Conséquences
❉🎶 ❉
Je n'avais pas envie de retourner au lycée le lendemain. Pas du tout même. Mary et mon père m'avaient emmené à l'hôpital et j'avais passé deux jours pleins à faire une batterie de test. Je m'étais exécutée de bonne grâce. Je ne savais pas tout ce que j'avais fait et je revoyais toujours certaines scènes avec des flashes. J'avais revu Candice et mon Grand-Père. Je n'avais même pas osé le regarder en face mais il m'avait forcé à le faire. Il avait eu entre autres une fracture du nez, des côtes fêlées et il avait eu de la chance que Candice soit arrivée à temps.
-Ne touche plus jamais à cette saloperie et n'approche plus jamais ce garçon. Promets-le moi.
-Je te le jure.
Je n'avais vu ni Brian et Tom, ni aucun de mes amis, ni ma famille. Personne. Je n'avais même pas demandé à avoir mon téléphone et ça m'arrangeait de voir personne dans l'état où j'étais. J'avais parlé à ma psy en présence de mon père. J'avais demandé à ce qu'il soit là pour entendre ma confession. Son regard s'était voilé et il n'avait rien dit du tout. J'étais soulagée qu'il ne dise rien, ça me permettait d'être plus honnête avec moi-même. Il ne montrait ni douleur ni chagrin hormis par son regard. À la fin de ma séance, il demanda uniquement à ma psy si elle pensait que j'étais apte à retourner au lycée. J'avais répondu à sa place que j'avais envie de reprendre une vie normale.
-C'est quoi pour toi une vie normale Sarah ? Je viens d'apprendre que tu t'es droguée volontairement, que tu as passé tes nuits à boire, que tu as menti, que tu as fugué plusieurs fois, que tu as entrainé tes amis là-dedans. Alors je ne suis pas certain que nous ayons les mêmes définitions tu vois ?
Il était en colère et je le méritais, même si ça faisait mal.
-Pour moi c'est, aller en cours, je suis pas sûre qu'il me reste des amis mais je veux..
-Tu veux quoi Sarah ?
-Je veux.. que tout redevienne comme avant, que tu aies de nouveau confiance en moi. C'est la seule chose qui m'importe parce que tu es ma famille, Papa.
-Tu as intérêt à t'améliorer ma petite, parce que c'est pas gagné. Je comprends même pas comment tu as pu faire une connerie aussi monumentale.
-John... le reprit ma psy.
-Non. S'il-te-plaît. Ta mère est morte à cause d'un gosse qui était sous l'emprise de stup'... C'est à cause d'un gosse dans l'état où tu étais samedi, qu'on a enterré ta mère.
-Je sais.
-Non, visiblement, tu ne t'en rends pas compte. Ton... ce mec. Ce dealer était à deux doigts de tuer ton Grand-Père sous tes yeux et toi tu as fui. Tu as fui, Sarah.
-J'étais pas moi. J'étais... je me souviens que j'étais comme dans une bulle et je l'ai vu comme si il était une menace et j'ai laissé la menace se faire éradiquer. Mais... ajoutai-je en sentant les larmes me monter aux yeux. Je.. j'ai.. je m'en veux tellement. Je sais que j'ai déraillé et je veux pas recommencer. Je ferai n'importe quoi pour ne pas recommencer. J'ai pas du tout envie de recommencer. Pas du tout. Rien que la pensée de l'odeur du haschich me dégoûte mais c'est pas comme si j'y étais pas confrontée tout le temps. Y'a des mecs au lycée qui fume ça, Marc, le fait aussi parfois. Duncan l'a fait.
-Et sous prétexte que ton cousin fait une connerie, tu dois la faire aussi ?
-Non ! C'est pas... j'essaye pas de.. C'est pas ce que je veux dire.
-J'espère bien, je te rappelle que James l'a foutu dehors.
-Tu veux me mettre dehors ? Je comprendrai que tu souhaites me faire interner en hôpital psychiatrique ou en cure de désintox. J'accepterai ta décision quoi qu'il arrive. Je veux juste oublier cette histoire ou du moins faire en sorte de plus jamais retomber aussi bas.
-Qui me fait croire que tu ne mens pas ?
-Je sais que j'ai besoin d'aide. Je peux pas dire que je suis accro, je... ne ressens pas de manque ou un truc comme ça. J'ai juste l'impression d'avoir une gueule de bois monstrueuse, j'ai mal à la tête et au cœur et je revois la folie derrière tout ça. Mais je... j'en sais rien. Peut-être que c'est un leurre de mon cerveau. Mais on est mardi, je suis ici depuis dimanche et tu m'as pas vu faire d'esclandre ou quoi que ce soit pour avoir une dose de..; je sais pas quoi. Mais si tu veux, on fait un pacte. Si jamais je recommence, tu m'envoies en cure de désintox directement et ce quelque soit mon âge et je ne reviendrais pas avant d'être guérie. Si tu crois que j'en ai besoin là parce que je me mens à moi-même, dis-le moi.
-Tu peux nous laisser une seconde Sarah ?
J'avais attendu dans le couloir et quand mon père était ressorti, il me fit comprendre que nous allions retourner à la maison le soir-même. J'avais revu mon visage. Mis à part mon arcade sourcilière, je n'avais pas de trace de coup. C'était autre chose sur mon corps. J'avais un bleu sur le dos et sur l'estomac aussi, j'avais mal au cou, quant à mes pieds, ils allaient relativement bien comparés à ce que j'avais cru. Ils n'étaient pas si égratignés que ça si on enlevait la peau à vif.
J'avais passé la journée du mardi à la crèche avec les enfants des collègues de mon père. Leur enthousiasme me plaisait et me détendait.
-Sarah, on rentre.
Il ne me touchait plus et je finis par m'arrêter.
-Papa ?
-Oui Sarah.
-Tu es fâché à combien sur une échelle de 1 à 10 ?
-À peu près à 14. Mais je vais essayer de croire que tu vas changer et si tu me montres des changements significatifs de comportement dans la durée, je te promets que ta faute sera pardonnée. Du moins, je te promets d'essayer de te pardonner.
-Papa ? Est-ce que vous avez retrouvé Wyatt ?
-Non pas encore, pourquoi tu veux aller le rejoindre ? ajouta-t-il brusquement
-Non, jamais, m'écriai-je. C'est juste que j'ai... J'ai peur. Je t'ai pas tout raconté Papa. C'est à cause de lui que j'ai des bleus sur le corps et que j'ai ça... dis-je en pointant mon sourcil. J'ai voulu partir de là où on était et il n'a pas voulu que je le quitte. Il m'a frappé et il a essayé de m'étrangler aussi et...
-Sarah, pourquoi tu n'as rien dit y'a deux jours ? quand on t'a trouvé et qu'on t'a examiné ! s'exclama-t-il en se rapprochant de moi.
-Parce que je.. parce que j'ai considéré que je l'avais mérité. Que c'était ma punition pour être devenue comme ça. Je l'ai mérité. Mais s'il est toujours dans la nature, j'ai peur qu'il... essaye de s'attaquer à moi.
Je me remis à trembler et mon père me serra contre lui.
-Je vais donner son signalement, pas à la police, ils l'ont déjà mais je vais demander à ton lycée une vigilance exceptionnelle. Nous t'emmènerons en cours et je demanderai à Brian de te ramener. Tu ne quittes pas le lycée sans autorisation, et tu n'approches pas le gang des toxicos du lycée. Je peux te faire confiance ?
-Oui Papa. Merci. Je resterai dans mon coin, je te le promets.
J'étais vraiment effrayée et c'était pour ça que je ne voulais pas retourner au lycée. Il serait là et il trouverait un moyen de m'atteindre, je le savais au fond de mon cœur. Il fit un détour par la maison d'Eric et quand mon oncle me vit, il eut un petit mouvement de recul.
-Ça me fait mal au cœur de te voir comme ça Sarah.
-Ça me fait mal au cœur de me voir comme ça, Eric.
Il hocha la tête sans m'approcher pour autant et je vis Candice descendre. Je l'avais vu la veille et elle m'avait regardé avec colère, à la limite de la rage. Mais là... c'était totalement étrange. Elle n'avait plus d'animosité dans le regard, mais je ne voyais plus son sourire magnifique.
-Ton Grand-Père vient de prendre ses médicaments et de dormir. Tu vas comment ?
-Ça va. Je peux aller l'embrasser quand même tu crois ?
Elle hocha la tête mais elle m'accompagna comme si je pouvais encore lui faire du mal. J'entendis la respiration de mon Grand-Père, elle était sifflante à cause de son nez. Ça me fit encore plus mal au cœur. Je m'approchai de lui et je me rappelai quand j'étais petite tous les bisous magiques qu'il avait fait lorsque je m'écorchai les genoux. Comment avais-je pu laisser ça se faire ? Je me penchai vers lui et je lui en fis un léger sur le nez. Je restai un instant à le regarder : Il n'était pas mort. C'était l'essentiel sûrement. La drogue était une calamité. Elle détruisait des familles et j'en avais la preuve là, devant moi. J'avais failli détruire la mienne.. enfin plus que je ne l'avais fait. Candice posa sa main sur moi.
-Écoute Sarah. Si jamais tu sens que tu vas flancher et reprendre une trace de coke ou autre, je veux que tu m'appelles d'accord ?
-Oui Candice. Pourquoi tu es si gentille avec moi ? J'ai failli tuer ton mari.
-Je suis une adulte, je sais reconnaître la détresse humaine quand je la vois. Être et surtout montrer ma colère ne m'apportera rien de plus et ça ne changera pas ce que tu as fait. Ce n'était pas totalement toi samedi. En plus, tu es ma famille aussi longtemps que j'aurais cette alliance et bien plus encore. J'ai vu ce que faisait la drogue sur ma mère et je pense que tu peux vaincre ce problème, mais il faut que tu aies la volonté suffisante.
-Tu vas rester longtemps ?
Elle plissa des yeux.
-Aussi longtemps que tu auras besoin de moi. De toute façon, je pense que Daniel se remettra mieux ici, en famille. Il voulait acheter un petit pied-à-terre à Los Angeles pour ne pas qu'on profite d'Eric et de sa gentillesse légendaire.
-J'ai senti l'ironie tu sais ?
Elle eut un léger sourire et dès que nous apparûmes dans le salon, mon père et Eric se serrèrent la main et nous repartîmes. Nous nous garâmes dans le garage et mon père me prévint que lorsqu'il avait appris que j'étais avec un dealer, il avait fouillé méticuleusement ma chambre et que c'était peut-être normal si certaines choses n'étaient pas à leur place. Je ne lui dis rien. Si j'avais été lui, j'aurais fait la même chose. Nous passâmes par la porte intérieure du garage et la première personne que je vis fut Brian. Il s'arrêta pour me regarder.
-J'ai appelé Maman et je l'ai supplié de faire venir des pizzas. J'ai eu gain de cause grâce à mon ton larmoyant. Sauf si tu veux manger un truc de filles, Sarah.
-Un truc de filles...
-Une salade sans sauce, sourit-il.
-Je croyais que tu étais féministe toi, répliquai-je, pas un gros macho.
Il se mit à rire, se gratta la tête et me colla sa pile de linge dans les bras.
-Tu peux aller mettre ça dans la buanderie ?
Il tourna les talons et se rendit dans la cuisine. Je le fis et je lançai une machine. C'était sûrement le plus bel accueil qu'il pouvait me faire. Faire comme si tout était normal. J'avais lu dans son regard sa joie de me voir. C'était plus que suffisant. Tom montra beaucoup plus d'affection. Il me sauta dessus alors que j'étais assise sur le canapé et commença à me raconter tout ce qu'il avait fait depuis ma disparition. Je lui fis comprendre que j'avais mal au flanc et il se décala de l'autre côté de moi.
-Tu devineras jamais ce qui passe à la télé ce soir ? Avengers. ET COMME DEMAIN J'AI PAS ÉCOLE, JOHN A DIT QUE J'AVAIS LE DROIT DE REGARDER.
-J'adore les super héros. Par contre... j'irai me coucher tôt Tom.
-Est-ce que tu as des médicaments à prendre ?
-Non Tom.
-Bah, si tu as mal... oh, tu as pris des médicaments pour te droguer ?
-Non Tom, mais... tu sais la drogue ça reste longtemps dans le sang malheureusement. Alors j'ai demandé à ne pas avoir d'anti-douleur parce que..
-Tu as peur que ça fasse comme la drogue pour toi ?
-Oui.
Il me regardait d'un air sérieux et je m'en voulus de causer du tracas à un petit garçon, je m'en voulus de lui montrer un mauvais exemple.
-Thomas, promets-moi que tu ne feras jamais comme moi. Jamais.
-Je te le jure. Et je boirai jamais trop non plus. Parce que l'alcool ça peut rendre les gens bêtes, et ça peut rendre les gens méchants. Je t'ai raconté le copain de Maman qui buvait ? Enfin l'un de ses copains. Il était très méchant quand il buvait. Il devenait... irritable et une fois il a poussé Maman et Gyôsei lui a donné un coup et il est tombé comme une grosse masse alcoolique.
-Il a poussé ta mère ? demandai-je d'une voix blanche.
-Oui. Je l'ai vu parce que j'étais caché. Brian était pas là, il était chez Tara.
-Et que s'est-il passé après Tomtom ?
-Il est parti et Maman a pleuré parce qu'elle déteste être toute seule.
Mary rentra dans le salon à ce moment là et elle nous serra tous les deux contre elle.
-Ravie de te revoir à la maison Sarah. Tu nous as manqués. Brian ? Tu as commandé tes pizzas ?
-Elles arrivent dans cinq minutes Maman, cria-t-il depuis la cuisine. Je suis en train de faire un crumble aux pommes.
Je décidai de remonter dans ma chambre et je vis en effet que mes bibelots n'avaient pas été remis à leur place. Je savais qu'il l'avait fait de manière méthodique. Je ne savais pas où était mon téléphone et je me rendis dans le bureau de mon père. Il était en train de lire des procédures sur son canapé.
-Papa ? Est-ce que je peux récupérer mon téléphone ?
-Il est sur mon bureau, mais tu ne peux l'utiliser qu'ici.
Je l'attrapai, il était chargé à bloc. Il n'y avait aucun message de Wyatt déjà et je soupirai d'aise. Par contre, je vis que j'avais plusieurs appels manqués, ainsi que plusieurs sms. J'avais même un message sur mon répondeur dont l'indicatif m'interpella.. et si c'était Wyatt ?
-Papa ? Désolée de te déranger mais tu sais ce que c'est l'indicatif 33 en numéro ?
-C'est la France chaton.
C'était Chuck. J'en étais certaine. Je piquai les écouteurs de mon père et je m'installais près de lui pour écouter le message. Sa voix se fraya un chemin directement vers mon cœur
Sarah, tu ne me réponds pas à mes messages et ils ne sont même pas lus. Je m'inquiète pour toi. Et je dois t'avouer que ce que tu as laissé sur mon répondeur m'inquiète.
Que lui avais-je dit déjà ? Je plissai des yeux. Ah oui, je lui avais dit que j'avais besoin de savoir s'il allait bien... que j'avais besoin de lui.
Je vais partir du principe que c'est juste un problème de timing. Je suis souvent sous anti-douleurs je ne vais pas te mentir, mais je pense pouvoir dire que je vais bi...non. Je vais pas te mentir. Pas à toi. Je vais pas bien. Pas bien du tout. Y'a pas une nuit où je ne me rappelle pas de ce qu'il s'est passé. Y'a pas une nuit où je me demande pas pourquoi moi j'ai survécu et pas les autres, mais tu sais ce que je fais alors ? Je regarde tes messages. Tes vidéos, tes photos et je me rappelle que la vie à un sens. Je me rappelle que j'ai envie de te revoir en chair et en os, que j'ai envie qu'on refasse du vélo à Santa Monica, qu'on cuisine de nouveau ensemble, qu'on rit ensemble. J'ai pas donné de nouvelles avant parce que j'avais l'impression d'avoir perdu ma voix, mais te voir heureuse me la rend. Je suis inquiet pour ton message Sarah. J'ai l'impression que tu me donnes beaucoup et moi rien du tout. Je suis en convalescence et je peux pas revenir aux USA tout de suite, mais... dis-moi ce que je peux faire pour que tu n'aies plus envie de pleurer et je le ferai dans la mesure du possible. Oui ? Okay, fais les entrer. Je te laisse les mecs sont là. Rappelle-moi.
J'aurais pu écouter son message en boucle tant il était apaisant de l'entendre parler. Il n'allait pas bien, je n'allais pas bien mais je savais qu'ensemble, on pourrait tout franchir.
-Chuck va mieux, fis-je à mon père. Il est toujours traumatisé. Tu crois qu'il lui faudra longtemps pour ne plus y penser ?
-Des mois sûrement.
-Quand il reviendra aux USA, s'il a besoin d'un endroit pour se reposer loin des paparazzis, tu crois qu'on pourrait lui proposer de venir chez nous ? À Malibu ? Je pense que l'air marin lui ferait du bien tu sais.
-Sarah, je t'adore, mais j'aimerai bien finir mon article. On parle comme tu veux dans 3 minutes.
Il finit son article et je me tus. Il allait revenir vers moi quand Mary frappa à la porte pour nous prévenir que les pizzas étaient arrivées. Nous nous installâmes devant Avengers en famille. Tom s'était installé dans le fauteuil le plus confortable avec un gros plaid sur lui et il était captivé par le film. Moi j'étais assise entre mon père et Brian et j'avais la méga flemme de partir pour aller me coucher. Ma tête penchait dangereusement sur le côté et je finis par m'endormir sur Brian comme d'habitude. Je me réveillai à la fin du film, durant la scène de la toute fin de générique. Je partageai une couverture avec Brian et ce dernier jouait avec mes cheveux de manière machinale. Je bougeai et il arrêta dans la minute. J'embrassai tout le monde et je filai dans mon lit. Je gardai uniquement ma culotte et mon T-shirt et je ne tardai pas à trouver le sommeil. Il fut cependant de courte durée. Je me réveillai en sursaut et en sueur. J'avais l'impression d'être toujours dans un délire paranoïaque. Je savais que c'était juste une sorte de vision persistante, j'en avais depuis dimanche. Ma psy m'avait prévenue que c'était possible après un bad trip d'en ressentir les effets mais je trouvais cette vision et cette angoisse moins importantes que la veille et que l'avant-veille. Ça ne voulait dire qu'une chose. Ça commençait à aller un peu mieux. Je me redressai pour aller prendre un peu d'eau et j'allais à la fenêtre. Je n'aurais pas dû. Il était là. Wyatt. Il regardait fixement ma fenêtre. La lune était claire et je vis son sourire désabusé. Il me fit même un petit signe, comme pour me dire qu'il était toujours là et que j'étais toujours à lui. Je reculai et je tombai au sol. Je rampai jusqu'à la porte et je courus dans la chambre de mon père.
-Papa, Papa, soufflai-je près de son oreille en le secouant.
-Sarah ?
-Il est là. Wyatt. Il est devant la maison, avouai-je, paniquée.
Mon père bondit presque hors de son lit et il descendit les escaliers rapidement avant d'ouvrir la porte d'entrée d'un seul élan. Il n'y avait personne. Il rentra dans la maison et ferma la porte à double tour.
-Je te jure que je l'ai vu. Je te le promets. C'était pas une hallucination.
-Je te crois, Sarah. Je te crois trésor. Tu vas tirer tes rideaux ce soir et je vais attendre dans ta chambre que tu dormes.
-J'arriverai pas, murmurai-je. Retourne te coucher Papa, ça va aller.
Mon père me contempla et me demanda de le suivre dans la cuisine où il me prépara une mélisse et ajouta des gouttes dedans avant de me les redonner. Je le regardai avec suspicion.
-Ça va calmer tes nerfs. Je sais ce que je fais. Tu n'es pas la première personne qui a pris de la drogue que je rencontre et malheureusement tu n'es pas la dernière. Tu as confiance en moi, donc avale ça. Je ne suis pas un dealer.
-Je sais mais... tu es sûr que ça va marcher ?
Il secoua la tête et j'avalai le contenu de la tasse en deux gorgées avant de remonter. Mon père m'embrassa, me borda et me laissa seule. Je me sentais mieux c'était vrai, mais mon effroi était là. Bien présent. Il m'avait vue. Il était toujours là. Je me levai et je me rendis dans la chambre de Brian. Je me glissai sous ses draps. Si Brian était là, Wyatt ne pourrait pas m'atteindre. Brian ne le laisserait pas faire. Il m'aiderait, il me protègerait. Ce fut sur cette constatation que je m'endormis.
La première personne que je vis en me réveillant fut mon quasi-frère. Il avait l'air perplexe.
-J'ai une question. La dernière fois que tu es venue dans ma chambre et que tu m'as un peu chauffée... tu étais défoncée à la weed pas vrai ?
-Oui. Je suis désolée.
-Qu'est-ce que tu fais là ? Dans mon lit ?
-Je...
J'allais répondre mais mon père ouvrit la porte de la chambre. Il lâcha une exclamation soulagée.
-Je vais prévenir le voisinage d'appeler la police s'ils le voient de nouveau trainer par ici. Je ne crois pas que tu sois folle Sarah. Si tu l'as vu hier, ce n'était pas sans raison. S'il-t-appelle ou t'envoie un message, tu me préviens immédiatement, compris ?
-Oui Papa.
-Attends... tu parles de Jeff Wyatt ? Il était là ?
-Hier soir.. enfin dans la nuit. Il a observé Sarah par la fenêtre et elle est venue me chercher.
Brian réfléchit à toute allure.
-Je dois passer prendre Tara tout à l'heure. Je vais annuler et je t'emmène au lycée. Je te quitte pas d'une semelle. Je vais me coller à toi comme un chewing gum à une chaussure. Il ne t'arrivera rien du tout, tu as ma parole.
-Je vais emmener Sarah au lycée, répondit mon père en ne s'adressant qu'à Brian. Je dois voir sa directrice. Ça m'arrangerait si tu pouvais la ramener tout à l'heure. Sarah pourrait rester en étude à la bibliothèque pendant ton entrainement et...
-Je suis là vous savez. J'ai deux jours de cours à rattraper, je comptais aller à la bibliothèque quoi qu'il arrive.
Je me levai, embrassai mon père et je filai me décrasser et remettre mon uniforme. Je n'étais pas prête du tout mais je devais faire semblant. J'avais peur. Une peur monstrueuse. Je m'arrêtai. Non. Je devais le dire justement, et le montrer. Arrêter de tout garder pour moi comme ça. C'était ça la clef. La peau de mon visage était presque diaphane, j'étalais de la crème dessus et c'était tout. Je n'avais pas envie de mettre du maquillage, d'essayer de me cacher derrière du mascara effet faux cil et de la poudre. Je m'en étais passée pendant longtemps et j'avais besoin de prendre des couleurs. Seulement en me regardant de plus près... j'avais l'air d'un cadavre ambulant et j'avais bonne mine comparé à dimanche. Je descendis dans la cuisine où Tom était entrain de rire et je m'approchai de Mary.
-J'ai une tête de zombie pas vrai ? Tu crois que je peux te piquer un peu de blush ou un truc pour me donner un semblant de vie ?
-Sers-toi.
-J'aimerai bien que tu m'aides et... Elijah est à la fenêtre.
Mary soupira l'ouvrit et mon oncle nous contempla.
-Toi tu as l'air d'un zombie pas frais, me lança-t-il. Ouvrez-moi la porte. J'arrive.
-Passe par la fenêtre, répondit ma belle-mère.
Il lui fit un clin d'œil.
-Diana, tu vois qui c'est ?
-Bien sûr. Elle a essayé de draguer John y'a quelques mois, pourquoi ?
-C'est son dernier jour aujourd'hui. Elle va prendre des chroniqueuses avec elle pour planter votre numéro avec Thanksgiving.
-Pardon ? Comment ?
-Je connais le mec chez qui elle a été embauchée. Elle fait de l'espionnage depuis près d'un mois.
-Laisse-moi deviner. Young Lady, non ? C'est pour ça qu'il y avait des ressemblances dans les numéros. Très bien.
Elle eut un sourire carnassier.
-Il faut que j'aille travailler tout de suite. Vous savez pourquoi ? Quand on l'attaque...
-L'EMPIRE CONTRE ATTAQUE, hurlèrent les garçons avant d'éclater de rire.
Mon père arriva à ce moment précis alors qu'ils étaient tous les trois morts de rire et que je les regardai un peu dépitée.
-Mary Vador va utiliser l'étoile noire, lâchai-je.
-À ce point... Amuse-toi bien alors ! J'emmènerai Tom à l'école.
Mary se tourna vers moi, mais je lui fis signe que ça allait. Elijah plissa des yeux et me demanda ce que j'avais. Je voyais bien qu'il était fâché contre moi, il ne m'avait pas approché une seconde.
-J'avais juste besoin d'un peu d'aide pour me mettre du blush mais c'est pas grave.
-Je peux pas t'aider pour ça Sarah, répondit mon oncle. Je sais juste mettre des faux cils.
J'acquiesçai et mon père m'emmena au lycée. Je n'avais pas envie d'y aller. Je descendis de la voiture et il me suivit. Il m'abandonna près de mon casier pour se rendre chez la directrice. Il se retourna vers moi et m'interpella.
-Sarah, tu oublies pas d'accord ?
-Oublier quoi ?
-On frappe toujours dans les cojones.
Je me mis à rire et il me fit un clin d'œil.
-Monsieur McAllister ?! s'exclama la voix d'Alexandra dans les couloirs.
Elle courut près de moi et rejoignis mon père. Ils marchèrent côte à côte. Je soupirai. Elle voulait sûrement plaider la cause de Brian pour un truc. Je refermai la porte de mon casier pour me rendre en cours et je me retrouvais derrière Mme Craig. Elle parlait du devoir maison qu'elle avait donné lundi et qu'elle allait ramasser... Elle avait cours avec moi immédiatement.
-Madame Craig ?
Elle était avec mon prof d'histoire. Je vis qu'elle tiquait en voyant mon apparence, mais elle me sourit quand même.
-Sarah ? Que puis-je pour vous ?
-Je.. je..
-Laissez-moi deviner, votre tortue a mangé votre devoir ?
-Non j'ai fait un bad trip samedi soir et j'ai passé deux jours à l'hôpital. Je n'étais pas au courant pour le devoir maison à faire et à rendre. Mais comme j'ai une heure de trou après déjeuner, je pourrais faire un autre devoir pour compenser ?
Elle était abasourdie.
-Non, Sarah. Je n'étais pas là lundi, je l'ai donné via la surveillante générale. Le devoir porte sur le programme que nous avons déjà vu. Vous allez le faire tout de suite et venir me le rendre à la fin de l'heure, d'accord ? Nous allons le corriger et ensuite reprendre le programme.
-Merci madame.
-Je vais vous accompagner chez la surveillante et... John ? Mais qu'est-ce que tu as vieilli ! s'exclama-t-elle en allant vers mon père.
-Je suis trop gentleman pour te faire remarquer que tu es plus vieille que moi.
-Quand tu avais 15 ans, j'étais capable de te foutre par terre. J'en suis encore capable. Ça me fait plaisir de te revoir. Sarah ? Vous pouvez aller m'attendre devant le bureau de la surveillante.
-Oui madame Craig.
J'avais à peine fait quelques pas que j'entendais déjà la voix de mon père se moquer du fait qu'elle soit devenue prof, elle qui détestait ça avant. Je me rendis devant le bureau de la surveillante et je fermai les yeux une seconde. Bon. Je n'ai vu pas vu Sophie. Je ne sais pas comment elle va réagir en me voyant.
-Mademoiselle McAllister, vous vous êtes déjà faite renvoyer de cours ?
-Non, répondit assez sèchement ma prof. Est-ce que ce serait possible que vous la surveillez pendant qu'elle fait son devoir qu'elle a manqué ? Vous me la renverrez dans une heure.
Ma surveillante était une lopette, elle s'écrasait toujours devant les profs et Mme Craig me fit un léger signe de tête pour me souhaiter bonne chance. Je ne pensais pas revenir et avoir un contrôle mais être toute seule dans la salle de retenue me fit du bien. J'étais pas stressée comme je le pensais. L'exercice était assez facile et dès que j'eus terminé, 45 minutes plus tard, je demandai à la surveillante si je pouvais aller aux toilettes avant de retourner en cours. Elle acquiesça et j'appelai Ray une fois dans le cabinet.
-Salut Sarah ! On parlait justement de toi avec les garçons ! Tu vas bien ?
-Je te raconterai tout. Je voulais juste te dire que je t'aime. Voilà.
-Et pourquoi cet excès d'amour tout à coup ?
-Je viens de finir un devoir de chimie d'une heure en quarante-cinq minutes !! m'exclamai-je.
-Je suis fier. J'ai l'impression que c'est mon œuvre.
-Je file, je dois retourner en cours. Ce soir, je t'appelle si tu veux... enfin... je vais calculer pour pas que ce soit trop tard pour Paris.
-Ça va. De toute façon, je suis en plein jet lag. Appelle-moi quand tu veux Sar'.
Je raccrochai et je retournai dans la salle reprendre mes affaires pour retourner dans le cours de Mme Craig. Quand je frappai à la porte et que j'entrai, elle me sourit encore une fois.
-Timing parfait. J'allais ramasser les copies.
Je lui tendis la mienne et je filai m'asseoir à ma place. Sophie ne me regarda même pas quand je m'installai devant elle. Ça me fit du mal, mais je ne le montrai pas. Nous étions au lycée ce qui équivalait à une arène de Hunger Games. Montrer sa peur ou sa déception n'était pas envisageable. À la fin du cours, je bondis presque de ma chaise pour me rendre au prochain cours. Je n'avais parlé à personne mais quelque part j'en avais peur. J'avais peur de voir leurs reproches dans leurs yeux. Je ne participai pas pendant le cours d'histoire. J'étais dans le fond et il nous passa un film comme d'ordinaire. La pénombre me ramena à cette nuit. Wyatt était gonflé de venir comme ça chez moi. Il n'avait peur de rien et c'était sûrement le pire. J'avais ramené la peste chez moi et je ne voulais pas qu'elle touche à ma famille.
À la fin de la matinée, je pris mon courage à deux mains pour aller voir Sophie à son casier. Elle était toute seule.
-Est-ce que je peux te parler ?
Sophie me fixa et referma son casier. J'inspirai et je me lançai.
-Je t'ai maltraitée et je me suis comportée comme une sale gamine. Je t'ai fait du mal. En fait je te fais souvent du mal et pourtant tu reviens toujours vers moi.
-C'est parce que je t'aime.
-Je sais que tu m'aimes et moi aussi je t'aime. Je t'aime parfois plus que je ne m'aime moi. Mais je t'ai parlé n'importe comment encore une fois et je sais qu'à force, l'amour, ça ne peut pas tout arranger. J'ai pas envie que tu en viennes à me détester Sophie et je sais que je cours vers cette hypothèse. Cette fois, je veux mériter ton pardon et que tu aies la certitude que je ne te ferai plus de mal comme ça.
-Je ne t'ai pas dit que je te pardonnais. Tu m'as beaucoup blessée et il va me falloir du temps.
-Oui, je sais.
-En plus de ça, j'étais vraiment vraiment très inquiète pour toi et tu avais l'air si... désinvolte.
-J'étais pas dans mon état normal, avouai-je mal à l'aise.
-Je sais.
-J'avais pris du cannabis, murmurai-je.
-Je sais.
-Tu préfères ne pas me parler pendant un moment ?
-Oui.
-Je m'en doutais. En tout cas, je suis sincèrement désolée pour tout ce que je t'ai dit. Tu seras toujours la bienvenue chez moi.
Je tournai les talons et j'avais à peine tourné dans le couloir que je me retrouvai contre Paul.
-Tu peux pas imaginer à quel point j'étais mal depuis samedi. Te fais plus jamais la malle sans moi. C'est la misère sinon. J'ai même pas eu le droit d'aller à l'hôpital. John nous a dit à Sophie et moi que tu avais besoin de te remettre avant. On n'en pouvait plus à force de tourner en rond.Tu vas mieux ?
-Sophie aussi ? balbutiai-je.
-Surtout Sophie. Tu te souviens la tête qu'elle faisait quand on lui refusait une glace avant le dîner... Elle avait la même. On déjeune ensemble ? On va à l'extérieur du lycée...
-Papa ne veut pas que j'en sorte avant ce soir.
-On sera avec Brian et...
-Paul, j'ai pas envie de désobéir à mon père. J'essaye de... de ne plus être une source de déception pour lui. Je vais rester là, mais ramène moi un brownie.
Il m'embrassa sur la joue et partit rejoindre ses amis. Je m'achetai un sandwich à la cafet et je repartis dans mon petit jardin. Sophie était là et elle pleurait toutes les larmes de son corps. Je m'approchai d'elle et je la serrai contre moi. Elle avait peut-être pas envie de me voir, mais je pouvais pas la laisser dans cet état là.
-Tu joues avec les sentiments des gens qui t'aiment.
-Je sais Sophie.
-Non. Tu ne sais rien, me dit-elle en me repoussant légèrement pour me faire face. Tu ne sais pas que j'ai que toi, putain Sarah ? J'ai que toi, répéta-t-elle en larmes. Toi tu as Paul, tu as Ray. Mais moi... j'ai que toi. J'ai pas d'autres meilleurs amis. Je deviens quoi moi si tu meurs ? Je serai devenue quoi s'il-t-était arrivé un truc grave ?! Je suis sûre que tu n'y as jamais pensé ! s'écria-t-elle. Tu n'as jamais pensé que tu me laisserais toute seule ici. Tout ça parce que tu ne penses qu'à toi. Toujours à toi. Rien qu'à toi. Tu es égoïste et quand... quand on te le fait comprendre, tu deviens méchante !! Et tu sais ce que ça me fait quand tu deviens méchante Sarah ? J'ai l'impression de recevoir un coup dans l'estomac et je me demande pourquoi j'arrive pas à te détester alors que tu es une vraie garce et je me hais pour ça. Je me hais vraiment. J'ai jamais rien dit Sarah alors que moi aussi j'ai souffert l'an dernier. Tu crois que j'ai rien ressenti quand tu t'es faite harceler par la meuf du mec pour qui j'avais un crush ? Qu'on t'a coupé les cheveux ? Qu'on t'a frappée et insultée ? Tu crois que ça m'a rien fait du tout de te voir sombrer sans que je puisse t'aider ?
Sophie était entrain de craquer et moi... je percutais enfin. Je n'avais jamais vu les choses sous cet angle. Je ne m'étais jamais demandée ce que ma meilleure amie ressentait, ça ne m'avait même pas effleuré l'esprit. Elle avait été meurtrie, tout autant que moi, même plus que moi. Sophie avait un côté secret et réservé quand j'étais une vraie dramaqueen. Elle avait eu le cœur brisé l'été d'avant et pourtant, à la rentrée, elle m'avait écouté me plaindre de Brian avec le sourire. Paul, après lui avoir fait miroiter l'espoir d'un couple, l'avait brisée aussi en ressortant avec Chris. Sophie, ma Sophie qui ne se plaignait jamais d'affaires personnelles m'ouvrait son cœur et son âme. Elle était torturée et je savais que j'avais appuyé sur la digue tellement fort et tellement de fois qu'un flot de sentiments et surtout de peur l'avait envahie. Elle avait besoin d'évacuer pour ne pas devenir folle à lier et malgré tout ce que j'avais traversé, je savais qu'elle avait besoin de moi et que j'étais son seul exutoire.
-J'étais impuissante et je pouvais pas flancher parce que toi tu n'aurais plus rien eu pour te raccrocher, parce que toi tu étais à deux doigts de te suicider. Et là tu m'envoies bouler pour un mec que tu baises alors que j'ai toujours été là ? J'en ai marre d'être là alors que j'ai personne pour être ma bouée de sauvetage. Et tu oses me dire que c'est à cause du cannabis ? Non Sarah. Il a simplement révélé qui tu étais de manière plus directe. Depuis l'an dernier, tu crois que tu peux m'envoyer des horreurs à la figure et que je te pardonnerai toujours. Mais c'est pas vrai. J'ai pas envie de te pardonner. J'ai envie que tu apprennes de tes erreurs, que tu grandisses. Mais je sais que je vais me haïr de te faire ça et que je vais souffrir d'autant plus. Alors comment je fais hein ? Je te sacrifie toi ou je me sacrifie moi ?
-Tu n'as pas besoin de choisir.
-Tu crois ça ?
-Non, parce que je vais le faire à ta place. Il est grand temps que je mérite ton amitié. Je reviendrai vers toi quand je serai devenue une meilleure personne et...
-Tu ne comprends pas Sarah. Tu ne comprends pas du tout.
Elle se redressa et sécha ses larmes d'un coup sec.
-Encore une fois, tu as ramené le truc à toi, alors que je te parlais de moi.
-Je fais pas vraiment de différence entre toi et moi Sophie.
-On devrait pourtant. Faut que j'apprenne à vivre en dehors de toi. Quand je serai prête, je te permettrais peut-être de revenir. Je sais pas.
Elle me quitta sur ses mots et j'eus l'impression que 17 ans d'amitié venait de se fracasser contre le mur. Je restai assise sans rien dire. J'aurais dû me battre à cet instant précis. J'aurais dû me battre pour elle mais je n'avais plus de voix. La sonnerie retentit et j'allais en cours. Ma main se mit à trembler, j'allais me mettre à pleurer, mais je ravalai mes larmes. Elle avait eu raison. Je l'avais perdue par mon comportement. La seule manière pour moi de la récupérer c'était en changeant, radicalement et en prenant le problème à la racine. J'étais égoïste, d'ailleurs... se droguer n'était-il l'ultime symbole de la vanité ? Je n'avais pensé qu'à moi et à moi seule, m'enfermant dans un monde où personne ne pouvait m'atteindre. Et en ressortant de cette bulle, j'avais vu ce qu'elle avait fait. Elle avait tout ravagé. J'observai Sophie, elle ne dessinait même pas. Elle n'écrivait pas le cours. Elle était juste... ailleurs. J'attrapai Cameron à la fin des cours alors que Sophie filait à son casier.
-Cam ? Est-ce que tu peux faire quelque chose pour moi ? Va à la boulangerie, achète un croissant aux amandes à Sophie.
-Quoi ?
-Tiens... je ne sais plus exactement le prix mais je pense que ce sera suffisant. Ne pose pas de question.. fais le juste, s'il-te-plaît, le suppliai-je en lui casant un billet en main.
-Vous êtes fâchées... c'est pour ça que tu n'es pas venue en cours ?
-Pas exactement. Je t'expliquerai, mais tu peux le faire ? Un croissant aux amandes et tu lui prends aussi une petite bouteille d'eau pétillante mais pas trop pétillante, okay. Merci Cam !
Je filai à mon propre casier. Le lendemain c'était Thanksgiving. Je ne savais pas qui viendrait cette année. Est-ce que ma famille Evans accepterait de le passer avec moi ? J'étais pas certaine. Je reçus un message de Brian. L'entrainement est annulé, attends-moi à ma voiture, j'arrive. Je passai à la bibliothèque rapidement et en sortant, mon sang ne fit qu'un tour. Wyatt était là avec un sweat à capuche. Il n'était pas seulement là. Il tenait le bras de Sophie de l'autre côté de la route. Je lâchai mes affaires sur le trottoir et je traversais vers eux. Je le poussai et il lâcha ma meilleure amie.
-Tu ne la touches pas.
-Em'.
Il me serra contre lui d'une telle manière que j'étais dans l'impossibilité de bouger.
-Je me suis inquiété pour toi. Je t'ai cherché partout samedi, tu sais ? Pourquoi tu es partie ? susurra-t-il à mon oreille.
Dégoût. Haine. Voilà ce que je ressentais à ce moment précis. Sa voix qui s'infiltrait en moi me glaçait tout en me révulsant. Comment avais-je pu pensé une seule seconde qu'il pourrait être un mec bien ? Mon radar était vraiment détraqué. Ce n'était pas possible.
-Je pense que tu devrais partir Wyatt, fit Sophie d'un ton froid. Tu n'es pas le bienvenue ici, ni nul part ailleurs.
Il plaquait mon visage contre son torse, j'étais comme dans un étau.
-Je venais juste chercher ma copine.
-Je ne suis pas ta... copine.
J'arrivai un peu à me dégager de lui mais il me rattrapa par le côté de la nuque et serra.
-Tu as agi de manière ridicule samedi, et je t'avais prévenue de ce qui arriverait, mais tu ne m'as pas écoutée. Je peux savoir ce que tu comptes faire avec ce téléphone, Blondie ?
-J'appelle les flics, répondit ma copine avec détermination.
-Oh... vraiment.
Il resserra son emprise sur moi, j'essayai de dégager sa main mais je n'y arrivais pas.
-Dégage de là. J'ai besoin d'avoir une petite discussion avec ma meuf et tu n'es pas la bienvenue.
-Je bougerai pas. Continue de l'étrangler si ça t'amuse mais moi j'appelle les flics.
Elle était juste à côté de nous et Wyatt en un geste jeta le téléphone de Sophie au sol. Je sentis la colère me prendre mais je me retrouvai au sol avant qu'elle ne sorte. Brian était là, il se dressait comme un mur contre cet énergumène.
-Dégage tout de suite.
-Sinon quoi, Winter ?
Brian lui fila un coup de boule et le repoussa contre sa voiture. Je me redressai mais Paul, qui était arrivé derrière moi, m'empêcha de m'interposer. Brian et Wyatt étaient en train de se battre. Leurs coups étaient d'une précision folle et ils ripostaient assez bien jusqu'à ce que Brian envoie son poing dans le nez de Wyatt et que le sang gicle sur le sol. Dix secondes plus tard, le fils de Mary était allongé sur l'asphalte en milieu de route et mon ex lui colla deux coups de pieds dans l'estomac. Paul essayait de me retenir alors que je savais que je devais aller aider Brian. Wyatt avait failli tuer mon Grand-Père, je savais de quoi j'étais capable. Les élèves avaient commencé à s'attrouper et ça ne plût pas tellement à Wyatt.
-Em', on part. Maintenant, me lança-t-il.
-Elle n'ira nul part avec toi.
Wyatt eut un sourire et se tourna vers Brian dont le visage était salement amoché.
-Tu as envie de te la faire. C'est ça n'est-ce pas ? Je le savais. Il faut dire qu'elle sait faire des trucs dont tu n'as même pas idée.
Brian se redressa d'un coup et fonça sur lui. Son adversaire en eut le souffle coupé, tomba au sol et Brian fit montre d'un déferlement de brutalité qui me laissa sans voix.
-Que se passe-t-il ici ? tonna la voix du coach de basket alors que Brian le frappait pour la quatrième fois d'affilée.
Ce dernier, en voyant Brian passer à tabac un autre garçon, se précipita pour les écarter. Il souleva pratiquement le fils de Mary pour le dégager. Le coach plissa des yeux en voyant Wyatt. Il savait qui il était. Ce dernier finit par se relever et j'entendis un rire désabusé sortir de lui.
-Là, je te reconnais bien Winter. Tu aimes le sang, pas vrai ? Quand tu avais 14 ans et que tu as fracassé la gueule de ce mec à coup de batte de baseball, j'ai su qui tu étais vraiment. Une brute épaisse. Tu as cru que tu pouvais t'amender, mais ça n'arrivera pas, cracha Wyatt.
Je compris le danger en même temps que le coach qui retenait toujours Brian, mais qui se dressait avec sa mine patibulaire face à Wyatt. Ce dernier était totalement défoncé et il ne devait même pas ressentir la douleur. Il était en sang et son aplomb m'effraya encore plus si c'était possible. Il n'avait pas peur, pas du tout même. Son regard et son sourire étaient remplis de sarcasme.
-Et si tu crois qu'un petit coup de poing dans la gueule m'arrêtera tu te fais des illusions, brother.
Il cracha au sol, laissant une marque sanguinolente sur le béton.
-Partez immédiatement et que je ne vous revois plus jamais ici.
Wyatt releva les mains.
-Je me casse, lopette. Mais c'est pas fini Brian Miller. Tu me le paieras amèrement.
Il remonta dans sa voiture et il démarra. Je me dégageai de Paul pour filer vers Brian. Ce dernier n'allait pas bien du tout. Il avait fait un effort pour rester debout mais je le voyais vaciller. Le coach cria à quelqu'un d'aller chercher l'infirmière alors qu'il le soutenait.
-Ça va aller coach, j'ai juste besoin de m'asseoir un peu.
Brian s'installa sur le trottoir. Il avait une respiration saccadée mais il me regarda droit dans les yeux
-Il ne reviendra pas. C'est un lâche et une grande gueule, m'avoua-t-il. Tu n'auras plus de nouvelles de lui, je te le promets.
-Il a dit qu'il se vengerait de toi...
-Je le connais très bien. Il fera rien. Regarde-moi Sarah. J'ai pas peur de lui et toi non plus tu ne devrais pas avoir peur. Il n'est rien. Je sais qu'il t'a fait du mal, mais crois-moi. Wyatt et toi, c'est fini pour de bon. Coach, je pense que je vais aller à l'hôpital, Sarah va m'emmener.
J'acquiesçai et je me préparai à affronter mon père avec un goût de cendre dans la bouche. J'avais décidément blessé tout le monde avec cette histoire et le visage légèrement tuméfié de Brian me le rappelait de manière cruelle...
***
Sorry pour les fautes, j'ai pas relu hahaha
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro