About a boy #2
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Mon père se repoussa dans son siège et toisa le sien.
-Ne fais pas ton choqué, s'il-te-plaît. Tu nous fais le coup à chaque fois. Tu veux combien ? Profite, l'offre de paiement expire dans 5 minutes.. Je suis prêt à faire le chèque tout de suite.
-John ! le réprimanda ma Grand-Mère.
-Alors tu veux combien ? 5 millions ? 10 millions ? 15 peut-être ?
William et mon père s'affrontèrent du regard. Leur ressemblance me frappa. Ils étaient exactement pareil. J'eus une vision très précise de ce que devait être mon père adolescent face à son père. Le premier qui baisserait le regard perdrait très clairement. Un sourire sarcastique se dessina sur le visage de mon père.
-Dis-moi ton prix.
-Qui te fait croire que je suis à vendre ?
-Toutes les fois où tu es revenu dans nos vies, c'était pour un chèque. Tu crois que je ne suis pas au courant que tu as essayé d'en récupérer de la mère de ma fille ? Tu crois vraiment qu'elle m'aurait caché une telle information ?
-Tu ne vois que ce que tu veux voir. Il faut que tu passes à autre chose.
-Alors ? Combien ? demanda mon père en sortant son chéquier
-Je ne veux pas de ton argent. Garde-le pour t'offrir des cours sur le respect de tes aînés. Tu en manques cruellement mon garçon.
-Arrêtez s'il-vous-plaît.
Je n'avais jamais entendu un tel ton chez ma Grand-Mère et je vis une vive émotion et douleur dans son regard. Mon père tourna les yeux.
-John si tu n'es pas capable de faire preuve de retenue en public...
-Je fais preuve de retenue, Grand-Mère. Sinon, mon poing se serait écrasé sur son visage. J'en viens directement au but, c'est ce qu'il se passera. Ça s'est toujours passé comme ça. Je n'ai pas envie que Sarah ou les garçons s'attachent à lui pour le voir disparaitre avec une partie de leurs comptes en banque.
-Tu pourrais m'accorder le bénéfice du...
-Doute ? Je vais être honnête avec toi, tu m'as fait beaucoup de mal, finit-il par dire en regardant de nouveau son père.
J'avais envie de cesser ce massacre, mais je ne le pouvais pas. Mon père voulait parler, il en avait besoin même.
-Quand ma femme est morte, j'avais juste besoin que tu me prennes dans tes bras et que tu me dises que j'arriverai à élever ma fille alors que j'avais juste envie de mourir. Tu le savais ça ? Que je me suis demandé si je devais pas la rejoindre dans la tombe et que la seule chose qui m'en a empêché c'est ma fille ? J'avais besoin de toi. J'avais besoin qu'un homme plus vieux que moi me dise que tout irait bien. Mon beau-père a pris ce rôle, mais ce n'était pas à lui de le faire. Il avait son propre deuil à faire mais il l'a mis de côté pour moi. J'avais besoin de toi, mais tu n'étais pas là. Enfin si... pardon. Tu étais là avec ton sarcasme, avec ta méchanceté. Tu étais là pour me dire que tu m'avais dit que le mariage m'apporterait des déconvenues. Je venais de perdre l'amour de ma vie, tu pensais vraiment que c'était judicieux de me dire ça ? Et tu... tu ne m'as jamais présenté d'excuses pour ça.
-Tu ne m'aurais pas écouté John.
-Mais je t'aurais entendu. J'aurais entendu tes excuses. Je t'aurais peut-être craché à la figure, mais depuis toutes ces années, tu ne m'as jamais présenté d'excuses, Papa. Tu m'as fait beaucoup de mal, répéta-t-il. Tu as fait du mal à toute notre famille. Plus que je ne pourrais le dire, alors pourquoi je te lâcherai sur ça maintenant ? Pourquoi je ne te ferai pas souffrir comme tu m'as fait souffrir ? Tu m'as toujours appris que c'était donnant donnant. Œil pour œil et dent pour dent.
Mon Grand-Père resta silencieux et je vis soudainement son âge. Je vis pendant l'espace d'une minute le véritable lui, sans la bravade et le sarcasme dont il faisait montre depuis tout à l'heure.
-Le prix d'un œil pour un œil. C'est ce que veut dire l'expression John. Je comprends ta position et j'en suis désolé. Je suis vraiment désolé de ce que j'ai fait à cette époque. Si je pouvais revenir en arrière...
-On ne peut pas. Jamais.
-Tu sais Johnny. Je fais de la boxe depuis mes 12 ans. Mon père me l'a enseigné lui-même. Je t'ai laissé me frapper et me mettre une raclée. C'était ma manière de me punir de ce que je t'avais écrit. Je l'ai regretté au moment où je l'ai posé dans la boîte postale, mais c'était trop difficile de l'admettre. Je n'ai jamais été homme à admettre ses erreurs. Être un McAllister, c'est difficile. J'ai préféré de nombreuses fois me cacher derrière mon nom et mon apparente immunité plutôt que d'assumer mes actes. Je l'ai fait depuis toujours. Je l'ai fait tant de fois que j'ai oublié... que vous étiez aussi des McAllister, et que je n'avais pas besoin de masque pour être avec vous. Vous aviez déjà conscience de ce que cela impliquait. Vous êtes tous les deux mes petits garçons et je devais vous montrer la voie du bien, comment être des personnes honorables, des hommes. J'ai manqué à mon devoir en tant que père et en tant qu'homme. Je l'admets et je comprends que vous ne puissiez pas me pardonner cela après tout ce que j'ai fait et tout ce que j'ai manqué. Je comprends que vous ne vouliez pas que je rencontre mes petits enfants. Je ne vous le demande pas. Ni pardon ni droit de visite. Je ne peux pas revenir en arrière, mais j'aimerai te libérer de cette colère, John. Je ne compte pas rester à Los Angeles, je vais retourner à Sacramento et je vais y rester.
William se leva tout à coup et fit un signe à quelqu'un. Je vis arriver une femme de l'âge de Grand-Mère Maddie. William l'embrassa sur la joue et je vis un regard entre les frères McAllister.
-Je suis désolée Liam. Je suis en retard.
-Ce n'est rien Leslie. Maman, permets moi de te présenter Leslie O'Domnaill, ma fiancée. C'est la raison pour laquelle je t'ai fait venir.
Mon père leva un sourcil et machinalement, il se leva comme son frère le temps que la fiancée de mon Grand-Père s'asseye.
-Je ne pensais pas que toute ta famille serait là.
Elle paraissait gênée.
-Ce n'était pas prévu, répondit mon père. John McAllister, fit-il en lui tendant la main pour la serrer et voici mon frère James et ma fille Sarah.
-Comme le Dr John McAllister ? Votre étude dans le dernier numéro de Anatomy Star était juste parfaite, sourit-elle après un hochement de tête de la part de mon père. Je suis passablement impressionnée. Je n'avais pas nécessairement fait le rapport entre vous et William.
Une lueur d'intelligence passa dans les yeux de mon père.
-Pardonnez-moi, je n'ai pas bien compris votre nom de famille.
-O'Domnaill. Le Dr O'Domnaill, précisa-t-elle.
-Je me disais bien que votre visage m'était familier. Je vous ai vue à une conférence, il y a 5 ans sur les leucémies myéloïdes chroniques. Le Docteur O'Domnaill est l'un des meilleurs chirurgiens oncologue des Etats Unis, nous apprit-il. Et vous êtes sa fiancée ? Comment vous vous êtes rencontrés au juste ?
Je savais ce qu'il pensait. Comment une femme intelligente pouvait être avec son père ?
-Leslie est mon médecin.
-Ton... William... commença Grand-Mère en pâlissant encore un peu plus. Tu es malade ?
-Plus maintenant. J'ai eu une tumeur cérébrale en gros, mais je suis comme la mauvaise herbe, je survis en milieu hostile, sourit son fils avec une pointe d'insolence assez caractéristique de notre famille. Enfin.. j'étais son patient, ce serait plus exact et il y a quelques temps, elle a accepté de devenir ma femme.
Il lui fit un baise-main et lui sourit avec émerveillement. Mon père en resta presque bouche bée. Moi je pris la main de mon oncle et je la serrai.
-Tu as eu un cancer et tu ne nous l'as pas dit ? hoqueta mon père.
-Comme tu l'as dit, je ne voulais pas m'imposer dans vos vies. Mais ne t'inquiète pas, je suis guéri désormais, je ne suis pas certain que ça t'int...
-Tu l'as appris quand ? le coupa mon oncle James.
-Pour le glioblastome ? Il y a plusieurs années, quand exactement ? Je ne sais plus. Elena était au courant. Elle m'a pratiquement forcé à aller me faire soigner d'ailleurs. C'est elle qui m'a recommandé auprès de Leslie.
-Je... commença mon père.
-Je lui ai demandé de ne rien vous dire. Je ne voulais pas me faire soigner. Je l'avais mérité après tout. Elle a tenté de me faire changer d'avis et quand elle a vu qu'elle n'y arriverait pas, elle m'a dit que j'étais égoïste. Je lui ai dit que si je m'étais rapproché de vous, c'était uniquement pour l'argent et l'aura des McAllister. Elle m'a dit qu'elle ne voulait pas que Sarah ait ce genre de modèle dans la vie. C'est la dernière fois que je t'ai vue, dit-il en me souriant. Mais bon... Comme elle s'était vraiment donné du mal pour me dégotter un rendez-vous, j'y suis allé. J'ai changé d'avis, mais il était trop tard pour revenir vers vous.
-Tu fais chier Papa, tu le sais ça ? soupira mon père.
-John, tu pourrais être poli tout de même, fit Amélia en levant les yeux au ciel.
-Tu fais vraiment chier. Je fais comment maintenant pour décemment t'en vouloir alors que tu avais une putain de glioblastome ? Je vais paraitre pour un monstre alors que c'était la tumeur qui parlait. Tu aurais dû nous le dire, me le dire. Je suis médecin.
-Mais j'étais soigné par la meilleure. C'est passé les garçons. Les risques de rechute s'amenuisent avec le temps. Enfin bref. Maman, ça fait beaucoup d'information pour toi, je le vois.
-Je ne suis pas aussi faible que tu pourrais le penser William. Quand comptez-vous vous marier ?
-Dans deux mois. On ne fait pas grand chose. On passe à la mairie, mais ça me ferait plaisir que tu sois là.
-C'est hors de question, répondit Amélia. Je suis désolée, Madame, mais il est hors de question que tu te maries à la mairie William. Tous tes ancêtres s'en retourneront dans leur tombe. Tu es mon unique fils, je m'occuperai de la cérémonie.
-Maman...
Elle le fit taire d'un regard et la fiancée de mon Grand-Père réprima un rire.
-C'est très aimable à vous Madame McAllister.
-J'aimerai beaucoup prendre le thé avec vous pour apprendre à mieux vous connaitre. Dimanche, ce serait possible pour vous ?
-J'ai une opération assez importante dimanche aux alentours de midi. Je ne sais pas exactement quand elle se terminera mais je serai ravie de vous emmener dîner avec moi.
Amélia lui sourit et elles continuèrent à parler un peu. Mon père lui était silencieux et il finit par se pencher vers son père. Ils se levèrent tous les deux en un seul geste et ils s'éloignèrent. James les suivit rapidement lorsque je lui jetai un regard inquiet.
-J'ai cru comprendre que votre fils n'avait aucun contact avec ses enfants.
-Avec sa famille en général, répondis-je. Il ne parle qu'à sa mère de temps en temps. Ils ne s'étaient pas croisés depuis la mort de ma mère. C'était vraiment terrible n'est-ce pas ? Son cancer ?
-Plus que vous ne l'imaginez. Mais votre Grand-Père est un combattant et il est assez buté. Il a réussi à se sortir d'une maladie très difficile sans le soutien de sa famille. Il a plus d'un tour dans son sac.
-Il vous a raconté ? Ce qu'il s'est passé avec ses fils.
-Plus d'une fois. Et je pense que je l'aurais détesté à l'époque moi aussi. Mais... Il a vu de près la mort plusieurs fois ces dernières années. Cela peut changer un homme.
J'hochai la tête et je vis mon père revenir avec son frère et leur père. Ils se ressemblaient tous les trois.
-Sarah, on va rentrer à la maison. C'était un plaisir de faire votre connaissance Dr O'Domnaill.
-Pareillement.
-Je suis désolé de ne pas pouvoir rester plus longtemps, on déménage demain et on a encore des cartons à faire. Vous opérez où exactement ?
Sa future belle-mère lui donna le nom d'un hôpital. Je me redressai et je ne sus pas exactement ce que je devais faire. Leur serrer la main, les embrasser ? Finalement, je finis par tendre la main à Leslie et je fis un signe de la main à mon Grand-Père. Il hocha la tête. Il avait compris.
-Papa, je te jure, j'avais rien prévu avec Grand-Mère.
-Je sais mon chat.
Il avait l'air encore un peu fébrile et il resta silencieux sur le chemin du retour. James avait une voix étrange aussi même s'il tentait de faire la conversation. En rentrant à la maison, mon père retira ses chaussures et il monta directement sans dire bonjour à Mary dont on entendait la voix depuis la cuisine.
-Va chercher Mary s'il-te-plaît. Et mon épouse.
James suivit mon père après s'être déchaussée. Je passai dans la cuisine où ma belle-mère riait. Elle vit mon visage et reprit son sérieux.
-Je pense que vous devriez monter toutes les deux.
-Que se passe-t-il ?
-On a rencontré mon Grand-Père.
Elles se regardèrent et elles montèrent les escaliers à leur tour. Les amis de mon père arrivèrent une bonne demie-heure après et Benjamin me regarda sérieusement.
-John n'est pas là ? Pourtant le camion est...
-On a eu un contre-temps.
-C'est à dire ? répondit Nicholas.
-Mon père, fit la voix de mon père derrière moi. On l'a rencontré dans un café. Je vous raconterai. J'aurais besoin de vous pour les cartons dans le grenier. On va tout mettre dans le camion et demain ce sera plus rapide, okay ?
Sophie et son père se regardèrent et je vis le courant passer entre eux. Ils allaient nous cuisiner et ma meilleure amie ne se fit pas prier alors que nous vidions les étagères du salon. Je lui racontai toute la scène.
-Il ne t'a pas dit ce qu'il avait dit quand il est sorti ?
-Non, pas du tout. Je suis un peu choquée en fait. Je... mon père s'en veut, je le sais. Il s'en veut de ne pas avoir vu la maladie de son père et je pense qu'il en veut à ma mère de ne rien avoir dit. Pourtant... ils se ressemblent, dans leur manière d'être, dans leur sarcasme. Je sais que c'est choquant mais mon père c'est un mini William McAllister. Ils ont les mêmes mimiques, mais tu sais... toute ma vie j'ai vu la ressemblance de Papa avec Grand-Mère Maddie, parce que c'était la seule que je connaissais, mais là... c'est flagrant.
-Et... toi tu aimerais le revoir ?
-Je n'en sais rien. Je vais faire un brief avec Duncan. J'ai besoin d'avoir son avis pour prendre ma décision.
-Et vis à vis de Chuck, tu as besoin de l'avis de qui ? Je sais. Tu vas me dire que je te presse mais plus tu attends, plus tu le perds Sarah. Si ça se trouve, tu es en train de passer à côté de l'histoire d'amour de ta vie...
-Je t'adore Sophie, mais là, ça ne te regarde pas. Tu comprends pas que tout arrive en même temps ? Je suis dans un tourbillon. J'ai besoin d'être au calme, de pouvoir avoir une vision d'ensemble et là... y'a toute l'émotion qui est encore là. Je ne sais pas si tu arrives à comprendre ce que je vis. J'ai rencontré le mec qui a percuté ma mère, j'ai rencontré le seul homme qui a réussi à briser mon père, y'a le déménagement. J'ai pas une minute pour penser à moi. Je vais la lire, mais je dois être au calme. Je dois mettre ça de côté. Et puis... toi... c'est quand tu vas le dire à Paul ?
Sophie me toisa.
-Alors tant que j'aurais pas roulé une pelle à Paul, toi tu refuses d'écouter Chuck ?
-J'ai pas dit ça. J'attends d'être dans la nouvelle maison. Je sais où je vais la lire.
Je pensais au patio dans la dépendance où j'arrivais à retrouver un certain calme intérieur.
-Tu me le jures ?
-Oui Sophie.
Les décorateurs d'intérieur payés par Mary et mon père avaient déjà embarqué une partie de nos meubles pour la maison. Quand je lui avais demandé la raison pour laquelle tout n'avait pas déménagé, mon père avait souri. « Il y a des choses dont tu auras besoin à Harvard. Faire deux déménagements est ridicule. » Je ne m'étais pas vraiment penchée sur la question. Mon père avait tout prévu avec les parents de Sophie. Je pris dans mes mains une photo où j'étais avec ma mère à faire de la cuisine, j'avais du chocolat sur la tête et elle de la farine dans les cheveux. La photo était amusante et assez mal cadrée en réalité. J'avais voulu la retirer lorsque Mary avait emménagé mais elle m'avait arrêtée dans mon geste. « C'est ta mère, elle fait partie de l'histoire de cette famille, si tu veux retirer la photo pour la mettre dans ta chambre, tu peux le faire, mais ne le fais pas pour moi ».
-Brian ? Tu peux mettre ce cadre dans mon sac ? J'ai pas envie de le mettre dans un carton.
-Je crois que si j'avais connu ta mère ado, je serai tombé amoureux d'elle, remarqua-t-il. Elle était tellement belle.
Paul arriva derrière Brian et sourit largement en prenant le cadre entre ses mains.
-Je me souviens de cette journée. C'est moi qui ai pris la photo. John nous avait regardé d'un air navré en revenant à la maison. Y'en avait partout. Ensuite, on est parti à l'aéroport pour venir te chercher Sophie. Tu étais seule avec ton père. Ta mère bossait sur un shooting. Tu avais fait du dessin pendant le vol et tu avais du crayon partout sur la tête. Nick était catastrophé, il avait dormi...
-Il a gardé le dessin tu sais ? Il est affiché dans son bureau à la maison. Je crois que mon père n'a jeté aucun de mes dessins. Je pense que tu nous aurais adoré à cette époque Brian. Encore plus que maintenant. On était des guedins puissance 1000.
-Je vous adore déjà.
Les garçons vinrent nous prêter main forte et après le dîner, nous finîmes de mettre les cartons dans le camion. C'était toute ma vie qui était là. Tout y était passé, les tapis, les tableaux, les livres et les bibelots. Absolument tout. Nous avions décidé de mettre tous les habits dans nos voitures respectives. Ma maison était vide. Je ne l'avais jamais connue comme ça et cela me fit une sensation étrange. Il ne restait plus que des lits et des bricoles que je devais emmener à Harvard. J'allais quitter mon foyer et je me sentais... vide. Chaque recoin était rempli de souvenirs. J'avais fait mes premiers pas ici, j'avais ri, j'avais pleuré, j'avais aimé... J'avais vécu tout simplement. Toute ma vie était ici et j'allais en débuter une nouvelle.
Nous fîmes des grillades, les dernières dans cette maison, tous ensemble. Ma famille Evans qui était venue prêter main forte semblait aussi émue que mon père. Mon père avait débouché plusieurs bouteilles de sa cave.
-J'ai vécu les meilleurs et les pires moment de ma vie dans cette maison. Elle a été le théâtre de la joie, de l'amour, de la vie et de la mort.
Il posa sa main sur le mur extérieur.
-Merci de nous avoir abrité en ton sein. Tu nous manqueras. Sarah. Prends soin de cette maison et s'il-te-plaît, ne la vends jamais.
-Je le promets. Je propose qu'on porte un toast aux nouvelles aventures de la McAllister Family.
Nous trinquâmes, mon père porta la coupe à ses lèvres et la redonna à son frère. Il n'avait pas l'intention de boire visiblement.
-Sarah ?
Je m'approchai de mon père.
-Nous avons pris la décision d'inviter mon père et sa fiancée dimanche.
-Mary et toi ?
-Mary, Val, James et moi.
-Ils ont pris la décision et tu étais en minorité ?
Il secoua la tête.
-Mary a envie de se faire sa propre opinion sur le sujet et... Je lui ai dit que s'il était de nouveau défaillant... je couperai définitivement les ponts avec lui.
-Je te protègerai contre lui Papa. Je m'en fous de me comporter comme une sale gosse si ça peut te sauver la mise. Si tu te mets à parler de Tabasco, je mettrai les pieds dans le plat.
-Ça me va parfaitement. Toi tu es ma fille. Viens dans mes bras.
Je me serrai contre lui. C'était ma dernière nuit ici alors que j'y avais vécu toute ma vie. En réalité, je n'arrivais pas à dormir, et ce même si Brian était à côté de moi dans mon lit. Pour des raisons pratiques, nous partagions une dernière nuit dans ma chambre. Il dormait doucement et moi je n'arrêtais pas de me tourner.
-Arrête de bouger putain.
-Je n'ai jamais déménagé. Jamais.
Brian ouvrit les yeux et se tourna vers moi.
-Tu revivras ici, m'annonça-t-il. C'est ta maison. J'en suis persuadé. Tu verras tes enfants grandir et vivre ici.
-Tu sais que je connais déjà leurs noms ? Ceux de mes enfants.
-Moi aussi. J'ai toujours voulu avoir des enfants. Idéalement, j'aimerai avoir trois enfants. Ou quatre. Je veux des filles. Les filles sont intelligentes et je crois qu'elles apportent moins d'emmerdes.
-Je suis un contre-exemple alors.
-Tu n'as pas la fait moitié de ce que j'ai fait Sarah et je t'envie tellement, d'être aussi pure et innocente sur certaines choses. On sera heureux là-bas aussi. Même si pour être honnête, j'ai l'impression que ce sera la maison de Tom et des Grumeaux. Il n'y a que moi qui n'ai pas de chez moi. Il faudra que je le construise avec la bonne personne.
-Tu seras toujours chez toi dans cette maison ou dans n'importe quel endroit où je vivrais. Ma maison t'est toujours ouverte.
Il passa une main sur mon visage et se redressa.
-Viens, on va visiter la maison.
Il me tendit la main pour me lever de mon lit et nous refîmes un tour. Un dernier tour. Je racontai à Brian certaines anecdotes au fur et à mesure de cette visite nocturne. Nous pénétrâmes même dans la chambre noire de mon père.
-Tu sais que je suis jamais venu ici ? fit Brian.
-Bienvenue dans l'ancienne grotte de l'ours. Demande à Papa de t'apprendre à faire des tirages. Il a les yeux brillants quand il le fait.
-J'adorerai apprendre à faire ça !
Je lui pris la main et je l'emmenais sur le toit de sa chambre. Elle était totalement vide. Ça me faisait bizarre.
-Putain qu'est-ce que tu vas me manquer l'an prochain Sarah. Vous allez tous me manquer et pourtant, je pense que je vais vivre une page importante de mon histoire. J'en ai la certitude.
-Tu vas me manquer aussi.
Le reste de la nuit, nous le passâmes sur le toit, tant et si bien que mon père vint s'installer près de nous alors que le soleil était déjà levé.
-J'aimais venir ici aussi après une opération difficile.
-Je vais vous laisser, fit Brian. Je vais retirer les draps de ton lit Sarah et les plier.
-Je ne veux pas te faire fuir Brian.
-C'est pas le cas, je vais aller profiter de ma mère un peu. Elle doit encore dormir, non ?
Mon père acquiesça et il me ramena vers lui.
-Est-ce que j'aurais dû attendre tu crois Sarah ?
-Pour ton père ou pour le déménagement ? Parce que l'un dans l'autre, on a qu'une seule vie. J'espère que tu arriveras à trouver un terrain d'entente avec lui. Et pour la maison... il était temps qu'on passe à autre chose. Je veux dire.. c'était le nid d'amour de Maman et toi. Il est temps que tu crées un autre nid d'amour. Un endroit où Tom pourra avoir sa propre frise de taille, tout comme les bébés. Je suis triste de partir de Los Angeles à cause de ça. Je ne serai pas là pour mes petits frères et ma petite sœur. Je ne les verrai pas marcher, je ne le verrai pas rire la première fois...
-Je te montrerai absolument tout. On pourra se parler quand tu veux et autant de temps que tu veux.
-Tu as intérêt !
Il m'embrassa sur la tempe et je partis me laver. La dernière douche dans ma chambre. Je savourai ces derniers moments dans ma maison d'enfance. Avant de partir, je refis un dernier tour et mon enfance se déroula sous mes yeux, de manière encore plus importante que la veille. Il ne restait que les meubles que j'emmènerai à Harvard avec moi.
-Choupi ?
Je me retournai et je vis mon père. Il avait son trousseau de clef à la main et il me le tendit, avec celui de Brian et de Mary. Je compris à ce moment précis que j'étais chez moi. Cette maison ne me quitterait jamais vraiment. Je pourrais y retourner quand j'en avais envie.
-J'aimerai que tu gardes les clefs dans la nouvelle maison. Il ne faudrait pas que je les perde.
J'étais la dernière à partir de la maison et je refermai le garage. Sophie m'attendait. Elle avait décidé de m'accompagner. C'était très sympa de la part de notre Famiglia de nous accompagner dans cette nouvelle étape de notre vie. Ma meilleure amie poussa un cri en voyant la nouvelle maison.
-Elle est splendide.
-Et encore, tu as pas vu ma chambre.
Mes peurs avaient disparu dans la nuit suite à ma discussion prolongée avec Brian et je n'avais pas menti. Dès que tout serait installé dans la maison, je prendrai mon courage à deux mains et je lirai cette lettre, même si elle devait me détruire un peu plus. Il y avait tellement de cartons, c'était impressionnant.
-Papa !
-Oui Tom ?
-On peut garder les cartons pour se faire une construction ?
-Oui, tu peux ! répondit James. J'arrive pour vous aider, j'ai un doctorat en construction en carton. Un château fort, ça vous va ?
-Tu as entendu Papa ! s'exclama Giulia. James va vous faire un château foooort.
-Voilà ce que vous allez faire en attendant qu'on récupère suffisamment de cartons. Vous allez faire les plans. Vous pouvez vous installer dans le jardin par exemple ?
Les enfants coururent dans le jardin après avoir récupéré du matériel dans un des cartons de Tom et nous entendîmes leurs rires. James reprit son sérieux et attrapa un carton qu'avait pris ma belle-mère.
-Je peux le porter tu sais ?
-Tu rêves. Pas question que tu soulèves un carton alors que tu portes non pas un mais deux petits McAllister. Va te détendre dans le jardin.
-Mais je...
-Pas de mais. Tu peux ranger si tu veux, mais tu portes pas ! Profite d'avoir autant de mecs bien gaulés en T-shirt moulant pour porter des boîtes chez toi. Une fois qu'on sera parti, il restera que John et le spectacle sera clairement pas le même.
Elle leva les yeux au ciel, James se prit un coup derrière la tête de la part de mon père et Mary fila avec Adèle et Line pour ranger les affaires des cartons. Valentina donnait le sein à Aonghas et surveillait les petits dehors. Je continuai à charger les cartons avec Sophie, dans ma chambre. À deux, nous réussîmes à ranger rapidement mes affaires et lorsque Tom arriva pour récupérer les cartons, nous venions juste de terminer.
-Ton dressing est juste dingue Sarah. On va devoir faire du shopping pour le remplir. On se dirait dans le Journal d'une princesse.
-J'adore cette chambre. C'était ma favorite, Brian est juste à côté de moi. Viens on va voir ce que font les garçons.
Je finis par ouvrir la baie vitrée et le soleil inonda la pièce. J'avais une terrasse en commun avec Brian et je filai dans sa chambre avec ma meilleure amie.
-Brian ? Tu es dans le coin ?
Les garçons finissaient de ranger la bibliothèque. Du moins, Brian rangeait et Paul changeait la musique qui pulsait à travers les enceintes.
-Dès que vous avez fini ça vous dit d'aller profiter de la piscine ? Nos pères ont fini de rentrer les cartons dans tous les endroits de la maison. Je suis fourbue perso.
-Ça me va, répondit Brian.
J'avais prévenu Sophie qu'il y avait une piscine et elle avait déjà enfilé son bikini. Nous filâmes d'abord pour demander aux autres s'ils avaient besoin d'aide pour ranger. Ils avaient vraiment bien avancer.
-Non non, filez vous amuser. On finira de ranger plus tard, répondit Mary.
Sophie et moi sautâmes directement dans la piscine et je nageai vers le rebord avant de me retourner. Cette maison était magnifique. Les garçons nous rejoignirent avec des raquettes et une balle. C'était super amusant, je devais bien l'avouer. Je tournai les yeux un instant en voyant deux de mes oncles en train de faire le château fort des enfants, tandis que mon père, ses amis et Elijah se faisait une partie de badminton. Mary riait sur la terrasse avec les filles. Je sentais que cette maison deviendrait rapidement synonyme de bonheur. Nous dinâmes tous ensemble et je vis tout l'amour que mon père portait pour les personnes présentes, mais surtout pour son épouse. Il ne cessait de la frôler.
-Sinon Line, Adèle fille ou garçon ? finit par demander James. On aimerait que ce soit des filles.
-Dans ce cas, tu seras ravi James, répondit Line. Parce que Marc et Paul auront une petite sœur.
-Tu me l'avais pas dit ! s'exclama Sophie en bousculant Paul. Moi je t'ai dit que j'allais avoir un petit frère !
-Je viens de l'apprendre en même temps que vous en fait. Et non tu me l'as pas dit;
-Je t'ai dit que j'allais faire une broderie en bleu. Tu croyais que c'était pour quoi ?
-Attends ! fis-je. On aura le droit à un petit Harper et une petite McDust ? Mais c'est énorme ça. Deux filles et deux garçons. Ce seront des terreurs.
-Imaginez, sourit Nicholas, s'ils ne s'entendent pas... ce serait le drame.
-C'est impossible, répondit Adèle. Ils seront quasiment élevés ensemble.
-Je suis vraiment content d'avoir une fille, admit Benjamin. Les garçons et moi on va tellement bien la briefer qu'elle ne sortira pas avec quelqu'un avant sa majorité. Comme ça on évite directement tous les cœurs brisés, les mâchoires brisées, tout ça.
Giulia se mit à bailler et mon oncle décréta qu'il était temps d'aller se coucher.
-Giulia, tu veux dormir à la maison ? demanda Mary.
-J'aimerai bien, oui. Si Papa veut bien.
-Suis-moi alors bichette, sourit ma belle-mère après un hochement de tête de mon oncle Eric. Thomas ?
Il se leva de table lui aussi et ils partirent tous les trois. Ils revinrent en pyjama, Giulia flottait dans un grand t-shirt de l'université de Brown. Elle embrassa tout le monde et ma belle-mère s'occupa du coucher des enfants.
-Vu tout ce que vous avez bu, vous avez trois solutions : soit vous prenez des Uber, soit vous vous sentez de conduire les filles, soit vous restez dormir. On a largement la place, n'est-ce pas Mary ? fit mon père quand ma belle-mère revint.
-Bien sûr. La dépendance est totalement prête à recevoir du monde. Vous êtes les bienvenus.
Ils acceptèrent tous de rester et la soirée s'éternisa et finit par mon père et ses amis, légèrement éméchés, à faire un basket sur le terrain. Quelque part, j'étais soulagée que Sophie reste avec moi dans cette grande maison pour la nuit. Je n'étais pas seule et j'étais certaine que mon père pensait la même chose. Si ses amis adoptaient sa maison, cela ne voulait dire qu'une chose : nous n'avions pas fait le mauvais choix. Aux alentours de deux heures du matin, je partis piquer une tête dans la piscine et je n'étais pas la seule : Brian était déjà là.
-Les grands esprits se rencontrent Miller, fis-je en m'installant.
-J'ai failli me mettre dans le jacuzzi de l'autre côté de la maison. Tu as vu la vue de l'autre côté ? Genre les montagnes et c'est tout ? Je pensais pas qu'une telle maison existait autrement que dans les téléréalités.
-Et c'est la nôtre.
Brian passa une main dans mes cheveux.
-Tu le retrouveras tu sais ?
-De quoi tu parles ?
-Le bonheur. Je sens ta tristesse, celle dont tu ne veux parler avec personne et que tu veux affronter seule comme une grande. Je ne te demande pas de m'en parler, loin de là. Mais tu seras de nouveau toi.
-Et toi Brian ? Quand seras-tu de nouveau toi ?
-Est-ce que je serai moi sans mon côté torturé ? C'est ça la question. Je l'ai été tellement longtemps... je ne sais pas si je peux. Je commence à avoir froid, je vais rentrer... en plus, laisser les deux blonds à l'étage, c'est pas une bonne idée. J'aimerai au moins être le premier qui baise dans ma propre chambre.
-Arrête de dire des conneries.
-Jette un coup d'œil vers la maison, ils sont sur notre terrasse à se faire les yeux doux.
Je tournai les yeux et je vis Paul avec Sophie. Ils paraissaient très proches l'un de l'autre. Brian sortit de la piscine et je l'observai s'éloigner vers une serviette, l'eau ruisselant sur son corps. Je m'immergeai totalement dans la piscine. J'allais retrouver mon bonheur. Dès que tout le monde serait parti de la maison et que l'excitation de la maison serait tombée, je lirai la lettre de Chuck. Je devais le faire rapidement. Je remontai à la surface et je partis me coucher. Sophie avait rejoint ma chambre.
-Je peux te dire un secret ?
-Tout ce que tu veux Sophie.
-Ça fait trois jours que j'arrête pas de faire des rêves érotiques avec Paul. Il est en train de me monter à la tête. Je crois que je suis en train de devenir folle.
-Tu l'as dans la peau.
-Je te jure. Je ne pensais pas que... je ressentirai quelque chose d'aussi fort. Mais clairement je craquerai pas avant lui. J'attends qu'il fasse le premier pas. Je veux le rendre fou. L'élégante allumeuse.
-Tu veux lui filer une érection d'un seul regard ?
-Je veux non seulement qu'il ait une érection mais qu'il se dise qu'il n'y a que moi qui pourra lui apporter du réconfort. Je ne veux pas lui filer une érection pour qu'une Chris l'en soulage.
Elle me faisait rire et je sus que ma famille avait gagné le pari qui pesait sur lui. Je me réveillai tard le lendemain matin. Mon père était en train de ranger des cartons dans la cuisine. Visiblement, nous allions faire un brunch. Je savais que Papa avait besoin de recharger ses batteries pour la venue de son père le soir-même. C'est ce qu'il fit avec ses amis tandis que les petits jouaient avec le chien.
-Sarah ? fit la voix de Mary derrière moi.
Je me retournai et je vis Ray. Il avait l'air fatigué et avait un sac de voyage à la main.. Mais il était là. Je poussai un cri, renversai ma chaise et je filai me réfugier dans ses bras. Plus exactement, je lui sautai dessus et il me réceptionna tant bien que mal alors que mes jambes s'enroulaient autour de lui.
-Tu es là.
-Je suis là Sarah. Je suis là.
Il fourra sa tête dans mon cou et j'inspirai son odeur.
-Je suis contente de te voir !
-Moi aussi.
Il me reposa au sol et son sourire me fit du bien. Ray se dirigea vers mon père pour lui serrer la main. Je croisai le regard de Paul et Brian. Ils étaient un peu interdits.
-Sarah, prends une chaise pour Ray.
-C'est gentil monsieur, mais il faut que je passe à l'hôtel pour déposer mes affaires.
-Tu plaisantes ou quoi ? rit mon père. J'envoie un message à tes parents pour leur dire qu'on t'a réceptionné.
-Les journalistes savent que je suis à LA, je vais pas les mener droit vers vous, ce ne serait pas sympa.
-Ray. Tu es chez toi ici aussi longtemps que tu le voudras. Tu poses tes bagages, tu viens t'asseoir avec nous et tu nous expliques ce que tu fais ici.
-C'est vrai ça, fis-je. Tu fais quoi dans le coin ? Déjà, j'étais super inquiète pour toi, je ne savais pas où tu étais exactement.
-Canada. Je suis parti quelques jours avec mes colocs de Yale. Duncan devait nous accompagner, mais il était de babysitting.
-Giselle était là ?
-Non. C'était un moment entre mecs. Je la traine partout avec moi déjà. Elle te va super bien cette coupe de cheveux Sophie.
-Merci j'ai eu besoin de changement. Par contre, tu peux peut-être m'éclairer sur un truc... c'est qui Mina ?
-Clive t'a parlé de Mina ?
-Bah c'est surtout que j'ai appelé Clive et qu'une Mina m'a répondu. J'ai raccroché direct quand elle a commencé à me poser des questions sur moi.
-C'est sa copine du moment et elle lui a fait une de ses crises... je comprends mieux pourquoi.
-Et pourquoi ? soupira Sophie en levant les yeux au ciel.
-Parce que t'es un canon célibataire et tu as une bouille adorable sur ta photo de profil. Et Mina est.. je l'aime pas. Il ne va pas tarder à la quitter, c'est juste qu'elle ne le sait pas encore.
-Alors ? Tu fais quoi dans le coin ?
Ray se tourna vers moi et ce qu'il me dit me glaça le sang.
-Je suis venu plaider la cause de Chuck.
J'étais choquée. Je ne m'y attendais pas du tout. Il prenait son parti...
-Vous vous êtes donnés le mot pour me faire chier ? Comment ça se passe ?
-Sarah... commença mon père.
-Sérieusement c'est quoi votre problème ? Qu'est-ce que vous comprenez pas ? Je n'ai pas envie que vous vous en mêliez. C'est toi qui lui a dit de venir ? demandai-je durement à Sophie.
-Je suis encore maître de mes propres gestes Sarah. Je vous laisse trois jours tous les deux et vous déclenchez une guerre mondiale, alors j'aimerai bien savoir ce qu'il s'est passé. Comment une fille aussi adorable que toi peut en vouloir à ce point à quelqu'un pour des conneries ?
-La tromperie pour toi c'est des conneries ? Je devrais peut-être appeler Giselle ?
-Sarah. Désolé de casser le délire. Mais il t'a pas trompé. D'une vous étiez pas officiellement ensemble, donc tromper une personne avec laquelle on est pas en couple ça commence à être compliqué. Tu crois pas ? Ça empêcherait... en fait toute relation extra-conjugale et seigneur, la vie serait vraiment nulle sans sexe. Sans vouloir vous choquer monsieur McAllister.
-Le plus jeune des frères McAllister plussoie, répondit James. Le plus grand fait son choqué, mais intérieurement il rit.
-T'es en train de plaider la cause de Charles en me disant qu'il m'a bien trompé mais comme il était pas officiellement présenté c'est pas grave ? T'es un avocat de merde Ray. Tu ne connais pas toute notre histoire. Je ne sais pas pourquoi tu es venu ici, mais je n'ai pas besoin de toi pour régler ça Ray.
-Sarah. Chuck est innocent.
-Tu n'as pas vu les...
-Photos ? Si je les ai vus. Mais les médias racontent ce qu'ils veulent pour faire du chiffre. Tu crois qu'ils prennent en considération la vérité ? Non Sarah. Et si je suis là aujourd'hui, c'est pas parce que j'ai pris son parti contre toi. Tu m'as fait promettre de ne jamais choisir de camp, mais tu sais très bien que s'il t'avait maltraité, j'aurais été le premier à débarquer chez Nora et Nathan pour le défoncer. D'ailleurs... c'est vous qui l'avez tapé ? continua mon ami en regardant Brian et Paul.
Ces derniers baissèrent les yeux et Brian allait répondre, mais Ray l'interrompit.
-J'aurais fait la même chose. Sauf qu'en l'occurrence, il est innocent et tu l'as trop vite jugé Sarah. Je peux comprendre qu'entre le mec qui a tué ta mère et ça, tu étais perdue, mais tu l'as jugé trop rapidement et tu lui as brisé le cœur. Il accorde pas sa confiance facilement..
-Moi non plus.
-C'est vrai, mais tu as dirigé ta colère contre lui alors que tu aurais dû viser une autre personne.
-Maya peut-être ?
-Non, moi. Si je suis là aujourd'hui, c'est parce que tout est de ma faute et que je suis venu te présenter des excuses.
-Arrête. Tu n'as rien à voir là-dedans.
-Oh que si Sarah. Parce que c'est moi qui ai dit à Chuck de ne rien te dire à propos de Princeton.
J'en restai bouche bée.
-Attends, tu savais qu'il avait...
-Quand tu étais à Princeton...
Ray semblait réticent à le dire et il finit par expirer bruyamment.
-Cette fille. Maya. Elle lui a fait du rentre-dedans quand tu dormais, si je puis dire. Je te passe les détails, il te les donnera ou pas, mais il l'a repoussée. Sois-en certaine. Il m'a téléphoné tout de suite après. Il était perdu, il savait pas quoi faire et je lui ai dit de se taire. Je lui ai dit que ce que tu ignorais ne pouvait pas te blesser Sarah. Surtout que le lendemain, elle était totalement dégrisée et ça ne se fait pas de pourrir la réputation d'une fille qui a trop bu. Il t'a rien dit à cause de moi. Je ne sais pas exactement ce que tu sais de Princeton mais si elle a pu te blesser, c'est à cause de moi. J'ai merdé et ça a brisé le cœur de mes deux amis.
-Tu te bases sur des oui-dire Ray.
-Non. Je me base sur la vérité, tout simplement. Nos appartements sont truffés de cameras et de micros. Toute la scène a été filmée et ça c'est incontestable. Je l'ai vu de mes propres yeux. Je ne te laisserai pas te mettre en couple avec un mec que je ne trouve pas estimable, même si c'est mon frère de cœur. Je ne t'aurais pas à moitié pousser vers lui et tu n'aurais pas le cœur brisé et lui non plus. Quand Charles s'ouvre aux autres, il se donne entièrement, sans mesquinerie, sans cachotterie. C'est pas dans sa nature. Et à cause de mon manque de jugeote, je l'ai énormément blessé. Plus que je ne saurais le dire et je t'ai blessée, toi. Je te demande pardon parce que s'il avait suivi son instinct premier, elle n'aurait pas eu de prise sur toi, tu comprends ? Je sais que tu es fragile et elle a joué sur cette faiblesse. Pardonne-moi.
Il frôla ma main mais en réalité, une seule pensée me venait en tête :
Qu'est-ce que j'avais fait ?
***
Je n'ai pas relu, mea culpa pour les fautes.
À votre avis, que se passera-t-il dans le prochain chapitre ?
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