux. Elle avait réajusté son bandeau dans ses cheveux. Nous nous fîmes arrêter par certaines filles de ma sororité. Elles me remercièrent encore pour l'invitation du week-end. J'avais vu des rapprochements entre Senior et Junior et leur cote de popularité avait augmenté. Je sentis une main dans mon dos et je vis Alexandra.
-Ce soir, chez moi pour le débrief pour le bal.
-Je ne pourrais pas rester longtemps, je dîne avec ma belle-mère.
-Vers 18h ? Tu ne dînes pas à 18h, je pense.
-Non, du tout. Est-ce que Brian...
-Oui, il m'a parlé de son père qui repartait. Je pense qu'il va l'accompagner jusqu'à l'aéroport. Et après, il fait une soirée avec ton père et son frère.
-Il te parle beaucoup.
-C'est mon petit ami. C'est normal, rit-elle. Vous n'auriez pas vu Chris ? Ah tu es là ! Tu en fais une de ses têtes.
Chris avait effectivement un air étrange sur le visage. Elle regarda Sophie.
-Tu es au courant ?
-De ?
-L'un des cousins de Cameron vient de mourir. Connor.
Le visage de Sophie se décomposa.
-Merde. Il s'est passé quoi ?
-Il faisait de la boxe clandestine et ça a mal tourné. L'enterrement est dans deux jours et Cameron rentre aux USA.
-Merci de m'avoir prévenue.
Chris hocha la tête et repartit avec son amie. Je savais que Sophie ne savait pas trop quoi faire. Elle attrapa son téléphone pour envoyer un message à son ex petit ami. Cette nouvelle la perturbait et la déconcentra pendant le reste de la matinée. Je savais que quelque part, elle tenait toujours à Cameron, même s'il lui avait menti. Dans le fond, il était son ami et il n'avait jamais vraiment cessé de l'être. Paul m'attrapa avant d'aller manger et me demanda ce qu'elle avait. Je lui appris la nouvelle et ses lèvres se serrèrent légèrement.
-Le pauvre, ce doit être atroce pour lui. Sophie l'avait rencontré, il me semble, je comprends mieux sa réaction. Tu devrais aller avec elle. Elle a besoin de toi.
Je secouai la tête, et je rejoignis Sophie.
-Il doit être tellement mal. Il s'entendait pas super bien avec lui mais c'était son cousin quoi. C'est affreux.
-Et pourtant, la vie continue. Je pense que Chris va aller à l'enterrement. On devrait peut-être envoyé des fleurs ou quelque chose comme ça.
-Oui, tu as raison. Je vais demander à Maman de s'en occuper.
Elle appela Adèle et de mon côté, je prévins Mary que je viendrai la chercher plus tard que prévu.
-J'allais t'appeler justement, j'ai une réunion et je ne serai pas libre avant 19h30.
J'avais juste le temps d'aller chez Alexandra et de revenir chercher Mary. Cela faisait longtemps que je n'avais pas été chez elle. Je ne me souvenais pas d'avoir déjà mis les pieds chez son père d'ailleurs. Cet appartement était design et nous étions tous installés dans son salon. Je n'avais pas eu de nouvelles de Brian mais je ne m'en inquiétais pas. Il m'aurait prévenu en cas de souci. Je me levai pour me rendre aux toilettes et je vis la chambre de Maya. Elle n'était pas là et je rentrai dans l'antre de mon ennemie. Je fus tout de suite attirée par un grand poster des Atlas Wild Child dédicacé. Il y avait tout un mur de photo également, il y avait son frère dessus, ses nouvelles amies et d'anciennes sûrement, avant qu'elle ne devienne une vraie garce. Je savais qu'elle n'allait pas rentrer et en réalité, mon côté curieux ressortait, surtout quand je vis la fameuse boîte en métal qu'elle avait perdu. Je l'ouvris et je vis une boîte de fangirl sur Chuck, avec des coupures de journaux, des photos, des ébauches de lettre et surtout, ma lettre. Il y avait mon nom dessus. Elle était ouverte et je m'assis sur le rebord de son bureau. Mon coeur battait à tout rompre. C'était elle qui l'avait ? Depuis tout ce temps ? Je la dépliai et je vis les mots déchirants d'un Chuck amoureux dont le coeur était brisé. Il y avait ses larmes, il y avait son coeur à nu dans cette lettre. Mes mains en tremblaient. Je la repliai et je la posai comme elle était dans la boîte. Elle ne devait pas savoir que j'étais venue.
J'avais envie de pleurer, mais je passai dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage. Elle savait tout et elle avait continué de me torturer. Elle s'était servie des mots de Chuck pour le faire en plus de ça.
-Sarah ?
Alexandra passa la tête dans la salle de bain.
-T'es pâle. Tu viens de te faire vomir ou quoi ?
-Non non, j'ai juste... mal à la tête.
Ce n'était pas du tout un mensonge. J'avais l'impression que ma tête allait exploser. J'avais besoin de parler à Chuck, de le voir. Il ne m'avait pas dit la moitié de son chagrin quand je l'avais revu. Il ne pouvait pas être totalement indemne. C'était impossible. Il essayait sûrement de faire bonne figure, mais il était évident qu'une part de lui devait encore souffrir. Je comprenais mieux le fait qu'il tentait de tout me pardonner, de tout me passer. Il avait peur de me perdre, encore aujourd'hui.
-J'ai des médoc dans le le tiroir juste à côté de toi. Tu devrais en prendre.
Elle referma la porte et je pris de l'aspirine avant de repartir. Je n'avais pas envie de parler du bal et j'acquiesçai à pratiquement tout. Je ne savais même pas ce que je faisais là. Je finis par me lever et indiquer que je devais rejoindre ma belle-mère. C'était faux. J'avais juste besoin de prendre l'air. Ce fut à ce moment précis, alors que j'étais dans ma voiture que Chuck m'appela pour me dire que Roscoe était sorti d'affaires.
-Qu'est-ce qui ne va pas ?
-Tout va bien Chuck. Vraiment.
-Tu mens.
Sa voix ne laissait aucune réplique.
-Non.
-Je l'entends dans ta voix.
-Lâche-moi la grappe un peu. Je te dis que ça va. Tu pourrais me croire non ?
Il se tut.
-J'ai remarqué un truc avec toi Sarah. Quand tu ne veux pas répondre à quelque chose, tu t'énerves systématiquement. Comme tu ne veux pas m'en parler, je suppose que ça me concerne. Je préfèrerai que tu m'en parles. Mais je ne vais pas te forcer la main, ce n'est pas mon style.
-J'ai remarqué un truc avec toi Charles. Quand tu es vexé, tu me parles comme si j'étais une enfant, chose que je ne suis pas, au cas où tu aurais envie de le dire.
-Je peux te le confirmer même, je n'ai jamais couché avec une enfant et je ne le ferai jamais. Je n'ai pas du tout envie de me prendre la tête avec toi. Aussi, je vais raccrocher avant de dire quelque chose que je pourrais regretter. Passe une bonne soirée avec Mary.
Il me raccrocha au nez et je me mis à pleurer. J'étais une idiote de la pire espèce et je venais de le blesser. J'étais incapable de me maîtriser. Je faisais toujours du mal à ceux que j'aimais. C'était fou. Je m'arrêtai pas très loin d'un parc et je m'allongeai sur un banc en fermant les yeux. J'étais contrariée de moi-même. J'avais envie de me frapper moi-même. Je rappelai Chuck mais je tombai sur son répondeur. Je suis désolée. Rappelle-moi. Je me redressai et je filai chercher Mary à son travail. Chuck ne me recontactait pas. Je m'en voulais mais je ne devais pas le montrer à ma belle-mère. Mary le dragon trônait dans son bureau et ses collaborateurs prenaient des notes. Je m'assis sur le bureau de son assistante et je pris mes écouteurs. Je fermai les yeux et quand je les rouvris Mary était devant moi.
-Salut ma chérie. Tu peux m'attendre dans mon bureau, je vais prendre quelque chose et je reviens tout de suite.
Je m'allongeai sur son canapé et quand elle revint, c'était en compagnie de deux couturières. Elles me mesurèrent dans tous les sens et Mary attrapa un appareil photo.
-Tu veux la faire sur mesure ?
-Absolument. J'ai regardé ton père, je lui ai dit : Fais péter ta carte bancaire, et il me l'a tendue. Je considère que j'ai un budget illimité.
-Tu as raison. Tu pensais à quoi comme modèle.
-Je vais les dessiner tout à l'heure ou demain. Je veux avoir du concret. Tu auras le droit d'avoir du choix ! Réjouis toi !
-Youpi.
Ma belle mère éclata de rire et elle me conduisit très rapidement au Country Club. Elle avait pris une table là-bas et nous devions finir la journée à se faire masser.
-Tu as une petite mine.
-J'ai envoyé bouler Chuck à cause de Maya.
-Encore ?
-Oui. Encore, mais lui, il ne sait pas que c'est à cause d'elle. Il m'a demandé de ne plus m'en préoccuper mais...
-Elle te fait du mal encore une fois, comme ce qu'a dit Sophie à son père ?
-Tu es au courant ?
-Il nous en a parlé. Il n'était pas très bien après ça. On a tendance à oublier adulte à quel point les ado peuvent être cruels.
-Tu as toujours été populaire. Tout comme mon père et ses amis. Moi je suis populaire mais pas parce que je suis cool. C'est juste parce que Brian l'est et parce qu'on m'a tiré dessus. Sophie est populaire parce qu'une sextape d'elle a circulé dans le lycée. On est pas des populaires pour de bonnes raisons.
-Les vrais personnes populaires s'en foutent de l'être. C'est ça le secret. Et pour Chuck. Appelle-le. Explique-lui.
-Il ne décroche plus. Ce n'est pas grave. Je vais juste attendre que ça passe.
Mary semblait ennuyée mais je changeais de sujet et je lui parlais du travail. Son visage s'illumina. Elle m'expliqua à quel point elle avait hâte d'aller à Londres seule avec mon père.
-On ne pourra pas voyager seuls avant un long moment après l'accouchement.
-Et puis, il s'est beaucoup occupé de Brian et Tom, un peu moins de toi. Je comprends que tu aies besoin d'être avec ton amoureux.
Elle acquiesça et nous passâmes le reste de la soirée à regarder les étoiles et papoter.
-Je trouve que tu as changé Sarah depuis la première fois que je t'ai vue.
-En vieillissant, je ressemble à ma mère de plus en plus.
-Je trouve aussi. J'ai vu des photos d'elle. Tu sais que ton père en a toujours une dans son porte-feuille ?
-Oui, je sais. Je lui ai fait promettre de ne jamais la retirer. Je sais que je te l'ai souvent dit, mais je te trouve admirable. C'est pas facile comme situation.. de se mettre avec un veuf. Je ne sais pas si je l'aurais fait. Ma mère était tellement présente partout dans cette maison. On a pas fait comme dans les malheurs de Sophie en cachant toute son existence à sa mort. Tu l'as intégrée à ta vie.
-Vous êtes qui vous êtes grâce à elle. En plus, tu es tellement belle. Ton visage est si harmonieux. Tu ressembles beaucoup à Elijah.
-James et lui ont dit que j'étais leur fille.
Mary me regarda plus attentivement et se mit à rire.
-Clairement. J'espère que ta petite soeur et ton petit frère te ressembleront.
-Ça fait quoi ? D'accoucher ?
-Mal.
J'écarquillai des yeux et elle éclata de rire.
-Tu voulais la vérité ! Mais par contre, quand on voit ce petit être... qu'on sent sa peau, son coeur battre... imagine ce que tu ressens pour Chuck multiplié par 100 000, par un million ? Ton amour devient infini. Et quand tu vois qu'il ressemble à la personne que tu aimes... tu sais que tu as fait le bon choix.
-C'est quoi le moment que tu as préféré avec tes garçons ?
-Leurs premiers regards. Quand Brian et Tom m'ont regardée la première fois, j'ai senti leur âme toucher la mienne. S'il y a d'autres vies dans cet univers, alors, la mienne a rencontré celle de mes garçons et je sais que je les aimais. Ensuite, il y a eu leurs premiers rires. Quand Tom a ri pour la première fois, on a compris que la douleur causée par Alessandro pouvait s'estomper. J'ai revu Brian rire et s'adoucir. Il était émerveillé et gaga. Brian et les bébés, c'est quelque chose.
J'acquiesçai et nous finîmes notre soirée dans notre chambre. Je parlais aux bébés et ils donnaient des coups dans le ventre de leur mère. Mary grimaçait de manière drôle. Je finis par m'endormir dans les bras de ma belle-mère et quand je me réveillai le lendemain, j'étais mieux. Cette conne de Maya n'allait pas me gâcher une nouvelle journée. J'étais prête à aller de l'avant. Je sortis du lit doucement pour ne pas réveiller ma belle-mère, mais elle s'éveilla. Elle bailla de manière charmante. Comment était-ce possible ? Moi le matin je ressemblais à rien du tout, mais elle, elle était fraiche comme l'aurore, même non maquillée. Nous nous préparâmes et nous descendîmes pour un bon petit déjeuner. Alors que nous passions dans le restaurant, j'entendis une voix familière. Je me retournai et ce fut à ce moment précis que je le vis.
Chuck.
Il était là. En chair et en os. Le réceptionniste lui donna une clef et Charles se retourna. Nous nous retrouvâmes pratiquement face à face. Son visage s'illumina et il laissa tomber son sac pour me réceptionner dans ses bras. Son odeur me frappa, ses lèvres trouvèrent le chemin vers les miennes et mon coeur se mit à battre la chamade.
-Qu'est-ce que tu fais là ? demandai-je.
-Ton père m'a dit que je pourrais m'arrêter ici incognito si je voulais.
-Tu ne réponds pas à ma question.
-J'ai compris qu'il y avait un problème. J'ai sauté dans le premier avion. J'ai fini mes cours à Princeton, il me reste encore deux jours devant moi avant de retourner à Julliard. Tu me manquais trop. Salut Mary !
-Salut Charles.
Ma belle-mère lui tendit la joue et il déposa un bisou dessus. Il ne m'avait pas lâché une seule seconde. Je demandai au standardiste de monter le sac de Chuck dans sa chambre et je l'entrainai vers le restaurant.
-Je te boude Charles, fit Mary.
-Ah ?
-Tu as accordé une couverture à un magazine de la concurrence ? le taquina-t-elle.
-C'était pour la petite amie d'amie. De Ju, me précisa-t-il. C'est ma meilleure amie. Sa petite amie travaille en tant que photographe, elle a été engagée et elle voulait un modèle.
-Attends... de quel magazine ?
Mary me montra la couverture et je vis Chuck en compagnie des AWC. Ils étaient tous ultra-hot.
-Oh la vache...
-Ouais je sais c'est pas...
-Owen est tellement sexy là-dessus ! Je vais lui envoyer un message pour lui dire.
Chuck croisa mon regard et se mit à rire. J'étais hilare et je posai ma main sur sa cuisse.
-Est-ce que je peux vous enlever Sarah ce soir pour passer un peu de temps avec elle ?
-Bien sûr que tu peux. Est-ce que les journalistes savent que tu es dans le coin ?
-Pas du tout, mais si vous avez besoin de moi pour une interview ou pour un shooting, je suis votre homme.
-Honnêtement, profite de tes quelques jours incognito. Je voulais savoir si je devais museler mes collègues ou pas. Profitez tous les deux, ajouta-t-elle. D'ailleurs Sarah, je ne sais pas pourquoi tu t'es levée aussi tôt, tu commences à 10h ce matin.
-Je voulais déjeuner avec toi.
Mary me sourit mais déjà, j'étais loin. J'étais avec Chuck et je mourrais d'envie de le caresser, de l'embrasser, de le serrer contre moi comme si ma vie toute entière en dépendait. Dès que Mary fut partie travailler, il monta dans la chambre qu'on lui avait attribué et il me souleva dans ses bras. Il me jeta sur le lit comme un malpropre.
-Alors ? C'était quoi le problème ?
-Tu veux vraiment en parler ?
-Oui. Je ne te laisserai pas partir sinon.
Il me bloqua avec son corps et je ne pouvais plus bouger. J'essayai de me retirer mais il était plus fort que moi.
-Alors ?
Ses yeux me scrutaient à la réponse d'une véritable réponse et je me mis à soupirer
-C'est à cause de Maya.
-Encore ? Tu devrais laisser couler.
-C'était elle depuis le début. C'était elle qui avait ma lettre. Celle que tu m'as écrite, celle où tu m'expliquais tout. Elle me l'a volée et elle a utilisé les mots que tu utilisais contre moi ou encore pour se valoriser. Elle m'a volée une partie de ton coeur et ça m'a fait du mal quand je l'ai appris. Je ne comprends pas ce que j'ai fait de mal pour qu'elle me déteste comme ça. Sérieusement.
-Elle ne m'a rien volé du tout, juste des larmes et de l'amertume.
-Tu avais écrit ces mots pour moi, murmurai-je en sentant les larmes revenir. Pour moi seule. Personne n'avait le droit de les lire autrement. Personne.
-Sarah. Ce n'est pas la fin du monde. Écoute-moi. S'il y a une justice en ce monde, ce qu'elle t'a fait subir va lui revenir en pleine face
-Et si c'était moi qui lui avais fait quelque chose.
-Quand tu aurais pu le faire ? Tu as été harcelée l'an dernier, tu avais autre chose à faire que de penser à elle et honnêtement... certaines personnes sont juste atroces. Elles vous balancent des horreurs à la figure sans aucun remords. Alors je t'en supplie. Ne pense plus à elle, ne pense plus à cette lettre et si tu le veux, je t'en écrirais des centaines pour remplacer celle-ci, dans toutes les langues que je connais. Je t'en écrirai des longues, des courtes, des romantiques, des drôles. Je te les écrirai sur du papier parfumé si tu le veux. Je te les cachèterai, je te les enverrai avec des timbres du monde entier si tu me le demandais. Je les écrirais avec mon sang ou même avec mes larmes du moment que tu sèches les tiennes. Sarah. C'était sûrement la pire des lettres que j'ai jamais écrites dans ma vie. Je me suis même pas relu.
-Tu as écrit en franglais surtout et j'ai repéré une faute d'orthographe.
-La honte suprême.
Je me mis à rire et il se dégagea un peu pour que je puisse me redresser. Je l'embrassai et je passai mes bras autour de son cou.
-J'adore quand tu m'écris des lettres. J'en veux des romantiques, des épiques. Le genre de lettres où quand on les retrouve 100 ans plus tard, on pleure devant l'amour qu'elles dégagent.
-Je vais investir dans une papeterie et probablement acheter une partie de la forêt Amazonienne.
-T'es con.
-Oui, mais je suis ton con à toi. Alors tout me va.
Je suis ton con à toi. C'était la pire réplique que j'avais entendue, mais je voyais dans ses yeux sa tendresse profonde à mon égard.
-Tu as confiance en moi Sarah ?
-Je te confierai ma vie et celle des miens.
-Alors oublie cette fille. Quand tu la verras, je veux que tu penses à cet instant.
Il caressa ma joue et ses lèvres s'étirèrent en un sourire immense.avant de m'embrasser avec une ardeur que je ne lui connaissais pas. Il se détacha de moi, le souffle court.
-Pense à ce baiser, au fait qu'avec nos familles, il n'y a que toi et moi qui comptons. Tu es la seule, tu es l'unique. Tu es mon amour. Les gens aigris, on les emmerde. Toi et moi, on va écrire notre histoire sans eux. Dans quelques jours, semaines, elle sera de ton passé. Vois-la comme ça. Elle fait déjà partie du passé.
Le passé, le présent, le futur. C'était ce que je voyais dans ses yeux et en réalité, je mourrais d'envie de me plonger dans son regard, prometteur d'un avenir plus que radieux.
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